Sujet: Illness happens { PV Linda Dim 31 Aoû - 23:15
{ HJ : Je suis nullissime pour les débuts… ;3 ; }
C’était de notoriété publique que Near était un être à la santé fragile.
Au soleil, sa peau était trop sensible pour lui permettre de supporter le contact trop longtemps. C’était une des raisons pour lesquelles il restait le plus souvent confiné à l’intérieur de la Wammy’s House, à l’abri de ces rayons de feu assassins qui pouvaient aisément lui faire tourner la tête et perdre conscience, s’il y était exposé plus d’un quart d’heure sans protection. Les jours de soleil, même si, la scène se passant en Angleterre, n’étaient pas légion, ces jours-là Near se contentait de regarder par la fenêtre, ou même de ne même pas faire attention au temps qu’il faisait. Et il s’asseyait à l’ombre.
Sa mauvaise constitution l’empêchait de se nourrir trop, tous les sucres pouvant avoir un très mauvais effet sur son organisme si consommé à trop forte dose, de même que les viandes et autres produits trop gras. C’était aussi pour ça que le petit être calme et pâle ne mangeait jamais des quantités excessives de nourriture. Et cette même raison donnait lieu à des fragilités dues aux carences en certains aliments nécessaires pour faire fonctionner muscles et organes. Pourtant cela ne semblait jamais influer sur les capacités de son cerveau, qui fonctionnait toujours à cent à l’heure et sans problèmes.
Son corps était également rendu frêle par ses demi nuits de sommeil, qui se muaient souvent –bien trop souvent- en nuits blanches.
Sa vue était faible étant donné ses problèmes d’albinisme et comme il ne faisait pas non plus beaucoup de sport, il était réellement simple de le faire tomber malade. Il prenait toujours garde à faire le moins possible pour éviter au maximum tous les germes possibles. Il fallait absolument qu’il évite de tomber malade comme un garçon lambda. Il fallait qu’il reste en éveil constant. Ne pas se laisser affaiblir par les mystères de la nature, contre lesquels sa raison ne pouvait rien. Ne pas se laisser abîmer. Ne pas se laisser mourir. Hors de question.
Mais ce jour-là, il avait ressenti le besoin de sortir.
La pluie inondait le sol de Winchester avec violence. L’eau tombait en trombes, et le ciel totalement gris de nuages et d’eau n’appelait vraiment pas à la promenade dominicale. C’était un temps à rester calfeutré chez soi, devant la fenêtre, entouré dans sa couette, à observer les rainures de l’eau sur les vitres et dans le ciel, une tasse de chocolat chaud à la chantilly entre les mains. C’était un temps à penser aux beaux jours en sirotant du thé. C’était un temps à lire un bon livre. Near aurait dû rester assis dans la salle commune comme d’habitude, recroquevillé par terre, petite masse blanche totalement concentrée dans son puzzle immaculé dont les pièces s’étalaient à ses pieds comme autant de sujets de son propre royaume imaginaire. Royaume et sujets qu’il maîtrisait totalement, dont il était le maître. Mais il y avait des choses qui tournoyaient dans sa petite tête et qui, elles, il ne maîtrisait absolument pas.
Le nez levé vers le ciel, il était resté sous la pluie pendant des heures. A penser.
Il ne savait pas que son idole avait aussi ce genre de manies parfois. Tout ce qu’il savait, c’était que l’eau calmait le feu. Un feu qui commençait lentement à le consumer de l’intérieur. Le froid et le contact glissant de cette pluie purifiante le rafraîchissait, autant que c’était possible.
Lorsqu’il était entré dans le hall de la Wammy’s, trempé mais totalement neutre, c’était Raindrop et Weasel qui l’avaient accueilli avec leur bonne humeur (et soyons franc, leur comportement pour le moins agaçant) habituelle et qui avaient eu la mauvaise surprise de le voir vaciller légèrement avant de s’appuyer calmement contre un mur, leur lancer un regard vide, et deux mots : « J’ai froid. » Il s’était doucement effondré par terre, son petit corps humide rencontrant le sol presque avec douceur, sous les exclamations des deux frères qui l’avaient sans attendre porté à l’infirmerie où Khythin avait pris le relais, après avoir mis les deux autres garçons à la porte après moult efforts et difficultés.
La douce infirmière devait sans doute se demander pourquoi un petit garçon aussi intelligent que lui avait eu l’idée aussi idiote d’aller sous la pluie et d’y rester aussi longtemps sans aucune raison. Il savait pourtant qu’il avait une constitution fragile, et que même quelqu’un de sain risquait d’attraper la crève avec ce genre d’exploits. Il devait y avoir quelque chose qui le perturbait particulièrement pour qu’il fasse quelque chose d’aussi idiot. Est-ce que Mello avait encore fait des siennes ?
Elle avait secoué la tête d’un air consterné avant de lui administrer des médicaments, le petit corps inerte de l’albinos couché sous d’épaisses couettes près de la fenêtre de l’infirmerie.
Il regardait la pluie perler tranquillement. Il savait qu’il avait été idiot, et pourtant il ne regrettait pas. Même les alternances de chaud et de froid désagréables qui compactaient son corps et sa tête ne le dérangeaient pas plus que ça. Ses cheveux encore trempés malgré que l’infirmière les ai activement frictionnés d’une serviette collaient à la peau pâle de son visage parfait et inexpressif, et de légers frissons parcouraient son épiderme.
Il s’ennuyait un peu. Khythin lui avait sommé de se reposer, et de dormir. Et il n’avait rien de mieux à faire. De toutes façons, il n’attendait pas de visite.
C’était un jour comme Linda les détestaient. Nuageux, humide, et pluvieux. Un temps qui n’encourageait qu’à rester blottit sous la couette, les yeux rivés sur la fenêtre en espérant que la pluie cesse enfin, et que les épais nuages grisâtres se dissipent pour laisser apparaître les doux et réconfortants rayons du soleil. Ce temps ci ne donnait guère envie de sortir, pas même aux élèves en ayant l’habitude, tout comme Linda. En ce matin brumeux, elle était donc consternée, tapis sous son épaisse couette malgré la chaleur ambiante de la chambre. Elle tourna légèrement la tête pour apercevoir sa compagne de chambre, Berry, dormir paisiblement malgré la pluie martelant le toit. Linda l’aurait envié de pouvoir dormir profondément autour de ce bruit si désagréable à entendre. Pour elle, la pluie était synonyme de morosité et d’ennui. Elle se demandait en ce moment même ce qu’elle allait bien pouvoir faire de sa journée… Notre demoiselle n’était guère du genre à se calfeutrer sous la couette une journée entière, remuant ses pensées sombres liées à ce mauvais temps. Elle aimer bouger, se balader, parler avec nombres d’élèves de l’orphelinat, à l’idéal sous un soleil de plomb. Malheureusement, celui-ci n’était pas eu rendez-vous ce jour-ci. La pluie avait toujours le chic de la déprimer… Il fallait donc lui trouver un remède dans l’immédiat. Le plus efficace était en général la chasse aux ragots, qui se faisait souvent en compagnie de Weasel, autre fouine experte.
