Il fait chaud aujourd’hui, les cours sont finis, c'est un peu de liberté qui s'offre à moi. Je visse mon casque sur mes oreilles, le volume assez fort et je déambule là où mes pas me mènent, ma tête se balance malgré elle au rythme du son emplissant mes oreilles, le son s'empare de mon corps, poison délicieux me faisant oublier tout. Je ne sais pas trop où je me rends, ce n'est pas un soucis, je vais peut-être rencontrer des gens, découvrir de nouveaux recoins, qui sait?
Mes doigts battent négligemment la mesure sur la cuisse alors que je me dirige vers le parc sans but précis. Vu la chaleur qu'il fait, il serait dommage de s'enfermer à l'intérieur. Je finis par cesser de marcher et je m'allonge dans l'herbe fraîche. Le ciel est dégagé et d'un bleu apaisant, je sors de ma poche un sachet de bonbons tirés rapidement de mon tiroir à glucose ce matin avant de partir en cours. j'en examine brièvement le contenu, ah tiens, des schtroumpfs. Ça tombe bien, j'adore ça, comme tous les bonbons en fait.... J'ouvre le sachet précautionneusement histoire de ne pas retrouver mes lutins bleus dans l'herbe. Un à un, ils subissent leur funeste destin et je dois dire qu'ils sont foutrement bons pour des bestioles bleus... Une fois le sachet fini, un peu nauséeux d'avoir ingurgité autant d'aliment gélatineux, je m'endors sous le soleil, la musique me berçant.


Mhf quelle heure il est? Ma playlist tourne toujours, il fait plus frais, je me suis endormi, encore une fois... Un peu dans le gaz, je me relève maladroitement, scrutant les alentours pour voir si je suis seul. Ah non, il y a toujours du monde dehors, l n'est donc pas si tard que ça. J'ébouriffe machinalement mes cheveux d'une main, réajuste mes lunettes et mon regard se pose sans raison sur le toit de l'orphelinat. J'aperçois une silhouette perchée tout là haut qui s'agite dangereusement. Je ne sais pas qui c'est, c'est trop loin mais c'est humain, c'est certain. Je suis inquiet, c'est dangereux de traîner là haut, une chute ne pardonnerait pas, le verdict serait sans appel... Ça ne me regarde pas trop mais je décide de m'y rendre, poussé entre autres par ma curiosité. C'est donc d'un pas un peu pressé que je me dirige vers le grenier donnant accès au toit.
La poussière dudit grenier me prend les poumons et m'arrache quelques toussotements. C'est une véritable caverne aux mille trésors que voilà, conservée par une épaisse couche poussiéreuse mais ce n'est pas pour cela que je suis venu. Je cherche du regard l'accès au toit et une fois celui-ci repéré, je m'y faufile tant bien que mal. Le stress me gagne, je sais qu'il est interdit de se rendre ici et aussi que cet endroit est assez dangereux.
Je peux enfin voir à qui appartient cette silhouette, il s'agit d'une personne plus petite que moi d'au moins une bonne dizaine de centimètres, je n'arrive pas à déterminer s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille ce qui me perturbe quelque peu... Ses traits sont fins, juvéniles, je dirais une quinzaine d'années environ. Je reste en retrait, me faisant le plus discret possible et l'observe, assis au sol. Il lui suffirait de tourner la tête pour me voir.

Cette jeune personne m'offre le clip de la chanson que j'écoute. Elle danse et virevolte en rythme sans le savoir, j'ai droit à un spectacle avec le son et l'image et je dois admettre que je suis surpris par une telle maîtrise de son corps malgré ce jeune âge. Les acrobaties s'enchaînent et je ne vois pas le temps passer, je n'étais pas venu pour assister en clandestin à une telle représentation mais je n'ai pas envie que ça s'arrête, je suis fasciné par ce petit corps qui s'envole avec aisance et se fond au ciel. Je l'envie je crois, les sensations doivent être fantastiques à vivre. Je ne fais pas de bruit afin de ne pas me faire remarquer, c'est tout juste si j'ose respirer de peur de surprendre l'acrobate et de le faire chuter. Je me fais tout petit, les genoux regroupés sous mon menton, mes bras entourant mes jambes comme pour me miniaturiser. J'aimerais l'interrompre, lui dire de cesser parce que c'est très dangereux mais je me sens comme envoûté, je veux en voir plus.
Je suis un peu loin mais il me semble voir des larmes s'échapper de ses joues et s'écraser au sol, des pleurs? C'est presque paradoxal pour moi, la danse, évasion de l'esprit, expression corporelle pleine de vie et pleurs, déchirement de l'âme...
Je ne sais pas trop quoi faire du coup. Lui parler maintenant serait lui imposer la honte d'avoir été vu dans ses pleurs mais cela assurerait sa sécurité, se taire serait respecter son intimité mais lui laisser courir le risque d'une chute mortelle... Rha c'est pas cool cette situation, je n'aime pas ça.
D'un coup, l'acrobate androgyne tourne vivement la tête dans ma direction et je vois son regard s'assombrir, je crois que c'est mauvais pour moi. A travers mon casque, malgré le volume de la musique, je l'entends me crier dessus.


