Sujet: Que l'acide nuit nous dévore [PV Lawless] Jeu 21 Aoû - 15:33
Lorsque Crux eut achevé la dernière page de Sang d'Encre, il releva la tête et regarda par la fenêtre. Il avait l'impression d'être Trevor. Perdu, orphelin en quête de lui-même.
Lorsqu'il appuya son visage contre la vitre, les quelques cheveux descendant le long de ses tempes tracèrent un sillon surréaliste dans la buée. Il serrait fermement le livre entre ses mains comme s'il était son coeur. Ne le lâche pas où tu mourras, ta vie n'aura plus aucun sens. Jamais il n'aurait cru pouvoir s'attacher autant à des personnages férus de Jazz et de Blues, de chartreuse et de champignons hallucinogènes. Pourtant il avait trouvé en eux les Âmes Perdues, il avait retrouvé sa propre détresse, l'image de son sentier noir définitif. La fin, aussi belle était-elle, réunissant Trevor et Zach dans une étreinte éternelle sous le soleil de Jamaïque, ne cachait pas l'amertume.
Dans quelques minutes, Crux arriverait à Londres. Il pourrait savourer cet urbanisme malsain où règne la marginalité, car il se rendrait à Camden Town. Il envisageait d'acheter de nouvelle capes, une nouvelle chemise, et renouveler son stock de maquillage, tout en se repaissant des ondes noires qui peuplent le quartier alternatif.
Le bus s’arrêta et Crux sortit. Evidemment, les regards étaient tous tournés vers lui. Et jamais le jeune homme n’avait pu lire de sentiments positifs à son égard dans le regard des autres. Il les sentait hostiles. Pleins de reproches. Et comme il ne sortait que très peu de la Wammy’s House, il n’avait pas l’habitude de se retrouver plongé dans une foule aussi vivace. Pour lui, le maquillage et le velours étaient des choses normales, et comme les orphelins n’étaient pas agacés par les différences de styles, il oubliait souvent qu’il était quelque peu hors normes.
Signe que son plongeon dans un autre monde était bien efficient.
Arrivé à Camden, cinq minutes à pied plus loin, tout avait changé. Plus personne ne le regardait. Il y avait même des gens comme lui. Tout aussi décalés, comme sortis d’un XIXème siècle synthétique et subtilement cybernétique. Les clones de Mana-Sama et d’Anna Varney marchaient fièrement et sans gêne, laissant admirer aux autres créatures de la nuit et autres Punks enjoués l’étendue de leur créativité, leurs corps transformés en œuvres d’art. Les gens qui regardaient Crux étaient pleins de bienveillance, enfin ; et c’était la même sensation jouissive qui l’étreignait à chaque fois qu’il mettait les pieds ici.
Lorsqu’il eut terminé de visiter ses boutiques préférées, aux étagères flanquées de bottes fantasques et de bibelots macabres, il décida de laisser ses sacs à la vendeuse et d’explorer Londres plus longuement. Peut-être même sortir de Camden et affronter son agoraphobie chronique. Autour de lui, l’urbanisme se mêlait à des enseignes Burtoniennes, des vitrines remplies de Doc Martens et de badges à l’effigie de groupes Punks éphémères ayant connu la grande époque Londonienne, et tout un chacun semblait pouvoir embrasser ses obsessions personnelles sans aucune angoisse. Comme le monde était beau à Camden Town ! Comme tout semblait idéal ! Pourtant, lorsque l’on sortait d’ici, il ne restait plus qu’un urbanisme morbide et pluvieux, les brisures d’une ville jadis glorieuse sous le règne de l’endeuillée Victoria, les derniers vestiges désormais bafoués par le monoxyde de carbone d’une architecture grandiloquente. Une certaine forme de beauté, finalement. Mais d’un noir à vomir. Une spirale sans issue. Une ville étouffante aux ruelles parcourues par des silhouettes uniformément pressées.
La morne rêverie de Crux fut interrompue par la vue d’une personne plus qu’inattendue. Là bas, au détour de la rue, comme tremblant d’impatience face au passage clouté, il y avait un autre orphelin. Oui, Crux connaissait ce visage pour l’avoir regardé maintes fois. Lawless.
Invité
Sujet: Re: Que l'acide nuit nous dévore [PV Lawless] Dim 9 Nov - 12:18
[HJ : Puisses-tu me pardonner pour cette réponse tardive et tellement peu satisfaisante ! Vraiment, désolée.]
