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 Tous les cris, les sos } Crime

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Snow Snow
Tous les cris, les sos } Crime 387262Alter1

Feuille de personnage
Wammy’s: H
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Âge: 18 ans
Sujet: Tous les cris, les sos } Crime Tous les cris, les sos } Crime EmptySam 21 Mai - 8:37

« Et j'ai ramassé les bouts de verre
J'ai recollé tous les morceaux
Tout était clair comme de l'eau
Contre le passé y a rien à faire »

    L’ombre grandissait au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de l’enfant tremblante, accroupie au coin du mur, retenant difficilement ses larmes et ses gémissements ; du coin de l’œil elle pouvait apercevoir cet ennemi antique, le pouvoir suprême des ténèbres qui ne cessaient de ramper vers elle, terrorisant son âme, déchirant son cœur d’un épouvantable hurlement d’horreur. Le courage avait déserté totalement son esprit et ses muscles refusaient de réagir à l’ordre tacite qu’envoyait son cerveau : bougez ! Bougez ! Bougez ! Et au bout d’un laps de temps qui lui parut infini, l’ombre fut sur elle, léchant le bout de ses tennis, la faisant sursauter ; d’un bon, elle fut sur ses pieds, alerte, s’enfuyant à toute jambe, et le monstre de cauchemar derrière elle, semblait envahir un peu plus à chaque instant l’espace où brillait encore la douce clarté lunaire.

    Elle courut jusqu’à ne plus pouvoir respirer, son cœur cognant si fort dans sa poitrine qu’elle colla sa main contre pour l’empêcher de s’arracher à son corps fragile ; elle haletait avec un bruit qui lui faisait tout autant horreur que l’ombre qui semait le trouble et la discorde sur ses pas et elle entreprit de continuer sa route, zigzagant au hasard dans le labyrinthe des couloirs. Elle ne se souvenait pas de ce lieu, ces pièces délabrée que l’Ombre avait déjà envahie et qui semblait vouloir la lui crachez au visage : elles semblaient appeler ce fantôme sombre pour qu’il vienne la chercher vite, plus vite encore que ce qu’il mettait en œuvre, pour qu’il l’emporte dans son enfer, l’enfermant à jamais dans son angoisse… Mais Snow ne voulait pas se laisser attraper, elle s’échapperait jusqu’à ne plus pouvoir respirer, préférant la mort ignorante et douce à cette peur sourde qui grondait en elle.

    L’adolescente sentit bientôt le fluide noire s’enrouler autour de sa cheville ; tout à sa rêverie et à sa peur elle ne l’avait pas vu s’approcher tant et elle fit un mouvement brusque pour essayer de se dégager, sans résultat. Lentement, l’Ombre semblait lui grignoter la jambe, remontant déjà jusqu’à sa taille alors que son souffle se faisait court, rauque et que ses yeux s’exorbitaient de peur, dégoulinant de larmes claires, ses tremblements redoublant d’intensité alors que ses mouvements commençaient à se paralyser. L’ennemi avait déjà atteint sa gorge lorsqu’elle ouvrit la bouche pour crier…

    °~°

    … mais aucun son ne daigna franchir ses lèvres alors qu’elle se dressait d’un coup dans son lit, froissant ses draps, les larmes dévalant ses joues, son corps secoués de spasmes brutaux. Un cauchemar, ce n’était qu’un cauchemar, elle était en sécurité, il ne fallait pas avoir peur, il n’y avait rien de réel dans ce qu’elle venait de vivre ; de peur de réveiller ses camarades de chambres et amies, elle se leva sans bruit, essayant vainement de calmer le rythme affolant des battements de son cœur, une main toujours posée dessus comme si ainsi elle pouvait assourdir ce bouquant improbable.
    Le cœur au bord des lèvres, elle se dirigea, tel un zombie tout droit sortie de Résident Evil, vers la salle de bain et se rinça la figure avec de l’eau fraîche avant de s’asseoir sur la cuvette de l’un des W.C. de l’infrastructure, rouler en boule sur elle-même, se substituant à la lumière comme aux ombres qui peuplaient la pièce d’eau. Elève habituellement calme, réfléchie et joyeuse, son cerveau avait déjà établit tout un programme pour la ramener à la réalité, calmer la moindre de ses angoisses pour la renvoyer tendrement dans son lit faire les plus beaux rêves qui puissent exister, peuplés d’êtres exquis.

    Mais rien ne semblait pouvoir calmer cette peur irrationnel qui semblait s’être emparée de son âme et après un soupir résigné – et toujours angoissé – elle consentit à quitter la pièce, errant alors dans les couloirs, activant par la même les lumières automatiques ; les capteurs faisaient correctement leur travail et dès qu’elle quittait le champ d’action d’une lampe, la lumière fanait doucement jusqu’à ne plus être qu’un souvenir au fond des iris couleur lapis-lazuli de l’adolescente qui arpentait les couloirs comme un fantôme, priant silencieusement pour ne pas croiser un surveillant à cette heure de la nuit, fut-il Tears. Elle adorait l’homme blond mais elle ne voulait pas lui attirer des ennuis en se baladant en-dehors des heures de couvres feus, dans une autre pièce que sa chambre.
    A force de déambulation où son imagination sournoise ne cessait de lui rappeler certaines scènes atroces de son mauvais rêve, elle fit la rencontre d’une pendule en cristaux liquide qui affichait d’un verre iridescent minuit quarante-cinq ; il était en effet bien tard et elle n’avait aucunement l’envie de retrouver son lit, son cœur toujours en état d’alerte.

    On dit que le hasard fait bien les choses et, à force de marcher, elle se retrouva non loin du dortoir du corps enseignant ; tout semblait silencieux mais ici les murs étaient plutôt épais et laissaient peu filtrés les sons disons… gênant. Snow n’était pas aussi candide qu’on pouvait se l’imaginer en voyant sa mine joyeuse habituelle et savait très bien quel professeur ou même quel élève avait des vues sur la première ou seconde catégorie d’habitant de la WH*. Elle ne cherchait personne en particulier et pourtant, ses pas la menèrent bientôt à s’arrêter devant une porte de bois simple ; elle savait qui couchait ici et posa une paume délicate sur le bois lisse qui ne comportait aucune aspérités.
    Elle hésita un instant puis colla son oreille contre la porte, écoutant attentivement ; mais comme pour le reste du couloir, elle ne perçu rien qui puisse lui signifier si Crime dormait déjà où non. Cependant, après quelques pas de recul, elle remarqua le mince filet de lumière qui filtrait sous le bois ; la lampe semblait allumer, elle espéra donc que son grand-frère serait éveillé. Après une courte inspiration elle frappa doucement ; ses coups résonnèrent dans le couloir vide et, de peur qu’une autre personne du corps enseignant ne surprenne ce bruit inhabituel, elle n’attendit pas le consentement du jeune adulte pour entrer : elle ouvrit la porte et se glissa par l’interstice ainsi créée, refermant derrière elle la lourde plaque de bois ouvragée, doucement pour ne pas émettre un son de plus qui risquerait de trahir sa présence.

