Feuille de personnage Wammys: H / A Double Compte: Âge: seize ans / vingt-quatre ans
Sujet: Das kann ja lustig werden — Guard Mer 15 Jan - 18:22
Ce n'est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique. Jacques Ellul
Un putain de devoir sur l'expressionnisme allemand. En allemand, s'il vous plaît. Je suis tellement nulle en allemand que ça me donne envie de pleurer. Plus de 1500 mots, je vais finir par pleurer pour de vrai. J'ai une sacré mémoire, comme tous les élèves. Mais pourtant, cette langue barbare ne veut pas rester dans mon crâne. Je suis désespérée quand il s'agit d'apprendre une langue étrangère. Pourquoi tout le monde ne pourrait-il pas parler notre bon vieil anglais, tout serait beaucoup plus simple. Mais c'est à croire que les imbéciles qui règnent, les lobbies qui nous cassent les couilles en dirigeant la planète aiment se sentir toujours plus abrutis à bafouiller des mots dans un accent que leurs cordes vocales ne permettent pas.
J'ai même pas d'ordinateur. Je pourrais en avoir un, je pense. Mais c'est à peine si je suis plus douée en langues étrangères qu'en informatique. Je vois pas l'intérêt. Je suis technophobe, je crois. Tous ces gadgets me rebutent un peu. C'est à peine si je n'ai pas eu l'air dégoûtée quand mon père m'a offert mon premier téléphone portable, un iPhone avec une pomme blanche lumineuse dans le dos. Je veux dire, ça sert juste à déterminer à quel milieu social on appartient, ces merdes. Mon père voulait – pensait – me faire plaisir, alors j'ai fait comme si. Maintenant je le garde parce qu'il me vient de mon père, c'est con.
Quelle connerie cette salle multimédia. Si l'école n'en avait pas eue, j'aurais pu être exemptée de ce devoir, j'en suis sûre. Quand j'ai levé le bras, en allemand, l'enseignant m'a dit, mot pour mot: "Frau Aston, wie gewöhnlich. Wenn Sie mir nicht ihre Arbeit zu gegebener Zeit diesmal geben, werden Sie nachsitzen müssen". J'ai pas compris mot pour mot, mais je devine que je passerai encore des heures à écrire pourquoi j'ai rien rendu – en allemand, encore!
Merde, Guard est là aussi. À chaque fois que je le croise, soit il pleure, soit il dit rien, comme un animal effrayé. Je le vois bien dans le tableau de Dix, celui où la silhouette fantomatique hurle à la mort. Rien que d'y penser, je souris en m'installant à un poste.
••
Je comprends rien. JE COMPRENDS RIEN. Je retire mon pull, je commence à avoir trop chaud. Je tire sur le dernier bouton de ma chemise. Pourquoi est-ce que le curseur de la souris ne bouge plus? Et pourquoi quand j'essaie d'écrire quelque chose sur le logiciel de traitement de texte, c'est ce que j'ai réussi à écrire précédemment qui s'efface? Je vais péter un plomb, putain.
Je tape sur toutes les touches du clavier, la page que j'avais péniblement remplie s'efface et est remplacée par des tas de chiffres et de lettres dans le désordre le plus total.
Aston — Rââh.
Je lance un dernier coup de doigt sur une touche et m'effondre sur le bureau, la tête entre mes bras repliés. Je marmonne, les cheveux comme un casque protecteur.
Aston — Je vais péter un plomb, je vais péter un plomb, je vais péter un plomb.
S'il y a une chose qui arrive à m'énerver plus vite que Carthage et n'importe quel autre élève, c'est bien cette putain de nouvelle technologie. Je tourne la tête vers Guard, qui a l'air concentré sur ce qu'il fait. Pourquoi est-ce qu'il vient pas m'aider, d'abord?
