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 satellite extasie, somnifère sur mon esprit. – Jaw

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Sujet: satellite extasie, somnifère sur mon esprit. – Jaw satellite extasie, somnifère sur mon esprit. – Jaw EmptySam 25 Juin - 23:36

« comment on nous écœure,
perfusion dans la veine. »
Il inspira une gorgée de fumée qui sonna comme un soupir. Le nuage noir coula le long de sa trachée pour déposer l'infection sur la paroi de ses poumons avant de repartir, expulsée en un souffle. Le nuage gris resta suspendu comme un instant dans l'atmosphère avant de se dissiper ne laissant que l'ombre de son odeur chaude.
Et ça recommençait.
Il plaçait la cigarette entre ses lèvres et fumait. Toujours et beaucoup trop. Tout son corps brûlait d'elle. Et il devenait cette nicotine opaque, il devenait cette fumée, il devenait la cigarette qui brûlait ses doigts. Tout son air n'était plus que tabac. Sa chambre, ses vêtements, ses cheveux, sa peau. Toute la vie d'Hannibal n'était plus que tabac. Elle était devenue son unique respiration, vivant seulement lorsqu'elle régnait, maîtresse de ses lèvres. Qu'elle le suffoquait, qu'elle l'empoisonnait. Qu'il aspirait, inhalation après inhalation, qu'il consume sa vie, qu'il s'injecte quelques fractions de mort. Elle lui est toute entière.

Il s’était assis sur le banc qui longeait un des murs de la salle d’attente. L’horloge face à lui tiquait continuellement. Un rayon de soleil en bras lumineux avait capturé la pièce, s'infiltrant par la petite fenêtre. Derrière le voile de clarté, il apercevait les aiguilles qui tournaient lentement sur le cadran sans jamais vraiment avancer. Les yeux plissés sur l’heure, la nicotine diffusée dans la chair, il fumait pour attendre. Attendre Jaw. Attendre la prise de sang. Seize heures sonna quelque part, qui prit écho à son expiration, chassant la vapeur sombre de sa bouche. Encore quelques minutes.

Hannibal ne supportait pas le silence qui avait capturé la pièce. Au loin, il y avait les portes qui grinçaient et le vent qui battait contre la vitre. Perdu dans le vague lointain, le bruissement des feuilles au dehors, le plancher qui craquait, pourtant tout ça ne l'effrayait pas. C'était le silence qu'il craignait. Le silence et sa lame implacable contre sa gorge, qui enfonçait le vide sous sa chair, ce poignard froid qui se plantait dans sa poitrine. Et en un silence qui hurlait en lui, tout remontait en une crispation qui lui broyait la gorge, refluant contre son esprit la vague des problèmes. Ses problèmes d’études. Ses problèmes d’argent. Ses problèmes avec les femmes. Ses problèmes de santé. Hannibal n'avait que des problèmes.
Alors on lui balançait des solutions, des remèdes miracles, on le gorgeait des pilules, on le saturait de pastilles, on l'étouffait de poudres. A la merde qui abondait déjà en lui, les médecins entassaient dans son sang la merde de leurs somnifères et de leurs stimulants, de leurs timbres de nicotine, de leurs prises de sangs. Et il crachait sur les traitements, il vomissait à la face des docteurs. Il entassait leurs médicaments, il amoncelait leurs boîtes, à peine entamées ou même jamais ouvertes. Les plaquettes intactes qu’il n’osait toucher, les comprimés qu’il n’absorbait pas. Ces cachets de rêves qu'il recrachait. Il refusait de s'endormir. Parce qu'aujourd'hui il était vivant, aujourd'hui, pour cette seconde, son cœur pourri continuait miraculeusement de battre. Et c'était sa victoire de plus, cet instant de plus où il exposait son corps comme un prodige en con intouchable.
Un con intouchable qui se voilait la face. Trouble du sommeil, hyperactivité, toxicomanie, anxiété proche de la paranoïa, Hannibal ne se soignait pas. Hannibal s'aveuglait. Il refusait d’en parler comme il refusait qu’on lui en parle. Il n'avait pas le courage, pas aujourd'hui, peut-être demain. Il envoyait tout valser d'un coup de main. Il avait peur. Et par peur, il s'était abandonné.
Alors il avait appris à détester ces visites régulières chez le docteur. Il détestait les salles d’attentes blanches et silencieuses qui sentaient l’anesthésié et les vieux magazines entassés. Il détestait ces questions récurrentes qu'on lui posait toujours, sur sa taille, sur les cigarettes, sur la drogue, sur ses mauvais résultats. Il détestait le fait de devoir se déshabiller, il détestait qu’on le touche, il détestait qu’on l’examine comme on examinerait une mauvaise peinture dans un musée. Il détestait les médecins.
Soudain, la porte du cabinet s'ouvrit et Hannibal releva la tête : l’homme venait d’apparaître dans l’encadrement. Il écrasa soigneusement sa cigarette contre le banc et sourit.

