Sujet: Walk with me, my little child. [Lazy] Lun 28 Nov - 22:28
La fin de l'après-midi débutait à peine quand Mikan sortit tranquillement de la bibliothèque. Après ses heures de cours, le jeune adolescent avait passé deux heures à travailler seul dans ce lieu qu'il chérissait tant, bénéficiant du calme propre à la bibliothèque. Une fois ses devoirs achevés, le jeune adolescent avait flâné à travers les rayonnages, à l'affût de livres contribuant à son divertissement. Son choix s'était arrêté sur un manuel d'échecs, qui lui permettrait de se perfectionner, ainsi que sur La marche de Mina, de Yoko Ogawa , auteur qu'il connaissait mal, d'où son envie de la lire.
Une fois ces livres empruntés, il sortit de la bibliothèque, sa sacoche de cours à la main, et dirigea ses pas vers la sortie du bâtiment. Une petite pause pour prendre l'air avant de reprendre ses révisions ne lui ferait pas de mal. Le vent de l'automne rafraîchit délicieusement son visage tandis qu'il descendait les marches extérieures du bâtiment. Il s'arrêta en bas. Où aller ? Mikhaïl promena ses yeux bleus sur les alentours de la Wammy's.
À cette heure, le parc devait être rempli de nombreux orphelins venus profiter des derniers rayons du soleil. Or, le jeune garçon n'avait pas vraiment envie de voir du monde aujourd'hui. Ni de courir, ce qui excluait également le terrain de sport. Il se sentait plutôt le besoin d'être au calme, seul avec lui-même. De se promener paisiblement, sans rien faire de plus. Son regard s'arrêta sur le bois. Un peu sombre, certes, et dense, mais cela avait pour intérêt d'éviter de croiser du monde. D'une part car il s'avérait nettement moins fréquenté que le parc. D'autre part parce que la végétation dissimulait plus facilement les personnes, même situées à quelques mètres de soi, si l'on s'éloignait des endroits couramment empruntés. Son choix était fait.
Le jeune garçon se rendait régulièrement dans le bois. Il y régnait une sensation de calme, de sérénité qu'il trouvait agréable. À force de fouler le sol de cet endroit, il commençait à bien le connaître, et ne risquait pas, comme les nouveaux venus, de se perdre par inadvertance. Bientôt, il se retrouva entouré par les arbres. Plutôt que de se rendre vers l'étang, comme il le faisait la plupart du temps, il opta pour un sentier qu'il prenait moins souvent et qui contournait l'étendue d'eau, effectuant un large demi-cercle pour sortir du bois un peu plus à l'ouest de l'entrée principale. Le calme habituel, troublé seulement par les bruits de la vie animale, accompagnait les pas légers du jeune homme, qui laissa ses pensées vagabonder.
Dans moins d'un mois, il aurait dix-sept ans. Mais ce sera sans toi, Mat'. Ni vous. Comme pour mes quinze ans, comme pour mes seize ans. Comme pour le reste de ma vie. Il toucha distraitement l'unique anneau des trois piercings de son oreille, relié à celui qu'il avait à la lèvre par une fine chaîne en argent. Le reste de sa vie. Il fallait d'ailleurs qu'il s'en préoccupe, et qu'il commence sérieusement à réfléchir à son avenir, à ce qu'il ferait après Wammy's House. Objectivement, il n'avait que peu de chance de devenir le nouveau L. Il fallait qu'il commence à se pencher sérieusement sur ce qui l'intéresserait, professionnellement parlant. Mais le temps ne manquait pas pour cela, il y repenserait plus tard. Après les prochains examens. Comme toujours. Ah, l'éternelle jeunesse, oubliant que le temps passe bien plus vite qu'on ne le pense.
Autour de lui, les arbres se succédaient les uns aux autres. Ce que Mikan appréciait, en automne, c'était leurs couleurs. Ses pieds foulaient les nombreuses feuilles orangées déjà tombées, et les arbres en possédaient encore de nombreuses, donnant une certaine chaleur au bois, qui, pour lui, semblait bien plus attirant à cette période de l'année qu'en été. La pâleur de ses cheveux blonds platines contrastaient avec cette tonalité. Il se baissa pour éviter une branche un peu trop basse, et savoura le fait de n'avoir pas à se préoccuper de ses cheveux, qui reposaient sagement sur sa tête sans être coiffés. Pour une fois.
