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 Rendez-vous le 32 Décembre. [Hammer]

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Shark
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Sujet: Rendez-vous le 32 Décembre. [Hammer] Rendez-vous le 32 Décembre. [Hammer] EmptyMar 25 Oct - 21:31

    … N think, what am I made of ?

    Le Burton's était un petit pub chaleureux et artificiel où se mêlaient étudiants et irlandais de souche. Cherchant à briller en société ou simplement un peu de réconfort à l'accoudoir, se laisser envelopper par la fumée des cigarettes, par les conversation, par le vieux piano qui montrait ses cartes un peu plus chaque soir. L'endroit était pittoresque, et le charme agissait, parfois, aux confins de la nuit. Quand les derniers badauds ivres se perdaient dans les ruelles de la vieille ville, et que le barman sortait de l'ombre des bouteilles, montrait ses dents et, parlait.

    Ce genre d'endroit n’accueillait pas d'âme solitaire, ou plutôt, ne le faisait plus. Les quelques soulards étaient vite fichés, et on ne s'avouait que trop difficilement être en quête d'un peu de chaleur humaine. Les regards se tournaient souvent quand la porte d'entrée s'ouvrait, une bourrasque violente bousculait les dragueurs et refermait les décolletés. Au loin le barman hurlait dans un anglais haché de refermer. Puis, s'adressant à la foule, écartait les bras, comme pour se gonfler de légitimité et ponctuait d'un petit Quoi. Histoire de marquer la donne. Il faisait son petit numéro chaque soir, et ça prenait, plutôt bien même.

    Le barman, Homme-dont-il-ne-fallait-pas-prononcer-le-nom, était un grand type, bâti comme un roc, des allures de montagne vieille comme le monde, plus proche de la fin que du début, mais avec ce petit quelque chose de paternel qui forçait le respect. Des yeux pleins de clichés instantanés et une paire de main qui témoignait d'une vie plus que remplie. Devant lui beaucoup s'écrasaient, les autres, il les secouait, si fort qu'ils auraient jamais pu de nouveau distingué les lettres de la plaque ébène qui ornait sa poitrine. Salut Charlie... Comme un air de Déjà-vu.

    Grey Donald Dust, anciennement Stephen « O » Shark sursauta presque quand le colosse écrasa la pinte sur le bar, l'air de dire Bravo fils, je savais que tu reviendrais, un sourire colgate intemporel à la bouche. Dust, de son nouveau nom déglutit difficilement. Il ralluma une sempiternelle cigarette et s'immergea dans les souvenirs d'au dessus le comptoir. Quelques photos et documents encadrés, des babioles diverses. Quelqu'un avait un passé de flic, un autre, était soldat, dans le lot un boxeur raté, ici une fille avec ce qui semblait être son père.

    Il porta sa choppe à sa bouche, et se demanda combien de bactérie il pouvait y avoir sur le bois du bar. Combien de personnes avaient daignées laisser un peu d'elles mêmes ci ou là. Combien avaient vomis et éteins leur cigarette sur le bois polis, combien avaient rêvé la tête accrochée dessus, combien s'en sont mordus les doigts, y laissant une ou deux dents. Les objet avaient peut être une âme, et cette cigarette sèche ne demandait qu'à être fumée, encore.

    Et puis l'atmosphère changea, de relents de bières et tabac bon marché, on passait à quelque chose de plus lourd, une eau de Cologne type musc commençait à vous agresser les narines, envahir vos poumons. Son nez, ses yeux le piquèrent. Il se tourna l'air agacé, frustré, agressif, des vieux instincts qui reprennent le dessus, presque près pour la bagarre, la main fermée sur le verre à moitié vide.

    Mais, cette horrible tignasse, cet infâme costume de luxe froissé, et cette tronche d'ivrogne à coucher dehors sembla l'arrêter, la démesure qu'il était sur le point d'affronter venait de lui rabattre son claque-merde à orgueil. Hop, dans la poche, bien profond. C'était un fantôme du passé, du moins, ça en avait l'air, avec une bonne vingtaine d'année en travers de la gueule. Il se lécha les lèvres et tourna vaguement la tête, un petit pincement au cœur, le souvenir du meilleur ami mort au combat.

