Sujet: We committed a pure crime. Sam 25 Juin - 17:46
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ONLY A PURE CRIME
LIEU : New York City streets. DATE : 18.O7.11 CONTEXTE & PERSONNAGES : Crime est toujours policier. Pure n'a jamais eu un QI extraordinaire, elle est partie à dix-sept ans de chez ses parents. Elle se fait appeler Zee et prétend être exclusivement latino. Elle est âgée de vingt ans.
ONLY A PURE CRIME
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Elles étaient toujours là. Présentes au bout des doigts, compagnes éternellement fidèles, amies loyales. Elles seraient les mêmes jusqu'au bout, chaleureuses et réconfortantes, et leur absence serait à chaque occasion un terrible déchirement qui laissera place à un désoeuvrement des plus glacé. Mais ces camarades d'infortune avaient un fort avantage : elles étaient exceptionnellement et tout à fait remplaçables. C'est ainsi que c'est sans remords, aucun, que Zee balança son paquet de cigarettes après l'avoir soigneusement broyé dans sa main. Elle dévisagea un instant l'unique survivante de son addiction et ce fut avec un soupir ennuyé qu'elle l'immola, se laissant combler par les tristes volutes qui dansèrent un instant devant ses yeux. Cela n'avait plus aucun goût, aucune saveur, ce n'était qu'une façon de se donner de la contenance, voire même une allure qu'elle s'inventait au fur et à mesure des jours.
Zee était une créature impressionnable et effarouchée. De nature anxieuse, un rien l'agaçait, la rendait nerveuse ou carrément butée. Pour pallier cette allure de névrosée, elle avait opté pour la solution la plus simplette mais également la plus efficace : elle bluffait constamment. Ainsi elle pouvait aller jusqu'à se donner des airs de garces simplement pour dissimuler un malaise. Acculée elle sortait les griffes, au pied du mur elle montrait les crocs. Toutefois rien ne laissait présager un tel caractère : d'un physique passe-partout, bien que son tour de poitrine soit l'attraction du quartier, brune et très vaguement bronzée, Zee était parfaitement intégrée à Sunset Park, à l'ouest de Brooklyn. Seuls ses grands yeux verts pouvaient prétendre à une quelconque originalité : en amande, vert marais et digne d'un félin en cage, la plupart du temps amorphe mais rugissant dès qu'il s'agissait d'effrayer des touristes.
Mais alors qu'elle traversait la partie chinoise de la huitième avenue, après vous avoir regardé par dessous les cils, la jeune femme vous ignorait alors soigneusement en vous ayant donné la brève illusion que vous aviez réussi à combler son désintérêt. Mais elle retournait inlassablement à la neutralité, balayait d'un clignement de paupière vos espoirs d'attirer son attention. Zee donnait toujours la nette impression d'errer sans but : elle avançait sans jamais se presser, les mains dans les poches de son blue jean, zigzagant entre les passant tel un poisson à contre courant, se glissant avec un semblant de grâce entre une bouche d'incendie et un panneau de signalisation.
On ne pouvait pas imaginer, simplement en la suivant du regard, par dessus le journal du matin, que la jeune femme se rendait à un rendez-vous particulier. On s'imaginait simplement qu'elle traînait sa menue carcasse de-ci et de-là avec pour objectif de tuer le temps, temps qui semblait être sa seule richesse. Et pourtant Zee rejoignait celui qui rythmait depuis quelques temps son quotidien insipide qui avait fini par la plonger dans une apathie permanente.
A la veille de ses dix-huit ans, Zee avait eu, avec une lointaine connaissance, petit malfrat des bas quartiers, une idée d'arnaque. Ainsi ils avaient fait l'acquisition d'un costume et d'un tailleur, s'étaient fait passer pour des agents immobiliers et s'entêtaient à "vendre" des logements "vides"" aux plus crédules. En réalité Zee et son acolyte se contentaient de leur extorquer une garantie locative fictive puisque les appartements qu'ils leur vendaient étaient la plupart du temps en cours de rénovation ou appartenaient même parfois à des agences immobilières. Ces logements vides étaient leur aubaine et leur avait permis de vivre plus que confortablement jusqu'à ce que la police New Yorkaise ne mette le doigt dessus.
Sheldon, le flic qui l'avait à l'époque installée dans la voiture banalisée, lui avait donné deux alternatives : elle pouvait assumer ses responsabilités et écoper d'une peine, certes minime mais indélébile, soit il s'occupait de charger son partenaire de méfait et lui permettait ainsi de rester libre et blanche comme neige à la condition de servir d'informatrice.
Inutile de dire que le choix avait été vite fait. Zee logeait chez un marchand de sommeil en lien étroit avec ceux qui faisaient trembler les quartiers chauds. Autant dire que Sheldon avait eu du flair. Et c'est ce policier que Zee partait retrouver. Il n'était pas méchant, pas spécialement gentil. Sheldon était un personnage aux aspirations limitées et à l'idéal de justice qui semblait borné à la plus simple des définitions. Il se contentait de payer un repas à Zee, le plus loin possible du marchand de sommeil, et de lui poser des questions plus au moins nombreuses qui semblaient plus dépendre de son humeur que d'une quelconque investigation.
Elle s'assit sur le trottoir en face de Il Porto, restaurant favori de Sheldon, lieu de rendez-vous habituel, et prit son mal en patience. Washington Avenue était inondée de lumière, Zee ferma les yeux et se laissa porter par le vrombissement régulier des véhicules, le brouhaha des conversations et le bruissement des passants.
