Sujet: Une Enquête en Rouge - Harmless Ven 28 Déc - 23:14
« Combien pauvres sont ceux qui n'ont point de patience. »
Harmless & Lawyer
Les psychanalystes et leur méthodes hasardeuses avaient eu beau se crever le cerveau pour comprendre le sien : Thomas avait cette obscurité qui cachait les forets, noyait les poissons et brûlait les flammes. C'était devenue une habitude, cette posture, cette « hauteur » d'esprit que lui inspirait les autres. Il fallait se rendre à l'évidence, il n'y avait pas qu'un monde entre les neurones du brun et leur abrutisme qu'ils semblaient vouloir rendre proche du climax.
Pour un adolescent de sa trempe- à savoir fait de chimère de chien et de mère à la figure brûlée par les électrochocs – qu'est-ce qu'on espérait encore ? Une redomption pour sa maladie ? Qu'on lui greffa une nouvelle cervelle, parce que celle là était trop noire pour un si petit corps blanc ? Personne ne comprendrait pourquoi Thomas voulait se manger les doigts en souriant. Et derrière ses rétines étirées félinement dans la nuit, il en était mieux ainsi. Parce qu'un cerveau malade était toujours plus proche de l'absolue vérité qu'un cerveau sain. « Une âme saine dans un corps sain » Foutaise. Qu'on crama derrière ses orbites les corps, qu'on étira les membres devant son sourire d'enfant sage : l'enfer n'était pas sous terre mais bien dans son cerveau.
« Ils sont coupable. Je suis le seul à les juger. » Et ça sentait les remerciements dans ses pensées, ceux qu'il lançait dans les couloirs quand enfin une justice retentissait. Et ce n'était pas grave si ses mains étaient tachées d'ancre rouge : la nostalgie resurgissait toujours en fin de compte. L'Homme et la Femme avaient toujours une place dans un moment dans la journée. Et souvent on pouvait voir naître ce sourire que peu ne pouvait décrire. Joie, tristesse, envie ? Et qu'on le laissa dans son coin.
Un enfant comme lui n'avait besoin que de lui-même.
Et un enfant aussi effacé que lui ne pouvait être alarmé quand un autre de son espèce infestait la place de sa présence. Comment - me demanderez vous- avait -il connu l'autre garçon de l'histoire ? Chacun gardait ses secrets. Rappelons juste que cette histoire signait un début à une longue épopée qui durerait des années et resterait dans les esprits longtemps.
Dans les temps reculés et les endroits sombres des couloirs de chambre, Laywer avançait sans bruit. Les mains gentiment rangées dans ses poches, son regard se nichait sur les numéros, bougeant les lèvres nerveusement. Sa main gauche sortait de temps à autres, nichait ses doigts sur les chiffres, les caressant et avec un sourire elle disparaissait dans sa poche. Longtemps il avait tenu une liste avec le nom de tous les orphelins, notant leurs habitudes, comme un espion prêt à tout pour voir le moindre mauvais pas. Ainsi Thomas était-il arrivé devant la porte dorée et sans une once d’hésitation était rentré.
Croire qu'il pouvait faire preuve d'hésitation était une des premières erreurs qu'on pouvait faire à son sujet. Les limites de coutumes que beaucoup mettaient en œuvre et peaufinaient n'étaient pas les mêmes pour lui, si bien que beaucoup ne comprenait ce qui se passait dans sa tête quand il quittait un cours. Personne n'était dans sa tête, et ceux qui s'aventurerait à imaginer là un lieu d'enfant émo feraient mieux de réfléchir à deux fois avant d'avoir affaires à sa personne. Nous parlons d'un enfant qui a oublié comment on vivait.
Ainsi était-il renté dans la chambre, avait tiré une chaise du bureau voisin et s'était mis en face de son interlocuteur sans une seule fois le regarder. Il nota le goût étrange de cette pièce, les livres éparpillés partout, loin de l’atmosphère rangée de la sienne et ancra finalement son regard dans le garçon qui lui faisait face.
Invité
Sujet: Re: Une Enquête en Rouge - Harmless Sam 29 Déc - 15:19
"La culture ne s'hérite pas, elle se conquiert."
