Sujet: Une danse est un poème. Un poème fait-il de tes pieds des steaks hachés ? — Ginger; Libre Dim 27 Fév - 23:48
Perla finit par abandonner son idée qui lui semblait désormais bien sotte. avec un soupir las, qui souleva quelques mèches sur son front, lui brouillant un instant la vue, elle supprima le SMS précédemment rédigé.
Déclarer à l'ensemble de ses contacts, regroupement abstrait de connaissances plus ou moins lointaines, que la nouvelle année serait heureuse et tranquille par messagerie instantanée paraissait, soudainement, bien étrange à la jeune fille. Elle repoussa ses draps trop lourds et s'assit en tailleur sur le lit double.
Dans la pénombre elle distinguait pourtant distinctement la silhouette endormie de sa jeune soeur, dans le lit d'appoint, à ses côtés. L'adolescente en caleçon et débardeur finit par se lever, frémissant lorsque le parquet craquait sous ses pas légers, retenant parfois sa respiration pour s'assurer de la réalité du sommeil de la petite fille étendue.
Perla traversa précautionneusement la pièce, déjouant les obstacles enfantins qui se dressaient devant elle : la maison de poupée en bois, les légos éparpillés. En enjambées courtes et délicate, elle parvint à la fenêtre, dans un silence relatif, les craquements lointains des feux de joie lui parvenant. Elle pressa son front contre la vitre fraîche de l'unique et étroite fenêtre de la chambre. Ses yeux cernés de gris reflétaient les quelques éclats de lumière que l'on pouvait apercevoir par delà les toits de la cité.
S'entourant de ses bras maigrelets, plus pour se protéger d'une profonde impression du solitude que du froid ambiant, elle fixa son regard dans celui de son reflet, en filigrane du paysage urbain. Un froncement de sourcil vint barrer leur front, un courant d'air les fit frissonner. L'esprit brumeux il lui était enfin possible de s'oublier un peu, de n'être que là, dans cette chambre, maintenant.
Au fur et à mesure son sommeil capricieux disparaissait pour de bon. Elle se réveilla en sursaut.
—
Pure fut brutalement tirée de son rêve par la sonnerie monotone de son réveil. Elle le laissa un instant sonner, fixant le plafond, un peu perdue, sans qu'aucune pensée cohérente ne vienne troubler son lent réveil. Puis, dans un élan leste du bras, elle l'éteignit, remarquant par la même occasion que, comme souvent, Ginger était déjà levée et avait déjà quitté leur chambre. Un post-it l'attendait sur la porte. S'étirant, assise dans son lit, elle s'apprêtait à bailler longuement et bruyamment jusqu'à ce que le souvenir de la promesse mutuelle qu'elles s'étaient faite la veille vint l'interrompre, les yeux écarquillés.
Elle se laissa retomber sur son oreiller avec un gémissement de chien blessé.
—
Son regard fiévreux voguait entre son reflet inquiet jusqu'au bout de ses Repetto noires. Cela faisait exactement dix ans qu'elle n'avait pas revêtu un justaucorps et cela lui avait semblé bien trop difficile. Ainsi Pure avait opté pour un simple débardeur moulant, d'un sombre bordeaux, et un baggy resserré aux chevilles.
Ginger s'exerçait déjà, une concentration inquiétante habitant ses yeux. Pure ne put se résoudre à l'interrompre et se contenta de se dandiner un instant sur place. Puis, enfin, sa colocataire la remarqua, tétanisée à l'entrée de la salle de gym. Pure se résout à lui sourire timidement avant de la saluer brièvement et d'ajouter :
« Décidément, c'est déprimant de te regarder t'entraîner. Tu es beaucoup trop douée. »
Dernière édition par Pure le Mer 6 Avr - 14:34, édité 1 fois
Sujet: Re: Une danse est un poème. Un poème fait-il de tes pieds des steaks hachés ? — Ginger; Libre Dim 6 Mar - 13:41
Le réveil sonna, arrachant Ginger aux bras de Morphée. La danseuse regarda les chiffres lumineux qui indiquaient cinq heures du matin. Elle s'étira doucement, faisant déjà quelques exercices d'assouplissements au saut du lit. Puis à pas léger, tel un félin, elle prépara son sac de danse. Elle enfila son collant, son justaucorps, des guêtres et ses chaussons de danse. Elle pris son ipod et sa petite chaine hifi portable.
Ginger se retourna finalement vers le lit voisin. Pure dormait tranquillement. Gabrielle ne voulut pas la réveiller et écrivit un petit message sur un post-it où elle lui expliquait qu'elle était au gymnase. Puis elle partit s'entraîner.
Elle ne cessait de repenser à la demande de Pure, sa voisine de chambre et aussi son amie, était venue la voir pour lui demander des cours de danse. Pure était une voisine très agréable, une fille gentille et sympathique, et qui reconnaissait assez le talent de Ginger pour vouloir lui demander de jouer les professeur. Bref Pure appartenait donc à la rare catégorie de personnes que Ginger considérait comme ses amis. En outre jouer les professeurs avait le don de satisfaire l'égo de l'américaine.
