Sujet: Tak tak slum slum ( Hurricane ) Mer 11 Nov - 23:53
Une goutte de pluie, une autre. Un silence de quelques secondes alors que le ciel joyeux et rose s’était assombri autour d’eux, menaçant. Exactement comme Hurricane. Terriblement menaçant. Il avait beau y avoir un court silence, le visage noir de l’italien parlait pour lui. Ses yeux lui hurlaient toute la haine, tout le dégout, toute la répugnance qu’il avait pour lui. Un coup de tonnerre, et un espoir qui vacille comme la flamme d’une bougie qu’un coup de vent fait trembler. Il en fallait peu de temps que les quelques gouttes deviennent averses. Il fallait si peu de temps pour que l’espoir et la joie se transforme en crainte et appréhension. Tellement peu de temps pour que les yeux de Hurricane se métamorphosent en une lame, et que l’envie de l’enfoncer en Dew, l’envie qu’elle lui traverse la peau, et les muscles, et le cœur, se voyait dans chaque trait de son visage. De la haine pure, concentré. Après avoir répété les paroles de Dew, après par sa seule voix, lui avoir fait comprendre qu’il préférerait se faire amputer une main que de rester avec lui, il s’approcha. Dangereusement. Une poigne le força à se baisser, de façon rapide et net, sans hésitation, juste de la rage. Alors que son t-shirt se déformait sous les doigts de l’italien, celui-ci le maintenait à sa hauteur, le forçant à le regarder dans les yeux, à se rabaisser à lui, à se soumettre. Ce n’était pas rare que Hurricane le tire de la sorte. Mais là, en plus d’être vraiment proche, il avait vraiment envie de le tuer. La gorge noué, Dew regardait ce garçon aux cheveux déformé par la pluie, cheveux qui serpentaient d’une fluidité étonnante le long de son visage humide, et il ne pouvait pas nier qu’il avait comme un envie de l’embrasser. Parce qu’il était tout contre lui, qu’il sentait sa respiration contre sa bouche, qu’il était terriblement beau et que cette proximité le frustrait intensément. L’idée de l’embrasser aurait pu se faire plus puissante en lui, mais ce regard meurtrier condamna toutes entreprises, et pire encore : tout espoir. Espoir qu’il n’avait jamais eu, en termes d’amour (terme qu’il avait toujours un peu de mal à associer vis-à-vis d’un garçon, comme s’il n’allait jamais s’y habituer), mais qu’il avait eu en termes d’amitié. Regard meurtrier, haineux et dégouté qui effaça rapidement en lui toutes les idées qu’une pareille situation aurait pu lui mettre en tête. Il aurait préféré qu’il lui hurle dessus, il aurait tout donné pour qu’il lui hurle dessus. Un chuchotement, un persiflage, comme un serpent, sournois, vicieux… c’était pire que tout. Ca ne traduisait plus la colère et la rage : ça traduisait l’animosité enfoui au plus profond de lui, une aversion, une répugnance infecte, une répulsion féroce. Et ces mots, venimeux, s’infiltrèrent en lui.
- Ta simple présence me fout en boule, et je crois pas qu’on puisse faire quoi que ce soit à ta connerie.
A travers le son de la pluie, de cette eau qui martelait la terre, cette eau qui aujourd’hui, détruisait au lieu d’enrichir, ces mots s’étaient glissés. Entre chaque goute, ils s’étaient glissés en traitre. Un rapprochement. Ils se frôlaient à présent. Un frôlement qu’il n’avait rien d’affectueux… c’était plus… un éraflement. Il le narguait, il le narguait avec une cruauté sans précédent. Ses lèvres si proches… ses lèvres qui disaient ça. Ces mots durs sortant d’une bouche qu’il imaginait si douce. L’eau arrivait en haut de son crane et parcourait son cuire chevelu, glissant rapidement pour déboucher sur son front, et couler, couler. Couler le long de son nez, et jamais la pluie ne lui avait paru aussi désagréable. Quoique, malgré sa froideur, elle pouvait au moins cacher ses yeux légèrement gonflés qui avaient envie de pleurer. A vrai dire, il ne savait pas que Hurricane le détestait autant. Il n’avait pas d’autre choix que de le regarder dans les yeux, puisqu’il faisait de même. Il sentait que l’italien regardait aux creux de ses pupilles, profondément, afin d’enfoncer sa lame envenimé. De l’enfoncer, lui, en rajoutant une dernière réplique. Pour le plaisir. Pour clôturer. Pour enfoncer la lame jusqu'à à la garde. Et puis il le rejeta, comme si son dégout l’empêchait de se tenir près de lui trop longtemps. Un regard, il fit volte face et commença à marcher vers l’orphelinat. Dew, lui, ne bougea pas. Et dire qu’il avait pensé que Hurricane s’intéressait un peu à lui, qu’il l’encourageait… à côté de la plaque, comme toujours. L’italien avait disparu derrière le rideau de pluie. Il aurait pu le suivre. Oui, il aurait pu le rattraper. Mais il voyait bien qu’il ne ferait que l’énervait encore plus, qu’il ne ferait qu’enfoncer les choses. Alors il resta un moment, sous la pluie. Sans bouger, le regard dans le vide, le col déformé et froissé. L’eau s’incrustait dans les creux de son sac de sport, et lui-même était totalement trempé. Ca, c’était fait. Clair et net. Mais ça lui passera, n’est ce pas ? Ou peut-être pas, ou Hurricane avait enfin extériorisé ce qu’il pensait depuis des années déjà. Pourtant, ils avaient passé de bons moments. A faire des batailles de boules de neige à Noel, à jouer aux jeux vidéo… comme des amis. Alors tout ça, ce n’était rien ? Il ne pouvait pas le croire. D’accord, il pouvait toujours crever pour que Hurricane partage le genre de sentiment qui l’habitait, mais il ne pouvait pas croire que leur amitié soit basée sur du dégout et de la haine. C’était quelque chose qu’il n’arrivait pas à concevoir, pas du tout. Il était juste en rogne, rien de bien grave. Ca lui passera, comme d’habitude.
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Un jour était passé. Lent, sous la pluie. Avec le temps, Dew c’était dit qu’il avait peut-être exagéré, hier. Il savait bien que quand Hurricane disait des trucs gentils, ou des sous-entendus d’ami, il s’obligeait par la suite à être méchant pour faire oublier à l’interlocuteur ce qu’il avait dit avant. Ce qu’il disait de sympa, il venait toujours à le considérer comme une faiblesse. Et en notant cette gentillesse, en la lui faisant remarquer, en étant content, on lui fait remarquer sa faiblesse, on l’enfonce. C’était pour cela que l’italien avait été plus que cruel, pour camoufler sa première réplique. Si Dew n’était pas capable d’être positif, alors ce n’était pas Dew. Ainsi, dès le matin, il était d’humeur habituelle, même si le souvenir du regard de Hurricane lui donnait toujours des petits picotements dans le cœur, alors il n’y pensait pas. Il ne l’avait d’ailleurs pas vu de la journée, peut-être que c’était mieux comme ça, le temps que l’italien se calme un peu. Il devait être devenu comme avant, après s’être refoulé, il allait être comme d’habitude. Et ils allaient pouvoir jouer aux jeux vidéo à nouveau, non ? C’était toujours comme ça, ils s’égueulaient, et le surlendemain, on les retrouvait ensemble. Pourtant cette fois, il avait l’impression que ça n’allait pas être si simple. Une autre nuit passa, et il se décida, le lendemain, à aller le voir. Parce qu’une journée sans lui, c’était ennuyeux à en mourir. Déjà que les cours n’étaient pas très stimulants… heureusement qu’il y avait ses amis. Heureusement qu’il n’était plus tout seul dans sa chambre, heureusement qu’il était bien accompagné. Mais sans Hurricane, ça faisait quand même un vide. Le lendemain donc, il passa la mâtiné à sécher les cours pour faire du baseball avec WildCat, (chose qu’il n’avait pas fait de la semaine, alors il pouvait se le permettre) et passa donc trois heures à entrainer la jeune fille pour qu’elle puisse s’intégrer sans soucis à l’équipe. Après un repos bien mérité, le baseballer s’en alla manger avec ses amis à midi, essayant d’incruster Yuso à la conversation pour qu’il se fasse des amis. Et l’après-midi, il n’avait qu’un cours de treize heure à quatorze heure, puis une heure de colle, et à quinze heure il légumait dans la salle commune. Il légumait et il se rappela qu’il devait aller voir Hurricane, Hurricane qui était surement dans sa chambre. En y pensant, il fallait qu’il lui parle de son projet pour les Etats-Unis, car à présent, plus rien ne le retenait ici. A part une amitié fragile et imprévisible, et il avait beau dire que plus rien ne le retenait, ce lien était atrocement tenace, et il savait qu’il resterait tant qu’il l’avait. Alors qu’il regardait la télévision, Candy passa près de lui en racontant ses ragots à ses amies, laissant flotter ses cheveux roses et sa sournoiserie verbale derrière elle. Et le baseballer ne put que se reforger à la nouvelle qu’il venait d’apprendre. Alors qu’il n’avait rien demandé, qu’il n’avait pas cherché. Paf, dans ta gueule. Evidement, il fallait que ce soit lui qui entente ça. Ca. Décidément… l’italien le surprendra toujours. Mais un de plus ou de moins… maintenant ça n’avait plus d’importance, surtout après ce qu’il s’était passé avant-hier. Oui, ça n’avait plus d’importance. Mais fallait croire que ça le soulait plus qu’il voulait le montrer, parce qu’il resta bien dix minutes assis sur son pouf, à fixer le sol, dans un état mi-choqué mi-triste. Puis il se décida à se lever. Soupirant, il s’ébouriffa un peu les cheveux, le regard haineux de Hurricane lui revenant à mémoire. Il n’avait aucune envie de revoir ce regard là. Cependant, il avait envie de le voir. Parce qu’il savait que si leur amitié s’effritait, si de la distance se mettait entre eux, ce n’était surement pas l’italien qui allait essayer d’arranger ça. Le nez dans le placard à jeu de la salle commune, il trifouilla un peu les cartons, essayant de trouver quelque chose d’intéressant.