Toujours, toujours là, toujours à te suivre, à t'étreindre de ses bras tentateurs, t'attirer dans ses filets, te bercer de ses belles paroles, si rassurantes, si douces. C'est au delà de tes forces, tu ne peux résister, c'est tout ce que tu as, tu es seul et lui, il est là. C'est pour ça que tu passes tes journées, tes nuits avec lui, tu en as besoin et tu ne peux t'en passer. C'est comme une addiction, bénigne, agréable. Alors tu ne cherches pas à t'en éloigner, au contraire, tu l'embrasses de toute ton âme, tu le fais tien, c'est ton identité, ta vie.
Encore une journée où le soleil tape malgré l'hiver, quelques orphelins bravent le vent, mais pas lui. Quelle que soit la météo, il reste entre les murs du bâtiment. Constamment à fuir la foule, à rechercher ardemment le calme, on l'insulte parfois, lui qui semble venir d'une autre époque, les rumeurs courent, il serait un vampire mais il est bien au delà de tout ça, loin. Le nez dans un roman, dans une encyclopédie, un dictionnaire, une nouvelle, à mille lieux de tous les autres, prisonnier consentant du savoir, esclave de sa soif de connaître, se complaisant à cette solitude, à ce calme. C'est comme un tête à tête avec soi même, échanger avec son inconscient, se plonger dans les tréfonds subtils de son esprit. Ce besoin compulsif d'en savoir toujours plus, de vouer sa vie à connaître, à penser le monde et à le comprendre, comme pour maîtriser ce qu'il n'a pu maîtriser par le passé, contrôler ce qui lui a échappé. Tant et si bien qu'il n'existe que par ça, la bibliothèque est la demeure de son esprit là où sa chambre est celle de son corps. Ses trajets se résument à relier ses deux demeures, saluant poliment ceux qui l'apprécient à sa juste valeur. Une fois de plus, Harmless se rend au temple du savor, épicentre de la connaissance, ses vêtements se sont imprégnés de l'odeur du vieux recueil, cette senteur du passé qu'il inspire à plein poumon lorsqu'il passe la porte de la grande salle tristement fort vide. Il erre lentement, comme un fantôme, laissant ses doigts effleurer la reliure des ouvrages sur l'étagère. Il sait ce qu'il veut, il sait où trouver ce qu'il convoite mais le plaisir trop intense de se trouver ici, entouré de générations de penseurs, de grands écrivains, d'êtres à l'imagination exceptionnelle ou encore d'illustres scientifiques, l'émotion le gagne, une douce sensation noue légèrement sa gorge à l'idée que jamais il ne pourra lire l'intégralité des oeuvres prenant la poussière sur ces étagères depuis trop longtemps, un jour, ce savoir se perdra et plus personne ne chérira ces ancêtres devenus obsolètes. C'est les bras remplis jusqu'au menton d'imposants livres empilés que le jeune homme s'en retourne à sa chambre afin de s'adonner à sa seule et unique activité, les études. Tout le trajet se fait dans l'enivrement exquis de l'odeur du vieux papier qui n'a vu le jour depuis trop longtemps, un peu comme lui.
Une fois le nez dedans, l'addiction reprends le dessus, le plonge dans cette sorte d'autisme, cette bulle où les mots gravés sur le papiers ont plus d'importance que tout le reste, l'extérieur est futile et c'est une longue communion, comme une transe, un accès à un monde spirituel et plus rien n'existe. Pas même ce jeune homme qui vient d'entrer dans la chambre et qui s'est planté face à lui. Ce n'est qu'au bout d'un certain temps, qu'il serait incapable d'estimer, qu'il remarque en sursaut l'intrus qui le fixe ainsi. Tentant de se reprendre, il ferme lentement son livre, déconcerté par une telle audace pour ensuite faire face à ce garçon qu'il ne croit pas avoir déjà vu auparavant. Il est est même sur, il est face à un parfait inconnu. Que veut-il? Pourquoi venir ainsi, sans même frapper à la porte? Intimidé, il s'aventure à questionner cette inquiétante personne.
"B-Bonjour. Je peux t'aider?"
