[Special K |PV Lust, mais si d'autres veulent se joindre à nous..|]
« -Travaillez en silence, pendant ces cinq dernières minutes, je veux arriver à entendre le bourdonnement d'une mouche. Vos rédactions devront être rendues à la fin de l'heure, et les personnes qui ne l'auront pas rendues se ramasseront un joli zéro. »
Takumi fit face à la classe numéro une tel un vautour fixant sa proie. C'était définitif, tant qu'il n'aurait pas Twilight dans son lit, sa mauvaise humeur ne ferait que s'amplifier, si c'était seulement possible. Il se donnait bonne conscience en se disant qu'une gentillesse ne serait-ce qu'improvisée avec ces gamins ne lui serait ni profitable, ni rentable. En bref, il jouait parfaitement son rôle de professeur de musique mystérieux et autoritaire, image qu'il comptait renforcer dans les jours à venir.
Il s'avérait que la classe une avait cette fâcheuse habitude de considérer ses cours comme un café. Certes, ce n'était pas la majorité qui s'y tenait, mais cela restait tout de même très fatiguant à gérer surtout qu'une grande partie de cette majorité prenait la musique par derrière la jambe, il se trouvait alors dans l'obligation de leur faire de l'éducation civique.. Heureusement pour eux, l'honneur de cette classe, qui se révélait bruyante dans pratiquement tout les cours, était sauvé par Near, qui, élève peut-être un peu trop discret à son goût, était travailleur et sans histoire. Cela allait de même pour pas mal d'autre personnes, telles que Justice, par exemple, mais, voyez-vous, Takumi n'était pas là pour faire de la charité, mais plus pour enseigner sa matière.
Il scruta d'un air avisé les élèves plongés dans leurs copies. Voilà le résultat d'un chahut qu'il avait jugé trop important en ce début d'après-midi. Très bien réfléchi, il n'était en rien dans tout cela. Eux-mêmes étaient acteurs de leurs destinées, que ce soit même pour une si petite chose, il ne faisait qu'actionner le levier. Réflexion faite, il trouva le jeune Mello un peu trop dispersé de droite à gauche, regardant successivement Matt et Lust, à qui il envoyait des regards victorieux et emplis d'orgueil. C'était un de ceux dont il devait revoir le comportement, rapidement.
« -Mello, le héla t-il d'une voix tout à fait calme, je ne pense pas que tu auras toujours ce petit sourire cupide quand je t'aurais asséné un zéro à ton devoir, non? Je t'autorise même à me contredire si je me trompe sur quoi que ce soit.. »
Évidemment qu'il n'attendait rien de cet idiot écervelé, quelle question. Il lui envoya un regard tout à fait significatif, et le second successeur à L ne put qu'abdiquer à ses désirs, replongeant dans ses thèses en grommelant doucement. En cet instant, Takumi ne put cacher le léger sourire sadique qu'il affichait, c'était trop dur. Se promettant de raconter cette anecdote aux autres enseignants, il réussit à se contenir, difficilement, certes, mais il réussit.
Pendant les cinq minutes suivantes, il se plongea dans un bouquin attrapé à la vas-vite dans la bibliothèque ce matin parce qu'il avait prévu de leur faire faire des devoirs sur table- seule la classe une était exclue de ce projet- sauf que malheureusement, comme à l'habitude, c'était les mêmes qui l'avait énervé. Il plaignait les élèves qui n'ouvraient jamais la bouche. Peut-être qu'avec un peu de chance, l'un d'entre-eux élaborait actuellement un plan machiavélique où il était envisagé d'exterminer Mello, par exemple... Non. Finalement, c'était très peu sûr, car le reste des élèves de cette classe était extrêmement jeune. L'érudit Near, par exemple, n'était âgé que de treize années. Et lui, Takumi, que faisait-il à cet âge? Oh, il se souvenait avoir pour la première fois couché avec une fille, beaucoup plus âgée que lui, qui était, à cette époque, particulièrement attirée par sa manie de casser les vitres, et il se remémorait même de ses paroles; « Tu casses des vitres.. Tout le monde n'a pas le courage de faire ce genre de truc.. Et ça me fait du bien de voir ça... C'est comme un bol d'air frais.. ».
Qu'il l'avait trouvée stupide cette fille, à l'époque.. Était-ce une fierté d'être poussé par ses impulsions du moment? Était-ce une fierté d'agir comme un enfant? Était-ce une fierté d'endommager le matériel d'un établissement qui ne lui avait rien apprit sur le plan moral? Non, sûrement pas. En ce temps là, tout était considéré bassement et de manière très objective mais surtout, la musique n'avait pas encore fait son entrée fracassante dans sa vie. Il était encore plus perturbé que maintenant si c'était seulement possible.
Il ne comprenait rien de ce stupide livre qu'il était en train de survoler, si l'on pouvait appeler cela ainsi, car il fallait qu'il se l'avoue; il n'avait même pas fait attention au titre du bouquin. « Désirs ». Tss.. et ensuite, on croyait que c'était lui le pervers! D'un coup sec, il referma le livre aux allures de roman érotique qu'il reposa sur la table. Takumi passa une main négligée dans sa chevelure de jais, tout en observa sa classe d'un œil discret. Mello concentré dans sa copie, Near, Eris et Justice, à leurs habitudes, concentrés et silencieux.. Restait peut-être Lust, qui le fixait de ses yeux de chat d'un air un peu trop maladif pour qu'il soit celui d'une adolescente de quinze ans. Ses yeux respiraient le vide, c'en était frustrant. Il passa ses iris sur sa copie, qui était vide. Elle fixait le vide, silencieuse et repliée sur elle-même. Un sourire figé ornait son visage pâle. Cela lui rappelait de douloureux souvenirs.. La drogue de Ren, le chamboulement provoqué par sa décision de faire une cure de désintoxication.. Après tout, cela remontait à tellement loin, et puis peut-être que la petite Lust était simplement overbookée par ses heures non-stop de travail intensif -même s'il doutait qu'elle ne faisait que travailler- et que Takumi était seulement en plein délire, lui-même cassé par tant de boulot.
