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 Breaking The Habit [PV: Lust]

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Sujet: Breaking The Habit [PV: Lust] Breaking The Habit [PV: Lust] EmptySam 18 Oct - 22:41

    Hj: Voilà le post tant attendu! Tintitiin!! je l'ai mis dans Flash back, j'espère que ça ira... le nom du sujet était bien sur évident!! xD Bonne lecture... 1000 mots pile! Un signe du destin! (sbaffe)

    La pluie battait furieusement contre les vitres du gymnase, d’une telle force qu’on aurait cru que le verre allait se briser sous ses coups. Silence, assis sur une des poutres entreposées dans l’immense salle leva les yeux vers ce combat entre l’invention de l’homme et la nature. Qu’avait-il fait de si grave ce jour là pour que le Ciel tentât de l’atteindre et de le châtier, lui qui corrigeait tranquillement quelques copies dans cet endroit où il passait la plupart de ses journées avec les enfants ? L’ardeur qu’elle mettait à frapper les vitres devait être due à sa frustration de ne pas pouvoir atteindre le professeur. Silence, tandis qu’il administrait un merveilleux vingt sur vingt à la copie du petit albinos de l’orphelinat prénommé Near, celui-ci afficha un léger sourire. Il le savait, c’était pour son adolescence désastreuse qu’on essayait de le punir. Mais le Ciel, la pluie pouvait toujours essayer, il était à l’abri et rien ne pouvait lui arriver, là où il était. A part peut être une coupure de courant causée par l’orage ; et tandis qu’il songeait à cet éventuel moyen de vengeance céleste, un coup de tonnerre retentit à cet instant là, et une sorte de crépitement s’échappa des longs néons au plafond du gymnase qui s’éteignirent en un long soupir d’agonie. Seon jeta un regard noir aux lourds nuages derrière les vitres de plexiglas. Il venait pour l’énième fois d’avoir la confirmation de son statut d’âme maudite à temps plein. Et il n’était même pas payé pour ça. Enfin quoi, il n’avait pas été un adolescent à ce point catastrophique pour que le Ciel, alors qu’il approchait de la trentaine lui en veuille encore ? …Tout compte fait, il l’avait peut être mérité. Mais un tout petit peu.

    Cela lui apprendrait à jouer au plus malin avec une force supérieure. Heureusement pour lui (car il refusait catégoriquement d’aller dans son bureau, pièce funestement située à côté de celui de Nikolaï, ce qui signifiait qu’il pouvait directement sortir et laisser la nature le châtier plutôt que de s’y rendre et offrir cette joie au bibliothécaire cinglé), Silence disposait d’une paire d’yeux entraînés qui s’habituèrent instantanément à la pénombre. Ainsi, ne bougeant pas d’un pouce, il continua tranquillement d’administrer des notes dignes du génie des orphelins de la Wammy’s House ; si Silence était un professeur connu pour être si sévère que ça en frôlait la psychorigidité, si l’on faisait correctement son travail, on était récompensé en conséquence de ses efforts. C’était un des critères qui faisaient de lui un bon professeur, même s’il restait chez lui quelques points de sa personnalité à améliorer, en commençant par son caractère assez… difficile, dont Nikolaï et Elegance n’avaient pas fini de se moquer. Le professeur grogna en pensant à ces deux énergumènes dont le seul but dans la vie était de le faire sortir de ses gonds en le qualifiant par exemple de toutou. A cette pensée, il eût comme une forte envie de mordre.

    Il grogna quelques instants et passa à la copie suivante sur laquelle il se retint de déverser sa rage : il ne manquait plus que les élèves payassent pour la stupidité du bibliothécaire et du professeur de littérature ; cela tombait bien car la note fut excellente. Silence leva ses prunelles écarlates vers le haut de la feuille où était inscrit le nom de l’élève. Lust venait d’avoir un merveilleux dix sept sur vingt. Lorsqu’il lut ce nom, le professeur prit une expression plus grave, qui tourna simplement en une sorte de mélancolie visible sur son visage hâlé. Ahlalah, cette Lust… pensa-t-il en poussant un léger soupir, avant de détourner son regard vers le ciel gris. Elle lui en donnait des soucis cette petite, plus que n’importe quel autre de ses protégés, voire de tous ses élèves.