    Putain mais...

    Vingt ans avaient passés, mais les chiens et les renards restaient les mêmes.
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Sujet: Re: Rendez-vous le 32 Décembre. [Hammer] Rendez-vous le 32 Décembre. [Hammer] EmptyMar 25 Oct - 22:11

    a part of me gets pissed
    a part of me gets sore

    Il entrait là par mégarde, comme on retourne instinctivement à la maison une fois perdu. La charogne avait un nouveau nom, encore. Il lui semblait qu'il avait toujours porté des pseudonymes et n'avait jamais eu de nom à lui. Il était plein, autant qu'un homme de son âge pouvait l'être sans s'effondrer sur le parquet. Il ne titubait pas. Il était trop vieux pour ça.

    Il attrapa le bar à plein bras, comme pour étreindre un vieil ami, son plus intime confident. Il lâcha un rire bête, puis un sourire entendu à Charlie tandis que sa canne en bois de bouleau s'écrasait au sol comme un aéronef devenu fou. Mais Gregory Black finit par reprendre ses esprits, son excroissance artificielle et un semblant de contenance.

    Personne ne savait où était parti Sarajevo, le gosse qui rêvait de gloire. Toutefois, en le regardant bien, en fixant un instant un regard inquisiteur dans ses yeux gris, on retrouvait bel et bien notre Hammer. Il semblait déplacé dans ce bar à l'ambiance d'habitués, comme s'il appartenait à une autre époque, abîmé dans son costume trois pièces à l'allure centenaire. Il commanda. Il ne sut même pas quoi mais but, assoiffé et posa son verre, faisant danser le liquide transparent. Les tremblements s'estompèrent et il revint à lui.

    Il passa sa main dans ses cheveux hirsutes, trop longs, trop indisciplinés et renonça à leur donner une quelconque forme. Il darda son regard antipathique sur son voisin de droite, qui déplaça ostensiblement sa chaise pour s'éloigner. Notre tendre héros se mordit la langue comme pour contenir le venin qu'il lui montait aux lèvres et finit par remarquer qu'on le reluquait depuis son entrée.

    Le mec avait une allure de boxeur. Pas seulement comme sportif, mais également en combattant éternel, constant et fidèle contre la vie elle-même. Une aura de provocation, de danger et de haine facile l'entourait, irradiant comme une foutue couronne d'aubépine. Gregory sentit quelque chose remuer en lui. Un semblant de vie, un morceau de jeunesse.

    — Sale petit connard.

    Il se saisit de sa canne, comme d'une arme, mettant en joue l’inconnu reconnu et pris la voix de western de Clint Eastwood.

    — Alors on a envie d'être une sale racaille ?

    Il ajouta un bang bang avant de rejeter la tête en arrière pour lancer un rire, tel un aboiement de chien malade.
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Sujet: Re: Rendez-vous le 32 Décembre. [Hammer] Rendez-vous le 32 Décembre. [Hammer] EmptyVen 28 Oct - 22:09

***



I've watched you change
I took you home
Set you on the glass
I pulled off your wings
Then I laughed

    Enculé, je vais t'enfoncer ton putain de bâton dans le cul. Avait-il presque dit entre ses dents. Son estomac sembla se contracter puis s'amuser à faire des acrobaties. L'impression d'avoir de nouveau 16 ans. Comme un trou dans le carapace de l'âge adulte, une fêlure qui s'agrandissait et faisait voler le tout en éclat comme du verre. Il ne sut pas s'il aurait dû lui foutre son verre dans le nez ou bien lui sourire, ou bien alors ne rien faire. Il le fusilla du regard un bref instant, cherchant quelque chose une faille. Et puis son tempérament animal reprit le dessus.

