L’orage grondait au loin. Sharp l’entendait distinctement. Ce roulement si caractéristique de la tempête qui se préparait. Pourtant là où il se tenait, seuls quelques nuages cachaient le soleil. Rien qui pouvait annoncer un orage. Le calme avant la tempête en quelque sorte.
Une rafale de vent secouait le haut des arbres. Sharp le voyait, à travers les vitres de sa salle de cours. Ce vent ne tarderai pas à emmener vers la Wammy’s House les cumulonimbus, ces gros nuages noirs porteurs de pluie.
L’orage ne dérangeait pas Sharp. Il n’aimait pas non plus follement ce temps. Mais ce qu’il aimait, c’était de voir les changements dans le comportement des gens à l’approche d’une tempête. L’ambiance devient plus électrique, magnétique même. Les gens sont plus stressés, nerveux, angoissés quand un orage approche.
Le jeune homme avait déjà lu quelques articles là-dessus. Et bien entendu, il avait observé avec quelques expériences qui lui étaient propres, le comportement humain. Alors qu’il était plus jeune, il avait posé quelques questions bien chiantes à son professeur de musique du moment. Des questions de gamins du genre « Pourquoi le ciel est bleu ? » « Pourquoi ça résonne quand je tape sur le piano ? » et autres imbécilités dont le Stanislav de l’époque, celui de 8-9 ans, connaissait déjà les réponses grâce à ses lectures.
Mais son expérience fut fructueuse et son professeur lui avait répondu avec humeur qu’il n’en savait rien, alors que quelque jour plus tard, par grand soleil, il lui avait répondu dans la mesure du possible.
Un tapotement rythmé le sortit de ses pensées. Quelques élèves taper leur doigts sur leur table. Énervement, désintérêt pour le cours. Ils voulaient savoir ce qu’il se passait dehors sous l’orage. L’humain a peur de ce qu’il ne connait pas. Les élèves de la Wammy’s, surdoués, eux veulent savoir ce qu’il se passe, pour ne plus avoir peur. Inconsciemment.
La voisine de Sharp commençait à se ronger discrètement les ongles. Autophagie. Phagie, glouton. Auto, soi-même. Plutôt dégoûtant… Dans tous les cas, cela signifiait que la jeune fille devenait nerveuse. Là encore, faute à l’orage.
Sharp souriait, en observant ses camarades et en analysant leurs moindres gestes. C’était bien plus intéressant que ce cours d’anglais. Mais quelque peu prévisible… Heureusement, la sonnerie signala la fin des cours. Tous rangèrent leur cahier dans leur sac. Quelques-uns saluèrent le professeur. Le russe, lui, dit clairement au revoir, d’une voix calme et posée. Il restait poli, en toute circonstance, telle que lui avait apprise son éducation.
Sharp lu sur les visages un soulagement bien visible aussi bien chez les élèves que chez le professeur. Chacun pourrait enfin se mettre réellement à l’abri de cet orage. Comportement primitif de protection chez l’humain mais totalement compréhensible. Sharp lui-même sentait une légère oppression vis-à-vis du temps orageux. Ceci le fit sourire. Après tout, il n’était qu’un humain normal, tout aussi primitif que les autres. Il ressentait le besoin, non pas de se protéger, mais de savoir, de subir pour connaître.
Aller dehors, pour dompter l’orage était envisageable. Seulement Sharp n’avait aucune envie d’être mouillé et de tomber malade. Ce serait vraiment un très mauvais plan.
C’est pourquoi il se dirigea vers la serre. De là-bas, il pourrait certainement avoir une bonne vue sur le temps. Pour ce faire, il dû marcher dans tout l’établissement afin de ne pas aller dehors. Le chemin vers la serre était plus court et rapide si l’on passait par l’extérieur. Mais on pouvait tout de même y arriver, tout à fait sec en faisant le tour de la Wammy’s House. Il fallait cependant marcher quelques petits mètres dehors.
Heureusement pour le blond, la pluie ne tombait pas encore. Les quelques minuscules gouttes prenait cependant de la force à cause du vent violent.
