Sujet: Re: ~ Halloween Party is coming. Dim 17 Jan - 2:08
Non. Lentement, Zahari vit s'enfoncer la lame dans la gorge de cette pauvre fille. Qui était-elle ? Mystère, il n'en savait vraiment rien et n'avait pas l'intention de le savoir. Puisqu'il ne la connaissait pas, cette fille ne devait vraiment servir à rien et dans ce monde, ceux qui ne servent à rien ne méritent que de mourir. Mourir ? Aussi rapidement, devant tout le monde ? Le regard de Zero se concentra sur ceux qui avaient sans doute organisé cette splendide fête d'Halloween. Aphrodite bien sûr, la meurtrière elle-même, une fille aux cheveux d'algues qui avait acquis au fur et à mesure de ses années ici une effroyable réputation. Pendant un court instant, Zero maudit Roger pour son irresponsabilité puis revint à ses moutons : tout de même, elle méritait une place en asile psychiatrique...Que faisait-elle parmi eux ? Puis, Justice, cafarnophile, manipulateur de renom avec lequel il aurait presque pu s'allier si celui-ci n'était pas aussi égocentrique et ne jurait pas que par ses stupides insectes. Justice et Aphrodite. Quel beau couple de psychopathes cela donnait-il là ? Présents aussi les insaisissables Ghost et Willow ! Que de beau monde mais...Qu'allaient-ils faire, maintenant qu'ils s'étaient bien amusés ? Mettre des fumigènes dans la pièce, les tuer à coup de piqures de guêpes ? Quels imbéciles, vraiment... Mais comment la situation avait-elle bien pu dégénérer ? Dehors, les adultes devaient être inquiets, morts de peur et si cela se trouvait, avaient même appelé la police. Dire que quelques minutes auparavant, tout cela avait l'air d'une fête à peu près normale, mise à part les quelques déguisements vraiment effrayants ou ridicules dont étaient vêtus les orphelins.
Quelques minutes auparavant :
Les moments où il se sentait le mieux, c'était lorsqu'il était entouré de ses proches. Il aimait se sentir le noyau, le centre de l'univers, un soleil autour duquel les planètes ne pourraient cesser de tourner. Peut-être était-ce bien égoïste, mais il en voulait terriblement à celui qui tournerait ses yeux de lui pour se mêler d'autre chose. C'est la peur de tout homme d'être seul mais chez lui, cette peur était si profondément ancré qu'elle en venait parfois à le rendre insupportable, à être hypocrite ou contraire à lui-même. Zahari Lone regarda Heretic, un léger sourire aux lèvres. Lui était apprécié par tout le monde, ou presque. Il était sociable, aimable et aimait parler. Un peu trop d'ailleurs, tellement que parfois, le son de ce qu'il prononçait paraissait pour ses oreilles comme un espèce de bourdonnement bizarre. Malgré tout, Zero appréciait Heretic. Pour ses services, mais également pour le semblant d'amitié qui les liaient, le fait que son vice-chef ne soit pas comme ces autres...si désespérants.
Il y avait toutes sortes de déguisement pour cette fête d'Halloween pour le moins réussite et le Dark Nightmare put malheureusement observer divers spécimens qui l'étonnèrent plus ou moins : dans un coin se cachait Near, en Pikachu. Une irrésistible envie de rire lui monta à la gorge mais à la place, il se contenta simplement de glisser à Heretic un :
« Tu as vu Near ? Il a changé de costume cette année...pour le meilleur ou pour le pire. »
Un Matt déguisé en une chose indescriptible à ses yeux, Orchid vêtue ou plutôt transformée en une dame blanche à laquelle elle voulait rajouter un peu de sang pour faire plus réaliste, Arpège en sorcière, pour changer et d'autres encore...Mais ce qui compte n'est plus tellement le déguisement des gens, les petites affaires et complots du moment du genre : « renversons la sauce tomate sur cette saleté de Mello » mais plutôt expliquer comment nous en sommes arriver là, même si à vrai dire, il n'y a pas réellement de réponse...