Guard
Sujet: Quand on aime la Psychologie... Dim 19 Jan - 0:48
Parfois, les êtres les plus mignon ont des avantages que les autres ne possèdent pas. Ainsi, si un individu lambda demande à une bibliothécaire la disponibilité d'un livre, et que ce livre est absent, il risque de se faire envoyer paitre par la dame qui dirige ce lieu de culture. Alors que si c'est un garçon un peu petit, les lèvres tremblotantes, d'une extrême politesse et avec une certaine timidité qui le demandait, la dame avait plus de chance de lui donner un équivalent. Surtout si ce petit garçon demandait un livre compliqué. C'était souvent comme ça... Et même la dragonne qui gardait les clefs de la terre sacrée des livres au sein de la Wammy's House craquait devant la bouille delicate de Guard, lorsque celui-ci demanda son bouquin de psychologie pour son devoir à la maison. Ainsi, la vielle retorse alla lui ouvrir une session dans la salle multimédia, pour qu'il puisse lire le lovre en version numérique. C'est ainsi que le doux agneau qu'il était se retrouva dans la salle rutillante, aux ordinateurs assez récent, qui était souvent interdit aux plus jeunes pour ne pas qu'ils ne les abiment.
Ainsi, assez tôt dans l'après-midi, le jeune Alter avait commencé la fastidieuse lecture de son livre, tout en prenant des note dans son petit cahier à spirale, qu'il avait acheté avec l'argent de poche alloué par la fondation qui s'occupait des orphelins de la Reine. Il ne faisait pas souvent les courses, et ne s'achetait que rarement des choses qui lui plaisaient. Ce cahier en faisait partie, peut-être à cause de la couverture sombre et en espèce de faux cuir, qui lui rapellait les livres qui tranaient dans sa maison d'avant. Noir relié d'Or, comme la pointe du stylo-plume que Guard utilisait pour écrire. Influence constante de son vécu ? C'était une question interressante, et par un mystérieux hasard celle sur laquelle planchait ce gentil garçon.
Deux heures après, cinq ou six pages du cahier du garçon étaient gribbouillé de schéma et de note divers, trace de sa lecture active de l'oeuvre qui couvrait son écran. Il avançait assez vite et souriait un peu, de fierté peut-être, tout en parcourant les pixels de son écran de ses grands yeux d'ambre. Ainsi, il ne se rendit pas compte qu'une créature du sexe opposé rentrait dans la salle dédié au ordinateur.
Pourtant, il aurait pu se retourner et regarder cette fille, Aston. Une Shape, ce qui sous-entendait souvent des êtres assez indisciplinés pour le petit devant son ordinateur. En même temps, un mètre soixante-six, c'est une taille que Guard n'avait pas atteindre malgré ses quinze ans, et desespérait secrètement d'avoir. Patience. Tu ne le sais pas encore mais tu feras une poussée de croissance vers tes dix-neuf ans, et ton complexe paranoïaque sur ton physique se reportera sur tes cheveux ondulés et noir, comme si il était mouillé. On te surnommera tête d'algue et tu complexeras, petit Guard. Enfin.
Féminine et bien en forme, la fille que Guard ne voyait pas, son ainée, portait bien sa coupe de cheveux bruns, qui s'accordait à sa moue boudeuse devant la machine de fer et d'acier où elle s'était assise. Les ordinateurs la faisait sans doute rager. Mais le petit n'en savait rien, pas plus que le fait que Aston lui avait accordé environ une demi-seconde d'attention avant de se désinteresser de lui et de son costume de majordome.
Les deux esprits se mirent à travailler, séparé par quelques mètres et la nature différente de leurs travails respectifs. C'était presque amusant, au final. Un qui travaillait sur la spécialité de sa classe, qui l'intéressait, en grattant les pages de son carnet et une qui se morfondait sur sa page word, tout en effectuant une tâche à l'opposé de celle des Shapes, c'est à dire en massacrant allègrement la langue germanique. Puis le temps continua à s'écouler quelques peu, dans un silence ponctué de soupir et de sourire éclatant ou presque.
Enfin, au bout d'un temps certain, un bruit fit sursauter Guard. Le nabot tourna la tête vers la source de ce son, à savoir la Shape, qui martelait les touches de son clavier un peu bêtement. Ça aurait pu être drôle si la jeune femme ne marmonnait pas des jurons, avec un stress visible et une tête furieuse envers tout l'informatique. Guard sentit ses mains se mettre à tembler, tandis que la jeune femme en chemise martelait de plus en plus les touches de son clavier, alors qu'un individu quelconque aurait sans doute compris que cela ne servait à rien. Le garçon avait perdu son envie de travailler, remplacer par un étrange et fascinante mélange de peur, d'envie de fuir et d'un inexplicable désir de regarder cette femme, ou quasi-femme, qui s'agaçait profondément. La chemise un peu ouverte et le pull retiré révélait au plus jeune une peau pâle et délicate, féminine. À part sa meilleure amie, Dawn, qui avait fuit la Wammy's House avec un autre orphelin, le petit garçon n'avait pas pu observer d'individues du sexe opposé, surtout de cet âge spécifique de l'adolescente. Ah, les hormones...