Comme les journées me semblaient banales et tristes à la Wammy’s House. Où était passé le temps où je courrai à droite et à gauche, d’un studio de photo à l’autre pour faire mon bien aimé métier de mannequin ?Où diable s’était barré la partie de moi qui courrait au Mark&Spencer le plus proche pour acheter de la bouffe à ma très chère mère devenue anorexique. Ah ! Comme cela me manquait ! Et puis Carlisle, Apple, Andréa et tout ces gens, je venais à regretter leurs absences. Les absences de ces connards enragés qui ne pensent qu’à leur nombril, comme moi, et c’est probablement pour cela qu’on avait le culot de s’appeler « amis ». Ô rage ! Ô désespoir ! Ô ennui ennemi ! Il fallait que je me dégourdisse les jambes. Il fallait que je sorte, que je bouge, que je danse, que je boive, que je me drogue a tout ce qui pouvait passer, que je baise. En bref que je vive quoi ! Qui était l’abruti qui m’avait foutu dans un pétrin pareil ? ! Ah oui. Moi. Mais je ne suis pas abruti. Je ne réfléchi juste pas. C’aurait été tellement plus simple de refuser d’aller en orphelinat et d’accepter que mes grands-parents me prennent en charge. Mais un été avec Laurent-Jean, le cousin à la con qui drague tout ce qui bouge même le caniche du voisin et des vieux croutons coincés du cul homophobes… Mouais, non, sans façon, surtout que mes grands-parents me haïssaient par-dessus tout. Quoi ? J’étais le rejetons de leur filles bien-aimée ? Elle ne pourrait plus faire mannequin ? WTF ! A MORT ! AU BÛCHER ! Quelque chose du genre, je pense…
Ainsi donc la superbe personne que je suis avait opté pour l’option « Sortie en rave-party grugée ». J’avais appris par mon tendre Apple qu’il y en avait une vers Camden aujourd’hui même et il était évident que je me devais d’y être, histoire de ne pas briser trop de cœur. C’est naze, une fête sans moi vous ne pensez pas ? Mais j’avais du temps à combler avant de prendre le bus qui m’emmènerait à Londres. Ainsi j’ai pris ma guitare électrique, l’ai branchée et ai commencé à gratter le morceau Dead Star de Muse. Tant pis pour les autres abrutis et le bruit, j’avais mortellement besoin de bonne musique ! Et c’était pas dans cet orphelinat que j’étais foutu d’en trouver. Bien sûr le groupe 4M (Me, Me, Me, Me, dont on a pris les quatre première lettres pour faire 4M – nom génialissime trouvé par une personne tout aussi grandiose : moi) répétait souvent et on faisait de la bonne musique – en même temps quand on sait qu’il est composé des 4 plus grands – oui, GRANDS – de l’orphelinat, c’est normal : Ghost, Willow, Weasel et moi quoi – ça ne peut être que grandiose. Mais depuis peu, Ghost & Willow semblaient se désintéressé de notre groupe, alors chacun s’occupaient comme ils pouvaient... Hors comme mon petit-ami n’était pas dévoué à me donner sa pseudo virginité, je me devais de faire l’amour sauvagement à ma guitare électrique.
Seulement, plus les morceaux s’enchainaient, plus je me lassais. Je m’impatientais de ma sortie en fin d’après midi ! Et les semblaient être ralentie par cette impatience. Enfin ma sonnerie de portable sonna, couvrant le solo de guitare d’un The Small Print parfaitement maîtrisé – premier morceau appris et répété à l’infini, seul Matthew Bellamy peut se vanter de le jouer mieux que moi. Je rangeai précieusement ma guitare, enfournai une cuillère de beurre de cacahuète dans ma bouche et sortit par la grande porte ; le portail de l’orphelinat s’ouvrait à moi, l’arrêt de bus aussi, à moi la grande aventure ! A moi la rave party tant attendue et à moi les retrouvailles avec mes camés et mannequin d’amis. Enfin, un seul dans l’histoire était mannequin, mais là n’est pas le sujet. M’impatientant en attendant le bus, je détruisais l’arrêt à coup de poing. Enfin il arriva ! On n’a pas honte d’arriver avec deux minutes trois secondes de retard ? On ne me fait pas attendre ! Je payai, m’installai sur la banquette du fond et observai mes poings meurtris. Un jour je briserai mes phalanges, il fallait que je modère mes accès de violence. Je regardai vaguement el paysage défiler puis enfin j’arrivai. Camden, ses boutiques, ses punks, ses adolescents et jeunes adultes qui se fichent complètement de la mode et du style. Ils cultivent le leur et en sont fier. Et très franchement, j’adorais ces gens. Il me rappelait tous … Ueh… Merde, il est à la Wammy’s House, un peu décalé aussi, fin il s’habille du même genre et ça lui va bien. C’est quoi son nom déjà ? … Faudrait que j’écoute quand les autres me parlent.