Eh ben ça... A quinze ans, tant de hargne... Je me lève et remarque que je dépasse ce jeune caniche d'une bonne tête si ce n'est plus. Je pense que mon visage doit traduire mon amusement. Je dégage mon oreille droite de mon casque histoire de ne pas perdre une miette de musique tout en pouvant l'entendre me parler. Ma voix reste comme à son habitude aimable

"D'euh... Bonjour à toi aussi."

Je sens que ce n'est pas le genre de personne à rigoler facilement mais bon, je reste moi même néanmoins. Je lui réponds donc calme et posé mais souriant.

"Je t'ai aperçu du parc, je me suis dit que c'était dangereux alors je suis monté mais finalement, j'ai préféré ne pas t'interrompre."

Les doigts de ma main droite tapent le rythme de la musique qui passe dans mon oreille gauche, je ne peux pas m'en empêcher. L'autre main en poche, je poursuis.

"Tu te débrouilles franchement pas mal pour ton âge."

L’androgyne attrape mon t-shirt violemment, me tire vers lui, brandissant dangereusement son poing. Je ferme les yeux, réflexe idiot qui ne me protégera aucunement du coup qui va me tomber dessus d'une seconde à l'autre.


Rien? J'ouvre un oeil et je vois le visage décomposé de mon agresseur miniature, fondant à nouveau en larmes. Je reste dubitatif, les yeux grands ouverts. je n'y comprends plus rien. Un coup des pleurs, un coup de la rage et on recommence? Les jeunes de nos jours... Tous des malades. Je suis donc tombé sur une espèce de cyclothymique dirait-on.
Le caniche me lâche enfin, pleurant à chaude larmes, j'aimerais faire quelque chose pour le consoler mais si c'est encore pour me faire brailler dessus... Je suis un peu désemparé dans cette situation étrange. Il me tourne le dos comme pour s'enfuir mais dans sa précipitation -enfin je suppose- il trébuche sur le sol et s'écrase sur le sol. Ouch ça doit faire mal.
Une fois de plus, je privilégie la sécurité à l'humanité en ne proposant pas mon aide, on ne sait jamais... Un coup de poing -même s'il s'agit là de petits poings- est si vite arrivé...
Le ou la -je ne sais toujours pas, faudrait que je lui demande mais je crains pour ma vie- cyclothymique reste affalé au sol et passe en un instant des pleurs aux rires, et quels rire. Un sacré fou rire qui me laisse de longue minutes dans un mélange de surprise et de peur. Je crois que j'ai les yeux ronds comme des billes face à cette scène, complètement désemparé.
Enfin, il se relève, toujours à moitié pris dans son fou rire mystérieux, me regarde et arbore un sourire amusé, peut-être même moqueur. Je ne relève pas.


Les gens ici sont tellement étranges quand ils s'y mettent. A croire qu'orphelin + génie = pur malade mental.

"Pas de soucis, j'ai l'habitude qu'on me traite comme ça, fin pas des gens de ton age mais bon..."

Cette personne passe du coq à l’âne en trente seconde, j'ai du mal à suivre. Qu'est ce que j'écoute? Je ferme brièvement les yeux pour me concentrer sur le morceau qui passe.

"Stateless - Bloodtream. Je pense pas que tu connaisses."

Je ne sais pas trop quoi dire, planté debout, bien droit, comme un crétin paumé. Je ne sais même pas à qui je parle et encore moins si c'est un garçon ou une fille ce qui me perturbe de plus en plus.

"Et euh. Tu fais quoi sur ce toit au juste?"