Sharp arriva enfin à destination. Il se doutait qu’il n’y aurait pas grand monde dans la serre et en effet, seuls quelques jardiniers s’occupait des plantes, tel que leur contrat le leur demandait. Les autres ne devaient pas vraiment se sentir à l’aise sous un orage, protégés uniquement par un toit en verre.
A peine eut il salué les jardiniers qu’un premier coup de tonnerre explosa.
Les gouttes faisaient un bruit pas possible en tombant sur le toit.
Sujet: Re: It's raining cats & dogs [Tempest] Jeu 24 Oct - 10:06
caught in a trap
La tempête. La tempête est là, elle gronde, elle rugit, belle, elle prend son temps, fait sentir sa présence, sa présence divine et, implacable, elle balaie tout, la tempête. Dieu seul sait à quel point j'aime la tempête. Je balaie tout, je passe les frontières comme elle, malgré ma naturalisation. Je suis une tempête, née d'on ne sait où, une tempête qui repart. Une bruyante, flamboyante tempête qui tente d'attirer l'attention, qui veut tous les regards sur elle, capable de nuire à tous...
Alors le ciel s'ouvre. Un premier éclair qui illumine la classe d'une lumière claire, certains sursautent. Moi ? Moi je souris. Petit sourire satisfait, pour une futilité. Aujourd'hui, j'ai bien fait de ne pas mettre une de mes belles et précieuses robes. L'orage ne les abîmera pas, ainsi, puisqu'elles sont bien à l'abri dans mon armoire... Oui, aujourd'hui j'ai bien fait de ne pas arborer de tenue trop extravagante, pas vraiment pratique lorsque la tempête guette. J'attends avec impatience la fin du cours. Je n'aime pas les cours de la Wammy's House. Je n'aime pas que des hommes m'apprennent quelque chose. Là où je vivais, c'était les femmes qui savaient, qui détenaient la connaissance, comme une clef en or qui ouvrait toutes les portes. En deux ans, il a fallu que je m'habitue, et pourtant j'ai du mal. Elles me manquent. Elles me manquent ces déesses. Il n'est plus question de quelqu'un pour m'épauler, me cajoler, discuter avec moi autour du thé en fumant une cigarette avec une telle élégance. Je jette un regard autour de moi, balayant du regard les élèves. Ils doivent sentir qu'aujourd'hui je n'ai pas envie de parler. J'espère qu'ils ne me détestent pas. Je sais que la plupart me déteste. J'ai du mal, tellement de mal à m'intégrer, bien que je parle à tout le monde. Ils doivent me voir comme un gamin capricieux... Eux, pétris de morale, de conventions. De limites.
La fin du cours est enfin annoncée par la sonnerie, et je pousse un soupir de soulagement. La tête haute, digne, je me dirige rapidement vers la sortie, sans dire au revoir à qui que ce soit. Personne ne s'en préoccupe, ils savent bien les caprices que je fais, et mes changements d'humeur soudains. Je décide d’aller à la serre, et, impatient de me vider la tête, je prends le chemin le plus court, et aussi le moins peuplé, pour m’y rendre. Et pour cela, il faut passer par l’extérieur. Autant dire qu’il n’y a personne, alors que la pluie tombe à verses … Oui, tous sont rentrés pour s’abriter de la tempête. Armé d’un parapluie, moi je l’affronte, cette tempête. Dieu merci, ce n’est qu’un cours instant. J’arrive bien vite à la serre. C’est un grand bâtiment principalement composé de verre, afin de laisser la lumière entrer au maximum. Vu le budget que l’état doit allouer à l’orphelinat, la serre peut se permettre d’être immense, avec des plantes rares dorlotées par une armée de jardiniers émérites. J’imagine que, en dehors de la fonction potager bio qui nous permet d’avoir droit aux meilleurs légumes, cet endroit doit bien souvent être occupé par quelques experts à la main verte, et à la spécialité liée aux plantes. Je ne me rends pas souvent dans cet édifice au plafond transparent, qui, en ce moment, laisse voir la pluie diluvienne qui tombe. Et pourtant, j’avoue que je l’aime beaucoup, cet