Retour dans le futur :
le ton d'Heretic semblait faussement guilleret. Sa phrase, prononcée visiblement dans le but de se persuader que le sang qui avait coulé devait être celui d'un vulgaire poulet se voulait rassurante mais faisait plus frissonner le chef des Dark Nightmares qu'autre chose. Les instigateurs de ce complot avaient sans doute prévu qu'ils doutent, qu'ils essaient de défoncer la porte, bref, qu'ils se déchaînent, quoi. Lui, pensait que cette fille était belle et bien morte : connaissant Aphrodite à peu près, Zahari Lone était un peu sûr – également – que la belle n'aurait jamais tué « pour de faux ». « Tuer pour de faux », pour elle, ce devait être comme être devant un bon croissant chaud et ne pouvoir en profiter. Bref, le dénommé Bella était bien morte et ce n'était pas Heretic qui lui ferait douter du contraire :
« Tu crois ? Car ce sang ressemble vraiment à...du sang. Étonnamment rouge, n'est-ce pas ? »
Si Zero esquissait juste après sa réplique un sourire qui aurait pu faire croire qu'il était sûr de lui et qu'il n'était pas du tout anxieux, enfermé dans cette pièce, il commençait quelque peu à stresser, ses poings se serrant de plus en plus et son teint déjà pâle blanchissant. Oui, il était mal lorsqu'il se trouvait dans une pièce fermée à clé, mais ce n'était pas nouveau : heureusement qu'il savait se calmer, se contrôler car sinon, il en serait réduit à imiter End ou Autumn qui cherchaient à défoncer une porte a priori indéfonçable. Mais peu importe. Le regard du garçon se porta vers les autres orphelins ou plutôt...devant lui, sur cette pauvre Orchid recroquevillée sur elle-même. Agoraphobe ? En tout cas, c'est ce qui semblait, vu les phrases qu'il lui avait semblé avoir entendre. Que des êtres aussi intelligents qu'eux présentent autant de faiblesses était bien malheureux.
Le chef des Dark Nightmares vint se placer devant Orchid et s'accroupit. Il ne pensait pas vraiment à elle de façon amicale mais il lui était soudain venu à l'esprit qu'elle ne pourrait plus rien faire pour lui, si elle était dans cet état-là. Zero souffla puis lui prit la main : tant pis pour ce que l'on raconterait peut-être plus tard, l'important était sans doute leur survie à l'instant présent.
« Calme-toi Orchid. Pense à quelque chose d'agréable, l'herbe par exemple. Tu te souviens de l'herbe, lorsque le bus est tombé en panne ? Elle était bien chaude et verte, n'est-ce pas ? »
Zero lâcha la main d'Orchid un moment pour recommencer à se craquer les doigts. Mello n'était pas encore intervenu même si le brun pensait que celui-ci leur aurait fait un intervention aussi spectaculaire que sa stupidité...Mais lui-même ne savait pas quoi faire : il entendait que quelqu'un réagisse afin de placer ses pions, réfléchir à la bonne stratégie. Après tout, la majorité des orphelins de Classe 1 était de leur côté, n'est-ce pas ?
« Attendons un peu que les choses se calment. Il n'est pas bon de trop s'énerver tout de suite, nos agresseurs risqueraient de plus s'emporter et souvent, patience est maîtresse du jeu. »
[Depuis le temps que je devais poster. C'est minable, mais c'est fait ;__;]
Sujet: Re: ~ Halloween Party is coming. Mer 20 Jan - 19:31
Comment ? Comment tout ça était arrivé ? Elych était totalement choquée, atterrée, déconnectée et tous les synonymes s’alliant à la surprise. Elle avait l’impression de s’être reçu une gifle, ils avaient osé !!! Ces enflures, ces salopards avaient osé enlever Bia ?! La pauvre Bia, sa chère et tendre meilleure amie, celle qu’elle considérait comme sa sœur jumelle. Eileen l’avait toujours protégée, alors pourquoi ? Pourquoi n’était-elle pas allée près d’elle, au lieu d’aller voir Arpège, Orchid, Hérétic et Zero ? Si elle avait su. Mais c’était trop tard, ce qui était fait était fait, maintenant il ne lui restait plus qu’à voir comment évoluerait la situation. Et ce qu’elle vit sur l’écran, l’agonie de l’enfant ponctué par le rire d’Aphrodite, lui souleva le cœur. Horrifiée, elle se boucha les oreilles et ferma les yeux, essayant d’oublier les cris de la fillette, le sang et les souvenirs qui remontaient à la surface.
