j'ai jeté l'ancre, puis je l'ai ramassée à terre • LIBRE.
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Sujet: j'ai jeté l'ancre, puis je l'ai ramassée à terre • LIBRE. Mar 25 Déc - 20:40
XVIII. LE SOLEIL
Avant, arrière, avant, arrière. Que fait une adolescente de quinze ans sur une balançoire ? Elle réfléchit, elle imagine, elle se souvient. Petite, elle adorait se balancer dessus en essayant d'aller plus haut, son père la poussait et elle criait en riant "plus haut papa, plus haut !". En y repensant, elle ne pouvait s'empêcher de sourire, elle se souvient de ce sentiment et même là elle poussait sur ses jambes pour aller plus haut, elle voulait se rapprocher du soleil à cette époque. Maintenant qu'elle avait choisit le nom d'Icare, ce souvenir la fit rire; elle se félicita même de l'avoir choisit, même si pour elle cela impliquait que Dédale, son père, devait être très déçu de son attitude.
Elle ralentie dans son élan, mais continua de se balancer en baissant la tête. Elle rentre un peu les mains dans son pull, bien trop grand pour sa petite carrure. Ses doigts sont rougis par le froid et elle rentre sa tête entre ses épaules afin que son écharpe en laine recouvre son nez. Puis finalement, elle frotte ses talons au sol et s'arrête, une fois arrêtée elle se lève et monte — debout — sur la balançoire avant de recommencer de jouer les aiguilles en regardant le ciel.
La blonde se sent d'humeur métronome, elle imagine un ballet dans sa tête où les temps serait calés sur son balancement. Elle ferme les yeux et alors que le peu de soleil réchauffe son visage transis par le froid, elle imagine des tenues extravagantes ajoutant de la couleur à la danse. Il ne manque qu'une musique, mais Icare n'est pas musicienne... Elle imagine donc un orchestre qui joue pour le public; parce qu'il faut un public ! Il faut qu'ils ressentent l'émotion des danseurs ! Il faut un partage ! Ce public n'a pas de visage cependant, Icare n'est pas artiste. Mais elle en imagine un portant un béret noir et allant peindre un visage sur chacun des spectateurs. Et c'est mieux ainsi, Icare sourit. Elle est heureuse de son œuvre; même si elle ne l'avouera pas. Son monde est secret; si quelqu'un s'en approche il disparait; comme s'il n'avait jamais existé.
En parlant de ça; les formes se troubles, le publics crient et les danseurs fuient. L'orchestre continue de jouer, mais c'est une cacophonie instable, les personnages ont peur ? Regardez ! Le peintre a sauté par la fenêtre du théâtre ! Icare cligne plusieurs fois des yeux; et elle réalise. Il y a quelqu'un sur la balançoire d'à côté et le bruit du balancement à troublé son métronome. L'ouïe lui revient alors, elle n'entend plus que les deux balancements, la cacophonie a cessé; il lui semble aussi qu'on lui ait adressé la parole; que faire ? L'ignorer serait impolie, cependant si elle se trompe elle aura l'air stupide.
Sujet: Re: j'ai jeté l'ancre, puis je l'ai ramassée à terre • LIBRE. Lun 7 Jan - 20:29
it means that the things that make us human often make us ill
Quand j'ai ouvert les yeux, je suis restée un temps abrutie face au plafond trop blanc. Comme toujours, j'étais la dernière levée pendant les vacances. J'en tirais d'ailleurs une certaine honte. Snow était sûrement installée à la bibliothèque, Ginger à la salle de sport et Dreamy... Putain j'en savais rien, ça m'a fait grogné et me retourner dans mon lit. Je suis restée la tête sous la couette jusqu'à ce que l'air me manque, puis, lasse, j'ai enfilé mes chaussons, sans pourtant me lever tout de suite. Notre chambre ne m'avait jamais vraiment plu, même si la même sensibilité de caractère entre ses habitantes faisait que rien ne paraissait dénoter plus qu'autre chose dans le décor. Avant mon arrivée à la House, jamais je n'avais eu à partager ma chambre, rare privilège que m'accordait mon genre au sein de ma famille. Pourtant je la trouvais artificielle, comme si chacune d'entre nous s'était efforcé de laisser sa marque là où d'autres avaient déjà grandis. Les livres de Snow étaient trop voyants, les tutus de Ginger trop mécaniquement placés en évidence. Comme si nous cherchions à exacerber une facette de nous-même. Et moi, dans tout ce dédale de personnalités romancées, qui étais-je ?