    Ses pieds nus frémirent en sentant le sol doux sous ses pieds, la moquette qui revêtait la chambre et elle la caressa du bout de ses doigts en un geste mécanique tout en observant la pièce autour d’elle ; bien sûr, elle était sortie assez précipitamment de sa chambre – bien que veillant à ne pas sortir de leur sommeil ses compagnes d’infortune – et elle était toujours en tenue de nuit. Si Snow faisait preuve de raffinement dans sa manière de se vêtir le jour, il était beaucoup plus fréquent la nuit qu’elle enfile un simple T-shirt trop grand, extrêmement confortable pour dormir.
    C’était ainsi le cas et elle se sentait perdu sous le poids du coton qui lui tombait jusqu’à mi-cuisse, dévoilant en partie la peau blanche de ses jambes menues. Une brise douce mais fraîche fit courir un délicieux frisson sur sa peau, provenant d’un fenêtre entrouverte ; ces yeux avaient rapidement rendu compte à son cerveau et une affirmation s’imposait : la pièce était vide, où pouvait bien se trouver Crime, qu’elle lui confie ses soucis de ces dernières heures, qu’elle s’oublie gentiment contre lui, la force placide et cette aura bienfaisante, puissante qui émanait de lui la rassurant pour qu’elle laisse s’en aller loin ses mauvais rêves ?
    Déjà, les souvenirs cruels recommençaient à s’attaquer à sa mémoire sans pitié et elle sentit son corps recommencer à trembler. Prudente, elle s’écarta de la porte, fit quelques pas et se laissa choir sur le grand lit trônant dans la pièce, espérant que le simple fait d’imaginer sa présence rassurante, puisse calmer un peu ses angoisses téméraires.

    Vite, Crime, pensait-elle, revient, s’il te plait, revient me délivrer des tourments que je m’inflige.

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Crime Crime
Tous les cris, les sos } Crime XBAwa
Sujet: Re: Tous les cris, les sos } Crime Tous les cris, les sos } Crime EmptyMer 8 Juin - 17:05

    Ce n'est pas ce que tu crois. Devaient être les premiers mots auxquels il avait pensé quand elle avait fait irruption dans la chambre. Un rayon de soleil dans un un placard sombre et embrumé. Il se levait péniblement avec la lenteur de celui qui en faisait toujours trop, se sentant comme fait de pierre et d'acier, un monstre pathétique gorgé de poison, plein comme l'aurait été la terre noire . La bouteille de whisky à moitié vide hérissait sur la table de nuit comme l'autel d'un culte interdit et archaïque. Il titubait, cherchant désespérément à repeindre le tableau de débauche qu'était sa chambre, la honte s’immisçant lentement dans son cerveau alcoolique, le sentiment qu'une main invisible vous secouait d'une manière ridicule, aliénant votre corps et laissant votre conscience assez sauve pour faire pleurer vos yeux, devant une foule où familles et amis se mêlaient, formant un horrible rictus. Il aurait voulu pouvoir tomber à genoux, dire qu'il était désolé avec le charme de celui qui se repend, mais les mots lui fondaient sur le palais, le laissant comme un bègue devant une salle bondée, incapable d'articuler le moindre son.

    Au lieu de ça tout son être plaidait coupable, des yeux injectés de sang aux épaules affaissées. Tout ce qu'il pouvait faire étant alors de se laisser tomber à terre se justifiant par « un dernier verre, une dernière cigarette », ne pas devenir un morceau de nuit, mais rester noir clair et attendre une aube salvatrice qui dissipera la brume de tabac et exorciserait la beauté fatale nommée Whisky. Le blanchissant pour une journée de plus. Mais les murmures hypocrites et autres pieux mensonges ne prendraient pas ce soir, il ne s'enfermerait pas dans le cloître de la nuit, ne pleurerait pas pour s'endormir, on ne le déclarerait pas innocent. Le procès ne faisant alors que commencer.

    La chambre s'était dressée en un immense tribunal où juge était à la fois jury et bourreau. Son costume était froissé et il avait la gueule de bois, son derrière était vissé sur le banc des accusés. Avec comme gardiens culpabilité et honte. Ceux qui vous accompagnent souvent le soir au moment d'aller au lit, vous murmurant des choses obscènes, vous suggérant toujours de plus belles et pieuses illusions pour endormir votre conscience et rêver d'une vie un peu meilleure. Il n'avait pas voix au chapitre, ses lèvres, closes, semblaient cousues à tout jamais. Ce soir il n'était pas au centre de l'affaire, tout au mieux un complice, celui qui fait le guet.

    Il resta de longues secondes à la regarder, debout, raide comme un arbre centenaire, la bouche se réduisant à une mince ligne d'écorce, des larmes menaçant de couler sur ses immenses poings serrés. L'impuissance était comme des chaînes qui vous entravaient, vous retenant prisonnier d'un seul de pierre brute. Une image de ce qu'il n'avait jamais su faire, le souvenir fugitif d'une petite fille en pleur parcourant un appartement tandis que son protecteur dormait paisiblement à des univers de là. Un millier d'actes manqués vous revenant en pleine face avec la force du regret, un océan de misère vous submergeant. Des genoux de géants touchèrent le parquet, le sol trembla. Il déploya d'immenses bras maladroits et l'enserra du mieux qu'il sut.