À mi-chemin, l'adolescent déboucha sur une clairière. Il s'assit un instant, et décrocha la chaîne reliant ses deux piercings. À chaque pas qu'il faisait, elle venait se cogner en douceur contre sa joue. Au bout de tout ce temps, il s'était habitué à ce balancement, et au léger bruit qu'il produisait, mais la retirait parfois, sans raison particulière. Dans le cas présent, il s'agissait juste d'oublier les bouts de métal qui le traversait, environné par ce paysage de nature. Il ferma les yeux, savourant le calme environnant, laissant ses bras se détendre et ses mains toucher le sol tapissé de feuilles mortes.
Quand il ouvrit les yeux, la lumière du soleil avait déjà quelque peu décrût, à travers les arbres. Sa montre indiquait 17h33. Une demie-heure environ s'était écoulée, il avait dû s'assoupir. Il était temps de rentrer. L'adolescent se leva, s'étira et repris son chemin. La façade de l'orphelinat se dessina peu à peu dans les espaces laissés libres par les arbres et les buissons. Mais il le remarqua à peine, une sensation étrange ne le quittant pas depuis qu'il était reparti.
Soudain, Mikhaïl s'arrêta net. La chaîne, je ne l'ai pas remise. Sa main droite vint mécaniquement contre sa joue. Le contact de la chaîne contre ses doigts ne se fit pas. C'était ça, cette sensation. Ou plutôt, l'absence de sensation, l'absence du balancement régulier de la chaîne contre sa joue, au rythme de ses pas. Il fouilla les poches de son jean. Elle ne s'y trouvait pas. Ni dans celle de sa chemise. J'ai dû m'endormir en la tenant à la main. Elle est donc tombée, selon toute probabilité, à l'endroit où ma main était posée quand je dormais. Tssss, baka desu. Il fit demi-tour, en hâtant le pas. La perte de la chaîne ne représentait pas grand-chose, en soi. Bien qu'elle possédât une symbolique, ce n'était pas l'objet qui en était porteur, mais plutôt l'acte d'avoir ses deux piercings reliés. Il pouvait très bien le faire avec une autre chaîne. Sauf qu'il n'en avait pas, et qu'il serait probablement compliqué d'en trouver une ce soir. À moins que Damn et April n'en possède en stock. Il était plus simple de retrouver cette chaîne. Et puis, il n'aimait pas perdre ses affaires. Ni songer au fait qu'il allait devoir supporter son absence toute une soirée, il s'était trop habitué à son contact.
Arrivé dans la clairière, il se rendit directement à l'endroit où il avait dormi, sans un regard pour ce qui l'entourait, et s'accroupit, les yeux rivés sur le sol. Il ne l'apercevait pas. Mince, où était-elle ? Un léger bruit détourna son attention. Il se rendit alors compte qu'une ombre, autre que la sienne, se tenait à quelques centimètres de lui. Tiens j'suis pas seul. Étonné par son comportement, lui qui d'habitude était si observateur, Mikan releva la tête pour savoir qui était l'orphelin à ses côtés.
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Sujet: Re: Walk with me, my little child. [Lazy] Dim 8 Jan - 13:48
L'ennui. L'ennui était l'un de ces composants délicats qui faisaient que les journées de Lazy étaient abrutis par une sorte de langueur passagère qu'il ne souhaitait que briser. Chaque opportunité pour faire quelque chose de neuf, de vif, était la bienvenue. Ce n'était pas seulement parce qu'il était un hypé particulièrement snob, mais aussi à cause de son caractère exclusif qui n'admettait que les sensations les plus vives dans son systèmes nerveux. Tout ce qui n'était pas digne d'intérêt cessait automatiquement d'exister, pour Lazare. Il y avait les clients, auxquels il ne s'intéressait qu'en apparence, tant ils était basiques dans leur incessant et possessif besoin de drogue. Il fallait, finalement, se reposer sur les autres, les 75% restants, pour sauver ses journées. Et pourtant, dans un milieu aussi instable, c'était une surprise de ne pas croiser plus de cas critiques. Il y avait Disaster qui, dans sa stupidité, était monstrueusement prévisible. C'était ça, d'avoir 203 de QI – bien que ce chiffre soit peu important, au final -, avoir une dizaine de coups d'avance sur les autres. Certaines parties étaient plus faciles à mener que d'autres ; Lazy avait toujours adoré humilier End, même si le plaisir qu'il tirait de ce délicat passe temps s’essoufflait un peu, maintenant . Les victimes et les naïfs étaient ses mets favoris. Les seconds, surtout, qu'il aimait séduire de ses larges yeux verts qui suintaient l'avidité.
