Sujet: Enfin au calme... ou presque Mer 25 Juil - 2:20
C'était un midi comme un autre. C'était une journée comme une autre. Au fond, Firenze se demander un peu si la technique qu'elle avait choisi était vraiment la meilleure. Ce qu'elle recherchait par dessus, c'était de pouvoir être au calme. Tranquille. Que personne ne vienne la déranger. Qu'elle puisse laisser ses pensés errer sans but. Sans destination. Qu'elle puisse se perdre des heures, les yeux dans le vagues, sans penser à rien. Et pourtant. Certes, elle faisait en sorte de ne pas se faire remarquer. Ne pas sortir du lot. Rester dans la moyenne. La moyenne des surdoués, bien sûr. Mais la moyenne quand même. Ne pas sortir. Ne pas être trop proche des profs. Ne pas décevoir les élèves. Être gentille. Cordiale. Aider les autres quand ils te le demandent. Est-ce qu'elle n'en faisait pas trop. Elle ne voulait pas rejeter les autres. Pas par bonté. Non. Mais si jamais elle repoussait les demande de quelqu'un, il y en aurait toujours un ou une qui trouverait le moyen de râler, de venir lui demander une contre parti, quelque chose. Pas forcément consciemment. Quand bien même. C'était comme ça que marchait les hommes. Marchant à travers les couloirs, la jeune fille au corps de gamine soupira doucement. Mais en même temps, même en étant cordiale et en ne se montrant jamais méchante, les autres venaient vers elle. Oh, pas pour l'embêter. Ils étaient sûrement pleins de bonnes intentions, ces connards. « Eh Firenze, tu ne veux pas m'aider pour cette question. », « Eh Firenze, est-ce que je peux te parler, je ne me sens pas bien en ce moment. », « Eh Firenze, ça te dirait de faire une partie de... ». Franchement, ils ne pourraient pas aller voir quelqu'un d'autre. Elle n'était quand même pas la seul à savoir faire preuve d'écoute, nan ? Il étaient vraiment lourd, à la fin. Tout ce qu'elle demandait, c'était à ne pas sortir du lot. Arrondir les bords.
Franchement... Elle se demandait si elle n'aurait pas mieux fait d'êre désobligeante avec tout le monde dès qu'elle était arrivée ici, parfois. Ils n'étaient pas méchant, au fond. Mais elle ne savait pas pourquoi, elle les trouvait vite insupportable. Très vite. Avec tous leurs problèmes. Le pire étant que bon nombre d'entre eux devait se penser originaux. Mais ce que l'un lui confiait, un autre lui avait au moins déjà confiait la même chose dans la semaine qui avait précédé. Comment pouvait-elle seulement les prendre au sérieux en sachant cela ? Querelle amoureuse d'un côté, fin d'un couple où « c'était-le-grand-amour-pour-la-vie », médisance sur une amie d'un autre côté... Putain, ils ne pouvaient pas comprendre qu'elle avait juste besoin de calme elle ? Qu'elle s'en foutait totalement de leur petit problèmes pathétiques ? Elle voulait juste se poser dans un coin !
Mais du coup, elle était obligé de ruser. Aujourd'hui avait été une journée comme les autres. Avec son lot de confidence, de pleurs, de rire. Firenze avait tout recueilli. Ça ne l'émouvait même plus. Si tant est que ça l'avait ému un jour. Elle se contentait de leur ressortir les mêmes paroles. Encore et encore. Et ils étaient. Bah, le tout était qu'il s'éloigne. Et le plus rapidement possible. Aujourd'hui n'avait pas été particulièrement difficile. Mais aujourd'hui, elle ne savait pas pourquoi, mais elle se sentait sur le point de craquer. Ça lui arrivait parfois. Heureusement que ses flingues étaient ragés dans un coffre solide, cachés, où elle ne pouvait les prendre sur un coup de tête. De toute manière, c'était Divine qui avait les munitions... Ça lui aurait probablement fait du bien d'au moins les nettoyer. Si elle y allait.
Ses pas ralentir un peu. Oui. Nettoyer ses armes. Ça ne pouvait faire de mal à personne. Ça la calmerait... Non. Non, non ! On ne touche pas aux armes pendant la journée ! C'est le soir. Uniquement le soir ! Elle reprit son pas. Si elle voulait tenir jusqu'à ce soir, elle avait intérêt à se trouver une salle rapidement, sinon elle allait craquer dans l'après midi. Ça risquerait de mettre à mal tout le travail qu'elle faisait depuis qu'elle était arrivée ici. Donc, il ne fallait. Donc, il lui fallait une salle. C'était midi. Tous les élèves étaient au réfectoire. Elle avait mangé en vitesse, arrivant à passer avant tout le monde. Juste pour avoir le temps de ne rien faire.