Mais la suite des évènements démontra lâchement le contraire. Lust commença à convulser. C'était assez effrayant à observer et l'enseignant fut étonné du ton calme qu'il adopta à ce moment-là à l'intention des élèves qui observait la gamine d'un air surpris et suspicieux.
« -Pas un mot. Je la transporte à l'infirmerie et j'interromps très exceptionnellement ce cours. Sortez. »
Sa menace n'empêchait pas certains- nous vous laissons le loisir de découvrir lesquels- de chuchoter joyeusement sur le programme de l'éventuelle future soirée organisée par untel ou untel tout en sortant de la pièce, enfin, il s'en souciait peu. Quand tout le monde fut à l'extérieur de la pièce, pile au moment où le corps inanimé de la jeune demoiselle choisit pour s'affaisser à terre, Takumi repoussa sa chaise d'un coup sec et s'approcha prudemment de la jeune fille, slalomant avec lenteur les chaises abandonnées et mêmes pas rangées jusqu'au deuxième rang. Sa pâleur ressortait plus que jamais à cause de ces néons qui avaient tendance à vous rendre aveugle un beau matin de mois de Décembre, bien qu'on soit en plein mois de Juillet. S'abandonnant à ses manières de professeur prévenant, jouant maintenant le rôle d'un homme venant au secours d'une jeune fille dans le besoin, Takumi passa ses mains derrière sa nuque et ses genoux puis la souleva. Pas plus légère qu'une plume. La pauvre ne devait pas beaucoup se nourrir. Il réajusta la courte tignasse noire qui barrait son visage blême, et observa ses petites paupières cernées. Faisait-il le bénévole, en l'aidant ainsi? Ou alors était-ce parce qu'il l'avait vue aux antipodes de son attitude habituelle qu'il n'avait pas hésité?
Dans le plus logique des cas, il fallait qu'il la transporte à l'infirmerie, dans la minute qui suivait.. Il ne la connaissait même pas, l'infirmière.. Quel était son nom? Kythin? Khythin? Qu'en savait-il.. Il grogna des choses inintelligibles pendant le transport, où il ne sentait même plus le poids de la fillette.
Après avoir descendu un étage, Takumi erra dans le couloir pendant quelques instants avant de trouver la porte tant espérée de l'infirmerie. Il hésita quelque instants avant de frapper. Fallait-il qu'il l'abandonne sur un lit d'un blanc maculé ou qu'il tente de contacter cette fameuse Khythin? Dans le plus logique des cas, c'était la première possibilité qui régnait. Il avait pas mal de choses à faire, mais, tant pis, il s'adonna à la deuxième possibilité. Il donna deux coups distincts sur la porte puis attendit dans un silence de mort, tout en sentant le poids de la poupée de verre qu'il avait dans les bras s'intensifier de plus en plus.
Il ouvrit discrètement la porte, trouvant la pièce vide et immaculée. Une hésitation ultime s'empara de lui, puis il se dit qu'ils pouvaient profiter de l'absence incongrue de l'infirmière pour faire plus ample connaissance.. Il décida de placer le corps inconscient de la jeune femme sur le premier lit de la longue série impersonnelle qui se dévoilait devant ses yeux.
Il attrapa une chaise de bois, la plaça au chevet du lit et resta à l'observer pendant plusieurs minutes. Elle ne différait pas des autres.. Toutes les mêmes.. Il put observer à loisir son corps frêle et minuscule.. C'était véridique, par rapport à elle, Takumi était un géant. Il la vit se tourner et se retourner pendant plusieurs minutes. La drogue n'était jamais bonne, à quelque âge que ce soit. Il se rappela à ce moment de l'emballage bleu de ses Gitanes.. Extrêmement tenté par l'idée de s'en griller une, Takumi se dit que l'idée de faire un mélange de drogue et de tabac n'allait pas tellement le faire.. Sentant Lust à demi plongée dans la conscience et l'inconscience, il murmura doucement;
« -Lust, réveille-toi.. Qu'est-ce que tu fous à te droguer, à ton âge.. Tiens, ça me rappelle Ren, ça... »
Ce n'était pas de inconscience, ses dernières paroles.. Il fallait enfin qu'il se libère de tout son poids, même s'il doutait de l'état actuel de la petite chatte..