Dernière édition par Pure le Sam 25 Juin - 23:47, édité 1 fois
Crime
Sujet: Re: We committed a pure crime. Sam 25 Juin - 22:56
Dire qu'une ville respire, agit, vit, n'est pas qu'une mauvaise figure de style propre aux mauvais polars. Beaucoup d'objet en apparence inanimés possédaient une conscience et une emprise sur le monde qu'on n'aurait jamais soupçonné. Force était de constater que beaucoup de ces nouveaux cyniques changeaient vite de bord quand il s'immergeaient dans la grosse pomme. New York, que ce soit Manhattan ou Harlem vivait, ne dormait jamais, et parfois même tuait. Beaucoup disparaissaient à la nuit tombée, et on se contentait de dire que la ville les avait pris, sans plus se poser de questions, de peur de s'attirer la colère d'un dieu ancien, prisonnier des fondations. Lequel on croyait parfois entendre respirer au loin, un souffle en spiral mêlé au trafic. Chaque passant, chaque voiture qui toussotait étaient une part du monstre-ville, une petite brique sur l'édifice de la nouvelle tour de Babel.
Beaucoup entretenaient une liaison malsaine, quasi incestueuse avec la ville, lui faisant sauvagement l'amour une fois que les honnêtes citoyens dormaient, la baisant par tous les trous, la saignant à blanc avant de la laisser pour morte à l'aube, sachant qu'ils la retrouveront ressuscitée la nuit prochaine. Beaucoup avaient jurés de la protéger, elle et l'Amérique, des ennemis de l'extérieur comme de l'intérieur, mais les mâchoires avides des uns avaient bien vite raison de la bonne volonté des autres, toujours corrompus trop facilement. Ça lui foutait le blues, pas la déprime sempiternel qui s'emparait de vous au moment d'aller vous pieuter, mais une maladie chronique qui faisait revenir le diable bleu à chaque temps de service. Le Mal qui s'asseyait à vos côtés et s'en grillait une avec vous, celui que vous embarquiez pour un tour sur le bolid'. Ils se comportaient comme des vieux amis, lui et son pote le spleen et bon dieu qu'ils vous poussaient à bout. Parfois c'était une lente descente à la table du diable, aka une longue nuit d'insomnie à traquer les junkies, ou ca pouvait être une main froide et crochue qui vous pinçait le téton quand vous poursuiviez un violeur de ptites vieilles.
Et ils aimaient ça, lui et son putain de crâne rasé. Non pas de traquer la faune nocturne, mais de sentir les rues vibrer et faire chanter la poudre avec lui. Un wagon de munition n'aurait pas été assez, et à chaque coup tiré deux nouveaux parasites sortaient des égout pour chier sur ses plates bandes. Mais ça ne l'empêchait pas de dormir, et il continuerait à se branler et à fumer. Sa conscience était assez lucide et mauvaise pour être en accord avec ce qu'il chiait le matin. Oui monsieur, il détestait son job, mais adorait ce qu'il faisait. Cette chienne de vie n'avait alors pas de prix. Pour peu il se serait fait poser un second badge sur sa matraque, celle qui était bien à lui et servait à taper un type de gibier tout particulier.
Aimer cette ville était une putain de religion, à laquelle on troquait les hosties contre des drogues durs. Et chaque croyant était une goutte de sang dans des artères qui s'étendaient sur des kilomètres. En tant qu'homme de foi il prêchait la bonne parole tous les soirs. Un missionnaire qui agitait un énorme crucifix noire. Celui là même qui avait souvent tendance à faire voir des étoiles quand il tombait du ciel. Ce truc était la voix du seigneur, et bon dieu qu'il parlait fort. Quoique il avait parfois tendance à poser son porte-voix quand une de ses fidèles faisait son apparition. L'éternel est mon berger et je ne manquerais de rien, une phrase lourde de sens si vous vouliez son avis, parfois pleine de connotations très... tendancieuses.
Il n'échapperait pas au credo ce soir, et la poubelle estampillée 911 s'arrêta net dans une ruelle très très sombre. Le genre qui vous paraît toujours trop sombre. Typique des mauvais films de gangsters. L'adolescente en blouson de cuir, adossée à un mur, les mains dans les poches, fumait une cigarette trop longue et décortiquait la voiture de ses grands yeux bleus assassins, le genre à être plus dangereux qu'une balle de .45. Elle avait ce petit air énervant et attirant à la fois, on aurait cru une version féminine du mythe du voyou made in 50's. Celle qui vous faisait l'amour pour mieux vous frapper ensuite. Il consulta le cliché, le retourna, lu les trois lettres griffonnées... Z-E-E, putain ce mec écrivait comme un porc, et retourna à la minette qui semblait tenter par un peu de vandalisme anti-policier. Merde, elle était plus belle sur la photo.
La vitre du siège passager s'abaissa et la tête de l'enfoiré de chauve barbu en sortis. Il grimaça, ce coin puait la mort. C'était elle cette Z-E-E ? -quel prénom de merde-, qu'elle bouge son cul et vienne le poser à l'intérieur de la caisse. Il en avait déjà marre.