    Pourquoi est-ce qu’il était presque autant attaché à elle qu’il l’était envers le croqueur de chocolat national ? Il se posait souvent cette question. Peut être parce que comme Mello, Lust lui rappelait un peu l’adolescent qu’il avait été, mais de façon différente du blond. Silence tira sur sa manche et regarda avec amertume ses poignets qui présentaient des restes de ce que le Seon adolescent s’amusait à faire, autrefois, et qui avaient causé maintes fois le malheur de Roger qui ne cessait d’appeler des ambulances. Sauf que cette fois-là, ce n’était pas lui qui s’était trouvé sur le brancard. Il se revoyait encore marcher dans le parc, ce jour qui avait pourtant commencé comme les autres, et puis soudain, le bruit du verre brisé qui le fit lever les yeux, et là…

    Silence regarda avec méfiance les portes du gymnase s’ouvrir avec un grincement désagréable, laissant place à une jeune fille dégoulinante. Alors, tandis qu’il songeait que le destin était réellement contre lui ce jour là, le professeur se leva, et sans même laisser le temps à celle-ci d’ouvrir la bouche, il dit en la prenant par le bras :


    « …Ne dis rien et viens d’abord te sécher, tu es trempée, idiote. »

    Ils se rendirent dans les vestiaires où Seon prit dans un placard une serviette propre qu’il tendit à Lust, et, appuyé contre un casier, il poursuivit, en un sourire :

    « Je suppose que c’est par pur hasard que tes pas t’ont conduite jusqu’ici, je me trompe ? Car la Lust que je connais ne va pas courir sous une pluie pareille par pur amour du gymnase… Et tu sais que je ne te donnerai pas ta note de japonais avant le prochain cours pour savoir si tu as battu Mello. »

    C’était une façon de détendre l’atmosphère, car il savait que si elle était venue le voir ce n’était sûrement pas pour profiter de la vue des casiers dont la peinture s’écaillait. Peut être, par contre, pour ce à quoi il songeait il y avait peu. Silence remonta ses manches, croisa les bras, et, reprenant une expression plus sérieuse, dit :

    « Je t’écoute, gamine. Que veux-tu ? »
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Sujet: Re: Breaking The Habit [PV: Lust] Breaking The Habit [PV: Lust] EmptySam 18 Oct - 23:34

    [ HS : Beuh, c'était corrigé dpeuis longtemps =__= ]


    Aujourd’hui était à nouveau un jour comme un autre. Un jour pluvieux, certes, mais un jour comme un autre. Lust s’était levée, avait observé ses cicatrices encore rouges et était allée en cours. Elle avait cherché Weasel entre toutes les interclasses et les réactions pour finalement le trouver pendu à Lawless. Elle avait préféré abandonner et s’était collée sur son PC. Après moult recherches futiles, du surf intense sur le web et six cent mots écrits pour un RP qui finit pourtant à la Corbeille, Lust pensa qu’il était temps de faire quelque chose de sa journée… Elle se dirigea alors vers les cuisines, une recette à la main, prête à tout, même à combattre le monstre Roal pour pouvoir faire son plat.

    L’orage grondait, la pluie tentait de briser chaque carreau de la Wammy’s House mais ça n’empêchait pas Lust de sortir. Et bien qu’elle soit uniquement vêtue d’un T-Shirt noir au motif de God Save The Queen et d’un jean rentré dans des bottes noires, elle se rua dehors et courut à grande foulée vers le gymnase : endroit où elle pourrait trouver l’objet de ses désirs : Silence. Lorsqu’elle entra, la salle était plongée dans le noir mais le faible éclairage du jour pourtant si gris suffit à confirmer ses pensée : il était là. Avant même de pouvoir parler, ce dernier l’entraîna vers les vestiaires pour lui passer une serviette. Elle sourit et répondit à ses petites répliques.


    « Nee Monsieur Silence, auriez-vous oublié que je suis la meilleure de ma catégorie en gymnastique ? Je sais que mon niveau de Japonais ne frôle pas la perfection – puis comment vous voulez battre Near, vous ? Mais la gymnastique hein ! C’est pas pour dire mais y’a pas meilleure que moi ! Ah si vous saviez tout ce que je sais faire sur une poutre ! Je vous en montre tellement peu ! J’étais vraiment venue m’entraîner, vous savez… »

    Où comment détourner subtilement la conversation. Bien que ce fusse vrai, Lust n’était nullement venu s’entraîner aux barres asymétriques cette fois-ci. Non. Pas du tout même. Elle posa un petit sac sur un banc du vestiaire et sécha ses cheveux en les frictionnant. Son corps eut un léger sursaut, ses jambes ne tenaient pas en place : Lust avait froid et avait peur… ou était tout du moins intimidée. Elle chercha les prunelles rouges et transcendantes du professeur. Il lui rappelait un peu Eris, dans son apparence physique seulement. Des cheveux noirs comme le jais, un regard de braise qui vous transperce… Ah qu’il était beau Silence ! Si Lust n’était pas amoureuse d’une autre personne et si elle avait vingt-ans de plus, peut-être serait-elle sa petite amie ? Quel doux rêve d’enfant, mais que dis-je ! D’adolescente perdue !