Dernière édition par Taken le Mar 8 Juil - 11:50, édité 1 fois
Invité
Sujet: Re: Special K || ~~ Lun 7 Juil - 20:09
Cette journée était une journée comme une autre. Une journée qui ne changerait pas sa vie, une journée faite des mêmes cours, des mêmes réflexions, des mêmes disputes avec Mello, des mêmes « je t’aime » échangés avec Noodle. Cette journée ne devait pas différer des autres, il en était hors de question pour la jeune fille. Alors pourquoi un mauvais pressentiment la réveilla à quatre heures du matin ? Pourquoi son front perlait de sueur alors qu’elle n’avait même pas cauchemardé. Lust soupira et tourna la tête sur la droite. Elle y vit Noodle, endormie. Elle se redressa sur son séant et observa la jeune fille dormir. Elle fut un instant tenté de touché cette peau chaude et pâle mais se retint. Elle tendit son bras gauche devant elle et retira les nombreux bracelets de force. Dessous se cachait des centaines de cicatrices roses, parsemant sa peau claire. Des gravures qui refusaient de disparaitre. Lust trembla de tous ses membres. Elle se releva et se dirigea vers son bureau, elle se saisit de son iPod nano et enfonça les écouteurs profondément dans ses oreilles. Son pouce tourna la molette rapidement et nerveusement. AFI. Linkin Park. Muse. OneRepublic. Placebo. The Kills. Elle s’arrêta sur ce dernier mais finalement remonta la liste. Placebo. Elle appuya sur le petit bouton du milieu et se laissa entraîner dans l’univers si particulier de Brian Molko. Because I want you était la chose qui résonnait dans ses oreilles. Lust Se pencha sur le lit de Noodle et lui murmura doucement les paroles de la chanson. « ‘Cause I want you too… ‘Cause I want you too... » Ses lèvres se tendirent doucement sur le visage pâle de Noodle… Elle se recula vivement.
Lucyn sursauta légèrement et s’éloigna rapidement de son amie. Elle ouvrit la fenêtre. Une fine brise chaude s’empara de la chambre. Lust passa la tête au dehors et inspira une grande bouffé d’air. Se ressaisir, elle devait se ressaisir, elle ne devait pas céder. Pas maintenant, pas après un mois. Doucement les larmes coulèrent sur ses joues. Pathétique était le seul mot qui lui venait à l’esprit. Misérable. Elle referma la fenêtre et s’approcha du ventilateur. Elle monta le volume de son MP3. Elle resta le nez collé à la machine un bon moment, ses larmes refusant d’arrêter de couler. Elle ne sait plus trop pourquoi, elle ne put se maîtriser. Elle se dirigea vers son armoire et ouvrit en grand les tiroirs. Elle jetta leur contenu sur le sol. Ses vêtements de marques, ses propres créations. Ses cahiers et classeurs, sa trousse. Tout fut jeter avec haine et véhémence contre le sol. Ses seringues disparurent dans le labo, elle se coupa avec le verre de l’une d’elle. Le reste de petite poudre blanche disparue dans les toilettes. Elle resta la droite, le regard vide, un cutter à la main. Un sourire figé sur ses lèvres. Expression qu’elle garderait toute la journée. Elle observait le cutter, s’amusant a faire monter et descendre la lame. Noodle se réveilla en sursaut à cet instant. Elle observa le carnage et son amie. Elle prit une profonde inspiration, se leva et enlaça doucement Lust de ses bras frêle.
Noodle – « Lust… Lust je t’en supplie arrête ça…Je suis là maintenant… » Lust – « Noodle je… Je ne tiens plus… Je… »
Les perles salées coulèrent sur ses joue, son visage déformé dans une grimace de tristesse. Elle ne faisait aucun bruit, se contenant simplement de pleurer, comme toujours. Comme lorsque c’est trop dur pour elle à supporter. D’ailleurs, ces derniers temps, Lust avait tendance à devenir hypersensible. Victime de ses propres émotions, esclave même. Elle ne contrôlait plus rien. Ni la haine d’être ainsi impuissante qui s’emparait d’elle et la forcer à tout briser – même ses relations et efforts sociaux. Ni la tristesse qui s’emparait d’elle lorsqu’elle observait un couple d’orphelin. Elle ne contrôlait pas cette violente jalousie qu’elle éprouvait à l’égard de Mello, d’être lui, aussi parfait, aussi spontané. D’être le véritable second successeur de L, alors qu’elle n’était rien. Elle ne pouvait pas se contenter d’être la troisième. Il fallait qu’elle soit la remplaçante du remplaçant… Elle était victime de ce tourbillon d’émotion incontrôlable, de ces sentiments trop puissants pour elle et son corps. Elle tomba a genoux, Noodle la suivit, lui caressant doucement les cheveux.