Soudain, la fille arrêta son idée stupide de tapper comme un homme prehistorique sur le clavier et posa la tête sur la table, comme si elle était déprimé.
Aston — Je vais péter un plomb, je vais péter un plomb, je vais péter un plomb.
Les cheveux qui encadraient son visage la rendait mignonne, tout comme ses lèvres boudeuses. Le plus jeune était surpris par sa propre attitude et se retourna un peu, tout en la regardant de l'oeil. Sauf qu'elle commença à se retourner vers lui, alors le petit Alter pivota bien vite devant son écran, pour ne pas qu'elle le suprenne dans son délit d'observation. Elle ne le capta sans doute pas, et se contenta de le regarder, pendant cinq longues minutes, d'un regard appuyé. Le jeune homme se bloqua dans son travail, qu'il avait fait semblant de reprendre. Ses mains, au dessus du clavier, se remirent à trembler, signe que son petit cerveau de paranoïaque s'activait pour savoir la suite de la situation et les risques possible découlant de celle-ci. " Oh mon dieu, songea le gamin dans sa tête, pourvu qu'elle ne me remarque pas ! Pourvu qu'elle ne se lève pas et ne vienne pas me parler ! Pourvu que pourvu que..."
Ainsi, l'encéphale du plus jeune s'emballa et se mit à créer des tas de plans et de possibles futurs négatif, ce qui augmenta évidement son stress et sa peur, alimentant à nouveau son crâne pour qu'il continue à dériver sur le sujet. Au bout de quelques minutes, le garçon, déjà vaincu par la panique, se tourna vers elle, en claquant des dents et des genoux, et lui demanda avec un sourire hésitant et tremblotant:
« T-tu veux quoi, As-ston ?»
Aston
Feuille de personnage Wammys: H / A Double Compte: Âge: seize ans / vingt-quatre ans
Sujet: Re: Das kann ja lustig werden — Guard Lun 27 Jan - 18:08
Auf einer Streich
Je me suis dit, s'il ne se retourne pas encore au bout de cinq minutes, je m'en vais et j'accepte les remontrances que j'aurai mérité pour n'avoir pas fait mon travail. Avec un peu de chance, je n'aurai qu'à nettoyer le gymnase, et ça, ça me botte vachement plus que de rédiger son maudit devoir. J'aime pas avoir le corps inoccupé, et quand je suis derrière un ordinateur, ou sur une chaise pendant trop longtemps, mon esprit cogite proportionnellement trop par rapport à mes muscles, et ça ne me réussit pas. J'ai besoin de réfléchir avec tout mon être, c'est comme ça.
Quand je ne fais que penser, je reviens invariablement à ce jour, à l'enterrement. Le Jour Noir. Tous ces gens que je ne connaissais pas, et pire, ceux que je n'avais pas envie de connaître. Les cercueils ensevelis. Le prêtre. La tante, celle qui chouine mais qui est « trop vieille » pour « s'occuper de moi », comme si on devait encore changer mes couches et me lire une histoire le soir. Les hommes en noir, qui ne me lâchent plus depuis l'accident. Toutes ces histoires dans ma tête, mon corps figé. Et le soleil, le soleil brûlant, qui fait couler des gouttes de sueur froide sur ma nuque. J'aurais voulu être ailleurs. Dans l'un de ces cercueils, peut-être.
Heureusement, Guard se décide enfin à agir comme un organisme humanoïde normal. C'est-à-dire que, en conséquence à mon regard insistant, il a ouvert la bouche et ses timides cordes vocales ont parlé à mon oreille.
Guard — T-tu veux quoi, As-ston?
Je me redresse complètement et tourne la chaise à roulettes de façon à lui faire face. J'évite de le regarder droit dans les yeux, comme j'ai l'habitude de le faire. Guard ne va pas me mentir, là tout de suite, et il ne représente pas une menace. Au contraire, si je suis trop agressive, trop directe, il pourrait me claquer entre les doigts, le petit Guard. Ce n'est pas que je me sens petite, mais ici, quasiment tout le monde me dépasse d'une bonne tête. Sauf Guard, et les petits. Le petit Guard.