endroit. A part quelques jardiniers qui s’affairent sans cesse sans faire attention à vous, il n’y a personne, et la présence rassurante de fleurs est agréable. J’ai toujours beaucoup aimé les fleurs… On m’en offrait beaucoup autrefois, le samedi. Je me souviens de Marla qui se penchait sur moi et m’embrassait le front en souriant avant de glisser une rose dans ma main, disant que cela me protégerait peut-être. Me protéger de quoi ? De la mort, de l’incendie qui avait décimé ma vie et m’avait conduit dans cet orphelinat ? Elle aurait du les garder pour elle, ces fleurs… Je pousse un soupir en repensant à cela. Je jette un coup d’œil circulaire à la serre, plongée dans la pénombre à cause du ciel gris et sombre. Je distingue la profusion de végétation grâce à sa couleur éclatante, et, inspirant un grand coup, je me laisse envahir par le parfum enivrant des fleurs, qui me rappelle mon ancienne maison, toujours pleine d’encens et de senteurs exotiques. Un éclair illumine la pièce, et je tressaille. J’aperçois une silhouette face à moi, à quelques mètres, que je n’avais pas vu. Illuminée par l’éclair, cette apparition me surprend et je bats un moment des cils, reprenant mes esprits. J’esquisse alors un sourire exquis en m’approchant de quelques pas, et incline légèrement la tête. Mon œil droit est imperceptiblement agité par des tressautements nerveux et j’envisage un instant de passer ma main dessus, mais je réprime le geste que m’inspire cette manie.
— Bonjour… Sharp, c’est ça ?
Je ne le connais pas bien, n’ayant jamais eu l’occasion de faire plus ample connaissance avec lui, mais je sais que c’est un Alter, arrivé il y a deux ans, tout comme moi. Je me demande soudain pourquoi je ne lui ai jamais parlé, avant. Lui fraye avec tout le monde, je le vois souvent entouré, souriant. Enfin, j’avais sûrement plus à faire, sociabiliser avec les orphelins phares de la Wammy’s House, etc. Pensif, je le contemple un instant, remarquant qu’il est grand, avec un visage fin, des cheveux bouclés à la couleur claire. A la lueur d’un autre éclair, je note qu’il a de très beaux yeux à la couleur inattendue, oscillant entre vert et gris. Ce détail me déstabilise un peu, et je manque de baisser la tête. Agacé, je tapote le manche de mon parapluie de mes doigts fins cerclés de lourdes bagues. Je ne me sens pas vraiment en confiance face à lui. Je n’ai jamais pensé à récolter des informations sur ce Sharp, aussi va-t-il falloir y aller sans protection. Je sais simplement qu’il est toujours charmant et gentil, ce qui à mes yeux est plutôt ennuyeux. Je n’aime pas cette perfection étrange qu’on essaie d’imposer, comme si tous devaient être de petits clones, de braves soldats de plomb. Et j’espère bien changer ça… D’autant plus qu’à la fin de mes études à la Wammy’s House, je posséderais un bagage conséquent ne matière de connaissances et de relations.
— Qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne veux pas t’abriter de l’orage ?
J’adresse un sourire à l’adolescent, adoptant une attitude plus agréable, me faisant sympathique, attrayant. Je m’approche d’un pas, nonchalant, tripote légèrement le col de ma chemise blanche 100% coton faite sur mesure. J’inspire tranquillement, histoire de me détendre.
— La plupart des orphelins en ont peur, pas toi ?
Je le regarde franchement, yeux dans les yeux, bien que je ne vois rien avec mon œil droit. J’esquisse même un petit sourire effronté, le visage levé vers celui de ce grand adolescent, presque adulte. Voilà. Là je me sens bien.
Sujet: Re: It's raining cats & dogs [Tempest] Dim 27 Oct - 22:21
« Bonjour… Sharp, c’est ça ? »
Le dit Sharp se retourne vers la vois qui lui a parlé. A quelques mètres derrière lui se tientun jeune garçon. Comme à son habitude, Sharp le détail assez grossièrement tout d’abord. Sa silhouette, ses cheveux, ses habits.