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Snow Snow
Tous les cris, les sos } Crime 387262Alter1

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Wammy’s: H
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Sujet: Re: Tous les cris, les sos } Crime Tous les cris, les sos } Crime EmptyJeu 9 Juin - 15:49

« Et les larmes nouées de stress
Etouffent un peu plus les cris d'amour
De ceux qui sont dans la faiblesse »


    Perdue dans la prison de son esprit, balançant entre son angoisse et la haine de ses peurs, elle ne l’entendit pas venir ; les bras puissant de Crime l’entourèrent maladroitement, provoquant un léger sursaut de son cœur affolé, manquant s’arracher de la faible cage de sa poitrine.
    Elle se sentait hideuse, ainsi mise à nu, laissant transparaître ses émotions et les peurs lointaines et confuses qui habitaient encore son âme. Depuis longtemps déjà, elle aurait dû surmonter ses craintes ; mais, lâche, elle n’osait les affronter et l’Ombre grandissante dans son cœur la terrifiait. Elle était sa propre victime et sa propre ennemie ; il n’y avait personne d’autre qu’elle, la fasse cachée de son âme, un esprit tordu et vicieux qui lui chuchotait des pensées toujours plus viles.
    Et elle ne savait pourquoi, il fallait toujours que ce soit lui qui la voit ainsi ; peut-être était-ce une volonté céleste, peut-être était-ce juste instinctif : dans ses bras gauches aux muscles noueux et puissant, elle se sentait sereine. Il aurait pu être le plus vil des assassins, le plus fourbes des meurtriers qu’elle se serait laissée choir sans aucune défense entre ses grandes mains d’homme. Mais il n’était pas cela, il était distant et mystérieux mais elle le savait doux et d’une gentillesse à faire fondre le cœur d’une biche.
    La vérité n’avait pas d’autres versions à ses yeux et son esprit restait focalisé sur ses conclusions merveilleuses.

    Les battements affolés avaient repris un rythme docile et agréable, l’organe vital, calme, ne cherchait plus à s’échapper et les sombres pensées dont elle était victime s’envolèrent rapidement, en même temps que les dernières larmes dévalaient lentement ses joues, asséchant ses prunelles claires et tendres.
    Elle s’était recroquevillée contre lui, instinctivement, ses tremblements avaient cessés à son contact et sa respiration rauque avait retrouvé son silence habituel. Elle était redevenue calme et paisible comme si tout cela n’avait jamais eu lieu, comme si l’océan de peur qui s’était abattu sur elle n’avait été qu’une illusion d’optique imposée par son cerveau fatigué.
    Elle aimait cette présence rassurante qui savait apaisé toutes ses craintes et savait profité de chaque seconde où elle pouvait être ses côtés ; elle savait que le jour où elle devrait quitter l’orphelinat, elle ne pourrait compter que sur elle-même, qu’il fallait qu’elle défi ses plus sombres tourmentes pour pouvoir s’en sortir à l’extérieur ; mais en attendant de trouver le courage de le faire, il lui restait la présence rassurante de ce vieux frère de cœur qui la considérait comme sa propre fille.
    Peut-être un jour connaîtrait-elle son histoire, sans aucun doute terrible, mais qui méritait de ne jamais être oubliée.

    Elle posa ses mains délicates sur les bras robustes qui l’enserraient toujours et prit une grande bouffée d’oxygène ; lui parvint alors les effluves de l’odeur masculine mêlée à celle de l’alcool ; il avait lui aussi sa propre manière de combattre ses chimères, pensa-t-elle, et ne le jugea pas pour cela : elle était bien trop heureuse d’être de nouveau sereine et non plus assaillie par ces terribles visions d’une mort douloureuses et sans aucun doute honteuses. Etre vaincue par ses propres peurs, il n’y avait pas de manière plus lâche de mourir à ses yeux ; c’était comme se suicider de l’intérieur, sans aucune autre lésion qu’un pauvre cœur affolé qui s’était soudainement éteint.
    Elle comprenait l’immense effort qu’il devait fournir pour la réconforter ainsi, lui apporter de la chaleur, de la lumière, chassant ses ténèbres ; elle savait. Elle ne dit rien, pas un mot, murmurant un merci silencieux du bout de ses lèvres bleuies par le froid qui s’était emparé de son corps et qu’il arrivait aussi à chasser de ses bras.

    Crime était un magicien, capable de faire fuir le moindre de ses cauchemars par sa simple présence ; et jamais, ô grand jamais, elle n’aurait assez de gratitude à son égard. Elle se sentait redevable mais ne pouvait lui rendre la pareille : elle ne savait comment soigner ses maux comme il soignait les siens ; elle ne savais comment panser les plaies vives de son cœur ; elle ne savait comment sécher les larmes qui avaient creusé de profond sillons sur ses joues ; elle ne savait pas non plus, comment redonner les couleurs de la joie son visage cireux.
    Elle ne savait pas. Et elle souffrait de ne pas savoir.
    Comme si elle aurait dû être devin, comme si elle aurait dû porter dans son esprit la connaissance des autres ; comme si dans ses gênes on aurait du lui greffer l’empathie pour qu’elle trouve les mots justes et les gestes tendres qui sauraient le faire revivre.
    Elle ne voulait pas le voir se détruire, elle voulait être forte pour pouvoir le guérir du mal qui le rongeait.
    Et pourtant il n’y avait que devant lui qu’elle montrait cette part d’elle, lâche et pleurnicheuse. C’était le monde à l’envers, son cerveau ne tournait plus rond, ses analyses devenaient farfelues.

    S’accrochant à lui comme le naufragé se cramponne à sa bouée, elle fini par tourner légèrement la tête, se débarrassant de ces agaçantes mèches blondes qui l’empêchaient de distinguer les traits de son visage d’un mouvement d’épaule, observant le visage rassurant de l’adulte qui veillait sur elle de toute sa splendeur. Elle desserra les lèvres, voulu dire quelque chose mais les mots restèrent coincés dans sa gorge.

    Merci, ne lui avait jamais paru aussi difficile à prononcer.
    Alors qu’il était le plus important de tous termes.

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Crime Crime
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Sujet: Re: Tous les cris, les sos } Crime Tous les cris, les sos } Crime EmptySam 18 Juin - 22:13

    Ses bras déssèrerent leur étreinte. Lentement, avec précaution, comme on enlèverait la roche du coeur d'un homme, ne pas le blesser. L'exercice était périllieux, et à ce moment il tenait plus de l'équilibriste amateur que du professeur sûr de lui, celui là même qui s'aventurait pour la première fois au dessus d'un gouffre sans fond, la peur lui entrant dans l'âme. Il se releva lentement, le sol grinçait, ses genoux blessés s'anesthesiant avec l'altitude. Dans ce genre de moment on croit toujours que le pire est passé. Il retournait dans sa peau de géant, son semblant d'assurance, carapace semblable à une peau de pierre, lui revenait. Lentement. Comme la poudre d'or s'égrénenerait dans le sablier.

