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 Alone in the room number five [libre]

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Invité
Sujet: Alone in the room number five [libre] Alone in the room number five [libre] EmptyVen 12 Sep - 23:01


Découvrez Olivia Ruiz!


    Que faire lorsque l’on est seule et qu’on a envie de compagnie ? La réponse la plus logique à cette question est sans doute : aller en chercher.
    Mais que faire lorsque l’on est comblé des soins les plus attentionnés mais que l’on se sent seule ? La réponse est nettement plus difficile, non ?

    Assise sur un petit tabouret de bois noir, Moon peignait ses longs cheveux nacrés et fixaient la belle nuit couverte qui lui cachait la vue de sa siamoise céleste auprès de qui elle venait prendre conseille mais qui ne lui répondait jamais. L’astre lunaire dans toute sa splendeur avait pour habitude d’ignorer la moindre de ses questions mais elle ne se refusait pourtant pas de la questionner, de continuer à lui indiquer ses interrogations dans l’espoir de la voir lui répondre un jour.
    Son cerveau travaillaient au maximum de sa puissance et un sérieux mal de crâne lui tapait violemment les tempes ; pourtant, elle ne bougeait pas et continuait son mouvement mécanique, son regard fixant l’horizon noir et lointain, ne cillant pas d’un pouce. Le mal être qu’elle ressentait depuis quelque temps, quel en était la cause et que signifiait-il ? Elle savait que sa quête était sans queue ni tête mais elle n’avait qu’à tendre la main pour être comblée des soins les plus attentionnés grâce à l’intervention de ses amants. Elle était entourée d’amis et d’ennemis, d’ignorés et de curieux et pourtant elle se sentait seule, terriblement seule. Rien ni personne ne semblait pouvoir combler ce vide qui séjournait en elle depuis quelques semaines déjà. Elle était à peine revenue à l’orphelinat que sa joie euphorique du moment avait bien vite laissé place à un morne quotidien rempli de ces surprises tant désirées.

    Lâchant un long soupir de lassitude, elle laissa son bras retomber et ses cheveux flotter dans la brise nocturne lui arrivant dans la figure pour la glacer, faisant voler doucement sa nuisette de soie noire qui jurait délicatement avec sa peau blanche, elle laissa la ronde de mèches éparses et soyeuses se joindre à la valse du vent, la bouche légèrement entrouverte, face à sa fenêtre grande ouverte déversant un flot d’air froid à vous glacer les sangs. D’ailleurs, la jeune femme tremblaient mais on n’aurait su dire si c’était dû à ce froid mordant ou à l’un de ses vils sentiments qui la cernait et la plongeait dans une intense réflexion qui ne semblait la mener à rien. Il était tard et elle aurait déjà dû être couchée ou dans les bras d’un homme pour lui faire découvrir mille et un délices et pourtant elle était toujours debout et bien réveillée.
    Comme un automate, elle se leva et se rendit à sa coiffeuse pour se démaquiller et ainsi retrouver sa beauté naturelle que seuls ses amants avaient le privilège de connaître. Car si le jour elle se couvrait le visage de ces artefacts chimiques, la nuit elle était naturelle comme son homologue nocturne qu’elle ne pouvait contempler cette soirée là, à cause des nombreux nuages qui fourmillaient dans le ciel de juillet.
    Se regardant par obligation, elle enlevait poudres et baume à lèvre avec délicatesse mais par gestes las et imprécis qui lui semblèrent durer une éternité tellement elle était peu attentive à ses propres faits et gestes. Et lorsqu’elle eut enfin fini son petit manège habituel, elle alla se laisser tomber comme un cachalot sur son lit, laissant les ressorts grincer légèrement sous son poids d’oisillons mouillé, observant le plafond blanc où jouaient les ombres d’une multitudes d’êtres qu’elle ne connaissait pas, son esprit bouillonnant toujours, cherchant au plus profond d’elle-même les causes de sa conditions actuelles qui la faisait se sentir si dérisoire aux yeux de tous.
    Et alors qu’elle broyait du noir, sa porte s’ouvrit et quelqu’un se laissa glisser dans sa chambre.
    Il était vingt-deux heures trente et rien n’allait plus dans la tête pourtant bien faite de la surveillante.