La brunette revoyait la tête de sa mère explosée, éclatait en mille morceaux, inondant ses vêtements d’un liquide carmin et chaud, poissant sa chevelure. Les mains de son paternel enlaçaient son cou, essayant de lui ôter la vie. Carcasse sans vie, poupée de cire dont la tête avait éclaté. Eventrée, détruite, mare de sang où baignait des restes de cerveau. Fini, fichu.
Ravalant un sanglot, Elych observa autours d’elle l’agitation qu’avaient créée les jumeaux et leurs acolytes. Une panique générale, où tout le monde était pré à s’entre-tuer pour sauver sa peau. Mais Ghost et Willow n’étaient pas à la Wammy’s House pour rien, non ils avaient dut calculer leur coup pour enlever Phobia et Swann. Oui ils étaient piégés, enfermés comme des rats à refaire une remake de Saw. Saw…Oui c’était le film d’horreur qui convenait à cette situation glauque et sordide, avec pour rôle principal du psychopathe, Aphrodite, Ghost, Justice et Willow ; le mal divisé en quatre fous qui auraient mérité la camisole de force. C’est tout juste si les malades mentales n’allaient pas leur demandaient de dépecer l’un d’entre eux parce qu’il avait une clé dans le bide. Glauque.
Mais Elych se ressaisit rapidement, elle avait vu pire. La SDS se rendit rapidement compte que paniquer dans cette situation équivoquait à Game Over, défoncer la porte ? Mauvaise idée, surtout que maintenant ils voulaient tuer Phobia.
« Espèce d’enfoiré !!! Bande enculés !! Je jure que je vais vous faire la peau !!! »
La gossip girl était si énervée que ces connards osent faire du mal à Phobia, qu’elle en perdait son latin, ou plutôt son anglais car l’anglo-française venait de les insulter en français. En fait imaginer sa meilleure amie dépecer par la givrée aux cheveux verte, lui donnait envie de foncer tête baissé sur la porte, se prendre du deux cent vingt volts au passage et arriver comme une tigresse, tel une kamikaze, pour étriper ces crétins…et mourir bêtement. Elle en devenait même vulgaire. Et la joueuse s'en excuse.
Non ce n’était pas la meilleure idée. Eileen inspira et essaya d’analyser la situation. Il avait au moins un avantage ; celui d’avoir un QI supérieur à leurs ravisseurs si on en faisait la somme. Et il avait les quatre successeurs potentiels de L, ah cinq avec Zero. Tiens lui non plus ne semblait pas dans son assiette.
Le chef des DN se baissa vers Orchid qui semblait vraiment angoissée. Etait-il possible qu’Orchid soit vraiment agoraphobe ?! La coquine, qui n’avait plus envie d’être coquine pour l’instant, s’approcha De la DN et lui posa une main délicatement sur l’épaule.
« Viens Orchid, on va aller dans un endroit où il y aura personne. »
Le meilleur endroit que l’adolescente avait trouvé pour être loin de l’agitation, calmer l’ovni, et réfléchir tranquillement était…le buffet, plus précisément sous le buffet. Elle entraîna son amie, se moquant de ruiner son costume et se trouva nez à nez à Lethal et Seth. La jeune fille se retint de pouffer en voyant l’accoutrement du Loners, non ce n’était pas le moment de rire !