    Il était debout, de retour dans sa tour de granit, imprenable pour un temps. Ses yeux la scrutèrent de haut en bas, des kilomètres semblaient les séparer. Il aurait pu tendre le bras, mais ne l'aurait jamais touché. Sa main fit l'espace d'une seconde la nuit sur ses yeux, avant de glisser sur son visage, effaçant les tranchées creusées à grand renfort de larmes. Il était temps de s'éloigner de nouveau, de partir, de se cacher, d'être fort. A chaque fois que la catharsis prenait fin il se regardait, comme hors de son corps et se disait toujours d'un air honteux et désolé que ç'en était trop, que ça avait duré trop longtemps. Il effaçait rapidement la honte de son visage, ses yeux redevenaient gris, sa bouche se durcissait. Seuls ses joues demeuraient rouge feux, comme si elles étaient dotées d'une volonté propre. La température montant lentement, à chaque regard qu'il deposait sur elle.

    Dérangeant maladroitement l'ordre de la pièce, il saisit un paquet de cigarette, en tira une, et après un bref combat avec le briquet, l'alluma. Un volute de fumée envahit la pièce, atténuant un peu l'atmosphère gênée qui s'était emparée des lieux. Il ouvrit la bouche, et murmura quelque chose, du genre tu ne fumes pas hein... Un constat plus pour lui même que pour elle. Il s'empressa de jeter le paquet dans un coin. Avant de se laisser tomber sur le lit. Elle, était toujours debout, il s'empressa de désigner le fauteuil confortable et luxueux, agitant ses bras comme s'il eut été sourd, avant de revenir sur terre, soupirer, et de la gratifier d'un s'il te plaît, tête baissé. Un sourire sembla effleurer les lèvres de la jeune fille, il n'en était pas sûr, ne préféra pas savoir, gêné.

    Le bâton cancéreux arrivea à son terme, il l'écrasa, à contrecoeur. Il devait trouver autre chose pour distraire sa propre attention, paraître un adulte, la fermer, les mots lui semblant des gargouillis venus de très loin. Sa bouche lui parut desséchée, il jeta un regard fugitif au whisky bon marché posé sur la commode, il lui faisait de l'oeil... Et probablement à elle aussi. Il se leva, saisit le goulot et en versa deux rasades dans de petits verres, en insistant un peu sur le sien. Il ajouta un peu d'eau au second, calculant ses gestes, les milimetrant avec l'assurance de celui qui savait comment faire. Il la regardea du coin de l'oeil, un sourire sembla passer sur ses lèvres. Il voyait déjà la protestation dans ses yeux déstabilisés, presque intrigués par son attitude. Lui se voulait rassurant au possible, du moins tant qu'il put.

    Il lui tendit le verre, lui disant simplement de boire, sa voix avait la chaleur du liquide ambré, une façon de lui dire de ne pas s'inquiéter, de se reposer sur ses épaules à lui. Il sourit pour de bon. La peinture rouge semblait chaleureuse, acceuillante, le cuir du fauteuil se détendait, Un feux doux brûlait dans les murs.
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Snow Snow
Tous les cris, les sos } Crime 387262Alter1

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Wammy’s: H
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Âge: 18 ans
Sujet: Re: Tous les cris, les sos } Crime Tous les cris, les sos } Crime EmptyDim 19 Juin - 10:26

    « Pris dans leur vaisseau de verre
    Les messages luttent
    Mais les vagues les ramènent
    En pierres d'étoiles sur les rochers »


    Elle sentit la chaleur salvatrice se retirer et le froid s’emparer de son corps une nouvelle fois ; elle frissonna, voulu le retenir mais ne le fit pas, consciente qu’elle était à présent bien trop grande pour jouer à la petite fille capricieuse. Alors elle laissa les bras puissant se retirer, l’abandonner à sa sérénité retrouvée, lentement, très lentement, comme s’il avait peur de la briser en mille éclats de verre par ce simple geste.
    De ses yeux clairs elle suivit ses mouvements, le regarda se relever et redevenir le professeur un peu bourru qui l’avait pourtant secouru tant de fois. Il semblait osciller entre deux états, celui qui lui avait permis de la consoler, et celui qui constituait une barrière épaisse et froide autour de son cœur, pour le rendre, sans doute, inaccessible.
    Elle suivait les allers-retours de ces jolis yeux gris entre elle et l’espace qui l’entourait, calme et immobile comme une fragile statue de sel ; elle se sentait bien à présent, le froid l’avait quittée en même temps que la peur s’en était allée : son regard était pour elle comme un bon feu de cheminée par une nuit de tempête. Sa chaleur l’enveloppait et chassait les craintes d’une nuit agitée.

    Le silence qui régnait en maître dans la chambre ne la dérangeait pas ; c’était une chose merveilleuse et rare dont le souvenir devait rester précieux. Elle regarda le bâtonnet de nicotine rougeoyer et la fumée monter vers le plafond ; Snow n’aimait pas les cigarettes, drogue accessible à tous et qui ne servaient qu’à renflouer les caisses de l’Etat sur le dos des malades qu’elles engendraient. Mais il était libre de ses choix, libre de ses gestes et elle le laissait combler le stress causé par la dépendance.
    Elle avait l’ouïe assez fine pour l’entendre se murmurer qu’elle ne fumait pas et un léger sourire effleura ses lèvres, secouant la tête de droite à gauche avec douceur, comme pour répondre à cette question qui n’en était pas une.
    Elle le regarda se poser sur le lit, lui désigner le fauteuil un peu plus loin. Docile petite poupée de verre dirigée par un marionnettiste invisible, elle inclina légèrement la tête avant d’aller prendre place dans le siège confortable. Une fois installée, elle regarda en silence la cigarette se consumer dans son intégralité, la longue chute des cendres devenant soudainement fascinante.

    Les pensées lointaines, songes imaginaires, l’attirèrent dans leur danse sauvage et elle fut soudainement étrangère à la scène, un court instant ; en réalité, peut-être avait-il besoin qu’elle s’en aille, retourne se coucher et le laisse en paix avec ses remords ? Elle se trouva bien égoïste de lui imposer sa présence et s’apprêta à lui dire que s’il préférait se reposer elle pouvait s’en aller, lorsqu’elle le vit se diriger vers la bouteille.
    Tout d’abord curieuse, une lueur de désapprobation éclaira ses prunelles ciel. N’avait-il pas assez bu, en cette macabre nuit de tempête ? Mais il ne se préoccupa pas de ses sentiments et servit deux verres.
    Oui, deux verres.
    Constatation qui la fit réfléchir un instant, avant qu’elle ne se retrouve avec le verre dans la main, les odeurs sucrées du whisky s’emparant de son odorat. Elle huma les effluves, oscillant entre méfiance et décontraction. La blonde n’était pas une grande alcoolique, s’il lui arrivait de prendre un verre de temps en temps, ce n’était que pour fêter de grandes occasions ; ainsi, elle était ivre rapidement.