Noodle – « Je suis là Lust… Je suis là… N’oublie pas, si tu tombes, je tombe avec toi… »
Lust cessa de pleurer. Elle cessa de jouer avec la lame argentée. Elle cessa de bouger. Elle s’était transformée en poupée. Elle était figée, totalement désespérée… Noodle la souleva et la déposa non sans mal sur son lit. Elle observa l’iPod que Lucyn tenait toujours fermement. La jeun fille ramassa les vêtements de Lust, les plia et les rangea dans l’armoire. Elle saisit la lame de cutter et la glissa dans l’une des poches d’un de ses jeans. Elle observa la chambre et retourna dans le lit de Lust. Ses bras fins l’enserrèrent, et elle reposa sa tête sur celle de Lust. « Je suis là. » lui murmura-t-elle avant de sombrer à nouveau dans le sommeil. Lust resta un long moment éveillé, environs une heure, avant que le sommeil ne l’emporte elle aussi ; et l’angoisse… Elle se réveilla a nouveau sept heure du matin, perturbée par une petite léchouille au niveau de sa joue. Elle crut au début que Noodle se faisait câline. Non, c’était Halloween qui était venu la saluer. Halloween était un chaton tout noir qui s’est prit d’affection pour Lust – comme la plupart des chats d’ailleurs. Elle sourit et lui caressa la tête avant de se relever légèrement. Un poids la cloua contre son matelas : Noodle. Lust ne broncha pas et fut même émue que la jeune fille ait dormi avec elle suite à sa crise. Elle resta tout le reste de la matinée a observer le visage fin et beau de Noodle, jusqu'à que cette dernière s’éveille. Elle lui fit un sourire tendre et se releva, Lust l’imita. Elles descendirent ensembles aux salles de bain et prirent chacune leur tour leur douche. Finalement elles se séparèrent ; Noodle allant au réfectoire et Lust retournant dans sa chambre, n’ayant pas spécialement faim. Elle descendit uniquement pour les cours et sauta une nouvelle fois le repas du midi. On n’avait pas vu Lust au réfectoire depuis environs trois jours et pourtant très peu s’en inquiétait…
Cependant si Lust ne mangeait pas ça ne l’empêchait pas de consommer d’autre chose. Tremblante elle fouilla dans son petit coin secret et farfouilla. Il n’y avait plus de seringue, plus de cocaïne et d’héroïne. Il restait quelque cachet d’ecstasy, et du Special K. Elle observa la kétamine et restant et finalement l’ingurgita. Elle sourit. Lust affichait un sourire idiot et apaisé sur les lèvres, se laissant emporter par l’euphorie créé par la drogue. Lust fut par ailleurs admirable. Malgré la drogue l’adolescente réussit a résoudre dix des vingt équations du cinquième degré d’Ace et réussi à écrire le tiers du cours de Twilight sans flancher. Pourtant, Noodle et Mello durent la soutenir pour qu’elle s’installe à sa place sans tomber. Et là, elle ne tenait plus du tout. Elle tenta de rire avec Mello, mais elle ne comprenait rien de ce qu’il disait. Noodle lui sortit sa feuille de papier et sa trousse. Elle savait ce qui se passait mais ne dirait rien ; ca ne servait à rien d’enfoncer sa meilleure amie. Taken les menaça, Lust ne réagit pas, elle n’entendait plus rien. Elle était de nouveau la poupée figée de cette soirée C’était donc ça le mauvais pressentiment. Le fait qu’elle allait chuter en cours. Le fait qu’elle ne tiendrait pas et se droguerait presque devant tout le monde ?
Lust affichait ce sourire tellement hypocrite et figé. Photocopie d’une photocopie d’une photocopie. C’était devenu flou, faux, inutile. Elle n’avait pas bougé d’un centimètre non plus. Pourtant son corps vacilla, son cerveau bouillonnait, envoyant des milliers de réaction à Lust. Elle avait la chair de poule mais mourait de chaud, sa bouche devint sèche et pâteuse. Son poignet gauche la démangeait… Et soudainement ; elle s’écroula. Elle n’avait rien senti venir. Juste ce mal-être pesant qui s’enroulait autour de son cœur, l’enserrant jusqu'à qu’il cesse de battre. Elle se sentait flotté, entre le rêve et la réalité. Elle sentait que le monde gravitait autour d’elle, avait besoin d’elle. Elle aimait cette sensation, mais elle voulait plus. Il fallait quelque chose pour combler ses vides étranges. Ces besoins primaires qu’elle refoulait toujours au fond d’elle. Mais sous emprise de drogue, on se laisse aller à toutes nos pulsions. Doucement Lust ouvrit les yeux. Elle ne savait où elle était, ne voulait pas le savoir. Elle voulait quelque chose, quelqu’un, pour combler ce vide qui s’était épris d’elle pour ne plus la quitter. Taken était là. Son sourire s’agrandit. Elle se releva et fixa le professeur de musique dans les yeux. Sa main vint se poser doucement sur sa joue. Son regard était fiévreux et vitreux, sa peau était brulante, sa voix emprunte d’un désir étrange, d’une sensualité nouvelle.
Lust – « Je vous veux… »
Murmura-t-elle. Et ses lèvres se pressèrent contre celles de son professeur. Sous emprise de drogues, on ne maîtrise plus ses pulsions…
| J'ai préféré la version originale de cette chanson, puisque la version française ne provoque pas la même mélancolie, bref, j'espère que mon post te satisfera, oneesan' ♥ Parce que moi personnellement, je n'aime pas du tout. =__= c'est court, c'est moche, enfin bref, du remplissage de post, quoi..|
Takumi n'était pas du genre à rougir quand une femme l'embrassait, qui que soit cette femme, même celle qu'il désirait de plus profond de lui-même, on pouvait même affirmer que c'était lui qui les faisait rougir, ces femmes, aussi fougueuses et aussi jolies soient-elles. Depuis son arrivée à l'orphelinat, il avait eu le loisir de ne goûter qu'une seule et unique bouche, c'était celle de Burned, élève de la classe une. Il ne savait pas, qu'aujourd'hui, il allait avoir droit de goûter à d'autres lèvres, beaucoup moins amoureuses, qui débordaient de sensualité, d'une promesse de désir.. Évidemment, il aurait tout parié sur Twilight. Mais que ce soit la gamine débordante de joie, troisième successeur à L, et de surcroît amoureuse du gamin qu'il méprisait le plus; Mello, que se soit Lust qui se risque à l'embrasser, c'était trop incongru, trop improbable, trop tout. Il n'omettait rien, que la gamine ne soit pas dans son état normal, qu'elle soit prise par une soudaine envie -non, non, il ne flattait pas son égo.