Intéressant, faisable et drôle. Donc on vire les échecs, parce que Dew était carrément nul à ça… le jeu de go et les dames, idem. Mais évidemment, dans un orphelinat pour surdoués, il ne fallait pas s’attendre à un jeu de parcours avec les pions en pate à modelé qui se faisaient déchiquetés par des machines rigolotes dès qu’ils passaient par la mauvaise case. Là c’était que des trucs pour faire amélioré votre puissant intellect, mais quand on est le dernier de Wammy’s House… on s’en fout un peu, d’améliorer son… « puissant intellect ». Il allait bien trouver un truc sympa, y avait pas de raison. Ah, bah voilà ! … Ca devait être pour les nouveaux orphelins qui arrivent, les mômes de 5 ou 6 ans. Mais c’était un jeu super… intelligent aussi, et puis pour être futur détective y avait pas mieux. Non non, ce n’est pas le Cluedo, mais le fameux « Qui suis-je ? ». Avec les personnes dessinées sur des cartes, et on posait des questions à son adversaire genre « C’est un garçon ? » « Non » et clac, on rabaissait le clapet des cartes illustrant des garçons. Et celui qui découvrait en premier si c’était Mme Dupont ou quoi, avait gagné. Dew jouait parfois à ça avec Lolly, et c’était toujours très drôle. Triomphant, il cala la boite sous son bras, ferma le placard et grimpa les escaliers. Bon, il devrait avoir oublié, non ? Hurricane n’était pas si rancunier que ça… enfin, ça dépendait. Il essayera d’avoir un minimum de tact. Arrivé sur le palier, il parcourait le couloir, saluant les gens qui s’y trouvaient, et finit par se planter devant la chambre de l’italien. Dew attendit un peu, l’oreille aux aguets pour ne pas déranger pendant un moment crucial et embarrassant – et dieu que cette idée lui donnait la rage au ventre – parce que les ragots de Candy le hantaient toujours. Et ça le mettait en boule, et ça le faisait profondément chier. Mais aucun bruit suspect ne se fit entendre. Et qu’aurait-il fait si c’était le cas ? Surement qu’il les aurait imaginés. Que les gémissements et les cris lui aurait donné envie de pleurer, de vomir, de rester cloitrer dans sa chambre. Imaginer ces cries lui donnait des sueurs froides. Alors il se reprit et, après une grosse baffe mental, toqua à la porte. Deux fois. Il attendit un peu, puis la porte s’ouvrit.
- Huh, salut ! T’es occupé ? Désolé de t’avoir énervé avant-hier ^^’ Je me suis dis qu’on pourrait faire une partie – il montre la boite de jeu – Ca te dit ? =D
Sujet: Re: Tak tak slum slum ( Hurricane ) Lun 23 Nov - 12:02
Evidemment, personne ne l’avait suivi ni rattrapé. Ca aurait été pire, remarque, si Dew l’avait empêché de partir, et il le savait bien, mais il ne pouvait empêcher son subconscient de se dire que cet enfoiré aurait quand même pu dire quelque chose ou esquisser un mouvement pour éviter que l’italien ne s’échappe. Bah, il était beaucoup trop con de toutes façons. Au point où l’argenté en était, il ne pouvait plus rien se dire d’autre. Non, il n’avait pas envie de frapper quiconque passerait à sa portée, non il n’avait pas un nœud inexpliqué à l’estomac, non il n’était pas en colère contre Dew et contre lui-même. A vrai dire, il ne savait juste plus du tout quoi penser.
A part le fait que l’expression du brun sous la pluie faisait de la peine à voir. Il secoua la tête pour balayer ces pensées stupides de sa tête, et il arriva trempé comme une soupe dans le hall de l’orphelinat dans lequel se précipitaient les autres enfants qui avaient eu comme lui la bonne idée de sortir dehors sans faire attention au mauvais temps qui se préparait. L’italien bouscula plusieurs d’entre eux, se défaisant par la même occasion de son trop-plein d’émotions paradoxales, avant de grimper deux à deux les marches des escaliers menant aux salles de bain. Sale journée, hein. Il avait horreur d’être mouillé. Dans la glace, en face de lui, l’homme dans le miroir n’avait pas vraiment bonne mine. Il le fixa de longues minutes, observant les gouttes d’eau grise couler le long de ses mèches détrempées, s’écraser sur ses épaules, mouiller davantage des vêtements qui étaient déjà rendus transparents depuis longtemps. Il avait froid, mais c’était un détail. On aurait dit un petit chiot argenté qui venait de se faire virer d’un jardin en se faisant asperger d’eau, c’était profondément pitoyable. Et lui qui croyait qu’il était de ceux qui avaient la classe sous la pluie… raté. Non, en fait, c’était juste parce qu’il était de mauvaise humeur, ça le rendait désagréable à regarder, voilà tout. D’habitude, il ne se regardait pas dans le miroir dans ces conditions. Saloperie de Dew. Saloperie de Duncan à la con, si seulement il pouvait prendre une de ses battes et lui écraser la tête avec et se servir de son crâne comme balle et l’envoyer super loin, ce que ça ferait du bien !
Hurricane : « Tu crois que t’as de l’influence sur moi, hein, espèce de gros attardé ?!! EH BAH TU CROIS MAL !!! »
Le poing brandi en direction du miroir, il n’avait pas pu retenir des râleries un peu trop véhémentes qui lui avaient échappé toutes seules, mais peu lui importait. Ceux qui se trouvaient dans la salle de bain à cet instant précis eurent un léger sursaut, d’aucuns arquèrent un sourcil dans le genre d’expression qu’on voyait si souvent à la Wammy’s, du genre « oula… faudrait voir à se faire soigner, mon vieux… », mais aucun ne fit le moindre commentaire. Encore heureux pour eux, ils auraient pu avoir très mal. Et personne ne voulait avoir très mal, n’est-ce pas ? A la limite, dommage qu’il ne soit pas tombé sur Navy, à cet instant précis elle aurait été d’une utilité intense. L’italien ne les regardait même pas, il avait juste rageusement attrapé un sèche-cheveux pour s’attaquer à sa chevelure comme si elle lui avait fait du mal personnellement, et tenter de sauver ce qu’il pouvait sauver. Putain de pluie à la con. S’il n’avait pas eu besoin d’aller parler à l’autre abruti dégénéré il n’aurait pas pris la saucée sur la tête et il n’aurait pas eu besoin de foutre au sale des fringues qu’il venait juste d’enfiler, et… Bref, le reste des pensées follement positives de notre jeune ami si pacifique ne furent pas très intéressantes et tournaient probablement en rond sur les mêmes sujets depuis plus d’une heure, parce qu’il était obligé de penser à tout ça pour ne pas se rendre à l’évidence : il s’était juste pris une recale. Ah, ce que l’ego peut faire à un homme.
Il avait ensuite pris grand soin de ne pas avoir à supporter la vue de son camarade brun toute la journée qui suivit, et il aurait pu continuer comme ça longtemps, mais il avait oublié que cet imbécile avait tendance soit à pardonner vite, soit à être trop gentil, soit, et soyons sincères, à être complètement con. Peut-être même les trois. Pour revenir le voir après lui avoir fait subir ce qu’il lui avait fait subir, il fallait quand même avoir sacrément de culot, et surtout faire comme si de rien n’était… Mais ce fut uniquement quand le brun eut l’audace de lui proposer une partie d’un jeu stupide que l’italien se rendit à l’évidence. Il avait monté en mayonnaise quelque chose qui n’avait pas lieu d’être. Le brun n’avait sans doute réellement pas compris l’allusion, et il n’avait pas du tout répondu en l’occurrence. Il aurait du le sous-estimer, comme d’habitude.
Dew : « Huh, salut ! T’es occupé ? Désolé de t’avoir énervé avant-hier ^^’ Je me suis dis qu’on pourrait faire une partie… Ca te dit ? =D »
Que pouvait-il bien répondre à ça à part le regarder d’un œil torve sans rien dire, hésitant entre lui balancer la sono à la figure ou se lever pour le mettre dehors à coups de pied ?… Il se leva de son bureau et s’approcha du brun, les sourcils froncés, avec son expression de « don’t fuck with me ».
Hurricane : « Jsais pas si t’as remarqué, mais j’étais très occupé là… Et toi tu viens me voir avec un jeu complètement con, pour je ne sais quelle raison… Et t’as cru que j’allais te dire d’entrer et m’asseoir pour jouer avec toi ? Désolé de briser tes nobles intentions, mais dégages. »
Là, il aurait aimé lui claquer la porte au nez, mais fail, parce qu’il était trop loin de la porte. Frustré, il fut donc obligé de se contenter de croiser les bras et assassiner le brun du regard, comme d’habitude. Mais le brun allait insister, il insistait toujours. Hein ?
Invité
Sujet: Re: Tak tak slum slum ( Hurricane ) Mer 25 Nov - 0:10
Un coup d’œil à l’intérieur, avec la discrétion d’un baseballer, et Dew remarqua que Hurricane était sagement installé à son bureau. Et qu’il s’était retourné, et qu’il le regardait d’un sale œil. Bon, juste que là, rien d’inhabituel. Mais c’était drôle de le voir, à son bureau, comme ça, tranquille. Tranquille. Et de se dire que dans ce lit, à un mètre ou deux de lui, des choses s’étaient passées. Mais maintenant il était à son bureau, seul dans la chambre. C’était assez étrange d’essayer d’imaginer tout ce qu’il s’était passé dans cette chambre, comme une vidéo qui se rembobinait. On voyait les personnages bougeaient rapidement, en accéléré, refaire tout ce qu’ils avaient fait. Ce qu’ils avaient fait plusieurs fois, plein de fois. Une routine, les draps qui se déformaient, qui se remettaient bien, qui bougeaient à nouveau… cette chambre qui avait une odeur particulière. Oui, on pouvait dire que Dew était obsédé par ça. Par toutes ces rumeurs qui circulaient sur Hurricane, par Hurricane lui-même, par tout ce qui touchait de près ou de loin à lui. C’était clairement handicapant. Surtout quand il sentait que c’était totalement décalé comme pensée, que personne ne pensait comme lui. C’était tellement étrange parce que quand il pensait à Hurricane, il ne se voyait pas lui faire des choses. Il n’arrivait pas à s’imaginer faire avec lui ce que l’italien faisait avec les autres. Bizarrement non, il ne se voyait pas en train de faire ce genre de choses avec lui. Comme s’il avait trop de respect, comme s’il n’était pas intéressé par Hurricane dans ce sens là. Non, pas ce sens là. Il était intéressant par lui, par son caractère, sa présence, son esprit, ses mimiques. Toutes ces choses que ses amants ne voyaient pas. Ou du moins, qu’ils ne voyaient pas comme lui le voyait. Et le baseballer avait beau se dire qu’il ne pouvait pas concevoir faire ça avec Hurricane, comme si c’était dégradant pour l’italien, il ne pouvait s’empêcher d’en rêver la nuit. Rêves qui, au réveil, lui faisait penser "I’m the worst". L’italien se leva et s’approcha. Un peu. Et il déclara en quatre phrases ce qu’il pouvait dire en un seul mot. Le mot final d’ailleurs : dégage. Amusé par tant de manière, Dew ne put réprimer un sourire. Parce que bon, se lever et faire un monologue pour le faire partir, c’était pas le meilleur moyen… Ca prouvait au contraire qu’il avait son attention et le droit à son éloquence oratoire. Et ça, c’était plus satisfaisant qu’autre chose. Alors non, Dew n’avait pas à insister, parce que pour ça, il fallait déjà qu’on arrive à le rejeter sans qu’il ne prenne cela pour une invitation. Là, en l’occurrence, c’était raté. Sans gêne, il entra donc dans la chambre et ferma la porte derrière lui.
