Sujet: Sweet little moon [Taz] | Topic terminé Lun 4 Mai - 22:15
Une douce journée ensolleillée... Assise dans l'herbe, appuyée contre son arbre, son carnet à dessin à la main, Night se sentait bien. Oui, son arbre, le compagnon muet de ses heures solitaires, cet arbre contre lequel elle venait rêver seule, dont elle aimait grimper aux branches, pour lire pendant des heures, à travers le bruissement des feuilles, où simplement fuir, lorsqu'elle ne trouvait pas de coin tranquille. Cet arbre si précieux, si important pour elle. Car c'était aussi là, où elle l'avait rencontré...
Elle s'était levée tôt, pour profiter en toute tranquilité des premiers doux rayons du jour, avait rapidement enfilé un jean et un tee shirt, qu'elle avait choisi, sur une drôle d'impulsion, bleu, et non noir comme à son habitude. Elle préferait avant tout afficher une tenue vestimentaire sobre, détestant ce qui était trop voyant, et qui ouvait donc attirer l'attention. Car, si'il y avit bien une chose à laquelle Night tenait, mis à part le calme, c'était la discrétion. Elle avait rapidement coiffé sa longue crinière noire, qu'elle avait ensuite nouée en une longue queue de cheval, avec son habituel ruban noir, et s'était glissée sans bruit hors de sa chambre, tout en faisait un petit détour par la cuisine, afin de chiper un morceau de pain au passage, son ventre criant famine. Glissant telle une ombre silencieuse, elle était sortie, et avait traversé l'herbe, encore humidifiée par la rosée.
A présent, dans le parc encore désert, elle pouvait sentir la chaleur du soleil contre ses bras nus, la caresse du vent, qui se glissait à travers ses cheveux et ses vêtements. Un brise fraîche, encore empreinte de la trace de l'hiver... Les jeunes feuilles de l'arbre bruissaient, s'agitaient, dans une douce mélodie, fêtant le retour du printemps. Elle se sentait heureuse, sans soucis, libre de pouvoir être elle même, à l'abri de toute présence humaine, loin de tout bavardages, de tout cris, seule face au silence du jour levant. C'était si agréable et ennivrant à la fois... Elle s'allongea dans l'herbe et leva les yeux vers le ciel, qui étendait son immensité bleue et sans nuages à perte de vue. Tant de fois, elle avait rêvé de s'élancer à travers cet espace azuré, de se laisser porter, telle un oiseau, par le vent, vers de nouveaux horizons, car un jour, elle le savait, elle s'en irait découvrir le monde au délà de l'univers de l'orphelinat, elle voyagerait de pays en pays. Souvent elle se disait que cela n'était qu'un rêve banal et lointain, un de ces rêves de petite fille naïve, qui jamais ne se réaliserai. Et pourtant, oui pourtant, elle le savait, un jour, elle s'en irait. En attendant elle rêvait, s'évadait dans les univers lointains de ses livres ou de ses pensées. Car ce n'était pas d'une fuite qu'elle rêvait, elle se sentait heureuse à l'orphelinat, qu'elle considérait à présent comme son chez-elle, mais plutôt d'un nouveau départ, d'un moyen de mieux découvrir qui elle était vraiment, débarrassée de cette enveloppe extérieure, froide et renfermée qu'elle affichait en permanence, comme une barrière la protégeant des autres.
Elle eut soudain envie de dessiner ce ciel merveilleux, de figer à jamais cette image sur sa feuille, et attrapa son crayon, qu'elle gardait calé derrière son oreille. Elle posa doucement la pointe contre le papier, et observa. Du bleu à perte de vue, rien qu'une immense étendue de bleue, vide et pourtant... Non ça n'allait pas. Finalement elle comprit, esquissa l'ombre d'un sourire, reposa son crayon et ferma son carnet. Car certaines choses étaient avant tout faîtes pour rester éphémères...
Soudain, elle apperçut la lune, se détachant faiblement, dans sa robe laiteuse, à travers la toile du ciel. Une douce sphère blanchâtre, se fondant à travers la lumière du jour. Une triste lune, à l'allure mélancolique, attendant avec impatience la nuit où elle pourrait de nouveau briller, de toute sa splendeur, qui fondait, discrète, effacée, à travers le voile du jour. Elle ne lui avait jamais semblée aussi belle. Elle étendit le bras, les doigts tendus vers l'astre pâle. Il lui semblait qu'elle pouvait presque le frôler du bout des doigts, ce disque blanc, dont la taille lui aurait permise de le tenir dans sa main, tout en sachant, que jamais pourtant, elle ne pourrait l'attraper. Et elle semblait lui sourire tristement cette lune, si proche et insaisissable à la fois...
Elle ferma les yeux, s'apprêtant presque à s'endormir, bercée par le vent et par la douce chaleur du soleil, quand elle entendit un bruit étrange. Elle ouvrit les yeux et vit, à quelques mètres d'elle, un oiseau, la regardant de manière méfiante. Très doucement, pour ne pas l'effrayer, elle attrapa son crayon, ouvrit son carnet, tout en gardant un oeil sur le petit volatile, qui la fixait de son petit oeil sombre. Cela devait être un rouge-gorge, vue la couleur de son ventre. Elle commença à esquisser la tête, le corps, le contour de l'aile, doucement, en silence, espérant que celui-ci ne s'envolerait pas. Elle s'attaquait à la forme du bec, quand soudain elle entendit des pas, et à sa grande déception, l'oiseau effrayé, s'envola. Elle leva les yeux pour voir qui venait ainsi la troubler.
Dernière édition par Night le Dim 20 Sep - 22:56, édité 2 fois
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Sujet: Re: Sweet little moon [Taz] | Topic terminé Sam 19 Sep - 12:09
This could be the End of everything So why don't we go, somewhere only we know ? Keane
« Il est beau le ciel ce soir… murmurai-je soudain à voix basse, me parlant à moi-même. C’était sans doute puéril, mais je me sentais ému devant pareil tableau. C’était un ciel limpide moucheté de petits nuages de coton blanc ; coloré d’un soleil alangui qui partait se coucher, décidé à retrouver sa demeure avant la nuit, là-bas, au loin, à l’horizon. Tandis que son éternelle coéquipière, ronde et pâle, prenait le relais, se hissant avec majesté au sommet de la hiérarchie céleste. La lune, bien que son flamboyant rival ne fût pas encore assoupi, dominait déjà gracieusement le ciel obscurci. La reine de la nuit nous veillait de son air maternel, nous, pauvres mortels ; le soleil, quant à lui, achevait sa course interminable dans un profond soupir. Ses derniers rayons chatoyants illuminaient encore le ciel de leur chaude lumière, allant même, pour certains, jusqu’à me lécher la figure d’une compatissante caresse. Un souffle léger passa, comme un soupir heureux de la Terre. Comme un murmure, des vers d’un célèbre poète français me revinrent en mémoire.
« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. »
Baudelaire… Je soupirai, alangui jusqu’au cœur, las comme jamais ; dans mes prunelles de bronze devait se refléter avec une infinie tendresse l’étrange beauté du crépuscule. Quelle magnifique soirée, n’est-ce pas ?… Un voile de tristesse vint alors masquer l’éphémère bonheur de mon regard. L’étincelle de mes prunelles ambrées s’éteignit. Cette soirée aurait été bien plus belle si elle avait été là…
Je lâchai un drôle de soupir, étouffé, enroué, semblable à un gémissement rauque ; ma gorge se noua, je déglutis avec difficulté. Je me sentis soudain très mal. Une douleur aiguë et intarissable s’alluma en moi, comme si mon âme se consumait de l’intérieur ; comme si je brûlais d’une souffrance atroce ; d’une meurtrière douleur qui me torturait depuis plusieurs jours déjà…
Candy… Pourquoi ?