    Elle regarda une nouvelle fois Crime, puis le verre, puis Crime et de nouveau son verre. Son hésitation était presque palpable. Le liquide ambré sentait fort mais l'odeur n'était pas des plus désagréable. Elle consentit finalement à tremper le bout de ses lèvres dans la liqueur coupée à l’eau. Amère petite liqueur. Elle grimaça, légèrement dégoutée, sentant la brûlure incendiaire à l’intérieur de son corps glisser lentement jusque dans son estomac.
    Immédiatement elle sentit la chaleur s’emparer d'elle ; sensation étrange mais agréable. Elle se laissa aller contre le dossier du fauteuil, ramena ses jambes contre son ventre et observa de nouveau son verre, faisant tourner l’ambre dans sa prison de verre.
    Quoi dire, quoi faire, elle ne le savait pas. Mais les mots s’échappèrent, seuls, de sa bouche, vague murmure hésitant.

    « Le goût est affreux. Comment fais-tu pour boire quelque chose comme ça ? »

    Simple constatation. Tous les goûts sont dans la nature, comme on dit, et celui-là était à classer dans « détestable ». Néanmoins, elle y trempa de nouveau ses lèvres, ignorant la petite voix alarmée au fond de sa tête ; ce que lui avait donné le bel homme suffirait largement à la mettre dans un état second. Elle-même ne savait pas les ravages que l’alcool pouvait occasionner sur son corps ou son esprit. Aurait-elle l’alcool joyeux ou l’alcool triste ? A moins que le verre ne l’emporte simplement au pays des rêves, mais de jolis rêves cette fois.

    Soudaine appréhension. Mais il était trop tard pour reculer, elle avait lancé la machine, rien ne pourrait l’arrêter. Elle posa ses yeux azur sur le visage froid de l’adulte et essuya un frisson courant sur sa peau ; un sourire pleins de sollicitude finit par éclairer ses traits tendus et elle espéra que Crime aussi se sentirait bientôt mieux.
    Même si le whisky n’était sans doute qu’une solution éphémère pour pallier à leurs soucis respectifs. Une autre gorgée amère lui brûla la gorge et elle toussa légèrement, détournant la tête. Puis elle reporta son attention sur lui, les yeux brillant, l’esprit commençant déjà à être embrumé par la liqueur ambrée, ses pensées devenant totalement incohérentes et exotiques. Le pêle-mêle total dans son cerveau, comme si une tornade mettait à sac les tiroirs bien rangés de la commode « réflexion ».

    Elle eut comme un hoquet, porta de nouveau le verre à ses lèvres pour le faire passer puis elle plongea ses yeux brillant dans ceux du professeur et demanda d’une voix au ton légèrement excité :


    « Raconte-moi une histoire »

    Remake du Petit Prince, au lieu du mouton elle voulait une histoire. Elle rajouta la formule de politesse, se leva, délaissant le confortable petit fauteuil et vint prendre place à ses côtés sur le lit, le regard avide de voir sa demande satisfaite.
    Petite princesse capricieuse.

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Crime Crime
Tous les cris, les sos } Crime XBAwa
Sujet: Re: Tous les cris, les sos } Crime Tous les cris, les sos } Crime EmptyLun 20 Juin - 4:58

    Raconte moi une histoire. La phrase avait fait l'effet d'une pierre tombée au fond fin d'un puits. Troublant une eau qui dormait depuis des millénaires. Appelant les voix du passé à ressurgir à la surface. Les remous étaient des murmures lointains, des souvenirs et actes manqués refoulés trop longtemps. Pour peu il aurait pu sentir une centaine de mains l'agripper et l'attirer dans les ténèbres de son inconscient. Il déglutit difficilement.

    Les vagues allaient et venaient nonchalamment, caressant le sable fin de la plage sous un soleil qui semblait en fin de vie. Au crépuscule on croyait souvent entendre l'eau parler, murmurer, chanter une balade mélancolique. Une photographie argentique d'une femme délaissée, d'une enfant abandonnée, muse qui appelle un artiste déjà lointain. La nuit tombe et une lumière douce filtre d'un petit pavillon de plage loué pour la nuit. Des rires et de la joie secouent les quatre petits murs, et les étoiles semblent des yeux envieux, buvant la lumière et les rires avec avidité et nostalgie. Une voix de petite fille demandait à ce qu'on lui raconte une histoire. Il avait répondu qu'il n'en connaissait pas, un sourire embarrassé sur les lèvres.

    Le temps manqué et perdu semblait s'infiltrer par chaque orifice de la pièce, suintant même des murs comme à l'intérieur du corps d'un monstre ronflant. Cette fois non plus il ne connaissait pas d'histoire. Du moins il n'en avait jamais connu. Et c'était comme si des mondes entiers le suppliaient au fond de ces yeux bleus. Pour peu elle aurait abattu les minuscules étoiles grises qui se trouvaient dans les siens. Il détourna le regard, cherchant un peu de contenance dans l'univers qui se trouvait par delà la fenêtre. Il se racla la gorge et balbutia quelque chose qui ressemblait à ce qu'il avait dit des années auparavant. Les mots lui laissèrent le même goût amer et médicamenteux sur la langue.

    Il lui passa la main sur la joue, caressa longuement ses longs cheveux blonds. Ses yeux étaient un millier de canon mettant en pièce le bouclier de pierre de son visage. Il était désolé, ou plutôt désolation, tout un être menaçant de s'effondrer sur ses maigres fondations. Il répéta la phrase, appuyant intérieurement chaque syllabe, la main toujours dans les cheveux blonds de la jeune fille, espérant peut être un ultime exorcisme. Sa voix avait alors le timbre du pardon, un petit brin de « Coney Island de l'âme ».