L'air se fait frais, il souffle sur mes cheveux et les ébouriffe. Je remonte mes lunettes avec mon majeur droit et regarde à l'horizon, tout ce qui entoure l'orphelinat. C'est beau, reposant.


Euh oui hein quoi? Son débit de parole te dépasse un peu. Danser sur les toits, normal? Chercher à boire? Mais eh, c'est pas par là la cuisine! Oh mais qu'est ce qui se passe sérieusement? L'androgyne se dirige vers le clocher qu'on aperçoit au loin. Je ne pense pas qu'il y ait un frigo planqué sur les toits, qu'est ce qu'il fait alors?
Et puis je rêve ou il est bourré ou shooté? Je le vois marcher sur les mains -sur les toits quoi... autant se suicider direct-, tourner virer, marcher comme un primate. C'est un sketch? Une caméra cachée? Vidéo Gag? ... Nan? ... Help?
Je reste planté sur place, les bras ballants, incapable de décrypter la scène qui s'offre à moi, je suis tombé sur un drôle de spécimen. Je marmonne tout seul.

"Mais qu'est-ce qu'il fout?"

Le spécimen grimpe finalement à la cime du toit et s'abandonne à l'admiration de la vue, immobile pour ensuite se mettre à rire tout seul, moins fort que la dernière fois mais ce n'est quand même pas très rassurant tout ça.
Je décide de le rejoindre, après tout il m'a invité à le faire non? C'est avec toute ma gaucherie que je m'aventure sur le toit, crispé par la peur de tomber, ça ferait une sacré chute et la une de tous les journaux nationaux ça...


Je déglutis difficilement à cette idée. Combattant mon fulgurant vertige à chaque pas, je progresse lentement, le dos parcouru de désagréables sueurs froides et subissant une mini crise cardiaque à chaque fois que je perds l'équilibre.
Je finis tant bien que mal par rejoindre le gorille miniature et m'assieds à ses cotés, pas trop proche non plus. Je sors de ma poche un nouveau sachet. Des carambars au caramel. Cool.
J'éventre le sachet, extirpe deux barres des caramel et en tend une a mon voisin, en silence, juste comme ça, avec un sourire tout simple.

Malgré la hauteur vertigineuse, j'aime bien cet endroit, il offre à voir des choses inhabituelles et invisibles si l'on se contente de la terre ferme. Le ciel est toujours aussi dégagé et embrasse l'horizon. Le vert et le bleu se marient dans une union sensuelle et poétique, c'est reposant.
L'androgyne accepte mon carambar d'un hochement de tête et, toujours en silence, me tend une bouteille de thé glacé déjà entamée. Je n'aime pas trop boire après les autres, surtout que la boisson a du rester un bon bout de temps au soleil, pas top. Mais bon, j'ai soif alors j'en ingurgite deux ou trois gorgées, lui restituant ensuite sa bouteille, le remerciant d'un sourire.
Le temps file sans un bruit, chacun s'adonnant à la contemplation du paysage, tirant petit à petit vers un timide orange du soir. Personne ne brise le silence, je me concentre alors sur la musique qui passe dans mon oreille gauche, Paper Tiger - Cigana, j'aime bien, c'est reposant, ça s'accorde bien au calme du moment.
Mon voisin, très concentré sur la musique qu'il entend j'imagine, s'immobilise puis se met à nouveau à danser, sans un mot, comme ça. Je capte pas bien ce qui se passe mais c'est bau à voir. Est ce que c'est une démonstration pour me dire "t'es qu'un naze bon qu'à bouffer" ou bien "regarde comme je maîtrise mon corps, je te démonte quand je veux mec"?
Qu'importe, je ne bouge pas et l'observe virevolter dangereusement, je ne cherche pas à l'interrompre, ce serait inutile borné comme il semble être et tout en assistant à cette danse acrobatique improvisée, je vide petit à petit mon sachet de carambars -à ce rythme là, je vais finir diabétique avant la fin du mois-.
Tout à coup, je le vois se coller au tuiles comme un mafieux se planquant pour éviter de se prendre une balle, un peu comme dans les films. Ça fait partie de la danse? Vu sa tête je ne crois pas, il me regarde et m'adresse dans une étrange agitation quelques gestes que j'ai du mal à décrypter, je lui offre mon regard du "mais qu'est ce que tu baragouine?", enfin, il ouvre la bouche.