Ginger entra dans le gymnase, alluma la lumière et chercha l'équipement pour son entraînement quotidien du matin. Ginger avait l'habitude de se lever à cinq heures du matin et de s'entraîner jusqu'à huit heures avant d'aller en cours ou de faire d'autres activités. Ginger s'attacha les cheveux de manière à en faire un chignon et mit son ipod sur la chaine hifi qui diffusa une musique classique.
Ginger dansa, enchaînant les arabesques, les fouettés, les sauts de chat...elle se laissait enivrer par l'élégance et la légèreté, dansant avec plus de passion dans la grande salle. Elle continua ainsi, les musiques de ballets s'enchaînaient sur son ipod et elle dansait toujours. Pointes. Saut. Développé. Pirouette fouettée. Au bout d'une heure Ginger se laissa tomber sur le sol, fatiguée mais heureuse. Elle alla vers son sac, s'étirant un peu et prit sa bouteille d'eau pour se rafraîchir.
Ginger changeant la musique classique pour quelque chose de plus techno. Puis courant légèrement elle fit un arabesque en pointe puis elle posa ses mains sur le sol et fit une roue gracieuse et rapide. Gabrielle se mit à enchaîner des figures de hip hop, de jazz et même de classique au rythme de la musique. Elle dansait avec fluidité et grâce, elle alliait acrobatie, souplesse et élégance. La joie prenait possession de son corps, se transformant en une concentration intense qui brillait dans ses yeux. Inquiétante pour toutes personnes ne comprenant pas cette passion qui était l'âme même de Ginger.
Puis Ginger remarqua enfin Pure, celle-ci semblait tétanisée de peur. L'américaine effectua un dernier salto et une pirouette fouettée avant d'aller éteindre la musique.
« Décidément, c'est déprimant de te regarder t'entraîner. Tu es beaucoup trop douée. »
Ginger fit une petite moue typique gingerienne à Pure. Elle haussa les épaules et s'approcha de la barre de danse et entreprit de faire quelques étirements.
-Tu sais la seule chose pour laquelle je suis douée, c'est l'entraînement. La perfection et la performance sont les seules choses qui t'apportent le talent.
La brunette se tourna vers Pure et lui fit un sourire, elle ne voulait quand même pas que son amie déprime de suite en se disant qu'elle n'atteindrait jamais un bon niveau en danse. Elle pouvait y arriver mais avec de l'entraînement. Ginger détacha ses cheveux et se fit une queue de cheval, elle invita Pure à la rejoindre.
-Bon écoute on va commencer par quelques exercices comme le grand-écart, le latéral, le grand écart facial et aussi le papillon.
Aussitôt Ginger commença à lui montrer les positions qu'elle avait énoncées, qu'elle faisait avec une facilité déconcertante. Puis elle entreprit d'apprendre à Pure de les réaliser, lui expliquant la technique.
-A toi de les faire maintenant. Il faudra que tu me dises aussi quelle danse tu veux que je t'apprenne : le classique, le jazz, le hip hop ou même la danse africaine tant qu'on y est. De toute façon d'ici ce soir tu sauras peut être quelques pas.
C'était Ginger. Ginger la franche qui ne faisait pas preuve de délicatesse. Ginger qui devenait presque un tyran lorsqu'il s'agissait de danse. Pourtant la demoiselle avait fait preuve de gentillesse avec Pure. Normal elle était son amie.
Je répond enfin !! J'espère que tu aimes, Ginger devient une harpie et je m'en excuse. Par contre je te préviens je ne sais pas danser, donc j'ai du potasser des dossiers sur les figures de danse classique...Donc t'étonnes pas si je reste vague dans mes descriptions de pas xD
Sujet: Re: Une danse est un poème. Un poème fait-il de tes pieds des steaks hachés ? — Ginger; Libre Mer 6 Avr - 14:55
« Je me souviens. Quand on me faisait passer l'examen d'entrée à l'école de danse, un des examinateurs m'avait dit que la danse dépendait de deux choses. La souplesse et la grâce. Et qu'aucune d'entre elles ne pouvaient s'apprendre. »
Elle lança un sourire qui se voulait avenant, un peu inquiète à l'idée que Ginger prennent mal sa remarque. En effet, Pure était de nouveau une débutante et donc soumise à sa professeur qu'elle imaginait tout à fait la torturer afin de lui faire ravaler ses paroles. Longuement elle s'étira, s'étonnant avec plaisir de sa souplesse conservée toute ces années. Pure était hyperlaxe, ses tendons trop longs avaient fait le bonheur de ses professeurs de danse. Puis, parce que sa mère en avait assez de venir la chercher en ville après ses cours, on l'avait désinscrite à l'âge de neuf ans.
Ainsi Pure possédait, de façon innée et génétique, la souplesse. Mais elle n'avait pas la volonté, la combativité et le sens du sacrifice qui faisait de Ginger une danseuse exceptionnelle. Concernant la grâce... Tout dépendrait de Pure et de sa confiance en elle irrégulière.
« Je voudrais reprendre la danse classique. Ca me manque bizarrement, et te voir ravive certains souvenirs. »
Il pouvait sembler étrange qu'une jeune fille comme Pure, en rupture avec son histoire, terrifiée à l'idée de quitter la Wammy's House et d'affronter le monde réel, puisse avoir envie de se remémorer des instants de sa vie passée.