J’ai mal. J’ai mal à l’âme. Non ! Au cœur plutôt. J’ai le cœur qui saigne. Mes sentiments qui gisent. Mon amour qui pleure.
Chuuuut Taz ! Tais-toi. Ne dis rien. Ne t’en fais pas ; ça va aller.
Night. Puis-je te voir maintenant ? S’il te plaît ! Là, maintenant, de suite. S’il te plaît… J’ai besoin de toi. De quelqu’un. S’il vous plaît ! ! ! J’ai… J’ai le cœur qui saigne… »
*____*____*____*
Un amour déchu le dévorait jusqu’aux tréfonds de son être. Taz se morfondait, tourmenté par ses sentiments déniés, délaissés ; il paraissait aussi faible qu’un pauvre animal blessé. Ils n’étaient plus ensemble. Plus. Elle était partie. Elle l’avait laissé. Il devait s’y faire ; le comprendre ; l’accepter. Désormais, elle ne le regarderait plus ; elle ne l’embrasserait plus ; elle ne l’aimerait plus.
« It’s over Taz. »
Elle l’avait quitté ; laissant un jeune homme meurtri, brisé par le désespoir, et le deuil de ses rêves envolés. Elle lui rendait ses sincères et inutiles sentiments dont il n’avait que faire. A quoi lui servait son cœur, s’il ne pouvait lui être dédié ? Elle le lui avait dérobé, et dès à présent l’abandonnait avec une brutale indifférence. Que ferait-il à présent, sans elle ? Que ferait-il de ce cœur éteint, et de son être encore empreint d’une passion enflammée ? Il avait envie de crier au monde sa monstrueuse souffrance. Son atroce douleur. Sa haine rongeante contre ce détestable sentiment qui le décimait. Il voulait calmer sa brûlure, la plaie béante qui déchirait son âme. Il avait envie de hurler, de pleurer. De maudire le monde entier, de s’arracher le cœur pour ne plus jamais aimer. Pour ne plus jamais ressentir cette ignominie qui le brisait avec tant de violence ; ce martyre qui lui dévorait les entrailles, jusqu’à lui arracher la moindre de ses pensées. Ce mensonge effronté qui faisait rêver ; qui laissait vivre une lueur d’espoir, avant de l’écraser avec délices ; cet horrible sentiment qui prétendait que tout était possible. L’espoir, si difficile à acquérir mais si beau, si puissant. Lui, ce ridicule mensonge qui faisait vivre les hommes, ces frêles créatures, pour mieux les détruire ensuite. Les laisser imaginer, espérer…pour mieux savourer leur désespoir puéril ensuite. Les laisser effleurer la capiteuse saveur du Bonheur à deux un si minime instant avant de les plonger avec hargne dans les tréfonds de l’Enfer. Telle est l’odieuse, l’infâme, l’éternelle quête de l’Amour. Ce sentiment si mesquin, qui vous enivre, coule dans vos veines tel un poison mortel. Vivre un souffle d’extase, pour des millénaires de douleur.
Taz interrompit ses haineuses réflexions, bercé par le vent frais. Il avait quitté sa chambre, traversé l’immense orphelinat et se trouvait dès à présent sur le perron de l’imposante bâtisse. Une brise tardive vint alors taquiner sa tignasse rousse ; il laissa les mèches de bronze lécher affectueusement son visage clair. Sa peau éclatante brillait encore sous les derniers rayons du jour, qui ne tardèrent pas à disparaître. Le ciel éclairé pour quelques instants encore, s'éteindrait bientôt lui aussi. Le roux frémit, puis releva la tête dans la quête d’un moindre réconfort. La lune répondit à son appel muet d’un silence compatissant, lui offrant l’air mélancolique de son unique iris de nacre. Taz reprit sa marche et traversa de ses pas hâtés le grand parc de la Wammy’s House. Il savait qu’il la trouverait là. Il le savait car elle était toujours là, près de son arbre. Il n’y avait qu’elle qu’il désirait voir par pareil moment. Son être meurtri criait, appelait, hurlait en silence le pseudonyme de la jeune fille. Taz distingua alors la silhouette chétive qu’il reconnaîtrait entre mille. En deux pas pressés, il fut auprès d’elle. Une bouffée de joie le submergea quand il chuchota son prénom ; c’était une sensation étrange, curieusement douce et apaisante ; comme si la simple présence de son amie pouvait secourir son âme blessée.
- Heyy ! Night ?
Le visage qu’il connaissait si bien se tourna vers lui. Un sourire gai fendit les lèvres rosées du garçon, tandis qu’une lueur chaleureuse allumait ses prunelles ambrées. Taz se hâta de masquer la tristesse qui marquait profondément ses traits, et afficha une mine réjouie. Il s’approcha de sa meilleure amie, et déposa un furtif baiser sur sa joue.
- Heu… ça va ?
Sa voix se brisa. Game Over. Quoique… Peut être qu’elle ne remarquerait pas son trouble ? Il était heureux de la voir, vraiment. Il ne pouvait gâcher ce doux moment de quiétude avec ses histoires stupides. Il s’assit près d’elle, et taquin, se pencha sur son épaule.
- Je ne te dérange pas ? Qu’est-ce que tu fais de beau ?
Il posa son regard d'ambre sur le carnet à dessin de son amie. Il sourit alors, ravi.
- Je ne te le dirais jamais assez : tu es une véritable déesse du crayon, Night.
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Sujet: Re: Sweet little moon [Taz] | Topic terminé Dim 20 Sep - 22:31
I just keep practicing saying goodbye to you (bleach)
Elle lève les yeux. Une silhouette s’avance vers elle à pas rapides, qu’elle reconnait du premier coup d’œil, cette tignasse rousse, ce regard mordoré, ce sourire idiot sur ses lèvres fines. Sa voix retentit doucement, petite note grave à travers le silence et la fraîcheur de l’air.
- Heyy ! Night ?
Son cœur s’emballe. Boum, boum, boum.
Et oubliés, arbre, lune, ciel, oiseau, disparus, envolés, fondus dans le néant, détails sans importance. Une seule chose comptait. Un seul nom, qui doucement, vint se former sur ses lèvres.
-Taz.
Trois petites lettres qui voulaient dire tant de choses. C’était fou cette importance que le rouquin avait finit par prendre dans sa vie, comme si quelque chose, une force inconnue l’attirait irrémédiablement vers lui, vers sa présence, son regard, ses sourires, ses airs de pitres, sa présence rassurante, oui, avec lui elle avait confiance, se sentant libre d’être elle-même, débarrassée de toute apparence. Sereine. Rapidement le garçon s’approcha d’elle, alors que, le temps d’une seconde, ses lèvres glissèrent contre sa joue. Elle sursauta, les joues brulantes.
Boum, boum, boum.
Gênée par cette réaction subite de sa part, elle baissa la tête. C’était étrange, elle était pourtant habituée à ces petites démonstrations d’affections, et pourtant depuis quelques temps, elle ne pouvait pas s’en empêcher, c’était plus fort qu’elle, elle ne savait pas vraiment pourquoi, la rougeur lui montant aux joues, les frémissements, son cœur qui s’emballait, cognant dans sa poitrine, c'était bien trop fort, nouveau, troublant. Night n’avait jamais aimé les contacts physiques. Les contacts c’était accepter la présence de l’autre, un pas de trop dans la bulle rassurante qu’elle s’était construite, une barrière qui se brise, et l’autre, qui est là, près de nous, et qu’on est obligé d’accepter. Alors elle s’enfermait le plus souvent derrière des airs fermés, une politesse froide, une sorte de distance entre elle et les autres. Une protection en quelque sorte. Et pourtant, certaines personnes avaient réussi à percer cette barrière, lui avaient montré qu’elle aussi pouvait avoir le droit à des amis, à sa part de bonheur. Les Autres n’étaient pas que souffrance. Les Autres pouvaient aussi être source de bonheur. Et certains encore plus que d’autres. Oui, le rouquin était ainsi, un véritable rayon de soleil à lui tout seul.
