Eponine baille à s'en décrocher la mâchoire. Elle baille en se rappelant du pourquoi et du comment. Elle aurait pu dormir, dormir un peu plus longtemps. Faire une grasse matinée. Ouvrir les yeux, sourire en voyant le soleil avant de se reloger dans les bras de Morphée. Enquiquiner la lueur du jour et les abeilles. Parce que ce matin, elle aurait pu dormir. Et pourtant, elle s'était fixée une règle tacite. Une petite chose à faire, un peu chaque jour. Elle devait être plus rigoureuse dans son entraînement. Elle devait travailler un peu plus chaque jour. Pas spécialement pour maigrir. Elle n'en avait pas besoin. Tout le monde le savait. Eponine avait beau manger de la verdure comme quatre, elle ne prenait rien en retour. Ils disaient que c'était sa condition de Shapes qui faisait que mais elle, elle se contentait de reprendre les mots d'Audrey Hepburn en riant. Je crois que rire, rire énormément, est le meilleur brûleur de calories. Non, c'était plutôt comme une bonne résolution. Une manière de bien commencer l'année. Une règle à laquelle se tenir. Oui, c'est tout ce qu'elle avait à faire. Se lever de son lit – enfin, rouler sur le sol comme une grosse feignasse. Enfiler un short, celui qui ressemble plus à un boxer qu'à autre chose, ainsi que son débardeur ultra moulant. Attraper une serviette, un truc à grignoter au passage, une bouteille d'eau et son cd avant de quitter sa chambre et sa colocataire encore endormie – charogne. Elle avait baillé tout le long du chemin en se répétant que c'était pour une bonne cause. Une bonne cause peut-être mais Eponine a sommeil.
Alors, en arrivant à la salle de sport, là où tout bon Shapes passe le plus clair de son temps, après avoir abandonné ses affaires sans ordre dans un coin, elle se dirige vers une radio abandonnée sur une chaise. Probablement les danseuses qui ont oublié de la ranger après leur chorégraphie quotidienne. Tant mieux ! Elle n'aura pas à retourner ciel et terre pour la retrouver. La machine avale son cd sans demander son reste et après avoir chipoté à quelques boutons, une musique rythmée, le genre de musique sur lequel tout le monde ne peut s'empêcher de bouger, sort des enceintes. Là, on se sent mieux. Eponine sourit jusqu'aux oreilles et c'est en remuant ses fesses qu'elle se dirige vers le fond de la salle, là où sa barre était rangée. Elle aurait préféré avoir une barre fixe, pour plus de facilités – et aussi par fainéantise – mais elle se contentait parfaitement de la barre qui se monte et se démonte. Un calvaire. Elle devait d'abord pousser le socle jusqu'au centre de la pièce, face aux miroirs muraux. Ensuite, elle devait refaire chemin inverse pour aller chercher la barre. Petite mais paradoxalement assez grande pour elle et ses figures. Enfin, elle n'avait jamais eu un manque de hauteur. Et si elle en avait un, elle irait se plaindre. Taper des pieds ou pleurer sur commande, elle ne sait pas très bien.
Dans tous les cas, emboîter sa barre représente déjà un échauffement à lui seul. Seulement, on n'est jamais assez chaud. Alors, on écarte les jambes pour aller toucher le sol, on saute sur place, on étire chaque muscle, on fait tourner les poignets. La totale. C'est ce qui est important dans le pole dance. Atteindre le sommet de la barre et avoir une crampe par manque d'échauffement, c'est risqué. Trop risqué. Alors, elle, elle faisait tout comme elle le devait – pour une fois. Le tout en s'amusant devant la glace et en bougeant sous la musique. Elle fait le plein d'énergie. Parce qu'elle sait déjà que la musique suivante, celle de sa chorégraphie, n'est pas des plus joyeuses. Le Lac des Cygnes, s'il vous plait. Elle inspire profondément, expire de la même manière. Elle est prête. Et c'est dans un élan presque gracieux qu'Eponine se hisse , par la seule force de ses bras et de ses cuisses, au sommet de sa barre. Bien sûr, dans tout ce bruit, aussi classique soit-il, il est difficile d'entendre quelqu'un entrer. C'est donc la tête en bas, au sommet de sa tige de métal, que Nine découvre qu'elle n'est probablement pas la seule lève-tôt de la Wammy's House.