    Il lui arracha littéralement la canne des mains, et se mit consciencieusement à lui matraquer la gueule avec le manche de celle-ci. Bouches tirée, yeux renfrognés, traits déformé, il avait l'air d'un abruti se battant pour un canard en plastique. Entre deux coups il articulait un ou deux mots. Alors enculé. Il frappe sur l'arcade. C'est comme ça. Le nez prit cher. Que tu dis. L'embout s'enfonça dans la bouche. Salut. Le malheureux se protégeait de ses mains et semblait presque en ricaner. Dieu de merde il avait dû choper un sacré quelque chose pour être atteint à ce point atteint. Il avait lâché la canne et en était revenu à la vieille école. Ses poings martelaient ce qu'ils pouvaient

    Quelque coups plus tard, les deux cochons se retrouvaient jetés dehors, à se vautrer dans la neige comme dans de la merde. La porte du bar claqua dur, interdite, comme pour dire barrez vous les connards. Grey fut le premier à rire. Allongés, feignant d'attendre la sainte providence, il regardaient le ciel noir et sans étoiles, des flocons leur tombant paresseusement dans les yeux. Au bout de quelques minutes il se leva, difficilement, l'alcool aimait le contact du sol. L'autre bougea aussi. Dust ricana un peu plus fort. T'es vivant mon salaud ?

    Il s'approcha de lui, ses pieds s'enfonçait dans le tapis blanc et poudreux, il sentait le froid s'immiscer dans ses vieilles bottes, peut être un peu d'eau au bout des ongles. Quelques souvenirs revenaient, ci et là, comme des pièces de puzzle tombant du ciel. Un vieil ivrogne lui avait un jour dit que les hommes étaient comme le vin. Que beaucoup tournaient au vinaigre, mais s'il s'agissait de s'améliorer avec l'âge, alors ça pas question. Que tous ces enfoirés ne changerait jamais, sinon en pire. Enculés qu'il hurlait à tout bout de champ, avant de s'écrouler et de rejoindre ses copains les gorets au pays des alcorêveurs anonymes.

    Ce jour là Dust lui avait bêtement rit à la gueule. Pensait quasi tout haut, va te faire foutre vieux connard. De la même façon que le même vieux lui négociait une bière contre un tour de magie. Maintenant en regardant ce qu'il restait de Hammer, il y repensait. Ce genre de disjoncté avait peut être pas tout à fait tort. Il imagina son moi adolescent se foutre de sa gueule en le regardant, du genre, hey vieux salopard, je deviendrais jamais un sauvage dans ton genre. Oh que si fiston, et tu t'en mordras les doigts. Putain , l'impression d'être son propre père.

    En attendant il se retrouvait à 20 années terriennes du dernier moment de clarté aussi long que la vinasse lui permit de se souvenir. Le tout semblait s'être simplement résumé à une histoire de vin, d'année, de guerre, et de misère. Veillez donc mes frères car on ne sait jamais quand le maître de maison va frapper. Il y a pas longtemps, il se disait qu'il avait plus de problème avec sa conscience, les trucs qu'il allait ou qu'il avait fait lui donnant l'impression d'avoir vu le monde. Faux cher public. Entre enfance et vieillesse il n'y avait qu'un pas. Les vieux démons n'arrêteraient jamais de vous hanter.

    Les mains dans les poches, il cracha, et leva les yeux vers le plafond noir, dans le ciel, des lumières écarlates, peut être les mêmes qu'il y a quelques années, celles qui grondaient au rythme des mortiers.


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Hammer Rendez-vous le 32 Décembre. [Hammer] 771063hammer3
Hammer
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Sujet: Re: Rendez-vous le 32 Décembre. [Hammer] Rendez-vous le 32 Décembre. [Hammer] EmptyDim 20 Nov - 11:47

    i pulled off your wings
    then i laughed



    Hammer eut la très nette sensation qu'un Shark et un Hammer encore adolescents prenaient un verre à la table du fond, qu'ils goûtaient pour la première fois une bière brune, prenant un air de dur alors que l'amertume leur soulevait l'estomac. Puis, lorsque sa propre canne vint le faucher au niveau de la tempe, ils disparurent, laissant place à un couple qui se dévoraient le visage à coup de dents et de langues.