- Haha, allez, juste une partie ! Ca prend même pas deux minutes =D
Hurricane avait l’air sévère, les bras croisés, planté comme un piquet au milieu de la pièce. C’était assez comique. Comme s’il essayait de repousser Dew avec des ondes qui sortaient de sa rétine pour venir lui souffler dessus afin de le faire reculer, millimètre par millimètre. Bravant la tempête de ce regard assassin sans mal et sans aucun effort, le baseball s’approcha de lui pour lui cogner gentiment l’épaule. Puis avec un grand sourire parsemé de « Allez ça te fera pas mal, tu verras, ça rappelle des souvenirs ces jeux là ! » il retourna Hurricane et plaqua ses deux paumes sur son dos frêle pour le pousser vers le lit et le faire asseoir dessus. Lit où il s’assit sans délicatesse en rebondissant un moment dessus, avant de mettre le carton de jeu entre eux. Quand il y pensait… il aimerait tellement savoir. Parce que ça ne servait à rien de retarder son voyage aux Etats-Unis sinon. Ca ne servait rien d’attendre deux ans à encaisser un désir qui lui faisait plus mal qu’autre chose. Mais il ne pouvait pas partir sans savoir, non il ne pouvait pas laisser sa chance passée. Est-ce qu’il en avait une ? Allez savoir. Pour Dew, pour cet optimiste dans le vent, il devait le tenter. Et tant pis s’il se ramassait, il pourrait partir en Amérique sans regret. Libre. Sans sentiment de doute qui lui pesait, parce qu’il aura tout misé, il aura tout tenté. Et bon… si ça échouait, ça échouait. Mais il devait tenter. C’était totalement fou d’ailleurs… lui qui deux jours plus tôt, était parti sur le principe de ne jamais, jamais lui dire. Il s’était rendu bien vite à l’évidence qu’il ne faisait que retarder infiniment la souffrance qui sera la sienne, de quelque manière que ce soit. Que ce soit dans un mois, un an ou deux, il fallait bien qu’il parle, et il fallait bien qu’il vérifie qu’il n’oubliait rien d’arrière lui. Et à quoi servait d’attendre alors qu’il n’avait plus rien à faire ici ? Rien à faire, juste espérer et perdre deux ans si jamais ces espoirs étaient vains. Et pourquoi attendre pour les vérifier ? Mais là… maintenant, c’était trop abrupt. Le baseballer retira le jeu de la boite et retourna les deux plateaux avant de placer le rouge face à Hurricane et le bleu face à lui. Un visage sur chaque carte, caricaturé. Bizarrement, il n’y avait que cinq femmes. C’était un vieux jeu on dirait. Les caractéristiques étaient clairement visibles : le nez, gros ou petit, la bouche, grosse ou petite, les cheveux, un chapeau ou pas, des lunettes ou pas, les yeux… classiques. Dans le tas de cartes, Dew choisit George. Un chapeau, yeux marron, cheveux blancs, petit nez, petite bouche, une moue triste et un visage carré. Il donna ensuite le paquet à Hurricane pour qu’il choisisse. Et son cœur battait à tout rompre, parce qu’il hésitait horriblement. Est-ce que c’était le bon moment ? Merde. S’il ne le disait pas maintenant, jamais il ne pourrait le lui dire. Jamais. Un nœud dans le ventre, il regardait les cartes pour s’occuper les yeux. Parce quand il se disait qu’il ne pouvait pas penser faire des choses à son meilleur ami, c’était parce qu’il ne l’avait pas là, devant lui, sous les yeux. Parce que ce n’était pas du tout la même chose. Pas du tout. Le fait était aussi que Hurricane avait de quoi impressionner, un peu, par son habitude, son caractère. Dew ne se laissait pas impressionner par les mimiques de Hurricane. Mais là, ce n’était pas pareil. Là il avait la bouche sèche, parce qu’il avait des mots sur le bout de lèvres. Vraiment si prêt à sortir… mais dès qu’il ouvrait la bouche, ses mots se ravalaient d’eux même, comme aspirés. Et il se retrouvait avec la gorge bloquée. Le ventre noué. Le visage indécis, torturé par un choix crucial. Ca se voyait, qu’il avait quelque chose à dire. C’était d’autant plus gênant, parce qu’il n’arrivait pas non plus à poser une question débile pour commencer le jeu de société. Parce qu’il savait que s’il ne le disait pas maintenant… quoique. Il avait autant de temps qu’il voulait pour le dire. Mais il sentait qu’à chaque fois qu’il retarderait le moment de vérité, l’Amérique s’éloignera de lui. Il aura perdu du temps, soit du temps dans sa formation de baseballer, soit du temps auprès de Hurricane. D’ailleurs, laquelle de ces deux avenirs il préferait ? Le mieux serait les deux. Mais il ne fallait pas rêver. Dans le meilleur choix, si… la fortune lui offrait la faveur qu’il attendait, alors il resterait sans doute là. De toute façon, il avait encore beaucoup à apprendre ici. Pour l’instant, il avait juste un blocage assez important. Parce qu’il avait l’impression que sa vie se décidait là. Parce qu’il n’avait jamais dit des choses comme ça, lui. Parce que d’habitude il était toujours la personne a qui on le disait. Parce qu’il n’avait jamais senti un stress aussi important, aussi intense, aussi atrocement handicapant. Mais il suffisait de le dire d’un coup, d’une traite, et la seconde d’après c’était fini non ? Comme une piqûre, une épilation, un truc douloureux à faire clair et net. Sans hésiter. Sans réfléchir. Ah il l’avait dit. C’est bon il l’avait dit. Sa voix était sortie, sans hésitation, d’une traite mais sans rapidité, avec un calme gêné, alors qu’il était assis sur le lit, en tailleur. Les mains sur ses pieds croisés, il ne s’était jamais senti plus mal à l’aise que pendant ces dernières secondes. Il avait l’impression d’avoir dit… une énorme connerie. Parce que ces mots, dans le silence, étaient comme indélébiles, sous lignée de rouge et encadré de la même couleur. Pour le dire net : il avait carrément la trouille. Parce qu’il l’avait dit. Brisant ce silence. C’était bien la première fois qu’il demandait une chose pareille… Ils étaient prêts à jouer à ce jeu et… et le voilà qui disait ça. Faisant clairement comprendre que le jeu n’était qu’un prétexte. Anxieux, la lèvre mordue, il sentait son cœur battre à lui en arracher la poitrine. Ses oreilles étaient rouges et il entendait clairement les battements de son organe vital dans ses tempes, le ventre et la gorge noués. Il n’arrivait pas à croire, à réaliser qu’il l’avait dit. Après des mois d’amour secret, le voilà qui demandait à son meilleur ami de sortir avec lui. Ca sonnait tellement stupide. Après toutes les étapes de doutes dans lesquelles il était passé, après toutes ses questions qui lui avaient torturé l’esprit, voilà qu’il avait… tout concrétisé. En une phrase. Qui aurait cru, il y a quelques mois, qu’il viendrait à lui demander ça ? Surement pas lui. Lui qui, quelques mois à peine, ne voyait en Hurricane qu’un ami. Pourquoi est-ce que ça a évolué ? Pourquoi… alors qu’il l’appréciait comme un ami… il avait dévié ? Il ne pouvait pas le dire. Ca s’était développé en lui, lentement. Il n’avait rien vu venir, il n’avait vraiment rien vu venir. Il avait nié tellement de temps, il avait trouvé ça tellement stupide, tellement délirant comme idée. Et maintenant, il était assis sur ce lit, rouge, avec le regard d’un chien blessé qui attendait le coup de fouet. Parce que cette situation était angoissante. Que mine de rien, il y jouait son avenir, ses sentiments. Sentiments qui fragilisaient cet adolescent déjà bien sensible. Pourtant… pourquoi jusque là, il n’avait jamais aimé. Jamais aimé comme ça. Au point d’avoir si mal au creux du ventre, au point de ne pas demander ça avec un sourire, au point de ne pas aborder un air cool et confiant. Et il fallait que ce soit à Hurricane. Que celui qui avait droit à le rendre si faible était celui lui désirait profiter de ses faiblesses pour le lapider. Celui qui le détestait chaque jour plus qu’il ne le pensait. Mais il s’était jeté à l’eau, il venait de lui demander. Il fallait être suicidaire. Ou alors con. Ou alors super optimiste. Ou alors un gros crétin optimiste. En plus… sortir avec lui c’était de l’utopie. Puisque même ceux à qui il donnait son corps n’avaient pas le droit d’être appeler "petit ami". Puisqu’il ne sortait pas avec les gens, mais il vivait juste des aventures avec eux. Il ne pouvait pas être une aventure, et il n’y avait d’ailleurs aucune chance pour qu’il le soit. Alors petit ami, pensez bien… Vraiment, il ne voyait pas Hurricane se consacrer à une personne, seulement une personne. Est-ce qu’il était fidèle ? Aucune idée. Envers des gens comme Toby oui mais… mais si Dew avait demandé ça, c’était pour l’avoir. Utopie. L’avoir et ne le céder à aucun autre. Bannir ses amants, avoir l’exclusivité. Non pas l’exclusivité du fait qu’il fera des choses avec lui, mais l’exclusivité qu’il ne fera pas de choses avec les autres. L’enfermer dans une prison dorée. Non non, Hurricane n’était pas garçon à se laisser enfermer. Il devra le laisser libre, le laisser filtrer avec d’autre, et être juste celui qui à le titre de copain. Juste le rendre heureux. Huh, pourquoi il pensait comme si c’était oui d’avance ? Le désir engendre le rêve qui engendre l’imagination. Il allait devenir fou à force. A force d’imaginer les possibilités d’un oui, et de se prendre un non dans la poire. Cesser de rêver, revenir sur terre. Sur terre, là où il était si mal à l’aise en ce moment même. Tambour dans ses oreilles, feu sur ses joues et regard embarrassé, petit chien suppliant.