Elle se leva péniblement de son lit en prenant le soin de faire le moins de bruit possible, pour ne pas réveiller Berry, qui ferait sûrement un scandale en découvrant le temps… Elle n’avait pas envie d’assister à un autre de ses discours plaintif, et de devoir consoler sa petite moue maussade. Elle se dirigea vers sa penderie et en sortit un jean ainsi qu’un tee-shirt tout simple et un pull chaud, mais qui restait tout de même joli. Elle n’avait pas envie de faire d’efforts pour bien s’habiller dans des journées pareilles… Ce mauvais temps ne l’inspirait à rien d’autre qu’à aller retrouver Weasel pour accomplir son talent de fouine. Elle s’habilla en vitesse et se dirigea ensuite vers les salles de bains, où elle se lava le visage et se brossa les dents. Elle alla ensuite au réfectoire prendre son petit déjeuner. Elle y retrouva quelques camarades faisant partie des pacifists, avec qui elle discuta de la pluie et du beau –mauvais– temps. Elle remonta ensuite dans les salles de bains pour se brosser les dents une nouvelle fois. Non qu’elle soit maniaque, mais elle détestait autant garder la bouche pâteuse du réveil que garder celle pleine de restes du petit déjeuner entre les dents. Elle se lavait donc les dents deux fois chaque matin.
En retournant dans sa chambre, elle découvrit Berry assise sur son lit, ses yeux désespérés rivés sur la fenêtre ruisselante. Quand elle aperçut Lin entrer, elle se rua sur celle-ci et l’harcela de plaintes. Linda avait déjà prévu ce cinéma, et tâcha de la consoler. Pour se faire, elle fut obligée de rester en compagnie de Berry toute la matinée, autrement celle-ci plongerait en dépression. Son grand cœur tendre n’avait pas pu imaginer son amie dans un tel état et l’avait donc poussé à rester avec elle. Elles avaient parlé de tout et de rien, mais Lily avait plus écouté Berry parler que le contraire. Elle n’allait pas s’en plaindre, elle préférait qu’on lui parle de soi plutôt que de parler d’elle… Parler d’elle était un acte qui la révulsait au plus profond d’elle-même… Elle aimait savoir des informations croustillantes sur autrui, mais ne supportait pas qu’on mette les pieds dans son jardin secret… Elle gardait donc sa part d’intimité et était mystérieuse aux yeux des autres… Elle ne se dévoilait que très rarement, et uniquement aux personnes en qui elle avait une extrême confiance, c'est-à-dire ses meilleurs amis. Elle avait toujours détesté révéler des choses sur elle-même, car elle avait alors la désagréable sensation de se mettre à nu. Du fait, sa matinée lui convenue parfaitement.
Elle alla au réfectoire en compagnie de Berry, et ce n’est qu’après le déjeuner qu’elle eu enfin le plaisir de croiser Weasel, en compagnie de son frère, Raindrop. Elle le salua par un grand sourire franc, et se dirigea vers lui. Son accueil ne fut que plus chaleureux et Lin en fut ravi. Comme elle était sur le point de mourir d’ennui si elle ne trouvait pas quelque chose d’intéressant à se mettre sous la dent, elle l’interrogea sur les derniers potins. La réponse de Weasel ne pouvait pas être mieux. Il lui annonça avec fierté que Near était tombé malade après être resté des heures sous la pluie, et que c’était lui-même qui s’était chargé de l’amener à l’infirmerie. Pour son plus grand désarroi, Kythin n’avait pas voulu que les deux frères restent au chevet du malade, et ils s’étaient faits tout bonnement virés. Lin afficha son plus beau sourire et remercia mille fois Weasel pour ces précieuses informations. Elle fut contrainte de laisser Berry, qui, par chance, comprit sans grand mal et la laissa filer vers l’infirmerie.
Le cœur de Linda battait à tout rompre tandis qu’elle marchait à grand pas vers l’infirmerie. Elle n’aurait pu trouver plus intéressant à faire de son après midi ! Mais qu’allait-elle donc bien dire à Near… ? Elle n’avait aucune excuse pour aller le voir… Et Kythin risquait aussi de la renvoyer gentiment, tout comme avec Weasel et Raindrop… Cependant, elle mit ses interrogations de côté pour le moment et décida de se concentrer sur son principal sujet d’intérêt : Near. Elle allait se retrouver enfin seule avec lui… Cette idée lui donnait des frissons tellement elle l’avait attendue avec impatience.
Elle arriva enfin devant la porte de l’infirmerie. Elle prit une grand inspiration avant de baisser la poignet pour ouvrir la porte. La première chose qu’elle vu fut Near. Son petit corps frêle se perdait sous la masse de couverture et ses cheveux encore humides se collaient à son visage dont la couleur était si blanche qu’on aurait dit qu’il était fait de porcelaine. Sa peau laiteuse paraissait aussi douce que celle d’un nourrisson, et, sur le moment, Linda crut qu’elle allait mourir si elle ne le serrait pas immédiatement dans ses bras. Par chance, elle ne le fit pas. Il lui était alors impossible de cacher son émotion, et celle-ci pu se lire à travers les yeux bleus océan de Linda. Son trouble se mêlant à tout ceci, ses pupilles tremblotaient au point qu’on aurait crus qu’elles allaient chavirer si elle regardait plus longtemps ce poupon blanc. Il était si parfait, son image ne reflétait que la pureté intérieur de son âme, et il lui aurait été impossible de croire qu’il puisse être méchant avec quiconque.
Lin tâcha de se ressaisir et elle cligna plusieurs fois des yeux avant de secouer la tête, dans un mouvement presque imperceptible. Elle se rapprocha donc du lit du malade, et s’assit sur la petite chaise se trouvant à côté. Dans son trouble, elle n’avait même pas fait attention à la présence ou non-présence de l’infermière. Elle se retourna rapidement et n’aperçut personne. Elle devait être dans la pièce d’à côté, ou peut-être était-elle allait chercher quelque chose… Mais cela importait peu Linda, le résultat était le même : Elle était seule avec Near. Elle prit alors sa voix la plus douce, puis prononça ces quelques mots :
« Near, tu vas bien… ? »
Elle ne se rendit pas compte que sa voix trahissait sa sensibilité. On ne pouvait croire qu’elle jouait la comédie, et son réel intérêt pour la santé du garçon était flagrant. Elle espéré désespérément au fond d’elle-même que Near ne jouerait pas la carte de l’indifférence, et qu’il ne serait pas trop froid avec elle…
La porte avait émit un léger son en s’ouvrant, et Near n’avait pas tourné la tête pour observer qui considérait qu’il méritait assez d’attention pour valoir la peine de se déplacer jusqu’à l’infirmerie pour s’inquiéter de son sort. Le petit albinos, trop échaudé par les couvertures qui l’étouffaient presque, et encore plutôt affaibli, attendait simplement que la personne annonce sa venue. D’ailleurs, il était quasiment persuadé qu’il s’agissait de la petite Eris : c’était à peu près la seule personne qui aurait pu s’inquiéter pour lui, et c’était sans doute la seule personne qui n’allait pas le fatiguer encore davantage. Ou Lust, peut-être, mais elle aurait fait, évidemment, beaucoup plus de bruit, si c’était elle qui venait d’entrer. Elle n’aurait pas ouvert timidement la porte et attendu quelques secondes avant de prononcer quelques mots…
La voix féminine qui s’éleva dans la pièce baignée d’une faible lumière d’après-midi pluvieux était douce mais préoccupée et teintée d’inquiétude, et ce n’était pas la voix d’Eris. Near consentit donc à tourner délicatement la tête pour observer la jeune fille, même s’il savait parfaitement à qui il avait affaire.