Elles firent ensemble la grenouille, puis, l'inverse, le papillon, sans vraiment de mal. Cela se compliqua avec le grand écart facial alors que, allez savoir, le latéral fut presque exécuté correctement. Pure enchaînait d'horribles et grotesques grimaces de fausse douleur pour faire rire sa camarades, au fur et à mesure de sa descente. Avec un sourire, le visage en feu, elle précisa à sa nouvelle professeur :
« J'te préviens, à part les deux premières positions j'me souviens de rien. Ah si. Ma prof qui était mono-maniaque. »
Elle illustra ses derniers propos en posant gracieusement sa main gauche sur la barre avant de clamer à intervalles réguliers : « Plié. Plié. Plié.», avec un accent russe grotesque. Ridicule, on pouvait douter de sa capacité à inspirer les foules alors qu'elle dansait. Pourtant sa pose était bonne, ses fesses et son ventre contractés à l'extrême, le menton haut, droite comme si un fil invisible la tirait vers le haut et que ses bras étaient fixés aux sol.
La main sur la hanche, elle cessa ses pitreries, déridée. Pure n'avait pas un talent fou pour la danse, elle ne serait jamais une ballerine et même jamais un petit rat. Mais elle s'en amusait et cela apportait une certaine fraîcheur, ou tout du moins un certain amusement pour les professionnels.
HRP : Arf horrible, un mois pour une réponse pareille, excuse-moi ! D8 Sinon pour la danse j'en ai fait autant que Pure mais j'ai oublié le principal au moins ._.
Sujet: Re: Une danse est un poème. Un poème fait-il de tes pieds des steaks hachés ? — Ginger; Libre Mar 12 Avr - 19:14
« Je me souviens. Quand on me faisait passer l'examen d'entrée à l'école de danse, un des examinateurs m'avait dit que la danse dépendait de deux choses. La souplesse et la grâce. Et qu'aucune d'entre elles ne pouvaient s'apprendre. »
Ginger haussa les épaules face à la réponse de Pure. Pour elle ça tombait sous le sens que l'on naissait avec certaines qualités, que certaines choses ne pouvaient s'apprendre. On aurait beau s'entraîner, si on ne possédait pas ces choses dès le départ...certaines portes vous resteraient définitivement fermées. Ginger s'était entraînait dure depuis qu'elle avait quatre ans, c'était une chose qu'on ne pouvait pas nier chez elle, après tout sans effort, sans exercice : une passion, un talent, n'avait pas tellement de valeur s'il n'était pas exploité. Enfin Ginger espérait qu'elle possédait vraiment la souplesse et la grâce; La souplesse sans aucun doute. Pour arriver à ramener ses pieds en pointe devant soi alors qu'on est à même le sol, appuyée sur ses bras. En effet, il faut une certaine souplesse; Mais la grâce ? C'était aux autres dans décider, mais Ginger la possédait certainement. Une grâce fragile.
«C'est vrai, tu as raison. Mais avant tout pour moi la danse change la vie et a la possibilité d'exprimer une infinité de chose.»
« Je voudrais reprendre la danse classique. Ca me manque bizarrement, et te voir ravive certains souvenirs. »
«Comme tu veux.»
Pour Ginger une danse ou une autre...elle ne faisait pas la différence. Pour elle s'était juste une façon ou une autre d'exprimer ce qu'elle ressentait et un moyen d'interpréter des visions différentes de la danse. Danser était la seule chose qui avait du sens pour Ginger, et tous les sacrifices étaient bon pour cette passion.
Elles firent la grenouille, l'inverse, le papillon, le grand écart latéral et Ginger eût la satisfaction de voir que Pure n'étit pas trop mauvaise, après tout elle avait fait de la danse. Donc elle remontait dans son estime...au niveau danse. La brunette lança donc un sourire d'encouragement à Pure, lorsque celle-ci commença à faire son grand écart facial. Elle ne put retenir un rire en la voyant faire toutes ces grimaces au fur et à mesure de sa descente. Elle ne pouvait que la soutenir, après tout, elle avait énormément souffert les première fois qu'elle avait appris à danser.
« J'te préviens, à part les deux premières positions j'me souviens de rien. Ah si. Ma prof qui était mono-maniaque. »
En un instant Pure lui illustra l'image d'une professeur russe stricte et rigide. Si Ginger eût un fou rire, elle put néanmoins constater que Pure avait une bonne pose et un très bon maintien...Hmm peut être que ça n'allait pas être si dur que ça finalement...ou peut être qu'elle allait pouvoir lui apprendre des enchaînements d'un plus haut niveau.
«Tu sais moi aussi j'ai eu un prof horrible en danse. Surtout qu'il adorait se balader avec une canne quand on répétait, pour battre la mesure..et nous écraser les pieds lorsqu'on ratait . D'ailleurs j'ai eu un énorme hématome sur un pieds après un cours, je ne pouvais presque plus marcher. Mais t'en fait pas je te ferai jamais ça.»
Pour les positions...petit problème technique mes amis. Mais pas de panique, Ginger était patiente...juste assez pour lui remontrer les positions. Elle s'approcha de la barre, posa délicatement sa main dessus et prit aussitôt une pose digne d'une ballerine parfaite.
Ginger les fit d'abord doucement, puis normalement et pour finir rapidement. Puis toujours droite, ventre et fesses contractés, elle commença à exécuter quelques enchaînements en utilisant les positions, sans doute le meilleur pour les rappeler à Pure avant de passer aux choses sérieuses.