    « … Je sais que je n’ai pas battu Mello, et pour tout vous dire je m’en moque royalement. Le battre ne ferait que m’attirer encore plus ses foudres, et j’estime que mon lot de malchance avec lui est assez suffisant, non ? Sa seigneurie ne supporte pas d’être battu. Par un nain blanc, déjà la loose, alors imaginez par une neko. Il me haïrait ! Alalalala ! …Non pas que je sois amoureuse de lui hein ! Moi j’aime les corps bien formés de femme genre euh, bah au pif Candle ! Enfin bon c’est pas le sujet ! Plus important vous êtes inconscient de corriger des copies dans le noir ! Je ne doute pas de vos dons de nyctalopes félins – sentons-nous encore plus proche par cela – mais c’est naze ! Faudrait que vous... Bah genre que vous alliez dans votre bureau. Nee Silence-san, vous avez une petite-amie pour vous détendre l’esprit au moins ? »

    Lust rit légèrement, seule, profondément seule. Encore une tirade sans queue ni tête. Peut-être pour détendre l’atmosphère aussi ? Pour repousser ce moment au plus tard possible. Oui, elle avait honte. Non, elle ne voulait pas en parler. Mais comment oublier ? Elle jeta rapidement son regard par-dessus son épaule, tentant de voir au travers de son t-shirt noir quelque chose… Qui n’apparaissait pas. Peut-être que cela était un rêve après tout ? Non, ce serait bien trop beau. Il suffisait juste de passer sa main pour les sentir… La brunette secoua la tête et reporta son attention sur le professeur.

    « Silence-san vous souvenez vous de ce jour, il y a quelque mois… ?... Quand vous m’avez rattrapé après ce merveilleux plongeon que tout bon jury noterait dix sur dix ? »

    Oui, Lust utilisait l’autodérision, oui, elle tentait de fuir le sujet ou tout du moins de l’atténuer. Non pas qu’elle ait honte, de ces erreurs du passé qu’elle prévoyait déjà de recommencer… Mais devant Silence, ça changeait tout. Après tout il l’avait véritablement sauvé. Il l’avait rattrapé. Il avait surement dû appeler les urgences, il avait surement veillé à ce qu’elle se réveille mais avait dû partir avant. De toute manière la présence de quelqu’un à ses côtés – Weasel – avait dû le rassurer un peu. Enfin tout n’était que supposition. Tant il l’avait haï ce jour là ! Qu’elle plaie cette fille, se suicider un si beau jour ! Enfin tenter. Puis dans ses bras, franchement ! S’était-il peut-être dit ? Qu’est-ce qu’elle en savait ? Elle n’était pas dans sa tête de toute manière…

    Elle s’assit sur le banc et posa son sac sur ses genoux, le fixant. Elle l’ouvrit doucement et en sorti des sushis et onigiri soigneusement emballés. Ils étaient un peu ratés. Les onigiri ressemblaient plus à… à une forme géométrique qui n’était pas un triangle et les sushis semblaient être passés sous rouleau compresseur mais pourtant, personne ne doutait qu’ils devaient être délicieux.

    « En fait Silence-sensei, je suis venue vous remercier pour ce jour… je n’ai jamais eu le temps ni le courage de le faire avant. J’aurais dû pourtant mais tout ce dont je me souviens c’est la colère que j’ai ressenti lorsque j’ai appris que vous m’aviez sauvé. Je vous haïssais d’avoir ainsi fait échouer mon plan mais au final… Ce serait mentir de dire que ça ne m’a pas servi… Et ce qu’il s’est passé à l’hôpital n’aurait jamais dû se passer… Alors, merci et encore désolée. »

    Et alors qu’elle prononçait ces mots, ce jour fatidique lui revenait en mémoire. C’était un jour comme un autre. Une nuit comme une autre. Elle avait pleuré, quand Noodle n’était pas là. Et Noodle était rentrée, l’avait trouvé les poignets en sang. Elle avait juste désinfecté la plaie et l’avait prise dans ses bras. C’est tout. Comme Noodle devait en avoir marre de subir ça à longueur de journée s’était elle dit ! Comme Weasel devait la détestait de l’entendre se plaindre tout le temps ! Comme elle devait être une amie horrible et une sœur horrible aussi. Alors évidement, lorsqu’elle avait traversé les couloirs du troisième étage avec ces pensées en tête… Lorsqu’elle avait vu la fenêtre, si fragile… Lorsqu’elle pensait aux deux premières fois ratées, comment résister à cet appel du vide. Elle était passée, avait bien regardé pour que personne ne la voit et s’était tout simplement jetée.