« CRUX ! »
Hurlai-je en plein milieu du quartier, alors que j’attendais que le feu passe au rouge pour que je puisse traverser. Son nom m’était soudainement revenu en le voyant de l’autre coté, et je l’avais prononcé avec fierté, oui, j’étais heureux de mon exploit qui est celui de retrouver un nom. Et puis cela me permit de l’appeler par la même occasion, une pierre deux coups. Mais pourquoi je l’appelai au fait ? Etait-ce mon genre que de taper la causette avec des gens dont je me fichai éperdument – Crux inclus - ? Non, définitivement, non. Pourtant il fallait que j’assume maintenant. Je ne pouvais plus faire comme si je ne l’avais pas vu. Je me dépêchai de traverser et le rejoignit, les mains dans les poches, mon visage affichant avec insolence cet désinvolte qu’on me reprochait toujours.
« Qu’est-ce que tu fiche ici ? »
Demandai-je, assez surpris de voir un autre orphelin super surdoué dans les rues de Londres.
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Sujet: Re: Que l'acide nuit nous dévore [PV Lawless] Mer 12 Nov - 19:43
Etrange, ce Lawless. Crux l’avait remarqué, dans les couloirs de l’orphelinat, avec ses faux grands airs, qui ne cachaient que très partiellement un désœuvrement total.
« Lawless », dit-il. Il ne put rien dire d’autre pendant quelques instants. Il se dit qu’il manquait à tous ses devoirs, et que la courtoisie, toute idée de nihilisme mise à part, voulait qu’il ouvre une conversation charmante et précieuse. « Mouais, avec Lawless, c’est peut-être peine perdue. Tant pis. Je suis au théâtre quotidien, je n’admets aucune exception », pensa-t-il.
« Comment vas-tu ? Je reviens de Camden, tu es en train de t’y rendre ? »
Crux ne s’efforçait pas d’être obséquieux, ni même faussement aimable. Sa froideur ne l’empêchait pas de s’intéresser un minimum aux autres. Et ce Lawless. Fin lionceau teigneux et prétentieux. Terriblement fascinant.
Il y avait, chez beaucoup d’autres orphelins, cette espèce de caractère blasé permanent. Comme si l’intelligence leur faisait porter le lourd fardeau du monde et de la conscience des choses. Crux en faisait partie, il le savait bien. Mais loin de se le reprocher, il considérait ce comportement comme une sorte d’idéal, la barrière de protection de l’esprit quand le chaos du monde frappe de toutes ses forces. Le seul moyen de résister, de ne pas se laisser écraser. Lawless avait ce genre d’attitude, mais ne l’affichait pas avec morne subtilité, calme froid. Il était blasé. Mais furieusement…Rock’n’Roll, oui. Le blasé qui se blase tranquillement à grands coups de Martini, qui sait ? Celui qui s’injecte à peu près tout et n’importe quoi pour savoir ce que ça fait, et peut-être un jour voir que juste derrière soi il y a Fréjus, le cousin Germain de Dieu, ou autres stupidités d’hallucinés dans le genre. Excellent. Ah oui, et aussi le blasé qui se saoule de lubricité. « Sodomite, disait-on à mon époque », pensa Crux en oubliant que non, il n’était pas né au XIXème siècle. « Absolument exquis. Comme quoi la décadence existe encore. Sodomite. La dernière manière d’être audacieux. Bon petit. »
Il adressa un sourire à ce jeune fou, ivre de vie comme de mort et de destruction. Il n’attendait strictement rien en retour, évidemment. Cela faisait longtemps qu’il n’attendait plus rien de qui que ce soit. Quand Crux agissait, c’était parce qu’il le voulait bien. Il observa la tenue de son homologue orphelin. Frusques déchirées, guitare sur le dos, cheveux longs mal peignés. « Rien à voir avec moi », pensa encore Crux « qui suis ivre de ma propre et délicieuse superficialité. Bon dieu ! Ne pas se coiffer le matin, je n’y pense même pas ! Et me montrer sans maquillage ? Mais c’est inconcevable ! ». Encore une fois, Crux esquissa un doux sourire, adressé à lui-même. Son monde artificiel, son sens de l’esthétique, c’était un idéal, mais aussi un moyen d’alléger les jours. Pourquoi ne pas rire de soi-même ? Et, qui sait, inviter dans un monde grotesque et macabre, le jeune lionceau, Lawless, qui montre les dents au monde sans même ouvrir la bouche !