Aston — Je comprends rien, au lieu d'écrire, tout s'efface.
Je tape sur la barre espace, mécaniquement. Mais au lieu de s'avancer, le curseur recule et efface un « k ». Je soupire et pose un coude sur le bureau, la paume contre ma mâchoire. En fait, ça m'ennuie plus que ça ne m'énerve. C'est que je pourrais faire tellement de choses si je n'étais pas coincée ici. Ranger le coin de Nine – parce qu'à la fin de la journée, c'est toujours le bordel. Ou bien courir dans le jardin. Ou bien juste faire une sieste. Ou tirer une balle dans une silhouette en carton — en imaginant que c'est le prof d'allemand.
Aston — Tu pourrais m'aider ?
Après tout, puisqu'il est là, autant qu'il m'aide.
Oui, c'est assez égoïste.
Et je décale ma chaise pour lui faire de la place devant l'écran du poste que j'occupe.
Guard
Sujet: Re: Das kann ja lustig werden — Guard Dim 2 Fév - 11:49
Mon dieu. Face à la Shape, les individus qui effrayaient le plus le petit avec Adults, Guard tremblottait misérablement en attendant la demande de la jeune fille. En même temps qu'il avait peur, il avait honte de cette peur qu'il ressentait. Il y avait pas de raison, non...? Pour qu'elle passe ses nerfs sur lui, ou lui envoit une blague méchante sur sa taille, ou qu'elle l'accuse... Mon dieu. Il fuiyait encore ce regard, incapable de soutenir les yeux de qui que se soit depuis toujours. En fait, même les plus jeune lui faisait peur. Il se sentait pitoyable en y réfléchissant, parce qu'au final il était juste un trouillard. Ses pensées le firent lâcher la réalité quelques petites secondes, juste le temps pour que la fille parle et le surprenne. Il sursauta en entendant la voix de la fille, et serra sa tête sur ces épaules par reflexe.
« - Je comprends rien, au lieu d'écrire, tout s'efface. »
Oui, en fait il n'avait rien à craindre. Il desserra ses épaules, en se disant qu'il était ridicule. Elle voulait juste de l'aide, et lui paniquait comme si ellle voulait le tapper. Mais bon, il avait toujours vécu décalé, par rapport aux autres. Solitaire, renfermé. Sa notion dans les rapports humains frisaient la bulle, l'ovale, la sanction. Le zéro qui fait trembler des hordes d'élèves, parce qu'il n'y a rien en dessous. C'est vraiment le plus bas niveau atteignable. Et ça ne plaisait jamais aux élèves, bien sur.
Mais bon, assez parlé de note. Notre petit Alter observa la fille, croisa le regard de celle-ci qui pu voir qu'il l'observait, et détourna les yeux en rougissant. Qu'allait-elle penser de lui ? Qu'il était une sorte de pervers ou autre ? Ou bien qu'il était un garçon normal ? Le cerveau de Guard décida pour lui et le rangea dans la catégorie pervers detestable. Cela eut pour effet de refroidir le garçon, qui regards ces pieds plusieurs minutes, avant de reporter son attention sur la machine. En évitant soigneusement les yeux de la Shapes.
« J-je pense savoir ce qui ne va pas... — Tu pourrais m'aider ? »
Le garçon hocha la tête et se dirigea vers le clavier. La fille à coté de lui semblait dans les nuages, comme si elle songeait à autre chose. À ce qu'elle aurait pu faire si elle n'avait pas ce devoir d'Allemands. Peut-être à une amie...? Peut-être à un garçon, aussi...? Les yeux perdus dans le vague, la jeune femme regardait distraitement un morceau de mur, avec ces lèvres fermés, affichant une moue ennuyé par la situation. C'était étrange, pour le petit Guard, de voir d'aussi près une fille qui semblait à des milliers de kilomètres.
Mais soudain, Guard se reprend. Il détourne son regard et se force à pianoter sur le clavier. Des retours en arrière, et la touche inser appuyé, le jeune homme recula, en souriant. Le problème était résolu, Aston allait pouvoir travailler. Même si il doutait qu'elle en ait vraiment envie...
« V-voilà, c'est résol-lu !»