Dernière édition par Moon le Sam 20 Sep - 9:24, édité 3 fois
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Invité
Sujet: Re: Alone in the room number five [libre] Alone in the room number five [libre] EmptySam 20 Sep - 1:22

L’homme est un animal social. C'est-à-dire qu’il a besoin de l’autre. Il s’en sert non seulement pour communiquer et se sentir bien mais c’est également une étape importante du développement de l’esprit humain. L’homme social n’évolue en effet plus en fonction de son environnement uniquement mais aussi en prenant en compte le regard des autres, les règles de la société dans laquelle il s’est construit, il calcule les possibles réactions, les probabilités, se sert consciemment ou non des émotions qu’il perçoit, bref, interagit continuellement en fonction de l’« l’autre ». Qu’il soit là ou pas. C’est pourquoi la solitude, la solitude réelle, celle de l’être, et non celle du cœur, n’existe pas chez l’humain.

Bulle de chagrin derrière une plaque de marbre. Sans raison particulière. Sans témoins, sans émotion même. Une bulle, tout est dans le mot, n’est ce pas ? Siriel sentait quelque chose en lui qui le gênait, montant de ses entrailles pour se loger dans sa gorge, l’empêchant totalement de parler. Mais il ne sentait pas le chagrin qui en était la cause. Il n’avait aucune idée du sentiment incongru qui était né en lui, pas plus qu’il ne se demandait pourquoi il ressentait ça. Assit contre le mur de la cour de l’orphelinat, il regardait les nuages. On était en juillet et malgré le ciel couvert, il faisait une douce chaleur, très agréable. En été, le jeune garçon ne sortait jamais en journée. Trop de monde, trop de bruit, trop de soleil et trop de couleurs. Il préférait le décor monochrome de sa chambre et la fraîcheur de la nuit pour se détendre. Il savait bien sûr qu’il était interdit de se balader si tard mais il s’en fichait. Les autres, Siriel n’en avait pas grand-chose à faire. Il avait grandit en les évitant, s’était construit en s’efforçant d’ignorer leurs regards. Siriel n’était pas un animal social. A peine un homme.

Deux yeux couleurs de pluie interrogeaient les étoiles invisibles sous les nuages. Quand est-ce que vous me prenez, semblait-il demander en silence, répétant sa prière comme une litanie sans fin. Ici le monde est laid, mauvais et violent. C’est à autre chose que j’aspire. Sans arrêt il reprenait sa complainte silencieuse mais comme toujours, le ciel ne répondait pas. Le ciel ne répondait jamais. Le ciel était sourd et le pèlerin muet. Les deux restaient immobiles. Pas de messages dans le vent, rien que les odeurs d’un soir d’été. Les fables et les histoires n’existaient que dans les livres de cette réalité. Les portes entre le monde et l’imaginaire étaient closes. Inutile d’insister.

Le jeune homme se leva doucement, sans rien exprimer de sa déception. Il réessaierait à l’occasion. Il était patient. Il attendrait.

Sans hésiter ou se cacher, il sortit du parc et entra dans le bâtiment et la légalité. Les couloirs étaient déjà bien déserts. Les plus jeunes d’entre eux subissant déjà le couvre feu. L’odeur des arbres était mêlée dans ses cheveux et il sentait sur lui un peu de la légèreté qu’est sensé procurer la saison chaude. Ses pieds se mirent en mouvement sous les lumières tamisées. Il n’allait nulle part. Il allait partout. Cherchant comme une ombre, une solitude à garder en lui pour remplir le vide causé par la mort de sa sœur. L’absence de Sara que chaque rire d’enfant ravivait en lui.

Où était-il ? Quelle importance. Il était sur terre. Enfin seul. Enfin seul… c’était beaucoup dire. On pouvait entendre les rires d’un groupe d’adolescents de son âge. Pas maintenant. Il ne voulait pas qu’on le voie ainsi, mélancolique. Il ne voulait pas supporter leur joie de vivre, leur indifférence, leurs sarcasmes ou même leur gentillesse. Il ne voulait rien d’eux. Il voulait juste être seul pour l’amour du ciel !