Eponine – Oh, Mello ! Ta tête est absolument différente vue à l'envers. C'est génial !
Dernière édition par Eponine le Dim 26 Jan - 11:10, édité 1 fois
Comme un besoin soudain de se déchaîner sur un punching-ball, d’asséner coups de poing et de pieds jusqu’à ne plus sentir ses membres endoloris... Comme un besoin d’exprimer toute cette rage.
A peine levé et habillé, sans même prendre la peine de se brosser les cheveux – c’est présentement une tignasse sauvage de mèches blondes qui couronne sa bouille de petit ange –, Mello a foncé vers le complexe sportif avec en tête la ferme intention de s’exercer à son sport de prédilection – le kick-boxing – durant des heures.
Rêver de Near obtenant le titre de L malgré ses efforts acharnés tend à lui inspirer des dangereuses et bouillonnantes envies de meurtre.
Ses pas ralentissent cependant, pour finalement s’arrêter, lorsqu’il perçoit les inflexions douces et languissantes d’une œuvre musicale qu’il reconnaît aisément, et tandis que les notes tendres mais funestes apaisent son âme exaltée de colère, il se souvient de la triste histoire de Tchaïkovski. De cette œuvre qu’il ressent comme une malédiction, de cet aveu musical qui lui vaudra d’insupportables humiliations.
Puis le blondinet reprend sa marche, curieux de voir qui d’autre que lui s’adonnerait à des exercices physiques à des heures si matinales.
Oh Seigneur.
Eponine, gracieusement renversée de tout son corps contre une barre métallique comme s’offrant à tout regard concupiscent ; exhaler une sensualité troublante qu’il ne lui connaissait pas – et qui l’embarrasse, colorant ses deux joues pâles d’une subtile rougeur.
« Oh, Mello ! Ta tête est absolument différente vue à l’envers. C’est génial ! - ... T’es trop conne. »
Dénuée de toute méchanceté, cette remarque hargneuse dissimule la pudeur déconcertée du jeune homme qui ne sait comment réagir face à cet inhabituel spectacle.
Oubliant son but initial, il s’assoit à même le sol et observe avec une curieuse à la fois analytique – le génie – et fascinée – l’adolescent – sa congénère, n’osant prolonger cet exorde de conversation, à la vérité pris au dépourvu par cette situation. Il se sent comme un gamin prépubère que l’on aurait surpris en pleine masturbation devant un porno, et cette sensation ne lui plaît guère.
Mello est un génie, le potentiel futur L, digne et fier... Certainement pas un merdeux qui passe son temps à mater des grosses paires de nibards.
« Euh... Pourquoi ce choix musical ? C’est assez inhabituel pour... euh... ce genre de danse. »
Sujet: Re: why change ? ▲ Mello Dim 26 Jan - 11:16
i won't dance, don't ask me
Elle sourit quand il lui annonce sa connerie. Oui, elle est conne. Elle est même très conne. Il le lui dit souvent, même. C'est presque devenu un bonjour. Une salutation un peu vulgaire, certes, mais pas forcément méchante. Mello n'est pas forcément méchant. Cet air froid et méprisant qu'il aborde les trois quarts du temps, c'est un genre qu'il se donne. Parce qu'il pense être le futur L. Tout comme Near. Eponine, elle s'en fout un peu de ces histoires de L. Se hisser au sommet, perdre des amis, finir seule, ça ne l'intéresse pas. Elle préfère rester une E. Elle aime trop la vie et les gens que pour faire ce sacrifice. Elle est intelligente, elle le sait. On le lui a dit. Et elle en est assez fière, d'ailleurs. Elle préfère se hisser au sommet de sa barre, à la seule force de ses bras. C'est quand même plus intéressant. Pour elle, du moins. Quoique, à en croire la tête que fait Mello, petit corps à quelques mètres d'elle, ça a l'air de l'intéresser aussi. Elle comprend. Ca fait le même effet à tout le monde. Elle fait le même effet à tout le monde. La bonne blague. C'est la tenue, à coup sûr. Elle referme les jambes sur le métal, se coince correctement sur sa barre et ramène ses bras vers le dessus de sa tête. Quand elle retrouve une position semi-normale, elle sourit. Relâche un peu l'étreinte sur la barre. Et se laisse glisser, dans un geste semblable à une chute, vers le bas.