HRPG : Excusée pour le retard; Moi aussi j'ai fait e la danse classique, mais j'ai arrêté au bout de cinq ans...et j'ai tout oublié ;.; Pas trop satisfaite de ma réponse u.u enfin prend ton temps pour répondre ;D
Sujet: Re: Une danse est un poème. Un poème fait-il de tes pieds des steaks hachés ? — Ginger; Libre Dim 8 Mai - 17:56
La jeune fille s'efforçait de suivre le rythme de son professeur. Le tout fut laborieux, non par la position en elle-même mais pour passer de l'une à l'autre avec rapidité et aisance, à l'image de Ginger. Elles parvinrent toutefois ensemble à un résultat satisfaisant. Appliquée mais d'humeur bavarde, de bonne humeur donc, Pure lâcha un soupir dégoûté lorsque Ginger lui fit part de son expérience malheureuse avec son professeur boiteux.
« C'te fou. J'étais trop jeune, je pense, pour tomber sur des malades pareils. »
Elle se tût, toute concentrée sur ses exercices. Ceux-ci accomplis elle éprouva une curieuse sensation de bien être, propre au sport réalisé avec soin. Découvrir un peu de Ginger lui faisait également plaisir, elles qui s'étaient simplement contenté de partager une chambre en venaient à se confier de précieux souvenirs, plus ou moins heureux, de tout ce qui leur restait de sa vie d'avant. Mais qu'étaient les deux jeunes filles avant d'intégrer la Wammy's ? Peut-être Ginger était-elle connue dans son patelin pour son talent. Peut-être pas. Peut-être était-elle heureuse. Ou pas.
Pure avait la curiosité des autres mais également un haut niveau de discrétion ainsi que de politesse, malgré ses quelques écarts langagiers propres à son adolescence, ce qui la dissuadait de poser des questions au mauvais moments. Toutefois, seules dans la musique et la danse, n'était-ce pas un parfait instant ?
« J'ai toujours aimé la danse. C'est pas toujours facile mais bon. Je n'ai jamais compris pourquoi j'ai arrêté, j'étais trop jeune. Je pense que c'était peut-être par soucis d'argent. Ou par une forme de jalousie de ma mère. »
Elle grimaça, sentant une crampe faire son nid au creux de son pied droit. Elle s'assit, s'efforçant de tendre son membre de façon à calmer la douleur, massant religieusement sa plante.
« Pourquoi la danse, Ginger ? »
Pourquoi tant d'acharnement pour la musique et les fouettés ? Pour le public, peut-être un jour constitué de ta famille, pour toi, pour ton ego de jeune fille, pour un quelqu'un encore plus important ? Pour t'oublier, pour parvenir à un état second où cette discipline t'enivre suffisamment pour te faire toucher, du bout de tes pointes, un bonheur illusoire ?
Tu peux tout raconter à la jeune fille aux grands yeux qui ne jugent ni ne condamnent.
Discuter tout en s'entraînant. Ginger n'avait jamais vraiment fait ça jusqu'à maintenant, hormis lorsqu'elle s'entraînait avec son groupe de break dance. Mais ce n'était pas pareil, avant elle s'appelait Gabrielle Ahern, aujourd'hui elle était Ginger. Le temps où elle faisait des battles dans Central Park était loin, très loin. Depuis qu'elle était à l'orphelinat, elle n'avait fait que danser, véhiculant l'image d'une adolescente ne voyant, ne vivant que de la danse, qui se détruisait pour une passion. Dont le talent était un don et un poison. Et Ginger était presque tout le temps seule quand elle répétait ou durant les cours, la danse l'entourait dans une atmosphère de solitude dont elle ne semblait pas mesurer les conséquences. Jusqu'à maintenant ça ne l'avait jamais dérangé de danser seule, interrompue quelque fois par Camélia ou Milk, mais aujourd'hui discuter avec Pure...lui faisait...du bien.
« C'te fou. J'étais trop jeune, je pense, pour tomber sur des malades pareils. »
Toujours concentrée sur les exercices, Ginger s'autorisa à lui faire un sourire. Elles continuèrent leurs exercices, la musique classique en bruit de fond. Une fois les exercices finis, Ginger fit quelques exercices plus durs et d'un plus haut niveau, pour son simple plaisir. Pure avait bien travailler pour un début, elle pouvait la laisser faire une petite pause quand même. Pas si harpie que ça l'américaine au fond.
« J'ai toujours aimé la danse. C'est pas toujours facile mais bon. Je n'ai jamais compris pourquoi j'ai arrêté, j'étais trop jeune. Je pense que c'était peut-être par soucis d'argent. Ou par une forme de jalousie de ma mère. »
Pure s'assit et commença à masser son pied, signe que la demoiselle s'était fait une crampe. Ginger ne répondit pas tout de suite, elle s'éloigna un peu et commença par un ballotté, une pirouette fouettée puis enchaîna par des figures plus acrobatiques. Au bout de cinq minutes, elle s'arrêta les joues rougies par l'effort, elle revint vers Pure. Ginger s'appuya sur la barre et se mordit nerveusement les lèvres, puis elle parla. Elle se confia un peu à Pure.