Elle en trouva enfin une. Une salle de classe. Toute bête. Un tableau, une estrade, un bureau pour le prof, des bureaux pour les élèves tournés vers lui. Qui allait s'assoir là pour les prochains cours ? Aucune idée. Elle s'en foutait. Totalement. Se dirigeant droit devant elle, elle se laissa tomber sur des chaises à côté de la fenêtre. Laissa errer son regard quelques instants dans les jardins. Se perdant un moment dans un rayon de soleil à travers les feuilles d'un arbre. Admirant la forêt, au loin. Glissant ses yeux sur l'encadrure de la fenêtre. Puis elle se laissa aller sur le dossier de sa chaise, ses yeux se perdant dans le plafond. Ses pensés dérivèrent lentement. Les marbures ds planches. Les événements de la mâtinée. Les armes dans leur coffre. Il faudrait qu'elle tire ce soir. Oui, il allait le falloir. Ça la calmerait. Oui.
Pobablement.
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Sujet: Re: Enfin au calme... ou presque Jeu 26 Juil - 0:14
Le débat avait une fois de plus battu son plein dans le réfectoire. Avoir la responsabilité d’un orphelinat d’intellectuels n’était pas sans conséquences. En effet, il fallait prendre en considération, ou même subir, les débats enflammés qui pouvaient animer certaines des têtes blondes. La concernée, ici, n’était pas blonde, même si elle aurait tout fait pour arborer des cheveux aryens. Cette tête-là était unique en son genre : brune et rayée de blanc, sur le côté. Cette tignasse ne pouvait qu’appartenir à Panzer. L’un des pires de tous, en ce qui concernait les débats. Il avait pris la mauvaise habitude de les lancer, par vagues de polémiques. Et, le pire dans tout ça, c’est qu’il n’hésitait pas à se défiler, après les avoir animés momentanément. On ne le remarquait pas ; il baissait la voix, à mesure que les autres prenaient la parole et, quand tout le monde était bien énervé, il s’éclipsait, avant qu’on ne se braque contre lui, qui avait lancé les hostilités.
C’était donc cette stratégie qu’avait adopté Panzer, une fois de plus. Juste le temps de jeter sa veste sur ses épaules, qu’il avait filé. Il s’agissait maintenant de se faire oublier. De ce fait, il décida d’aller s’isoler dans une salle de classe. Pas celles des Experts de préférence, puisqu’il s’agissait surtout de laboratoires. Et il savait mieux que quiconque qu’il était très inconfortable de faire une sieste sur une table d’expériences. Les pièces où siégeaient les Words étaient déjà plus avenantes. Autre problème : on y trouvait sans arrêt des Words qui, justement, profitaient de leur pupitre, le temps d’une pause. Et il ne comptait même pas demander ne serait-ce qu’une place ; car la science et la littérature ne faisaient pas un excellent ménage. Il en était lui-même le témoin, étant le compagnon de chambre du plus littéraire de tous les assidus de l’élite des Words.
Il passa donc son chemin et fut bientôt lassé de sa petite promenade sans but. Il pénétra donc dans la salle qui s’offrit à lui, poussant la porte d’un coup d’épaule. Mauvaise pioche : une fille était déjà là. Coupe garçonnière : une Shape, sans hésiter. Panzer ne lui accorda pas plus d’attention que ça. Dédain d’un enfant qui se prenait pour le pire dictateur de tous les temps. Il enfonça les mains dans les poches de sa coûteuse et antique veste. La demoiselle fixait le plafond. Sûrement un coup des médicaments. On aurait presque pu se croire dans une maison de retraite.
Les pieds de Panzer martelaient le sol, ses semelles renforcées aidant. Il grimpa sur l’estrade, et, contre toute attente, se glissa sous le bureau du professeur, poussant négligemment la chaise du bout de ses orteils recouverts d’une épaisse plaque de cuir. Elle crissa dans un bruit d’enfer. Il extirpa de sa poche un baladeur rafistolé de partout, et vissa le casque qu’il portait autour du cou sur ses oreilles, veillant à ne pas malmener le passage piéton artistique qu’il avait de coiffé sur le crâne.