    Tous les mots et autres motifs au monde n'auraient pas été suffisants, pas contre le mur qu'était le visage et les yeux suppliants d'une enfant en attente. Mais c'était pour l'instant tout ce dont il était capable. Le sentiment d'incompétence se muait en culpabilité, une amie bien connue, à laquelle il ne se ferait probablement jamais. Il ouvrit la bouche, balbutiant en silence, cherchant un mot pour pallier au fantôme qui l'hantait depuis si longtemps, mais à part l'image d'un flocon de neige, son cerveau ne fut incapable de formuler quoi que ce soit. Il se sentit comme clouer au sol, entravé un peu plus par le poids de l'ignorance qui pesait depuis déjà longtemps sur ses épaules, et alors se décida enfin à lui demander son nom.

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Snow Snow
Tous les cris, les sos } Crime 387262Alter1

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Sujet: Re: Tous les cris, les sos } Crime Tous les cris, les sos } Crime EmptyLun 20 Juin - 10:52


    Quelque chose s’était brisée en lui. Sans le vouloir, par un manque d’inattention flagrant, elle avait fait un trou énorme dans la carapace de pierre de Crime. Ses yeux pétillaient toujours, dans l’attente des mots qui annonceraient le commencement de l’histoire « il était une fois » ; ou d’autres, qu’importaient ? Elle aimait les livres, elle aimait leur monde magique, merveilleux et l’ambiance fantastique qui se dégageait de chacune de leur page, l’invitant à un voyage fabuleux où chaque souvenir resterait à jamais graver au fond de sa mémoire.
    Snow connaissait des tas d’histoires ; à la naissance on l’avait dotée d’un don rare : l’hypermnésie. Un don ou une malédiction au choix puisque cet état était considéré comme une pathologie médical ; mais peut-être avait-elle juste beaucoup de mémoire pour se souvenir aussi facilement de tout ce qu’elle lisait. Elle ne se trouvait pas dans Harry Potter ou dans le Seigneur des Anneaux, ici-bas la magie n’existait pas.
    Bien qu’il lui arriva parfois de confondre rêve et réalité, laissant son esprit divaguer dans d’autres univers.
    Mais pour l’heure elle était bien présente aux côté du grand homme brun et le fixait, son délicat sourire d’adolescente étirant toujours ses fines lèvres pâles. Comme dans une sorte de demi-sommeil elle se rendait compte que sa demande avait ébranlé l’adulte mais ne pouvait s’empêcher d’espérer qu’il exauce son souhait du moment.

    Alors, lorsque par deux fois il lui répondit qu’il ne connaissait pas d’histoire, une lueur triste au fond de ses prunelles anthracite elle eut un léger sursaut surpris ; comment pouvait-on ne pas connaître une seule histoire ? Crime était un professeur, il avait du faire des études, on apprenait à lire à partir de petites nouvelles spécialement écrites pour les enfants et puis plus on grimpait, plus on devait lire les livres donnés par les professeurs… N’avait-il jamais lu que de la documentation, des études, des essais, des pamphlets… ?
    Etrange constatation. Mais la main passée sur sa joue, perdue dans ses cheveux comme pour demander pardon silencieusement, était agréable et elle ne dit rien, le regardant, un brin curieuse, un brin indécise, les vapeurs de l’alcool l’empêchant de réfléchir correctement.
    C’était pratique, tiens, d’avoir un Q.I au-delà de la moyenne si on ne pouvait même pas s’en servir ! Surtout que là, elle avait besoin de réfléchir pour ne pas commettre une autre méprise qui le rendrait encore plus triste. La vie avait dû être dur avec lui, bien plus qu’avec elle et les souvenirs de son ancienne vie semblaient douloureux. Et elle faisait erreur sur erreur, retournant le couteau dans la plaie à chacun de ses mots. Peut-être devait-elle apprendre du silence aujourd’hui, peut-être que les mots étaient simplement une arme pour faire mal aux autres.
    Et Snow détestait faire du mal aux autres, il n’y avait rien dont elle avait plus horreur que de rendre les autres triste. Elle voulait être comme le soleil d’hiver, celui qui réchauffe les cœurs par sa simple présence et fait briller la neige. Ou encore le soleil vainqueur, illuminant le ciel sombre de nuages capricieux, bataillant pour briller de son éclat sauvage et ainsi chasser la noirceur céleste.

    Mais elle n’était pas un soleil, elle était un poignard et elle venait de transpercer le cœur tendre de Crime. La honte sembla s’emparer de son frêle petit corps et elle essuya un frisson assassin, ne voulant trahir les sentiments confus qui habitaient son cœur. Mais son visage était comme un livre ouvert, on pouvait lire dans ses yeux, on pouvait lire dans le moindre de ses traits, comme une porte ouverte sur son âme fragile de petite fille.
    Elle avait dix-sept ans mais au fond ce n’était rien d’autre qu’une fillette qui avait voulu grandir trop vite et dont une partie de l’enfance, certes courte période, avait été volée pour ne plus jamais lui être rendue. Et cette toute petite partie de ses souvenirs, elle tentait chaque jour de la modifier, de la refaire ; mais ca ne pouvait marcher, on ne pouvait faire de l’enfer un paradis. Et elle le savait mais, têtue, elle s’évertuait à réaliser ce que personne n’était en mesure de faire : altérer le passé.
    A force d’avoir lu trop de livre, des espoirs insensés avaient assouvis son cœur et, dans un raisonnement illogique et surréaliste elle s’était mise à espérer que la science avancerait assez pour changer le cours des choses. Mais c’était impossible.