- Heu… ça va ?
Ce fut furtif, à peine perceptible, trop rapide pour que la plupart le remarquent, mais elle le connaissait depuis trop longtemps pour cela, un instant, un tremblement passant dans sa voix. Hésitante elle leva les yeux, détaillant son visage, mais non, toujours la même expression bienheureuse qui régnait de nouveau sur ses traits.
-Oui…
Légère hésitation qui avait aussi traversé sa voix. Pourquoi cela ? Elle était pourtant sincère. Tentant de chasser le trouble l’envahissant, elle sentit Taz se pencher par-dessus son épaule.
- Je ne te dérange pas ? Qu’est-ce que tu fais de beau ?
Un léger sourire se forma sur ses lèvres pâles. Elle aimait ces conversations légères, petites brisures dans le quotidien, ces échanges de banalités, où la bonne humeur du rouquin était toujours contagieuse. Pour une raison inconnue, depuis quelques temps leurs rencontres s’étaient faîtes plus rares, oh, elle savait bien que son ami avait d’autres activités et cascades en tout genre destinées à canaliser son énergie débordante, et cependant, elle ne pouvait s’empêcher d’y songer avec un pincement douloureux au cœur. Peut être était-elle devenue un poids. Peut être ne voulait t’il plus la voir. « Non, ne penses pas à cela. » Pensées douloureuses, qu’elle faisait de son mieux pour chasser. Non, n’y pense pas. Taz était près d’elle à cet instant, c’était tout ce qui importait. Levant son carnet à sa hauteur, elle répondit doucement.
-Non, je suis vraiment contente de te voir … Je dessinais.
Taz était l’une des seules personnes ayant eut le « privilège » d’apercevoir les dessins de Night. Ceux-ci étant véritablement une partie de son âme, qu’elle déposait avec le crayonné sur son papier, une mise à nu, d’où le fait qu’elle gardait presque toujours son carnet sur elle. Oui, malgré le fait qu’elle partageait des liens très forts avec d’autres personnes de l’orphelinat, Taz restait un cas à part. Il était différent. Spécial.
- Je ne te le dirais jamais assez : tu es une véritable déesse du crayon, Night.
Elle lui rendit son sourire.
-Merci, j’apprécie ta gentillesse.
Cependant, elle ne pouvait se sortir de l’esprit le son de cette voix, s’étant brisée un instant. S’il y avait bien une personne qu’elle ne voulait pas voir souffrir, c’était lui. Non, c’était sûrement une illusion, le rouquin ne pouvait être triste…non ? Et pourtant, quelque chose criait en elle, qu’il fallait qu’elle sache, elle voulait être sûre. Taz était un morceau à part entière de son monde. Un morceau partait en lambeau, et son univers entier s’effondrait. Finalement, n’y tenant plus, elle demanda.
-Dis…quelque chose ne va pas ?
Parce qu’elle ne voulait jamais voir ce sourire s’évanouir de son visage.
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Sujet: Re: Sweet little moon [Taz] | Topic terminé Sam 26 Sep - 8:11
All I could think of was You Woah, my Friend, Love is the End Keane
« C’était peut être bête mais, j’aimais être avec elle. Je n’aurais su expliquer exactement pourquoi. Hormis le fait qu’elle fut ma meilleure amie, quelque chose de muet, d’invisible, d’infini se dégageait d’elle ; quelque chose que je n’aurais pu définir avec des mots. Quand j’étais avec Night, une étrange sensation m’étreignait. C’était un curieux sentiment ; moins fort, moins virulent, moins passionné que ce que j’avais pu éprouvé –et éprouvais toujours- p…pour Candy. L'Amour et l'Amitié. Les deux sentiments les plus antagonistes qu'il soit, si vous voulez mon humble avis. L'un se révèle violent, agressif, incontrôlable ; l'autre se montre doux, sincère, et fidèle. Ce que je ressentais pour Night, était l’une des sensations les plus douces qui me fut donné de ressentir. La plus belle même, sans doute… Elle dégageait quelque chose comme… comme un souffle de bonheur. »
Taz s’assit auprès de Night, dans l’herbe rase du grand parc, tout illuminé par la lueur blafarde de la lune. Le rouquin aimait sentir l’air nocturne ébouriffer ses mèches cuivrées. Durant ces courts instants, il se sentait…étrangement vivant. Il demeura un infime moment les yeux clos, profitant niaisement de la brise tardive. Un sourire chaleureux éclairait son visage. Ce fameux sourire de gosse qu’il arborait depuis bientôt 18ans et qui, pourtant, n’avait pas pris une ride. En silence, le garçon espérait que Night ne remarque pas son intime douleur. Qu’elle fût trop occupée pour percevoir son mal-être. Désireux de lui épargner ses malheurs, le jeune homme se promit d’oublier, pour un temps du moins, la tristesse qui le morfondait. Cependant, il ne pouvait masquer les cernes qui ancraient ses traits, témoins muets de la douloureuse fatigue de ces derniers jours. Depuis qu’il avait rejoint son amie, Taz avait senti une agréable sérénité l’envahir ; avec elle, la souffrance de son cœur brisé semblait s’apaiser. Tant mieux. Une étincelle de malice éclata dans ses prunelles de bronze lorsque la jeune fille murmura son prénom. Il admira, et commenta avec enthousiasme les jolies esquisses de la brune. Il perçut son trouble lorsqu’il déposa son salut sur sa joue, mais comme à son habitude, il n’y prêta pas grande attention ; bien trop gai pour percevoir la véritable raison du sursaut de son amie. Night avait toujours été discrète et taciturne ; son aversion à l’égard des démonstrations d’affection ne datait pas d’hier. Taz le savait bien, mais il ne pouvait s’empêcher, à chaque fois qu’ils se croisaient, de la saluer d’un amical baiser. Si ça se trouve, elle ne l'appréciait guère, mais était trop gentille pour le lui faire remarquer.
« Elle répondit avec une patience polie à mes questions stupides. C’est vrai qu’elles étaient stupides ces questions. A la réflexion, j’en avais même un peu honte. Mes remarques banales n’avaient vraiment aucun intérêt. Je les avais débitées seulement pour détourner son attention, et la mienne par la même occasion. Je ne voulais pas qu’elle se sente obligée de... de m’écouter parler. C’était à moi de l’aider. A moi de l’aider à s’ouvrir au monde, et aux autres. Cependant, je fis tout de travers, comme toujours. Malgré ma résolution de ne pas lui faire part de… de ce que c’était passé, je n’avais pu contenir ma tristesse. Ma voix d’ordinaire assurée, avait flanché. Je suis persuadé que Night l’a remarqué. Merde. Pardonne moi. J’aurais voulu t’épargner mes histoires sentimentales d’adolescent boutonneux, je n’ai pas réussi… Peut être, parce qu’au fond, j’avais l’intime besoin d’en parler… Non. J'avais besoin de lui en parler. »
- Dis…quelque chose ne va pas ?
Durant un instant, un infime instant, il ne sût comment réagir. Nier ou approuver ? Il réprima un triste sourire. Il avait eu raison. Night n’était pas à la Wammy’s House pour rien. Son intellect supérieur avait sût deviner derrière son masque de gaieté, le voile de douleur qui le consumait. A moins qu’elle ne l’ait perçu parce qu’elle portait depuis quelques temps déjà le prestigieux titre de Meilleure amie. Qu’importe. Elle avait découvert son imposture. Le roux jeta un rapide regard sur la silhouette chêtive de son amie. Ainsi, dans la lueur nacrée de la lune, elle paraissait plus belle encore qu'à l'ordinaire. Elle possédait des traits délicats, un port noble, et une grâce infinie ; elle demeurait immobile, toute illuminée par l'aura étincelante de la Reine de la nuit. Ses longs cheveux bruns prenaient de doux reflets argent, et son visage une pâleur de neige. Taz retint un sourire amusé. La beauté naturelle de sa meilleure amie l'impressionnait depuis toujours. Depuis, leur première rencontre en fait. Et, par cette nuit d'été, elle lui apparaissait plus belle que jamais. Dans son esprit, sans raison aucune, s'ajouta à la ténébreuse féminité de Night, celle, envoûtante, de Candy ; à cette dernière pensée, le coeur du garçon se serra. Cependant, l'air interrogateur de son interlocutrice le rappela à ses priorités. Après une courte hésitation, il finit par opter pour la première option. Une expression surprise se dessina sur son visage pâle.