« Salut les gars ! -dit elle en essayant d’être joyeuse dans une situation pareille- Alors…Vous avez une idée ou pas pour la suite des événements ? »
Elle jeta un coup d’œil à Orchid, lui lança un sourire qui se voulait rassurant avant de se retourner vers les faux jumeaux.
« Qu’est-ce qu’on fait ? »
Ayant poster à la va vite, je corrigerai mes fautes plus tard. Sorry.
Dernière édition par Elych le Sam 13 Fév - 18:45, édité 1 fois
Invité
Sujet: Re: ~ Halloween Party is coming. Dim 24 Jan - 20:31
Pourquoi ? Pourquoi la lumière doit-elle toujours se laisser envahir par sa propre ombre quand elle s’étend ? Pourquoi faut-il que les sourires soient punis par des larmes ? Pourquoi faut-il que le calme soit chassé par la folie ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Sur la porte se déchainaient deux adolescents, l’un couvert de cuir et de chaînes, l’autre travesti. Ils harcelaient la poignée et donnaient des coups de pieds rageurs comme si la porte allait s’ouvrir d’elle-même par un élan de bonté. Mais les portes n’ont de maîtresses que leurs clefs. Et seuls leurs possesseurs pouvaient donc ordonner à la porte de s’ouvrir ou pas avec ces clefs. Cela ressemblait presque à une force divine, une force divine présente dans chaque clef pour décider de chaque déplacement de chaque orphelin. Et à présent, il avait été décidé que les orphelins restent dans la salle commune. Mais n’était-ce pas plutôt le diable qui l’avait décidé ? Plus loin, une jeune femme se recroquevillait sur elle-même, tentant de se rassurer par des paroles inaudibles au milieu des rumeurs confuses. Quelqu’un la rejoignit et tenta de la rassurer, lui tenant la main. C’était celui que peu aimaient et beaucoup détestaient, celui qui n’était que nul d’après certains, qui était parti de zéro jusqu’à plus de deux cents pour d’autres. En bref, c’était seulement un corps qui s’approchait d’un autre, une main qui en serrait une autre, et des paroles que l’on murmurait à un Autre.
Penser « Autrui » n’était plus vraiment du ressort d’Abyss. Autrui n’était qu’une masse incertaine à éviter à tout prix. Mais il n’y avait pas qu’Autrui. Il y avait l’individu, original à lui seul, dont la présence pouvait être néfaste ou bonne. Et cela, il avait bien fallu qu’elle le comprenne depuis le temps qu’elle était là. Mais aujourd’hui, elle n’avait même pas idée d’avoir cette idée. Aujourd’hui, à minuit passé de quelques minutes, commençait quelque chose qui ne lui permettrait plus de penser quoi que ce soit autre de la peur et de la douleur. Alors penser masse ou être…
Plus loin, il y avait elle. Fille pressante, remplie de questions et de curiosité mal placées, qui ne perdait pas une occasion de tourner autour de quelqu’un, de le presser sans lui laisser la paix. Hélas, Abyss semblait lui plaire, et malgré une seule phrase, une seule réponse qui aurait dû sonner comme une victoire, elle avait continué encore et encore… A cet instant, elle était avec le Brumeux (lui aussi travesti) et lui parlait comme si rien ne s’était passé. Elle était juste placée non loin d’une fenêtre, sûrement pour voir le ciel et donc se sentir rassurer. Il suffirait que quelqu’un tire les rideaux et ferme les volets pour qu’elle rejoigne la panique de la plupart des orphelins. Le Brumeux quant à lui était plutôt préoccupé par quelqu’un d’autre plutôt excité à laquelle il répondait à voix basse, soucieux de ne pas être entendu. Le Blanc Rocher regardait l’écran, immobile, les sourcils froncés. Lui, le plus intelligent de tous, personne ne venait le voir pour lui demander un moyen de sortir. Et lui-même ne bougeait pas. Il semblait mécontent, seulement mécontent, et donc misérable, seul dans son costume ridicule. Deux frères s’étaient cachés sous le buffet, cachés par les nappes. Mais, lorsqu’on était près du sol, on pouvait les voir dès que quelqu'un soulevait le drap, tenant par la main l'adolescente angoissée qui avait été rejointe par Zero, pour se cacher avec eux et sans doute réfléchir à un moyen de sortir de là. Par contre, il fallait s’approcher pour entendre l’optimiste excessif murmurer que tout était faux et qu’il ne fallait pas s’inquiéter, qu’il n’y avait pas de soucis à se faire, que ce n’était qu’une mauvaise plaisanterie qui se terminerait bientôt…