Ah là c'est tout de suite plus clair, je regarde en bas et vois effectivement le surveillant, il pourrait nous remarquer à tout instant, je me colle aussi aux tuiles et chuchote afin de ne pas être remarqué par la sentinelle plantée sur la terre ferme.


On se croirait vraiment dans un de ces films d'espionnage bourré de clichés, c'est assez amusant. Bon de là à dire qu'on est mort si l'on se fait remarquer, c'est un peu abusé mais il faut admettre qu'il vaut mieux éviter les ennuis malgré tout. Je me déplace comme les soldats dans les jeux de guerre, rapidement et accroupi, en mode ninja furtif, je ne prête pas attention à l'acrobate, j'imagine qu'il me suit, inutile de perdre du temps à la vérifier. Je ne suis toujours pas à l'aise en marchant sur ces tuiles qui font du bruit quand mes pieds se posent dessus, donnant l'impression qu'elles sont fragiles et instables mais bon, il vaut mieux déguerpir sans trop réfléchir pour éviter les sanctions. J'aperçois enfin les planches de bois défoncées permettant l'accès aux toits en venant du grenier, je m'y faufile à nouveau, cette fois en me blessant, une planche de bois brisé a égratigné mon flanc droit, la blessure n'est pas profonde mais assez grande. Je l'examine une fois en sécurité dans le grenier, toujours aussi poussiéreux. Je lève donc mon tshirt jusqu'à la plaie qui est assez haute, dévoilant une bonne partie de mon torse, ne pensant pas à l'impudeur de mon geste mais bon, si c'est bien un garçon, ça ne devrait pas poser problème. Le soucis c'est que l'égratignure se situe trop à droite pour que je la voie correctement, mon tshirt m'obstrue la vue. Je l'enlève donc et me sert d'un vieux miroir qui traîne pour mieux la voir. Je marmonne tout seul.

Bon je suis pas une chochotte mais j'aime pas me blesser non plus. C'est quand même pas agréable, ça va frotter avec mon tshirt et faire mal à la longue. Fin bon tant pis.


Alors ça... Bonne question, je ne saurais pas trop me prononcer même si j'ai une idée. Je retourne observer l'accès au toit. L'accès avait bien été obstrué par des planches mais celles-ci ont été brisées par un orphelin afin de conserver cet accès. Certains bouts de planche brisées et sont restés cloués au mur. Je pointe du doigt ces vestiges de bois, toujours en partie dévêtu.


Bon, c'est pas la mort non plus, je ne vais pas aller à l'infirmerie pour si peu, un coup de désinfectant suffira amplement et ça m'évitera d'avoir à m'expliquer auprès de l'infirmière. Je dois avoir de quoi nettoyer cette plaie dans ma chambre. Je vais devoir partir d'ici du coup.
Mais apparemment l'androgyne -va falloir que je lui demande son nom un jours quand même- a d'autres plans en tête, il me fait signe rapidement de passer mon tshirt et descend doucement en direction du couloir en mode furtif, comme si il guettait l'arrivée d'une personne indésirable. Je ne comprends pas trop ce qui se passe dans la mesure ou l'accès au grenier n'est pas interdit. Je suis tellement paumé que je l'observe sans penser à remettre mon tshirt. Je reste planté les bras ballant, mon vêtement à la main, observant l'acrobate se faufiler vers le couloir puis se retourner vivement dans ma direction en s'exclamant.


Hein quoi? Pourquoi? Courir?
Je déduis de l'absence subite d'une de ses sandales qu'elle a du atterrir sur le pion que je vois, étourdi, au milieu du couloir. Je commence à courir et, profitant de la confusion du surveillant, j'enfile rapidement mon tshirt sur sa tête histoire de grapiller encore quelques secondes et afin qu'il ne puisse pas m'identifier. Je pars en suite en courant, torse nu dans les couloirs de l'orphelinat, suivant cette personne que je ne connais même pas.

"Eh mais, on va où au juste?!

Je dois avouer que cette situation m'amuse particulièrement, je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire en imaginant l'acrobate balancer sa sandale à la face du pion et je me vois courir comme un malade à moitié nu dans l'orphelinat, j'ose à peine imaginer ce qui va se raconter si on me voit comme ça, courir après un enfant...