- Hein ? Je…Non pourquoi ?
Game over. Again. Taz se tut. Il était incapable de mentir de sang froid. Il ne savait jamais s’y prendre, et le résultat fut comme d’ordinaire : d’une abominable médiocrité. Il se tourna vers Night, et ancra son regard d’ambre dans celui d’ébène de la jeune femme. Son unique prunelle caramel se perdit dans les obscures profondeurs des deux yeux qui le sondaient avec tendresse. Il n’osa prolonger cet échange muet plus longtemps. Penaud et honteux, il détourna son visage, et baissa son regard sur ses pieds, tandis qu’il s’empourprait.
- En fait… N-non… ça ne va pas fort.
Il resta quelques instants silencieux, se demandant par où commencer. Il savait qu’il pouvait faire confiance à Night. Il savait qu’il pourrait toujours compter sur elle quoi qu’il advienne. Il leva son regard vers la lune, se rasséréna ; puis il souffla une phrase qui résumait tout. Tout.
- Elle m’a quitté.
Il eut un rire sans joie. Un petit rire léger, malheureux, chargé de fatigue et de douleur. Un petit rire discret, étrange, semblable à une plainte. Le masque tomba ; le voile apparut. Il avait tourné la clé. La porte de sa Peine s’était ouverte. Il se laissa tomber dans l’herbe ; sa tignasse rousse se mêla à l’herbe tendre du vaste parc anglais. Le garçon resta silencieux, le regard rivé sur la lune. Il ne pipait mot, pourtant, son cœur brisé hurlait. Son être entier agonisait en silence. Il n’ajouta rien. Mais il était prêt. Prêt à soulager son âme, sa conscience, son cœur. Prêt à laisser Night panser son être entier.
Une perle salée roula le long de sa joue, s’accrocha à l’une de ses mèches cuivrée ; puis tomba, pareille à une goutte de rosée.
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Sujet: Re: Sweet little moon [Taz] | Topic terminé Mer 30 Sep - 0:40
I don’t want to touch the sky I just want to feel that high But still, you don’t want to lift me. (evanescence)
Doucement elle ferma les yeux un instant, laissant la douce brise froide caresser son visage de marbre. Ouvrant de nouveau les yeux, elle fixa un instant la lune, répandant sa lumière blafarde au dessus du parc. Malgré sa phobie de l’obscurité, Night se sentait bien. Sérénité peut être due à la douce lumière laiteuse baignant le ciel sans nuages, ou à la présence de Taz. Peut être aux deux. Avec un fort penchant pour la seconde option.
Et pourtant…le son de la voix du rouquin se brisant un instant, continuait de flotter à travers son esprit. Il était son meilleur ami, la première personne lui ayant appris à s’ouvrir au monde, la première perche tendue à travers l’obscurité où elle chutait inexorablement après la mort de sa mère. Ses sourires, sa bonne humeur contagieuse, ses gamineries qui l’avaient au début tant agacée avaient finit par chasser une partie des remords, de la solitude qui l’habitait. Un petit bout d’amour et de tendresse, substitué à la seule chose qu’elle croyait les autres capables de donner. La haine.
Alors, qu’il souffre…non, c’était tout simplement impossible. Elle ne pouvait imaginer le rouquin sans son éternel sourire sur sa frimousse d’ange. Relevant la tête, elle se tourna vers Taz, s’attendant à ce que celui-ci chasse ses doutes d’un revers de main et la rassure enfin, quand, il…hésita. Tenta de nier, d’un bégaiement surpris et mal assuré qu’elle ne lui connaissait pas. Et soudain elle se rendit compte, que malgré leur proximité, une partie de son ami lui restait inconnue, mystérieuse, peut être parce qu’ils étaient trop différents pour se comprendre totalement. Ou peut être…pensée douloureuse qu’elle tenta de chasser, mais qui se glissa sournoisement à travers son esprit, et lui transperça le cœur d’un éclat douloureux. Peut être préférait-il la lui cacher. Non, elle était stupide. Et puis, le rouquin avait bien le droit d’avoir ses secrets, non ?
Toujours silencieuse, elle attendit, espérant que le jeune homme reprendrait la parole. Un silence, nouveau, oppressant, mélange de vide, de doute, de mélancolie flottait dans l’air, se mêlant aux battements douloureux de son cœur. Boum boum boum. Night avait toujours apprécié le silence, la sensation de calme et de sérénité qu’il lui apportait, comme un sentiment d’être seule au monde, seule au milieu de l’infini, et c’était si beau, si enivrant, un rêve qui lui ouvrait grand les bras, et pourtant, ce silence là était si différent, rempli de frustrations, de paroles retenues, de vide, comme si un gouffre venait de s’ouvrir entre eux. Jamais Taz ne lui avait semblé si proche… …et si distant à la fois.
Elle s’apprêta à répondre, quand soudain son ami se retourna, planta ses yeux mordorés dans ses pupilles sombres. Un éclat de lumière qui se déversa dans ses yeux couleur ciel de nuit. Boum boum boum. Frissonnante, elle soutint pourtant son regard avec douceur, étrange sensation qui l’envahissait, comme une envie de plonger toute entière dans ce regard, de se livrer toute entière au rouquin, comme… Subitement Taz détourna la tête, rompant leur échange silencieux, puis murmura d’une voix faible, honteux.
- En fait… N-non… ça ne va pas fort.
Se tournant vers lui, elle le regarda avec tristesse. Ainsi elle ne s’était pas trompée. Sensation douloureuse qui l’envahit doucement. Triste. Taz était triste. Elle ne voulait pas le voir malheureux. Il lui avait tant apporté, alors qu’elle, qu’avait-elle fait pour lui ? Alors souhaitant sincèrement l’aider, espérant que le fait de parler soulagerai peut être son ami, elle murmura.
-Veux-tu m’en parler ?
C’était plus une requête qu’autre chose. Une supplication muette. « Par pitié, ne sois pas triste. » Oh, elle l’aimait trop pour cela. Silence. Puis d’une voix brisée par l’émotion, juste un murmure lancé à la lune, Taz la lança. Une phrase. Trois petits mots. Quelques lettres les unes à la suite qui brisèrent tout.
- Elle m’a quitté.
Et la voix tremblante, les yeux écarquillés, le corps battant la chamade, elle murmura d’une voix mal assurée, non, ce n’était pas possible, non, son imagination lui jouait des tours, elle ne pouvait pas y croire… Elle ne voulait pas y croire.
- Que veux-tu dire…Qui cela…
Mais déjà sa voix se brisa. Elle avait compris. La vérité l’avait poignardée de son dard, à présent bien trop enfoncé dans son cœur. « Plus de toi. Plus de moi. Plus de nous. Juste elle. » Un Elle sournois qui vicieusement s’était dressé entre la brunette et le rouquin, un mur imprenable qu’il venait inconsciemment de dresser entre eux. Elle. Une autre. Qu’il aimait.