Lazare était de ces créatures froides, robotisées, quasiment inhumaines lorsque leurs cerveaux se mettaient en branle avec un délicieux frisson d'extase qui hérissait leur chair de cadavre. 75% de découvertes, donc, dans un orphelinat toujours en mouvement, aux adolescents indisciplinés et pleurnichards. Quant à l'expression « se reposer sur les autres », elle n'entrait en vigueur que lorsqu'il s'agissait de se divertir. Le reste du temps, le genre humain lambda – et même surdoué – n'entrait pas en compte. L'être humain basique n'avait jamais compté dans les calculs de Lazare.
Le serpent déroula, languide, ses bras au dessus de sa tête, pour s'étirer. Il referma son livre, une anthologie pointue des poèmes de Keats, et l'abandonna sur la table. Le reste de son après midi s'étendait maintenant devant lui, absolument vide. 17H30 lui indiqua la montre de marque qu'il portait à son poignet frêle. L'heure parfaite pour une petite promenade avant de daigner rentrer dans sa chambre, pour recevoir les commandes nocturnes. Il poussa la porte de la bibliothèque qui donnait sur le patio et s'engagea dans l'allée encore chaude de soleil du jardin. Le hasard était un facteur qu'il n'aimait absolument pas ; ses pas pouvaient le mener n'importe oú dans le monde étroit de l'orphelinat. Il connaissait ce jardin par cœur, mais savait qu'en route, des choses que son cerveau n'avait pas prévu pouvait arriver. Cette certitude était des plus agaçantes. Face à la nature elle-même, les dix coups d'avance qu'il avait sur la plupart des gens se réduisaient horriblement.
Quelque chose luisait par terre, captant difficilement les rayons du soleil. Lazare, plissant les yeux, discerna une chaînette argentée. Le genre de bijoux que les filles portaient à la cheville ? Il la ramassa et la fit couler entre ses doigts fins, laissant ses yeux verts glisser sur les mailles étroites qui s'accrochaient à ses phalanges pâles. Avec l'intérêt d'une pie voleuse, le dealer s'écarta de quelques pas, et laissa tomber la petite chaîne au fond de sa poche. Jusqu'à ce qu'un nouveau mouvement, à l'extrême opposé de son angle de vue, n'attire son regard. La silhouette maigre et hâtive d'un adolescent s'engagea entre les arbres, sans même sembler remarquer sa présence, s'accroupissant au dessus de l'endroit oú le dealer avait trouvé le bijou. Un rictus joueur effleura les lèvres naturellement moqueuses du dealer. Deux choix s'offraient à lui, il pouvait engager la conversation et rendre l'objet. Ou l'ignorer et partir. Sans que son propre esprit ne soit altéré par ces décisions, plus ou moins altruistes.
A vrai dire, il ne connaissait de l'orphelin qui fouillait du regard le sol que le nom. Mikan. Indice insuffisant pour saisir l'essence même d'une personnalité. Ce détail suffit à le décider à avancer :
« Je suppose que tu as perdu une chaînette de teinte argentée ? »
L'altruisme faussement esquissé du jeune homme faisait fondre les réserves, souvent. Sa réputation était au beau fixe, certes, mais il n'attendait pas de l'autre orphelin, qui n'était pas un drogué notoire, un signe de reconnaissance. Un sourire humble de remerciement lui suffirait pour cette fois.
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Sujet: Re: Walk with me, my little child. [Lazy] Dim 22 Jan - 22:41
Mikhaïl reconnu l'individu qui se tenait devant lui à l'instant où ses yeux distinguèrent sa silhouette. Lazy. Il ne le connaissait pas personnellement, mais chaque membre de l'orphelinat le connaissait au moins de nom et de réputation. Lazy était membre de la classe A, celle des meilleurs orphelins en termes de quotient intellectuel, ce qui était suffisant pour que chacun connaisse son nom. De plus, il était l'un des principaux dealers de Wammy's House, ce que tout le monde, du moins parmi les élèves, savait. Ne consommant aucune drogue et ne faisant pas partie des relations du génie qui se tenait en face de lui, le jeune français ne lui avait jamais adressé la parole. Tout au plus l'avait-il croisé dans un couloir.