Eponine se rattrape au dernier moment. In extremis, comme on dit. Ca marche à tous les coups. Elle en est même plutôt fière. La sale bête.
Eponine – Je t'ai eu !
Un petit rire lui échappe alors qu'elle se dirige en roulant des hanches vers la radio. Eponine, tu n'es qu'une sale allumeuse quand tu t'y mets. Ses pieds nus glissent sur le sol. Elle appuie sur le bouton pause. Maintenant, elle va répondre à la question de Mello. Celle qu'il lui a posé avant qu'elle ne... Chute. Pourquoi cette musique ? Elle hausse les épaules en se retournant vers son ami.
Eponine – Ce n'est pas compliqué. C'est même plutôt con comme réponse.
Elle n'a pas peur de dire des bêtises. C'est la question bateau, de toute manière. Celle qui revient le plus souvent. Pourquoi Le lac des Cygnes ? Elle avait tout un discours, toute une tirade. De longues phrases qui pouvaient se résumer en une seule.
Eponine – Justement pour l'inhabituel.
C'était vrai. Ce n'était pas une phrase répétée devant un miroir pour être et paraître plus intelligente, plus forte. Plus cérébrale. C'était une phrase qu'elle pensait et c'était aussi bête que ça. Elle ne voulait pas faire dans l'habitude. C'était un principe, un dicton. Ne rien faire dans l'habitude.
Eponine – Tu le sais, Mello. J'aime pas faire comme les autres.
Elle hausse les épaules encore une fois, son lumineux sourire sur les lèvres. Elle appuie sur le bouton suivant de la radio. Elle sait ce qu'il y a après. Une musique aguicheuse, une musique qui fait bouger. En toute sensualité. Elle rejoint sa barre en trois enjambées, haussant le ton pour être entendue au-dessus de la musique.
Eponine – Je suppose que si je dansais sur ce genre de musique, ce serait nettement plus attirant.
Ca se confondrait nettement plus avec les clichés, aussi. Elle empoigne la barre à hauteur de sa tête et se tient à quelques centimètres de la barre, de manière à ce que son bras droit soit tendu. Elle fait quatre pas et au quatrième, elle lance sa jambe extérieure à la barre vers l'avant, pousse sur sa jambe intérieure et se laisse tourner à la seule force de son bras droit. Elle fait du break dance dans les airs.
Spoiler:
La vidéo, pour la figure de la fin. A partir d'1:43, juste après que les femmes aient fini de parler. J'arrivais pas à décrire ça correctement.
Dernière édition par Eponine le Dim 9 Fév - 11:31, édité 1 fois
Ah Dieu, cette Eponine rieuse et joyeuse qui ne fait jamais rien comme les autres – Mello le sait, oui, qu’elle n’aime pas faire comme les autres. Et tant mieux, parce qu’Eponine ne serait pas Eponine si elle se résignait à faire comme tout le monde, sa mignonne petite personne ne dégagerait pas ce charme innocent.
Ce charme innocent, presqu’enfantin – un charme de petite fille – qui contraste de la plus déconcertante des manières avec les sensuelles prouesses qu’elle offre présentement à ses yeux ébahis – et fasciné. Fasciné comme lorsque ses hanches ondulaient, il y a à peine quelques instants, et que son regard suivait chaque balancement, chaque mouvement... Elle n’a pas le droit de lui faire ça, la garce, pas le droit de titiller ainsi une libido adolescente.
Sauf que c’est pas ça, c’est pas juste une histoire de petit con qui bande à la moindre ondulation.
« Wow putain... »
Wow putain, en effet, qualifie parfaitement cette ‘‘figure’’ qu’Eponine exécute au moment-même. Un genre de vol succinct, vivace... presque sauvage, quelque chose d’une violence alliciante qui happe brutalement tous les regards.