Lentement comme toujours, mais sans hésitation, poussé par ce qu’on pourrait presque appeler une nécessité, le jeune homme ouvrit la première porte qui passait à sa portée, sans se demander où elle pouvait bien donner. D’un pas à la fois discret et décidé, il entra et ferma la porte… avant de regarder où il était. C’était une pièce de taille respectable. Une chambre probablement, il lui semblait deviner un lit à la limite de son champ de vision. Bah. Il y reviendrait plus tard.

En face de lui, une fenêtre ouverte sur ces mêmes cieux silencieux. Siriel la regarda un moment, impassible, puis s’en détourna. Non. Fini pour ce soir. Une coiffeuse trônait dans un coin. Enfin, il fit un pas en arrière, quittant l’ombre pour la lumière et regarda ledit lit. C’était… un lit. Avec quelqu’un dessus. Quelqu’un habillé en noir. Une femme, il n’y avait que peu de doutes là-dessus. Mais une femme qui paraissait inconnue à l’adolescent, incapable de reconnaître Moon démaquillée et dans cet état.

Hum.
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Sujet: Re: Alone in the room number five [libre] Alone in the room number five [libre] EmptySam 20 Sep - 10:28

    Totalement absorbée par ses pensées, elle ne se rendit pas compte tout de suite de l’entrée de Siriel dans sa chambre. Sa porte ne grinçant pas et le jeune homme l’ayant fermée sans faire de bruit, rien ne lui avait indiqué sa présence, même pas sa voix puisqu’il ne semblait pas enclin à parler « seul ».
    Lâchant un nouveau soupir de lassitude, la jeune femme se retourna délicatement pour aller attraper sa montre sur sa table de chevet, se redressant légèrement, ses longs cheveux soyeux créant comme une auréole d’ivoire autour de son visage.
    Vingt-deux heures trente deux.
    Ce que le temps pouvait sembler long. Balayant sa chambre d’un regard vide, elle ne le remarqua pas tout de suite. C’est quand ce détail sembla enfin atteindre son cerveau qu’elle posa ses yeux d’ambre sur lui.

    Siriel.

    Ce nom s’imposa à son esprit. Si elle devait classer les gens de la wammy’s house dans des catégories, il serait sans aucun doute dans « proies difficiles » ; mystérieux, parlant peu, ne semblant pas attiré par ses courbes naturelles, il l’intéressait beaucoup bien qu’elle ne savait pas encore comment le séduire. Mais en cette triste nuit d’été où le froid mordait ses cuisses et ses bras nus, son corps parcouru de frissons involontaire, elle n’avait pas la tête à séduire qui que ce soit. End aurait pu se balader nu devant elle que ça n’aurait rien changé à la chose, elle n’était pas dans son état d’esprit « normal », Siriel n’avait donc rien à craindre.
    Mais que pouvait-il bien faire ici ? Certes, son couvre-feu n’était pas encore tombé mais c’était bien la première fois qu’elle pouvait le voir d’aussi près : elle avait, en temps normal, l’impression qu’il l’évitait.
    Avait-il un problème et aucun autre surveillant pour l’aider ? Elle ne se souvenait même plus qui était censé circuler dans les couloirs ce soir-là, juste que ce n’était pas elle.
    Le bruit de la pluie commença à résonner au-dehors et elle tourna la tête vers la fenêtre grande ouverte pour la regarder tomber, arrêtant de fixer momentanément l’adolescent mais revenant à ses yeux bleus bien vite.

    Se redressant, elle s’agenouilla sur son lit, cherchant les mots pour ne pas le brusquer et en espérant obtenir une réponse, mettant temporairement son cerveau sur « pause » pour arrêter de penser à toutes ses choses qui semblaient la tracasser.
    Aspirée par les yeux couleur de pluie, elle se lança finalement bien que ça voit ne fut qu’un murmure.


    « Bonsoir Siriel… »

    C’était déjà un bon début. Après, par où commencer ? Lui demander la raison de sa venue ? Lui voulait-il quelque chose de particulier ? Ou était-ce pour se confier ? Non, elle le voyait mal venir pour ça et à force de s’imaginer des choses qui n’avaient pas lieu d’être, elle finissait par laisser un trop long moment d’hésitation pour finir sa phrase.