Vêtu de manière sobre et classe, Lazy, droit et fier, le toisait de ses yeux verts. La confiance qu'il avait en lui-même était presque palpable, tant l'assurance de soi qu'il possédait émanait de sa personne. Mikhaïl lui rendit son regard, neutre. Il n'avait aucun a priori sur Lazy, ne prêtant pas attention aux rumeurs, plus ou moins positives, qui le concernait. Une rumeur, ça se construit, souvent de façon extrêmement subjective. Ces propos n'étaient pas à prendre au sérieux, car même si une part de vérité pouvait être présente, il fallait de toute façon se renseigner pour dénouer le vrai du faux. Autant dire qu'une rumeur, du point de vue de Mikhaïl, ne servait à rien. Quant au fait que Lazy fut dealer, cela lui était égal. Les débats sur la drogue et les questions de moralité des dealers étaient complexes, et il ne s'était jamais suffisamment renseigné sur le sujet pour avoir un avis clair et précis.
« Je suppose que tu as perdu une chaînette de teinte argentée ? »
Mikhaïl se releva doucement. Fouiller le sol n'avait visiblement plus aucun intérêt, la chaîne ne s'y trouvait pas et Lazy venait de la mentionner, signe qu'il l'avait vu et savait où elle était. Il était même probable qu'il l'ai ramassé. Mikan se sentait soulagé à l'idée de ne pas l'avoir perdu. Mais une chose l'embêtait tout de même. En général, lorsqu'un individu posait ce genre de questions, il montrait en même temps l'objet concerné. Pour faciliter l'identification de ce dernier et indiquer qu'il le possédait. Or, dans le cas présent, Lazy se tenait simplement devant lui et la chaînette n'était pas visible. Il ne la tenait pas dans ses mains et ne l'avait accroché nul part sur lui. Il était peu probable qu'il l'ai ramassé pour la jeter à un autre endroit, cela n'aurait eu aucun sens. La conclusion logique était qu'elle se trouvait dans une de ses poches. Mais l'attitude de l'orphelin était pour le moins curieuse. Pourquoi ne pas l'avoir sortie, puisqu'il avait deviné qu'elle lui appartenait ? Ce pouvait être un oubli comme un acte parfaitement volontaire. Ne connaissant pas l'adolescent en face de lui, Mikhaïl ne pouvait savoir. A priori, il ne semblait pas avoir de mauvaises intentions. Au contraire. Tout, dans l'attitude de Lazy inspirait la sympathie. Sauf qu'il ne montrait pas la chaîne. Le jeune Words regarda à nouveau son interlocuteur dans les yeux, mais ils ne dévoilaient rien de ses pensées. Après tout, cela pouvait être une erreur, non quelque chose d'intentionnel. Et même si c'était le cas, il n'avait aucune preuve que cela serait source d'ennuis.
Mikhaïl esquissa un sourire poli, avant de répondre, de sa voix calme et posée.
"C'est exact, je l'ai oublié par inadvertance. Tu l'as trouvé ?"
Rien, dans les gestes du jeune français, n'avait montré son étonnement et ses réflexions. Son regard avait rapidement parcouru Lazy quand il avait constaté l'absence de chaîne visible, pour croiser à nouveau le regard du dealer. Seule une politesse voulue était affichée sur le visage de l'adolescent, afin de ne pas provoquer ni paraître trop proche de quelqu'un dont il ignorait tout, à commencer par ses intentions.