    Elle se souvenait de la douleur du verre déchirant ses vêtements et sa peau. Elle se souvenait de tout ce sang qui s’écoulait, de cette sensation d’euphorie, très rapide, peut-être même pas une seconde de bonheur mais cette impression de voler avant de sombrer… Elle aurait peut-être tout donné pour ressentir à nouveau ce sentiment de puissance ? Puis elle avait ouvert les yeux dans un monde blanc. Un lit blanc, un plafond blanc et une personne qui la fixait : Weasel… Elle se souvenait très bien de la discussion qu’ils avaient eu et du « salut » triste et désespéré de son ami joyeux lorsqu’il avait dû la pièce. Et elle se souvenait… de l’entrée de son sauveur qu’elle haïssait déjà. De l’entrée de Silence…


Dernière édition par Lust le Sam 25 Oct - 8:13, édité 2 fois
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Sujet: Re: Breaking The Habit [PV: Lust] Breaking The Habit [PV: Lust] EmptyVen 24 Oct - 23:37

    Silence, adossé sur le casier au métal et à la peinture abîmés regardait tranquillement la jeune fille se sécher, pensif, et sourit en l'entendant. Il aimait cette arrogance, cet orgueil qu'elle avait qui lui rappelait un peu sa propre façon de parler. Ce qu'elle disait n'était pas faux, en effet. De toute sa carrière, il n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi doué en gymnastique que Lust l'était ; lorsque celle-ci exécutait ses figures, elle faisait preuve d'une grâce et d'une aisance peu communes. Et celui-ci s'en ravissait, en tant que professeur de sport, mais aussi de protecteur de la jeune fille, même s'il ne le montrait pas, afin qu'elle puisse toujours se surpasser. C'était évident, personne d'autre mieux que lui ne mesurait l'étendue de son talent. En ce qui concernait le reste, personne ne pouvait être meilleur que Near, c'était clair ; le jeune garçon, aussi jeune que brillant semblait être prédestiné au poste de successeur de L; mais pour Silence, Lust, elle, avait quelque chose en plus, peut être ce petit soupçon de malice qui faisait d'elle une personne pétillante et agréable, même si sous ce masque se cachait une personne à l'âme blessée. Comme lui l'avait été, à la différence que lui n'avait pas eu la force de tout dissimuler.

    Et ce petit prétexte de dernière minute pour justifier sa venue... Comme si c'était crédible. Il la connaissait trop bien, à présent, pour se laisser avoir par un pareil argument, mais ne voulant pas la brusquer (car il comprenait que venir vers lui avait du déjà être assez dur comme cela), il ne dit rien. Cependant, lorsqu'elle changea de sujet, celui-ci prit une expression entre le sourire et l'énervement. Qu'elle parle d'autre chose, passe encore, (d'ailleurs la jeune fille avait tellement dérivé du sujet initial qu'il n'avait pas réussi à tout suivre et commençait à se poser des questions sur sa santé mentale) mais qu'elle en arrive à sa vie privée... Seon n'avait pas vraiment compris comment la jeune fille en était arrivée là. Tout cela était bien suspect. Avait-elle pris des cours de corruption d'esprit avec Nikolaï et Elegance? Il irait vérifier après l'entretien auprès des deux professeurs s'ils n'influaient pas un peu trop la jeune fille.