Linda.
La leader des Pacifists se tenait là, ses doux yeux posés sur lui. L’infirmière semblait lui avoir laissé l’accès à la chambre, contrairement aux deux excités qui avaient déposé le petit albinos ici : mais ce n’était pas un mal. Near savait que Linda savait se montrer très calme et très intelligente quand il le fallait. C’était une jeune fille qu’il savait déterminée, pleine de caractère et de bonne volonté. Oui, car il en fallait, de la volonté, pour prétendre ramener la paix et détruire toute rivalité dans cette arène de l’intelligence qu’était l’orphelinat de la Wammy’s House… Sans ouvrir la bouche d’abord, sans répondre à sa question polie, le petit génie aux cheveux nacrés qui commençaient tout juste à sécher de la pluie la jaugea de son regard neutre et profond. La fièvre ne le faisait pas délirer, et il parvenait à y voir plus clairement que lorsqu’il était tombé dans les pommes quelques heures plus tôt. La rumeur courrait que cette demoiselle l’appréciait, l’appréciait beaucoup. Mais usuellement, Near n’était pas du genre à croire aux ragots que colportaient toutes les commères de l’institution, nombre d’entre eux étant force mensonges et stupidités sans aucun fondement : de plus, la fillette aux cheveux châtains et vêtue simplement, contrairement à son habitude, avait aussi la réputation d’être une fouineuse hors pair et une jeune fille particulièrement agaçante. Et ces deux termes correspondaient dangereusement avec la définition des gens que le premier de la Wammy’s évitait le plus possible. C’était ces personnes-là qui ne parvenaient jamais à lui plaire un tant soit peu. Mais tout ça n’était que rumeur. Parfois, elle se montrait un peu trop envahissante, mais il y avait d’autres élèves qui se montraient bien pire, et que Near était loin de détester. En temps normal, il se contentait donc de lui répondre poliment lorsqu’elle lui adressait la parole, comme il le faisait avec tous ceux qui n’avaient pas cherché (ou plutôt ceux qui n’avaient pas réussi, nuance) à approfondir leur relation avec le petit albinos qui restait tout de même passablement imperméable à toute sociabilité à laquelle il n’était pas ouvert. Mais l’immaculé avait appris à ne pas juger les gens sur l’apparence qu’ils donnaient et sur leurs comportements en société. Il y avait trop de facteurs qui pouvaient faire changer l’attitude et le caractère de quelqu’un : le lieu, le moment, les gens qui leur tenaient compagnie… etc. Il n’avait jamais vraiment eu l’occasion d’avoir une vraie conversation avec Linda. Et il savait que l’être humain était imprévisible. Les femmes, surtout.
Ce qui vint à l’esprit du petit malade lorsqu’il détailla la silhouette de Linda fut une simple question, donc : « Pourquoi s’inquiète-t-elle pour moi ? » Si la pacifique demoiselle avait vraiment des sentiments quelconques pour lui, il ne les avait pas remarqués. Near était aussi aveugle que beaucoup d’autres : ceux qui font l’objet des attentions et à qui l’on porte des sentiments forts sont souvent les derniers à s’en rendre vraiment compte. De toutes façons, le petit albinos ne concevait pas encore de pouvoir être l’objet d’une attention désintéressée d’une personne qui ne le connaissait pas très bien. La fois où Den l’avait aidé dans les toilettes lors de l’orage, il n’avait pas compris non plus pourquoi le blond lui avait rendu service sans rien attendre en retour et sans avoir la moindre intention de l’humilier. Le cas ici était identique : peut-être qu’elle ne venait que pour assouvir une curiosité malsaine et déplacée, celle de voir l’impassible Near en position de faiblesse, la santé fragilisée par un comportement qui lui était inhabituel. Si elle avait réellement été une fouineuse sans cervelle et profondément stupide, elle aurait été là pour ça. Pourtant, quelque part, il savait qu’elle n’était pas venue se moquer. Son ton n’était pas celui du sarcasme railleur.
Rassuré de ne pas avoir à faire la moindre joute verbale avec un rival agressif, il déposa tranquillement sa tête à plat sur son oreiller et fixa plafond le, sans faire le moindre geste brusque, étendant sa colonne vertébrale trop souvent arrondie. Il aurait préféré pouvoir s’asseoir, la position couchée le dérangeait plutôt qu’elle ne le relaxait, mais il savait qu’il avait assez joué avec sa santé maintenant, et qu’il était profondément déraisonnable de ne pas suivre les conseils de l’infirmière. Il était nécessaire qu’il se reprenne. Même couché, il pourrait continuer de profiter du calme ambiant et regarder couler la pluie le long des vitres, sans que sa tête ne se remette à brûler d’être malade et trop exploitée, malgré la présence inattendue de la leader du groupe des Pacifists.
Near : « Oui, ça va mieux. Merci de t’en préoccuper, Linda. »
Pas très loin du lit se trouvaient deux chaises, et le dossier de l’une d’entre elles était recouvert du pantalon et de la chemise trempées du petit albinos qui était à présent vêtu d’une chemise de nuit sèche, sous les couvertures. Linda allait-elle se contenter de cette réponse ou bien comptait-elle rester un peu plus longtemps et s’installer sur l’autre chaise ? Near était un peu trop fatigué pour prononcer trop de mots à la suite, sa maladie lui avait donné un léger mal de gorge et le moindre effort était intenable. Il se contenta donc de retourner un peu la tête vers elle pour la fixer et attendre.
Peut-être était-elle juste venue parce qu’elle avait-elle quelque chose d’important à lui dire.