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Sujet: Re: Walk with me, my little child. [Lazy] Mar 20 Mar - 23:45
« A ton avis ? »
Lazare sourit de nouveau, avec cette tranquille assurance qu'il avait de son charisme. Ses masques avaient toujours aisément glissé sur son visage, et il fixait Mikan, avec cette habituelle curiosité qui lui laissait le loisir d'examiner ce que toute case blanche dans son répertoire mental, ne demandant qu'à être remplie par sa formidable intelligence, pouvait bien lui rapporter. Ne connaissant pas cet orphelin-là, son registre lui renvoya une page blanche, avec autant de netteté que s'il avait été un ordinateur défaillant. Bien, voilà une lacune à compenser, se renseigner sur cet adolescent qui, en toute innocence, avait pris la peine de faire demi tour pour une simple chaînette emmêlée autour de ses doigts. Il allait la lui rendre, de toute façon, rien que pour s'attirer une part de reconnaissance qu'il avait toujours aimer susciter chez les gens comme base de la suprême maîtrise qu'il prenait ensuite sur leur petite personne. Chaque orphelin avait une histoire différente, certainement unique lorsqu'on l'étudiait dans ses recoins les plus intimes ; la vie à la Wammy's House marchait de cette façon. La personne à l'on apprenait à faire confiance recevait l'histoire de son... « ami » (plus ou moins ami, ce qui allait jusqu'à « confident », ou même « amant », dans les cas les plus extrêmes) comme un indice important sur ce qui avait constitué la personnalité de l'autre. L'histoire était la clé. Simple psychologie de bas étage. Lazy se plaisait à se féliciter de ce matinal abandon qui lui avait constitué un caractère d'acier, un sourire de serpent. En rassemblant les éléments de son enfance bulgare, il tentait de leur substituer une histoire heureuse qui, si monstrueusement inutile qu'elle fût, réveillait en lui un vague sentiment de dégoût. Il se préférait orphelin et libre, plutôt qu'aimé, adoré, et dépendant de la chaleur maternelle qui avait dû un jour le bercer dans des entrailles inconnues. Ainsi, la question se posait, à plusieurs niveaux. Qui était Mikan ?
Et surtout, que pouvait-il lui apporter ? De l'argent ? De l'adoration ? Ou encore la sueur des doux abandons sexuels ? Son regard appesantit sur le visage de l'adolescent, vaguement intéressé par la régularité de ses traits et l'affligeante indifférence de ses lèvres percées :
« Tends la main, que je te la rende. »
Testons la chaleur certaine de cette paume tendue en toute innocence.
Il sortit lentement la chaîne de sa poche, joua avec, et, simplement, jeta son bras vers Mikan, comme une vipère tend avec lenteur sa gorge moirée pour se rapprocher de sa proie, une sucrerie nichée entre ses anneaux luisants. Le geste lui évoqua la silhouette d'une plante carnivore qui attire les mouches à l'aide d'une odeur sucrée. Ah, fallait-il qu'il tente, toujours, d'établir un rapport de force avec l'inconnu qu'il approchait. Et, soudain, dans cette fin d'après midi, cette main tendue vers l'adolescent avait un air de pacte avec le diable. Non pas que Lazare ait eu la prétention de se dire sulfureux et mauvais à ce point, mais il aimait sous entendre dans chacun de ses gestes le genre de connotation sensuelle qui ne laisse personne indifférent.
De plus, il avait ce genre d'idées totalement radicales qui, comme celles du Divin Marquis (rappelons le, enfermé pendant des décennies pour avoir voulu piétiner des innocents), lui laissaient imaginer que toute vertu, toute apparente innocence (ce qui découle immanquablement vers la race de la sainte indifférence) se doit d'être roulée dans la boue et jetée aux rats qui grouillent dans les bas fonds de l'esprit humain. Aucun des regards du dealer n'était jamais innocent, comme s'il savait que sous chaque orphelin se cachait un potentiel client.
Ou une nouvelle proie à épingler au placard de ses passions, ailes largement écartées par un frisson d'extase sensuelle.
(This is a fuckin' piece of shit. Sorry, darling, I'll make it better next time)
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Sujet: Re: Walk with me, my little child. [Lazy] Dim 1 Avr - 21:36
« A ton avis ? »
La réponse de Lazy sortit de sa bouche avec une intonation légèrement amusée, et le sourire qu'il afficha dans la seconde qui suivit confirma cette impression, tout comme le fait qu'il confirmait l'avoir retrouvé, sans pour autant la lui montrer. L'adolescent devant Mikhaïl s'amusait, et ses paroles se berçaient de gentillesse, de douceur, mais aussi de quelque chose semblable à de la malice. Le jeune Words avait l'impression de se retrouver en face d'une personne qui avait envie de jouer. Mais à quoi ? L'attitude restait amicale et sympathique. Ils auraient presque pu parler du beau temps sur le même ton. Rien, d'ailleurs, ne semblait dangereux. Mais il y avait quelque chose dans Lazy qui rendait les choses différentes, plus complexes qu'un simple jeu pour savoir si, oui ou non, il comptait lui rendra sa chaîne. Quelque chose de vaguement insaisissable pour l'instant, mais qui intriguait l'adolescent, et lui rendait difficile de cerner la personnalité de l'orphelin en face de lui. De comprendre où il voulait en venir, comment il comptait s'amuser. Et ce quelque chose le mettait également légèrement mal à l'aise, tant et si bien qu'il finit, machinalement, par passer sa main dans ses cheveux blonds, une fois, pour éviter de rester trop immobile devant l'adolescent en face de lui, qui ne cessait de le regarder. Mais il se garda bien de répondre, considérant que, de toute manière la question de Lazy était purement rhétorique.