S’enclencha alors un véritable concert. Panzer n’était pas réputé pour n’écouter qu’à moitié de la musique. Il s’en tuait même les tympans, et avait dû, à cause de cela, rendre plusieurs fois visite à l’infirmier, par précaution. Cela démarra avec la Chevauchée des Walkyries de Wagner. S’ensuivit ensuite toute la bande-son du film Apocalypse Now que l’adolescent adulait tant. Après un concerto maison de percussion, grâce à ses grosses chaussures, il embraya sur du Rammstein. Il ne s’essayait pas à chanter, quand bien même il connaissait les paroles sur le bout des doigts. Il préférait battre la mesure, le son à fond, les yeux entrouverts. Et c’était bien suffisamment pour déranger le menu repos que s’était autorisée la jeune fille à quelques tables de là.
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Sujet: Re: Enfin au calme... ou presque Sam 28 Juil - 1:13
Un bruit du côté de la porte. S'arrachant à la contemplation des lignes du lavis, l'adolescente regarda le nouvel arrivant. Bordel, encore un qui voulait la déranger ? Nan. Nan ! Pas juste pensant la seule pause qu'elle s'offrait au cours de la journée. Pas juste pendant son seul moment de calme au milieu de ce tourbillon de frivolité et d'imbécilité qui lui tournait autour pendant le reste de la journée. Qu'il parte ! Ce n'était pas une demande. Ce n'était pas une suggestion. C'était un ordre. Un ordre simple, bref. Le genre d'ordre qu'on ne peut pas nier. Le genre d'ordre qui fait que notre corps agit seul.
Et surtout, le genre d'ordre que Firenze ne dirait jamais. Vingt contre un que ça détruirait tout ce qu'elle avait mit tant de temps à construire. Si jamais elle se prenait à faire ce genre de chose, il y en aurait forcément un pour aller se plaindre. Peut-être pas le premier. Sûrement pas celui qu'elle avait sous les yeux. Quoique... Quand elle avait vu les traits blanc qui bardait son front d'un côté, elle avait fait le lien avec une personne dont on lui avait parlé. Son nom lui revenait pas, par contre. Bah. Pas comme si ça avait une grande importance. Ce qu'elle avait entendu, par contre... Le genre d'adolescent à vous foutre la merde dans tous l'orphelinat juste pour le plaisir, à lancer des idées extrémistes comme si elles étaient naturels. Et en dehors de ces moments, à ne pas se faire remarquer, et à rester dans son coin. À ne pas se lier aux autres. À se faire discret. Le genre d'adolescent chieur, typique, quoi. Bah, tant qu'il ne cherchait pas à engager la conversation...
Pour autant, la blonde lui fit un sourire de salutation. Allait, autant offrir le même traitement à tous. Si elle commençait à faire des exception, ça allait forcément faire des vagues à un moment où à un autre. Il suffisait qu'elle se trompe à un moment, et c'en était fini. Il n'allait rien dire pour un sourire, et il ne semblait pas être du genre à venir vers elle. Tant mieux. À peine passa-t-il la porte que la jeune fille reporta son regard vers la fenêtre la main sur le menton. Elle en était où donc ? Ses yeux se perdirent dans la ramure d'un des arbres. Vert. Entre les feuilles, elle pouvait apercevoir les branches dont le marron sombre contrastait avec ces dernières. Les chargeurs. Il faudrait qu'elle pense à dire à Divine d'en ramener plus la prochaine. Elle avait obtenu l'autorisation du responsable de stand d'utiliser ses pistolets, à la conditions qu'elle s'isole et qu'elle s'occupe elle-même de ses armes. Un petit sourire s'afficha sur les lèvres de l'adolescente. Ce n'était pas comme si c'était déjà elle qui s'occupait des armes du club, hein. Elle se laissa aller à quelques rêveries, se rappelant un peu ces armes de qualité moyenne qui lui passait alors entre les mains. Ça faisait combien de temps qu'elle n'avait pas touché un fusil. La mort de ses parents, hein. Cinq ans ? Déjà... Plus aucune trace de sentiment ne venait quand elle repensait à l'incident. C'était passé. Fini. Il n'y avait...