« Enchanté, c’est bien moi. »
Le visage de Sharp arborait un sourire accueillant. Son ton était posé. Il n’eut aucun mal à reconnaître le jeune homme qui se tenait devant lui. Bien qu’il n’arborait ses habituels habits extravagants, Tempest était reconnaissable. Sa silhouette frêle était aujourd’hui élégamment vêtue d’une chemise blanche. Il tenait dans sa main un long parapluie encore mouillé. Il venait donc juste d’arriver dans la serre et était passé par l’extérieur, contrairement à Sharp. Un éclair éclaira prestement toute la serre. Grâce a cette luminosité, il vit plus clairement son interlocuteur. Il avait les yeux bleus, assorti à ses cheveux. Couleur étrange...
« Et toi tu es Tempest. »
Sharp fixait son autorité, son assurance en posant dès les premières phrases, une affirmation sur l’identité du jeune garçon. Sharp ne connaissait pas à proprement parlé Tempest. Mais il savait qui il était. Tempest, 15 ans, arrivé il y a 2 ans tout comme Sharp, de Hollande. C’est très facile de savoir d’où viennent les orphelins. Il suffit d’écouter leur accent. Celui de Tempest avait été plutôt germanique. Les deux garçons s’observaient mutuellement. Sans aucune tension. Non, ils s’observaient juste. L’observation, c’est la base de la rencontre. C’est un acte primitif, qui permet de cadrer la situation ou la personne à laquelle on est confronté. Le tonnerre répondait au précédant éclair. Il éclata en un bruit sourd et bas. Sharp n'avait pas pu s'empêcher de compter entre l'éclair et le tonnerre. 6 secondes. L'orage était donc à 6 kilomètres de la Wammy's House. Sharp sentait le regard de Tempest sur son visage. Il en profitait pour faire de même. Son visage était détendu, mais ses yeux, perçant, scrutait les changements dans les traits de Tempest, ses gestes, même infimes.
Ca y est, Sharp était maître. Il sentait de la gêne chez Tempest. Il entendit le cliquetis régulier des doigts fins de Tempest sur son parapluie. Ça signifie que Tempest était anxieux en face de Sharp. Normal, il ressentait l’assurance de Sharp. Pour le jeune homme, Tempest était anxieux de nature. Il se cachait derrière des tas de froufrous, de couleurs, de volants, tous les jours. Il empruntait des expressions nobles, assortis à ses tenus pour s’exprimait. Il se créait un personnage, comme tous les orphelins de la Wammy’s House, forcés à oublier leur passé, pour se tourner vers leur avenir, changer leur identité en utilisant leur pseudonyme.
« Qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne veux pas t’abriter de l’orage ? »
Le ton de Tempest était calme, bienveillant. Son visage s’était détendu. Il invitait Sharp à se mettre près de lui, à se protéger avec lui. Il se montrait amical avec la personne inconnue qu’était Sharp. Ceci n’étonna pas vraiment Sharp. En effet, il voyait souvent Tempest -lorsqu’il le voyait- entouré de plusieurs personnes. Dans ses souvenirs, il se souvient de lui en train de parler, de rigoler, le visage détendu parfois boudeur aussi. Il aime parler de lui. Il parle de lui.
« Aha, oui, bonne idée »
Sharp s’avança alors pour rentrer dans la serre et se mettre à l’abri sous les vitres. Il porte sa main gauche à ses cheveux. Ceux-ci, encore plus bouclés à cause de la pluie, étaient humides. Le haut du son trench coat avait pris une teinte plus sombre à cause de l’eau. Mais au moins, il avait bien protégé Sharp. C’était un manteau de bonne qualité comme les aimait Sharp. Il l’avait payé assez cher, à cause de la marque prestigieuse, mais au moins, il est bien taillé et classe. Sa coupe ceinturée à la taille et sa couleur noire accentuait la silhouette élancée et gracile de Sharp.
