you better run better run, faster than my bullet

La réflexion. Passe à laquelle Ember était souvent en proie, mais jamais durant une longue période à vrai dire. Et pourtant, il s'avérait qu'en ce moment, il était parfois ce qu'il n'était jamais : absent. Oui, Ember était souvent absent, à penser à bien plus de choses qu'il ne devrait penser. Lui qui n'était pas quelqu'un d'instable sur ses positions et idées, il s'avérait qu'il était plutôt à tendance douteuse en ce moment. On ne savait pas vraiment sur quoi ; il ne savait pas vraiment non plus. C'était juste une passe inhabituelle qui, il l'espérait, passerait, comme son nom l'indique. Sur lui, principalement. Mais cette réflexion avait été provoquée par un imbécile d'orphelin, il fallait l'avouer, donc ça le concernait tout aussi bien, indirectement. Ou même directement, en fait …Que d'embrouilles que le brun n'arrivait à exprimer. Il ne désirait pas les exprimer, de toute façon. Juste les comprendre, afin de laisser un instant son esprit tranquille. Néanmoins, ces pensées qui le tourmentaient ne semblaient pas vouloir abandonner. Et qu'il était rare qu'Emmanuel ne trouve pas une réponse à ses tourments. Que c'était inhabituel. En fait … Ca n'était jamais arrivé. Sinon depuis très, très longtemps.

Alors certes, il ne foirait jamais ses plans. Parce qu'il était toujours sûr de lui, voilà pourquoi. Mais si l'orphelin commençait à douter de ses propres certitudes, qu'en serait-il ensuite ? Ne dit-on pas que lorsque l'on est à l'apogée, au sommet, on ne peut que chuter brutalement ? Et comment ferait-on chuter Emmanuel ? Brr, ça donnait des frissons rien que d'y penser.

C'est donc dans cet état d'esprit « d'ailleurs », d'absence, que le brun glissait avec lenteur parmi les couloirs bondés en cette heure de pause. Ce n'était pas le Ember qui marchait sûrement en regardant chacun des orphelins – on sait jamais, s'il aperçoit un saugrenu lui devant quelque chose ou avec lequel il doit discuter un peu pour des affaires de manipulation – non, c'était le Ember incertain dont les yeux étaient posés au sol. Il n'était certainement pas dubitatif dans sa confiance en soi – si un jour ça arrive, courrez, les enfants – mais dans certains de ses choix plutôt. Mais ceci est bien une autre histoire qu'il lui fallait mettre de côté devant les autres histoire de ne pas échouer dans certains de ses plans. Et, quand on parle de plan … N'était-ce pas Ginger, sa pseudo petite copine ? Visiblement oui. Et elle venait évidemment échanger quelques paroles avec lui. Pour suivre assurément les principes d'un couple, hein ? Il fallait bien se parler au moins une fois par jour, et connaître un peu plus l'autre personne, non ? Il aurait parié que c'était ainsi qu'elle le voyait. Cependant, si l'on devait instaurer certains « principes de couple » (bien que la société les créé elle-même), il y paraitrait à coup sûr le fait de s'embrasser lorsque l'on se voit. Ceci étant un problème dans le couple qu'ils formaient. Ce qu'Ember faisait passer pour du respect envers la rousse n'était rien de tout ça. Ember ne voulait pas l'embrasser. On embrassait Ember de force, simplement. Pas parce qu'il le désire. Parce qu'Ember ne veut pas de vos lèvres sur les siennes ; Ember se sentirait salit. Réellement.

Ce qui faisait qu'il s'était entre autre posé contre le mur blanc du couloir, les bras croisés, un pied contre la façade, dans un signe de patience. Oui, elle parlait, elle tentait de faire conversation, de poser des questions – auxquelles Ember répondait avec une once d'intérêt complètement fausse – bref, elle tentait de les faire passer pour un véritable couple ; ce qu'ils n'étaient pas, bien sûr. Même si la petite le croyait, de toute évidence. Elle était naïve, mais, comme dit Platon, l'amour rend aveugle, non ? Ce qui la menait dans les bras de son diable avec une facilité déconcertante. Sa chute était inévitable. Qu'en était-il de celle d'Ember, lui qui reste tout de même un peu distrait face aux paroles de celle qu'il fait semblant d'apprécier ? Ahh, Ember, fais ton travail, laisse la mijoter pour mieux la faire exploser un peu plus tard.

Au bout d'un moment de discussions plates néanmoins, Ginger comprit qu'elle ne pouvait rien en tirer de plus. Et si elle désirait un baiser d'au revoir encore une fois, il lui sortirait l'excuse du respect, aussi simple que cela. Ce qu'elle ne fit pas ; tant mieux, c'était moins d'efforts à soumettre, de toute façon. Toutefois, il lui semblait qu'il n'en avait pas fini dans ce couloir. En fait, il aurait juré avoir vu quelqu'un persister à rester à proximité, comme pour les regarder ou les écouter. Et comme Emmanuel n'était pas du genre parano … Il avait simplement, d'un air indifférent, soupiré, décrochant ses yeux du dos de la rousse pour les fixer aux extrémités du couloir. Et comme il ne s'était pas trompé ! Que voyait-il ? Un grand brun, qui semblait être cet orphelin au nom de trois lettres qui faisait énormément parler de lui. Ahh, mais, n'était-ce pas End ? …

Bien-sûr que c'était lui. Il savait qu'il était légèrement proche de Ginger, d'ailleurs. Etait-ce relié à sa personne ? Parce qu'il semblait qu'il se dirigeait vers lui. Mais n'était-il pas en couple ou quelque chose comme ça ? Ember avait ce souvenir-là, pourtant. Trêve d'hypothèses, voyons plutôt pourquoi il s'avance ainsi vers Ember. Et pourquoi il ne semble pas des plus joyeux qui soient, aussi.

« Que me vaut cette visite, End ? l'interroge-t-il alors qu'il reste immobile contre le mur, attendant que le brun vienne expliquer la raison de son approche. »

Oh, Ember, comme tu ne te doute pas que cette intervention va sûrement marquer un tournant inattendu dans tes plans. Et End, comme tu ne t'attends pas aux conséquences de tant de haine...