L'avoir dit, comme ça... c'était de la folie. - En fait… je me demandais si ça te dirait de sortir avec moi.
Dernière édition par Dew le Ven 27 Nov - 19:25, édité 1 fois
Sujet: Re: Tak tak slum slum ( Hurricane ) Jeu 26 Nov - 12:35
Ca aurait pu être une journée tout à fait comme les autres, avec Hurricane en rogne et Dew motivé, avec un jeu débile et des répliques désagréables à sens unique, quelques sourires, quelques grognements, quelques minutes passées tous les deux sans autre raison que la stupidité de Duncan. Ca aurait dû être comme ça, d’ailleurs. Ce qui était en train de se produire n’avait aucune explication rationnelle. Pas que l’italien exige de la rationalité partout, mais à ce niveau-là, ça relevait du surnaturel.
Quoi ?
Hein ?
Quelques mots prononcés de but en blanc, out of the blue, par ce mec assis sur le lit en face de lui, et il eut soudain l’étrange impression que le temps s’était arrêté.
What… the… fuck…
Il lui fallu de longues, très, très longues secondes pour que le message lui arrive au cerveau, qu’il l’analyse, et qu’il puisse faire autre chose que regarder Dew fixement, avec des yeux écarquillés, une expression qui déformait son visage adolescent d’une émotion mêlant surprise et incompréhension la plus totale. Il avait sans doute mal entendu, ça ne pouvait pas être autrement. Il devait y avoir un double sens, quelque chose. Le baseballer voulait peut-être juste aller dehors. Mais dans ce cas, son expression à lui n’aurait eu aucune raison d’être non plus, il avait l’air terriblement gêné et perturbé d’avoir soudain dit ça…
Heh…?
Pourquoi ? Encore cette éternelle question qui le tourmentait et qui l’empêchait d’avoir une réaction correcte. Pourquoi maintenant, pourquoi soudain comme ça, pourquoi ça ? Quel plan foireux le brun préparait-il encore ? Pourquoi fallait-il qu’il se joue de ses émotions comme ça, comment faisait-il pour lui faire perdre ses moyens avec une simple petite phrase complètement stupide qu’il n’aurait jamais du prononcer ? C’était à n’y rien comprendre. Et son petit cœur fermé qui battait la chamade, ça n’aurait pas du non plus. Pas venant de lui. Et pourtant, n’était-ce pas au fond ce qu’il voulait, ce qu’il attendait, et ce que son ego surdimensionné lui avait empêché d’avouer ? Non, non, impossible. S’il sentait sa poitrine se contracter de cette façon à chaque battement de cœur, il y avait une explication très simple, ça devait être juste la surprise, oui voilà. La surprise.
M-..mais…
Il fallait qu’il se reprenne. Il ne fallait surtout pas qu’il laisse traîner cette couleur stupide sur ses joues, il ne fallait pas que ses yeux continuent d’exprimer cette sincère surprise qui pourrait presque passer pour du ravissement. Parce que non, il n’était pas ravi. Très loin de là. Il était bien trop perturbé et trop pris au dépourvu pour pouvoir être content le moins du monde. Et de toutes façons, il était hors de question de sortir avec lui. Rien que le fait qu’il pose la question montrait à quel point cet imbécile manquait de cervelle et de tact. Aucune délicatesse, aucun style, rien. Et pourquoi il lui demandait ça de toutes façons, il avait pas assez de filles à ses pieds ? Il croyait que l’italien avait du temps à perdre avec lui ? Ha ! Quel idiot ! Pour qui il se prenait ?! Il pensait peut-être qu’Hurricane en était à ce point ?! Il cherchait quoi, lui faire plaisir ? Il avait compris pourquoi l’italien avait mal réagi quelques jours avant ? Il pensait que ça pourrait le rendre aimable de proposer une idiotie pareille ? Quel espèce de gros abruti. Il pouvait se fourrer le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Qu’est-ce qu’il croyait, que l’argenté allait le regarder avec de grands yeux qui brillent et lui dire « oh oui *o* ! J’attendais que tu me le proposes ! » et repousser le jeu loin du lit pour lui grimper dessus et s’emparer de ses lèvres pour l’embrasser dans un baiser qui trahirait toute la frustration qu’il avait ressentie depuis l’instant où il avait compris que s’il ne pouvait pas supporter d’être ami avec le sportif, c’était parce qu’il avait besoin de beaucoup plus que ça ? … Le simple fait que ses pensées aillent aussi loin firent se crisper chacun des muscles de l’adolescent qui n’avait toujours pas dit un mot depuis au moins trois ou quatre minutes, et il sentait que son ego allait encore lui faire faire n’importe quoi. Il était incapable de le maîtriser. Même pas foutu de réagir comme il fallait quand il le fallait. Mais là, comment aurait-il pu réagir, sérieusement ? Il n’avait aucune idée des motivations du brun, il ne savait pas ce qui lui prenait, et peut-être que depuis dix minutes il réfléchissait pour rien, et le sportif allait finir par lui sortir avec un grand sourire stupide qu’il avait perdu un pari et qu’il devait lui demander ça pour rire. Là au moins, l’italien n’aurait eu aucun scrupule à lui faire la peau, avant de le virer dehors à coup de pieds, avant de donner un coup de poing dans son mur et se morfondre de… de… de peut-être ressentir quelque chose pour un abruti pareil.
Non, il ne ressentait rien. Il fallait qu’il s’en convainque. Il le fallait, sinon ça allait mal finir, et il n’aimait pas les complications inutiles. Il ne voulait pas montrer de faiblesse, surtout pas à ce type. Bien réagir à cette question, c’était avouer qu’il n’était qu’un imbécile. Il était encore profondément incapable d’avouer ressentir quelque chose, parce qu’il n’était pas habitué, et il avait l’impression que le simple fait d’avoir ces sentiments était une erreur monumentale. Quelque chose qu’il fallait absolument éviter par crainte de souffrir, par crainte de faire des choses qu’il regretterait toute sa vie. Il n’avait plus envie de faire des erreurs. Mais peut-être que c’était en faisant des bêtises qu’on devenait sage…
Il se décida finalement à ouvrir la bouche. Incertain. Il aurait voulu avoir l’air nonchalant, mais il n’y arrivait tout simplement pas. Il n’était rien qu’un adolescent qui se croyait plus dur qu’il ne l’était vraiment. Et ça l’énervait. Dieu que ça l’énervait d’être aussi faible, et de regarder le visage perturbé du garçon en face de lui, et de s’en sentir lui-même perturbé. Duncan était tout rouge. Hurricane ne devait pas avoir l’air plus fin. Mais c’était tout simplement beaucoup trop abrupt pour que ça ne soit naturel. L’atmosphère qui les entourait n’était que tension et sentiment de malaise, et ce n’était guère les sentiments appropriés pour ce genre de demandes.
Hurricane : « … »
Il ouvrit la bouche, la referma. Crispa un peu ses doigts, détendit légèrement ses jambes, sentit sa mâchoire se tendre. Quelles sensations stupides. Il aurait juste du lui dire « non » d’un ton sec. Directement, juste après la question. Là au moins, il aurait eu l’air crédible. Putain !
Ah, elle était belle la réponse. Que de tact et d’élégance. Que de gentillesse, Hurricane. C’était pas ça qu’on répondait quand dans la tête on n’avait qu’une envie, lui sauter dessus. Mais qu’aurait-il bien pu dire ? Il n’avait aucune préparation mentale. Rien. Rien que du néant dans sa tête, et le bruit de son organe vital qui tapait violemment à ses tempes, lui donnant mal au crâne.
Et en fonction de ce qu’allait dire Dew maintenant, soit il le tuerait, soit il… soit il… On verra bien. Il aurait voulu être n’importe où ailleurs que là. D’un autre côté, il le sentait. Le contentement. Il était là, encore caché, mais il était là.