Sujet: Re: We committed a pure crime. Dim 26 Juin - 0:28
La nuit tombait, effaçant ce que vous sembliez connaître de la ville. Elle changeait de visage, revêtait son masque de tueur en série et vous regardait vous perdre du coin de son oeil brillant. La nuit dans la ville vous étiez toujours seul et toujours en position de faiblesse, seule la Créature pourrait décider de vous accorder l'absolution et vous permettait alors de rejoindre votre lit douillet. Zee l'avait compris, au travers de nombreuses aventures entre les buildings de la mâchoire de New York. Combien de ses amis avaient-ils été pris par la ville ? Mais chaque prédateur à besoin d'un parasite et la petite frappe respectait le fait de n'être que l'un d'entre eux, pullulant comme tant d'autres dans la chaude fourrure de Brooklyn.
Elle avait attendu jusqu'à ce que le soleil décline, jusqu'à ce que rester assisse là devienne trop voyant, trop sage également. L'appel de la rue se fit plus fort et elle partit à la recherche des ruelles qui l'avaient faite, qui l'avaient moulé dans son blouson de cuir, qui lui avait donné cette allure de loubarde des films à l'ancienne. Zee partit donc, guidée par son instinct animal, la Bête qu'était la ville admettant que la jeune femme puisse se frayer un chemin dans ses entrailles sans qu'elle n'intervienne. Mue par des réflexes bestiaux, elle rejoignait le lieu de rendez-vous de secours de Sheldon.
La nuit faisait tomber également le masque d'indifférence qui hantait le visage de l'orpheline, lui conférant alors une véritable identité, une partie intégrante de la ville, comme le prolongement griffue d'une patte voire d'une queue. Ses yeux verts s'animaient d'une lueur nouvelle, provocatrice et tout à fait féline. Sa démarche était plus souple, plus animale, plus vraie. Son déhanchement, le roulement de ses épaules, les regards impérieux qui lui arrivaient de lancer, brefs et violents, suffisaient à lui octroyer une aura brutale. Elle atteint ainsi une des innombrables ruelles adjacentes, déserte, et pris ses quartiers, s'adossant à un mur avec des airs de propriétaire farouche. Bienvenue chez Zee.
La jeune femme rejeta la tête en arrière, sa crinière agitée par le vent l'importunant. Elle avait quémandé une ultime cigarette, sur le chemin, et considérait le petit bâton de tabac un instant avant de frapper lentement le filtre de façon régulière sur la paume de sa main. C'était alors qu'elle tassait le tabac de la cancerette qu'elle s'apprêtait à allumer qu'une voiture pénétra la ruelle, délicatement. La voiture estampillée 911, elle sentit son estomac se contracter mais se contenta d'allumer sa cigarette, comme si elle espérait disparaître derrière sa fumée. Comme elle le craignait le véhicule ralentit pour s'arrêter à son niveau. Elle ferma douloureusement les yeux.
Les paupières de Zee se soulevèrent sans qu'une once d'interrogation ne vienne troubler l'impassibilité de son visage. Un colosse avait passé la bras hors de la vitre de la voiture et la toisait, le menton légèrement relevé comme prêt à encaisser un uppercut. Elle arqua un sourcil si haut qu'il sembla disparaître sous son semblant de frange.
Une voix qui semblait émerger d'un ancien conte s'éleva alors, venant rompre leur silence. « J'fais pas le tapin. » Puis elle remarqua l'éclat cuivré d'un holster sous la veste du bonhomme. Un frisson lui parcourut l'échine mais elle se contenta de réajuster son blouson d'un leste mouvement d'épaule.
Elle tuerait Sheldon de ses propres mains. Visiblement il s'était fait remplacer, même si un doute raidissait ses intestins tandis que la radio du flic baragouinait dans la plus grande des indifférence. En même tant que risquait-elle ? Qu'il la viole dans une ruelle sombre ?
Zee plongea son regard fauve dans les yeux du policier, fit le tour du véhicule, passant par devant, ralentissant alors qu'elle caressait la carrosserie du bout des doigts simplement avant de s'engouffrer sans un mot à ses côtés, claquant la portière sans aucune hésitation. La jeune femme tourna son visage fin vers l'inconnu et le dévisagea tranquillement, sans la moindre gêne.
Un très léger sourire, imperceptible, vint se greffer sur ses lèvres. Ses yeux s'illuminèrent d'une provocation pure et dure. Que la ville la prenne si elle le pouvait.
Crime
Sujet: Re: We committed a pure crime. Dim 26 Juin - 22:09
Les quatre roues filaient à vive allure à travers une New York kaléidoscopique. Un rêve sous LSD. Un diamant aux milles facettes vous faisant rêver jusqu'à en vomir. Vivre cette ville était comme jouer avec des allumettes, c'est beau, intense et fascinant mais on finit par se brûler d'une manière ou d'une autre. Ça pouvait être un hot dog à la turista, la MST de la conquête du soir ou bien un coup de couteau à la sortie de Central Park. Il fallait courir les ombres, se cacher derrière, passer entre les lumières, flirter avec elle et garder une main sur le pic à glace que cette femme en robe diamant cache toujours dans son dos.
Parfois, au détour d'un carrefour lointain, la réalité s'atténuait un peu plus qu'elle n'aurait dû. Les formes phalliques des buildings familiers se transformaient en monstre assoiffés, la bay d'Hudson devenait une gueule avide et énorme, et votre libido s'exacerbait toute seule. Vous vous surpreniez à imaginer la réalité obscène qui pouvait bien se cacher derrière tous ces murs, un voyeur épiant un spectacle surréaliste, forniquant avec votre propre psyché. Le bruit d'une fermeture éclair qui s'ouvre, une image de longues jambes nues se relevant lentement à la verticale. Zee le toisait du regard, maquillée d'un sourire provocateur, tirant lentement sur la fermeture de son cuir, révélant une poitrine qui n'appartenait plus à l'adolescence. Il l'imagina se déshabiller, tirer sur son blue jeans moulant comme on enlèverait lentement la peau d'une pêche, attendant patiemment de savourer un fruit défendu. Des lèvres pulpeuse lentement mordues par l'obscurité, un demi sourire qui vous caressait de très près.