    " Merci de t'inquiéter pour moi, mais je ne pense pas que cela te concerne, gamine, fit-il. Et crois moi, je suis beaucoup mieux ici que dans ce bureau situé à côté de celui de l'autre... énergumène... "

    Si Lust n'avait pas été une élève du pensionnat, Silence ne se serait pas retenu d'employer un autre terme pour qualifier ce blond bibliothécaire qu'il chérissait autant qu'il le détestait. Quant à une potentielle petite amie... Il ne préférait même pas penser à l'amour. Cela lui rappelait de trop mauvais souvenirs, ainsi, il préféra détourner son regard plutôt que de répondre, les yeux perdus dans le vide, comme si ses prunelles cherchaient sur les murs pâles ce visage si beau et cruel à la fois dont l'image lui revenait souvent. Soudain, la voix de la jeune fille le rappela à la réalité. Ah, on y était. On entrait enfin dans le vif du sujet. Le professeur sourit également et suivant le ton qu'avait pris son élève, répondit, pourtant bien conscient de la gravité du sujet:

    " Si je m'en souviens... Jolie chute, en effet. Il ne te manquait que l'élastique. "

    Cette jeune fille, tombant du ciel, atterrie dans ses bras comme par miracle, sanglante, blessée par les débris de verre qui recouvraient son corps meurtri, l'angoisse qui l'avait pris ; cette jeune fille sur laquelle il avait veillé dans l'ambulance et dans la chambre, jour et nuit, jusqu'à ce qu'elle se réveille... Oh oui, il s'en souvenait. Le bruit du sac le fit baisser les yeux vers Lust: alors c'était ça qu'elle avait amené avec elle... Elle avait pris la peine de lui préparer quelque chose pour le remercier, des plats de son pays d'origine, de surcroît ; le professeur adressa un sourire à la jeune fille, signe qu'il appréciait l'attention, et attrapa un nigiri. Cela faisait bien des mois qu'il n'en avait pas mangé... En déballant la boulette de riz, les yeux mélancoliques, rivés sur le papier aluminium, il dit avec calme et sérieux, à l'attention de Lust qui semblait nerveuse:

    " Ce n'est rien... Et tu fais bien de me dire ce que tu ressens en face. Il n'y a rien de pire que de cacher la vérité aux autres... "

    Sur ce, il mordit dans la boulette de riz, et lui lança, complice, les yeux clos:

    " ...C'est délicieux. "

    Puis tous deux ne dirent plus mot, comme accablés par le poids de ces souvenirs qu'ils partageaient. Comme ils avaient été longs et durs, ces jours à l'hôpital, à la regarder sombrer dans le coma, cette pauvre petite ; comme cela avait été dur de ne pas céder à l'inquiétude de ne plus jamais la voir rouvrir ses yeux verts malicieux... Et de partir, de laisser la place aux enfants qui attendaient son réveil lorsqu'elle avait enfin repris conscience, car Silence savait bien qu'elle lui en voudrait. Tout comme il en avait voulu à ceux qui l'avaient empêché d'arriver à ses fins lorsqu'il entretenait autrefois le même genre de funeste projet.

    Mais finalement, il était revenu la voir. Parce qu'il savait également que c'était maintenant qu'il fallait agir, maintenant que tout se jouait, maintenant que le destin allait décider ce qu'il adviendrait d'elle, pour l'empêcher de recommencer et surtout comprendre pourquoi elle en était arrivée là. Silence, lorsqu'il était revenu le lendemain du réveil de Lust où il avait tout de suite laissé le chevet de la jeune fille à Weasel marchait vers la chambre avec nervosité ; comme un élève marchant vers la salle de contrôle, ou comme un condamné à mort allant à l'échafaud. Il redoutait ce moment depuis qu'on avait déposé la jeune fille sur le brancard ; mais, résigné, il poussa la porte de la chambre et entra. Son regard écarlate croisa celui de la jeune fille sur le lit, et tout de suite, celui-ci sentit une hostilité peu dissimulée. Rien qu'en le voyant arriver, elle avait compris. Tant mieux pour elle ; ce n'était pas cela qui allait le décourager. Sans rien dire, Silence prit une chaise qu'il déposa près de la blessée, s'assit, et, levant ses yeux vers elle, lança, d'un ton cynique:


    " Je vois que tu es réveillée, c'est bien. Parce que nous allons avoir une petite discussion, toi et moi. Il y a deux trois choses que tu vas devoir m'expliquer, à commencer par ton passage par la fenêtre du troisième étage pour descendre, alors que nous avons des escaliers à la disposition des élèves. "

    Tandis que la tension montait, son regard et son ton de raffermirent, et il poursuivit, en fixant Lust avec des yeux qui semblaient dénués de pitié, mais dans lesquels l'inquiétude du professeur était visible:

    " Et pas la peine de me faire croire à un accident. Tu es quelqu'un qui possède une agilité et un sens de l'équilibre hors du commun, je le sais. Jamais tu ne te serais laissée emporter par erreur. Et regarde moi quand je te parle, je te prie. "