    Sa main s’était posée, minuscule, sur sa jumelle, perdue dans la blondeur de ses cheveux et ses yeux où le panel de ses émotions avait défilé, n’avaient pas quitté un seul instant ceux de l’adulte. La dernière question, simple murmure, lui était parvenue comme à travers la brume et l’avait ramené sur terre ; son verre était toujours posé sur ses genoux, à moitié pleins, et il lui renvoyait un regard vide. Elle se serait volontiers perdue dans l’abîme de ces yeux gris mais, légèrement surprise par la question, papillonna un instant des cils, tentant de comprendre où il voulait en venir.
    Mais ses neurones ne coopéraient absolument pas et des questions sans réponses battaient tambour dans sa tête. Elle avait peur qu’il n’attende une réponse précise et que celle qu’elle s’apprêtait à lui livrer n’était pas du tout celle qu’il voulait entendre ; et puis il y avait une autre réticence qui sonnait l’alarme au fond de son cerveau : à son entrée à l’orphelinat, chacun recevait un pseudo, une nouvelle identité. Peut-être était-ce un moyen de prendre un nouveau départ mais il lui semblait aussi que c’était pour une question de sécurité.
    Elle avait confiance en Crime, une confiance qui s’achetait à prix d’or et elle pouvait lui livrer ce secret ; mais elle n’aimait pas parler d’elle, même ses plus proches amis ne savait pas grand-chose de son passé avant la Wammy’s. Ici, elle était Snow, elle était l’adolescente au style gothique, calme et patiente. Devait-elle vraiment lui ouvrir la porte sur son passé ? En fouillant un peu, elle savait qu’il était facile de retrouver les coupures de presse qui avaient révélé son histoire au monde entier, son nom y était clairement inscrit ; mais à part le directeur, qui savait qu’elle avait vécu la plupart de ses années d’enfance au fin fond des campagnes françaises ? Qui savait quels crimes avaient commis son père ? Et qui savait aussi qu’il était actuellement emprisonné et, qu’au final, elle n’était pas orpheline au sens propre du terme ?
    Elle n’avait juste plus de famille dans son cœur, on l’avait simplement abandonnée.

    Son cœur se serra et ses lèvres se crispèrent, alors que sa main tremblait contre la sienne. Le sourire avait disparu et son visage était légèrement livide ; ces souvenirs, elle n’en voulait pas, elle n’en voulait plus. Même Marc l’avait abandonné ici alors qu’elle lui avait accordé sa confiance. Elle était comme un petit animal sauvage dont on avait tué la mère et qu’on essayait d’apprivoiser par pitié de le voir devenu orphelin.
    La scène de Rox et roucky où le renard est abandonné en forêt lui revint en mémoire et la musique résonna au fond de son âme. Lorsqu’elle avait vu le dessin-animé, l’horreur de ses souvenirs était encore fraiche et elle avait pleuré pendant plusieurs jours. A présent elle ne pleurait pas, il y avait la présence rassurante du colosse de pierre à ses côtés, mais elle était triste. Et puis, il fallait apporter une réponse, à cette question, qui planait, suspendu, au creux de ses oreilles.
    Elle avait baissé la tête, se dissimulant derrière ses lourdes mèches couleur soleil et la releva pour plonger une nouvelle fois dans les prunelles grises.


    « Est-ce que mon… identité… a vraiment beaucoup… d’importance ? »

    Elle avait failli ajouter « pour toi » mais ne voulait pas commettre une nouvelle erreur. Déjà, elle avait répondu à une question par une autre, pas très fair-play. Et elle avait peur que cette réponse- qui au final n’en était absolument pas une – lui fasse un peu plus mal. Au fond de son âme elle criait qu’elle avait confiance en lui, mais il était dur de lui livrer la clé de son passé, comme ça, alors que tout deux étaient noyés dans l’alcool aussi bien que dans leur chagrin. Mais si elle ne lui répondait pas et qu’il se rendait compte qu’elle ne valait pas la peine qu’il lui accorde autant d’attention ? Comment ferait-elle ?!
    L’angoisse l’étreignit un peu plus et elle déglutit discrètement, décidant que, peut-être, il valait mieux changer de sujet, son nom n’ayant aucune signification particulière. Surtout pour elle, comme si elle n’en voulait plus.
    Elle lui avait fait mal lorsqu’elle lui avait demandé une histoire, elle voulait se rattraper mais en même temps elle ne voulait pas le faire souffrir plus et du coup elle hésitait largement à revenir sur cette histoire… d’histoire.

    Si bien, qu’elle garda le silence, hésitante
    .
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Crime Crime
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Sujet: Re: Tous les cris, les sos } Crime Tous les cris, les sos } Crime EmptyVen 24 Juin - 21:41

    Il s'en voulu. Il s'en voulu horriblement, entrevoyant avec trop de clairvoyance les potentiels jours de regret que son faux pas, sa question déguisée représentait. Les monstres étaient déjà sur le seuil et salivaient à la vu de cette culpabilité fraîche. Sa gorge se serra. Cette fois, c'était elle qu'il blessait. Il voulu tendre les bras en avant, balbutier quelque chose, des excuses marmonnées, n'importe quoi, lui faire oublier ce coup au cœur. Mais ses appendices semblaient paralysées, entravées par un millier d'os et de muscles de pierre. La sensation de glisser sur les parois d'une interminable montagne. Et elle au sommet, qui le regardait d'un regard de tristesse et de pitié. Les autres n'avaient pas leur pareil pour vous faire sentir misérable, plus bas que terre. Il baissa les yeux, cherchant refuge et réponse au fin fond de lui même.

    Il ne savait que faire, et chaque secondes qui passait était une image du passé déguisée en question aux réponses tranchantes. Ses bras, murs protecteurs, murailles de pierre, lui paraissaient sans vie, lourds, inertes, mue par une volonté qui n'était pas la sienne. La douleur de sa propre incapacité. Il s'en voulait de se laisser souffrir, de faire souffrir, mais son amertume ne se transformerait jamais en force, il avait trop honte de ce qu'il était. Il ouvrit la bouche, cherchant à aligner des sons, des lettres, sa cognition demeura page blanche, un crayon trop taillé, une machine à écrire verrouillée. La réponse ne venait jamais d'elle même. Elle devait être chercher en autrui, il fallait creuser et déterrer le fossile. Comme on écrirait une histoire.

    Il n'était sûr de rien, mais se leva. Le plancher grinçant semblait une corde raide, des charognards grognant en dessous. Son pas de pierre innassurée, il aurait pu tomber à tout moment, la sensation de chute étant déjà là. Il lui prit le verre et le posa sur le bras du fauteuil, puis se saisit de sa main, lentement, comme il l'aurait fait pour un nouveau né. Elle semblait de porcelaine. Son regard désolé pénétrait ses pupilles, ils le savaient tout deux, son identité n'avait aucune importance. Il la tirait lentement vers lui, vers le lit. Lentement, sûrement, comme on manierait une pièce archéologique d'une infinie rareté. Les draperies écarlates du lit allaient à sa chevelure. Comme à une princesse de conte de fée. Il allait lui raconter une histoire.