Le temps d'une demie-seconde, il se laissa aller, et sembla presque donner de lui-même dans ce baiser.. puis il la repoussa brutalement. Non mais pour qui se croyait-elle? Takumi l'observa fixement pendant quelque instants et Lust semblait presque déçue, même si ses yeux vitreux et son visage pâle exprimaient une passivité déconcertante. En fait, il ne trouvait pas de mots pour mettre un point d'ancrage dans ses sentiments. Autant tenter de dire quelque chose alors, puisque c'était la dernière carte qui lui restait.
« -T'es malade ou quoi?! Je t'ai pas amenée à l'infirmerie pour que tu me fasses des papouilles! Je comprends que Mello t'aies plaquée mais n'en fais pas tout un plat! »
Les gamins de nos jours! Ça se contente jamais d'être heureux niaisement et de fermer leur gueule, histoire de profiter de l'époque où ils n'ont encore rien à faire, juste étudier, et encore! Il faut toujours qu'ils soient là à chouiner sur quelque chose et autre concernant leur vie. Soyez heureux de ne pas avoir la responsabilité d'une famille sur votre dos! D'avoir seulement à éduquer des gosses.. M'enfin bref, passée la leçon civique du jour, retournons vers Taken qui semblait complètement désarçonné par l'acte un peu.. osé de la jeune fille.
« -Lust.. faut que t'arrêtes de te droguer.. Je supposes que ce petit manège dure depuis longtemps? D'autre part, je ne vais pas jouer mes mamans attentionnées.. mais.. arrête-toi tout de suite.. Tout entourage vas finir par t'abandonner si tu continues comme ça.. »
Et le professeur de musique était bien, très bien placé pour le savoir..
Takumi se leva soudainement pour se diriger vers la fenêtre tout aussi impersonnelle de l'infirmerie, l'ouvrir, et y fumer sans gêne une cigarette alors que tout le monde pourrait passer et le surprendre avec une élève « alitée » dans un lit.. -même si pour Taken, elle n'était pas plus alitée que ça et son problème devait être plus psychologique qu'autre chose-. Alors qu'il consommait tranquillement sa cigarette, laissant Lust seule avec ses pensées, Takumi manipula son paquet à moitié empli de Gitanes.
« -Jouer avec les drogues a à peine quinze ans.. C'est vraiment n'importe quoi.. Si tu fais ça maintenant, ton avenir promet vraiment d'être pourri à souhait.. »
Il fixa l'horizon tout en continuant de penser à Lust.
« -Dans tout les cas, un sarcasme d'un adulte fera pas avancer les choses, il faudrait que tu vois vraiment ce que tu rates et ce que tu vas gâcher pour te rendre compte de la grosse merde dans laquelle tu t'enfonces.. Mais bon.. »
Il savait qu'elle était complètement inconsciente et qu'elle devait être à côté de la plaque pendant qu'il lui sortait son petit speech.. Il savait que, quoi qu'il lui dise, elle continuerait tête baissée.. Mais peu lui importait.. Pour une fois qu'il se concentrait sur un autre sujet que Twilight, tout allait bien.. Du moins jusqu'à ce que le problème « Lust » soit réglé, et là, il continuerait à penser à l'objet de ses désirs, et, bien évidemment, ça l'énervait comme pas possible, puisqu'une femme ne devait normalement pas l'attirer à ce point. Ceux qui s'abaisse à penser que ce soit de l'amour sont complètement idiots. Non, Takumi n'aimait pas Twilight.. elle était juste une de plus, une autre dont il avait le loisir de convoiter le corps. Il ne pourrait jamais aimer quelqu'un comme Reira, aussi ressemblante physiquement que moralement la personne soit-elle. Reira, qui pourrait bien se résumer à toute sa vie. Mais personne ne comprendrait qu'il ne pourrait jamais l'aimer comme elle l'aimait, tiraillée entre son amour pour lui et pour Shin, puisqu'en créant Trapnest il n'avait fait que conduire la beauté de son chant au paroxysme, ce n'était pas de l'amour. C'était bien plus que ça. Tant que Ren pourrait continuer à veiller sur elle, tout allait bien.. Oui, tout allait bien..
Indécis à l'idée de retourner s'assoir près de la jeune fille - qui savait ce qu'elle allait encore lui faire- il écrasa sa cigarette et la jeta par la fenêtre, referma celle-ci puis s'adossa contre le mur, histoire d'attendre que l'esprit revienne à la jeune fille pour qu'ils puissent enfin « discuter ».
He said "Doesn't make suffer the others for your personal hatred ". I didn't listen to him.
Lust avait depuis longtemps abandonné sa dignité. Depuis Mars 2008. Depuis ce jour où elle avait sauté de la fenêtre du troisième étage. Comment pouvait-on manquer un pareil événement ? Tout le monde le savait. Si Silence n’avait pas eu le bon réflexe au bon moment, on parlerait d’elle au passé. Chose qu’il l’aurait bien évidement arrangée. Et comment pouvait-elle oublier toutes ces erreurs ? Toutes ces tentatives ratées ? Ces marques qui ciselaient sa peau ? Si Lust portait un jour un dos nu, savez-vous ce que verrait les autres ? Un dos marqué par d’immenses cicatrices, vestiges du verre qui s’était enfoncé dans sa peau. Elle était restée longtemps sous transfusion sanguine, avait passé une semaine dans un coma. Et lorsqu’elle s’était réveillé, elle aurait tout donné pour ne pas voir le regard de Weasel ni pour subir ses engueulade. Idem pour Mello et Noodle – sans les hurlements pour cette dernières. Elle se souvient du sourire qu’elle avait affiché lorsque les médecins lui avaient dit que Mello s’était acharné contre eux pour qu’ils la réveillent le plus rapidement possible. Ils lui avaient dit qu’avec des amis tels qu’eux, elle n’avait pas de raison de le faire.