Le pion nous course et je suis aveuglément l'androgyne qui court assez vite, il faut l'admettre. Il braille je ne sais quoi tout en nous poursuivant en faisant de grands gestes.
L'acrobate nous trimbale partout, tournant tantôt à gauche, tantôt à droite, montant, descendant, faisant demi tour subitement. Je suis complètement paumé et il se met soudainement à me choper par le poignet et me balader je ne sais où, me dégommant l'épaule au passage, évidemment il n'a pas pris le temps de me dire où l'on se rend. Je me sens comme un chien au bout d'une laisse en fait, tiré dans tous les sens sans capter ce qu'il se passe et ça commence à devenir douloureux à force de tourner dans tous les sens. En plus, je peine d'avantage à courir maintenant vu sa petite taille qui me tire vers le bas. Je finis par reconnaître les dortoirs et nous arrivons enfin dans le dortoir des hommes ... ah nan... des filles... WOH BORDEL C'EST UNE FILLE!
Une fois la porte de ce que je suppose être sa chambre claquée, elle garde l'oreille tout contre en mode apache guettant l'arrivée du bison puis s'affale littéralement sur un monticule de draps et oreillers en tout genre.
Je me contente de reprendre mon souffle, penché en avant, les mains sur les cuisses, totalement épuisé après cette course poursuite endiablée, la sueur perle sur mon front, je meurs de chaud, je dois être rouge tomate après une course dans une telle chaleur. Je finis par coller mon dos sur la porte pour me laisser glisser et finir assis à même le sol, retrouvant un rythme respiratoire acceptable.
La jeune fille me lance une trousse de soin sans un mot, je l'attrape au vol, l'ouvre pour en sonder le contenu et en extirpe un désinfectant en spray. Je le saisis de la main gauche, lève le bras droit afin de voir correctement l'entaille de tout à l'heure et vaporise le fameux produit dessus. Ayaaah! Ça brûle cette connerie! Je grimace doucement le temps que la douleur s'estompe.


Elle a raison, on nous remarquerait tout de suite et ça finirait mal pour nous. Je souris, un peu gêné par son compliment. Soudain, elle se met à fouiller sur son lit, sacré bordel soit dit en passant et me balance un sweat trop grand pour elle.


J'observe le vêtement, déjà que torse nu je crève de chaud alors avec un sweat, en plein été, je ne donne pas cher de ma peau. Je n'ose pas lui demander autre chose mais je n'ai pas envie de l'enfiler non plus, qui sait où ça a pu traîner... Je me contente de le garder en main pour le moment.


Je marque une pause, réfléchissant à sa proposition. Ramens, curry ou pizza? Je doute qu'elle dispose d'un frigo pour stocker au frais ou un freezer pour du congeler. je réfère ne pas imaginer l'état d'une pizza conservée dans cette chambre. Les ramens ne nécessitent que de l'eau bouillante, c'est ce qui me semble être le plus hygiénique.


Damn, elle m'invite à manger avec elle, on ne se connait même pas, je suis un garçon torse nu et elle... une fille. ........ Je dois me faire des films. On se calme Beats, on se calme... Tout va bien, tout est normal.
Elle allume son pc et lance une musique que je ne reconnais pas. Je me mets malgré moi à tapoter le rythme avec mon pied et mes doigts.


Je me souviens que je ne connais toujours pas son pseudo, il serait peut-être temps de le lui demander histoire d'éviter de me retrouver à dire "Euuuuuh" comme un abruti à défaut de connaitre son nom.


Je me dis que vu que je parle à une fille, il est indécent de rester à moitié nu face à elle... Pff tant pis, j'ai trop chaud et c'est pas comme si elle était du genre super féminin non plus à manquer de frapper un mec et en se sapant comme ça...

Fait chauuuuud... Je vais crever dans cette chambre je sens. Je scrute la pièce à la recher d'un ventilateur mais j'ai du mal à repérer quoi que ce soit tant le bordel est maître...


Ouais, c'est pas faux ça mais bon, je dois être trop poli ou alors elle est trop détachée... Bref, la jeune fille s'excite sur la bouilloire qui apparemment ne lui obéis pas comme elle le voudrait puis passe une espèce de tshirt géant qui, sur son tout petit corps, lui fait une sorte de robe.


... Okaaaay. Je n'ai même pas le temps de répondre quoi que ce soit qu'elle disparaît déjà. Super, je vais faire quoi moi, à moitié à poil dans une chambre de fille? Et si une de ses collocs rentre j'ai pas l'air con, je passerais pour un pédophile en force... Je dirais quoi moi? "Nan nan, je suis gay, je suis a moitié à poil dans la chambre d'une gamine parce qu'on a fui un pion et que je lui ai balancé mon tshirt à la face. Tout est normal." Aucune chance que ça passe.


