Baba cool dans l'âme, petit peace maker dans l'esprit, né pour être justicier quasi-pacifiste. Voici Papa. 

Papa est du genre à être le papa de tout le monde, il a cet air qui rassure, ce sourire consolant les pleurs dévoilant ses dents blanches contrastant avec sa peau de fake noir. Il rit de bon cœur, il a une grosse voix qui fait fuir les mômes, grosse voix grave descendant dans des octaves les plus rares. Il a cette dégaine du tonton super cool qui fume et qui se soucis pas trop du futur. Il rit toujours, il ne se moque pas mais rit avec. Il n'est pas bien méchant ce grand gaillard, il est plutôt simple à cerner. Il est ce métisse qui fait des blagues pourries et qui a toujours quelque chose à dire, aussi inutile soit ce commentaire. Sociable et marrant, il est pas trop du genre à mettre la pression mais plutôt à détendre l'atmosphère. Il aime les gens, il est ce poto fidèle qui fait passer ses amis avant n'importe qui, avant n'importe quoi, avant lui-même. Il est ce dj du coin qui parle souvent pour rien dire, à faire abuser de ses conseils clichés : soit plus cool. détends toi. calme bébé, je comprends et je compatis. Il a pourtant ce don de toujours avoir la bonne phrase à placer au bon endroit, il sait écouter et réconforter les gens dans leur malheur. Il défend ses idées et n'hésite pas à s'exprimer. Il est cet inconnu qui représente les justes, qui parle au nom de la paix et contre la discrimination, défend les plus désavantagés et démunis. Papa est pourtant un putain de sale macho. Jamais il ne laissera faire du travail lourd aux femmes, il n'osera jamais violenter une femme, et ne pourra pas non plus de leur manquer de respect. Il est ce macho galant mais qui choque certaines féministes. Les gars sont caractérisés par leur force, les nanas le sont par leur douceur. Une femme sans tendresse n'est qu'un humain sans sexe. Papa est un gros cœur généreux sensiblement sensible. Il est ce dj rappeur qui passe son temps à faire le swagboy. Il utilise son talent de rappeur pour s'exprimer, pour se faire connaitre et se faire comprendre.  Il est peace, mais peace avec justice. Il n'utilise son gros poing que sur les hypocrites, qu'en choisissant ses causes. Il essaye de ne pas balancer son poing connaissant ses dégâts, il espère à chaque coup que ce coup sera le dernier, il aimerait ne jamais pouvoir utiliser sa violence. Mais il sait qu'il n'est qu'un homme avec telle ou telle faiblesse. Pas rancunier cependant, il le pardon facile. En soi plutôt facilement manipulable, il n'est pas non plus ce soumis de première classe : regardez comme il est gaulé. C'est l'ami qu'on aime bien garder avec nous parce qu'il a l'air protecteur et prêt à tout. Il transpire le bonheur et respire la liberté. Rien de plus qu'amoureux de ce qui l'entoure. Simpliste et se contentant de ce qui lui passe sous le nez. Il n'aime pas les choses complexes, tout comme il ne complexe pas. Sa bonne humeur est contagieuse, il atteint tout les gens qui lisent en lui, qui arrivent à déceler son bonheur, ceux qui réussissent à voir ce que Papa voit. C'est sa manière de vivre qu'il enseigne aux autres. C'est pas non plus Bob Marley, ni Martin Luther King. Il est Papa, le mi-Marley-King. Un mélange des deux, un militant pour la liberté et l'égalité comme le protecteur de consommateur de ganja. Il n'en est d'ailleurs pas dépendant. Il apprécie fumer des joints de temps en temps, mais il est loin du tox près à mourir. Il ressent les effets et les expriment à sa façon. Papa est simple et n'est pas dur à prédire, il est prévisible comme le criminel des films d'horreurs. Il est aussi prévisible que la coccinelle prête à s'envoler, aussi prévisible que la Team Rocket et sa réplique. Bon joueur et imbécile heureux bonne poire. Trop gentil et généreux au point de ne plus savoir quoi refuser, au point d'être le gentil vieux venant offrir des gâteaux à la voisine. Papa est aussi ce black utilisant un langage compromettant. Hey niggz. Yo bitchiz. Wassup brah ? Bref. Ces phrases sont souvent ponctuées de man, nigga, bitch, bro. Mais Papa n'est qu'un étranger qui a appris l'anglais par son père américain. Il possède donc un accent espagnol dans l'extreme ridicule couplé à son accent naturel de noir, dû à sa mère. Vous connaissez tous l'accent africain malgash, béninois ou encore congolais. C'est d'un exceptionnel hors du commun.  