Ses pensés furent interrompue par le crissement d'une chaise. D'un bond, elle fut sur ses pieds. Réflexe conditionné. On n'est pas entraîné en tant que Shape pendant des années en s'infligeant en plus des leçon autodidacte de combats après les cours sans développer certains réflexes. Mais non. Fausse alerte. Ce n'était que le gamin de tout à l'heure qui voulait aller s'installer. Sous le bureau. Oui oui. Non, pas devant, sur la chaise. Sous le bureau. En dessous. Là où tu mets tes pieds quand tu t'assoies. Quand on lui avait qu'il était bizarre. Pour qui il se prenait cet imbécil à faire autant de bruit. Il était pas seul, bordel. Et c'était pas fini. À peine quelques instants plus tard, alors que la jeune fille s'était assise , essayant de reprendre le cours de ses rêveries, voilà que de la musique commence à jaillir de sous le bureau. Mais vous savez, pas ce genre de musique qui peut encore passer, quand on l'entends entièrement avec la mélodie et les voix. Nan nan. Il avait bien fait exprès de mettre un casque. De sorte qu'on entendait tout juste un espèce d'ersatz de musique, avec seulement les percussions. Et encore. Seulement les plus aigue. Ah si, une voix perçait de temps à autre. Cassant le rythme. Juste pas assez souvent pour qu'on devine la mélodie, mais bien trop régulièrement pour pouvoir l'ignorer. Firenze sera les dents. Nan, tu ne dois pas. Tu ne craques pas. Tu ne le fais. Oui, je sais, tu as très envie de lui en coller une. De ramener la chaise contre lui pour l'écraser au fond du bureau. Mais tu ne peux pas. Tu ne dois pas. Ça remettrait tout en cause. Tu n'aurais pas de moyen de t'en sortir. Du calme. Tu dois te calmer. Calme-toi.
Tant que c'était la première partie, ça allait. Ça devait être une musique sans trop de percussion. On avait tout juste un peu de chant, mais ça allait. C'était très énervant, mais pas au point de faire lever la blonde de sa chaise. Vient la seconde partie. Là, ça devait être du rock. Ou peut-être du métal. Toujours était-il qu'on pouvait entendre dans toute la salle un rythmique aux charlestons qu'on ne pouvait pas ignorer. À ça tu ajoutais un grondement de grosse-caisse, une guitare qui ressortait aléatoirement et une caisse claire insupportable, et vous avez un cocktail parfait pour mettre qui que ce soit hors de lui.
Lasse. Lasse. Elle était lasse, la Firenze. Elle commençait à en avoir marre de cet orphelinat de cinglés. Elle voulait un coin tranquille. C'était vraiment trop demander ? Elle voulait juste se poser dans un coin et ne SURTOUT PAS penser à tout ce qui allait l'attendre ensuite, confessions, médisances et autres bavardages aussi inutiles les uns que les autres. Mais l'idée qu'une autre personne personne était dans la pièce ne semblait pas émouvoir le moins du monde l'autre. Bon... Il allait falloir faire quelque chose, hein... Du calme, Firenze. Ne te laisse pas emporter. Oui, je sais que tu très envie de lui coller une balle dans chaque partie non-vitale avant de l'achever, mais non, ça ne serait pas une bonne idée. Parle-lui juste tranquillement. Ça marche bien la plupart du temps. Oui, bon, d'accord, moins bien qu'une mort définitive, mais ça apporte quand même vachement moins d'ennuis, nan ? Oui, voilà. Bon, alors vas y. Mais calmement !
L'adolescente se dirigea vers le bureau. Repoussant quelque peu la chaise du prof, sans plus se soucier que l'autre du bruit qu'elle faisait en glissant ainsi sur le sol, elle s'agenouilla devant le jeune surdoué. Prenant une figure, elle lui fit signe d'enlever au moins un écouteur. Signe universel qu'on voulait dire quelque chose. Une fois qu'il se fut exécuté, en prenant soin à ne pas prononcer un mot plus haut que l'autre, elle demanda d'une voix gentille :
« Dis, est-ce que tu pourrais baisser un peu le son ? »
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Sujet: Re: Enfin au calme... ou presque Jeu 23 Aoû - 18:04
Ces derniers temps, avec l’arrivée des beaux jours, Panzer s’était trouvé une nouvelle lubie. Parce que Panzer fonctionnait par lubies, on avait cru le remarquer. Celle-ci n’était pas dangereuse pour les autres. Seulement pour lui, éventuellement. Car monsieur avait jugé bon de développer le désir de se fondre dans le soleil. Ça venait d’une très vieille et importante histoire, de créatures qui convoitaient l’astre solaire. Alors lui aussi. Il avait imaginé, pendant qu’il restait planté dehors, le visage en l’air. Il avait attrapé des coups de soleil, même s’il n’était qu’en Angleterre. Il avait la peau d’un roux. Et brûlait facilement. Ironie du sort. Mais peu lui importait, du moment qu’il parvenait à s’engouffrer dans la lumière. Lesdites créatures ne l’adorent pas pour rien. Le soleil brûle certes, mais la lumière enveloppe. L’obscurité étouffe, et semble s’insinuer, fourbe, dans tous les recoins possibles. La lumière, elle, à l’image des poussières qu’elle révélait, se posait sur ce qu’elle inhibait. Et ça faisait du bien.