    – Monsieur Jaw.


Il détestait les médecins.
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Invité
Sujet: Re: satellite extasie, somnifère sur mon esprit. – Jaw satellite extasie, somnifère sur mon esprit. – Jaw EmptyLun 27 Juin - 20:25

    Allons bon, son calepin lui assurait qu'il avait encore un rendez vous, d'ici moins de cinq ridicules minutes, avec Hannibal. Jaw considéra d'un œil critique les quelques lignes qui résumaient...le cas. Il voyait passer tellement d'élèves à longueur de journée, qu'il s'était fait un petit memo facile à consulter, qui lui rappelait les différents névroses, trauma, psychoses, etc, de ces chers anges. Et perdre son temps à lire ce résumé lui faisait déjà gaspiller deux précieuses minutes de pause. Pour cinq minutes, ça ne représentait pas vraiment grand chose, mais Jason savourait toujours les tout derniers instants de silence, lorsqu'il pouvait quitter l'infirmerie.
    Donc, Hannibal. 1M69 (il semblait qu'il avait oublié de noter son poids, lors de la dernière visite. Il faudrait remédier à ça), toxicomane névropathe. Merveilleux programme. Jaw se devait de prendre un échantillon de son sang pour vérifier qu'il n'était pas trop vicié, et redoubler, au besoin, les doses de valium pour calmer ses petites crises de manque. Car il croyait avoir entendu que le jeune homme voulait arrêter la drogue, n'est ce pas ? (aussi cons les uns que les autres, vraiment. La drogue donnait à leur sang un goût délicieusement pourri) Mais avec le caractère de cet énergumène là, ça n'allait pas être simple d'en tirer autre chose que quelques moues blasées et amères.

    Bien.

    Jaw reposa son livre à côté de lui, jetant un regard désolé à la couverture acide. « Les amours jaunes », de Cendrars. Il haïssait la poésie, d'habitude (monde snob oú chacun cherchait à parler plus fort que son voisin. Hypocrisie pseudo amicale et franche. Les poètes étaient des faux littéraires en puissance. Des graines de lamentations. Des pompeux faussement originaux.) mais là, les vers qui se traînaient sur 8 pages avaient parfois un goût moins amer que leurs semblables. Bref, il ne comptait pas discuter de poésie merdique avec qui que ce soit. Ce serait comme avouer ses fameux penchants, très glamours, pour la chair morte. Une trahison personnelle envers sa discrétion et sa haine du médiocre.

    Levant les yeux vers la pendule, Jason attendit que la grande aiguille atteigne le point le plus élevé. Il cala ses mains dans les poches de sa blouse de médecin, et se redressa pour aller ouvrir la porte :

    « Hannibal ? Tu peux rentrer. »

    Il ne se souvenait pas que ce dernier était si snob. Depuis quand on collait aux surnoms généreusement offerts par la Wammy's House le gentil « monsieur » ? Avait il l'air si vieux que ça ? Poussant ses considérations de côté, Jason adressa un sourire – qui se voulait rassurant, mais qui ne réussit qu'à être tordu par l'ironie – au jeune homme. Il se décala, légèrement, pour le laisser entrer dans sa grotte. Jason posa de nouveau ses yeux métalliques sur le visage de l'élève, tentant – assez vainement, il faut l'avouer – d'imprimer dans sa mémoire ses traits acérés. Il lui désigna d'un mouvement sec la table sur laquelle était tiré un tissu imperméable bleu glace, et prit son calepin avec les derniers résultats des analyses :

    « Bon, alors, comment vas-tu ? »

    Question basique. Mais il ne s'attendait pas à voir des étincelles pétiller dans les yeux d'Hannibal. Et on ne pourrait pas lui reprocher de ne pas faire son métier en étant prévenant. Vérifia d'un coup d'oeil que la corbeille de capotes était en place, alla chercher une fiole vide pour la perfusion, leva brièvement les yeux vers l'affiche de prévention contre le sida. Comme ça, petit con, s'il t'arrive des emmerdes, tu ne pourras pas dire que l'on t'a pas averti.
    Il prit une seringue vide, la tapota doucement par réflexe professionnel :

    « Comment ça se passe avec les somnifères ? Tu n'en prends pas trop, j'espère. »

    Jaw était habitué à être antipathique. Aussi ne put-il s'empêcher d'être, à la fois, un peu sadique, et de se faire plaisir. Il parviendrait sûrement à concocter une anecdote de plus à raconter à ce traître de Fish, avec le comportement boudeur de cet adolescent. Suffisait juste d'utiliser les bons mots pour l'amadouer. Quoique, flemme :

    « Pourrais-tu enlever ta chemise ? Je vais vérifier ta tension. »

    Allez, jeune homme, montre moi tes délicieuses côtes pâles.

    Personne n'avait jamais le loisir de faire son pudique face aux moues sévères du médecin. Il adorait son autorité, parfois.
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satellite extasie, somnifère sur mon esprit. – Jaw

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