Sans trop savoir pourquoi, le souvenir de mon père qui quittait la maison me revint. Même aujourd'hui je peux parfaitement décrire où se trouvait chaque membre de la famille, et ce que lui portait comme vêtement. Je me souviens surtout m'être forcé à rester à la fenêtre de la cuisine jusqu'à ce qu'il disparaisse au bout de la rue, en direction du parc où nous jouions aux échecs. Je n'avais pas trop pleuré à ce moment là, ma mère le faisait pour nous trois en plus d'elle-même, dans sa chambre de nouvelle célibataire. Je n'étais pas en colère non plus, mon frère aîné l'était pour quatre. Mais c'était précisément ce jour de neige épaisse où j'avais tant de mal à émerger que j'ai finalement saisi la sensation étroite qui m'avait saisie au départ de mon père.
J'ai renoncé à l'idée d'une douche, tant il me paraissait faire froid. Je m'habillais lentement, sans trop y faire attention, comme si un mouvement trop brusque risquait encore de me fêler. Je me sentais comme fiévreuse, presque grabataire. La mélancolie revenait et, avec elle, son lot de questions adolescentes et pourtant encore aujourd'hui sans réponses.
Je toussais avec la régularité d'un tube du centre ville. Voilà ce qui n'allait pas, j'étais simplement malade. J'ai haussé les épaules dans la queue pour le petit déjeuner des retardataires et, comme je n'avais envie de voir personne, c'est simplement avec des pancakes et un jus que je suis sortie sur la cour. Ils étaient déjà froids et secs quand j'atteins le parking. Sur place, des gens plus âgés fumaient en silence, j'ai préféré faire demi-tour mine de rien, jusqu'à atterrir près des jeux pour enfants. Finalement ça me m'emmerdait de ne trouver nulle part en extérieur où je puisse être relativement seule, pour une fois. Mais bien évidemment c'était bien la chose impensable dans une orphelinat de cette envergure. Je toussais à nouveau derrière mon écharpe de grosses mailles anthracite avant d'arrêter mon choix sur les balançoires, histoire de m'assoir pour déjeuner. Ma boustifaille dans une main, je dégageais ma bouche de deux doigts, suffisamment pour demander d'une voix éraillée si la place était libre.
La fille, tellement plus jolie que moi que ça me déprimait encore un peu plus, ne répondit pas. Autant dire que ce genre de réaction ne m'étonnait plus. J'eu envie de me frotter le visage, tout me paraissait cotonneux, voire brumeux. Précautionneusement j'appliquais mes deux mains sur mes yeux tout en tentant de ne pas ruiner mes maigres efforts de maquillages. Je sentis mes jambes craquer alors que je les tendais, faisant gémir le métal de la balançoire.
Je sursautais quand elle s'adressa à moi, rattrapant par hasard ma brique de jus de pomme. Je la regardais un instant avec étonnement parce que je n'étais pas sûre que ce soit elle qui venait de parler, malgré le fait que ses grands yeux violets me scrutaient avec interrogation.
— Euh ouais. Je demandais si je pouvais m'assoir...
Comme toujours, je me suis sentie rougir. J'ai fini par détourner les yeux.
— Des pancakes ? me suis entendue lui proposer, lui tendant stupidement les crêpes épaisses entre deux serviettes.
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Sujet: Re: j'ai jeté l'ancre, puis je l'ai ramassée à terre • LIBRE. Jeu 17 Jan - 22:12
XX. LE JUGEMENT
une orpheline sauvage apparait ! Qu'allez-vous faire ?. Une fois encore, métronome n'étant pas infaillible, nous avons dû utiliser "gros yeux". Ou du moins, une version moins intimidante; grands yeux surpris. Icare n'était pas là depuis très longtemps, elle ne connaissait pas tous les noms, ni même tous les visages vu le temps qu'elle passait la tête dans les nuages et le nez dans les livres. La blonde observa attentivement l'autre jeune fille. Elle était brune, peut-être un peu trop pâle pour être en bonne santé, était-elle malade ? C'était possible, il y avait beaucoup d'épidémies. C'était l'hiver après tout.