Peut être que Sheldon se la tapait ? Il le voyait à genoux, suppliant sa femme de le laisser coucher avec cette Zee comme il lui aurait demandé de s'occuper de son gosse pour aller jouer au poker. Il eut un demi sourire, jetant un regard en coin à une poitrine qui paraissait toujours plus opulente. Étant donné sa trempe, la seule femme que Sheldon pourrait se taper hors mariage devait être cette fameuse tarte aux pommes dont il vantait tant la texture. Un débardeur blanc apparaissait sous cette seconde peau brune et travaillée, petit, distendu, duquel on aurait cru qu'il allait lâcher d'une seconde à l'autre. Elle ne le regardait plus, mais ce petit sourire aguicheur flottait toujours sur le bout de ses lèvres. On aurait dit qu'elle flirtait avec la route. Elle croisait les bras, puis les jambes, les décroisait, s'agitait sur son siège, encore et encore.
Il prit une cigarette, l'alluma et jeta le paquet sur les genoux de sa passagère, lui accordant parfois un regard fugitif, est-ce qu'elle en prendrait une ? La tentation de sucer une dame de tabac était toujours trop tentante. Ils le savaient tous deux, mais c'était un jeux où il n'y avait jamais de gagnant, du moins pas à ce stade de la partie. Les volutes de fumée envahirent l'habitacle et il écrasa son mégot sans pouvoir dire si elle aussi fumait ou non. Il s'arrêta devant un dinner, at the bottom of the hole, la fixa pendant des secondes qui parurent honteusement longue et lui fit, enfin, signe de descendre. Elle claqua la porte, encore, il était dos à elle, un sourire amusé déforma sa bouche.
Le petit restaurant avait des allures de décor de cinéma à petit budget, et les quelques badauds accrochés au comptoir avaient l'air de simuler l'acte, faisaient semblant de se nourrir, léchant longuement leurs doigts en regardant avec avidité les nouvelles têtes. Il avait ses habitudes ici, la serveuse, insomniaque, avait cet air d'actrice sur le retour, prenant le monde comme s'il eut été une vaste blague. Elle les installa à un box, posa ses mains sur la table, et désigna le menu. Il lui demanda si elle désirait quelque chose. Il ne fallait pas briser de si bonnes habitudes.
Sujet: Re: We committed a pure crime. Dim 26 Juin - 23:49
Sa veste en cuir était le vestige, l'unique monument à la gloire de son innocence passée. Innocence pas si pure puisqu'elle l'avait volé dans un élan capricieux alors qu'elle trainassait dans un mall avec un camarade temporaire. Ils s'étaient fait passé pour un couple essayant diverses fringues qu'ils n'auraient jamais regardées en temps normal. Cela suffit au vigile pour retourner à son coma ennuyé, tandis que le jeune homme tranchait progressivement le câble de cuivre liant la veste en cuir au présentoir.
Ils étaient sortis dans l'indifférence totale. En tout cas ils auraient pu si Zee n'avait pas oublié l'antivol et n'avait pas beuglé à l'intention de l'ensemble du magasin qu'ils n'étaient que des sodomites passifs. Les enfants s'étaient enfuis en courant, profitant de la stupéfaction de l'agent de sécurité, mais bientôt il se lança à leur poursuite, juron sur juron, un signe menaçant après l'autre. Les gosses ne riaient plus, couraient comme portés des trottoirs connus par coeur, l'élan freiné par une foule dense. Finalement ils se séparèrent et Zee entra sans trop y croire dans le premier immeuble venu et ouvrit la porte de l'appartement du rez-de-chaussée. Ouverte.
Zee se retrouva dans le plus banal de ses fantasmes : une habitation de grand-mère. Elle ferma tranquillement la porte, murmura un « Martie, Martie, tu ne devinera jamais ce que la voisine m'a raconté ! » et franchit le vestibule brunâtre où des étrangers sous verre la suivaient de leur regard vide.
« Harold. C'est toi ? » fit une voix fantomatique.
La jeune fille, qui était en train de fouiller dans la cuisine, laissa tomber le paquet de biscuit dont elle s'était saisi quelques instants plus tôt. Les McVities firent du raffut, attirant le locataire, un vieille homme inoffensif qui fixa ses yeux aveugles sur Zee qui se sentit, littéralement, comme une merde sous la botte d'un soldat nazi.
« Ah non, ce n'est pas Harold. Ne restez pas plantée là et faites nous donc du thé. »
Zee avait obéit, incrédule, sa fierté mise au cul par un grabataire. Puis elle était partie, son paquet de biscuit dans la poche de la veste dérobée, par la fenêtre toutefois, puisque Harold rentrait enfin.
« J'ai discuté avec une charmante jeune fille, fils. »
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Charmante elle l'avait été puis elle avait grandi. Ses yeux s'étaient acérés, son corps avait changé du jour au lendemain, faisant d'elle une femme. Et elle en profitait honteusement.Croissant et décroissant les jambes, impatiente, l'animal se contentait d'attendre, rongeant son frein d'être ainsi enfermée, acculée et presque impuissante. Presque. Lorsqu'elle laissa à l'air libre sa généreuse poitrine, sa plus fidèle alliée, son arme la plus redoutable, elle se contenta d'observer le flic dans le reflet de la vitre, peu étonnée de le voir la reluquer. Elle ne ressentit rien d'autre qu'une satisfaction habituelle et rassurante.
