Sujet: The dreamer is always wrong. {Eden Dim 26 Juin - 22:13
Il Baissa son caleçon et urina. C'était une de ces chaudes nuits d'été où la soif le tourmentait, il émergeait du cauchemar, en sueur, le souffle court, la gorge sèche et tâtonnait à la recherche d'une bouteille d'eau, sensée être à proximité. Puis il se rendormait et se réveillait, encore, cette fois pour uriner. Quand il eut finit il regarda longuement ce qui lui servait de sexe, est-ce que cet engin lui servirait de nouveau un jour ? Coucherait il de nouveau avec une femme ? Aimerait il de nouveau ? Les questions restèrent en suspens quelque part dans son inconscient. Comme une idée jeter au fin fond d'un puits. Il baissa le siège de la cuvette et se laissa tomber dessus, sa main droite fouilla la poche de sa chemise et en sortit un paquet de cigarette, il en tira une. L'allumer tenait plus du chemin de croix que du geste qui paraît d'habitude tout anodin pour un fumeur de son calibre. Le tabac s'était desséché à force d'attendre un propriétaire qui ne venait jamais. Ses poumons avaient beau souffler du mieux qu'ils purent, les volutes de fumée en restaient de maigres filets. Mais la nicotine était là, et cet acte complètement idiot acheva d'enterrer les dernières miettes de sommeil. Il était à présent entièrement lucide, ou éveillé, il ne savait pas. Un putain s'éleva dans le carrelage des toilettes, on aurait pu croire à un fantôme, le tabac découpant méthodiquement le son de sa voix.
La cigarette émit un faible crépitement de colère quand il la laissa tomber dans la cuvette avant de tirer la chasse. Il regagna sa chambre, le bruit de ses pas se perdit dans un couloir qui paraissait interminable. La pleine lune et les étoiles inondaient la chambre d'un flot de lumière bleue, d'autant plus qu'il ouvrait l'immense fenêtre. Il s'appuya sur le cadre, croisant les bras, des étoiles et de la verdure à perte de vue. Sa fibre romantique émit quelque chose comme une protestation au fond de son crâne, il secoua la tête, elle s'était tut. A part quelques insectes, rien ne venait troubler le dôme imperméable qui semblait avoir recouvert l'institut. Il se laissa tomber sur son lit, les bras en croix, et contempla le plafond. Les questions des toilettes ressurgirent avec toute l'intensité de l'acte manqué. Il tenta un moment d'exorciser le concept, de passer un pacte, de le ressortir quand il serait de nouveau aux toilettes. Mais rien n'y fit. L'idée s'était solidement ancrée au fond de son crâne.
Il dressa une liste des quelques (jeunes) femmes qu'il avait pu récemment fréquenté. Eden, Smoke, Lucky et... C'était tout. Trois visages sans véritable nom. Il détestait cette idée du pseudonyme, c'était totalement stupide et infantile. Sûrement un jeux de piste pour le directeur, un Cluedo grandeur nature. Il l'imagina dans son bureau, s'amusant en éclatant d'un rire machiavélique. Quel petit salopard. Est-ce qu'il se tapait ses employés ? Ou était il un adepte du pas de sex avec le boulot ? L'idée n'était certainement pas des meilleurs mais dans l'immédiat, mêler vie professionnelle et social ne lui aurait pas poser plus de problème, du moins pas jusqu'à ce qu'il repense à ce qu'il aurait fait. Il se vit se réveiller aux côtés des trois femmes, et grimaça, ça en devenait presque dérangeant. De plus qu'il doutait de pouvoir un jour les regarder de nouveau dans les yeux s'il voyait ce qui se cachait sous leurs vêtements... Quoique.
L'aube salvatrice pointait le bout de son nez, les oiseaux commençaient à chanter. Il soupira et se glissa sous la couverture avant de fermer les yeux. Il s'endormit. On ne se rappelle jamais distinctement de ce que l'espace nous réserve. Mais cette fois il fit exception. Il était seul membre d'un jury au but encore inconnu. Un podium s'éclaira quelque part à gauche de sa table et un rideau se leva. Eden, Smoke et Lucky avancaient l'une derrière l'autre, toute en petite tenue. Elle s'alignèrent devant lui, les mains sur les hanches et leur voix s'élevèrent à l'unisson : Alors professeuuuuuuuuuur ? Il se leva et courut, s'enfuit, n'importe où. Avant de se réveiller en sursaut, l'image de trois paires de mains agrippant son pantalon encore collée sur la rétine. Il déglutit. Plus de cigarettes avant d'aller dormir.