« Ma mère faisait de la danse classique, dans la plus grande académie de danse classique de New York, mais elle a eu un accident alors fini la danse. Depuis toute petite j'aimais danser et maman y a sûrement vu un moyen de réaliser ses rêves de danseuse brisés. J'ai fait de la danse classique dans la même académie, sauf qu'en même temps je suivais des cours de jazz et je faisais des battles avec mon groupe de break dance. Evidemment ça ne lui plaisait pas...elle s'est pas privée de me descendre plus d'une fois pour ça...On est pareille tu vois.»
Elle s'arrêta de parler, gênée par cette confession. Elle avait presque déversé une part de toute la frustration et l'amertume qu'elle ressentait envers sa mère. Voilà que parlait avec Pure lui faisait peur, parce qu'elle savait qu'on allait arriver à un sujet qu'elle redoutait, qu'elle fuyait.
« Pourquoi la danse, Ginger ? »
Et voilà : la fameuse question avait été posée. Cette question à laquelle elle ne trouvait pas de réponse, ou plutôt elle ne voulait pas la trouver.
«...Je ne sais pas.»
Danser était une passion, un plaisir qui la rendait ivre de bonheur à chaque fois que du bout de ses pointes, elle exécutait pas sur pas pour progresser de plus en plus dans cette discipline. Pour voir les regards de fierté de la part de ses parents et surtout de son père...mais son père était mort, elle ne verrait plus son père sourire en la voyant danser. Elle ne dansait pas pour son égo...c'est vrai qu'elle avait envie d'être la meilleure, qu'elle essayait toujours de trouver le moyen de dépasser les autres et de se dépasser elle même. Mais atteindre la perfection pour Ginger ce n'était pas pour son égo, c'était...bien plus compliquer que ça. Danser l'aidait quelque part à s'oublier, parce qu'elle se haïssait.
Oui Ginger ne s'aimait pas, elle n'aimait pas son corps maigre, sans forme, petit. Elle n'aimait pas sa peau diaphane, ce corps si peu attirant qui semblait à chaque fois lui faire obstacle dans ses objectifs. Ce corps qu'elle prenait un malin plaisir à torturer par l'effort, par le refus de manger, par les médicaments. Tout était bon pour le dégrader. Parce qu'elle avait le sentiment d'être prisonnière d'une enveloppe charnelle qui n'avait que pour seule vocation la danse. Parce qu'elle avait l'impression que sans danse, elle n'était rien. Elle avait l'impression de vivre dans un monde dangereux et nocif à partir du moment où elle cessait de danser. Parce qu'elle avait l'impression que sans la danse, elle n'était rien. Parce que la danse était pour elle le seul moyen de trouver un sens à sa vie. Parce qu'à travers le plaisir de danser, il y avait l'espoir fou de se faire aimer. D'exister. De vivre, puisque sans danse, elle n'arrivait à vivre. Puisque la passion s'était changée en un amour dévastateur pour la danse, à défaut de pouvoir trouver une personne à aimer.
«...Je danse par plaisir et...pour...exister.»
Ginger avait murmuré cette phrase d'une voix enrouée, elle sentait un voile de larmes envelopper ses yeux. Elle se laissa doucement tomber sur le sol, complètement perdue. Pitié ne me juge pas.
HRP : nan j'aime bien =D tu as permis de remettre en question ma petite danseuse ! Je sais pas trop si ma réponse est bien par contre :(
Sujet: Re: Une danse est un poème. Un poème fait-il de tes pieds des steaks hachés ? — Ginger; Libre Lun 20 Juin - 23:31
« TO EXIST. »
L'expression de Pure ne subit pas la moindre variation lorsque Ginger se confia ou qu'elle se laissa choir. Les genoux ramenés sous son menton, la jeune fille se contentait de fixer la danseuse déconfite, sa seule moue témoignant de sa concentration. Il était, sinon pas facile, tout à fait à la portée de n'importe quel Alter de comprendre que Ginger souffrait d'un complexe d'infériorité selon Adler et Sutter. Dans le cas de la Shape il s'agissait de l'impression pénible d'être inférieur à un idéal désiré dans un secteur déterminé. La mère de Ginger ayant transposé tous ses espoirs avortés sur sa fille, il était normal qu'elle se montre exigeante, voire carrément jalouse envers son propre enfant. Ce qui expliquait par conséquent ce délire constant autour de la danse. Comme un pauvre animal de cirque qui réclame de l'attention par les tours que l'ont lui a enseigné.
Pour exister. Les fragments de son existence passées tintèrent avec véhémence pour la rappeler à plus d'humanité. Qui n'a jamais eu la sensation de ne pas exister, de n'être que contingent aux yeux des autres ? Pure était allée, plus d'une fois, se perdre dans la foule de la Grand Place Bruxelloise avec toujours la même impression de n'être qu'une goutte d'eau dans un vaste océan. Qu'est-ce qui nous rend unique et irremplaçable ? Pure n'avait pas envie de répondre. La réponse leur ferait trop de mal, jeunes filles pleine d'espoir. Elle préféra chérir son affection grandissante pour Ginger qui se découvrait enfin. Incertaine, touchante et blessée.