    « Que me vaut l’honneur de ta présence dans ma chambre ? »

    C’était peut-être un peu pompeux mais elle n’avait pas vraiment l’esprit prêt à réfléchir pour vérifier ses tournures de phrases, celui-ci immanquablement attiré par les méandres de ses interrogations qui lui donnaient la migraine. Ce qu’elle aurait voulu se retrancher dans un coin tout blanc de sa conscience pour ne plus entendre ses questions revenir en boucle et résonner sans fin !
    Mais ce n’était pas le moment de se laisser happer dans ce monde, elle voulait savoir pourquoi Siriel était là, et trouvant qu’il faisait bien trop froid dans sa chambre, elle se leva et alla fermer ses fenêtres, ses rideaux de velours reprenant silencieusement leur place alors qu’elle faisait chemin arrière et qu’elle allait appuyer sur l’interrupteur se trouvant quelques centimètres sur la gauche de l’adolescent.
    La lumière s’alluma progressivement pour que leurs yeux aient le temps de s’y habituer et ne soient pas agresser puis elle reporta son attention sur lui, si grand par rapport à elle et son mètre soixante-huit.


    « Désires-tu t’asseoir ? »

    La surveillante était à court d’idée quant à la manière de se comporter avec lui. Rester naturelle lui paraissait la meilleur des choses à faire et Siriel ne paraissait pas rebelle comme tant des autres adolescent de la Wammy’s, prêt à remettre en cause son autorité pendant ses rares moment de pauses.

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Sujet: Re: Alone in the room number five [libre] Alone in the room number five [libre] EmptySam 20 Sep - 16:13

Or et argent dans l’obscurité. Deux sentiments étranges qui se rencontrent, s’évaluent, se reconnaissent. Presque une interrogation dans les yeux bleus, quelque chose comme de la surprise dans ceux qui étaient dorés. Et le silence, enfin l’absence de paroles, qui pesait dans la pièce, créant une atmosphère sombre et opaque entre les deux êtres.

Le ciel laissa soudain déborder son chagrin. Il ne put retenir sa pluie plus longtemps et on l’entendit se déverser sur la propriété. D’abord en paquets disparates, puis en rideau de plus en plus serré, les gouttes d’argent fondu frappaient aveuglément tout ce qui se trouvait sur son chemin. Plus bas, toujours plus bas, pour laver la terre de sa sécheresse. Une odeur métallique de terre mouillée monta dans la chambre, changeant l’atmosphère de la pièce. Il meubla le silence surprit, détourna les regards qui se jaugeaient vers la fenêtre et déchira le voile de l’anonymat.

Moon était seule, elle avait froid, elle était dans le noir et pourtant éveillée. Pour Siriel, la chose était extrêmement claire, Moon était malade et se reposait. Il ne ressentait pas de culpabilité de l’avoir dérangée, c’était un sentiment inutile comme la plupart d’entre eux. Par contre il était ennuyé. En temps normal il évitait son ancienne camarade devenue surveillante. Elle avait trop changée, elle était déformée par le monde extérieur et surtout elle voulait toujours quelque chose de lui. Il ne savait pas quoi, il ne savait pas pourquoi, mais il sentait bien qu’il n’avait pas envie de le lui donner. Moon était un soleil. De ceux dont la présence brûle et s’impose. Comment cela se faisait-il qu’elle ait réussi à se fondre dans l’obscurité ? Quel était le nuage qui ternissait soudain son éclat ? Et surtout avait-il envie de le savoir ? Ceux de dehors étaient sûrement passés, inconscients et destructeurs. Il pouvait probablement sortir. Oui, il allait partir. C’était plus prudent.

Presque imperceptiblement, il transvasa tout son poids sur sa jambe droite, libérant la gauche pour faire un premier pas… qui ne fut jamais achevé. Moon prit enfin la parole, indiquant par là qu’il devait rester. Il était censément impoli d’ignorer ceux qui vous adressaient la parole… et il n’avait pas plus envie de l’offenser que de devenir son amant.


« Bonsoir Siriel… »

Léger signe de tête en réponse et rien pour l’aider à rompre à nouveau le silence. Il n’y avait rien à répondre à ces trois mots. Bon. Soir. Raccourcit usuel et idiot. Ce soir n’était pas meilleur que les autres à ses yeux et visiblement très mauvais pour la jeune femme. Ce fut également pour cette raison qu’il n’y eu pas le « comment vas-tu » usuel dans ce genre de cas. La plupart du temps, la question « ça va » impliquait que l’on voulait qu’on vous retourne la question. Visiblement, la surveillante n’avait pas du tout envie qu’on s’interroge sur sa santé.