— Haha. Pupa Popo White ! Comment c'est trop la honte.
— Cool maaaan.

Je suis né d'une mère africaine, d'un père américain métisse couleur café comme moi. Ma mère est une grosse noire puissante. Vous savez le genre de maman qui transporte 6 enfants sur elle tout en prenant les transports en commun, gueulant de sa voix grave pour ne pas perdre aucun enfant. Non, ma mère était française et parlait très bien cette langue, à quelques fautes de grammaires et d'accents près. Et sinon elle parlait couremment le créole, même si je n'ai jamais su le faire comme elle. Ma mère me parlait en français, toujours. Et mon père me parlait en anglais, voire en français quand il se rappelait vaguement de ce qu'il avait appris et surtout retenu en Amérique. Ma famille était riche, assez riche. Mon père n'était pas non plus l'homme américain typique ayant réussi grâce au rêve américain. Mon père avait la particularité d'être né d'une mère afro-américaine et d'un père très blanc, très riche, très beau et très célèbre. Il avait épousé cette femme noire pauvre uniquement par amour, brisant certains clichés établis en Amérique pendant cette période là. Mon père avait donc hérité de toute la grande fortune de mon grand-père, extrêmement riche. Mon père était d'ailleurs toujours le cancre, qui savait qu'il n'avait pas besoin de travailler car il avait un avenir déjà assuré. Bref, en gros, ma mère et mon père se sont rencontré lors d'un voyage. Mon père était venu visiter Paris pendant que ma mère habitait en banlieue avec sa grand-mère. Ils se sont tombés dessus dans le métro, chose toujours très typique des films à l'eau de rose. Ma mère n'était ni grosse ni mince à cette époque, et elle était une belle renoi. Mon père a vite fait de l'épouser, et l'emmener vivre à Cuba.

À Cuba, oui. Mon père était immature et irréfléchi jusqu'au bout, mais il avait rêvé d'y habiter une fois qu'il aurait trouvé sa femme. Ce qu'il fit sans se gêner. L'étendu du problème fut la langue parlée. Là-bas, ils parlaient l'espagnol. Mon père savait parler l'anglais et gardait un peu de ses compétences de français approximatif. Ma mère savait parler le français, un peu l'anglais et le créole. Rien que pour s'entendre, se comprendre et communiquer, ils devaient tous les deux faire énormément d'efforts. Mais l'amour n'est gêné par rien, ils savaient que c'est ce qui faisait la particularité de leur couple improbable. Donc le problème fut la communication au sein du couple mais aussi à l'extérieur, étant donné qu'aucun des deux ne savaient parler l'espagnol, bande de fous. Mais ça ne les a pas empêché de me concevoir moi, ainsi que 5 autres bambins. J'avais 13 ans quand mes 5 autres frères avaient respectivement 18, 15, 10, 8 et 3 ans. Six enfants, ça fait quand même beaucoup. Mais en plus de ça, on a eu la chance ou le malheur de tous avoir des prénoms très étranges, mais qui existaient (ça me rassure que je ne suis pas le seul à m'appeler Pupa, ni Popo dans ce monde man). D'où mon prénom, Pupa Popo, deux prénoms ridicules combinés en un seul, génial, la belle vie, mais je n'ai le choix que d'assumer mes faiblesses et aller de l'avant, c'est pas comme si je m'appelais Cocu ou Poupette. Mais il fallait aussi que le nom de mon père soit White, blanc en français. Un noir, qui s'appelle Pupa Popo White. Je répète, un noir, un bon noir viril qui s'appelle Pupa Popo, surnommé la plupart du temps par Papa, ou Pupapo par ses camarades de classe. White. Je sais pas si vous saisissez le soucis, mais y'a vraiment un gros soucis.