Je sors mon dernier sachet de ma poche, des Malteser. Alors que je les consomme bille par bille, tantôt les laissant fondre dans ma bouche, tantôt les croquant immédiatement, je passe à nouveau mon casque et lance la suite de ma playlist, c'est du Gotye qui passe dans mes oreilles. Au lieu de m'embêter à éteindre la musique de Dreamy, je monte le volume assez fort pour couvrir les bruits extérieurs et ferme les yeux. Je profite du gout des billes de malt et du chocolat terriblement industriel. je continue à tapoter le rythme de la main droite sur ma cuisse.
J'ai toujours trop chaud, je suis pas à l'aise dans mes vêtements. Bon je ne suis pas dans ma chambre alors je ne vais pas me défrusquer ici. Ce serait marrant de voir sa réaction alors qu'elle me retrouve en boxer mais je suis pas comme ça. Je me contente de retirer mes converse et je range mes chaussettes dedans. J'ai jamais aimé les chaussures, je préfère être nus pieds, c'est bien plus agréable. Une fois plus à mon aise, je me mets en tailleurs, m'adosse au mur et ferme à nouveau les yeux, mes doigts jouant toujours les percussions sur ma jambe tout en consommant mes sucreries. Je n'entends plus rien de ce qui se passe autour de moi. Il pourrait y avoir un incendie que je n'en saurais rien. Je cramerais là, au milieu de la bouffe de Dreamy. Bah... Au moins mon cadavre aurait du goût, c'est toujours ça.
Je crois que je marmonne des bouts de paroles de chanson, je ne fais pas trop attention, trop pris par ma musique. Si ça se trouve Dreamy est déjà revenue. Boarf elle me le fera bien savoir d'une manière ou d'une autre. Mes Malteser ont tous péri sur le front, j'ai vraiment la dalle, vivement les Ramen, je les mangerais comme un pur vorace genre Naruto.
Ayé, je commence à me rendormir, je suis une pure larve, c'est dingue quand même, pas moyen de fermer les yeux sans... zZz

Nnh whut? Ah tiens je me suis -encore- endormi... Et ma main trempe dans... un verre d'eau... Et... Et c'est quoi cette sensation sur mon visage? Ma playlist tourne toujours, je la mets sur pause, ôte mon casque encore groggy... Ah du hard rock. Cool. Ffffuh je suis tout naze, comme si je m'étais cassé à coup de vodka et endormi avec une violente orgie. Nan j'ai jamais connu cette expérience mais bon, chut cerveau, laisse moi me réveiller.
Eh mais c'était quoi ce verre d'eau? Je me remets enfin dans le contexte alors que je vois Dreamy. Elle a du vouloir me faire la bonne blague du "pisse toi dessus que je me marre", FAIL. Sans un mot, je me passe la main sur le visage pour me réveiller un peu mieux que ça. Sensation bizarre. Je regarde ma main. Eh fuck... Note à moi même: ne jamais s'endormir dans la piaule d'une gamine. Les espèces de tache sur ma main m'indiquent qu'on m'a redécoré le visage à coup de peinture ou d'encre, je sais pas trop. Exaspéré, je soupire.


Je me lève un peu péniblement, glisse mon casque autour de mon cou, cale mon Ipod dans ma poche et me dirige vers la salle de bain, veillant à ne croiser personne parce que bon, plus ça va, plus je ressemble à un malade mental. D'abord torse-nu chez les filles, maintenant grimé en je-ne-sais-quoi... Une fois devant le fatidique miroir, je peux constater l'ampleur des dégâts. Et quels dégâts, elle n'y est pas allé doucement l'autre tarée. On dirait ces malchanceux lors des soirées étudiantes, ceux qui ont le malheur de tomber de sommeil avant les autres, trop imbibés d'alcool pour rester debout et qui subissent les délires des autres éponges à vodka à coup de marqueur indélébile.
Je passe mon visage sous l'eau, frottant avec acharnement pour voir tous ces graffitis sauvages disparaître au plus vite et par chance, ils finissent à force d'eau et de savon par se faire la malle une bonne fois pour toute. Je m'essuie rapidement le visage et prends quelques minutes pour me calmer, frapper n'est pas mon genre mais ce coup là m'avait bien énervé, je veux bien être gentil mais faut pas abuser quoi... Fin bon c'est qu'une gamine, un jour elle le fera sur une personne moins drôle et on retrouvera ses dents éparpillées quelque part loin d'ici. Je retourne donc dans la chambre, bien moins souriant que tout à l'heure c'est clair.