Bientôt. Alors chaque seconde serait une heure, chaque heure une journée et chaque journée une éternité. Car rien n’était faux. Ce sang, on ne pouvait le toucher à travers l’écran, mais il avait vraiment coulé dans un autre salle, juste derrière un mur… Et ces mots, ils avaient vraiment retenti dans un éclat de vérité. Manque de pot, on a décidé de jouer un peu. Vous êtes tous à notre merci. Vous êtes tous fichus, où que vous soyez. Et ni le plus optimiste, ni le plus rassurant, ni le plus fou, ni le plus intelligent ne pouvait s’opposer à cela d’une quelconque façon. Alors comment le pourrait une faiblarde ?
C'était voir une lueur si proche s'échapper à peine la main tendue. C'était de nouveau sentir une déchirure au plus profond de soi. Non, non, pas les ailes, surtout pas les ailes ! Vous n'avez pas le droit, pas ses ailes, ses si belles membranes de libellules, belles comme celles des fées, avec de si belles couleurs... Pas ses ailes, ne les lui arrachez pas, pas une seconde fois, elle ne le supporterait pas... C'est un sanglot à la fois déchirant et ténu, noyé dans la confusion des voix, un sanglot empli de terreur, de douleur. Il ne s'est rien passé pourtant, elle est encore là, dans cette pièce, accroupie contre le mur près de la porte, la canne étalée à côté d'elle. On ne lui a rien fait encore... Ce qu'il s'est passé vient d'une autre salle, d'un autre endroit, d'ailleurs, de loin, nul part... Ce qu'il s'est passé ne s'est jamais passé. C'est seulement elle qui l'a vu, à l'instant, et c'est elle qui a pris peur, c'est elle qui a poussé ce misérable sanglot, tout vient d'elle, parce qu'elle pense trop, parce qu'elle rêve trop... Tout vient d'elle, de ses yeux et ses oreilles. Ce sol tiède ne vient que d'elle, et ces paroles fatales ne viennent que d'elles, et ce sang symbole de mort ne vient que d'elle... Tout vient d'elle, tout, tout. Il faut arrêter, maintenant, il faut arrêter, arrêter de sombrer plus profond, arrêter d'être fou. Elle ferma les yeux avec force, plaqua ses mains sur ses oreilles. Il ne faut plus rien percevoir, plus rien. Ne plus voir, ne plus entendre. Ne plus sentir ses odeurs de terreur, ne plus goutter cette amertume dans sa bouche. Ne plus sentir ses vibrations pressantes sur le sol. Stop, arrêtez tout. C'est une chute inévitable. Plus on vole haut, plus la chute est brutale. Plus on vole haut... plus on tombe bas. C'est l'abîme qui aspire chaque lambeau de ce qui était des ailes tout juste déployées avant, il y a longtemps, jadis, il n'y a jamais. Il faut arrêter. C'est le chahut dehors. C'est le silence dedans. Ne plus rien entendre, c'est si calme... Au lieu de voir la panique sur chaque visage, le noir total, si calme... Plus rien, il n'y a plus rien. Ainsi tout s'arrête, tout se meurt, et c'est pour cela que quelqu'un part, tout au fond, il y a un abîme. Un abîme pour aspirer ce tout, un abîme pour expirer ce rien. L'abîme, c'est le vide qui s'étend. C'est le vide, comme la mort. C'est l'absence de joie et de rires, c'est l'absence de haine et de larmes... Le vide, c'est si calme. Alors pourquoi rester sur ce sol compact où vivre la tension ? Le vide, c'est si beau... Oh, qu'est-ce donc ? Des larmes ?