Et quand Lust y réfléchissait, c’était vrai. Elle n’avait aucune raison de le faire. Aucune raison de se détruire comme ça, de se droguer, de s’automutiler. Mais elle continuait, la dépendance étant la principale raison. L’autre raison était que tout ce qu’elle voulait, elle ne l’avait pas. Lust avait de l’amour à revendre. Beaucoup, beaucoup d’amour à donner. Elle se donnait corps et âmes dans les relations qui en valaient la peine, et plus le temps passait, plus elle se disait que le quart de son amour ne lui était jamais rendu. Mais elle n’attendait pas forcement qu’on lui rende à tout prix son amour, juste qu’on l’accepte. Quand elle y réfléchissait, elle perdait toute les personnes qu’elle aimait parce que justement… elle les aimait. C’est pour cela qu’à présent elle se détruisait. Et encore, plus le temps passait plus elle contrôlait ses crises. Pour Weasel et Noodle. Juste pour eux. Mais il y a des fois où l’envie est trop puissante et où l’être humain est condamné à succomber… A moins d’être un spécialiste de son propre comportement…
Et bien que Lust ait la manie de s’introspecter facilement, elle n’avait pas l’état mental prédisposé à s’interroger sur elle-même et son comportement actuel. Tout ce qui tournait dans sa tête actuellement était de pouvoir assouvir des pulsions gardées secrètes depuis trop longtemps. Et pourtant Lust n’était pas une fille facile et n’avait même jamais connu le plaisir des relations sexuelles, faisant tout pour préserver sa sacro-sainte virginité. Elle n’écoutait qu’a peine son professeur de musique, plongée dans un état léthargique, proche du végétatif. Habituellement elle aurait eu une réplique mordante, sarcastique et auto-dérisoire, mais là, tout ce qu’elle voulait c’était lui. Et la fierté de Lust fut profondément blessée lorsqu’il la repoussa comme si elle n’était rien. D’accord la nature ne lui avait pas accordé le corps parfait d’Angelina Jolie, mais ce n’était pas une raison. Cependant, la phrase de son professeur eut l’effet d’une claque et la réveilla légèrement. Elle éclata de rire. Un rire mesquin et moqueur, alors que sa voix, rauque et enrouée répondit :
« Que Mello m’ai plaqué ? Pourquoi diable ce gay diaboliquement sexy ferait ça alors que je suis lesbienne et qu’on ne sort pas ensemble ? »
Aurais-je oublié de dire que Lust abandonnait toutes ses barrière et disait tout haut ce qu’elle pensait sans se soucier des conséquences ? Mais ce serait cependant la seule phrase qu’elle pourrait dire en étant à peu près sobre. Lust resta pantoise, sur son lit, le visage en sueur, brûlante de fièvre, se consumant d’un désir depuis longtemps refoulé. Elle écoutait à peine les remarques de son professeur pourtant tellement vraies. Mais peut-être que c’était ce qu’elle recherchait ? Que tout le monde l’abandonne. Car une fois seule, seule contre tout ceux qu’on avait auparavant aimé, il n’y avait plus à craindre une quelconque trahison. Mais cette perspective effrayait Lust, une angoisse atroce qui l’empêchait de dormir. Mais l’heure n’était pas à ça, pas pour elle. Elle continua de rire comme une imbécile, un rire innocent et idiot, qui ne voulait rien dire dans cette situation, mais après tout, qu’est-ce que cela changeait ?
« Monsieur Taken, vous couchez avec toutes vos étudiantes mentalement, pourquoi pas moi ? »
C’était profondément stupide ce qu’elle disait là. Ca n’avait même pas de sens. Lust suivit du regard les gestes de Taken et le regarda s’asseoir près de la fenêtre. Elle se leva un peu et tituba pour se ramasser contre le sol. Ce n’était pas grave, elle ne sentait pas la douleur ainsi droguée. Elle se releva et se rapprocha de son professeur, écoutant à peine ses leçons de morales dont elle n’avait que faire. Il y en aurait une qui regretterait bientôt d’avoir fait tout cela. Elle haussa les épaules et s’agrippa à lui, collant son buste contre son torse, son regard se faisant insistant. « Mais je veuuux tout gâcheeeer. Je veux que les autres me délaissent pour ne plus souffrir. N’est-ce pas ce que vous faîtes ? Jeter toutes celles qui vous aiment pour vous protéger d’un quelconque sentiment ? Hehe. Sale pervers. »
Et c’était tout ce qu’elle avait répondre, car après tout, elle s’en moquait. Elle le voulait lui, maintenant, et a moins de l’assommer ou de lui faire cuver ses drogues de toute les manières possibles, elle n’abandonnerait pas. Lust était connue pour avoir ce qu’elle voulait. Mais Lust n’était pas réputé pour vouloir du sexe. Et si jamais elle commettait l’erreur de lui donner sa première fois, qui savait la réaction qu’elle aurait après et les choses innommables dont elle était capable de faire contre elle ?