Malheureusement, en Angleterre, il ne faisait pas régulièrement beau. De ce fait, Panzer avait déniché les pseudos-bienfaits de la luminosité sur son âme dans la musique. Il suffisait d’augmenter le son relativement fort. Et la musique l’enveloppait. A la manière d’une mère aimante, ce dont était dépourvu la totalité des gamins qui vivotaient entre ces murs. Toutefois, dans son imagination débordante et pas toujours très compréhensible, Panzer ne se visualisait pas dans les bras de sa mère. Le cocon dans lequel il priait de finir était d’un autre genre. Et bien plus ressemblant au soleil.
L’admiration qu’il vouait à la musique ne pouvait donc se permettre d’être interrompue par une silhouette qui se détacha dans son champ de vision voilé. Il ouvrit les yeux, calant son dos maigriot contre la paroi du bureau. L’importune lui faisait signe d’ôter son casque, ce qu’il fit, parce qu’il avait un minimum d’éducation. Et qu’à présent qu’il lui faisait face, son faciès lui disait quelque chose.
-« Dis, est-ce que tu pourrais baisser un peu le son ? » -« Pourquoi tu n’aimes pas ? »
Réponse immédiate et sanguine. Le regard de Panzer s’était voulu mauvais. Presqu’outré. Il lui était inimaginable qu’on puisse ne pas apprécier sa musique. Quand c’était le cas, c’était que l’individu en question avait suffisamment le dessus sur lui pour le critiquer. Néanmoins, cette demoiselle était à peine plus large que lui, et pas bien grande. Il restait la coupe garçonne. Une Shape, en avait-il déjà déduit. Qui avait donc une facilité dans une discipline sportive, si sportif pouvait être une discipline. Qualification absurde pour le garçon qui n’était pas capable de tenir entre ses mains un simple ballon. Si la prétendante était championne de judo, il avait tout intérêt de se taire. Il examina ses épaules minces, et ses mains. Ongles courts, doigts aplatis au bout. Séquence de jurons en allemand dans sa tête. Celle qui traînait toujours dans les pattes du professeur des Shapes. Celle qui allait finir avec le professeur de sport. Qui avait lui-même une carrure semblable à Slave. Tout lui paraissait plus évident, soudain.
-« On ne peut pas ne pas aimer la musique. C’est un art universel. Tu fais de la musique, toi aussi, quand tu babilles avec les autres. Je suis sûr que tu adores ça. »
Il semblait parcourir les listes de lecture, sans paraître plus gêné que ça. La musique grésillait toujours au travers de son casque.
-« Tu sais, je n'aime pas trop les gens. J'ai une chanson de Rammstein, à ce sujet. Ah, la voilà ; elle s’appelle Feuer Frei. Ça veut dire feu à volonté. T’aimerais bien faire feu à volonté sur des gens ? Moi, oui. Mais je n’ai jamais tenu une véritable arme. Seulement des pistolets à eau. Je mets de l’acide dedans, c’est plus dangereux. »
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Sujet: Re: Enfin au calme... ou presque Jeu 6 Sep - 22:13
Sale con.
Première pensée, aussi incisive qu'avait été la réponse du garçon enfoui sous le bureau. Il se prenait pour qui, ce conard ? Il débarquait comme ça, au milieu d'une salle, et estimait normal de déranger tout le monde ? Vraiment ? VRAIMENT ? Dès la première réponse, l'italienne du prendre sur elle pour ne pas envoyer son pied droit dans les côtes exposées de l'adolescent. Du calme, Firenze. Du calme. Du calme. DU CALME. Si tu faisais ça, ça se saurait. Obligatoirement. Il ne semblait pas du genre à se taire. De ce qu'elle avait entendu, il pouvait se montrer grande gueule. Franchement... Il mériterait de recevoir une bonne leçon. Mais ce n'était pas à elle de la lui donner. S'il parlait, c'en était fini. Si on savait qu'elle l'avait frappé, c'en était fini de sa tranquillité. Elle devrait déjà passer des heures dans les bureaux des profs, voir de Moriarty. Des heures d'attentes, des sermons abscons parce que « ce n'est pas bien de frapper les gens ». Alors que justement, c'est ce qu'on apprend au Shape... Il faudrait savoir des fois. Il y en avait qui méritaient bien la violence parfois. Mais non, ils devaient l'interdire. Elle n'y dérogerait pas. Après les profs, ça aurait été les autres élèves. Les nouvelles circulaient vite. Eh, Firenze a frappé quelqu'un. Quoi ? Elle est pourtant toujours si calme. Et puis viendrait les suppositions. Et si elle se foutait de nous ? Et si elle faisait que jouer un rôle ?