« Que me vaut l’honneur de ta présence dans ma chambre ? »

Euh… aucune idée. Il ne pouvait pas vraiment dire qu’il était rentré sans savoir. C’était déjà assez stupide en soit sans avoir besoin de mettre des mots dessus. Et puis ce genre de réponse générait souvent encore plus de questions auxquelles il n’aurait pas envie de répondre. Il ne se sentait pas d’humeur à bavarder. Alors, il la suivit silencieusement des yeux, cachant un mouvement de recul lorsqu’elle passa près de lui pour allumer la lumière. Un peu ébloui malgré l’intensité progressive de la luminosité, il ferma les paupières et les rouvrit doucement, découvrant un monde plus cru, plus vaniteux que ce qu’il avait noté. Sur la coiffeuse, des produits cosmétiques. Le vêtement noir était un déshabillé qui suggérait autant qu’il cachait et contrastait sur sa peau claire.

« Désires-tu t’asseoir ? »

Tiens, oui, bonne idée. Une nouvelle fois les yeux clairs de l’adolescent balayèrent la salle. Une chaise devant un bureau. Un tabouret noir. Parfait. Toujours sans un mot, il tourna le dos à la jeune femme, se dirigea directement vers le bureau, prit la chaise, la soulevant pour ne pas la faire crier et la posa galamment derrière Moon comme pour lui proposer de s’asseoir d’abord. Il se rendit alors à la fenêtre, laissa une seconde le bout de ses doigts jouer sur le carreau embué et strié d’eau, puis se saisit du tabouret et s’assit à son tour. Cela répondait à la seconde question. D’après les normes admises, c’était maintenant à lui de parler. Voila pourquoi il n’aimait pas la société. Pourquoi parler quand on n’avait rien à dire hein ? Drôle d’idée.

« Moon ? »

Traduction : « Qu’est ce qui ne va pas ? Tu es sure que tu vas bien ? C’est bien toi au fait ? ». Comme quoi on pouvait faire passer beaucoup de chose dans une simple intonation, même lorsqu’on avait la voix enrouée a force de ne pas parler et qu’elle était naturellement très grave. Les mots étaient vraiment inutiles et barbares. Il y avait tellement d’autres façons de s’exprimer…
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Sujet: Re: Alone in the room number five [libre] Alone in the room number five [libre] EmptySam 20 Sep - 16:45

    Comme à son habitude, le jeune homme ne parlait pas beaucoup. Ca ne dérangeait pas spécialement la surveillante, ce soir-là, car elle n’était pas vraiment d’humeur à bavarder ni même à être dérangée. Mais Siriel ne la dérangeait pas. Faisant partie des orphelins qu’elle connaissait d’avant son départ, il avait la chance d’être l’un de ceux qu’elle aurait pu qualifier de « favoris ».
    Mais elle ne se souvenait quelles avaient été leurs relations avant qu’elle ne parte, elle avait oublié beaucoup de chose pendant ses cinq ans d’absence de la Wammy’s, surtout la manière dont elle se comportait auparavant avec les autres. Et si certains avait accepté la nouvelle Moon tout comme l’ancienne, d’autre avait préféré « couper les ponts » et disparaître de ses proches.
    Se tournant sur elle-même lorsqu’elle entendit la chaise s’y poser en douceur, elle observa l’adolescent aller chercher le tabouret noir sur lequel elle était assise une dizaine de minutes auparavant et y prendre place pour lui faire face. Curieuse, tirée de ses pensées sombres et moroses par son attitude détachée, elle le regarda toucher les carreaux glacer avant de lui retourner poliment une interrogation, pour ne pas perdre le fil de la conversation.
    Moon.
    Seulement ça et l’intonation qui allait avec. Mais derrière ce nom, il lui semblait déceler plusieurs questions implicitement dissimulées. Elle se demanda alors si elle paraissait tellement mal que même Siriel qui ne l’approchait que de très loin, était venu prendre de ses nouvelles ? Elle ne se souvenait pourtant pas s’être comportée différemment que d’habitude : elle avait jouée l’aguicheuse de service, rentrant dans la peau de son personnage habituel. Car le jour, tout n’était que façade chez elle mais peu pouvait s’en rendre compte. Elle ne montrait pas les faiblesses que ses amants pouvaient observer la nuit, elle ne se montrait pas sous son vrai visage de peur de perdre ce qu’elle cherchait depuis quelques mois et qu’elle avait finalement réussit à trouver auprès des hommes délicats de l’orphelinat.
    Sans s’en rendre compte, elle avait de nouveau plongé ses yeux ambrés dans ceux si pur de Siriel et ses joues prirent une magnifique teinte rose alors qu’elle portait son regard sur la fenêtre où coulait la pluie.