    L'entretien promettait d'être riche en émotions.
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Invité
Sujet: Re: Breaking The Habit [PV: Lust] Breaking The Habit [PV: Lust] EmptyDim 30 Nov - 22:29

    Lust avait passé la journée à sourire, à remercier ceux qui étaient venus la voir. Mais aucune fois son sourire était vrai, ce n’était qu’une pâle photocopie d’un geste qui était devenu habituel pour elle. Ce sourire constamment faux, qu’elle s’efforçait de garder pour les rassurer. Mello l’engueulait et elle sourirait, lui disant que ce n’était rien qu’une maladresse de sa part. Foutaise, n’importe qui savait que Lust pouvait sauter du toit et retomber sur ses pattes, tel le plus souple des chats. Elle avait tenté d’esquiver la conversation de Weasel, qui n’était fait que de jugement, selon elle. Elle avait caressé la tête de Noodle et l’avait remerciée d’un sourire sincère, mais triste. Finalement, tout le monde était parti, la laissant seule, avec les infirmières et les psychologues qu’elle manipulait un peu trop aisément pour une personne ne sachant pas manipuler les autres.

    Puis, celui qu’elle attendait et redoutait à la fois était arrivé. Son sauveur comme son bourreau. Silence. Elle planta ses pupilles jades dans le regard flamboyant et meurtrier du professeur de sport. Encore un jugement ? Encore des conseils futiles sur la vie, sur « ne pas se tuer, car tu ne vis pas pour toi mais pour les autres » ? Oh, comme elle était lassée de tout cela ! Ne pouvait-on pas juste la laisser en paix ? Non, bien sûr que non. Elle toisa un instant le surveillant et détourna la tête. D’un coup, sa salade de tomates était devenue très intéressante. Bien qu’elle détestât ces fruits rouges, elle les trouvait tout bonnement écœurants.

    Après tout, pourquoi discuter avec lui ? Il avait tout fait foiré ! Si Silence n’avait jamais existé, elle serait morte à l’heure qu’il est…. Ou bien simplement paralysée à vie. Soyons réaliste, ce n’était pas une chute du troisième étage qui allait la tuer, si ? Elle avait lu quelque part qu’on pouvait mourir en tombant de sa propre hauteur. Où était la réalité ? Pourquoi des personnes qui tentaient de se suicider en sautant du toit de leur lycée pouvaient survivre alors que d’autres, en trébuchant tout simplement, mourraient ? Et elle, de quelle catégorie faisait-elle partie ? Elle n’aurait su le dire et de toute manière ne voulait savoir. Ce qu’elle savait, c’est qu’elle avait passé trois jours dans le coma, qu’elle était toujours sous transfusion sanguine et que l’heure du procès avait sonné.

    « Les escaliers ? C’est d’un banal, beaucoup plus rapide d’arriver au rez-de-chaussée en sautant par la fenêtre voyons. » répondit-elle, acide. Sa main tremblait légèrement, son regard fuyait à tout prix celui de Silence. « Quant à la vitre brisée, un petit effet spécial, comme dans les films. D’ailleurs, je viens de remarquer que les films hollywoodiens, c’était vrai. On peut vraiment sauter d’un toit et une personne nous rattrapera, totalement par hasard. Je faisais bien l’ange ? »

    C’était une question rhétorique, une question pour détourner la conversation, bien qu’elle sût pertinemment que la discussion ne dévierait pas. On ne pouvait pas avoir Silence sur ce point là. Elle ignorait comment mais son professeur de Japonais était un maître dans l’art des discussions sérieuses qui font mal. Cette fois-ci, c’était son tour et bien qu’elle disposât de nombreux moyens pour tourner, dériver, changer le ton, elle se devrait d’affronter les conseils du nouveau psy Silence, qui s’autoproclamait comme tel. Enfin, Lust daigna levait son regard à la fois triste et haineux envers le japonais. Pourquoi devait-elle subir ça, pourquoi se sentait-elle si mal en sa présence, pourquoi n’arrivait-elle pas à sourire, comme avec les autres ? Son ton était moins léger que d’habitude, plus mordant et acerbe. Lorsqu’elle croisa son regard sans pitié, la voix de Lust se fit moins assurée, teintée d’acrimonie. Inutile de lui mentir…

    « Dîtes Sensei, pourquoi êtes-vous venu me voir ? Pour vous féliciter d’avoir fait votre Bonne Action pour toute l’année, pour me juger, me prodiguer des conseils que d’autres ont déjà tenté de me donner avant vous ? Qu’est-ce que vous faîtes encore là ? Vous savez, je pourrais tout vous dire, mon nom, prénoms, mes origines, mon histoire, les tentatives de suicide que j’ai fait. Je pourrais vous dire que je me drogue, m’automutile depuis mes onze ans, mais à quoi cela servirait-il, réellement ? Qu’est-ce que ça vous apporte à vous ? »

    Elle laissa trainer un petit silence, avant de reprendre doucement, la voix tremblante.