Takumi, coucher avec toutes ses étudiantes mentalement? Oui, effectivement, c'était stupide. La seule perspective de se voir imaginer coucher avec n'importe laquelle de ces gamines idiotes et futiles provoquait en lui un petit ricanement. Il savait qu'il avait une réputation assez ambiguë en ce qui concernait les femmes, mais que Lust aille jusqu'à dire une telle chose.. ne pouvait que lui faire rire. Dans le sérieux de la situation, il ne pouvait décemment pas se permettre de rire à gorge déployé- même si elle était complètement dans le cirage. Il la vit s'approcher de lui en titubant. Encore une envie de rire. Lust, l'intrépide gamine des hauts quartiers, maintenant chose difforme s'apparentant à une loque. Il la connaissait trop peu pour que ses sentiments actuels puissent ressembler à de la pitié ou du chagrin. Serait-ce indiscret de dire que devant cette petite chose pourtant si fragile psychologiquement, il se sentait vide? Il ne méprisait pas ce soudain accès de faiblesse, ni n'éprouvait une impression de pitié.. Rien. C'était comme si quelqu'un lui avait enlevé, pendant un instant, sa capacité à aimer ou à détester.
Ce n'était pas vraiment une manière comme les autres de raffermir sa réputation de sans-cœur. Il ne le faisait pas exprès après tout.
Vint un autre problème; comment cette gamine avait pu se procurer de la drogue d'une telle manière sans que personne ne lui ait touché mot? C'était inconcevable. Il y en avait bien un qui avait remarqué l'état dans lequel elle se trouvait. Il ne voulait pas passer du rôle d'insensible à une attitude chevaleresque. Cependant, il serait bien curieux de savoir comment.. C'est quand il sentit le buste de Lust se coller au sien qu'il commença à se demander jusqu'où elle pouvait aller, quitte à abandonner sa virginité à un inconnu. Il savait Lust professionnelle pour obtenir ce qu'elle voulait. C'était simple, elle pouvait croiser n'importe qui dans un couloir, n'importe quel pervers qui l'accueillerait bras ouverts, et elle perdrait son honneur en un rien de temps. Après tout, Taken ne la connaissait pas. Il pouvait la laisser pantelante de désir, s'il le voulait, à l'infirmerie, et ne plus s'inquiéter sur ce qui se passerait ensuite. C'était la solution la plus plausible. Son visage se ferma à la vue du regard insistant de la jeune chatte. Tout le monde aurait parié dessus, Taken allait prendre la virginité de Lust. C'était connu, Taken était pervers, et tant qu'il n'aurait pas le corps de Twilight, il se contenterait de violer des gamines innocentes.
Il n'allait pas la satisfaire, et elle persévèrerait, il en était sûr. Elle tenterait par tout les moyens d'obtenir ce qu'elle voulait.
Certes, il avait besoin de sexe, et tout ce qui s'en suivait, mais s'était exagéré de croire qu'il allait la violer. Il n'en avait pas l'envie. Certes, il était certainement très en colère, mais jamais il ne pourrait s'abaisser à ça. Pas à cause de la raison, ou d'autres prétextes stupides -parce qu'il s'en fichait- mais bien parce il n'en avait pas envie.
Il savait que le trafic de drogue était courant, surtout dans cet orphelinat, et qu'il était très très facile d'obtenir ce que l'on voulait. Étrangement, en cet instant, le visage sournois de Lazy s'imposa à lui.
Combien y avait-il de chance qu'il puisse la les lui fournir?
Il ne fallait pas qu'il se précipite non plus et qu'il prenne son mépris et ses préjugés pour des réalités. La pseudo-rivalité qu'il entretenait avec ce gamin ne tenait que de lui, et de lui seul. Tout comme Lust quelques minutes auparavant, il écouta débiter ses paroles d'une oreille distante.
Il avait aussi encore la chance qu'on puisse l'accepter quelque part où travailler, car beaucoup entraient dans le show-biz illettrés, dépourvus de culture générale, grâce à un coup de chance, et ils en ressortaient généralement amènes, et déçus d'un chemin qui leur avait pourtant promis tant de choses. C'était vrai qu'il n'était pas stupide, mais bon... Il fallait donc qu'il fasse extrêmement attention à ce qu'il allait faire dans les prochaines minutes.
La Wammy's House était sa seule chance de rédemption. La seule qui lui garantirait un avenir loin de Reira, et par la même occasion de Trapnest. C'est donc sans aucun remord qu'il s'extirpa de son étreinte, tout en la toisant du regard.
« Gâche ta vie seule. Je n'ai jamais demandé à être complice. »
Tout ça dit d'une voix très froide, presque professionnelle, un ton qu'adresserait le professeur mécontent à son élève perdu. S'il le fallait il continuerait à la blesser. Jusqu'à ce qu'elle abandonne.
|Short TvT |
Invité
Sujet: Re: Special K || ~~ Mer 26 Nov - 22:48
Pourquoi cela se passait-il comme ça ? Pourquoi était si mal ? Pourquoi se piquait-elle, s’automutilait-elle, tentait-elle de se suicider ? Qu’est-ce qu’elle tentait de fuir, au fond ? Tout le monde s’accordait à dire que sa vie était parfaite. Lust était mignonne, intelligente, avait un groupe d’amis, une petite sœur, de l’argent à ne plus savoir qu’en faire. Elle était extravertie et adorable ou au contraire totalement égoïste et exécrable, on avait du mal à définir la chose. On ne pouvait pas médire sur Lust, on ne pouvait pas dire qu’elle était une jeune fille dissipée en classe. Lust était une bonne élève, une excellente élève, dont l’intelligence atteignait l’un des plus grands sommets. Celui de la seconde place pour être L. Nonobstant, Lust était de trop. Le prochain L était tout désigné, ce serait Near. Celui qui devait concourir pour tenter de le surpasser, il était aussi désigné : ce serait Mello. Celui qui aiderait le dernier à prendre la place de Near, celui qui serait son meilleur ami, son soutien, le rôle était déjà pris : Matt.