Et soudain le rire de son ami, un rire discret, sans joie, légère plainte douloureuse, résonna à travers la nuit. Et tout tourbillonnait dans sa tête, trop vite, bien trop vite, Taz, cette fille, sa présence à ses côtés qui avait surpassé la sienne, leurs peaux l’une contre l’autres, leurs caresses, leurs baisers, et quitté, elle l’avait quitté, le laissant seul dans cet état, c’était donc ça l’amour, trop d’émotions qui vous laissaient brisé, oh trop de choses qu’elle ne comprenait pas, et cela se martelait contre son crâne, Taz et Elle, Taz et Elle… « Elle et pas toi. » Et la douleur du rouquin, à présent bien trop palpable qui déboulait sur elle, elle se sentait si faible, si lâche, si égoïste… Si stupide. Taz et Elle. Elle et Taz. Non…
Désemparée, elle vit le rouquin s’allonger dans l’herbe, alors qu’une larme glissa le long de sa joue, petite bille brillante, qui s’évanouit à travers l’herbe. Et soudain une rage sourde mêlée au désespoir l’envahit, Elle, cette autre fille, comment avait-elle pût, et elle savait bien qu’à cet instant elle aurait dût lui parler, le soulager, trouver les bons mots, mais les paroles restaient coincées à travers sa gorge, une belle boule de désespoir, de frustration et d’angoisses, qui lui nouait les entrailles. Dis Night, tu as mal ? Et mue par la douleur, émotion violente et insoupçonnée qui se déchaînait en elle, luttant contre les larmes perlant au coin de ses yeux et contre la bile amère lui remontant dans l’estomac, elle saisit la main du jeune homme, d’un geste vif, s’y raccrochant désespérément, tout va bien, je suis là, je ne te lâche pas, tout s’arrangera tu vois, oh mais cela n’a pas de sens, car il n’y a qu’Elle, juste Elle, stupide, c’était si stupide, trop de sentiments envahissant son visage impassible, peur, doutes, douleur… Jalousie. Et d’une voix tremblante, tentant de panser la douleur du rouquin, tout autant que la sienne, serrant cette main d’homme de ses doigts frêles, parce qu’il n’y avait plus rien, juste ce contact qui l’empêchait de sombrer à travers l’océan d’émotions qui se déchainait en elle.
-Je …je suis désolé…tu verras tout s’arrangera…tu…
Boum boum boum. Ne pas pleurer. Et répéta plus doucement, perdant toute assurance.
-Ca s’arrangera…
Mais elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que déjà sa voix se brisant, se perdant à travers la pénombre, alors qu’une grosse larme roula le long de sa joue, et vint rejoindre celle de son ami dans l’herbe. Le monde entier s’éffondrait.
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Sujet: Re: Sweet little moon [Taz] | Topic terminé Sam 31 Oct - 9:30
HJ : Pardonne mon abominable retard et l'imbécilité de Taz. ;____; Pauvre garçon, c'est pas sa faute si je l'ai rendu aussi idiot qu'aveugle ! xD //SBAFF
« Je n’avais prononcé qu’une ridicule petite phrase. Ce n’avait été qu’un murmure soufflé au vent ; rien de plus qu’un secret lâché à la nuit ; un simple soupir confessé à la lune. Ce n’était que trois mots, quelques lettres ; mais ils avaient suffit à me faire chavirer. Oh ! Je suis si faible ! Si faible que c’en est presque drôle. Tu parles d’un homme ! Je fais pitié… Ce n’était qu’une phrase ; mais elle m’avait heurté de plein fouet. Comme si le seul fait de la dire, avait suffit à la rendre plus réelle, plus dure encore. Comme si elle avait définitivement chassé les débris d’espoir qui sommeillaient encore en moi. Comme si quelques mots inaudibles pouvaient broyer plus encore la masse informe et sanguinolente qui tâchait de me servir de cœur depuis quelques jours déjà. Ce n’était qu’une phrase ; mais elle m’avait fait sombrer. J’avais été touché. Il ne me restait plus qu’à… couler ? »
Taz demeura muet. Allongé dans l’herbe dont quelques brins rebelles arpentaient allègrement son visage clair, un profond désarroi le submergea. L’étincelle de ses prunelles de bronze sembla vaciller, puis s’éteindre ; tandis que sa peau éclatante, sous les rayons d’argent, s’appropriait une blancheur inquiétante ; ses yeux sombres et cernés contrastaient à l’extrême avec la pâleur maladive de ses traits, et lui conféraient une mine affreuse. Un petit rire désespéré s’était échappé de ses lèvres ; pareil à une complainte. On aurait dit que sa gaieté s’était envolée, laissant une coquille vide, un corps sans vie, perdus à jamais dans le néant. Taz demeura figé. Quand il avait consenti, enfin, à lâcher son lourd secret, le temps s’était comme arrêté. Son regard d’ambre contemplait avec une certaine mélancolie l’iris nacré de la lune et les lueurs éparses des étoiles ; petits points chaleureux dans le ciel d’encre. Il ne bougeait pas ; comme s’il attendait patiemment quelque chose. Une réaction, un mot, un cri, un soupir, n’importe quoi venant de son amie. Il espérait même, secrètement, qu’elle le blâme. Il aurait tout donné pour que Night réussisse à le sortir de cette insupportable léthargie amoureuse ; qu’elle puisse le réveiller, lui rendre son âme envolée. Soudain, une petite voix mal assurée s’éleva dans la nuit, et brisa le silence tacite qui les unissait. Une petite voix fluette, aux mots tremblants s’évada des lèvres de son amie.
- Que veux-tu dire…Qui cela… - Candy.
Taz avait murmuré un prénom. Il ne pouvait en dire plus, une boule amère dans sa gorge empêchait les mots d'en sortir. Et Night n’acheva pas sa phrase. Sa voix cristalline se brisa, et avec tristesse, rendit au silence sa place illégitime de maître des lieux. Les mots étaient sortis de sa bouche par bribes apeurées, comme si la phrase du roux avait eut sur elle, le même effet dévastateur. Taz dévia de sa contemplation lunaire, et la gratifia d’un regard inquiet. Alors, un éclair de lucidité traversa les prunelles brunes de l’adolescent, et la vérité lui arracha un hoquet de stupeur. Il était vraiment stupide ; comme si sa propre douleur ne suffisait pas, il trouvait le moyen de blesser son amie. Décidément, il n’arrivait jamais à rien. Toutes ses tentatives pour aider les autres étaient vaines. Il n’était qu’un crétin fini. Pas étonnant que Candy l’ait quitté : il faisait preuve d’un tel égoïsme, qu’il se révélait incapable d’assurer le seul bonheur de sa meilleure amie. Un vent glacial passa alors, comme un soupir désemparé de la terre ; il s’engouffra violemment dans ses mèches de cuivre lui arrachant un frisson d’effroi. Comment pouvait-il rester ainsi, sans vie ? Demeurer pétrifié, à l’instar d’une de ces statues de marbre romaines, atrocement hautaines et méprisantes, insensible à la tristesse de la brune ? Elle n’y était pour rien dans cette histoire. Pourquoi l’y mêler ? Saisit d’un odieux sentiment de culpabilité, le jeune homme s’apprêtait à dire quelque chose, s’excuser, la supplier de lui pardonner, mais elle l’en empêcha ; ou plutôt son geste inattendu le stoppa net dans son élan. Surpris, il déposa sur elle un regard curieux et fasciné. Une petite main frêle mais décidée s’accrochait désespérément à la sienne ; comme si leurs deux vies en dépendaient ; comme s’ils ne vivaient plus que par ce lien de chair. Une telle conviction s’échappait de cet échange muet, comme si à travers ce contact acharné Night tentait de lui inculquer son courage et son soutient. C’était comme si elle tentait de le persuader de son amitié sans faille et de la puissance de son affection à son égard. Une telle assurance allumait son ténébreux regard, Taz en resta impressionné. La jeune femme ne parla pas de suite ; lui non plus. Il n’y avait pas de mot pour qualifier cet échange. Il fallait le vivre pour le comprendre. Taz se perdit dans la contemplation de son amie ; il était ébahi, impressionné, par la vaillance inconnue qui émergeait de Night qu’il croyait bien connaître. Quelle force de caractère sommeillait en elle ! Elle qui semblait fébrile, si fragile et sans défense, était en vérité animée d’une vitalité bien réelle. Soudain, sans crier gare, son émotion refit surface, et elle bégaya quelques mots mal assurés.