    « Je vous cause du souci, je dois vous agacer à tourner en rond, pourquoi ne pas simplement m’abandonner, les autres y arrivent tellement bien, vous ne pouvez pas faire semblant, comme eux ? »

    Murmura-t-elle. Elle se saisit d’une fourchette et la planta dans ses tomates, tournant vaguement dans la chair pulpeuse du fruit. Elle trouvait l’odeur écœurante et le plat qui était accompagné par ces immondes entrées semblait n’avoir aucun goût. Elle ne souhaitait même pas savoir si ses haricots et son poulet étaient salés. De toute manière, elle n’avait pas spécialement faim et la présence de Silence la gênait plus qu’autre chose. Autant affronter l’horrible Chevalier de Dame Vérité. Elle repoussa son plat et se leva du lit, entrainant avec elle sa perfusion et fit le tour de sa chambre, semblant nerveuse et ennuyée.

    « Alors, Silence-sensei, de quoi voulez-vous qu’on cause ? Posez vos questions, j’y répondrai. A absolument toutes, mais je ne promets pas de dire la vérité, rien que la vérité. Ce ne serait pas drôle sinon, vous n’êtes pas d’accord… Otou-san ? »

    Le dernier mot était prononcé avec une ironie certaine. Après tout, Silence était un peu le papa de tout l’orphelinat, et Khythin la maman. Nikolaï avait la tête d’un grand-frère un peu particulier et Elegance celle d’une tante carrément barrée. Une joyeuse famille que la Wammy’s House non. Et bien sûr, une famille trop unie au goût de Lust.
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Sujet: Re: Breaking The Habit [PV: Lust] Breaking The Habit [PV: Lust] EmptyDim 14 Déc - 0:51

    Plus Silence regardait cette jeune fille allongée sur son lit d’hôpital, plus il écoutait ses propos qui semblaient si futiles et qui pourtant témoignaient d’un tel trouble qu’il connaissait bien, plus la mélancolie s’emparait de lui. Oui, plus il la regardait, et plus c’était lui, qu’il avait l’impression de voir, plus jeune, assis sur son lit d’hôpital, affrontant Roger assis devant lui, faisant office d’interrogateur. Plus il écoutait les paroles tranchantes et acerbes de Lust, plus il se sentait coupable. Coupable d’être venu lui rendre visite après l’avoir sauvée sans lui demander son avis, de lui lancer ces regards cruels; coupable de lui infliger le poids d’un adulte de plus venant lui demander des comptes. Mais il n’y avait pas d’autre solution pour la tirer de là, et le professeur le savait bien.

    Lui aussi en avait tellement voulu au monde, à chaque fois qu’on l’avait secouru… Combien il avait maudit le directeur de l’orphelinat, les professeurs, les infirmiers, les médecins ; combien il aurait donné pour pouvoir tous les massacrer, à l’époque. Mais sans eux, il ne serait plus là à l’heure qu’il était pour tenter de sortir cette jeune fille de son pétrin. Le professeur n’avait donc rien à perdre. Même si elle devait se mettre à le détester. De toute façon il était habitué, depuis sa terrible adolescence. Ca ne ferait qu’une personne de plus qui aurait souhaité sa mort, durant sa triste vie. Silence aurait volontiers donné son sang, sa chair, ses os pour sauver un de ses élèves, surtout pour la sauver, elle, Lust ; elle qui l’avait touché, et qu’il avait pris la responsabilité de protéger. Alors qu’elle le haïsse ou non, du moment qu’elle vive… cela lui était parfaitement égal. Dans tous les cas, sa haine serait méritée. Il l’avait bien cherché.