Invité
Sujet: Re: Illness happens { PV Linda Dim 12 Oct - 18:17
Les douces notes de la voix de Linda résonnèrent dans l’atmosphère brumeuse, et arrivèrent bien assez vite aux oreilles du jeune albinos. Celui-ci se contenta de tourna la tête aussi délicatement que silencieusement, et de plonger son regard imprenable dans celui complètement chamboulé de Linda. C’était sûrement une des premières fois qu’il daignait la regarder réellement, ou du moins, avec un tel regard… Habituellement, ce n’était que des coups d’œil rapide et évasifs, qui ne trahissaient pas le moindre intérêt notable. Cette fois si, son regard était profond et pénétrant, mais toujours aussi neutre. Il était indéchiffrable et indescriptible, de sorte que Linda ne pouvait par aucun moyen deviner quel était le fond de sa pensée. Cette situation de malaise déteint bien assez vite sur notre jolie demoiselle, qui se vit éprendre d’un sentiment de gène. Elle ne quitta pour autant pas le regard si prenant de Near dont elle ne pouvait se détacher, et se contenta de cligner des yeux plusieurs fois, tout en gardant son expression touchée, perturbée, mais surtout comblée de bonheur. Quelques minutes s’écoulèrent et le silence continuait de régnait en maître dans la pièce. Ces minutes paressèrent une éternité aux yeux de Linda, et si cela avait était possible, elle aurait voulue pouvoir plonger son regard dans le sien d’une telle manière, tout le restant de ses jours tellement ce sentiment lui était agréable.
Cependant, le pire arriva. Ou du moins, ce qui Linda redoutait. Il mit fin à ce doux rêve en tournant toujours aussi délicatement la tête, s’affaissant dans son oreiller et fixant le plafond, sans prendre la peine de répondre à la question de Linda. La panique intérieure prit place dans le cœur de Linda. Elle avait était bien folle d’espérer une réponse de la part de Near, qui ne s’intéressait pas le moins du monde à elle, et ne trouvait pas même qu’elle mérite suffisamment d’attention pour prendre la peine de gaspiller sa salive en articulant quelques mots de courtoisie. Linda baissa les yeux, résignée. Pourquoi persister dans ces cas là ? Pourquoi était-elle venue ici d’ailleurs ? Elle savait très bien ce qui l’y attendait… Mais elle était tout de même venue, prête à recevoir un énième pic en plein dans la poitrine, touchant directement con petit cœur fragile. En quelques sortes, elle était masochiste.
Alors que la tristesse de son sort s’abattait sur elle, la douce voix de Near arriva jusqu’aux oreilles de Linda, et elle put se délecter de chacune de ces syllabe, de ces mots, répondant à sa question précédemment posée. Il daigné finalement lui répondre. Etait-ce un miracle ? Elle mit quelques secondes pour assembler les syllabes, les mots un a un pour que sa phrase ai un sens. Elle lui fit ensuite un sourire chaleureux, et lui répondit, d’une voix beaucoup plus chaleureuse et rassurée.
« D’accord, tant mieux dans ce cas. Et ce n’est rien, c’est normal… »
Oui, c’était tout à fait logique qu’elle s’inquiète pour sa santé. Comprendrait-il la subtilité de sa réponse ? Les garçons ne comprennent jamais la subtilité, même les plus intelligents ! Avec eux, il faut être direct et leur annoncer les choses de but en blanc, autrement, ils ne comprennent pas. Elle remarqua qu’il continuait de la fixer de sa manière profonde et imprenable. Il attendait sûrement qu’elle ajoute quelque chose… Le gène la reprit et Linda ne sut à nouveaux plus où se mettre. Cette situation était des plus délicates pour Lily qui n’avait pas l’habitude de se retrouver à quelques centimètres de distance de celui qui faisait chavirer son cœur. C’était une situation inhabituelle qui mettait ses faiblesses à découvert, et où elle n’avait plus aucune rame pour se défendre, hormis son honnêteté et sa douceur. Elle remua légèrement sur sa chaise et baissa les yeux, fixant ainsi le carrelage froid. On pouvait entendre la pluie tomber au dehors, le vent venant fouetter les arbres et faire tomber quelques feuilles au passage. Elle releva timidement les yeux vers Near, et l’idée qu’elle le dérangeait lui vint brusquement à l’esprit, comme une bourrasque de vent, semblable à celle balayant la cour.
« Je te dérange sûrement… ? »
Sa question n’en était pas vraiment une à vrai dire, car elle n’attendait qu’une seule et unique réponse, donc « non ». Seulement Near pencherait sûrement plus vers le « oui », au plus grand malheur de Linda. Elle ne voulait pas partir, et elle aurait pu lui tenir compagnie jour et nuit, si celui-ci l’acceptait.
[Désolé du temps de réponse, et de mon post court et pas terrible, j’ai mal à m’y remettre, mais ca va revenir =)]
Dernière édition par Linda le Jeu 27 Nov - 19:26, édité 1 fois
Sujet: Re: Illness happens { PV Linda Ven 7 Nov - 16:22
Le son de la pluie résonnait tranquillement sur les vitres, et la ville entière de Winchester devait ressembler à un amas de grisaille et d’humidité, sombre, froid, et peu rassurant, sans personne d’assez fou pour aller compter fleurette dans les rues boueuses et glissantes. Un de ces temps qui avaient fait la réputation de l’Angleterre, qui avait nourri des stéréotypes pendant des années. Une pluie désagréable, loin de ces pluies rapides d’été qui donnaient l’impression de laver rues et maisons, de nourrir plantes et sols ; c’était seulement la pluie qui terminaient d’achever les dépressions des démunis et des solitaires, qui décourageaient les festifs et ceux qui aimaient l’extérieur, une de ces pluies que même les amateurs de tempêtes ne pouvaient apprécier qu’un temps réduit, avant d’être congelés jusqu’à l’os et boueux des pieds à la tête. Pour Near, cette pluie n’était rien de tout ça, elle l’avait simplement… refroidi. Il l’avait ressentie, elle avait détruit ses défenses naturelles, et c’était tout ce dont il avait besoin. Remettre de l’ordre dans ses pensées. Les gouttelettes d’eau dégringolaient le long des plaques de verre par lesquelles le premier successeur potentiel au poste de L observait d’un air désintéressé l’état de la nature, semblable finalement à son état intérieur ; un désordre froid et chaotique. La présence de Linda ne le dérangeait pas, non, tant qu’elle ne se sentait pas obligée de le faire parler en trop grande quantité. Il voulait parler sans être interrompu par un mal de gorge incontrôlable. Il n’aimait pas entendre sa voix brisée, irrégulière, cassée : pas pour une question de dignité, non. Peu lui importait ces futiles préoccupations. Simplement, l’impact d’une voix abîmée n’est pas la même qu’une voix normale. C’était insupportable de parler en sachant que même la plus pertinente des remarques pouvait être tournée en dérision à cause d’un problème aussi insignifiant. D’aucuns auraient pu penser que c’était juste parce qu’il voulait préserver son ton androgyne et autoritaire pour déclamer des tirades de savoir, et garder une certaine classe, mais finalement, la seule chose qu’il désirait, c’était de ne pas abîmer sa voix encore plus. Si la jeune leader des Pacifists désirait tenir une conversation, elle le pouvait, à condition qu’elle accepte des réponses courtes. Loin de son esprit calme et méthodique le besoin de se sentir apprécié et aimé de ceux qui lui adressaient la parole. Leur opinion était leur problème.