- Je …je suis désolée…tu verras tout s’arrangera…tu…
L’ébauche d’un sourire attendri fendit les lèvres de Taz. Il avait pu observer en quelques instants à peine, deux facettes antagonistes de la personnalité de Night. Elle s’était dévoilée si forte et si sensible à la fois. Et ces deux Night qu’il avait pu entr’apercevoir la rendait tout seulement trop mignonne. C’était la première fois qu’il voyait son amie de cette façon… la première fois. Elle était splendide ainsi, toute illuminée par la pâle clarté de la lune. Et puis, c’était la première fois que c’était elle qui s’avançait pour lui offrir un soutient corporel. Elle qui exécrait tant les contacts physiques était venue jusqu’à lui pour lui donner un peu d’amour. Puis, il vit une perle de sel rouler sur la joue de l’adolescente. Touché, le garçon ne répondit rien. Il se redressa sans bruit et s’avança d’un geste vif vers son amie, et avec douceur, la prit dans ses bras. Il ne l’avait jamais véritablement enlacée de la sorte auparavant ; connaissant l’aversion de son amie pour les élans affectueux, Taz s’était toujours modéré en sa présence, se limitant au simple baiser journalier pour la saluer. Maintenant, c’était différent. Elle avait franchi le pas de la barrière physique pour le consoler, en un geste simple mais lourd de sens ; il était normal qu’il prenne le relais. Elle semblait si triste. La voir dans cet état lui déchirait le peu de chair qui restait à son cœur. Il était brisé par ses derniers instants avec Candy, et voir pleurer la deuxième femme de sa vie achevait sa mise à mort.
- Pleure pas, Night. S’il te plaît. Tu…Tu as raison, ça va s’arranger. T’en fais pas.
Il la regarda et lui offrit le sourire le plus confiant dont il était capable en pareil moment ; puis la garda blottie contre lui. Il était persuadé d’avoir compris d’où venait le malheur de son amie. En fait, il avait compris. Décidément, il était vraiment trop stupide ; quel triple idiot il faisait ! Il aurait du s’en rendre compte plutôt ! C’était tellement évident !! Night s’était montrée désemparée dès qu’il avait mentionné sa propre rupture. La voix de jeune femme s’était alors brisée, emportant avec elle au fond de l’abîme son âme de meilleur ami. Puis, malgré sa douleur elle lui avait prouvé son soutient sans limite. Elle lui avait vaillamment serré la main alors qu’elle abhorrait les contacts physiques. Puis une larme chagrine avait redessiné la courbe de sa joue avec tendresse. C’était clair. Ça voulait tout dire. Il colla sa joue à la sienne, et caressa tendrement ses cheveux de jai.
- Night… Je-Je suis désolé.
Il se détacha d’elle et planta dans ses deux yeux ténébreux, les siens de braise. Il prit sa respiration, puis…
- Night… Je suis désolé de ne pas m’en être rendu compte avant… Je-Je sais… Je suis un meilleur ami indigne, j’aurais dû le voir. J’aurais dû. Dis moi. De qui es-tu amoureuse ? Que j’aille lui faire sa peau à cet idiot !! C’est Zero ? Lazy ? Shadow ? ou Rainbow ? Seth ? A moins... que ce ne soit Mello ? Ou Near ?! C’est Near c’est ça ?!
C’est clair. C’était Near. L’indifférence hautaine de l’albinos avait dû horriblement peiner la jeune femme. Ou Zero, le leader des Dark Nightmares possédait la réputation d’un véritable Don Juan. Ou Rainbow, si elle aimait les amoureux de la vie, Night aurait-elle été déchirée par l’idylle qui unissait le blond à Camelia ? A moins que ce ne soit un autre ? Mais qui ? Taz était en train de dénombrer tous les habitants masculins de l’orphelinat qui puisse faire l’affaire. Une lueur tenace s’était éveillée dans les tréfonds caramel de son regard. Il irait jusqu’au bout de la Terre pour venger Night. Oui ! Il le ferait !! Parce que lui-même savait combien l’amour faisait souffrir. Malgré son abominable douleur, il vengerait son amie ! Oui ! Il le jurait ! Il était évident pour le roux que Night avait, elle aussi, un chagrin d’amour. Sinon pourquoi aurait-elle été aussi émue à la connaissance du douloureux secret du rouquin ? Parce qu'elle avait connu la même douleur ! Un imbécile avait osé lui voler son cœur ! Il la vengerait !!! OUI !! IL LE JURAIT !
...
Deux choses étaient certaines. Premièrement, ce n’était pas qu'une légende : Taz était un véritable crétin en matière d'amour. Deuxièmement, il paraissait évident qu'il ne deviendrait jamais L. Pour être un détective, il faudrait déjà pouvoir se trouver soi-même, orphelin parmi une ribambelle d’orphelins. En ce qui concerne Taz il semblerait qu’il en soit… incapable.
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Sujet: Re: Sweet little moon [Taz] | Topic terminé Lun 2 Nov - 2:24
Candy. Un mot. Cinq lettres. Deux minuscules syllabes qui venaient de s’insinuer entre eux. Candy.
Dis Night, ça fait mal, n’est ce pas ? Ton cœur qui bat, ta poitrine douloureuse, ta gorge sèche, tes yeux brûlants, tu les sens, n’est ce pas ? Pauvre Night. J’aurai aimé te prendre dans mes bras, te consoler bien que mal, mais c’était impossible. Il n’y avait qu’une seule personne capable de te rendre le sourire. Qu’une seule…
Tête baissée, elle lâcha doucement la main, qu’elle avait tenté désespérément de serrer, sans vraiment savoir pourquoi. Frêle soutient à vrai dire. Sa présence ne remplacerait jamais celle de… Candy. Qui avait pris toute la place dans le cœur de Taz. Et peu à peu, la tristesse, laissait place à une colère sourde qui se mit à bouillonner en elle. Comment avait elle put, lui faire tant de mal ? Son ancienne amie ne s’était-elle pas rendue compte… … de la chance qu’avait été la sienne ? Elle aimait le rouquin, énormément, celui-ci était un pan tout entier de son univers. Le soleil qui éclairait son ciel nocturne. Ses sourires, ses maladresses, sa gentillesse, ou même sa simple vue suffisait à la rendre heureuse. Elle aimait sa présence, leurs discutions, assis entre les racines de leur arbre. A ses côtés elle se sentait plus légère, comme libérée d’un poids, sereine et apaisée. Et elle ne voulait pas que tout cela se brise. Soudain, elle sentit deux bras l’entourer, et écarquilla les yeux, alors qu’elle sentit son amie la prendre dans ses bras. Rougissante, le corps tremblant, elle n’osa cependant se dégager, alors que le rouquin murmura.
- Pleure pas, Night. S’il te plaît. Tu…Tu as raison, ça va s’arranger. T’en fais pas.