Le petit garçon recula et se dirigea vers son propre appareil multimédia, pour continuer sa lecture et ces notes. Mais la présence d'Aston le perturbait, et lui faisait perdre son rythme, lui faisant regarder souvent par dessus son épaule. Dérangé ? Sans doute que Guard l'était. Sa paranoïa lui bouffait encore la vie, et l'empéchait de travailler efficacement. Plusieurs coups d'oeil plus tard à Aston, et rien n'évoluait. Ni le travail avançait, ni leur discusion. Silence que Guard trouvait lourd... Très lourd.
[desole si c'est court Xx"]
Aston
Feuille de personnage Wammys: H / A Double Compte: Âge: seize ans / vingt-quatre ans
Sujet: Re: Das kann ja lustig werden — Guard Lun 3 Fév - 18:20
Oh oh where do we begin? The rubble or our sins?
Un faon. Guard est comme un faon, peureux et fragile. Je dois bien l’avoir vu sursauté une dizaine de fois, et je ne sais même pas s’il en a eu conscience plus de deux fois. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas un prédateur. Il est serviable. C’est un gentil. Mais pas un gentil un peu méchant, un gris clair, non : Guard est le héros d’un monde manichéen, et j’en suis là dans ma réflexion – me demandant si noire ou blanche je suis, dans l’univers guardien —, quand il se recule de l’écran, l’air d’avoir fini.
Guard — V-voilà, c'est résol-lu !
Je frotte mon jean serré – et rose – et retire une peluche. Je déteste les peluches. Sur les vêtements clairs, ce sont des tâches foncées qui me pourrissent la vie. Sont-elles obligées de s’accrocher là ? Rien ne peut-il reste tout blanc ? Le plus embêtant, c’est qu’en soit, une peluche est invisible. Seule la personne qui porte le vêtement les voit. Et on ne peut s’empêcher d’y rester, de réunir les fibres entre elles, en faire une petite boulette et la retirer du tissu du bout des ongles.
Finalement, peut-être Guard n’est-il pas d’un blanc immaculé. Peut-être mes yeux ne sont-ils pas capables de voir plus loin que ces bégaiements et ses tremblements.
Je sens qu’il me regarde d’une manière qu’il espère discrète – je ne suis pas aveugle à ce point. Je n’ai pas besoin de jeter de coups d’œil pour savoir ce qu’il fait, ou essaie de faire – ou fait semblant de faire. En tout cas, depuis le départ de Guard, la page sur l’écran est restée blanche. Je n’ai plus du envie de faire de l’allemand. Tant pis, je perdrai une heure, mais une heure contre un devoir, c’est donné. Après tout, si je m’y étais réellement mise, j’en aurais eu pour la nuit. Et, en regardant sur l’horloge numérique dans le coin de l’écran, je me rends compte que je ne suis plus très loin de l’heure, et soudain, j’étouffe. Je ferai mon heure plus tard, mais certainement pas maintenant.
J’ai un peu de peine pour Guard. Avec sa façon étrange de s’exprimer, nul doute qu’il doit avoir du mal à s’intégrer – et je suis persuadée qu’il a envie de s’intégrer, pas comme certains. Ou certaines. On s’en fout.
Je pivote le dossier de mon fauteuil vers Guard.
Aston — Hé, ça te dit un chocolat chaud ? On peut aller traîner à la patinoire, aussi ?
J’attrape mon gros pull bleu marine à grosses mailles, le passe par-dessus ma tête.
Aston — En tout cas, moi je reste pas là une seconde plus. Tu fais comme tu veux.
Évidemment, je dois pas avoir l’air trop avenante. Je n’ai pas envie de m’intégrer, à la base.
Guard
Sujet: Re: Das kann ja lustig werden — Guard Sam 15 Fév - 12:29
Guard alignait péniblement les idées psychologiques de son texte, peinant pour réfléchir sur le document en PDF à cause de la présence de la jeune fille. À sa crainte de se faire insulter ou railler se méllait une curiosité pour la créature de sexe opposé, désir normal de l'adolescence que Guard assignait à une forme de perversion. Cette fille était étrange, pleine de féminité et de sauvagerie, d'espèce d'aura animale à la fois. Un peu maladroite lors de ses travaux de langues -Guard avait en effet vu quelques tournures grossière en allemand, bien qu'il n'excellait pas en la matière- elle compensait par une sorte de brusquerie, d'adresse lors de ces mouvements. Elle était faite pour bouger, comme le loup pour vivre dans la forêt à l'écart des hommes, et non pas dans une cage de zoo miteux.