Le mec lui balança son paquet de cigarette, qu'elle accueillit en silence, en glissant simplement deux dans l'intérieur de sa veste, révélant un cran d'arrêt misérable. La fumée ne la dérangeait pas, au contraire elle l'accueillit avec plaisir, comme si elle s'immergeait nue dans un bain délicieusement tiède en poussant un soupir de satisfaction. Zee enfonça ses mains dans ses poches et posa sa tête contre la vitre froide de la voiture, ses cils caressant presque la surface vitrée.
Arrivés At the bottom of the hole elle prit place sur la banquette, les yeux rivés sur la carte depuis son arrivée, ou presque. En bonne prédatrice, ses yeux rétrécirent quand elle fixa le policier prendre place en face d'elle. Il était encore plus grand et large qu'elle ne se l'était imaginé, ogre au crâne rasé. Cela lui évoqua une aventure avec un videur et elle lâcha un petit rire, avant de lui lancer un sourire en coin des plus goguenard. Une serveuse cernée les avait escorté, attendant leur commande.
« Un sundae vanille chocolat. »
La serveuse ne cilla pas, pas plus qu'elle ne bougea d'un pouce.
« S'il vous plaît ? » fit Zee, amusée.
La serveuse caractérielle tourna lentement la tête vers le poulet, la bouche entrouverte, laissant échapper un claquement agacé. Elle partit en traînant des pieds. Le gars avait une voix aussi large qui lui, basse et vibrante, elle perdit son sourire devant cette allure de sergent instructeur et tourna ses yeux luisant vers l'extérieur, reflétant les feux des voitures qui filaient vers une destination qu'elle se plaisait à imaginer, ignorant soigneusement son interlocuteur. Une main ouverte sous le menton, son petit doigt titillant sa lèvre inférieure, Zee se faisait chier.
Quand on leur apporta leur commande, Zee arborait un visage concentré et des yeux hallucinés, elle considéra un instant la coupe de glace, le flic n'ayant plus aucune place dans son univers direct. Son monde se limitait désormais à la crème glacée, au coulis de chocolat qui lui coulait au fond de la gorge avec délicatesse. Elle orbitait enfin autour du met trop froid qui lui procurait pourtant des frissons presque chaleureux tandis qu'elle enfournait lentement la cuillère dans sa bouche, posant docilement l'ustensile sur sa langue avant d'avaler la cuillerée avec une délectation qu'elle ne prenait aucunement soin de dissimuler.
Ce sundae était décidément son meilleur coup.
Elle fit malencontreusement choir une goutte du nectar glacé sur sa peau nue, à la limite du débardeur blanc ainsi sauvé, lâcha dans un souffle un « putain » rassuré et vint cueillir cette larme du but d'un index qu'elle porta à sa bouche.
« Alors ? »
Dernière édition par Pure le Mar 17 Juil - 1:32, édité 1 fois
Crime
Sujet: Re: We committed a pure crime. Lun 27 Juin - 2:45
Les bruits de pas de la serveuse hollywoodienne se perdirent derrière le comptoir, un silence artificiel tomba sur le dinner. Une radio en panne, des parasites déguisés en bruit de succions, une langue féline léchant avidement une cuillère dégoulinante de glace, insistant longuement, se promenant sur presque chaque millimètre carré du morceau de métal, avec toute exubérance de celle qui en voulait toujours plus. Un sourire satisfait plus tard, l'ustensile à présent chauffé replongea dans la glace, pénétrant la matière collante jusqu'au fond. Ses yeux s'étaient transformés en deux gueules avides, savourant patiemment le spectacle sans en perdre une goutte.
Pas même celle qui échappa à sa bouche, et vint s'écraser sur sa poitrine, à présent trop mise en valeur par deux bras qui s'efforçaient de la soulever toujours plus. Un doigt se promena sur ce sein et ramena avec toujours plus de lenteur ce dernier extrait à la bouche. Le geste était évocateur, et il eut une image, un souvenir fugitif, une femme enfermée dans un écran de télévision déversant des litres de lait sur son corps nu, sans pour autant égaler la vulgarité et la gestuelle lascive de cet alter ego, amatrice de... chocolat. Elle avait ce poison lent au fond de ses yeux verts, une spirale froide, un air félin. Tu m'enfermes ? Je t'emmerde, regardes moi jouer.
Ses mains épaisses, posées sur la table, ne bougeaient pas. Ses yeux, fins, ne cillaient pas. Il était un chien à l'affût d'une proie, impassible, la regardant se débattre une dernière fois avant de sentir ses crocs pénétrer la chair tendre de son cou... Ou bien était-il la souris, immobile se contentant de respirer, et elle le chat, jouant une dernière fois avec son repas avant de le savourer. Il ne savait pas, ou plus. Cette impression indicible d'avoir un pied hors de la réalité, un monde où le rêve érotique pouvait à tout moment se transformer en un cauchemar éveillé. L'aiguille allait à rebours, les briques retournaient sur le mur. A cet instant précis. il aurait juré qu'elle venait de se lécher les babines.