Les couvertures lui tenaient chaud, mais il n’avait pas froid. L’air de la chambre était trop froid, mais il n’avait pas assez chaud pour se débarrasser des morceaux de tissus envahissants. Et il n’aurait pas eu la force de le faire de toutes façons. Se sentir aussi faible était écrasant. Pas qu’il soit si actif en temps normal, il savait bien qu’il ne l’était sans doute pas assez. Mais y avait-il plus insupportable que d’être empêché de faire ce que vous voulez, par la simple faiblesse du corps humain et ses nombreuses défectuosités ? L’albinos aurait pu comprendre le message avant de le subir ; ne pas se rendre malade tout seul. Plus jamais. C’était clair que l’extérieur ne lui faisait aucun bien. Le moins il sortait, le mieux il se porterait. Cette déclaration ne lui avait jamais autant convenu que maintenant. Où était-il tombé, pour avoir besoin de conséquences extérieures pour s’aider à réfléchir ? L’albinos fut vaguement agacé par lui-même, et il ne recommencerait plus une telle erreur. Pourtant, il le savait bien. Trop d’erreurs, et c’était la défaite. La moindre erreur d’ailleurs pouvait y conduire. La plus infime.
L’inquiétude de Linda à son sujet restait incompréhensible, mais il ne cherchait plus à le comprendre. Peu lui importait. Pourtant, il y avait quelque chose de maternel dans le comportement de cette jeune fille qui lui paraissait soudain timide et discrète, presque pudique d’être en sa présence. Pas que Near se souvienne de ce qu’était l’amour d’une mère, ou même le moindre contact féminin contre lui, évidemment… A moins que l’intérêt soit fraternel. Il inclina un peu la tête, ses mèches blanches chatouillant sa nuque et ses joues, pour la regarder encore, sans se dire que cela pouvait être gênant. Il fixait toujours les gens qui lui faisaient se poser des questions. Linda n’avait jamais fait partie des êtres qui l’intriguaient, et elle n’en ferait sans doute jamais partie, cette catégorie de personnes se réduisant au minimum ; mais ce jour-là, puisqu’il n’avait de toutes façons pas d’autre occupation pour sa tête au QI élevé, il la fixait comme si elle pourrait le surprendre.
Linda « Je te dérange sûrement… ? »
Il arborait un air totalement neutre tandis qu’il dévisageait la créature aux traits fins et féminins qui lui posait cette question. Certaines personnes étaient si aisées à comprendre, on pouvait lire en elles comme dans un livre ouvert. Si Near semblait être étranger à toutes les émotions banales d’un être humain commun, il n’était pas incapable de les déchiffrer chez les autres. Il regarda vaguement sur le côté, réussissant à lever une petite main ronde vers une des mèches de ses cheveux qui étaient déjà presque secs, pour l’entortiller doucement autour, d’un geste habitué. Sa voix était faible, il murmurait presque, mais son ton était aussi neutre et assuré que d’habitude. Etrangement, il n’avait pas jugé nécessaire de répondre par « oui » ou par « non ». Si elle le dérangeait, il lui aurait déjà dit de sortir, ou il l’aurait tout bonnement ignorée, ce qu’il n’avait pas fait. Son comportement aussi avait ses subtilités.
Near : « J’aimerai un rubik’s cube s’il te plaît. »
Il avait besoin d’occuper ses mains pour réussir à penser convenablement, et l’absence de jouet commençait lentement mais sérieusement à lui peser. La jeune fille allait sans doute être rebutée par pareille question, et se dire qu’il n’était qu’un enfant gâté jusqu’à la moelle, sans aucun respect, autoritaire et insolent. Ce qu’il était, sans doute, selon ce point de vue. Mais tout ce qu’il faisait était lui demander un service. C’était à elle de choisir si elle le trouvait goujat ou adorable. L’albinos, lui, se contentait de la regarder, les yeux ronds.
{ HJ : T’inquièteuh, tant que tu réponds, c’est cool o/ Je suis lente aussi. Linda powa, surprends-le moi ce petit ! :3 }
Invité
Sujet: Re: Illness happens { PV Linda Jeu 27 Nov - 22:43
Le gène. L’angoisse. Ces deux sentiments habitaient encore la jeune fille, qui ne pouvait se sentir que plus mal au fur et à mesure que le temps s’écoulait, lentement, lourdement. Ce silence frustrant qui s’instaurait entre les deux élèves n’était qu’un autre facteur au gène de la Pacifist. Elle se sentait démunie, faible, et sans aucune aide pour mener à bien sa tâche. « Tâche ». Elle prenait donc ceci comme un devoir, voir même une punition. Comment pouvait-on enlever davantage de valorisation à une déclaration amoureuse, lui donnant un aspect sinistre et indigne de sa véritable valeur ? Si elle prenait cela comme une tâche douloureuse et éprouvante à accomplir, c’est parce qu’elle demandait beaucoup de courage. Elle devrait rassembler toutes ces forces, sa volonté et sa bravoure pour oser avouer ses sentiments. Aussi, elle redoutait la réaction de l’être aimé. Allait-il la prendre pour une folle ? Allait-il fuir ? Quoi que, cette dernière hypothèse n’était guère possible, car sa faiblesse actuelle ne lui permettait en aucun cas une action si précipitée et paniquée. Peut-être allait-il la regarder, de ses yeux ronds et impénétrables, avec une expression d’incrédulité totale, et ne répondant rien à sa déclaration sentimentale, sûrement achevé en une longue tirade émotionnelle et intense. Ce serait probablement le pire. Aucune réaction. L’immobilité, l’indifférence, était ce que Near savait faire de mieux. Aucun de ses sentiments ne venait trahir les traits fins et placides de son visage d’enfant. Peut-être n’avait-il tout simplement aucunes émotions. Mais cette hypothèse paraissait tellement absurde aux yeux de Linda qu’elle ne pouvait se convaincre de sa véracité.