Après quelques soupirs des deux personnes dans la pièce, et des (pas) discret coup d'oeil de la part du plus petit, Aston se retourna. Guard, qui était encore en train de regarder discrètement la femme, sursauta d'une manière étrange, le genre de sursaut que le tricheur à quand le prof le remarque, et fit semblant de s'interreser à son texte de psychologie. Sa main trahissait toutefois son angoisse de la réflexion, car elle tappotait nerveusement sur la table, sans que Guard ne s'en rende compte. Heureusement que la fille ne lui voulait pas de mal ! Au contraire. Elle prit la parole pour lui proposer ce que personne avant elle ne lui avait fait. À part Dawn, mais c'est autre chose.
Aston — Hé, ça te dit un chocolat chaud ? On peut aller traîner à la patinoire, aussi ?
Elle l'invitait. C'était sans doute la première pensionnaire qui le faisait, qui lui proposait autre chose que de travailler. C'était spécial dans la tête du garçon, une sorte de mini-élection. Cela le fit presque boguer, en fait. Le cerveau du petit surdoué s'agita sous son crâne, faisant défiler un grand nombre de plan et de possibilité sans que le plus petit parvienne à se calmer. Des tas d'informations défilaient sous la caboche du gamin, incontrôlable flux qui contribuait à faire nager dans le vague le regard ambré du garçon. Puis, au bout d'une cinquantaine de seconde, le gamin sursauta et se ressaisit. Il venait encore de perdre le contrôle, et devant Aston. Du coup, elle avait eut le temps de se rhabiller et de se lever, ses affaires rangées et sa session informatique fermée.
Aston — En tout cas, moi je reste pas là une seconde plus. Tu fais comme tu veux. Guard : « J-je viens ! »
Le garçon avait parlé spontanément, et s'était même relevé d'une manière un peu excessive. Mais pour une fois qu'il agissait sans se tétaniser... Il rangea dans sa boite le carnet et le stylo-plume dorée, et glissa le tout dans sa poche de veste de majordome, avant de fermer le document et sa session rapidement. Puis, il fit le lien entre son attitude décalé et ce que pouvait penser la jeune fille, et se figea. Est-ce qu'elle allait le prendre pour un boulet, à agir d'une manière si vive et si désordonnée ? Sans doute. Se forçant à calmer sa nervosité que cette corrépation venait d'insinuer en lui, le petiot se tourna face à elle et marmonna doucement, avec une sorte de timidité mêlés d'angoisse diffuse.
Guard: «J-je suis prêt... O-on y va ? »
Peut-être que le jeune homme se sentirait plus tranquille si il savait que la jeune fille le jugeait de manière amicale, sans vraiment de sentiment négatif. Pour elle, il était une sorte de personne maladroite et animé de sentiment pur, une boule d'énergie en manque d'affection, et non pas le personnage grotesque qui se detestait que Guard avait dans son esprit. Mais il est vrai que se juger soi-même est un exercice délicat, que peu de gens maitrisent. Et le petit Alter ne faisait pas partie et ne ferait jamais partie de ces gens-là.
Se définir soi-même... Dur question. On a besoin du regard des autres pour se construire, mais on le fuit de peur d'être blessé. Grandir seul face au miroir de sa conscience rendait la tâche de se percevoir dans une totale objectivité ardue, à fortiori parce que l'on ne possède pas de ténoignage de notre bon ou mauvais caractère. Il est si facile de se détester si personne ne nous renvoie d'amour... Et Guard souffrait essentiellement d'un manque d'amour. Et même d'amitié, qui est une forme plus stable et diffuse d'amour, moins forte certes, mais tout aussi importante. "Aimons-nous les uns les autres." Peut-être que Guard guérirait un jour de toute ces phobies et son manque d'affection, en tout cas l'invitation d'Aston était un premier pas vers cet idéal de paix intérieur. Même si Guard ne percevait pas encore ce genre de petite chose, au moment où il franchit la porte de la salle multimédia en compagnie de la jeune Shapes taciturne et renfermée. Mais qui était prête à aider un plus paranoïque qu'elle à grandir. Drôle de duo, en fait...