Des bruits de pas, une paire de talons, résonnèrent dans l'allée du dinner. Miss Oldywood. Deux mains ridées posèrent une bière bon marché et un cendrier à moitié propre sur la table avant de s'abattre sur celle-ci. Visiblement en attente quelque chose. Le paiement des consommations, ou bien peut être un peu d'attention, qui sait. Il inspira, comme après une longue plongée en apnée et lui jeta un regard agacé, comme si elle venait troubler un important événement. Un peu de monnaie s'écrasa sur le lino de la table. Les talons partirent aussi vite qu'ils étaient venus. Désolé ma vieille, tu n'es plus une gagnante.
Un Alors s'éleva tout autour de lui, du velours l'enveloppait. Il souleva la bière et en but une longue lampée, le liquide se répandit jusqu'à dans ses veines, glacé. Son regard se durcit, pivota, se reporta sur le félin qui semblait toujours attendre de passer à l'attaque, un semblant de sourire sur les lèvres. Alors quoi ? Il était celui qui posait les questions. Qui elle était, ce qu'elle cachait, ce qu'elle savait, il voulait tout (sa)voir. Il voulait toucher ces réponses, les examiner de très près. Il voulait qu'elle le fasse entrer dans son univers, qu'elle lui dévoile un nouveau monde.
Il croisa les bras, s'avança, se pencha, se laissa glisser sur sur le lino, il était un mur de briques. Il alluma une cigarette, la fumée les envahit, leur colla à la peau, révélant des traces et des empreintes qu'elle s'évertuait peut être à cacher. A ce moment elle était sa pièce à conviction. Elle était entrain ses mains.
Sujet: Re: We committed a pure crime. Lun 27 Juin - 13:07
Des empreintes elle en avait partout. Autour du cou, une pute ayant tenté de l'étrangler, la soupçonnant d'essayer de séduire son mac. Sur la cuisse, une cicatrice fine du marchand de sommeil qui lui avait planté un couteau de cuisine, histoire de l'envoyer à l'hôpital faucher des médicaments. Sur les pommettes, vestiges de trop nombreux yeux au beurre noir. Zee était le parfait exemplaire de celle qui prend les coups mais en demande toujours plus, animal féroce qui prouvait sa force par sa résistance à la douleur. Elle le regarda boire sa bière comme un renard observe un lapin creuser un terrier en panique, ses pupilles semblèrent se fendre lorsqu'il se pencha vers elle, les bras croisés, les yeux avides de réponses, inquisiteurs et durs.
Zee ne détourna pas le regard, bien que troublée un court instant. Finalement elle imita le policier titanesque, se penchant en avant, dévoilant d'avantage de sa chair, leur front si proche qu'il aurait suffit d'un mouvement pour qu'ils se rencontrent. Elle se saisit lentement et de façon péremptoire de la cigarette de son interrogateur, s'attardant un instant sur ces lèvres closes, la tentation d'y glisser un doigt étant toujours plus forte. Étaient-elles réellement hermétiques ? Finalement elle se contenta de tirer longuement sur le baton assassin, faisant tomber de la cendre sur le linoléum de la table, avant de lui glisser de nouveau de force dans la bouche. Durant toute la durée de l'opération, aussi anodine pouvait-elle paraître, Zee n'avait cillé qu'une unique fois et dardait encore son regard brûlant sur le visage de l'inconnu.
« Je m'appelle Zee. »
Je suis le danger et la tentation, celle dont tu rêves dans tes draps trempés, celle que tu n'aura jamais. Je suis New York City. Elle ne souriait plus, arborait simplement une expression tendue et scrutatrice, en attente de quelque chose à se mettre sous les crocs. Elle pensa à Sheldon qui, un jour qu'il s'était disputé avec sa femme, lui avait demandé une pipe. Elle se souvenait de la raclée qui avait suivie sa réponse. « Ok chéri mais va me falloir une paille et une pince à épiler. » La jeune femme dévoila ses canines à ce souvenir. Cela ne lui évoquait nulle peur, nul regret. Après tout elle avait ensuite fouillé dans le portable du mec, découvert des photos de son énorme femme nue et les avait envoyées à tout son répertoire. Elle se demanda si le flic en face d'elle les avait reçues.
Il sentait l'alcool, le tabac et l'homme. Ses mains comme des battoirs la fascinait, l'effrayant presque. Enfin elle cessa de le fixer mais un si court instant qu'il paru irréel.
Zee baissa la tête comme prête à donner un coup de boule, le regardant par dessous, dévoilant ses longs cils noirs. Qu'est-ce que tu veux savoir, au juste ? Une envie de violence la prit à la gorge. Ses yeux vert marais étincelèrent. Le gars venait de mettre le doigt dans une machine infernale qui ne s'arrêterait qu'une fois qu'elle l'aurait dévoré. La petite frappe qu'elle était était tout à la merci du policier, puisque Sheldon lui avait permis de continuer à frauder de-ci et de-là à condition qu'elle serve d'indic'. Ca ne la dérangeait pas plus qu'autre chose, habituellement. Toutefois, ce soir, elle se sentait mise sous loupe, nue et sans défense. Elle sortit ses griffes mais obéit.
Elle récapitula le horaires habituels du marchand de sommeil, qu'elle appelait Sandman, raconta comment le transfert de drogue s'effectuait, toujours à un lieu différent décidé peu avant le rendez-vous par un texto ridiculement banal. La jeune fille s'échauffa légèrement en détaillant comment Sandman logeait des immigrés dans les sous-sols d'anciennes usines à peine désaffectées, comme cette ancienne fabrique de montre qui devait encore contenir assez de produits toxique pour les tuer. Elle ne donna pas les adresses, seulement comment le criminel demandait le payement chaque matin, le prix de la nuit variant selon ses grâces.