Et là, Icare ne put s'empêcher de penser. A quoi ? A de la neige; la neige lui rappelait l'histoire de la petite marchande d'allumettes. C'était très triste comme histoire, il ne fallait pas qu'elle s'en rappelle maintenant ! Et en plus; c'était évidemment le moment que son interlocutrice a choisi pour lui proposer des pancakes. Ah; plutôt ironique. Et malgré la situation déchirée dans son esprit un moment plus tôt, maintenant elle en rirait presque. Mais ça ne changeait rien au fait qu'elle n'avait pas faim, donc elle se contenta de faire un petit sourire amusé — heureusement que Pure ne savait pas pour quelle raison obscure elle était amusée — et de répondre, en tentant d'être le plus polie possible pour se faire pardonner de ne pas l'avoir été tout à l'heure et de ne pas avoir remarqué qu'elle était là.
ICARE : Ne t'inquiète pas, tu peux faire ce que tu veux je n'ai aucun pouvoir sur les balançoires !
D'accord, elle a aussi un peu rigolé, mais là elle s'est sentie un peu seule, seule debout et tout en haut. A quoi bon viser le ciel si on est le seul à l'atteindre ? La solitude ne la dérangeait pas en général mais maintenant qu'elle avait de la compagnie, autant rester terre à terre si je puis dire. Donc pour y remédier, la blonde s'accroupit sur la balançoire et en même temps remercia le ciel d'avoir un bon sens de l'équilibre, sinon elle était persuadée qu'elle aurait fini par terre.
ICARE : T'as de la chance, il faut dire que je n'ai pas faim sinon je pense que j'aurai accepté et même englouti tes pancakes !
Un petit rire; à vrai dire notre blonde était légèrement mal à l'aise; elle aimait beaucoup parler mais elle avait aussi remarqué que Pure ne la regardait pas, avait-elle quelque chose sur la figure ? Peut-être qu'elle avait une tête ridicule ? Oh c'était ses yeux ! Certains ne les aimaient pas, trop peu naturel ou ils pensent à des lentilles "de mauvaise qualité". Ça devrait être ça, elle ne devait pas avoir une tête présentable. Elle aurait vraiment dû se regarder dans le miroir avant de sortir de sa chambre.
Sujet: Re: j'ai jeté l'ancre, puis je l'ai ramassée à terre • LIBRE. Dim 10 Fév - 21:19
Encore une fois j'eu l'impression d'un décalage entre l'action et mes pensées, ses mouvements d'enfants et mes battements de cils trop lents. Elle était vraiment jolie. Pas belle comme une femme, pas mignonne comme une enfant, mais jolie dans son adolescence nonchalante, dans ses sourires distants et ses regards trop insistants. J'eu envie, à la fois, d'être son amie et de la fuir. Ses yeux violets me mettaient mal à l'aise, pas par leur couleur, que je ne soupçonnais pas le moins du monde d'être naturelle, mais bien par leur façon de me suivre alors qu'encore elle se balançait à côté de moi.
Je posais les pancakes sur mes genoux, lui adressant finalement un léger sourire tandis que je m'essaie à soutenir ce foutu regard naïf. Qu'avais-je comme étincelle à côté d'elle ? Soigneusement j'entrepris d'introduire la paille dans la brique pour profiter de mon jus de pomme. Son acidité me fit du bien et, comme je n'avais rien de bien intelligent à lui dire, me dispensa de répondre. Retenant simplement le tout entre mes lèvres à demie close, aspirant à intervalles irrégulières une lapée de boisson, je me balançais doucement, en regardant la terre sèche et nue entre mes jambes.
— Je m'appelle Pure. Et toi ?
Je n'ai pas relevé la tête. Je me sentais pas d'humeur.
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Sujet: Re: j'ai jeté l'ancre, puis je l'ai ramassée à terre • LIBRE.
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