Les yeux vert de Lazy le fixait, et il eu presque l'impression de voir une lueur étrange s'animer au fond d'eux. Un serpent. En lui rendant son regard, voilà à quoi Mikan pensa. À un serpent qui le scrutait comme la prochaine proie dont il allait s'emparer. À peine cette pensée formulée, Mikhaïl comprit que c'était ce regard perçant, ces yeux verts, qui le mettait mal à l'aise et donnait à cette sensation d'amusement un goût différent. Face à ce regard, il se sentait trop observé. Comme si l'autre cherchait à le cerner, à l'analyser et à comprendre le moindre détail de sa personnalité. C'était une sensation étrange que le jeune français ne connaissait pas. Avant Wammy's, les gens regardaient surtout son frère, ou lui, ou les deux ensemble pour constater leur ressemblance. Mais sans jamais chercher à les connaître à tout prix, juste en prenant ce qu'ils étaient. Depuis qu'il était à l'orphelinat, et qu'il avait adopté son allure légèrement excentrique, le regard des autres se portaient souvent sur lui et, malgré sa timidité, il s'y était habitué et cela ne le gênait pas. Car les orphelins, les professeurs, les surveillants, l'ensemble du personnel de l'orphelinat fixaient son apparence. Son allure. Et pas lui en tant que tel, juste la représentation, l'image qu'il affichait de lui-même. Mais dans le cas présent, Lazy semblait vouloir, à travers ce regard, à travers ce jeu, aller bien plus loin que sa simple apparence. Et l'impression de se sentir scruté à ce niveau mettait le jeune garçon mal à l'aise, envers et contre tout. Mais les yeux de Lazy, si vert, si profond, semblaient ne pas vouloir le laisser s'en aller, et il se retrouvait comme hypnotisé, incapable de détacher son regard de celui du dealer. « Tends la main, que je te la rende. »
Cette simple phrase, accompagnée de la main que le dealer lui tendit, rompit le charme étrange dans lequel il était tombé. Mik' détacha son regard de celui du jeune génie, pour le porter sur le bras qu'il vit bouger. La main sortit sa chaîne de la poche de la chemise du jeune homme, joua avec, puis se tendit vers lui, langoureusement. Lazy lui offrait sa chaîne du bout des doigts, mais en maintenant toute l'ambiguïté qu'il avait lancé dans ce jeu étrange. Mikhaïl fixa rapidement le visage du jeune dealer, avant de repasser sur la main tendue, n'ayant rien décelé de particulier. Pourtant, il sentit la tension s'accentuer légèrement. Comme si le fait de tendre son bras avait changé la consistance de l'air autour d'eux. Arrête, tu psychotes, Mikhaïl, ça te ressemble pas. Depuis quand tu te mets à ressentir des choses aussi étranges ? Tu as dû trop réviser, pour le coup, ton cerveau ne fonctionne plus correctement. Mais malgré le sentiment qu'il avait d'exagérer un peu, Mikan ne pouvait pas s'en empêcher. Parce que cette sensation d'étrangeté ne le quittait pas. Il trouvait Lazy intriguant dans son comportement, dans sa façon d'être, et, curieusement, cette main tendue semblait indiquer...quoi, justement ? Quelle signification donnait-il à cette dernière phrase, à cette main ? Il n'en avait aucune idée. Simplement qu'elles semblaient, toutes deux, s'intégrer dans un jeu dont il n'avait pas encore saisi les règles, un jeu lancé par un autre orphelin, mais qui lui paraissait, pour l'instant, intriguant et insaisissable. Mikan se mordit légèrement la lèvre inférieure. Dans tous les cas, il souhaitait retrouver cette chaîne, et puisque Lazy la lui proposait, il ne pouvait pas vraiment la refuser. Pas pour un motif aussi absurde que "je le sens pas, tout ce que tu fais depuis le début semble bizarre, je ne vois pas à quoi tu joues." Non clairement pas.