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Sujet: Re: Tak tak slum slum ( Hurricane ) Jeu 26 Nov - 23:29
Et il avait peur. Atrocement peur. Un silence, le plus long qu’il n’ait jamais eu à endurer de sa vie. Seule sa respiration et son cœur créaient une musique, une mélodie effrayante. Une cacophonie angoissante et sinistre qui lui donnait mal à la tête. La surprise, la surprise sur le visage d’Hurricane le paralysait. Alors qu’il n’y avait rien de plus normal. Jamais rien de plus normal que de faire une tête pareille quand un type, qu’on déteste de surcroit, venait de dire ce qu’il avait dit. Une coupe de hache à double tranchant. Hache qui n’allait pas s’attarder à s’abattre sur sa tête, dans un mot acéré, sec, froid : non. Crispé plus qu’on ne pouvait l’être, il avait la paupière de l’œil droit qui s’abaissait un peu, comme quelqu’un qui attendait un coup, qui savait qu’on allait le frapper, qui attendait. Et l’attente était parfois plus terrible que la sentence. Les secondes s’écoulaient. Rien. A part le visage d’un Hurricane qui tombait des nues, un visage qu’il n’osait presque pas regarder. Il avait tout gâché. D’une belle amitié, il allait venir par se retrouver sans rien. Heureusement qu’il avait l’Amérique. Les poings serrés sur son jean, les jointures de ses mains étaient presque blanches, et il avait les bras aussi tendus que des baguettes. Et cette cacophonie à ses oreilles qui le torturait, et ce sang qu’il sentait affluer dans tout son visage, et ce ventre tordu d’angoisse. Dieu qu’il était minable. Il n’aurait jamais du… et il regretta sur le coup. Et pourtant… pourtant quand il y jetait parfois un œil, il n’apercevait pas la colère, le dégout, la répugnance qu’il s’attendait à trouver dans ces yeux perles. Que de la stupéfaction. La fureur allait prendre le contrôle de ce visage, tôt ou tard, il le savait. Quand il réalisera pleinement ce que le baseballer avait dit, il savait que ça allait exploser. Et il redoutait ce moment là avec une appréhension terrifiante. Si ça avait été une fille… si seulement ça avait été une fille. Non, même si c’aurait été une fille, la situation aurait été la même. Parce que même si c’aurait été une fille, si cette fille était Hurricane, il n’y avait pas de raison pour qu’il en soit autrement. Cependant, si c’était une fille quelconque, tout aurait été tellement plus simple. Mais en plus d’être un garçon, Hurricane n’avait rien de quelconque. Qu’importe le sexe, dans tous les cas, il se fera rejeter. Dans tous les cas, il était fou amoureux. En y pensant ça devait faire tellement bizarre pour l’italien de se figurer que Dew… Dew l’hétéro, ce garçon aussi banal qu’une chaise en bois, était amoureux de lui. Quoique… quoiqu’il n’avait encore rien dit. Rien de tout. Juste sortir avec lui. C’aurait été pire s’il lui avait dit qu’il l’aimait. Jamais il ne pourrait le lui dire… Ca lui faisait penser à cette chanson tiens. La chanson que Ghost et Willow avaient chanté dans le couloir un jour, avec un banjo : "Je me couche mais ne dors pas, je pense à mes amours sans joie, si dérisoires. A ce garçon beau comme un dieu, qui sans rien faire a mis le feu, à ma mémoire. Ma bouche n'osera jamais lui avouer mon doux secret, mon tendre drame. Car l'objet de tous mes tourments passe le plus clair de son temps aux lits des femmes." C’était tellement ça. Il se sentait comme un vieux gay amoureux face à un hétéro frivole. Alors que c’était lui l’hétéro, et Hurricane le gay. Il se sentait comme si un monde les séparait. Désillusion de l’amour, il testait, et croyez-le, ça faisait mal. Ca faisait atrocement mal. L’ambiance était lourde, pesante et accablante. Le scène était étrange, deux garçons assis sur un lit... l'un stressé, l'autre terrifié. Et Dew sentait le poids de l’attente lui déboiter les épaules. Crack. Une à une, c’était comme si ses articulations lâchaient. Ca allait faire quoi ? Déjà cinq minutes. Ca n’avait l’air de rien, mais chronométrez cinq minutes, restez là à regarder l’écran, sans musique ni rien, et vous verrez. Vous verrez à quel point c’était atrocement long. Comme si Hurricane avait tout planifié pour le faire souffrir un maximum. Il le faisait languir, il le faisait suer. Alors qu’il allait lui dire "Va te faire foutre, Duncan." Heureusement qu’il l’avait pas avoué ses sentiments. Sentiments honteux et imbéciles. Il se serait fait jeter tout de suite. Mais là, sortir. C’était comme si, niaisement, il lui demandait à être un de ses amants, sans savoir qu’aucun ne sortait avec lui, et qu’aucun, lui compris, ne le fera sans doute jamais. Ce n’était pas ça. Il voulait l’avoir, possessivement, être à lui, aussi. Il ne voulait pas le sauter. Non, sûrement pas. Il ne voulait pas faire partie de ceux qui entraient dans la chambre de l’italien et repartaient, un quart d’heure plus tard, en remontant leurs braguettes. Ces gens-là le répugnaient. Mais comment faire comprendre à Hurricane qu’il voulait avoir l’exclusivité, qu’il voulait être le seul, sans lui avouer son misérable secret ? Comment lui faire comprendre qu’il n’était pas comme les autres, qu’il n’utilisait pas le terme "sortir" pour alimenter le seul désir de se le faire ? D’ailleurs, il se demandait lui-même pourquoi il pensait ça. C’était con. Qu’importe la façon dont le baseballer avait demandé la chose, ce sera non. Il avait acheté un ticket pour la souffrance. Et il attendait son tour. Combien de minutes déjà ? Il ne comptait même plus. Sa demande flottait toujours au dessus de lui en rouge. Le silence qui l’avait suivi disait ce que ça voulait dire : il s’était pris un vent. Un bon gros vent. C’était ça le pire. Comme quand vous racontez une blague, vous préférez qu’on vous dise "Eh beh, qu’est ce qu’elle est nulle ta blague." qu’un silence. Un long silence. Il se mordit la lèvre un instant. Ca faisait mal. Ca l’essoufflait de stresser comme ça, d’être en alerte permanente, d’avoir chaque muscles crispé. Et ce mal de tête, et ce nœud au fond du ventre. Assez, c’était assez. Il n’avait pas besoin de réponse de toute façon, le silence était bien suffisant. Il avait compris, c’est bon. Assez. Abandon. Plus de silence, c’était trop cruel. A bout, le baseballer ouvrit la bouche, prêt à faire comme si de rien n’était, prêt à proposer de commencer la partie. Parce qu’il ne supportait plus ce silence, ce silence qui le tuait lentement.
- Qu’est-ce que t’as ? T’es devenu dingue ?
Silence qui se brisa de tout son long. La réplique était tellement inattendue que Dew avait bien failli sursauter. Les yeux rivés sur ses pieds, le cœur serré, il… ne savait pas comment réagir. Pas de non. Pas de oui. Une question. Légitime, ça va de soi. C’était évident qu’avant de l’enfoncer, Hurricane avait besoin d’explication. C’était évident que sa demande requérait des explications. C’était évident que s’il ne les avait pas données d’entrée, ce n’était pas pour rien. Il aurait pu faire une pierre de coup, il aurait pu lui dire je t’aime, il aurait pu lui demander de sortir avec lui. Mais il n’avait pas besoin de prendre sur lui pour dire les deux, puisqu’il se prendra sans doute une réponse négative. Fallait mieux sauver ce qu’on pouvait sauver. Maintenant il ne fallait pas qu’il réponde sans réfléchir. Pitié, Dew, pour une fois, réfléchi avant de parler. Fais attention à ce que tu dis. Même s’il savait qu’il n’avait aucune chance, quelque chose le surprit beaucoup : aucune marque d’agressivité. Hurricane était peut-être gêné, exaspéré, suspicieux. Mais pas de colère. De la compassion ? Ou de la pitié. Qui sait. L’anglais leva un œil vers Hurricane. Bon dieu, qu’est ce qu’il avait envie de le serrer dans ses bras, de lui dire de ne plus aller voir personne, de lui dire de rester avec lui, de lui faire sentir ce cœur qui bat pour lui. C’était niais, qu’est ce qu’il était niais. La gorge sèche, il essaya de paraître un minimum décontracté, un minimum naturel, même si le rouge de ses joues ne l’était pas.
- Non je…
Il en avait marre, être stressé et contracté de partout, c’était vraiment pas son truc. Vraiment pas. Il se sentait compressé, oppressé, avec une pression horrible sur lui. Evacuer vite, au plus vite, respirer. Soudain, un rire nerveux. Le rire de celui-ci qui se pisse presque dessus tellement il a la trouille. Le sourire de celui-ci qui passait un oral du bac. Vraiment embarrassé, vraiment pas naturel.
- Ok ok, je suis peut-être un peu dingue ! Mais je me disais juste…
Et maintenant ? Qu’est ce qu’il pouvait bien dire. Ca va faire quelques mois que je me suis aperçu que peut-être il se pourrait qu’il y ait une forte probabilité pour que je puisse à priori avoir quelques vagues sentiments pour toi de l’ordre d’une affection poussée ? Ridicule. Oh il pouvait très bien le dire avec la même spontanéité que sa connerie de dix minutes plutôt, mais une connerie par jour, c’était largement suffisant. Surtout des conneries comme ça. Il ne voulait pas que Hurricane meurt d’une crise cardiaque.
-… qu’on pourrait passer plus de temps ensemble comme ça.
Eh comme d’habitude, il avait oublié de réfléchir un peu avant de parler. C’était comme s’il essayait de reculer, de se rétracter. De sortir avec lui "en toute amitié" pour ainsi le kidnapper à ses amants et jouer plus souvent aux jeux vidéo avec lui. D’avoir le privilège sur les autres juste pour passer plus de temps avec lui, entre bons copains, à la seule différence que l’italien devra passer du temps à jouer aux jeux vidéo avec lui plutôt que de s’occuper avec des amants. En gros, sortir avec lui pour être privilégier sur son emploi du temps. Ca sonnait idiot. Embarrassé, il essaie immédiatement de se rattraper, rouge, mal à l’aise.
- Alors je tente ma chance ^^’
Non, tu t’enfonces, tais toi. Maintenant ça sonnait comme un vieil ivrogne dans la queue d’une maison close.
- ...Comme les autres.
Sourire gêné peint sur le visage avec un haussement d'épaule, alors qu’il venait de rajouter la plus grande connerie qu’il aurait pu rajouter, qu’il venait de surligner en fluo son manque de tact déjà suffisamment évident, qu’il venait de sous-entendre tout le contraire de ce qu’il pensait. Le stress avait vraiment un effet négatif sur lui. Et il se grattait la nuque, comme un puceau face à la "la fille qu’il parait qu’elle est chaudasse et qu’elle te fait une peupi rien que si tu te pointes chez elle", alors qu’il s’était juste horriblement emmêlé les pinceaux. Alors qu’il était juste fou amoureux de ce type en face de lui.
Sujet: Re: Tak tak slum slum ( Hurricane ) Lun 7 Déc - 13:26
Dew ne l’avait jamais marqué comme un être particulièrement brillant. Il ne pouvait donc pas décemment lui en vouloir de ne pas savoir s’y prendre. Il ne pouvait pas lui en vouloir non plus de dire des conneries à tout bout de champ et ne pas s’en rendre compte apparemment. En gros, il ne savait pas comment réagir, parce que dans sa tête, c’était le bordel, il n’y avait pas d’autre mot. Et que penser des quelques phrases que l’imbécile de service ajouta pour tenter de se défendre ? N’était-ce pas plus pitoyable que tout ? Très sincèrement, il avait vu des filles mal fagotées et timides se débrouiller mieux que ça pour tenter de séduire un garçon… Aucun mérite. Dew brillait plus que jamais par son idiotie chronique. Devant l’italien, un garçon qui semblait mal à l’aise, avec une expression qui aurait presque pu être attendrissante. Enfin, en réalité, elle était totalement attendrissante, inutile de nier, mais à cet instant précis l’argenté n’avait pas envie de se concentrer sur des détails pareils. Il y avait plus important à régler.
Dew : « Je me disais juste qu’on pourrait passer plus de temps ensemble comme ça.. »
Quoi ? De la colère ? Ah, oui. Il aurait du, sans doute, froncer les sourcils, serrer les poings, en abattre un sur sa tête de demeuré pour bien lui faire rentrer dans le crâne qu’il n’avait aucune chance et qu’il n’avait plus qu’à aller se pendre ou trouver quelqu’un d’autre pour lui servir de bouche trou. Parce que ça ne pouvait pas être autrement, et le brun venait de l’avouer lui-même. « Passer plus de temps ensemble », mon cul oui. Il devait certainement avoir peur d’une nana qui voulait sortir avec lui et il avait envie de pouvoir lui dire en toute sincérité « je suis déjà pris =D » pour éviter d’avoir à trouver des raisons pour la recaler. Quel enfoiré quand même… La colère aurait définitivement du être l’émotion qu’il ressentait le plus après une telle demande et de tels arguments pour la justifier. Mais elle n’était pas là. Pas parce que Hurricane se sentait tout chaud à l’intérieur, pas parce qu’il s’apprêtait à accepter, non, simplement il se sentait particulièrement détaché, calme, et désintéressé, parce que garder un air surpris ou même se mettre en colère montrerait que ce que venait de dire le brun avait de l’importance pour lui, et il ne fallait surtout pas que ce dernier s’en rende compte. Il fallait qu’il comprenne que l’italien n’en avait rien à faire et qu’il était même presque prêt à lui rire au nez avant de le coller à la porte, en haussant les épaules et en lui disant qu’il fallait sincèrement qu’il se fasse soigner.