« J’aurai dû faire comme toi, et prendre un parapluie. La semaine dernière il faisait encore beau, si bien que j’ai oublié que l’on était en Angleterre… »
Il eut un sourire amusé. Oui, parler de la pluie et du beau temps était certes banale, mais utile. Plus encore, Sharp avait rajouté une petite blague sur le temps pluvieux du pays. L’humour faisait toujours mouche. Malgré le sourire de Tempest, éclairant son visage d’enfant, Sharp ressentait toujours une certaine nervosité dans l’attitude du garçon. Il bougeait ses pieds, sa main caressait le col de sa chemise. Il se rattachait à quelque chose qu’il possédait, qu’il savait à lui. Comme un enfant caressant sa peluche pour se rassurer. Et puis, il fit le geste qui voulait tout dire. Inspirer pour expirer dans le but de se détendre. Ça signifiait de Tempest était vraiment tendu, mais qu'il essayait d'y remédier. Un moment de découvert pour reprendre de la force. Reculer pour mieux sauter. Il releva la tête et planta ses yeux bleus dans le regard gris de Sharp.
« La plupart des orphelins en ont peur, pas toi ? »
L'orage, l'orage revenait au grand galop. Il passait par les nuages, la pluie, la terre, les esprits, les paroles, les gestes. On entendait toujours un grondement. Un coup de tonnerre se préparait. Non Sharp n'en avait pas peur. Il n'avait pas peur. Lui il l'affrontait, sous cette verrière ridicule. Tempest aussi. Tempest, tempête. Plutôt comique. Sharp se tenait droit, toujours, en toute circonstance. Il faisait toujours attention à son attitude générale. Comme il décrypter celle des autres, et qu'il connaissait quelques gestes signifiait tel émotion, il savait comment se tenir pour paraître, accueillant, charismatique et assuré.
« L'orage n'est qu'une réaction physique. Impressionnante, certes, parfois meurtrière. Mais je ne crois pas qu'il ait lieu de le craindre. »
Non, Sharp ne parlait pas tout le temps comme ceci, aussi élégamment. Bien parler, choisir ses tournures de phrase, être poli. C'était ce qu'il avait pris lors de son ancienne vie. Avoir l'air supérieur, plus intéressant, plus intelligent. Avant, ça n'était pas difficile, il était le plus intelligent. Maintenant il fallait savoir se démarquer. A présent, bien qu'il gardait un langage plus distingué que la moyenne, il parlait de façon plus détendue. Mais il savait que ce langage parlerait plus à Tempest. Ça allait avec ses habits, ses attitudes. En rencontrant de nouvelles têtes, Sharp adaptait son attitude pour plaire à ses interlocuteurs. Mais s'il sentait de la gêne ou quoique se soit de négatif, il changeait son langage. Mais chez Tempest, il sentait à présent de l'assurance. Il regardait Sharp dans droits dans les yeux. Ceci plut à Sharp. Tempest n'était ni timide, ni hypocrite, ni idiot. Il était franc, savait ce qu'il voulait. Il voulait qu'on le remarque. Les habits à froufrous et les cheveux bleus servaient à ça.
« Au contraire, j'aime assez les orages. Ça nous rend comme vivant, de subir ces tempêtes. »
Exacte, c'étaient l'impression que donnait les orages à Sharp. Tout ce bruit, ces sensations, ses lumières changeantes. Ça faisait du bien, ça éveillaient les sens des hommes, les réactions primitives. On en devient plus vivant. Et ça, c'est ce que recherchait Sharp. Être vivant, ne pas se laisser abattre. Vivre, voir, vaincre. Sa tête, alors levée vers les vitres du plafond, pour affronter du regard les nuages noirs, redescendis. Il rapporta son attention sur Tempest.
« Et toi, qu'est ce qui t'amènes dans la serre par un temps pareil ? Tu ne dois pas non plus avoir peur de l'orage, étant donné que tu es passé par l'extérieur. »
Nouvelle affirmation sur les actes de Tempest, précédée par une question s'informant des goûts du jeune homme. Assurance et intérêt pour la personne en face. Lorsqu'il parlait, les mains de Sharp bougeait. Elles illustraient les paroles du russe. Leurs gestes évoluaient en fonction des émotions de Sharp. Plus il était énervé ou impliqué dans se qu'il faisait, plus ses mains bougeaient. Mais en ce moment, il était calme, dans son élément, alors ses mains bougeait lentement. Elles caressaient l'air. Elles caressaient l'atmosphère électrique qu'avait créé l'orage.