Invité
Sujet: Re: Une Enquête en Rouge - Harmless Mar 1 Jan - 15:20
« Il vaut encore mieux se servir d’une arme brisée que de rester les mains nues. »
Harmless & Lawyer
Érosion de son esprit, les mains sont parties joindre la pliure des livres qui siègent en trône de feuille en face de lui. S'il veut briser le silence ? Non, il veut le laisser s'étendre, faire naître le mystère de cette rencontre, comme les raisons obscures qui l'ont permise. Il reste à le fixer, à prendre un livre entre ses doigts et à l'observer. S'il faut parler aux gens pour comprendre leur fonctionnement, à Lawyer, il ne lui faut qu'un livre.
Astronomie → Élève concentré – Livre non abîmé → Délicatesse – Livre rangé → Soigné ; télescope dans la chambre → fascination → Influe sur la perception ; Bon élève renfermé ; porte non fermé → manque évident de relation avec le monde ; peut être envie échappatoire ? Fenêtre fermée + volet mi-clos → perte de la notion du temps ?
Il lève la tête, plie ses genoux sur la chaise, reposant ses mains dessus. Lentement ses yeux se plissent. Son visage ne décrit rien d'autre qu'une surprise, ce qui doit être normal. Thomas soupire presque de l'être brouillon devant lui. Est-ce vraiment le garçon qui devrait lui ressembler ? Pendant deux instants, il pense aux sources qui lui ont dit de le consulter, les jugeant peut être fausses et puis sa voix arrive à ses oreilles.
"B-Bonjour. Je peux t'aider?"
Et un sourire s'ancre sur ses paumettes saillantes. Ses doigts dessinent lentement un cercle dans ses poches, ayant reposés le livre d'astronomie non loin de lui. En l'espace de deux instants, le sujet s'ancre dans la liste des sujets les plus intéressant de l'orphelinat. Et sans s'en rendre compte, le brun bouclé vient d'installer la première pièce de l’édifice caché. Timidité, mal à l'aise en public, manque évident de confiance en soi. C'est parfait, c'est parfait tout ça. Rien n'est mieux pour Lawyer, une proie facile mais néanmoins doté d'un quotient égale au sien. Doucement son intérêt se réveille et de sa voix d'enfant britannique, il soupire.
« Je recherche un intérêt. Si je te dis « Scotland Yard » tu me dis ?
Nom de code. Thomas est un enfant tellement joueur dans le fond. C'était ce qu'on redoutait chez lui. Cette fascination pour le sadisme poussé qu'il voulait et imposait à ses sujets. Bien sûr qu'il n'aime pas perdre, c'est sa fierté d'enfant – loi. Et pour un gamin aussi malade dans sa tête, c'est une insulte pour son être d'être perdant dans un jeu qu'il aurait imposé.
C'était une raison pour laquelle peut de gens se souciait de Thomas. Non qu'ils en avait peur, il n'en avait pas le physique et ressemblait plus à une créature prête à mettre fin à sa vie à chaque instant qu'un dangereux prédateur. Et beaucoup s'étaient fait prendre, un jour où ils ne s'en doutaient pas. Ainsi était le jeu de Lawyer, l'avocat. Mais s'il fallait réellement donner une raison pour laquelle Harmless le regardait sans pouvoir savoir s'il l'avait vu un jour où non dans l'orphelinat, cela serait parce que Thomas n'était pas Thomas. Thomas est Jimmy, James, Andrew. Il a autant de visage que de personnalité. Loin de la l'idée qu'il soit bipolaire. Il était tellement incaptable qu'il disparaissait des cerveaux très rapidement. Et n'ayant pas d'attache avec quelqu'un, il restait une ombre sur un mur. Un nom qu'on oubliait par faute d'orthographe ou par l'inutilité flagrante de le retenir dans son cerveau.
Thomas était la bête morte, tapie dans l'ombre pour attendre de frapper.
Il s'était relevé, droit, les mains le long de son corps. Inspecter la pièce, histoire de voir à qui il aurait affaire. Et pourquoi pas deviner s'il n'y avait pas quelque chose de louche derrière les livres d'astronomie et cette intelligence qu'il cachait dans les bouquins remplis de mots compliqués.