Dew : « Alors je tente ma chance ^^’ … comme les autres. »
Les autres. Voilà donc son argument principal ? Les autres ? Quels autres ? Ah, ces autres-là. Hurricane sentit ses muscles se crisper légèrement, mais il s’efforça de ne pas bouger, il fit de son mieux pour ne pas gigoter ni changer de position, ce qui révélerait qu’il était mal à l’aise et que ce que le brun disait avait un impact direct sur son humeur. La gestuelle et son importance capitale… D’un autre côté, il était peu probable que ce sportif sans cervelle soit capable d’analyser le moindre de ses mouvements, mais on ne savait jamais. A tous les coups la seule qualité requise pour jouer à ce con de sport c’était d’être capable de voir les mouvements discrets des autres… Bah, pourquoi se prendre la tête, il commençait à se dire n’importe quoi, de nouveau. Parce qu’il ne savait plus quoi penser. Donc, il ne bougea pas. Il se contenta de se gratter la nuque et l’épaule, mais pas dans la même attitude gênée que le brun. Plutôt avec cet air de « Tss… », le regard dévié sur le côté, les sourcils à peine froncés, une expression concentrée sur son visage adolescent.
Les autres. Alors il ne pensait pas qu’aux choses de l’amitié. Quel espèce de… Son indécence, son manque de tact, sa stupidité et son audace réussissaient vraiment à le surprendre, à chaque fois. Il voulait quoi ? Il cherchait quoi ? Marquer son territoire ? Et puis quoi encore ? Ils n’étaient même pas amis…
Et puis les autres ne tentaient pas leur chance ! C’était Hurricane qui choisissait ! Enfin ça c’était ce qu’il voulait se faire croire, mais il refusait obstinément de se laisser faire dans ce domaine. Et le brun n’avait aucun commentaire à faire sur ce sujet. Il se tapait qui il voulait où il voulait. Et personne n’avait quoi que ce soit à dire sur ça. Hors de question d’appartenir à quelqu’un, de s’enfermer dans une relation qui l’empêcherait de faire ce qui lui chantait, hors de question d’avoir quelqu’un d’important dans sa vie. Auto-matraquage mental. Particulièrement inutile, parce qu’il sentait aussi le désir naturel d’être gardé précieusement et de rendre quelqu’un jaloux à bon escient. Quelqu’un en particulier. Quelqu’un qui était assis là en face de lui et qui voulait sortir avec lui mais qui était définitivement trop con. Il pensait qu’Hurricane pourrait accepter ?
Je pensais que tu me connaissais mieux que ça, baseball freak !
Pas de colère, donc, mais une sensation désagréable qui lui torturait le ventre. Celle de son ego qui lui ordonnait de lui obéir. La seule entité qui pouvait lui donner des ordres, et celle aussi qui lui gâchait particulièrement la vie, mais qui faisait sa personnalité aussi.
Hurricane : « Pourquoi ? Tu me veux quoi ? Je te répète que je suis pas ton ami, alors tu crois qu’en sortant avec moi ça arrangera les choses ? Tu penses que si je sors avec toi, je passerai mon temps en ta stupide compagnie ?! Tu crois que tu passeras avant tout le monde ?! »
Ah, finalement, la colère finissait toujours par montrer le bout de son nez. Elle ne pouvait pas s’en empêcher, hein.
Hurricane :« Et moi qui croyais avoir vu le summum de ton imbécilité ! »
Mais qu’est-ce que tu racontes, William ? Pourquoi tu t’es redressé pour lui hurler dessus d’un ton sifflant ? Pourquoi tu n’assumes pas la réalité ? Combien de temps vas-tu encore fuir l’évidence ?
Hurricane :« Et après quoi ? On va se promener en se tenant la main, et on dormira ensemble, et on s’embrassera fougueusement au détour d’un couloir ?!! »
Ah, évidemment, il avait fallu qu’il fasse le malin, mais ça n’avait eu aucun autre effet que le faire rougir brutalement, comme une gamine. Putain de sang à la con.
Hurricane :« … Casses-toi de ma chambre Duncan ! »
Restes, et oblige-moi, espèce de crétin. Si tu m’obéis je vais encore tout gâcher. Fais chier.
Invité
Sujet: Re: Tak tak slum slum ( Hurricane ) Sam 12 Déc - 13:08
La situation était inconfortable. Vraiment très inconfortable. Dans cette chambre silencieuse, l’air désintéressé, voir méprisant de Hurricane, régnait en maître. Il n’osa pas le regarder non plus, jetant quelquefois des coups d’œil discret, le fixant en cachette. En cachette, il avait l’impression de tout faire en cachette. Regarder, savourer, aimer. La peau de l’italien lui semblait comme de la porcelaine. Ca n’avait rien à voir avec les tourbillons de choses qui lui traversaient la tête, mais il se disait vraiment… ouais, il se disait qu’il avait une peau de porcelaine. Et il fixait sa gorge, Dew. Il regardait l’interdit de ses yeux chocolat, Dew. Et il rêvassait, fatigué de stresser, d’avoir mal au ventre, d’avoir un semblant d’espoir. Après l’embarras, l’air vague de celui qui se savait condamné. En parlant des autres, il se dit que ça pouvait porter à confusion, il se dit qu’on pourrait croire qu’il voulait le sauter, comme les porcs qui faisaient la queue devant sa porte. Non, il n’avait fait qu’exprimer sa jalousie. Non qu’il soit jaloux de leurs ébats sexuelles avec l’italien, mais plutôt qu’ils… que mine de rien, pour que Hurricane accepte ce traitement, ils avaient ses faveurs. Il leur donnait la priorité. Dew ne voulait pas être comme eux, non, parce qu’il ne voulait pas être traité comme les autres. Certes ils avaient la priorité, mais Dew visait plus haut. Ce garçon amoureux visait l’exclusivité. Aussi… s’il ne parlait pas de sexe, c’était qu’il avait peur de passer dans ce monde. De passer complètement dans ce monde, de se noyer de la tête au pied. Après ces dires, le baseballer avait ouvert la bouche pour rectifier la possible confusion de ses mots, mais la referma aussitôt. Submergé, il sentait que ça n’y ferait rien. Il sentait que c’était perdu d’avance, alors il fallait mieux ne pas passer pour un gros lourd. Mais bon dieu sa peau, on dirait vraiment de la porcelaine.
- Pourquoi ? Tu me veux quoi ? Je te répète que je suis pas ton ami, alors tu crois qu’en sortant avec moi ça arrangera les choses ? Tu penses que si je sors avec toi, je passerai mon temps en ta stupide compagnie ?! Tu crois que tu passeras avant tout le monde ?!
C’était tellement prévisible qu’il n’avait pas bronché, même si ça faisait du bien de la voir en colère. C’était mille fois préférable à son mépris silencieux. Il lui semblait que la voix de Hurricane était extrêmement lointaine qu’elle ne l’atteignait même plus. Il arrivait un niveau où, à force de stresser, de se sentir mal à l’aise, d’avoir peur à chaque mot, tout nous passait à côté. Des brides lui parvinrent cependant. Ce qu’il voulait ? Oh, c’était bien simple. Il voulait qu’il cesse de fricoter avec toutes ces personnes qui ne le méritaient pas, toutes ces personnes qui ne voyaient en lui qu’un corps magnifique, toutes ces personnes aveugles. Il voulait qu’il le regarde lui, qu’il passe du temps avec lui, qu’il s’attache à lui. Il voulait être ancré dans sa vie, lui faire comprendre à quel point il était exceptionnel, profiter de sa présence. Il voulait avoir droit à ses sourires, sa timidité, son attention. C’était sage, à première vue, ce qu’il voulait. Parce que ces vrais souhaits étaient trop égoïstes pour qu’il ne réalise que c’était là son désir. Parce qu’il le voulait lui tout entier, sa peau, ses lèvres, ses bras. Il voulait son odeur, sa voix gênée, ses joues rouges. Il voulait qu’il pense à lui sans savoir pourquoi, il voulait qu’il ne se lasse jamais de lui, il voulait être aimé de lui. Le savoir à lui, entièrement à lui. Et profiter de lui sans contraintes, être unique à ces yeux, être le seul. Recevoir des sms en pleine nuit, des chuchotements au creux de l’oreille, baisers au coin de la bouche. Désirs vains. Impossible. Autant s’occuper de ceux réalisables, autant ne vouloir que sa présence. Je ne crois pas qu’en sortant avec moi, tu passeras ton temps en ma stupide compagnie, que je passerais avant tout le monde. Pourtant c’est ce que je veux. Hurricane était en colère, et Dew se contenta de se crisper un peu par reflexe.
- Et après quoi ? On va se promener en se tenant la main, et on dormira ensemble, et on s’embrassera fougueusement au détour d’un couloir ?!!
- Huh, je comptais pas aller jusque là… je veux juste…
Il avait redressé la tête, les joues un peu rougis, si celles de Hurricane l’étaient pas colère, celle de Dew l’était par gêne. Se tenir la main, dormir en ensemble, s’embrasser, c’était ce qu’il voulait, oui, sérieusement, c’était ce qu’il voulait. Mais non, il n’avait jamais compté aller jusque là. Il voulait juste…
- Être plus proche de toi.
- … Casses-toi de ma chambre Duncan !
L’Amérique l’attendait. Est-ce qu’il serait heureux, une fois en Amérique, de savoir qu’il avait tout tenté ? Il n’aurait pas de regrets, n’est ce pas ? Sauf qu’il avait le sentiment de ne pas avoir tout tenté. Parce que c’est après avoir tenté tout ce qui était en son pouvoir qu’il pourrait partir sans regret. De toute façon, maintenant… il n’avait rien à perdre. Il s’était déjà enfoncé bien suffisamment auprès de Hurricane, sur ce terrain glissant. Alors quitte à s’enfoncer, il pouvait s’y noyer. La rage et le rejet de l’italien avait retendit contre ses oreilles, ses yeux perle le foudroyant. Et Dew le regardait de ses yeux chocolat, interdit pendant un instant. Yeux qu’il baissa. Le visage contre les draps, les coudes enfoncés dans le matelas, les mains liées vers le haut. Ce qu’il pouvait être stupide, à se prosterner comme ça. Il ne voyait rien, il sentait son propre souffle contre ses lèvres. Cri étouffé.