    « Excuse-moi, j’avais oublié que les mots et toi vous n’étiez pas en très bon termes… »


    Elle se demanda à quoi pouvait penser Siriel en tant normal, ce qu’il pouvait penser d’elle aussi actuellement ? La détestait-elle ou est-ce que son inquiétude, perçue dans sa question, était sincère ? Elle ne pouvait pas répondre à ses questions, comme à toutes celles qui remplissaient son esprit sans lui laisser un seul moment de répit.
    Et elle n’avait toujours pas répondu à ses questions. Mais elle ne pouvait pas se confier à lui. Ni à lui, ni à un autre. Même à son meilleur ami elle n’aurait pu se confier. Car elle ne savait même pas mettre de mots sur ses angoisses.
    Mais il lui fallait répondre. Ne serait-ce que par politesse. Non, ne serait-ce parce qu’il avait eut la gentillesse de s’inquiéter.

    « Je pense ne pas aller bien, je pense ne pas être moi mais je ne trouve pas où se situe le problème… Merci de t’inquiéter, que ce soit sincère ou non. »

    Elle pouvait être fausse autant qu’elle le voulait le jour mais la nuit venue, elle n’avait plus la force de mentir ou de se voiler la face. Elle devenait franche sans retenue et on pouvait presque retrouver une part de celle qu’elle était avant, de celle qui s’était perdue au plus profond de son être.
    Le regard vague, observant les larmes du ciel qui frappaient toujours plus fort à sa fenêtre, elle était fatiguée de se heurter à toutes ses questions sans réponses qui noircissaient son âme et torturaient son esprit avec ferveur et audace.
    Puis elle plongea son regard dans les yeux profonds du jeune homme, une question muette s'y installant : la détestait-il ?


    *Même ma compagne céleste m'a faussée compagnie une nuit de plus, elle aussi ne doit pas m'apprécier. Déshonorerais-je donc autant son nom ?*
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Invité
Sujet: Re: Alone in the room number five [libre] Alone in the room number five [libre] EmptyJeu 25 Sep - 1:09

[HJ – désolé le bug du we m’a légèrement désorganisé…]

Il arrive que le soleil se voile. Il est là toujours présent et l’on sent sa force mortelle à travers le voile des nuages mais on ne voit de lui qu’un pâle anneau de lumière dans une brume grise. Il arrive que le soleil cède la place à la pluie, qu’il disparaisse tout d’un coup, s’absentant le temps d’une ondée pour permettre à la Terre de ne pas être totalement brûlée par ses rayons. Et il arrive enfin que le soleil laisse place à la nuit. C’est dans les régions les plus chaudes qu’il fait le plus froid la nuit.

Moon semblait subir un phénomène similaire. Il l’avait reconnue bien sur, mais ce n’était pas elle. La personnalité brillante, vivante et aguicheuse n’était pas là. Tout ce que l’on pouvait voir d’elle c’était une jeune fille, perdue. Siriel n’aimait pas le soleil. Trop de lumière lui blessait les yeux, trop de chaleur lui brûlait la peau, trop de couleurs lui tordait le cœur. Il évitait donc Moon avec toute la discrétion dont il était capable. Lorsqu’elle entrait dans une pièce, il sortait. Mais la Moon de la nuit, celle qu’il découvrait ce soir et qui semblait chercher le réconfort de ses yeux ne le dérangeait pas. Au contraire, il sentait vaguement une détresse qui se mariait avec la pluie coulant dans la gouttière de l’autre côté du mur. Un sentiment qui tamisait la lumière de la lampe dans le coin et qui vibrait dans la chambre. Quelque chose qu’il était trop indifférent pour seulement imaginer.