« C’est... c’est vrai que le changement de musique aide vachement à changer d’ambiance, concède-t-il, n’osant toutefois pas dire les choses franchement. »
Le blond ne sait pas trop comment réagir face à cette nouvelle Eponine – cette jeune fille, femme séduisante. Parce qu’elle est de celles qu’il n’envisageait pas comme ‘‘baisable’’ – trop pure, trop chou –, parce qu’il la considérait comme une petite fille emprisonnée dans de sinueuses formes qui ne lui siéent guère.
Mello n’aime pas qu’on l’astreigne à raviser son jugement – ça équivaut à lui donner tort dans la connaissance présumée d’une psyché ; surtout, il se retrouve comme un abruti à ne plus savoir quoi penser. L’être humain s’embarrasse décidément de trop de complexité.
« Tu pouvais pas te mettre à un truc plus pour toi, non ? Genre la danse classique ou, je sais pas moi, le flamenco. Noooooooooon bien sûr. »
D’une main irritée il parcourt les mèches blondes de son carré tout en extirpant d’on ne sait où – de sa poche arrière, en fait – une tablette de chocolat noir.
C’est exactement la réaction qu’ont les spectateurs. « wow, putain… ». Toute la grâce, toute l’élégance, tout le glamour du monde réunis en une seule phrase. En deux mots. Et ça la fait rire. Parce qu’elle aime voir ces têtes ahuries, ces yeux écarquillés. Impressionnés de voir une chose qu’ils ne pensaient possible. C’est sûr qu’elle n’a pas les mêmes techniques que les strip-teaseuses. Elle ne doit pas se déshabiller, d’abord. Ensuite, elle monte bien plus haut, elle s’en sort bien mieux. Et elle n’est pas payée. Elle est dévorée du regard mais elle n’est pas payée. Elle fait ça gratuitement. Pour l’art.
Elle balance sa tête de droite à gauche, en cadence avec la musique qui va toujours. Bien sûr que la musique, ça aide à créer une ambiance. C’est ça qui est bien, avec le pole dance. C’est qu’elle peut danser sur toutes les musiques sans jamais manquer d’idées. Est-ce qu’une danseuse classique pourrait danser sur ce genre de musique ? Et une danseuse de tango, pourrait-elle danser sur le Lac des Cygnes ? Elle repousse une mèche derrière son oreille. Elle tire un peu sur le bas de son short. Elle devrait danser en culotte, en boxer à la rigueur mais elle ne s’y ait jamais habituée. Elle a un mini short, l’un de ceux qui collent bien à la peau et elle trouve que c’est suffisant. Après tout, il est dans les normes. Il laisse ses cuisses et ses jambes à l’air libre. Elle bat des cils, une fois.
Elle se repositionne face à sa barre, saute, accroche ses bras, tire dessus tout en repliant ses jambes contre le métal. Elle tire, dénoue ses jambes, se hisse vers le sommet tout en s’enroulant autour de la barre. Elle monte toujours plus haut. Ce n’est pas si compliqué. Elle n’a qu’à tirer sur ses bras, pousser sur ses jambes. Elle balance la tête sur la musique qui vient de changer sur le disque. C’est une musique indienne. Danse orientale. Belly dance. Elle sourit, une fois en haut. Sa main droite, située au-dessus de sa tête, empoigne la barre tandis que la gauche, située vers le haut de ses cuisses, repousse la barre de telle manière que le corps d’Eponine se retrouve décollé sur contact métallique. Le reste, c’est simple : elle fait onduler son corps. Ses jambes ondulent comme la nageoire d’une sirène, son ventre suit la vague. Ce n’est, au fond pas si compliqué.
Eponine – Tu vois ? Je peux tout faire !
Elle rigole, enroule ses jambes autour de sa barre et glisse pour y redescendre. Elle repose les pieds au sol, sans difficulté. Elle repousse toutes ses mèches vers l’arrière de sa tête. Quand elle aura les cheveux plus longs, ça donnera mieux. Ce sera plus sauvage, plus sensuel. Là, tout de suite, avec ses courtes mèches qui bouclent jusqu’à ses épaules, c’est juste… Chou. Juste chou. Elle hausse les épaules en regardant son ami manger du chocolat. Elle mordille sa lèvre, roule des yeux.