Il est toujours difficile de faire le premier pas, d tendre la main pour effacer des larmes ou d'étreindre pour étouffer des sanglots. Cela semblait insurmontable à Pure. Et pourtant, à chaque occasion, la jeune fille parvenait à consoler. Ainsi elle se contenta de se mettre à genoux et d'avancer en silence vers la danseuse, sans la quitter des yeux, sans changer d'expression. Seule la curiosité scientifique, presque malsaine, avait quitté son regard. Elle ne tendit que deux doigt à demi repliés frôler à peine la pommette de son amie.
Pure rougit à son contact tiède et doux, elle finit par ramener sa main, gênée, sur sa nuque et tenta un faible sourire. Étrangement ses yeux couleur mousse se mirent à luire, tout cela évoquait quelque chose, quelque chose que chaque orphelin avait en commun. A cet instant très précis, Pure songea : je veux ma maman. Et elle ne viendrait jamais. Comme celle de Ginger qui ne viendrait plus jamais ni sermonner sa fille sur la danse, ni même la consoler d'un échec.
Peut-être plus pour cacher ses larmes à elle, peut-être même parce qu'elle était celle qui en avait le plus besoin, Pure enlaça lentement Ginger, entoura son cou gracile de ses bras nus devenus froids. Elles restèrent un instant ainsi, un peu idiotes alors que la musique les entourait. Finalement, Pure se mit à bredouiller, à peine audible.
« Tu vois... l'orphelinat a au moins ça de bon... il nous donne un but. »
Elle se tut un instant, tentant simplement de ne pas pleurnicher.
« T'existera toujours pour la Wammy's House. Et pour moi. et je suis sûre que... t'es indispensable à plein de gens. »
Ce que la jeune fille tentait d'expliquer, trop émue pour être claire, c'était que l'orphelinat leur permettait d'appartenir à un destin commun : celui d'un réseau de justice où tous avait une place plus au moins importante. Et cela permettait aussi de se constituer une nouvelle famille. Parce que, réfléchissons-y, les liens noué à l'orphelinat seront sûrement les plus forts de toute leur existence.
Elle défit soudainement son étreinte et, avec un air parfaitement crétin tant son ton enjoué était en décalage avec l'air qu'elle affichait, s'écria :
« Aller, viens qu'on danse comme des abrutis ! »
Et montre-moi comment tu existe.
HRP / Désolée, c'est minable. x_x Mais j'aime Ginger.
Gabrielle Ahern avait toujours eu peur de ne pas être aimée, ce n'était pas du narcissisme dans son cas. Ginger voulait juste être entourée par l'amitié, l'amour...tous ces sentiments qui vous font avancer dans la vie, qui prouve que vous n'êtes pas seul. Gabrielle avait toujours eu la sensation que ces sentiments pouvaient déplacer des montagnes, lui donnaient une force incroyable, la faire danser comme jamais elle n'avait encore danser...une danse où elle serait vivante, où elle saurait que chaque pas aurait un sens particulier, des pas qui montreraient qu'elle ne dansait pas seulement pour elle mais pour les autres. Mais sa mère lui avait fait comprendre que la danse était un art où on évoluait seul, où la compétition était reine, où les bons sentiments n'aidaient pas à atteindre les hautes sphères de la gloire. Depuis petite Ginger dansait, la danse était tout pour elle. Elle ne voyait qu'à travers la danse, une fois sortie de cette univers, la réalité lui apparaissait comme un objet de convoitise dangereux et attirant. Les relations humaines, l'amitié, l'amour tout ça elle n'en saisissait pas le sens, disait s'en moquer alors qu'elle brûlait d'envie de les posséder au creux de ses mains. Ses tentatives ratées ne lui avaient laissé qu'un goût amer dans la bouche, la rendant méfiante désormais envers les autres, pourtant l'envie de toucher ces émotions n'avait pas pour autant disparue de son coeur. Mais la danse était son seul repère dans ce monde et le poison qui la grignotait lentement de l'intérieur, comment s'en sortir alors ?
Ginger laissa les larmes couler doucement sur son visage, elle pleurait silencieusement, retenant les gémissements de tristesse qui pourrait franchir ses lèvres. Je ne pleurerais pas, je serais forte semblait elle vouloir dire par ce geste, alors que son corps était secoué par des sanglots étouffés. Elle était seule mais forte, n'est-ce pas ? Puisqu'elle se relevait toujours. Elle était perdue dans ses pensées, elle sursauta donc légèrement lorsque les doigts de Pure frôlèrent sa joue. Surprise Ginger releva la tête et vit Pure tentait un petit sourire. Gênée, Ginger tenta de sourire malheureusement elle ne réussit qu'à sortir un sanglot entre ses lèvres ouvertes. Son sourire devint une grimace de chagrin.
Pure entoura alors le cou de Ginger, la serrant contre elle, Ginger ne broncha pas. Elle se sentait comme apaisée. C'est drôle mais elle venait de se rendre compte que Pure et elle ne s'était jamais confiée l'une à l'autre, c'était toujours à Loon ou à Plume qu'elle confiait ses états d'âme et encore avec une certaine réserve. Jamais elle n'avait mentionnée tout haut avec elles, ce qu'elle venait de dire à Pure. Et curieusement Gabrielle se sentait bien, elle sentait son coeur plus léger. Elle aurait pu rester des heures ainsi, la musique les entourant, pleurant doucement alors que Pure la serrait contre elle.