Sujet: Re: It's raining cats & dogs [Tempest] Jeu 13 Mar - 12:22
la tempête acte I
— Qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne veux pas t’abriter de l’orage ?
— Aha, oui, bonne idée. J’aurai dû faire comme toi, et prendre un parapluie. La semaine dernière il faisait encore beau, si bien que j’ai oublié que l’on était en Angleterre…
Il s’avance. Cheveux châtains bouclés, démarche élégante, posture fière et droite, presque rigide. Il a un sourire. Il parle de façon calme, nette, claire. Ennuyeux. Ennuyeux ennuyeux ennuyeux. Il est sûr de lui, affable. Calculé et ennuyeux. Hypocrite décidément. Il m’énerve déjà, tant de perfection m’exaspère, cela pue la gentillesse et l’élégance, c’est si fade que j’ai presque envie de lui balancer une pique acérée. Je manque de lever les yeux au ciel, parce qu’il est si bien sur lui. Il ne doit pas se rendre compte de sa stupidité, à me jauger de ses beaux yeux verts. Il a un joli sourire, il est détendu, très détendu, pourtant il soutient mon regard, et sa décontraction ne peut signifier qu’une chose, parce que c’est le genre d’attitude qu’on a que lorsque cette certitude vient : il se sent supérieur. Un sentiment ténu de rage s’infiltre en moi, trouble mon esprit auparavant aussi lisse qu’une surface liquide quand aucun élément ne vient en faire une mer démontée.
— La plupart des orphelins en ont peur, pas toi ?
— L'orage n'est qu'une réaction physique. Impressionnante, certes, parfois meurtrière. Mais je ne crois pas qu'il ait lieu de le craindre. Au contraire, j'aime assez les orages. Ça nous rend comme vivant, de subir ces tempêtes.
Sharp lève la tête, regarde les amas menaçants de nuage, le ciel explosé, déchiré par les éclairs. Subir ces tempêtes ; ces tempêtes. Il ne peut pas remarquer mon sourire, un léger sourire amer, parce que son attitude m’insupporte autant qu’elle me flatte. J'aime son élégance, j'aime la flatterie mesurée, ce calcul que je vois en ombres chinoises derrière ce visage androgyne et doux. Et ça m'insupporte, oui. Hypocrisie, tromperie, mensonge. Oh Sharp,Sharp. Tu pourrais faire mieux non, non ? Elle m'a l'air un peu faible, ton interprétation du rôle.
— Et toi, qu'est ce qui t'amènes dans la serre par un temps pareil ? Tu ne dois pas non plus avoir peur de l'orage, étant donné que tu es passé par l'extérieur.
J'esquisse un sourire carnassier. Pour moi du moins il est carnassier, mais de l'extérieur il doit juste être mignon. Après tout je n'ai rien d'un prédateur, avec ma silhouette longiligne et faiblarde, et mon visage trop féminin, ma voix d'adolescent qui n'a jamais mué. C'est parfois fatiguant, mais je fais avec, après tout je suis obligé. Et c'est comme ça qu'on me voulait, avant. Ni garçon ni fille, objet d'attentions, bibelot précieux. Quelquefois je me demande si j'aurais eu le même physique si j'avais grandi ailleurs. Peut-être aurais-je été totalement différent, physionomie influencée par le milieu où j'ai grandi. Je commence à déambuler, lentement, effleure les fleurs du regard comme mon interlocuteur caresse l'air de ses longs doigts, mouvements gracieux, une danse, mesurée, élégante. Mouvements calculés au millimètre près sûrement. Je m'enivre du parfum combiné des centaines de fleurs différentes qui embaume la grande serre où nous nous trouvons avant de répondre. Lui semble calme, aussi détendu que possible. Un poisson dans l'eau, comme toujours. De loin il apparait toujours ainsi. Mesuré, décontracté, un brin marionnettiste. Alors pourquoi lorsque je l'aperçois parfois, papotant avec on-ne-sait qui, souriant et charmeur, il me fait l'effet d'un figurant inutile ? Peut-être un assistant, toujours présent, objet utile. C'est simplement comme ça que je le vois, ou voyais, qui sait ? Il me parait simple figurant oui, figurant de sa propre vie à force d'être agréable, à force d'être parfait, car qui désire être parfait, ou du moins posséder l'enveloppe de la perfection ? C'est d'une cruauté envers soi-même, d'une malhonnêteté aussi. Je suis mal placé pour parler mais qui s'en soucie ? Inspiration, je me laisse emplir par les senteurs florales.