Et puis, pour être honnête, Lazy l'intriguait, d'une manière qui ne lui donnait pas tant envie de l'éviter que de mieux le comprendre, de mieux le connaître. Aussi, doucement, il fit un pas en direction du dealer et lui tendit la main droite, prêt à recevoir sa chaîne. Ses yeux, d'un bleu profond, fixèrent ceux de l'alter. Et il prononça de sa voix claire les seuls mots qu'il trouva à dire pour rompre le silence étrange qui régnait entre eux.
"Merci, c'est gentil à toi."
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Sujet: Re: Walk with me, my little child. [Lazy] Sam 28 Avr - 22:33
La magnifique petite créature, le nec plus ultra de ce que la société faisait de plus renfermé. L’adolescent aux sourires vaguement blasés, aux mimiques éteintes. Lazy, ce grand philanthrope, admirateur de cette beauté humaine, que dis-je, de cette crédulité, de ce désespoir, si aisés à acquérir quand, mon dieu, on a aussi peu de sentiment qu’un rocher et autant de sensualité qu’une gogo danseuse, avec du charisme en bonus.
Le dealer baissa presque pudiquement les yeux, cachant, l’espace d’un instant, d’une seconde même, l’acide gelé de ses prunelles, comme pour permettre à Mikan de reprendre son souffle au milieu de ce suspense à couper le souffle. Et la chaîne, soudain métamorphosée en pont d’argent entre eux, coula dans la paume de l’adolescent, tandis que le dealer l’abandonnait à son maître légitime. Quelques phrases d’accroches automatiques se déroulèrent dans sa tête, vaguement cinglantes, mais Lazy détestait le superflu, même s’il en usait et en abusait pour agripper les esprits les plus simples – les Disasters et autres créatures avides de néant -. De quelle dimension était l’âme de Mikan, une belle histoire vers laquelle cingler, en colonisateur seulement avide de nouveauté ?
Entre tous les choix mécaniques qui s’offraient à lui, le dealer choisit l’une des plus basiques. Il jeta un nouveau coup d’œil à son interlocuteur et lui demanda :
« Tu es du genre discret, qui ne veut pas être repéré, non ? »
Il tirait au hasard, utilisait sa première cartouche pour établir un nouveau pont entre lui et Mikan. Son regard glissa sur les mèches colorées de l’orphelin et sur le piercing qui perçait ses lèvres. Sa main retourna se nicher sur sa hanche, avec la langueur tranquille d’un être qui sait que chacun de ses gestes peut avoir des conséquences. Comme la fuite de son interlocuteur, par exemple. Il voyait bien l’orphelin reculer et sauter dans les buissons, étrangement. Peut-être que Mikan était-il de ces gens qui n’aiment pas être approchés ? Comment appelait-on ça, déjà ? Ah oui, des sociopathes. Ou des ermites, éventuellement. Une approche psychologique pouvait compromettre le bulgare aux yeux de cette jeune bête sauvage, mais pour la hauteur à laquelle volait ladite question, ça ne valait pas la peine de s’inquiéter. Lazare attendait seulement que Mikan se montre digne d’être observé, jugé, malmené, comme si ses loisirs pouvaient uniquement dépendre de ces pauvres critères qui n’étaient pas mieux que celui d’une racaille – massacre gratuit, pour la beauté du geste - (ses critères étaient simples, dans ce domaine-là. Il ne lui fallait qu’un après midi d’ennui pour s’abattre sur la victime la plus innocente. C’était son jeu, ses manipulations, son intelligence maniaque qui tournait en ronde continuelle, harcelant son lobe frontal et provoquant des migraines d’enfer lorsqu’elle n’était plus satisfaite. Lazare, victime de son monstrueux QI ? Destiné à maltraiter autrui pour ne pas se suicider ? Ah, mais ce n’était pas si simple que ça, finalement.)
Et le jeu, dans tout ça ? Mais les règles en étaient simples, et même des plus primaires.
Echappe moi au plus vite avant que je ne t’attrape.