En attendant, elle avait peur. Car oui, elle avait peur de la réaction de Near. Il était si dur de sonder ses sentiments, de transpercer son cœur, aussi bien pour le toucher émotionnellement que pour y lire à travers, y dénicher une once de douceur, de tendresse, d’émotion, qui pourrait nous guider sur le sentier tranquille menant aux limbes de ses pensées. Son esprit était aussi dur et impénétrables que la pierre. Une manière de protéger, et de cacher ses pensées aussi agitées que la tempête se déroulant au dehors. Aussi désordonné et chaotique, que cette pluie mêlée de vent, renversant chaises, poubelles, et tout autre objet susceptible de voler sous une force assez puissante que celle du vent ; formant une tornade de feuille morte balayant d’un seul coup rapide la cours humide de l’orphelinat ; glaçant l’atmosphère et décourageant les amoureux de la nature de mettre un pied dehors. Son esprit était sûrement tout aussi complexe. Ce désordre se cachait derrière un masque de froideur, qui pouvait aussi bien attirer que repousser. Pour Linda, il l’attirait. Tel un aimant. Malgré son gène en sa présence, elle aimait être avec lui. Elle appréciait sa présence, et la savourait aussi dignement qu’elle méritait de l’être. Chaque minute, chaque seconde, était un bonheur que Lily savait savourer avec grâce et humilité. Alors que l’esprit de Linda s’envoler doucement vers d’autres horizons lointains, consumant la flamme de son ardeur, la petite voix non distincte de Near arriva jusqu’à ses oreilles. La malheureuse fut obligée de redescendre sur terre, se confrontant ainsi avec la réalité, bien trop douloureuse à son goût. Son ardeur devait être calmée, tout comme la flamme de son désir, qui pouvait l’amener à un emportement soudain, guidé par une folle pulsion.
Near : « J’aimerai un rubik’s cube s’il te plaît. »
Linda déglutit. Oui, la réalité était bien trop douloureuse. Alors que son amour était à son apogée, sur le point d’exploser, il trouvait le moyen pour un revenir à ses jouets. C’était un signe. Une preuve évidente que Near préférait toujours ses jouets à elle. Malgré qu’elle le sache déjà, sa désillusion était tout de même grande. Pendant un court instant, elle ferma les yeux. Ce temps là lui était nécessaire, rien que pour se remettre de ses émotions –et de sa déception–. Quand elle les rouvrit, un léger sourire vint étendre ses lèvres. Les yeux de l’albinos la fixaient toujours. Elle s’efforça de cacher sa déception, et son trouble, pour ensuite balayer la pièce du regard à la recherche de ce si désiré rubik’s cube. Maudit rubik’s cube. Il avait fallu qu’il prononce cette phrase, pour décontenancer notre belle Lily. En quelques mots, il avait soufflé sur son courage, telle une rafale de vent, l’envoyant à des kilomètres d’ici. Sa bravoure était partie, emportant avec elle sa passagère volonté, mais se détachant bien soigneusement de son amour, qui résistait, malheureusement. Lui ne daignait jamais partir. Il restait là, quoi qu’il arrive. Il l’empoisonnait et la guérissait en même temps. Elle était à la fois heureuse et malheureuse. Toute une ambiguïté, que même le plus intelligent de la Wammy’s House n’aurait pu comprendre.
Ses yeux trouvèrent enfin ce qu’ils cherchaient. Une commode, à multiples tiroirs. L’endroit idéal pour conserver les objets confisqués, ou bien même les objets utiles aux habitués de l’infirmerie. Near, avec sa santé fragile, devait en faire partie. Elle se leva et se dirigea vers la commode, dont elle ouvrit le premier tiroir de gauche. Rien d’intéressant. Elle tenta celui de droite. Bingo ! En l’espace réduit d’un tiroir de commode se dissimulait la caverne d’Alibaba. Aux multiples trésors. Il y avait là quelques plaquettes de chocolat noir, une Gameboy, des chewing-gums à la fraise, une peluche douce et en forme de nounours, et bien sûr, des jouets. Pas n’importe lesquels. Il y en avait de différentes formes. Mais elle eue le bonheur d’y dénicher un rubik’s cube ! Elle l’attrapa, referma le tiroir, et revient vers Near, le sourire aux lèvres. Elle lui tendit son jouet, et se rassit.
Linda : « Tiens » Lui dit-elle tout en lui tendant.
Elle posa ses yeux bleutés sur le petit albinos, désormais muni de son jouet. Quelle tragédie. Oui, c’était tragique de penser qu’il aimait bien plus son jouet que Linda. Qu’il se souciait bien plus de lui, que de l’être humain qui se trouvait à ses côtés. Qu’il préférait mille fois la présence de l’un, que celle de l’autre. Que s’il avait du choisir entre son rubik’s cube et Linda, il aurait sans hésité choisit son rubik’s Cube. Et si c’était un choix mortel ? « Dommage, elle n’avait pas l’air méchante… » Aurait-il sans doute pensé. Oui, la vie de Linda, ou du moins son amour, était une réelle tragédie, qui ne cessait de désespérer sa victime. Plus elle se convainquait de cette réalité, plus son visage pouvait afficher une tristesse lasse. Cependant, elle se rendit bien assez vite compte qu’elle se laissait aller dans le gouffre de sa solitude et de sa mélancolie infinie. Alors, elle se reprit. Affichant un sourire qui semblait figé sur ses lèvres, elle regarda le destiné de son cœur avec une expression de douce compassion, et de douce amitié. Ce sourire paraissait las de tout. Linda toute entière paraissait sombrer dans une lassitude éternelle. Elle regardait Near, sans réellement le regarder. A la voir ainsi, on aurait presque put voir une femme mûre et accomplie, ayant déjà à peu près fait le tour de choses, et pour qui la vie n’aurait plus aucun secrets. Pourtant, elle était loin de cette description qui pouvait s’apparenter aux femmes quadragénaires. Non, elle était encore belle et jeune, fraîche. Elle ne connaissait presque rien de la vie, et n’en avait découvert presque aucun secrets. Elle n’était lasse de rien, et son cœur non plus. Son cœur, lui, était toujours animé d’une folle passion. Le brasier ardent de son cœur ne cessait de chauffer un peu plus chaque jour, et rien ne pouvait l’éteindre. Son cœur battait la chamade, chaque seconde de sa vie. Linda était une passionnée. Cependant, son caractère était bien calme et réaliste. Malgré ses emportements passagers, dont elle pouvait faire la démonstration quelque fois, elle restait bien plus mûre et placide que beaucoup d’autres élèves. Pourtant, cet aspect de son caractère ne l’empêchait pas non plus d’avoir l’âme rêveuse et candide, durant ses moments d’évasion et de solitude. Elle exprimait ainsi toute sa sensibilité dans ses desseins. Elle en avait d’ailleurs fait beaucoup de Near. La plupart étaient réussis. Au final, le caractère de Linda était bien complexe, et bien ambigüe. Il était double. Voir triple. Elle était changeante dira-t-on, et s’adaptait à n’importe quel caractère, ainsi qu’à n’importe quelle situation.