« Tu vois... l'orphelinat a au moins ça de bon... il nous donne un but. »
Pure marqua un temps. Ginger ne répondit pas, si jamais elle répondait, elle pleurerait comme une enfant. Elle sentait déjà les sanglots monter dans sa gorge et se cognait à ses lèvres pour sortir. Ginger inspira un bon coup. Ne pas pleurer.
« T'existera toujours pour la Wammy's House. Et pour moi. et je suis sûre que... t'es indispensable à plein de gens. »
Cette fois Ginger ne pût retenir le gémissement étranglé qui franchit ses lèvres, sa bouche se tordit pour retenir de nouveau les sanglots alors que son coeur explosait de joie. Elle se sentait heureuse, c'était un sentiment qui l'étouffait en cet instant et...nouveau. Pourtant Pure avait balbutié qu'une phrase maladroite pour tenter de la consoler. Mais ces mots, l'intention qu'elle y avait mis, leur signification...tout cela signifiait tellement pour Ginger et le monde qui lui avait parut si terne lui sembla plus coloré.
Soudain Pure se leva avec une expression rigolote sur le visage et s'écria :
« Aller, viens qu'on danse comme des abrutis ! »
Ginger la regarda d'abord surprise. Danser comme des abrutis ? Elle n'avait jamais associé "abrutis" avec la danse pour elle la danse c'était sérieux et une recherche constante de la performance. Comment danser comme des abrutis ? Ginger se creusa la tête...Pure voulait dire danser sans réfléchir juste, s'amuser et rire. Rire et s'amuser en dansant...Ginger avait la sensation de n'avoir jamais danser juste pour s'amuser, depuis deux ans, elle avait juste l'impression de danser par passion, certes, mais l'obligation s'était ancré dans ce rituel. Soudain une image traversa sa tête, elle se revit avec ses amis dans Central Park à faire des battles, avec Milk à se défier, avec son professeur Mr Keys...dans ces moments là l'entraînement avait fait place à l'amusement. Elle avait toujours fini par danser sans réfléchir. Dans ces moments là danser venait sans réfléchir.
« Si tu veux...je choisis la musique alors. »
Ginger se leva, essuya les larmes qui coulaient encore sur ses joues et s'avança vers la chaine hifi. Elle sortit le cd de musique classique et de ses doigts fins en prit un autre qui pouvait correspondre à "la danse d'abrutis". La musique retentit alors dans la pièce :
«You know I know how To make em stop and stare as I zone out The club can't even handle me right now Watchin you I'm watchin you we go all out The club can't even handle me right now (yeahhhhh) The club can't even handle me right now (yeahhhhh)...»
Ginger se recula alors de la chaîne et se tourna les vers Pure. Les yeux à demi-fermés elle écouta la musique, s'enivrant du rythme, elle inspira et commença à bouger son corps en rythme. C'était timide mais le déhanchement que Ginger faisait n'avait plus rien avoir avec ce qu'elle faisait avant. C'était moins tendu, plus relâché et tout aussi agréable à regarder.
« Je vais t'avouer un truc...j'ai jamais danser comme ça. »
Elle tourna sur elle même et cambra son corps alors que la musique devenait plus rythmée. Cheveux en bataille, le coeur battant la chamade, prise d'une impulsion...Ginger attrapa la main de Pure et l'entraîna à danser. Juste bouger. Bouger au rythme de la musique qui se diffusait dans la pièce. Ne pas réfléchir. Juste danser par plaisir. L'adrénaline commença à se répandre dans les veines de Ginger, elle dansait avec Pure comme ça, s'amusant à faire des pas qu'elle avait répété pendant des heures mais cet fois juste pour s'amuser. Un sourire éclaira son visage alors que Pure et elle tournoyaient.
C'est ça exister ?
HRPG : j'adore tu le sais déjà o/ vlà j'ai répondu j'espère que ça te convient, elles dansent comme des abrutis 8D Merci moi j'adore Pure o/
Sujet: Re: Une danse est un poème. Un poème fait-il de tes pieds des steaks hachés ? — Ginger; Libre Mar 25 Oct - 12:58
Tu as un peu peur, tu trembles. Tu pourrais tomber, toute seule sur ce chemin inconnu. Mais tu continues et tu attrapes cette main tendue. Tu fais confiance.
La gêne qui retenait la jeune fille lors de la pratique rigoureuse de la danse classique s'était s'était dissipée à l'instant même où leurs doigts s'entremêlaient. À quelle moment étaient-elles devenues amies ? Peut-être à l'instant même où leurs larmes avaient séchées pour laisser place à des éclats de rire alors qu'elles se trémoussaient comme des sauvages. L'allégresse que lui procurait la musique était rare mais la soulageait comme elle ne l'aurait jamais imaginé.
Bien entendu elle se sentait un peu stupide, en pleine matinée, en tenue de sport à se dandiner comme une abrutie. Mais le plaisir que conférait le fait d'être avec Ginger, qui n'avait été que, jusqu'à lors, qu'une simple colocataire, valait largement le ridicule de la situation. Il suffisait de tournoyer, de donner des coups de pieds aux ennemis invisibles, de la prendre dans ses bras pour rire dans ses longs cheveux châtains. Il suffisait d'oublier.
Et Pure le faisait avec plaisir, dans un état second, détachée de toutes contrariétés. Elle ne pensait ni à Vice et ses sautes d'humeur, ni à ses devoirs trop compliqué, ni même à l'ambiance de compétition qui régnait dans le foyer. Elle cherchait que le regard de Ginger, rieur, elle ne pensait à rien d'autre qu'à son amie.