Invité
Sujet: Re: Walk with me, my little child. [Lazy] Jeu 21 Juin - 17:40
Lorsque la chaîne tomba doucement dans la main de son propriétaire, une vague de soulagement s'empara du jeune Words, tandis qu'il fixait l'éclat argentée de sa chaîne. La tension accumulée jusque là s'évanouit. Il était parfaitement conscient que ce sentiment était exagéré pour une simple chaîne, et relevait du fétichisme. Mais il s'en moquait. La chaîne faisait partie de lui, en quelque sorte. Il avait fait de ce bijou le reflet du lien qui l'unissait à son frère jumeau, ou plutôt le souvenir de ce lien, depuis longtemps inexistant. Ses piercings et sa chaîne n'avaient aucune autre valeur que symbolique à ses yeux et, même si cela pouvait paraître stupide, dépourvu de sens ou encore naïf, il n'avait trouvé que cela pour catalyser sa douleur suite à la perte des trois personnes qui comptaient le plus pour lui. Et pouvoir ainsi essayer d'avancer, sans pour autant oublier. Certes, et il le savait, le souvenir de son jumeau, malgré les années, ne s'était pas effacé, et cela freinait sa capacité à aller de l'avant. Le fait de voir son visage et ses piercings tous les jours devant la glace, de les sentir, lui rappelant en permanence le fameux accident, n'allait pas l'aider à surmonter définitivement cet évènement. Chaque jour lui rappelait ce qu'il avait perdu, et la douleur qu'il avait ressenti. Alors il s'était construit un mur invisible entre lui et les autres, une barrière l'empêchant de s'accrocher trop à eux, et inversement. Tout cela dans l'unique but d'éviter de souffrir à nouveau en perdant des êtres chers, car plus jamais il ne voulait éprouver la tristesse et le désarroi qu'il avait ressenti plusieurs années auparavant. Peut-être la solution était-elle mauvaise, mais sur le coup, et les années passant, il n'avait pas vu d'autres solutions que de se protéger pour survivre à ce qui avait bien faillit le tuer lui aussi.
Mécaniquement, par un réflexe acquis au fil des années, il accrocha sans s'en rendre réellement compte la chaîne à ses piercings, lui permettant de retrouver sa place habituelle. Puis, il remercia encore une fois Lazy en le gratifiant d'un nouveau sourire, léger, presque timide. Ce simple geste l'obligea à fixer de nouveau le jeune dealer dans les yeux, pour se retrouver à nouveau happé par les yeux verts du petit génie. « Tu es du genre discret, qui ne veut pas être repéré, non ? »
La voix presque négligente du jeune dealer correspondait à l'attitude décontracté qu'il affichait. La comparaison avec un serpent revint encore à l'esprit de Mikhaïl. Autour d'eux, le soleil baissait d'intensité, et l'air s'était rafraîchi. Le soleil, en fin d'après-midi, descendait vite dans le ciel, surtout à cette période de l'année. Il leva légèrement la tête, fixant les morceaux de ciel visibles à travers les arbres. La question de Lazy lui semblait étrange, dépourvue de contexte. Une phrase d'accroche, en quelque sorte, comme pour lancer une conversation. Il avait étudié ça en cours. Le jeu continuait, sans que Mik' n'en saisisse encore les règles. Il ne comprenait pas non plus pourquoi Lazy tentait d'engager une conversation avec lui. Ils ne s'étaient jamais adressés la parole jusque là, et Mikan ne se considérait pas comme suffisamment "particulier" pour attirer l’œil de l'individu en face de lui. Il évalua rapidement sa situation, qui était relativement simple. Aussi étrange que cela soit, malgré le malaise qu'il ressentait vis-à-vis de Lazy, il n'avait aucune envie de l'esquiver. L'adolescent en face de lui, par son charisme, l'avait suffisamment captivé pour qu'il reporte ses révisions à plus tard.
"Tiens, je pensais que les phrases d'accroche des dealers étaient différentes de celles habituelles. Je veux dire, plus ciblées sur leurs activités, surtout dans un endroit désert comme celui-ci. Quelque chose comme : tu es du genre à fumer, toi, non ? Mais les dealers n'étant pas uniquement dealers, peut-être qu'ils ne font pas toujours ça."
Il plongea à nouveau son regard dans celui de son interlocuteur, essayant de ne pas se retrouver prisonnier de ses pupilles. C'était son jeu à lui, pour le court laps de temps où ils discuteraient. Tenter de ne pas sombrer dans les yeux de son interlocuteur. Lazy devait être un parfait orateur, capable de captiver les foules. Il devait probablement surpasser les meilleurs des Words, dans ce domaine.
"Et toi Lazy, à quel "genre" appartiens-tu ? Il y a beaucoup de rumeurs sur toi, mais lesquelles s'approchent de la réalité ?"
Lui échapper ? Il était bien trop tard, le serpent l'avait déjà presque attrapé.
[HRP : Pardon, c'est pas top top top. Bon courage pour te débrouiller avec ce truc, Dear. Promis, je ferais mieux la prochaine fois]