En ce moment alors, elle avait une expression calme, et désintéressé de tout. Semblable à une fille heureuse, sans aucuns soucis. Même si cela pouvait être vrai en apparence, la réalité était bien plus complexe. Elle poussa un léger soupir, quasiment imperceptible. La demoiselle baissa les yeux, fixant le carrelage froid de l’infirmerie. Elle perdait peu à peu du courage certes, mais son amour était toujours aussi brûlant, et sa volonté d’en informer l’auteur revenait peu à peu. A un tel point, qu’elle devint bientôt intenable. Cependant, il lui manquait du courage. Et du courage ! elle en avait bien besoin. Il était la moitié de ce dont elle avait besoin pour lui avouer son amour. Elle possédait déjà la première moitié. Elle se contentait donc d’attendre sagement que le courage redescende peu à peu vers elle, muni de ses deux ailes blanches et pures, qui l’aideraient à surmonter cette épreuve. Mais que racontait-elle ?! Le courage n’arriverait pas de lui-même, et surtout pas en volant à l’aide de petites ailes. Il ne lui serait pas non plus servit sur un plateau d’argent, avec d’autres armes utiles pour combattre la future indifférence désarmante de Near. Non, elle devait le provoquer. Elle devait se donner elle-même du courage, pour espérer en avoir. Elle ferma les yeux, et prit une profonde inspiration, mais qui paraissait en réalité toute légère, à un tel point qu’elle en était même imperceptible. Car c’était son âme qui prenait une profonde inspiration. Son âme s’armait du courage dont elle avait tant besoin pour mener à bien sa mission. Quand elle rouvrit les yeux, ses deux prunelles étaient pétillantes. Elles brillaient d’une joie nouvelle, accompagner d’un courage tout neuf, et qui allait transporter dans une soudaine légèreté son amour vers Near. Oui, elle allait lui dire. Un nouveau sourire vint illuminer son visage déjà radieux. S’il était si rayonnant, ce n’était que grâce à l’amour qu’elle éprouvait, et qui ne cessait de la rendre plus belle. « L’amour rend beau ». Elle s’apprêtait alors à prendre sa voix la plus jolie, la plus douce, et la plus agréable à entendre.
Linda : « Near… Je ne connais que trop bien ma maladresse quand il s’agit de dissimuler mes émotions… Je connais également ton intelligence. C’est pourquoi je peux facilement imaginer que tu as deviné depuis longtemps mes sentiments… Mais que tu es assez modeste, et surtout indifférent à ces derniers pour ne pas le montrer. Peut-être qu’une incertitude demeure… Dans ce cas j’aimerais combler ce doute, qui n’a aucune raison d’être… » Dit-elle en baissant les yeux et en rougissant légèrement. Elle reprit : « Near… Mon amour pour toi est restait pendant trop longtemps inavoué. Ce temps de secret me parut une éternité. Mais je ne peux plus tenir. La flamme de mon amour est devenue bien trop forte, bien plus intenable et indomptable que je ne l’aurai pensé, et je ne puis maintenant passer outre ce sentiment si intense. Je ne peux plus le retenir. Mon amour à besoin de respirer, de voir enfin le jour et d’être connu. Connu de toi… L’absence de réciprocité m’effraie, je l’avoue, malgré le fait que je la connaisse déjà. Je n’attends par conséquent aucune réaction de ta part… » Elle mentait. Bien sûr qu’elle attendait une réaction ! « Je connais ton impassibilité. Mais je tenais à ce que tu connaisses la véracité et l’intensité de mes sentiments envers toi. Je t’aime, ce n’est désormais plus un secret. Cependant, je te demanderai une certaine discrétion vis-à-vis des autres… Je ne suis pas naïve, et sait très bien malgré les apparences que la plupart des élèves sont au courant ou sans doute. Mais j’aimerais que ma déclaration reste inconnue. Elle n’est adressée qu’à toi… » De nouveau, elle eu un sourire timide. « Tu sais, ce n’est pas évident pour moi de te dire ca… J’espère que tu comprends… Ca va sûrement te surprendre… Excuses-moi. »
Soudainement pris de gène, elle baissa la tête, et ses pommettes rougirent davantage. Elle n’avait pas l’habitude de faire de telles discours amoureux, et encore moins l’habitude de se livrer ainsi. Parler d’elle… Ah ! Elle en avait une aversion toute particulière. Elle n’aimait pas parler d’elle. Ni de ses sentiments, quels qu’il fut. Elle n’aimait pas se livrer, et préférait largement que les autres le livrent à elle. Ca, c’était ce qu’elle faisait. C’était ce en quoi elle était douée. Ecouter et consoler. Mais se livrer… Non, elle n’en avait pas l’habitude. Ce n’était pas la Linda habituelle. De plus, cette sincérité l’étonnait elle-même. Elle s’était ainsi découvert un nouveau courage, qui l’aidait à aller au bout des choses, à parler distinctement et clairement, disant avec précision ce qu’elle voulait faire entendre. Elle avait toujours était diplomate, oui, grâce à son rôle de leader. Mais tous ses discours habituels n’avaient rien à voir avec celui-ci. Il n’était jamais question d’amour. Or, celui qu’elle venait d’étaler ne parlait que d’amour, et de sentiments réelles et intense. Elle n’avait pas l’habitude de parler d’amour. Elle le ressentait, le vivait, mais n’en parlait jamais. C’était donc une toute nouvelle expérience pour elle. Etait-elle ratée ou réussie ? Le destin, s’il existe, nous le dira.
Linda gardait la tête baissée, encore toute gênée de ses récents aveux. Elle n’osait porter à un regard au visage de Near, qui trahissait sûrement son étonnement, son incompréhension, ou bien encore son questionnement. Elle avait peur de sa réaction, et préférait alors ne pas la voir. Cependant, un sourire timide étirait toujours les coins de ses lèvres, presque imperceptiblement. Elle était en quelque sorte soulagé. Elle n’avait plus à cacher son amour, et le poids de celui-ci était moins lourd. Elle l’avait enfin partagé avec quelqu’un, et non avec n’importe qui. Avec son auteur ! Et quel auteur ! Ce sourire là était donc un sourire heureux. Il s’agissait du sourire de l’amoureuse, tout simplement.
Sujet: Re: Illness happens { PV Linda Mar 9 Déc - 22:06
Lorsqu’il faisait froid dehors, certains n’appréciaient rien de plus que de ressentir la chaleur douce d’un foyer, de quelques bougies posées ça et là sur des tables basses, une atmosphère jaune orangé délicieux, un bon chocolat chaud doublé de chantilly, et une musique apaisante s’évaporant dans la pièce. D’autres, quand il pleuvait, aimaient à rester sous le froid et l’humidité, profitant de ces sensations censées être désagréables, mais qui eux, les réchauffaient, quelque part. La pluie, la neige, la grêle : ne voulait-on pas quand même, sur le long terme, les fuir pour retrouver la délicieuse sensation d’une température élevée sur son épiderme, sentir les frissons traduisant le changement thermique, puis se détendre dans la douceur relaxante ? En cet après-midi de pluie, des centaines, des milliers d’anglais s’affairaient à retrouver le chaud, le calme, la paix intérieure, après avoir traversé l’eau enragée qui se déversait du ciel. Certaines trouvaient tout cela, d’autres cherchaient vainement. Certains aller passer la nuit dehors, d’autres avaient à ce moment même la douleur de la perte d’un être cher ; d’autres n’avaient pas le temps pour les réjouissances, l’esprit trop pris par leurs études ou leur travail. D’autres encore pleuraient toutes les larmes de leur corps, enfoui au fond de leur couette, se lamentant sur un amour perdu ; quelque part, il y en avait qui faisaient connaissance, et ailleurs, des enfants naissaient par dizaines. C’était, somme tout, un jour tout à fait comme les autres, n’est-ce pas ?