Certes, Night détestait les contacts physiques. Et pourtant, là, ce fut différent. C’était chaud, doux, agréable, troublant aussi, ce soutient qu’il essayait tant bien que mal de lui apporter. Et soudainement, elle se sentit stupide. Terriblement stupide. Taz devait déjà être assez éprouvé par la perte de Candy. Elle ne tenait pas à lui affliger sa propre douleur. Encore une fois, elle n’était qu’un poids. Et pourtant, il était encore là, à la serrer dans ses bras, à la soutenir tant bien que mal, à prendre sur lui pour essayer de la rassurer. Elle ne put s’empêcher de frissonner lorsque le rouquin colla sa joue contre la sienne. C’était bien la première fois que le jeune homme se permettait cela. Peau contre peau, seulement éclairés par la pâle lumière de la lune, ils étaient proches. Si proches… Etrangement, malgré son trouble, elle ne ressentait nulle envie de se dégager de cette étreinte, au contraire, elle aurait voulut que cela dure toujours, elle ne voulait pas qu’il la lâche, qu’il reste là tout simplement, avec elle, oh c’était si égoïste, stupide, et pourtant, elle ne pouvait s’en empêcher. Ils n’étaient que deux êtres perdus, deux âmes blessées s’accrochant l’une à l’autre, dans la recherche futile d’un peu de réconfort, d’un peu d’affection. D’un peu d’amour… Et soudain, elle comprit. Tout son trouble ses derniers temps, sa douleur lorsqu’elle avait appris que Taz en aimait une autre. Sa jalousie. Et ce contact dont elle ne voulait se défaire, sa tête posée doucement contre celle de Taz, cette sensation douce qui l’envahissait et se mêlait à son chagrin. Ce désir de l’entourer de ses propres bras, et de rester ainsi, à jamais. Oui, Night était amoureuse. Désespérément amoureuse.
Des sentiments, dont elle ne pouvait aller à l’encontre, mais qu’elle avait pourtant essayé de se cacher tout ce temps. Parce qu’au fond, elle avait peur, peur de ces changements qui s’opéraient en elle, peur de l’affection grandissante qui l’unissait à son ami, trop de sentiments trop forts qu’elle ne pouvait contrôler, trop d’amour qui faisait mal, peur de gâcher leur amitié. Elle ne voulait pas que les choses changent. Mais il était déjà trop tard pour cela. Au final, on avait beau se débattre, les changements étaient inévitables. L’être humain était ainsi, vivant dans le mouvement. Ainsi, avec le temps, la brunette avait découvert que les autres n’étaient pas uniquement une source de douleur, mais aussi de joie. Ou les deux à la fois.
- Night… Je-Je suis désolé.
Trop étonnée pour répondre, elle resta muette de stupeur. Car subitement, un nouvel espoir s’était insinué en elle, un espoir minuscule, improbable, une braise encore tiède parmi les cendres. Et si… ces excuses, cette étreinte… et si le rouquin avait compris ? Et si… pensée qu’elle ne put étouffer, alors que son cœur battait la chamade, et si… il partageait ses… sentiments ? « Non, c’est tout simplement impossible. N’oublie pas qu’il y a…Candy. » Oui, elle ne devait se désillusionner avec de nouveaux faux espoirs. Elle ne pouvait pas se permettre d’espérer, et pourtant, il était là, si proche d’elle, son corps contre le sien, la douceur de sa peau, sa chaleur, non, elle ne devait pas, et pourtant, elle…
Doucement, elle sentit Taz relâcher son étreinte, alors que celui-ci planta ses yeux dans les siens. Elle ne put s’empêcher de frissonner face à ce regard, elle ne l’avait vu si sérieux, ce regard sombre qui semblait soudain pouvoir lire jusqu’aux profondeurs de son âme.
- Night… Je suis désolé de ne pas m’en être rendu compte avant… Je-Je sais…
Et de nouveau l’espoir revient, plus fort, plus inattendu, plus… inespéré.
-Taz tu…
Elle tenta de parler, mais n’arriva pas à finir sa phrase, toujours son cœur cognait dans sa poitrine, alors que pleine d’espoir elle le fixait, c’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait s’en empêcher, ainsi il aurait compris, il …
-…Je suis un meilleur ami indigne, j’aurais dû le voir. J’aurais dû. Dis moi. De qui es-tu amoureuse ? Que j’aille lui faire sa peau à cet idiot !! C’est Zero ? Lazy ? Shadow ? ou Rainbow ? Seth ? A moins... que ce ne soit Mello ? Ou Near ?! C’est Near c’est ça ?!
Et ce qui devait arriver, arriva. Les dernières paroles du rouquin lui firent l’effet d’une douche froide. Ainsi, ils avaient faux tout deux. Complètement faux. Ils étaient aussi stupides l’un que l’autre. Et soudain, s’en fut trop, trop de tension, de faux espoirs, d’absurdités, déception qui lui laissait un goût amer dans la gorge, trop de naïveté de la part du rouquin, oui elle reconnaissait bien son meilleur ami, et puis, qu’avait –elle voulut espérer au juste ? Comment avait-elle put être aussi stupide ? Et détournant la tête, pour cacher son trouble, elle éclata de rire, un rire nerveux et sans joie qui résonna à travers la nuit, avant de se prendre la tête entre les mains, choquée par sa propre réaction. Oh, elle aurait tant voulut disparaître à cet instant, engloutie par les ténèbres environnantes. Elle avait si honte. Car malgré tout, elle ne pouvait en vouloir à son meilleur ami. Il avait simplement tenté de l’aider, de la soutenir… à sa façon. Mais la déception est toujours là, amère, intense. Non, Taz ne partagera jamais ses sentiments, car Candy est toujours là, bien trop présente dans son cœur. C’est à elle de le soutenir. Elle ne veut plus être un poids. Alors doucement, elle se leva, ramassa son carnet à dessin, puis planta ses yeux d’ébène dans ceux de son ami.
-Non, Taz, tu te trompes. Je ne suis pas amoureuse de Near, de Rainbow, de Shadow, et encore moins de Lazy ou de Mello. La personne que j’aime… est tout simplement trop naïve pour s’en rendre compte… gros bêta.
Avec un sourire triste elle lui lança un dernier regard, avant de tourner les talons et de s’en aller. Elle a eu tort d’espérer. Tort de croire que ses sentiments pouvaient être partagés. A présent, elle ne lui restait plus qu’à oublier ce qui s’était passer, enterrer tout cela dans un recoin de son esprit. Et rester au côté de Taz, afin de la soutenir. En tant qu’amie. Car c’était tout ce qu’il lui restait. Elle n’aurait jamais dut se rendre compte de ses sentiments. Dis Night… ça fait mal n’est ce pas ?
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Sujet: Re: Sweet little moon [Taz] | Topic terminé Mar 3 Nov - 11:21
HJ : Pauvre Night ! Je ne savais pas qu'elle souffrait autant... ;____; Taz est vraiment trop horrible ! x___x Pour la peine, il est plus gentil dans ce post-ci. En espérant qu'il te plaise autant que les précédents... =D
« J-J’avais cru bien faire. J’le jure ! Je-j’avais…juste voulu l’aider... J’ai affreusement manqué de tact... Non… Pire… J’ai affreusement merdé oui ! Quel crétin ! Je…je ne savais pas qu’elle le prendrait comme ça… Je n’avais pas voulu lui faire de mal. Je ne voulais pas la blesser... Non. Jamais ! Si j’avais sût…Si j’avais sût, jamais je n’aurais dit une chose pareille ! Pourtant, on dirait bien que je l’ai dite... Anthony a touché le fond, mais vous en faites pas, il creuse encore ! Haha. Sérieux, plus con que moi tu meurs. J’en ai marre d’être moi... J'en peux plus. Déjà, j’viens d’me faire larguer par ma copine, et j’arrive à me faire haïr par ma meilleure amie ; tout ça en moins d’un mois… Bravo champion ! Qui dit mieux ?
Est-ce que je vais bien ? j’crois que j’ai un sérieux problème… Non seulement j’suis retardé, mais aveugle par-dessus le marché… (aveugle… j’veux dire, des deux yeux hein ? parce que du droit, oui ça c’est sûr que j’suis aveugle .__.) Pourquoi ? Pourquoi suis-je incapable de comprendre les femmes ? Mais quel con ! Quel con ! Merde !!