Et elle ? Et elle ? A quoi servait-elle ? A rien, définitivement. Elle était là pour faire coucou à la caméra, pour ajouter une touche de joie au monde mais au final, quand était-il réellement ? Quelqu’un ici pouvait dire quel intérêt y’avait-il à être seconde ex aequo ? Rien, rien. Et tout cela tournait dans sa tête, les mots « inutile », « stupide », « futile » revenaient sans cesses, l’euphorie de la kétamine était passée. Maintenant, il fallait affronter la réalité, si dure, si cruelle. Il fallait affronter que même le professeur réputé pour coucher avec tout et n’importe quoi ne voulait pas d’elle, stupide gamine. Etait-elle si disgracieuse que son existence ne valait même pas cette peine ?
Lust s’éloigna doucement de son professeur, fixant le sol, les yeux vides. Personne n’aurait pu dire ce qui se passait dans la tête de l’adolescente à ce moment-là. On ne pouvait prédire ses actes. Elle pouvait sauter par la fenêtre tout comme s’évanouir. Seul cet air figé demeurait, ce rictus de bonheur gravé sur ses lèvres entr’ouvertes, son regard vide, la lueur les animant étant éteinte depuis bien trop longtemps maintenant. Lust agrandit son sourire, s’assit doucement sur le lit, comme si tous ses gestes étaient fait au ralenti, comme si elle prenait des précautions inutiles. Comme tout ce qu’elle faisait. Tout ce qu’elle faisait était vain, inutile, voué au néant.
Elle écrivait des RPs, des histoires, des personnages, pour fuir la réalité, sans avoir ce qu’elle recherchait au fond, la reconnaissance. Elle souhaitait devenir l’une des plus grandes voleuse : soyons réalistes, Weasel lui prendrait la place. Weasel, ce garçon qui se disait son meilleur ami, pourtant où se trouvait-il quand elle avait besoin de lui ? Comme elle aurait aimé le prendre dans ses bras, au lieu de se planter une seringue au creux du coude. Elle aurait aimé le voir, lui parler de ses angoisses, mais Weasel s’en foutait au fond. Son meilleur ami, c’était Den, pas besoin d’une gamine suicidaire sur les bras.
« Vous êtes cruel. Pourquoi êtes-vous professeur, si vous n’aidez pas vos élèves ? A quoi cela vous sert-il ? Partez ! Partez ! »
Disait-elle, le visage baigné de larme, des larmes qu’elle aurait aimé enfouir au plus profond d’elle-même, mais qui coulaient seules. Puis, prise d’un accès soudain de vivacité, comme allumée par une flamme inconnue, Lust s’activa. Elle ouvrit tous les tiroirs, tous les placards, renversa pas mal de médicament, cassa une bouteille d’eau oxygénée…
« Du verre… » murmura-t-elle. « Du verre… »
Elle se baissa et ramassa un morceau de la bouteille. Taken n’existait plus, le monde n’existait plus. Juste le verre coupant et attirant. Elle passa son doigt dessus, comme pour vérifier ses pensées. La goutte de sang lui confirma qu’il pouvait faire du mal. Soudain, la pièce disparut aux yeux de Lust, les meubles, Taken, plus rien n’existait. Juste le vide, le noir, la solitude et le morceau de verre, salvateur. Elle s’assit sur le lit, face à Taken. Ce n’était pas de la provocation, ce n’était pas du mélodrame, cela lui semblait juste comme la seule alternative raisonnable. Elle ne pouvait pas gâcher sa vie, elle ne pouvait pas continuer à faire du mal autour d’elle. Et puis, qui voulait d’elle ? Pas Near, pas Mello, pas Weasel et même pas Taken. Personne ne semblait vouloir l’aider. Elle était seule, une adolescente paumée comme tant d’autre, qui se cherchait. Qui cherchait quelqu’un à aimer, plus que de raison, et qui l’accepterait. Et personne ne semblait disposé à lui offrir ça.
« Je ne gâche pas ma vie… Je la rends plus facile. » dit-elle en passant la lame sur son poignet gauche. « Je la rends plus facile et plus personne ne me dira rien. Je suis lâche et égoïste… » La lame trancha une nouvelle fois la peau, de manière plus violente et rapide. « A quoi sert tout ce que j’ai fait ? A rien… » une nouvelle coupure, encore, encore, toujours avec plus de violence et de haine, le sang coulait le long de son bras, tachait les draps blancs, le sol aussi, et sa jambe comme sa chemise. Et Taken était témoin, sûrement l’une des seules personnes à voir un acte d’automutilation en direct, comme ça. Et s’il ne l’arrêtait pas, elle ne s’arrêterait pas. Et mourrai, probablement…