Je m'assieds à l'opposé d'elle contre le mur et la toise avec méfiance. Pianotant nerveusement sur ma cuisse.

Je ne sais pas combien de temps je suis resté à comater par terre... Dreamy ne semble pas apprécier mes remarques. Elle s'attendait à quoi? A ce que je lui fasse un câlin de remerciement? Faut pas pousser mémé dans les orties non plus, je veux bien être gentil avec tout le monde -et je ne me force pas- mais si on se fout de moi ça marche pas.
Enfin bref, je la vois s'affairer à préparer une salade César apparemment. Comme quoi l'amertume a parfois du bon...


Mouais, pas convaincant mais bon, je m'en contenterais, on va pas passer la soirée là dessus. Je saisis la salade qu'elle me tend et la mange lentement. je dois admettre qu'elle est pas mal pour une salade faite de trucs volés à la va vite. Bon c'est pas aussi bon que tout ce que je conserve dans mon tiroir à glucose mais je ne peux pas manger que du sucré, je finirais par ressembler à un amas de cellulite ambulant.
Dreamy semble faire un peu la tronche, probablement pas habituée à se prendre des remarques ou trop susceptible. Tant pis, je ne vais pas me mettre à genoux.
Je mange dans un silence qui se fait pesant, je ne sais pas trop où regarder, gêné par ce blanc qui s'éternise. Dreamy finit par parler, tentant probablement de détendre un peu l'atmosphère après avoir baissé le volume de sa musique.


J'avale ma bouchée de salade avant de lui répondre.


Je reprends une fourchetée de salade que je mâche tout en réfléchissant un peu. Une fois celle-ci rapidement consommée, je continues.


Bon, au moins on a un sujet de conversation. C'est mieux que ce silence désagréable. Je termine ma salade avant de poursuivre, tout sourire.

Ah oui FMA, ,D.Gray-man, Gurren Lagann... Je les connais aussi. Dommage que le premier soit déjà achevé d'ailleurs. Dreamy est interrompue par la petite sonnerie que tous les ventres sur pattes connaissant. Le micro-onde avait fini son travail et la jeune fille passe en mode commando, roulant sous son lit comme un soldat à la Medal of Honor, je ne vois pas trop ce qui s'y passe mais j'entend la carcasse de la machine s'agiter, l'androgyne sort de sous le lit les mains vides. Ah tiens, bizarre... Elle se dirige sous son bureau, fait s'écrouler une pile de manga et en sort un... Oh fuck... Un pied de biche! Cette meuf est carrément flippante, est-ce qu'elle planque une tronçonneuse aussi dans sa piaule? Je ne cache pas ma surprise, arborant un air effaré face à cet outil impressionnant puis je la vois retourner tout naturellement sous le lit, je l'imagine torturer le micro-onde avec le pied de biche vu le bruit de souffrance qui émane de la machine.
Lentement, Dreamy se retourne vers moi. Oh God c'est la fin, elle va me tuer. Ah mais... Elle est sur le point de pleurer? On dirait une enfant qui vient de faire une bêtise.


Whut? Perdre ses mains? Elle a la lèpre? Je regarde les mains en question et... ah brûlure. Je me retourne, cherche du regard autour de moi et ... ah, Biafine. Je saisis le tube, me lève et le lui donne.


Je saisis les bols qui sont effectivement très chauds et les pose sur le bureau le temps de les laisser refroidir. Je ne sais pas si elle a des baguettes quelque part dans ce bunker, je lui demanderais une fois qu'elle sera revenue.

Ah ça hurle là bas, j'aurais peut-être du lui préciser d'y aller progressivement...
Alors que Dreamy revient les mains pleines de Biafine, je la vois fixer les bols de ramen avec effroi comme un bourgeois qui trouve un cheveu dans sa soupe. Je récite mentalement mon testament alors que la jeune fille se rue sur les bols et examine les papiers sur lesquels ils reposent. Je profite des derniers instants qu'il me reste à vivre, devenant soudainement un fervent croyant récitant sa prière. Elle se retourne, elle me regarde, je la regarde avec mes yeux de chatons apeuré, elle me regarde, je la regarde me regarder et elle me tend un des deux bols avec une paire de baguettes -très belles baguettes d'ailleurs-, amen, je suis toujours vivant.