— C'est la tempête qui m'amène.
Je dis ça avec décontraction, presque un haussement d'épaule, un sourire amusé aussi. Je continue à marcher, Sharp au coin de l'oeil, j'essaie de ne pas accorder trop d'importance à sa présence, même si quand je ferme les yeux j'ai sa silhouette imprimée sur la rétine. Je panique un peu, je dis n'importe quoi je pense. Battements affolés. J'ai envie de lui foutre des coups, de l'insulter, jusqu'à ce qu'il me demande des excuses, pour sa gueule d'ange et son attitude parfaite. Quel ennui. Je devrais me contenir, arrêter les caprices. Essayer au moins. Allez Sharp, une dernière chance pour toi qui sait, peut-être que je vais réussir à te faire perdre ton calme. C'est comme ça que tu serais amusant. Je me prépare pour les répliques cinglantes et choisies, pour le faire sortir de ses gonds. Inspiration, parfum doucereux des fleurs, qui me rappelle l'endroit où j'ai grandi.
— Oh au fait--
Une quinte de toux. Une toux subite, pas inattendue mais presque.
•••
Les yeux de l'adolescent s'ouvrent en grand, s'écarquillent sous l'effet de la stupéfaction, du dégoût. Une autre quinte de toux le prend, plus violente. Il se rattache à un meuble, perd son équilibre. Et tousse, tousse. Le parfum entêtant des fleurs, l'humidité, la pluie, et quelle idée d'aller en chemise dehors pour atterrir dans la serre, froide et pleine de l'eau dont se gavent les plantes ? A quoi s'attendait-il, l'orphelin qui s'écroule sur le sol sous les yeux de son interlocuteur alter, pris d'une violente toux ? Il n'a même pas sa ventoline. Quelle pitié.
Sujet: Re: It's raining cats & dogs [Tempest] Dim 23 Mar - 13:10
La vie n'est une inspiration et une expiration. Lorsque l'un s'arrête, tout s'arrête
Sharp & Tempest
Tempest est intelligent. Ça se sent, et ça se sait. Il est à la Wammy's House, rien de plus normal. Tout le monde y est doté d'un esprit affûté, dans cet endroit on l'on noujs demande de faire toujours plus, d'être toujours mieux.
Mais Tempest est sournois aussi. Il se cache sous ses minauderies, ses habits d'un autres siècles et ses discours savants. Il se cache pour mieux vous observer. Un peu comme Sharp d'ailleurs. Bien que Sharp soit plus méthodique et ait plus d'expérience en la matière. Plus qu'observer, Sharp dissèque. Et il sent.
Il sent qu'il est observer par son interlocuteur, petit être fluet aussi bien par le physique que par la voix. Mais le russe ne laisse rien paraître, il fait semblant de ne pas se savoir épié, et écoute, regarde avec un certain amusement le manège de Tempest.
Un sourire, un regard, quelques pas. Voilà tout ce que lui offres Tempest. Mais cela suffit clairement à Sharp. Le sourire pour la satisfaction, les regards pour l'assurance, et les pas pour garder une certaine distance entre Sharp et lui. Tempest effleures les plantes du bouts des doigts. Il parade, se pavane, comme un paon le ferait devant un autre mâle. Mais oui Tempest, tu es beau, mais oui Tempest, tu es irrésistible.
— C'est la tempête qui m'amène.
Des phrases courtes, une voix calme et posée. Et quelle voix. Si l'on fermait les yeux, on pourrait s'attendre à voir un gamin devant nous. Mais non, en fait, c'est une gamine. A vrai dire, Tempest, tu peux le voir comme tu veux. Adulte ou gamin. Fille ou garçon. Attachant ou insignifiant.