- Sors avec moi !
Une voix forte, suivit par des prières plus douces. Il y voyait que dalle, le nez contr le matelas.
- Sors avec moi. Je serai prêt à retarder encore mes études aux Etats-Unis si tu acceptais ! Alors s’il te plait, sors avec moi.
Il lui présentait son dos abaissé, ses avant-bras liés, ses mains plaquées l’une contre l’autre. Il se faisait vraiment ridicule juste pour lui, mais il était sérieux. Incroyablement sérieux. Dew n’avait pas envie de faire du chantage, quoiqu’il aurait pu. Il aurait pu dire si tu ne sors pas avec moi, je partirai aux Etats-Unis. C’aurait été salaud de sa part, et totalement inutile. Hurricane n’attendait sûrement que ça, qu’il parte de l’orphelinat, qu’il quitte ce pays, qu’il disparaisse totalement de sa vie. Aussi il l’avait formulé de sorte à lui montrer son sérieux. Lui montrer à quel point ce n’était pas une blague, pas un caprice ni un challenge. Il retardait son avenir pour lui, parce qu’il était devenu son monde, le centre total de son monde. Mais… pourquoi supplier ? Si Hurricane ne voulait pas, il ne voulait pas. On ne pouvait pas forcer quelqu’un à sortir avec vous, et même s’il acceptait… on saura par la suite qu’il n’en a jamais eu envie, que c’était à contre cœur. Mais ce n’était pas comme s’ils allaient s’embrasser, dormir ensemble, ou se tenir par la main. Ce n’était pas comme s’il allait lui demander de faire ça à contre cœur. En fait, il voulait sortir avec lui… mais il ne demandait pas que leur relation ne change pour autant. Juste passer plus de temps avec lui. Est-ce qu’il voulait marquer son territoire ? Peut-être. Oui, c’était bien probable. Mais le terme ne lui plaisait pas. Il voulait juste… montrer qu’il pouvait prendre plus soin de lui que n’importe qui ici.
Sujet: Re: Tak tak slum slum ( Hurricane ) Dim 27 Déc - 23:49
« Sors avec moi ! »
Répété trois fois.
« Sors avec moi », qu’il lui demandait sans plus la moindre retenue, sans plus le regarder, sans faire preuve du moindre sens de la dignité. Il se cachait, et il le suppliait.
Est-ce qu’il avait perdu la tête ? Est-ce qu’il était désespéré à ce point ? A quelle fille tentait-il d’échapper pour avoir besoin de demander ça à son meilleur ami comme excuse ? Quelle maladie mentale particulièrement cruelle l’avait atteint pour qu’il ose lui faire une telle requête ? Duncan, t’es vraiment devenu si con ?
« Sors avec moi ! »
Et quelque chose en rapport avec les Etats-Unis. Pourquoi il lui parlait de ça, il pensait que le chantage dissimulé allait fonctionner ? Est-ce que… est-ce que par hasard le brun cherchait une chose qui le retiendrait ici, une excuse pour se dire qu’il ne pouvait pas y aller, parce qu’en réalité il aurait peur mais il n’oserait pas le dire ? Avec ce type, ça aurait pu être n’importe quoi. D’un autre côté, Hurricane savait que rarement avec Dew il fallait chercher l’explication la plus alambiquée. Souvent, le plus simple et le plus évident se trouvait être la vérité. Et ici, ça signifiait qu’il était vraiment, vraiment, terriblement, maladivement amoureux de l’italien. Ce qui était une chose que ce dernier ne pouvait pas supporter dans ces conditions. Ce n’était pas comme ça que ça aurait du se passer. D’ailleurs, il n’aurait jamais rien du se passer. Le brun ne devrait pas éprouver de sentiments pour lui, il devrait juste fantasmer sur des jolies nanas dans des revues et sortir avec toutes les filles qui n’hésiteraient pas à faire de lui leur mari si il le leur demandait gentiment. Pourquoi ne pouvait-il pas se contenter d’être le type désespérément banal et normal qu’il avait toujours été ?
Hurricane ne bougeait pas, pétrifié sur le lit sur lequel se prosternait la silhouette du type dont il semblait être amoureux sans vouloir se l’avouer. Et pendant quelques longues, très longues secondes, il se rendit compte que ça, ça ne lui plaisait vraiment pas. Il se retrouvait devant une loque qui n’avait plus aucune autre alternative pour l’avoir à lui tout seul que de se montrer particulièrement pathétique, et il n’arrivait même pas à être attendri. Il ne pouvait pas être attendri par ce genre d’attitude. Il pouvait avoir pitié de beaucoup, et il savait qu’il lui en fallait moins pour avoir le cœur qui fondait et qui calmait sa colère rapidement, mais là, c’était juste trop. Il ne pouvait pas supporter ça plus longtemps, et il sentait la rage bouillonner au fond de son estomac comme jamais. Il sentit ses muscles se tendre avec la puissance de la hargne, et ses yeux frémir de cette incontrôlable sensation qui faisait perdre leurs moyens aux plus tranquilles des hommes. Encore une fois, Duncan avait réussi à mettre en route la tempête.
Il ne perdit pas une seconde, et se leva d’un bond. Il empoigna le brun fermement, des deux mains, pour le forcer à se relever et à le regarder. Sans ménagements. Il n’était pas tendre, il n’avait pas besoin, il n’avait pas envie. Et le coup de poing qu’il envoya droit dans le visage de l’autre adolescent fit craquer son nez avec un bruit désagréable. Ca lui faisait mal, aux phalanges et au cœur, de faire ça, mais d’un autre côté, il se sentit tout de suite mieux. Mieux, façon de parler. Il était trop en colère pour se sentir content. Il lui en voulait terriblement.
Deuxième coup. Un seul c’est jamais assez clair. Ouh, ça faisait mal. Faire mal à quelqu’un à qui on tient, c’est jamais agréable. Mais c’était la seule façon de lui faire sortir un peu sa connerie du crâne. Il sentait le dos de sa main brûler et il savait qu’il finirait sans doute en Enfer pour moins que ça.
Hurricane : « Me … ressors jamais des conneries pareilles… »
Il avait envie de paraître méchant, mais il parvenait juste à donner l’impression d’un gamin à la fois soulagé et complètement perdu. Paradoxal, certes.
Hurricane : « T’as perdu toute ta dignité ? Tu crois que j’ai envie de sortir avec une loque pareille ?! Tu crois que c’est comme ça que tu vas m’avoir ?!! »
Il en faudrait tellement moins, en plus. Tu m’aurais embrassé que j’aurai été à toi direct. Espèce de gros débile. Souffre et reviens quand t’auras réglé ton problème de stupidité chronique.
Hurricane : « Et la prochaine fois que tu me demandes un truc aussi absurde, fais-le d’une façon qui ne me donne pas envie de t'en coller une autre. »
Il serrait les poings, debout devant Dew, sans plus savoir quoi ajouter. Déjà qu’il n’avait pas dit ça de façon très persuasive, il se sentait encore plus idiot après la dernière réplique. La colère et les sentiments mélangés rendaient un homme stupide. Il savait qu’il était chiant, mais d’envoyer des messages paradoxaux aussi ridicules, comme une espèce de fille d’une série à l’eau de rose, il ne s’en serait pas cru capable. Et pourtant.
Invité
Sujet: Re: Tak tak slum slum ( Hurricane ) Mer 30 Déc - 21:10
Dew aurait pu faire comme avec n’importe quelle fille. Il aurait agir comme devant une chouette fille qui lui plaisait vachement, et dont il semblait qu’elle n’était pas indifférente à lui. Il aurait pu l’aborder au détour d’un couloir, marcher en marche arrière, faire un sourire craquant, la main derrière la nuque, et lui demandait s’il voulait sortir avec lui, parce que ces dernières temps il s’était aperçu qu’il pensait beaucoup trop à lui, qu’il avait toujours les yeux rivés sur lui, et qu’il ne pouvait plus supporter de le voir comme un ami. Il aurait pu faire ça. Il aurait été à l’aise, entreprenant, plus sur de lui, il aurait pu l’embrasser aussi. Mais il n’avait rien fait de tout ça parce que trois facteurs l’en empêchaient, trois détails qui le submergeaient, qui faisaient toute la différence. Il était amoureux. C’était un garçon. C’était Hurricane. Alors évidemment, c’était pas exactement pareil. Parce que s’il se faisait rejeter, chose dont il n’était pas habitué, ça allait lui faire mal, vraiment. Parce qu’il ne pouvait pas être un peu sur de son charme ou quoi quand c’était Hurricane. Il n’était sur de rien, il était sur terrain glissant, sans repère, dans un monde qu’il ne connaissait pas. Son esprit lui disait que ça ne fonctionnait pas comme les filles, et que si c’était garçon… par définition, on ne devait pas le traiter comme une fille, encore moins comme toutes ses filles. Il imaginait déjà la rage de l’italien s’il avait été rabaissé à ce rang. Une qualité primordiale de Dew était sa capacité à s’adapter… alors il avait pensé faire bien en s’attribuant lui-même ce rôle, pour lui laisser sa fierté. Parce qu’il savait que si elle était handicapante chez l’italien, la sienne était un peu plus modulable. Mais plus les secondes passaient, plus il sentait que ça allait mal. Que c’était mort. Il sentait qu’il avait foiré, qu’il avait vraiment fait n’importe quoi et que son intuition était vraiment naze quand l’amour y pointer le bout de son nez. Parce qu’il se rendait bien trop compte qu’aimer… c’était faire une exception à tous les niveaux pour cette personne. Mais que les exceptions n’étaient pas toujours les bonnes. En gros, c’était parfois du grand n’importe quoi. Bref, il avait comme un mauvais pressentiment, là, soudain.