Elle ouvre soudain les yeux. L'obscurité se teint de blanc, mais il n'y a rien. Elle ouvre soudain grand les yeux et retire ses mains de ses oreilles. Mais les cris ont disparus, elle n'entend rien, ou peut-être si, comme un vent lointain, intouchable... Cette impression que le brouillard seul l'entoure, sauf que brouillard il n'y a pas. Il n'y a juste rien. Sauf des larmes. Sur ses joues, elle les sent qui coulent. C'est étrange, cette sensation qu'elles donnent sur sa peau. C'est tiède, ça chatouille un peu. Elle vient en cueillir une sur son doigt. On dirait un morceau de cristal... Un morceau de cristal que l'on aurait sauvé des abîmes... Apparait doucement une image sortie du néant. On y voit une rangée de croix, un cimetière. Plus loin se tiennent des gens vêtus de noirs. Tête basse, ils pleurent la perte d'un être défunt. La tombe descend lentement dans les abîmes, sous terre, en silence. Le ciel perle d'un gris triste. Les gens s'avancent, chacun leur tour, et jettent une fleur dans l'abîme. Passe alors une petite fille au visage froid, à la chevelure grise, un pansement sur un œil, l'autre profondément glacé. Elle jette un petit objet grisâtre puis cueille du doigt l'unique petite lueur de son œil et l'offre à l'abîme qui recouvrira bientôt entièrement la tombe. Cette larme est différente de toutes les autres, parce qu'elle ne sera pas noyée parmi tant d'autres dans un mouchoir ou à l'angle d'un menton. Elle n'aura même pas la possibilité de connaître une joue. Non, elle quittera le visage dès la paupière, embrassera un petit doigt d'enfant et volera dans l'air, déchirée par des courants invisibles, pour mourir dans l'ombre, près d'une boulette de papier et entourée de fleurs. Cette larme, si particulière, sera la dernière de la petite fille à la chevelure gris perle comme le ciel. Et c'est étrange, aujourd'hui, d'en avoir des nouvelles après tant de temps écoulé... La petite fille se retourne, comme si elle se sentait épiée, et la scène disparaît ainsi, dans le blanc, dans l'abîme, comme cette tombe plongée dans le noir. Père, je vous aime. Sue, je t'aime. Damase... Je t'aime. Et tout ces gens qui ont su écouter... Elle les aime aussi. Qu'ils soient rochers et froids, qu'ils soient brumes et perdus, qu'ils soient couleurs et borgnes, qu'ils soient rubis et souffrants... Elle les aime aussi. Mais aujourd'hui, tout doit s'arrêter. Même cet amour qu'elle ne réalise que maintenant. Tout doit s'arrêter, tout doit s'éteindre, sombrer dans l'abîme le plus profond, pour ne laisser qu'un corps glacé. Au revoir.
Abyss ouvrit les yeux et retira ses mains des oreilles. La pression qui régnait tout autour ne l'atteignait plus. Son regard se posa sur un jeune homme qui regardait sans réaction ce qu'il se passait autour de lui. Elle tourna la tête, son regard se posa sur deux personnes qui chuchotaient entre elles. Elle tourna la tête encore, son regard se posa sur les deux garçons qui frappaient la porte près d'elle. Elle retourna la tête une dernière fois, dans l'autre sens cette fois, pour regarder droit devant elle d'un air absent. Tout ce qui se passait autour d'elle ne se passait plus en elle. Tout cela n'avait plus aucun lien avec elle. C'était comme une âme qui se détache du corps et qui observe la scène d'en haut. Sauf qu'ici, l'âme a disparu, et le corps est resté bien en bas, pantin glacé sans âme, sans vie. Tout ce qu'on peut faire, c'est attendre.
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