Bien sûr, touts n'irait pas aussi loin. Mais il suffisait d'un pour que l'idée se répande. Nan, tôt ou tard, ça se ferait. Ça se saurait, ça commencerait à discuter, elle serait isolée, regardé de travers, elle ne pourrait plus se fondre dans la masse, elle ne pourrait plus retrouver son anonymat dans cette discrétion, cette cachette aux yeux de tous. Elle ne le supporterait pas. C'était tout ce qu'elle avait construit depuis toutes ces années, ça ne pouvait pas s'envoler comme ça. Elle devait le protéger. Elle ne pouvait pas se laisser aller à ces extrémités. L'italienne respira un grand coup. Du calme. Du calme. Il ne fallait pas qu'elle se laisse emporter. L'intérieur bouillonnait de cette envie. À peine plus et sa jambe aurait commencé à armer le pied. Mais elle gardait encore le contrôle. Calme-toi. Descends, la colère. Elle se cala quelques instants sur sa respiration, n'écoutant le discours de l'autre que d'une oreille. Il faudrait réagir en douceur. Éviter l'affront. C'était une tête à claque. Tout ce qu'il cherchait était la mettre en colère. Si elle voulait préserver ce qui lui était cher, il faudrait qu'elle lui réponde calmement. Il faudrait qu'elle...
QUOI ?! Il venait de dire quoi, là ? Il venait pas de parler d'arme ? Putain de bordel de merde ! Est-ce qu'il savait ? Est-ce que ce conard avait la moindre idée de ce qu'elle faisait ? Comment est-ce qu'il avait pu l'apprendre ? Divine ? Nan, elle appréciait trop leur séance de tir. Et elle était pas intéressé par les armes. Waterlilly ? Elle n'avait jamais entendu de rapport entre elle et ce mec. Slave ? Trop taciturne. Il parlait pas aux élèves. Straw ? Possible. Mais le garçon semblait plutôt du genre à fuir la gamine sans l'écouter plutôt que de prêter attention à ses babillages. Putain ! Comment il avait pu savoir ? COMMENT IL AVAIT PU SAVOIR ? Réfléchis, Firenze. Réfléchis. Du calme. Te laisse pas emporter. Il fallait régler cette situation. Vite.
Nan, ce n'était pas possible. Il n'avait pas pu en entendre parler. C'était pas possible. Personne n'en aurait parlé. Personne qu'il aurait écouté. C'était pas... Elle devait savoir. Elle devait lui demander ; Elle devait trouver le moyen de lui demander. Elle ne pouvait pas laisser passer ça. Mais avant, calme toi. Oui, je sais, tu as envie de briser les côtes. Oui, je sais, ton veux le plus cher du moment serait de l'étrangler jusqu'à ce que de la bave commencer à lui couler de la commissure des lèvres. Mais non, tu ne le feras pas. Ce serait bien trop dangereux. À la place tu va lui faire un beau sourire. Pas stressé le sourire. Bien. Ais l'air un peu curieuse. Voilà. Bon, et maintenant tu vas dire, comme un peu gênée :
« C'est quoi cette histoire d'arme à feu ? Nan, j'ai jamais tiré sur personne. J'espère pas avoir à le faire... Ça serait bête d'en arriver là, nan ? »
Oui, voilà Firenze : la réponse qu'on attend d'une gentille fille. La réponse qu'on doit entendre dans ta bouche. Pas un mot plus haut que l'autre. Calme. Tu ne dois PAS. Te. Faire. Remarquer. Et trouve le moyen de te casser le plus vite possible d'ici. C'est dangereux pour ce que tu chérie. Mais pas fuir. Tu te ferais remarquer. On en entendrait parler. Tu ne dois pas lui laisser une trop forte impression. Soit juste une gentille fille.