Non, Siriel ne prêtait pas attention aux autres au point de voir ce qu’ils voulaient cacher (enfin pas à tous). Non, il n’était pas venu pour la consoler. Le hasard seul les avait conduits à communiquer ce soir. Le hasard et une poignée d’adolescents de bonne humeur si l’on voulait être précis. Quand à savoir s’il s’inquiétait ou non, c’était une autre paire de manche.


« Excuse-moi, j’avais oublié que les mots et toi vous n’étiez pas en très bon termes… »

Une lueur amusée traversa une seconde les prunelles ternes de l’adolescent. Comme un demi sourire désabusé qui ne passerait que par les yeux. Pas en très bons termes… elle ne l’avait sûrement pas fait exprès mais elle ne pensait pas si bien dire. Et la formulation était bien trouvée. Siriel fuyait les mots qui servaient à communiquer mais il avait toujours aimé jouer avec. Trouver leurs failles et leurs forces, leurs incohérences, leurs vraies significations. Pas en très bons termes. Oui, c’était tout à fait ça.

Battement de cil. Les yeux de pluie reprirent leur placidité coutumière. Ils soutenaient sans peine le regard d’or de la jeune femme, sans chercher à fuir ou à exprimer quoique ce soit. Siriel savait que son regard était souvent perturbant par sa fixité et son vide abyssal mais Moon semblait s’y accrocher comme à une bouée et il n’avait pas le cœur de la détromper.


« Je pense ne pas aller bien, je pense ne pas être moi mais je ne trouve pas où se situe le problème… Merci de t’inquiéter, que ce soit sincère ou non. »

Siriel eut un soupir très discret, à peine perceptible. Sans un mot, il se leva, se demandant comme toujours si un jour il n’allait pas oublier d’arrêter son ascension vers le ciel, et fit les quelques pas qui le séparaient de Moon.

Un genou à terre.

Deux.

Doucement, il tendit sa main et la posa sur le front de la jeune femme. Le problème était là. Il était toujours là. C’était la tête qui commandait tout le reste. La tête responsable des hormones et des sentiments, la tête qui contenait la conscience et les instincts. La tête qui remettait à l’endroit un monde que l’on voyait supposément à l’envers. Comment savoir dans de telles conditions quel était le bon sens ? Le bon sentiment. La bonne décision. Oui, tout venait de là.

Dans le même temps, le jeune homme cherchait à savoir si elle avait de la fièvre mais il n’arrivait pas à déterminer si la chaleur de sa peau était normale ou pas. Il n’avait pas de référence et, n’étant pas médecin, ne pensa pas à prendre son propre front comme témoin. Doucement, il laissa retomber son bras. Le bout de ses doigts caressèrent une seconde son visage, sans le faire exprès puis leurs yeux se croisèrent à nouveau.


« Triste ? »

Autant la faire parler puisqu’il était là. De toute façon il se connaissait. Il était incapable de se lever et de partir en la laissant seule dans cet état. Il y avait toujours en lui cette force étrange qui le poussait à aider autruit. Probablement un cadeau de Sara qui avait toujours été du genre à s’apitoyer sur tous et sur tout. Lui ne s’apitoyait pas, au contraire. Il cherchait à comprendre, quitte à fouiller au plus profond. Il mettait les gens devant eux même et restait avec eux jusqu’à ce qu’ils puissent supporter voire comprendre ce qu’ils voyaient. Sara avait été la petite fée bienveillante. Lui était devenu le miroir froid et insensible. Sara était partie. Il était resté.
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Sujet: Re: Alone in the room number five [libre] Alone in the room number five [libre] EmptyDim 19 Oct - 22:04