La musique prit fin mais s'engagea tout de suite sur une autre, un truc populaire que tout le monde a déjà entendu mais que beaucoup exècre car la voix du chanteur reste terriblement criarde. Elles gloussèrent et se mirent, comme les simples adolescente qu'elles étaient, à brailler en choeur, connaissant chaque parole de la chanson malgré la barrière de la langue.
Et la jeune fille lui prend les mains, la regarde d'un air entendu. Elles se sont comprises. Pure pousse un cri, rejetant la tête en arrière, laissant libre cour à une fureur ou une joie animale, simple.
Aucun problème. Il suffit d'hurler à la mort Ginger. C'est un gros fuck à ce qui te déplaît.
Sujet: Re: Une danse est un poème. Un poème fait-il de tes pieds des steaks hachés ? — Ginger; Libre Ven 28 Oct - 14:34
En un instant tout était devenu différent. A partir du moment où la musique avait résonné, à partir du moment où Ginger et Pure avaient tournoyé ensemble...une nouvelle porte s'était ouverte. Une nouvelle vision du monde pour la danseuse. Plus de gêne. Plus de mal-être. Plus de privation. Plus de souffrance. Juste la musique qui résonnait dans ses oreilles, son corps qui bougeait juste pour bouger, évacuer, exprimer une sensation de liberté qu'elle n'avait encore jamais ressenti. Et Pure qui dansait avec elle en riant. Juste deux amies qui dansaient comme des sauvages, riant aux éclats, soulageant leurs peines.
Quelle aurait été la réaction d'un orphelin ou d'un professeur en voyant deux filles de bon matin danser et sauter en rythme sur une musique ? Cela pouvait paraître ridicule de les voir se trémousser ainsi, de les voir faire des mimiques bizarres dans de grands éclats de rire mais les deux concernées semblaient sans moquer. Elles étaient dans leur bulle, dansant pour le plaisir de passer un bon moment ensemble. Elles tournoyaient en hurlant presque les paroles de la chanson, donnant des coups de pieds, de poings pour expulser, se libérer. Pure l'étreignit, alors qu'elles continuaient de danser. Le rire de Ginger se mêla à celui de Pure. Un rire vivant.
Au Diable les contrariétés. Au Diable cette haine qui l'habitait, les crises de larmes, l'anorexie. Ginger n'y pensait plus. Tout cela paraissait loin, sans importance. Elle avait tout oublié : les méchancetés des autres, ses envies de suicide, les médicaments pour se faire vomir, le sentiment d'être rien, l'envie de succéder à L...Oublié oublié tout ça. Au Diable. En cet instant cela ne comptait pas. Elle était là, à danser avec Pure, échangeant des regards rieurs avec son amie. C'était tout ce qui comptait. C'était l'essentiel.
Puis la musique s'acheva et enchaîna sur la nouvelle musique de Mika. Elles gloussèrent et dansèrent de plus belle avec l'insouciance des adolescentes qu'elles étaient. La musique leur redonnant encore plus de pep, plus de vivacité, une envie de danser avec encore plus de frénésie. Et elles braillaient ensemble les paroles de la chanson avec leur accent anglais ou italien cette musique qui donnait une furieuse envie de danser, de se relever, d'affronter ses tracas, de voir la vie en rose...même si elles ne comprenaient pas toutes les paroles : la joie était bien là.
Pure prit alors les mains de Ginger et la jeune fille comprit ce que voulait faire sa camarade. Et en choeur elles rejetèrent la tête en arrière pour pousser un cri libérateur. Chassant toute la colère, la frustration de Ginger par un cri. Hurler sa fureur à la face du monde, à ce qui lui déplaisait. Hurler sa joie, son envie de vivre. Hurler simplement pour hurler avec son amie. Hurler par amusement alors qu'elles tournoyaient ensemble. Hurler pour hurler.
Ca lui faisait un bien fou, c'était une thérapie pour Ginger. Alors qu'elle criait avec Pure, alors qu'elle hurlait les paroles du chanteur, elle sentait sa tristesse disparaître pour laisser place à de la joie...à du bonheur. A bout de souffle elles arrêtèrent leur cri animal et dansèrent de plus belle, chantant à plein poumons lorsqu'elles reprirent leur souffle.
Pourquoi tu gâches ta vie ? Pourquoi tu gâches ta vie ? Pourquoi tu gâches ta vie ? Danse, danse, danse elle me dit DANSE.
Elles dansaient, elles chantaient, elles hurlaient, elles riaient, elles étaient heureuses, elles étaient amies. Et la musique s'arrêta, Ginger et Pure se laissèrent tomber sur le sol. Riant joyeusement. Un des meilleurs cours de danse dont Ginger se souviendrait. Car elle y avait gagné une amie et une envie d'exister, malgré les embûches.
HRPG : bon ben voilà quoi...je vois pas ce qu'on peut ajouter de plus, il est fini =D ?
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Sujet: Re: Une danse est un poème. Un poème fait-il de tes pieds des steaks hachés ? — Ginger; Libre
Une danse est un poème. Un poème fait-il de tes pieds des steaks hachés ? — Ginger; Libre