Pour Sharp, Tempest est un gamin capricieux et susceptible, un peu paumé, qui aime les gens qui le flatte ne supporte pas ceux qui lui font de l'ombre. C'est un gamin qui cherche à être sophistiqué, en se cachant derrière des parures et des attitudes. Sauf que Sharp est élégant, et cela, naturellement. Et ça, Tempest ne l'accepte pas.
Et ça, encore une fois, Sharp le sait. Il la lu dans son attitude avant même de la connaître. Sharp vous connaît sans que vous ne lui ayez jamais parlé. C'est pour ça qu'il savait déjà à quoi s'attendre lorsque Tempest est arrivé. Les deux garçons se ressemblent quelque part un peu trop pour vraiment s’apprécier. Tout deux trop nobles pour qu'on ose être familier avec eux. Pour que Tempest s'entende avec Sharp, il faudrait qu'il mette de côté tout cet égocentrisme qui le ronge de l'intérieur. Quand à Sharp, il faudrait qu'il laisse tomber ce sentiment de supériorité qui revient sans cesse au galop.
— Oh au fait--
Cette fois ci, Sharp ne savait pas. Il n'avait rien vu venir. Sauf peut être le pique qui allait sortir de la bouche de Tempest. Mais cet aiguillon n'est jamais parvenu aux oreilles de Sharp. Tout ce qu'il a entendu, c'est le bruit du corps grêle de Tempest s'effondrer au sol, après avoir vainement chercher à ce retenir.
Sur le coup de la surprise, Sharp n'a pas de suite réagit. Trop d'informations sont arrivées à son cerveau en même temps.
Pas difficile de reconnaître une crise d’asthme lorsqu'elle se déclenche. Sharp accourut auprès du jeune homme maintenant à terre. Il vérifia les signes vitaux, le pouls, la respiration, la parole, le mouvement. Bon, ça n'était « que » une crise d'asthme. Malheureusement pour le travesti, Sharp avait bien des médicaments sur lui, mais pas de ventoline.
« Tempest ! Tempest ! Réponds moi si tu peux. Est ce que tu as des médicaments ? »
Tempest n'était pas inconscient, mais lutter pour maintenir un quota d'air suffisant dans ses poumons malgré ses bronches obstruées. On entendait clairement un sifflement s'en évader. Dehors, l'orage était toujours là et le vent renforçait la pluie. Oui, le vent forcissait dehors, mais l'air ne passait plus dedans. Quelle ironie.
« Allez chercher du secours ! » cria t-il aux jardiners qui regardaient la scène d'un air paniqué
Sharp prit la situation en main, et attrapa le jeune garçon sous les aisselles. Il ne pesait rien. Il adossa son corps frêle sur le pied d'une jardinière. L'air passerait plus facilement qui son appareil était droit plutôt que si Tempest était allongé et replié sur lui même. Le teint de Tempest était de plus en plus pâle. Sans médicament adéquat, une crise d'asthme pouvait être très pénible et très longue. Parfois même mortelle.
Mais Sharp préférait ne pas penser à la mort pour l'instant. Pas encore.
Sharp enleva son imperméable pour le placer en couverture, sur le corps de Tempest. Ce dernier, en chemise à flanelles devait certainement avoir froid dans cet atmosphère humide. L'orage ne cesser pas et la pluie redoublait. Puis, le russe s'accroupit à la hauteur de Tempest. Il porta sa main jusqu'aux cheveux du garçon et le caressa doucement, comme un grand frère l'aurait fait pour apaiser son cadet. Les crises d'asthme passe plus rapidement lorsque le malade se sent en sécurité et se détend.
« T'inquiète pas Tempest, ça va aller. Tout va bien se passer, on va te sortir de là. Détend toi, ça va passer. »
Protecteur, fraternel. Voilà comment était Sharp en se moment. Il faisait son possible pour que Tempest se sente le mieux possible sans en faire pour autant trop. Il savait combien s'était ensuite difficile de regarder en face la personne qui avait découvert ses faiblesses.
Tempest était un gamin immature et capricieux. Et Sharp se devait de rassurer ce gamin pour le moment plus effrayé qu'autre chose.