    Il ricanait tandis qu'on lui défonçait le visage. Il ricanait sans trop savoir pourquoi, comme pour meubler, pour éviter d'avoir à présenter des excuses pour avoir disparu et mué en une saloperie de malade. Il s'affola un peu quand on lui arracha la canne des mains, comme si on le tenait pas les cheveux, voire par l'âme. Puis, quand il sentit une main paternelle et vengeresse sur sa nuque, il se tut, submergé par des souvenirs en technicolor de mauvaise qualité, et déglutit avec l'impression d'avaler du gravier.

    Hammer battit des bras un instant, perdu au-dessus de l'immensité enneigé, dans l'espoir vain de retrouver son équilibre. Il vit une goutte de sang troubler l'immaculée, estima cela beau et s'écrasa sans plus de cérémonie, son nez lui rappelant qu'il avait déjà été cassé six fois que que ça devrait suffire pour cette vie. Il faisait noir dans cette neige blanche et il sentait qu'elle le violait par tous les pores ou presque. Il en bouffait, en respirait, la sentait fondre lentement sur sa peau découverte. Il se dit qu'il aurait pu faire un rapprochement métaphorique avec sa vie mais préféra s'asseoir à même le sol pour remettre son nez en place entre ses mains jointes. Il y eu un craquement et une flopée de jurons.

    Des adolescentes passaient par là avec leur balancement de croupe maladroit, leur maquillage qui hésitait entre le comment-oses-tu et le putasse-prend-moi-là. Elles se tenaient par le bras, semblant siamoises, leurs cheveux se confondant, leur visage anonyme. Quelque part Hammer trouva ça triste. Lorsqu'elles passèrent à leur niveau, crétins étendus dans a neige, elle se turent, les dévisagèrent un instant et pressèrent le pas.

    Hammer lâcha des cris inarticulés, collant son oreille contre son épaule, plissant les yeux à l'extrême et faisant saillir ses dents. Le parfait crétin.

    — Copaaain.

    Elle fuirent sans se retourner, puis, mine de rien, le connard se releva et prit la posture d'un parfait gentleman en s'époussetant gracieusement les épaules. Ce fut à ce moment là que la porte muette du bar choisit pour s'ouvrir à la volée et qu'un manteau, sûrement un facehugger dans une autre vie, vint s'écraser sur son crâne, comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire porte-manteau. Un merci mon brave particulièrement snobinard vint accueillir le bien oublié. Puis, traînant sa patte malade, contenue entre ses deux mains rougeaudes, il entreprit de récupérer sa canne, toujours près de Shark qui rigolait comme un demeuré en se départissent pourtant pas de son regard de tueur en série.

    Ce dernier prit un air de philosophe de super marché et Hammer en profita pour essuyer calmement sa jambe de bois avant de lui enfoncer docilement dans le plexus, histoire de remettre le compteur à zéro. Le souffle coupé son ami tomba à genoux. Si le regard pouvait tuer, sûr que Hammer aurait fini électrocuté par celui-ci. Le gracié lui sourit de toutes ses dents jaunies par le vice, lâchant un New York New York particulièrement mélodieux. Puis il fut prit d'une quinte de toux grasse à en nourrir l'Afrique et lâcha un molard qu'il vit fumer dans la jolie neige du petit Jésus.

    Il s'emmitoufla dans son manteau, donna quelques petits coups de pieds dans les côtes de Shark et désigna du menton une poubelle. Ou étais-ce une voiture ? Il était absolument sûr que c'était celle du boxeur.

    Sa jambe lui fit mal, il avala une poignée d'anti-douleur. Sa jambe lui faisait toujours mal.
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