Dans une digression, elle expliqua qu'elle essayait d'y retourner le moins possible, quitte à ne pas dormir ou à chercher refuge dans une bibliothèque de quartier mais qu'elle était bien obligée de s'y rendre, parce que Sheldon le lui imposait, ce trou du cul. Et en échange il lui payait des glace et des bagels.
Zee se tut un instant, cherchant à lire dans les yeux de son interlocuteur s'il la jugeait ou non, pauvre femme livrée à de gros méchants. Elle s'entendit finalement demander :
« Qu'est-ce que tu veux ? »
Elle peut-être. Et elle voulait simplement connaître son nom, briser ce mur de brique et s'y glisser, prendre ses aises, envahir l'espace, y laisser sa marque indélébile.
Crime
Sujet: Re: We committed a pure crime. Lun 27 Juin - 23:39
Elle semblait enlever son visage, rabattre ses dents. Le sentiment qu'elle arrêtait lentement de maquiller la réalité. Les zones d'ombres s'éclaircissaient, révélaient un engrenage mécanique trop bien rôdé, le maître de la cause à effet, un monde piégé depuis le début, des loups parmis les agneaux, des monstres derrière les masques d'hommes. Elle le prenait par la main, cette fois il était passager, le témoin chanceux de ce qu'était l'envers du décor. Le fait qu'ils se soient appelés Virgile et Dante n'aurait rien changé, le dinner de papier tombait et ils plongeaient dans la vie nocturne. Un black russian de l'âme. Un moment où le soleil ne brillerait jamais.
C'était un mémoire déformant, obscène et grotesque, sexuel et ensorcelant. Une canine mordait une lèvre couleur sang, un sourire déformait une bouche pleine de luxure. Il lui faisait face et contemplait le reflet d'un millier d'années de fantasmes inter-solitaires. Il se foutait des cicatrices cachées derrière le maquillage, des yeux de démons posées sur le visage de l'ange. Il voulait coller sa bouche sur ces lèvres parfumées au chloroformes, lécher sa langue empoisonnée. Son âme en était déjà ivre, embrumée, il se serait volontiers noyé dans son propre sommeil si tel en était le prix.
Ces yeux se faisaient tantôt loup, tantôt biche. Et il y nageait maintenant avec aisance, basculant entre deux réalités, deux penchants : Eros et Thanatos. Et Sartre n'avait qu'à enculer Kant. Ne m'oublie jamais, ne me pardonne jamais. Je ne te sauverais pas. Les gens n'avaient jamais aimés qu'eux même, et il ne serait jamais l'exception qui confirmerait la règle. Il avait délimité des frontières, garder un monde à part, pour les coups durs et elle le pénétrait depuis trop longtemps déjà. Il était l'attaquant, l'agresseur. Le sentiment, l'envie de vouloir lui faire du mal. Elle en était presque vulnérable. Il pressa avidement ses lèvres contre les siennes.
Le goût doux du chocolat se répandait sur la langue, se mêlait au parfum agressif qu'elle portait, une rose dont les épines vous lacéraient tout le corps. Un millier d'aiguilles agressèrent ses sinus. Il inspira profondément. L'avalant avec toujours plus d'avidité. Donne m'en encore. Le fruit était acide, il lui brûlait le palais, mais il ne s'arrêta pas, il avait déjà l'addiction, la toxine au corps. Ses lèvres se décollèrent, comme fatiguées, usées, meurtries. Il la repoussa, se laissait tomber dans la banquette comme si elle eut été un rempart contre le mal.
Il s'essuya la bouche du dos de la main, elle se léchait les babines. Son gloss au chocolat lui brûlait presque les lèvres dans un élan acide. Une douleur douce, un sensation de chaleur vivante sur ses muqueuses. Il en voulait déjà encore. Elle était une fleur à la cocaïne, une injection de désir dans les artères, de l'héroïne coulant dans ses veines. Il planta un regard assassin au fond de ses deux bassins d'absinthe, le souffle court. Une plante venimeuse qui l'enserrait déjà.
Sujet: Re: We committed a pure crime. Mer 29 Juin - 15:37
Si le regard du flic était asssassin, celui de Zee était meurtrier. On la sentait proche du point de non retour, les mains crispés sur ses coudes, le visage tendu à l'extrême. Il l'avait prise par surprise, lui donnant un grand coup de machoire érotique qui avait réussi à faire tomber ses dernières barrières. Le goût de ses lèvres, de cette peau fine et blessée, ne semblait plus lui appartenir, sa fragrance l'avait envahi et conquis. La guerre avait commencé et Zee avait perdu une première bataille.
La clope partagée tomba silencieusement sur la table.
Mais elle avait encaissé, elle se relevait. Elle tendit une jambe crispée sur la banquette en face d'elle, appuya sa botte sur le faux cuir rouge, juste entre les pattes du policier, sans le quitter des yeux, ceux-ci brillant d'une lueur mauvaise, ses sourcils soulignant son agacement de s'être laissée avoir. Elle resta ainsi, le regardant s'essuyer comme si elle n'avait été qu'un quelconque poison, sa bouche s'entrouvrit et sa langue vint caresser sa canine, comme si elle s'apprêtait à se repaître de l'inconnu.