    Le professeur, songeur, ses yeux écarlates détournés des prunelles émeraude de son élève ne disait plus un mot, tandis qu’elle déblatérait ses salades. Comme s’il allait y croire. Aussi bien Lust que lui savaient que rien de tout ça ne les ferait avancer ; que ça ne servirait qu’à reculer l’heure de vérité. Et tous deux savaient bien que les révélations en question étaient inévitables. Silence, confiant en son élève attendit donc patiemment que celle-ci finisse son petit discours, et enfin, lorsqu’elle aborda enfin le vif du sujet, il détourna ses yeux rouges vers elle, et dit, d’un ton plat :


    « …A moi ? Ça ne m’apporte rien, rien du tout. »

    Il se tut un instant, comme s’il cherchait le courage de prononcer les mots qui allaient suivre, et alors que ses traits se raffermissaient sous la tristesse, et que ses prunelles, tout à l’heure glacées, devenaient presque douces, il répondit doucement, posant son regard sur le drap :

    « Veux-tu savoir pourquoi je suis venu te voir ? Pourquoi je ne t’ai pas laissée tomber après avoir joué les héros, comme tu dis ? »

    Alors, fermant les yeux, comme s’il cherchait à fuir la réalité, d’ignorer ce qu’il était en train de faire, Silence attrapa le bouton de sa manche de chemise gauche et, l’arrachant presque, découvrit son poignet. Poussant un long soupir, comme si cela lui demandait un effort plus conséquent qu’on pût l’imaginer, il fit de même pour son autre manche, posa ses avants bras sur ses genoux, ses paumes tournées vers le plafond et ses cicatrices affichées au grand jour, et lança à la jeune fille, avec des yeux si tristes tels que l’on ne le crut pas possible d’en avoir de pareils :

    « …Parce qu’à ton âge, j’étais comme toi, et même bien pire. Parce que je sais mieux que quiconque ce que c’est d’avoir envie d’en finir, de se détester au point se vouloir se détruire ; je sais ce que c’est d’en être réduit aux pires moyens pour fuir la réalité. Enfin, je sais à quel point il est dur de briser son cutter pour ceux qu’on aime et de ne pas se jeter sur le compas, les couteaux de l’école qui ne coupent pas, ou même la paire de ciseaux. »

    A présent, le professeur n’osait même plus la regarder. Ce qu’il venait de lui avouer, dans cet orphelinat, seulement deux âmes autres que lui le savaient ; Roger, le directeur, et Nikolaï, son meilleur ami, même si Seon refusait de l’avouer, et c’était tout. Le seul fait qu’il ait osé lui en parler, qu’il lui ait montré ces marques que son corps gardait de cette époque sombre qu’il avait vécue, tout cela témoignait à quel point il était déterminé à la sortir de là. Si la jeune fille tremblait, le professeur sentit son pouls s’accélérer. Ce qu’il venait de faire était dangereux, complètement fou et irréfléchi. Mais il était trop tard pour reculer. Reprenant une petite bouffée d’air comme pour se soulager un peu du poids de ses souvenirs, subitement, il remonta ses manches et les reboutonna, et, relevant ses yeux vers ceux de son élève, il poursuivit :

    « Si je t’ai montré ça, tu t’imagines bien que ce n’est pas pour rien. Peu de personnes connaissent l’existence de ce que tu viens de voir. Alors en échange, j’ai deux choses à te demander. La première, ta discrétion. La seconde, et ce sera plus dur, je le sais, ta confiance. »

    Le « Otou-san » qu’elle avait prononcé précédemment le fit sourire. S’il s’était douté que quelqu’un l’appellerait ainsi un jour… Même si c’était sûrement pour se moquer de lui, le professeur n’avait pas pu retenir un petit rictus. Décidement, il adorait vraiment ce culot qu’elle avait. Il croisa les bras, et reprit, l’air plus calme :

    « J’ai en effet quelques questions à te poser. Mais j’aimerais plus que ce soit le contraire. Pas parce que je meurs d’envie de te raconter ma vie, car crois moi, si je pouvais éviter ça, je le ferais ; mais je suppose que ça te sera toujours plus utile qu’une petite leçon de morale comme on a du t’en faire des centaines de fois. Et puis, je m’en suis sorti après tout, sinon je ne serais pas là pour t’en parler. Veux-tu connaître mon histoire ? Ce ne sera pas bien long. Et puis comme ça, tu ne regarderas jamais plus ton professeur de sport de la même façon. »

    Il esquissa alors un petit sourire complice, derrière lequel une profonde tristesse se dissimulait. Se remémorer les souvenirs de son adolescence était déjà désagréable ; les raconter en serait sûrement encore plus douloureux. Mais si cela pouvait un tant soit peu l’aider ; même un tout petit peu, il était prêt à le faire. En tant que professeur, et en tant que papa poule improvisé de Lust.

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