    Les grandes personnes oublient trop vite les histoires, du moins ils ont trop souvent la conviction d'en avoir jamais connu. On ne lui en avait jamais raconté, et il n'en avait jamais lu aucune. Mais ses nuits d'enfants n'en avaient pas moins demeurées peuplées de chevaliers et de dragons, des réminiscences qui s'éteignaient lentement, la sensation d'une enfance déjà trop lointaine. Il se revoyait parfois dans les pensionnaires de l'institut et se sentait comme appartenant à un corps qui n'était pas le sien. Quelque chose de perdue, une occasion, une unique chance à jamais partie. Mais il ne serait plus jamais le héros d'une quelconque cause perdue, plus après ce soir. Cette nuit il avait une princesse à apaiser, à sauver.

    Il avait été une fois un chevalier qui après maintes guerre et années ne croyait plus en sa princesse, il l'oubliait, menant une vie de tueur de dragon. Allant de conquêtes en guerre et autre actes héroïque. Sa vie se faisait autour de ses faits d'armes. Si tant que ses visites à son château se faisaient de plus en plus espacées jusqu'à s'arrêter totalement. Il oubliait dés lors la princesse, qui attendait un enfant. Il revint un jour, triomphant, le temps l'ayant marqué à jamais et se découvrit seul dans le froid de la pierre, regrettant de n'avoir vu que sa propre existence. Il partit dés lors à la recherche de sa princesse et de son enfant qui devait déjà être né. Mais après des années de recherche, se résigna, il ne les reverrait jamais. Il était très triste et vieillit, devint un vieux chevalier. Un jour vint et son château disparut, il erra des jours jusqu'à trouver un nouveau royaume, une nouvelle vie à protéger, à laquelle se dévouer. Il finit par atteindre son but et se dévoua à sa cause, il était désormais heureux. FIN.

    Après avoir terminé son récit il la regarda pendant de longues secondes, se noyant dans le bleu de ses yeux. Au dehors on entendit faiblement la chant d'un oiseau. L'aube arrivait à grand pas. Il était temps de dormir. Il passa une dernière fois sa main dans sa chevelure blonde, et tous deux se décidèrent à se séparer jusqu'à la prochaine fois.
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Sujet: Re: Tous les cris, les sos } Crime Tous les cris, les sos } Crime EmptyVen 24 Juin - 22:26

    Les mots naquirent de ses lèvres, comme un flot déversé subitement, un torrent de lettres mêlées les unes aux autres dans l’harmonie de leur poésie. Elle sentait sa main menue dans la sienne, si grande et si forte, la chaleur de son cœur palpitant dans ses veines à l’unisson du sien. Elle était absorbée par les belles prunelles grises, plongeait au fond du gouffre sans l’espoir d’en remonter, sans la volonté de le faire. Et les mots, toujours, coulaient encore au creux de ses oreilles, résonnaient dans sa tête, s’imprimaient dans son esprit. Une histoire de chevalier et de princesse ; un chevalier orgueilleux, en apparence, et une princesse malheureuse ; c’est ainsi que le ressentait la blonde, perdue dans la contemplation de l’anthracite, une mélodie ancienne accompagnant le récit de Crime, faisant corps avec les mots, s’accordant au rythme des battements de son cœur.

    Continue, ne t’arrête pas.

    Un frisson indélicat secoua ses épaules ; le conte était beau et triste, elle aimait la voix grave qui le racontait, elle se laissait bercer par le timbre profond et s’imaginait à la place de la princesse. C’était comme ça avec Snow, il fallait toujours qu’elle prenne la place d’un personnage, qu’elle fasse corps avec l’histoire.
    Comme elle était triste, cette fille de roi, amoureuse d’un chevalier solitaire et oublieux de son bonheur ; et chaque jour elle regardait son ventre se gonfler et tendre le tissu de ses robes de moire, de soie et de velours ; et tous les jours elle restait de longues heures appuyée au rebord de sa fenêtre, regardant au loin, le chemin sinueux qui menait au château de son époux victorieux. Il était tendre et aimant – elle imaginait – mais son désir de conquête semblait plus important que l’amour qu’il lui donnait et elle le vit s’éloigner de plus en plus, priant chaque jour qu’il survive aux champs de bataille.
    Quelle idée farfelue que d’avoir un amant belliqueux ! Etait-ce une punition divine pour avoir préféré l’amour au prince choisi par son père ? Un prince en valait un autre mais il n’avait pas acceptée et elle avait fuit.

    Au fur et à mesure que Crime narrait, Snow complétait l’histoire dans sa petite tête blonde, inventait des faits, sentaient son cœur se serrer en même temps que grandissait la tristesse de la princesse. Et bientôt l’enfant vint, sans père, celui-ci semblant les avoir totalement oubliés ; elle avait renoué les liens avec son père dans sa solitude, implorait son pardon, parlait de l’enfant nouveau-né. Elle délaissa le château de son amant, s’en alla rejoindre le bastion de ses aïeux, priant ciel et terre pour que jamais plus l’amour ne puisse ravager son âme comme il avait assassiné son cœur…

    Et l’histoire trouva son terme, la belle voix grave se tut et la magie qui régnait dans la pièce s’estompa soudainement ; il n’y avait plus de preux chevalier, plus de princesse, plus d’enfant. Le cheval blanc avait porté son maître jusqu’à sa mort solitaire, oublié de tous, reclus dans son palais vide et froid, perdant peu à peu l’espoir de retrouver la chaleur du corps féminin contre le sien… C’était triste, Snow en avait les yeux humides ; elle ne pleurait pas mais on sentait que le point de rupture n’était pas loin. Le chant d’un oiseau résonna dehors, la chambre se colorant des premières lueurs de l’aube ; elle avait embêté Crime un long moment, bien plus longtemps qu’elle ne le pensait.
    Aucune notion du temps, la blondinette ! Il y avait toujours la chaleur familière autour de sa main et elle sentit ses cheveux glisser entre les doigts de Crime alors qu’un regard leur suffisait pour comprendre que le moment de la séparation était venu ; il fallait se coucher et dormir. Elle étouffa un bâillement, Morphée tentant déjà de l’emporter dans ses bras, loin du corps vigoureux de Crime.
    Il lui fallait donc regagner son lit sans un bruit, ne pas réveiller ses compagnes et amies qui dormaient dans la même chambre.
    Elle abandonna ses lèvres sur sa joue un instant éphémère, baiser sucré d’adolescente, lui murmura de passer une bonne nuit puis elle délaissa la présence rassurante, vainqueur contre ses peurs les plus sombres, glissa sa main en-dehors de la sienne, lui fit un dernier signe puis quitta la chambre.

    La nuit serait courte mais elle donnerait une fin heureuse à cette histoire de princesse, au plus profond de ses rêves
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