"Il y a quelque chose, chez lui...quelque chose que je ne saurais expliquer."
Invité
Sujet: Re: Que l'acide nuit nous dévore [PV Lawless] Ven 5 Déc - 13:50
Crux ne faisait pas partie des personnes que je haïssais profondément. Et pourtant, j’étais connu pour haïr la terre entière. Disons que de loin, j’avais appris à l’apprécier. Il ne semblait pas être en accord avec la WH* ; totalement décalé. Plus éloignés que ces pseudos gothiques et gothic-lolita qui arpentaient les couloirs de l’orphelinat. Gothica par exemple. L’exemple même de « je me la joue ». Ferme ta grande gueule et apprend à t’habiller, on en reparlera après. Ou Snow, alors elle, c’était vraiment du grand art. Genre « oh oui je m’habille comme une kawai lolita et tout le monde m’aime et j’aime tout le monde » Ah ! Comme je ne pouvais pas la supporter cette jeune fille !
Quoi qu’il en soit, Crux était bien. Enfin, je n’en savais rien, je ne le connaissais pas. Je n’avais pas pris pour habitude de traîner avec beaucoup de gens. Comptons dans mes relations mes frères de cœurs : Ghost & Willow et Candle. Car Candle le valait bien, j’estimai. Quoi qu’il en soi, là n’est pas le sujet. Je scrutai le regard de l’orphelin, ayant mis au placard mon air délicieusement méprisant. Pas de raison de se montrer féroce, il ne m’a encore rien fait. Je passai nonchalamment une main dans mes cheveux, me disant que je devrais peut-être les tresser. Ah, la flemme ! Terrible ennemie des écrivains, la voila qui me saisissait aussi !
« Je vais correctement, heureux de voir que tu t’en souci. En effet, des amis m’ont invité à une rave party. Et entre une soirée de chieur à la Wammy’s House ou une fête grandiose avec de l’alcool, de la bonne musique et de beaux éphèbes, le choix s’est irrémédiablement tourné vers la Rave Party, on se demande pourquoi d’ailleurs. »
Répondis-je, sarcastique. Je ne comprenais même pas comment certains pouvaient avoir envie de rester à la Wammy’s House jusqu’à la fin de leurs jours maudits. Tche. Puis, fixant Crux de bas en haut et de haut en bas, une pensée fulgurante me traversa l’esprit. Illumination soudaine et délicieusement tentante. J’affichai un rictus mauvais alors que je m’approchais de Crux, une idée exquise en tête. J’estimai qu’aller à une fête préparée par le gratin du gratin seul, ce n’était même pas concevable. Apple et Carlisle – les organisateurs de cette soirée – me charrieraient probablement jusqu’à la fin de mes jours. Et je détestai être charrié par Apple.
« Dis moi Crux, passer quelque heure en ma merveilleuse, sublime, grandiose compagnie, cela te tente-t-il ? Je veux dire, après tout, comment refuser. Tu n’as rien de mieux à faire, si ? »
Je marquai une pause et le fixai. Que pourrait-il y avoir de mieux qu’une fête en ma compagnie ? Matt et Mello qui coucheraient en publique. Non, même pas. Seule une embardée de vampire venant détruire l’orphelinat pouvait être plus intéressante. Et encore.
« Je vais m’ennuyer si j’y vais tout seul de toute manière, et j’aimerais tellement partagé des choses avec toi ! Non, je blague, je te connais pas assez pour dire ça. Mais autant en profiter pour apprendre à nous connaître en profondeur veux-tu ? Hahaha ! »
Oui, j’ai un humour de merde, et je vous emmerde. Pour une fois ma journée ne fut pas misérable et mon karma se rendit enfin compte de toute les bonnes actions que j’avais faite dans ma vie, ainsi il allait continuer sur sa lancée et faire en sorte que Crux accepte de venir avec moi, malgré la perspective suivante…
« Mais par contre, tu te devras te laisser faire, pendant une heure au minimum, histoire que je te relooke un max pour coller à l’ambiance vois-tu ? Non pas que ton style soit naze, personnellement j’aime beaucoup l’originalité dont tu fais preuve. Mais il y a des fois où il faut se plier à quelque code vestimentaire, telle que maintenant. Tu veux une clope ? »
Achevais-je en tendant mon paquet de Marlboro vers Crux, en allumant déjà une pour moi.
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Sujet: Re: Que l'acide nuit nous dévore [PV Lawless]