    Moon observa les faits et gestes de l’adolescent qui s’approchait d’elle. Il s’agenouilla et posa sa main avec délicatesse sur son front. Le contact de sa peau lui tira un frisson mais elle ne sembla pas y prêter attention. De nouveau, son esprit se questionnait sur les agissements du garçon ; dès que ça concernait un homme, il fallait qu’elle analyse tout, le moindre de ses mots, le moindre de ces gestes. Mais en général, elle ne s’en rendait pas compte, c’était une mauvaise habitude, une manie dont elle n’avait pas conscience.
    Et ce soir là, c’était la même chose.
    La gentillesse de Siriel et son inquiétude la touchèrent et elle baissa les yeux vers le sol, vaguement gênée de cette situation. Au moins, il lui changeait agréablement les idées et elle n’en était pas mécontente, au fond, elle en était même heureuse.
    Mais lui laisser voir ses états d’âme, n’était-ce pas dangereux ? Elle ne voulait pas imposer ce poids au jeune homme, elle ne voulait pas qu’il éprouve non plus de la pitié pour elle, elle détestait tant être misérable que sa fierté en prenait un coup.
    Frissonnant, elle se rendit compte que dans sa tenue de lit, elle n’avait vraiment pas chaud. Lorsque les doigts de Siriel retombèrent en la frôlant et que ses yeux semblèrent lui demander son état, qu’un mot exprimait ses sentiments, elle ne put s’empêcher d’esquisser un faible sourire, comme si ce simple changement pourrait rassurer l’adolescent.


    « Sans doute. Je ne sais pas moi-même. Attend. »

    Elle se leva, faisant bien attention à ne pas le bousculer, se retrouvant dans un équilibre précaire dû à la fatigue accumuler ses derniers temps et à cause de ses nombreuses questions qui brouillaient son esprit et rendaient ses nuits agitées.
    Elle se mut° vers le porte-manteau voisin de la porte et attrapa une robe de chambre dans es tons pêche, l’enfilant avec quelque maladresse et serrant sa ceinture d’un geste las avant de retourner prendre place à côté de sa chaise, par terre, à la même hauteur que Siriel. Elle n’aimait pas spécialement le regarder de haut, depuis sa chaise alors qu’il s’était agenouillé devant.
    Remontant ses genoux contre sa poitrine, elle posa son manteau dessus et elle sera ses jambes de ses deux bras pour les empêcher de glisser vers l’avant. Elle ne savait pas comment continuer la conversation. De toute manière, Siriel n’avait pas besoin de mots pour comprendre qu’elle n’allait pas bien, tout dans son attitude devait le prouver et savoir ça la rendait presque malheureuse : quelle image pitoyable était-elle en train de donner au garçon ?
    Soupirant comme si toute la peine du monde venait de s’abattre sur ses frêles épaules, elle osa de nouveau plonger ses yeux d’ambre dans le gouffre abyssal bleu qu’étaient ceux de Siriel. Saisissant, provoquant un certain mal-être, inquiétant et intrigant… Elle n’aurait pu choisir entre tous ses termes pour n’en choisir qu’un seul qui conviendrait mieux que les autres à ce qu’elle ressentait en les observant. Mais malgré tout, elle s’y accrochait désespérément comme s’ils étaient ses seuls points d’attaches dans la réalités.
    Elle n’avait pas envie de parler de sujets qui fâches et elle ne voulait pas non plus le questionner sur lui-même, sachant pertinemment qu’il ne lui dirait rien de plus que ce qu’elle savait déjà.
    Passant une main dans ses cheveux brossés, les désordonnant sans y prêter une réelle intention, ses mèches devenues éparses formant un fouillis sauvage sur sa tête, elle commença à réfléchir à ce à quoi elle pouvait bien parler avec lui… Surtout qu’elle n’était pas vraiment en état pour réfléchir à ce genre de chose.
    Mais, au diable ses idées noires ! Au moins, ça la forçait à positiver un peu, ça la tirait de sa morosité et de sa peine mortelle. Oui, Siriel était l’étoile qui venait d’éclairer sa nuit, qui venait la guider dans les ténèbres qui avaient pris place dans son cœur d’artichaut. Moon voulait être forte mais elle savait qu’elle était pleine de faiblesse et facile à neutraliser. Mais tant pis, elle devait faire abstraction ce genre de chose et reprendre pied. Soudain, le regard de l’adolescent lui parut bien plus vide qu’elle ne l’avait imaginer et elle était en train de se perdre dedans. Mais elle n’essaya pas de ralentir sa chute délicieuse dans la demi-conscience que lui donnait l’impression d’atteindre ces deux saphirs.


    « Sans savoir pourquoi, ta présence est apaisante. Tu as raison, les mots ne servent à rien. Le silence est d’or aujourd’hui… »


°mut : mouvoir au passé simple.
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Alone in the room number five [libre]

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