Finalement Zee se leva, faisant tinter la cuiller dans la coupe de glace vide. Elle demeura un instant immobile, seules ses mains allèrent rejoindre ses poches, le défiant du regard puis, en un clignement d'oeil, elle se désintéressa de lui, comme si la chute de cette paupière triste balayait d'un coup de le feu de ses reins, comme si tout cela n'avait été qu'un caprice d'un homme seul. La jeune femme s'éloigna lentement, jusqu'à la porte vitrée, mais ne la franchit pas. A la place elle lança un regard moqueur au policier. Peut-être l'avait-il suivi, peut-être avait-il saisi son poignet, mais au fond elle savait qu'il resterait à leur table. Elle lui fit un signe de tête en direction de la porte. Il est temps de partir monsieur l'agent.
L'air frais de la nuit raviva un feu qu'elle croyait éteint, l'odeur de l'asphalte humide lui rendit ses instincts de chasseresse. Donne m'en encore. Et pourtant cet homme avait pu percer à jour le peu de fragilité qu'elle voulait bien montrer. Il avait entendu les "j'ai peur" aux vibrations de sa voix. Il avait compris les "je vais te tuer" à ses regards. Zee inspira longuement et se dirigea vers la voiture, animal inoffensif tapis dans l'ombre. Le véhicule la fascinait, l'inspira quantité de fantasme sur les policiers, leur autorités et leur rugosité.
Elle fut prise d'une envie assassine et se tourna vivement vers le policier qui la suivait toujours, la limite franchie, comme prête à lui asséner un coup de poing. Mais elle glissa simplement deux doigts dans le col de sa chemise qu'elle sentit presque craquer et lui attrapa violemment les lèvres, se plaquant contre la carrosserie inanimée. Déséquilibré il tendit les bras, abattant ses mains de part et d'autre de la jeune fille qui ne le lâcha pas pour autant, s'infiltrant dans ses muqueuses, sa langue investigatrice du terrain ennemi. Le métal froid mêlé à la chaleur excessive du policier la fit frissonner. Leur baiser avait un goût de brisure de dents, violent et inattendu.
Puis, aussi subitement qu'elle avait précédemment agit, Zee le repoussa, le chassant du dos de la main et s'installa à l'avant et claqua la porte sans y être invitée. Elle s'insinuait partout où elle le pouvait, fumée toxique et mortelle. Si le policier lui donnait la main elle prendrait le bras. Et s'il faisait l'erreur d'aller plus loin elle l'avalerait tout entier. Connaissait-il les risques ? Avait-il conscience qu'en prenant place, au volant, à ses côtés, il mettait son âme en jeu ? Installé il darda un regard indéchiffrable sur elle, alors la lionne se tourna tout à fait vers lui, posant une main griffus sur sa cuisse, faisant crisser ses ongles sur la toile du pantalon, puis elle colla sa bouche tout contre son oreille, en effleurant les contours, laissant échapper un râle calculateur.
« Emmène-moi chez toi. »
Il y a de la supplication dans la première syllabe mais le reste sonne comme un ordre. Et elle lui mord l'oreille pour cacher son jeu. Elle gagnerait la partie.
Crime
Sujet: Re: We committed a pure crime. Sam 2 Juil - 18:51
La cigarette brûlait et le renvoyait à la poussière d'où il venait. La cendre tombait mollement dans le cendrier sale, défoncé, qui portait presque le poids de sa conscience. S'il aurait un jour à remettre son âme quelque part, c'aurait été certainement là, au creux des mégots. Un objet misérable qui semblait tous les soirs sauver le monde de lui même, le petit pouvoir de recueillir les larmes au creux de la nicotine. Un sourire forcé lacéra son visage, le sourcil se crispèrent derrière les verres fumées. Le jour, comme une punition, semblait lui brûler les yeux.
Au loin la ville s'était déjà éveillée et était pressée, elle le laissait sur le carreau. Un petit appartement miteux, une garçonnière où s'alignent marlboros fusillées et bouteilles vampirisées. Le désordre ne lui allait plus, quelque chose avait changé, bousculé le foutoir si soigneusement établis. Il tira longuement sur sa cigarette, les volutes semblaient suspendus, figés dans l'air, et des fantômes se promenaient. Un souvenir trop frais d'une nuit passées avec une fille trop jeune, à effleurer des cicatrices d'un passé qu'il ne voulait pas imaginer. Elle était presque encore là, son parfum s'étant approprié tout l'espace, comme une dernière provocation. Elle s'était enfuis avec la nuit, l'aube l'avait cachée au creux du jour.
Et il la voyait encore dans le lit, faisant semblant de dormir, s'extrayant lentement des draps, partant pour ne pas se faire surprendre par le soleil accusateur. C'était une créature de la nuit, et tout comme lui, la lumière ne semblait plus vouloir l'éclairer. Sa tête lui faisait mal, comme après une soirée trop arrosée, le poids du manque peut être ? Il se leva lentement, se caressa la crâne, découvrit un petit mot sur la table de nuit. « C'était cool, merci. PS : Je t'ai emprunté 200 billets. » Un baiser style rouge à lèvres signait le petit mot. Il ricana et froissa le papier. Cette matinée aromatisée tabac avait ce mauvais goût de lendemain de fête. Quand on ramasse les bouteilles avec la gueule de bois.
Les images lascives de leur deux corps entrelacés, se vautrant dans le sex s'effaçaient déjà, comme on oublierait un rêve peu après s'être réveillé. Le tout était de l'accepter avec philosophie. Avec pour tout vêtement cette paire de verres fumés et un sourire en coin il contemplait la ville, penché sur son balcon. Au loin, le bruit du trafic, elle était peut être là, quelque part, à traquer sa prochaine proie ?