Sauf pour Near, sans doute. Ce n’était pas qu’il était perturbé, ce n’était pas qu’il ne s’y attendait pas.
C’était simplement le fait d’avoir devant lui le fait accompli qui l’empêchait d’ouvrir la bouche pour répondre dans l’instant. Il n’arrivait même pas à garder une expression blasée ; au fond de son regard gris perle brillait une lueur de surprise qu’il n’avait pas vraiment besoin de cacher.
Une déclaration d’amour, hein, voilà ce que c’était. Et en bonne et due forme.
Fallait-il finalement avoir confiance en les ragots de Candy qui circulaient dans l’orphelinat ? Ce fut la première question dont il se souvint après avoir calmement écouté les paroles prononcées par la douce voix de la petite fille calme située en face de lui, même si elle semblait éloignée de plusieurs kilomètres, métaphoriquement. Il se contenta de la regarder. Longtemps. En silence.
Au fond de son esprit, du blanc.
Pourrait-on aller jusqu’à dire que la tirade que la demoiselle avait eu le courage de prononcer devant lui le laissait profondément indifférent ? Non. C’était faux. En vérité, le petit génie malade couché dans ce lit, fixant de son regard profond celle qui l’aimait se trouvait pris dans une sorte de piège dans lequel il n’avait encore jamais été pris. ( Non ? ) Il n’était, méthodiquement parlant, pas difficile de l’ignorer. Il n’y avait aucune raison pour laquelle le petit albinos aurait dû s’en trouver touché ou marqué d’une quelconque façon ; Linda avait toujours été très agréable avec lui, mais il n’en avait jamais eu la vision que d’une jeune fille un peu trop fouineuse et, soyons franc, il l’avait mise dans le même panier que tous les autres orphelins de la Wammy’s House qui tenaient à attirer son attention. Alors que ce n’était pas du tout la même attention que les autres qu’elle désirait. L’objet de ses intentions était plus profond qu’un simple honneur personnel à être intéressant aux yeux de Near ; ce n’était pas quelque chose qu’elle aurait pu inventer simplement pour essayer de le déstabiliser, elle n’était pas sournoise à ce point, ça se lisait dans l’éclat de ses jolis yeux colorés. Et il n’avait pourtant jamais rien fait pour mériter cette attention particulière. A vrai dire, le concept entier d’«amour » et l’intérêt qu’un adolescent de quatorze ans devrait porter aux filles à son âge lui était presque absolument étranger. Pour lui, le monde se résumait à des hommes, des femmes, pour ainsi dire, des êtres humains, dont quelques rares exceptions réussissaient à capturer son attention en particulier. Mais jamais il n’avait posé les yeux sur une autre orpheline en ressentant soudain une passion comme les garçons à cet âge en avaient parfois, sans même prendre en compte le caractère de l’autre. Le coup de foudre, comme cela était appelé. Pas de coup de foudre pour Near.
Mais s’il ne lui disait pas banco qu’il n’était pas intéressé, ce n’était pas parce qu’il était retourné par la nouvelle. Toute la poésie qu’elle y avait mis, tout le charme de sa petite silhouette et de sa voix d’enfant n’y avait rien fait ; il ne pouvait pas lui rendre ses sentiments. Certes, il était étonné qu’elle ait eu le courage de prononcer ces quelques mots ; même si lui n’était pas concerné et que pour l’albinos, les sentiments n’étaient qu’une histoire d’hormones et de psychologie humaine facilement contrôlable, il savait par ses nombreuses lectures à quel point il semblait être difficile pour un être d’assumer de tels sentiments et de les avouer quand l’on n’était pas sûr de la réciprocité de la chose. Il inclina un peu la tête. La pluie continuait de résonner sur les vitres, baignant l’atmosphère d’un son couvrant le gênant silence qui avait pris possession de la pièce.
Il recommençait lentement à réfléchir, la surprise passée. La jeune fille semblait à la fois soulagée et perturbée de son aveu ; elle était jolie, il n’y avait pas à contester. Mais il en fallait plus que ça pour que Near tombe amoureux. Peut-être même qu’il n’en était même pas capable… Mais qui sait ? Pour une femme amoureuse, rien n’est impossible, n’est-ce pas ? Si c’était de l’amour, du vrai, elle ne laisserait pas tomber. Ah, pas que l’albinos souhaite que la jeune fille souffre par sa faute ; il avait beau rester de marbre, il préférait mettre les choses au clair pour ne pas qu’elle continue à le poursuivre alors que c’était vain. Mais il devait avouer qu’elle le surprendrait si elle insistait.
Devant l’étendue des sentiments et toute la tendresse et la profondeur que pouvait atteindre l’amour, devant la chaleur qui aurait peut-être dû imprégner la pièce, le cœur de Linda et celui de Near s’il avait été quiconque d’autre que lui-même, il y avait ce petit garçon qui semblait plus inaccessible que le plus pur des trésors, froid, sur son trône de glace. Son regard, pourtant, n’avait absolument rien de rébarbatif ou d’agressif, et il n’y avait même pas la moindre trace de pitié ou de rejet dans son expression placide, ni dans ses grands yeux ouverts.
Les sentiments des autres, finalement, n’étaient que des divertissements, comme autant de petits jouets. Certains savaient se distinguer des autres. Peut-être que Linda réussirait à en faire partie, peut-être pas. C’était là tout l’intérêt.
Near : « Je ne le dirai à personne. »
Son regard se détourna vers la fenêtre, laissant voir à Linda l’arrière de son crâne et de sa chevelure courte et ondulée. Plutôt que de partir dans la discussion de base de tout être humain qui s’apprêtait à envoyer sur les roses poliment une dame, l’albinos se mit lentement à entortiller une mèche de cheveux autour de son doigt, ayant retrouvé un peu de force, puis, lentement, une question traversa la barrière de ses lèvres roses. Une question qu’il aurait du savoir stupide. Mais Near n’était qu’un enfant après tout. Et un handicapé sentimental de premier ordre.
Near : « Pourquoi es-tu amoureuse de moi, Linda ? »
Certaines choses avaient, pour lui, besoin d’explications rationnelles. Il s’était de nouveau tourné vers elle et la regardait avec un air purement candide. Il ne cherchait pas les compliments. Near se fichait profondément des compliments, et il ne faisait aucun doute que la jeune fille le savait.
D’aucunes auraient pu dire, à Near, le premier successeur au poste de L, à cet instant précis, le seul mot qui était nécessaire à la description de ce garçon : « …Crétin. »