Et violement, on le tira vers le haut comme une lionne prenait son petit par le cou. Surpris, il n’eut pas le temps de se redresser pleinement ni de voir l’expression de Hurricane qu’un poing, boulet de canon aux bagues froides, vint s’écraser sur son nez pour faire retentir un craquement. Bang, dans ta face. Le fait qu’il ne s’y était pas préparé rendait la douleur encore plus puissante, il avait l’impression que son nez avait éclaté, que quelque chose s’était brisée. Et bordel… ca faisait sacrement mal, ça piquait, ca brulait… Une fois le poing de Hurricane un peu plus loin, il leva les yeux vers lui, des grands yeux qui n’y comprenaient rien, qui avaient mal, qui étaient égarés, aussi. Puis, horrifié, il sentit le sang couler le long de ses narines. Son nez se commençait déjà à se gonfler, il respirait du sang. Et ça dégoulinait sur ses lèvres, et son nez lui brûlait horriblement, et il n’y comprenait rien. Pourquoi ? Merde, il venait de le frapper. D’habitude c’était juste des petites claques amicales… Les yeux baissés sur sa main ensanglanté, un deuxième poing gicla, arrachant un bruit désagréable, amplifient la douleur qui lui paralysait le visage… Il n’y comprenait vraiment rien. Il venait vérifier si son nez était bien cassé, pour faire sortir plus de sang, pour salir son poing ? Les dents serrées, il essayait de se défaire, de se mettre sur la défensive, d’empêcher qu’il ne lui casse autre chose. L’hémoglobine s’infiltrait dans les séparations de ses dents, sur sa langue, dans le creux de ses lèvres, et alerté, le nez en sang, il essayait d’arrêter que ça coule, d’arrêter ça, la main sous le nez, les yeux emprunts d’effarement, stupéfait de la réaction de Hurricane. Merde. Merde qu’est ce qu’il avait fait, à part lui demander de sortir avec lui, pour qu’il se déchaîne comme ça ? C’était pas normal ça.
- Me … ressors jamais des conneries pareilles…
L’air interdit de quelqu’un de traumatisé sur le visage, il le regardait avec des yeux du type qui ne comprenait pas ce qui arrivait à son pote, qui se demandait si c’était bien lui, qui n’arrivait pas à réaliser que son pote lui venait de lui péter le nez. Quoiqu’il ne fallait pas être très malin pour voir qu’il s’était attiré de tels foudres pour avoir demandé de sortir avec lui. Mais c’était vraiment… juste pour ça ? Assis sur le lit, l’italien le regardait de haut, les poings serrés. Et lui, les bras toujours en défense, il le regardait, choqué, presque sombre. Libéré de toute emprise, le baseballer s’affairait ensuite à essuyer son nez, à changer de mains, à essuyer maladroitement tout ça sur ses manches. Ok… ben au moins le message était clair. Il respirait par la bouche, le nez bouché par le sang. Et il le regardait, les sourcils froncés.
- T’as perdu toute ta dignité ? Tu crois que j’ai envie de sortir avec une loque pareille ?! Tu crois que c’est comme ça que tu vas m’avoir ?!!
De quoi il parlait… il se demandait juste où il avait envie d’en venir. Et la douleur lui donnait moins de neurones que d’habitude. A vrai dire, il avait du mal à l’écouter là, il n’y avait plus rien à comprendre, il avait déjà tout compris. Il n’était pas aussi accro à sa dignité que Hurricane pouvait l’être, et il avait cru deviner sans beaucoup d’aide que non, l’italien ne voulait pas sortir avec une loque pareille, qu’il ne voulait pas sortir avec lui. Ca, ah, bah ca c’est bon, il avait cru comprendre quand même, c’était pas la peine d’en venir aux mains. Et il avait aussi bien cru comprendre que ce n’était pas comme ça qu’il allait l’avoir, et qu’il ne l’aurait d’ailleurs jamais. Le poing lui avait suffit à lui faire passer le message, c’était pas comme s’il avait besoin d’un mode d’emploi. Mais ça faisait mal. Ca faisait vraiment mal.
- Et la prochaine fois que tu me demandes un truc aussi absurde, fais-le d’une façon qui ne me donne pas envie de t'en coller une autre.
Ca, c’est sur, il s’en souviendra. Quoique maintenant qu’il avait sa réponse, il n’avait plus à retenter quoique ce soit. Parce que ça avait été clair et net, et le refus était d’ailleurs aussi évident que son nez qui n’allait pas tarder à virer au violet. En y pensant, il aurait du faire quoi ? Quand même pas faire un poème, ni l’embrasser. Parce que c’était un garçon, c’était… c’était encore pire que de demander quelque chose abruptement, mais avec des mesures de sécurité. C’était le genre de truc qu’il avait banni de sa tête, de peur de se faire couper un bras ou crucifier sur la place publique. Peut-être bien c’était la méthode que ses amants utilisaient, un baiser et hop au lit. Mais il ne voulait pas de ça. Non, c’était ce qu’il voulait éviter à tout prix. Etre au milieu des autres, faire ça… à son meilleur ami, ça détruirai leur relation, à coup sur. Il voulait garder leur relation, la consolider. Pas la réduire à néant, surtout pas la réduire à néant. C’était pour ça qu’avant de faire quoique ce soit de risqué, il voulait juste sortir avec lui. Et les doigts en sang, il gardait le silence, quelques instants. Encore sous le choc. Il n’arrivait toujours pas à concevoir qu’il lui avait cassé le nez comme ça… parce que l’idée de sortir avec lui le dégoutait beaucoup trop. Maintenant… il allait quand même ne pas se laisser abattre, il restait plus qu’à sauver les meubles. Sauver ce qui pouvait être sauvé, faire passer ça comme une fantaisie de sa part. Pour que ce soit comme avant, juste revenir en arrière, rembobiner la cassette, réparer l’erreur.
- Huh, tu devrais apprendre te contrôler un peu, William.
Un sourire peiné, le nez en sang, sérieux pourtant.
- C’était pas la peine d’y aller si fort… tu pouvais me dire que je poussais le bouchon trop loin, j’aurais compris.
Sourire triste et douloureux. Sourire quand même. Après tout, il s’y attendait, à ce rejet. C’était pas comme si ça l’achevait outre mesure, il s’y était toujours préparé. Mais… mais ça faisait sacrement mal. Et pas qu’à son nez. Il ne pensait pas que l’idée de sortir avec lui le dégoûtait au point de le frapper comme ça, de perdre son calme à ce point, d’être violent comme il l’avait été. Quoique plus clair c’était, mieux c’était. Il remerciait presque Hurricane d’y être allé si franchement, même si cette exagération le rendait vraiment triste, quelque part. Son sourire d’excuse semblait cependant à un peu fade. Maintenant, juste camoufler ça comme un excès d’amitié égoïsme. Une petite fantaisie à lui. Il n’avait plus à hésiter, à réfléchir, il se sentait un peu plus léger en fait. Parce qu’il savait maintenant. Alors c’est un avec faible sourire plus sincère qu’il finit par se lever, en tapotant gentiment l’épaule de Hurricane, genre c’est pas grave allez, oublie vieux.
- Huh, j’vais aller nettoyer ça avant que ca salisse ton lit ^^
Oublie cette folie que j’ai eue, oublie à quel point je t’aime. Un sourire, un geste de la main, il sortit. Un grand soupire. Une fois dehors, il se rendit vraiment compte de tout ce qu’il a avait fait… dans quel état il était rentré, dans quel état il était sorti. Il avait vraiment foiré. Et si ces yeux étaient vitreux de larmes, ce n’était pas seulement par douleur. Son mental avait beau être solide, il était dans le même état que son nez. Ca faisait mal, ça lui arrachait des larmes acides, qu’importe, au final, si on s’y attendait ou pas. Au final, ça faisait juste terriblement mal. Il n’aurait jamais cru que Hurricane serait retissant à ce point. Parce qu’il n’avait pas capté subtilité de ses paroles, qu’il s’était juste fait rejeter de manière trop brutale. Au fond il se rendit compte… qu’il avait eu de l’espoir quand même, bien trop d’espoir. Qu’il s’est peut-être un peu trop monter la tête. Ouais, en fait il s’était carrément monter la tête. Pas étonnant qu’il tombait de haut, comme ça. Peut-être même qu’il avait espéré « Ok mais si quelqu’un est au courant je te tue. Les conditions : tu me touches pas, tu fais rien de compromettant et… », ouais, peut-être bien que c’était ce qu’il avait imaginé. Là il avait juste du sang, de l’hémoglobine qui se mélangeait avec les larmes, comme pour se diluer. Maintenant il la comprenait, la chanson de Titou le Lapinou… enfin, il avait toujours cru que ça disait « Car le titou au fil des jours guérit de tout sauf de l’amour » même si en fait c’était « Car le titou au fil des jours guérit de tout son bel amour » Le lendemain, il alla en cours avec une jolie protection sur le nez, très peu discrète, très peu élégante. L’infirmière n’y était pas allé de main morte mais avec ça, il pourra quand même jouer au baseball. Evidemment, tout le monde lui demandait ce qu’il s’était passé, alors il se contentait de répondre qu’il avait juste mis Hurricane en colère, tout sourire. La rumeur fut donc qu’il avait fait un truc que l’italien n’avait pas apprécié, une sorte de blague. Certaines personnes prenaient même le risque d’aller demander à Hurricane quelle blague avait fait le joueur de baseball pour se retrouver avec le nez en miette. Dew lui… il avait fini par se dire que c’était sûrement mieux comme ça. Qu’il pouvait se libérer de ce fardeau d’aimer son meilleur ami, d’essayer de s’adapter à lui, et juste vivre comme d’habitude. Lui qui aimait la facilité, il était vraiment mal tombé. Parce que ca avait été vraiment absurde, cette situation, vraiment pas normal. Maintenant, il n’avait plus qu’à se fondre dans son cocon de normalité, se contenter de ce qu’il avait, d’oublier cette mésaventure. Quelques jours après, il était redevenu ce qu’il y avait de plus habituelle. Perturbé par rien, juste totalement lui-même. Trop lui-même. Il ne prenait même plus la peine d’être discret dans ses œillades, dans son comportement, dans ses réactions. Ca se voyait comme ses pansements sur le nez, qu’il était amoureux de lui. Et si tout le monde prenait ça pour de l’amitié, lui, Hurricane, devait sûrement avoir remarqué. C’était vraiment trop flagrant. C’était vraiment trop gros. Il se faisait du mal, à le reluquer comme ça… mais il n’avait plus rien à perdre, tellement plus rien à perdre. S’il ne pouvait pas voir Hurricane parce qu’il se sautait des mecs à tout va, il pouvait bien le regarder d’un air rêveur au détour d’un couloir, non ? Maintenant que tout était réglé. Et ca faisait un mois maintenant, que tout était redevenu normal. Il ne le fuyait pas, mais il ne cherchait pas non plus à savoir sans cesse où il était, même si c’était dur. Les bonjours, le bras autour de l’épaule, les réflexions connes, au final il s’était bien réadapté. Alors pourquoi chaque soir, il fallait qu’il y pense encore et toujours ? Qu’il se repasse la scène dans la tête en soupirant.