Eponine – Baaaaah. Je trouve que c’est justement fait pour moi.
Elle se laisse couler vers le sol, le dos contre sa barre. Elle sourit, niaise.
Eponine – Puis, je pourrais te retourner la question, mon colibri. Pourquoi une aussi petite fragile créature a-t-elle choisi de se battre à l’américaine ?
Une fois de plus, Eponine et sa maîtrise du pole dance ébahissent le jeune blond. Surpris par une lasciveté à laquelle il ne s’attendait pas, il se fait presque petit ange trop innocent face à une manière qu’il ne connaît pas d’exprimer, au travers des mouvements, la beauté du corps. A la vérité, il aurait pu se perdre – se perdre lui et sa verve hargneuse, lui et son dédain narquois – dans la contemplation admirative et captivée de sa congénère si cette dernière n’avait pas su – est-ce volontaire ? – l’agacer.
« Qui c’est que t’appelles ‘‘petite fragile créature’’ au juste ? rétorque t-il sèchement. Je peux briser le bras d’à peu près n’importe quel abruti de cet orphelinat avec un minimum d’effort, la force n’est pas seulement une question de physique. »
La jeune fille devrait s’estimer heureuse, seules l’amitié et son appartenance au sexe faible empêchent Mello d’accompagner ses mots d’une preuve concrète – physique et douloureuse. Rien n’exalte autant sa colère que le rapprochement de sa personne à la Faiblesse – écœurante, vicieuse et avilissante ; cette catin des quartiers les plus infâmes à laquelle il ne succombera jamais. Cette Faiblesse qui pourtant, dessine d’un tracé cruellement ironique la minceur frêle de ses membres, la délicatesse féminine – chétive – des traits de sa figure...
« Mais puisque tu tiens à le savoir. »
Etrangement diplomate – sans doute parce qu’il s’agit d’Eponine –, l’éternel second daigne néanmoins exposer précisément le choix de sa spécialité. C’est une réponse argumentée et complète – scolaire, comme une composition pleine d’exemples précis et d’affirmations pertinentes.
« La boxe américaine, et plus spécifiquement le full contact – l’exacte discipline que j’exerce, bien qu’elle soit habituellement disons interdite aux mineurs – est sûrement l’une des branches les plus violentes de la boxe. Tu tapes avec tout, tes poings, tes jambes, tu as le droit de mettre ton adversaire K.O. La boxe anglaise, c’est une boxe de tapettes, une boxe trop polie. Moi, ce que je veux, quand je frappe un punching-ball ou un adversaire, c’est me déchaîner complètement. Me sentir épuisé mais fier d’avoir explosé l’autre. »
Tout comme Eponine semble trouver son intérêt dans la gracieuse manifestation de sa sensualité, Mello n’apaise son esprit instable que dans les plus fulgurantes, les plus sauvages démonstrations de sa violence. Parce qu’une âme gorgée de haine comme la sienne, un mental jalousement gangréné par une rage qui ne s’explique, saurait rendre fou le plus implacables des stoïciens. La passion, cette amante dangereuse, cette Muse malveillante qui chuchote à l’oreille des irrésistibles envies de destruction.
Vivre pour haïr, c’est harassant.
« Et puis comme ça, je me rends encore plus dangereux. Non seulement je suis naturellement doué au combat mais en plus j’ai une maîtrise plus technique de ce don. La preuve, est-ce que tu connais une personne, une seule, qui ne craint pas de s’attirer mes foudres ? »
Oh oui, Mello, inspirer la peur, la terreur ; sentir contre ta peau les frissons de tous ceux que tu croises, tu aimes ça, pas vrai ? Déjà à Varsovie, dans ton orphelinat miteux, tu souriais de joie lorsque les autres enfants s’écartaient à ton passage. Il a fallu d’innombrables bagarres, une pléthore d’ecchymoses violacées sur ta peau d’albâtre, et une détermination presqu’obsessionnelle mais tu y es parvenu, tu as imposé ta suprématie. A la Wammy’s House aussi, tu as construit ton empire – dans le sang, la peine, les larmes et la sueur.
Dominer par la terreur, ça t’excite au moins autant que les licencieuses prouesses d’Eponine.