Avant d'attaquer, je le lui souhaite aussi puis avec une certaine voracité, je plonge mes baguettes dans le bol et -like a boss- j'extirpe une bonne dose de nouilles. Yeah, j'ai pas perdu la main! Je finis assez rapidement mon repas et j'observe mon hôte de ce soir qui m'adresse un sourire des plus inhabituels... Est-ce que je dois avoir peur là? est-ce qu'elle planque une hache dans son dos et qu'elle va me faire un film d'horreur version réelle?


Ça dépend de ce qu'elle entend par là, si c'est du genre "viens, je vais me marrer et toi tu vas souffrir" euh, non merci... Elle me fait peur là avec son sourire de sadique. Peu aventureux, je me contente d'un:


C'est clair que si c'est pour se retrouver dans la mouise à faire une nouvelle course poursuite dans les couloirs, je ne suis pas sur d'être bien motivé.


Dans quelle pétrin je vais encore me fourrer moi? Je ne suis pas du genre à outrepasser les règles, je n'ai jamais eu de colle ou de punition et j'aimerais éviter de commencer.
Oh et puis fuck, tant pis, au pire je la planterait au dernier moment.

Dreamy s'affaire à engloutir rapidement le reste du contenu de son bol puis farfouille ça et là, amassant au final un petit lot de matériel du parfait petit fouineur. Un peu désemparé -et oui, encore...- je lui adresse un regard l'invitant à m'expliquer un peu ce qui se passe.


Ah ok... Du vol...
Je n'ai jamais outrepassé le règlement... Enfin pas à ce point là. C'est à la fois effrayant et excitant, la peur de se faire attraper se mêle au stress, à la peur de se faire attraper. Bon, on ne vit qu'une fois, autant essayer non? N'empêche, cette gamine est futée, on sent que sa mécanique est bien huilée, j'imagine qu'elle n'en est pas à son coup d'essai, je décide donc de lui accorder ma confiance sur ce coup là.
23:25... C'est bientôt l'heure, je m'équipe donc, enfilant à contre coeur le tshirt dont je tire la capuche, dissimulant mes cheveux jusqu'à mon front. J'attache la lampe torche à ma ceinture, passe le sac à dos dans lequel j'ai glissé au préalable le kit de crochetage car j'ai bien l'intention d'apprendre à crocheter une serrure, pour une fois que j'ai l'occasion d'apprendre un truc vraiment original ici.
Je remarque que le tshirt noir me permettra de me fondre dans l'obscurité contrairement à mon jean clair qui me rendrait plus facilement repérable.


Je me dépêche, je ne voudrais pas qu'elle pense que je me défile. Une fois arrivé à ma chambre, je passe rapidement un pantalon noir ni trop ample ni trop près du corps, parfait en somme. Sans me soucier qu'il y ait quelqu'un dans la chambre ou non, je repars en quatrième vitesse mais en silence néanmoins. Me voilà donc fin près, attendant le feu vert de Dreamy.


Je laisse sur place mon Ipod et mon casque qui m'encombreraient plus qu'autre chose, ajuste ma capuche et mon sac à dos et sors en premier de la chambre en direction des cuisines. Il fait déjà sombre dans les couloirs, je n'allume néanmoins pas ma lampe torche qui risquerait d'attirer les surveillants à nous, la lumière de la lune passant à travers les grandes fenêtres suffisent à nous éclairer. Rapidement, mes yeux s'habituent à l’obscurité, mes pas se font donc plus confiants, plus assurés et précis.Lentement mais surement, je nous conduits vers la cuisine au gré des couloirs et des dédales d'escaliers, évitant les lieux où l'on risque d'avantage de croiser un surveillant, certes les rondes sont finies mais on n'est jamais trop prudents.
Soudain, un bruit, rapidement, je me tapis dans l'ombre, me collant au mur autant que possible, entraînant avec moi la jeune fille afin qu'elle agisse sans que j'ai à parler, acte qui trahirait notre présence. Rapidement, la personne s'éloigne et nous reprenons notre périple.
Une fois arrivé devant la cuisine, je sors de mon sac le fameux kit, l'ouvre et demande à ma partenaire de fortune, toujours souriant malgré le stress qui tend mes jambes.