Je ne veux pas te perdre toi aussi… Je… Je n’y survivrai pas cette fois… Night… Steuplé… Pardonne-moi ? »
Taz s’était tut, et ne pensait même plus à la jeune femme qu’il serrait dans ses bras, tendrement. Son ardent regard semblait s’être perdu, loin, très loin... L’adolescent était en pleine réflexion, obnubilé par ses minutieuses recherches. Il émettait des hypothèses infondées sur l’identité du mystérieux soupirant de son amie… Mais, même si Night refusait de se prononcer, il le trouverait ! Qu’importe le temps qu’il lui faudrait ! Il trouverait cet inconnu et lui règlerait son compte ! Alors comme ça, le galant décidait de profiter de sa meilleure amie et de la jeter juste après, hein ? Eh bien Non ! Il s’y opposait ! Ça ne se passerait pas comme ça !! Non ! Jamais ! Taz avait oublié le parc, la nuit, la lune, et même la Night blottie dans ses bras ; le roux n’existait plus que pour ses vaines tentatives de découverte. Les visages des orphelins masculins défilaient inlassablement dans sa tête, mais il lui était impossible de poser un visage à l’inconnu. Taz ignorait les goûts de Night en matière de garçons, il lui était donc difficile de cibler ses recherches... Tous. Tous les hommes de la Wammy’s House étaient des prétendants potentiels. Allant de Heretic le séduisant blondinet des Dark Nightmares, à Silence le ténébreux prof de sport, en passant par Vain, Nikolai, June, Hurricane, Nothing, Matt, Den, End, Narcotic, Darling, et Justice, et tous les autres. Qui ? Qui Night aimait-elle ? Qui était ce « il » qui avait osé la blesser ? Qui avait osé la délaisser, comme Candy l’avait délaissé lui ? Qui ? Qui s’était permis de la faire souffrir de la sorte ? QUI ? Une semaine auparavant, le garçon n’aurait peut être pas compris l’immensité de la souffrance de l’adolescente ; il ignorait encore, à l’époque, le désespoir qu’engendrait un chagrin d’amour. Mais à présent, il était un exemple parmi d’autres des monstrueux dégâts que pouvaient causer un amour déçu. Depuis sa rupture, il n’était qu’une épave. Le roux n’était plus que l’ombre de lui-même... Qu’un pauvre erre hanté nuit après nuit par le fantôme de ses souvenirs ; tourmenté par les réminiscences de ces voluptueux baisers, de ces enivrantes caresses, de ses merveilleux sourires ; à jamais envolés... Le cœur de Taz se serra ; des vaines recherches de l’éventuel amant de Night, ses pensées s’était tournées vers Candy… Tout ce qu’il avait partagé ensemble… Puis… leur dernier baiser lui apparut dans toute sa splendeur ; et lui sembla plus beau encore dans sa douleur. Candy…était à l’origine de sa misère infâme. C’était elle qui l’avait brisé…non ? Elle qui était sensée l’aimer. Elle qui l’avait aimé, et qui ne l’aimait plus. Et qui, jamais plus ne l’aimerait… Et… si c'était assez ? Et s'il avait assez souffert comme ça ? Et s’il était temps de l’oublier à son tour ?
Un éclair de lucidité illumina l’adolescent qui retint un sanglot d’angoisse ; désemparé par ce souvenir trop réel, il s’agrippa à Night qu’il tenait toujours blottie dans ses bras. Il n’avait même pas entendu la réplique tremblante de Night, il s’était fait happé par sa mémoire, quittant pour un instant le monde humain. La fatigue de ses derniers jours, et l’heure tardive avaient eu raison de sa concentration acharnée. Cette secousse inattendue le tira du recoin de sa mémoire où il s’était barricadé avec ses souvenirs ; ce choc soudain l’arracha de ses houleuses réflexions et le ramena au parc ; il y retrouva la nuit fraîche, la lune livide et Night. Il l’avait oubliée. Quel idiot il faisait ! Tandis qu’il récupérait son souffle, il garda, avec douceur, maintenu contre lui le corps frêle de son amie. Sa chère Night... Sa très chère Night... Elle qui avait toujours été là pour lui. Qui l'avait toujours soutenu. Toujours. Alors qu’il sentait sa joue contre la sienne, un sentiment indéfinissable de surprise, et de crainte, mêlé de tendresse l’envahit soudain. S...Sentir son cœur battre à l’unisson du sien, son souffle chaud dans son cou, ses bras minces contre lui, tout contre lui... C’était… oh ! C’était si… Elle ne lui laissa pas le temps de découvrir cette curieuse sensation qui le submergeait. La jeune femme se dégagea brusquement de son étreinte et ramassa son carnet à dessin, sous les yeux du rouquin, qui la fixait, interloqué. Elle le gratifia d’un lugubre regard, d’un de des regards décidés mais atrocement tristes qui acheva de briser le cœur du garçon.
- Non, Taz, tu te trompes. Je ne suis pas amoureuse de Near, de Rainbow, de Shadow, et encore moins de Lazy ou de Mello.
Huuuum ? De quoi parlait-elle …? Ah oui ! Encore tout émoustillé par l’étrange sentiment qu’il avait éprouvé dans les bras de Night, Taz en avait oublié son fameux soupirant ! De honte, il rougit un peu, son visage doucement éclairé par la faible clarté de la lune. Cependant, quand le jeune homme pensa à ce mystérieux amant, une boule amère se forma au creux de sa gorge. Curieusement, cette idée le gêna. La simple pensée qu’un inconnu touche Night, l’enlace, l’embrasse l’indisposait. Une lueur furibonde s’embrasa dans son regard ambré.
- La personne que j’aime… est tout simplement trop naïve pour s’en rendre compte… gros bêta.
Que… Que voulait-elle dire ? Taz fixa sur elle un œil interrogateur et fasciné. Il la regarda alors comme s’il la voyait pour la première fois. Cet air fâché sur son visage d’ange le laissa sans voix. Ses fougueux cheveux de jais élégamment reposés sur ses frêles épaules. Sa silhouette de jeune femme bien dessinée, aux courbes savantes et bien faites. Et son envoûtant regard... De peur qu’elle surprenne ses coups d'oeil furtifs, il détourna vivement la tête ; ses joues prirent une légère teinte rosée et un sourire discret se dessina sur ses lèvres décolorées. C’était… C’était la première fois qu’il la voyait ainsi, et il en restait tout gêné… Cependant, il n’eut pas le temps de savourer ce nouveau sentiment. Ce nouveau sentiment qui semblait l’apaiser, et panser son cœur blessé… Il avait fait du mal à Night... Elle le lui avait fait clairement comprendre lors de sa dernière réplique ; elle lui révélé aussi qu’il n’était qu’un idiot sens cervelle. Mais ça, il le savait déjà… Sa bêtise avait été immense, et il s’en voulait profondément. Et elle avait voulu lui dire autre chose aussi ; elle lui avait soufflé un indice quant à l’identité de son mystérieux amant ? Et que…que voulait-elle dire ? Déjà, elle s’en allait… Déjà, elle s’éloignait. Que faire ? Chercher la signification de ses mots étranges, ou aller la retrouver ?
Il aurait tout le temps de comprendre plus tard. Là, il voulait juste être avec elle. Touché par sa douleur, le cœur comme éclaté, avec une impétuosité d’enfant, il s’élança vers elle.
- Night ! Night attends !
Le rire aux lèvres, les joues rosies, la lune avec lui, il se retrouva auprès d’elle. Il ignorait qui elle aimait. Il ignorait le mal étrange qui lui saisissait les entrailles, mais qu’importe. Il était avec elle… et il voulait y rester…
***
Chacun s'en retourna alors dans sa chambre. Night se mouvait avec une certaine froideur, Taz, lui, sautillait avec gaieté. Il était confiant... Peut être un peu trop. Mais... elle lui pardonnerait, n'est-ce pas ?
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