Bon, rien de plus banal dans mon enfance. Né d'un père riche, je vivais dans une demeure plus que grande à Cuba. J'ai appris à parler l'espagnol, de façon normale. Mon père me parlait en anglais alors bon, voilà bonjour l'anglais. Ma mère me parlait français, alors voilà la belle galère. Mes frères et moi avons appris à ce moment qu'être le pigeon de deux parents ayant du mal à communiquer pouvait être avantageux.

— Hey maaan.
Ça, c'est le tic de parole de mon père.

— Soit cool mon enfant.
Ça, c'est la phrase préférée de ma mère.

Un peu leur devise, leur façon de vivre, leur manière de nous éduquer sans se fatiguer. Aucun de nous n'a fait de dérive violent, on a tous grandi de façon correct, ce dont ils étaient fiers. Ils étaient pareils. La même façon de voir les choses, la même morale, la même manie de sourire, rire, vivre. On aimait ça. On aime toujours ça.

J'ai bien suivi leur éducation. Des « man » à tout va, des « allah » à chaque phrase car ma mère était musulmane. Des bêtises orthographiques, de syntaxes, de grammaires, de conjugaison. J'en ai bavé, mais je m'en suis sorti vivant, plus vivant que le reste de mes frères. Cuba, j'aimais ce pays. Cette chaleur, ces gens, ce paysage. J'étais donc heureux de vivre, dans l’absolu. Et ayant aussi pris du caractère justicière de ma maman et du caractère cool de mon papa, j'étais plutôt aimé à l'école et bon, je vivais comme un roi, un roi avec un prénom à coucher dehors certes. J'ai aussi découvert vers mes 15 ans que je possédais un QI très supérieure à la moyenne, ce qui expliquait aussi le fait que j'assimilais plus vite les langues parlées dans mes alentours que mes 5 autres frères. J’ai eu effectivement plus de facilité à communiquer avec mon entourage, accents compris cependant. De toute façon, parmi les 6, fallait bien qu'un soit spécial, pour compenser les 5 merdeux que sont mes fabuleux et merveilleux frères (love you mes frères you know what it iiiis). Mes parents, ou devrais-je dire nos parents, plus on grandissait, moins on les voyait. Ils partaient souvent en voyage laissant les majeurs et responsables s'occuper des plus jeunes, nos parents étaient des crevards voulant baiser tranquillement, boy. Ils s'aimaient encore à la folie ces deux tourteraux, et on les aimait à la folie nous aussi heh. Même si on nous laissaient traîner derrière à Cuba, l'île de rêve, quoique pas plus mal que de partir en voyage dans des pays où passer la frontière est un calvaire fatiguant.

Cuba, c'était le bonheur. Une ile vraisemblablement paradisiaque, pour une famille roche. On avait tout, tout ce qu'on voulait, on était des enfants plutôt gâtés. C'était bien, ça avait le mérite de nous faire aimer de tous les hypocrites et tous les sincères. En vue de notre couleur et notre richesse, énormément de gens voulait devenir amis avec nous.

— Je peux venir chez toi?
— Désolé, y'a déjà 8 potes qui dorment aujourd'hui.

Bref. On était vachement bien comme ça, nous. À vivre comme si on était des Dieux. À vrai dire, je ne m'étais jamais imaginé la suite de notre histoire. Je pensais que ma vie bienheureuse allait continuer tourner en mode replay, à l'infini. Jusqu'à ma mort. Mais tout ça, c'était seulement jusqu'à leurs morts. Pas le mien, pour mon plus grand désarroi

Tous les jours, on picolait, on fumait des joints comme on fumerait la maison. On faisait des chichas ramenés par les parents à chaque heure de la journée. On était vachement bien, tous les six, seuls à la maison. Mais toute bonne chose ont une fin, c'est ce que j'ai appris en apprenant la mort de nos parents. Morts dans un crash d'avion, en allant en Iraq. On a longtemps pleuré, tous les six. Papa nous avait légué sa fortune, mais il ne restait presque plus grand chose, pas assez pour une grande famille de six membres, sachant que nous étions tous les six des hommes. La quantité de nourriture n'était pas négligeable, je suis un énorme bouffeur, et bon, je ne peux qu'assumer ma partie virile. On se retrouvait tous les six orphelins, quoique les deux plus grands de la famille étaient majeurs et désormais responsables de nous. Mais moi, je ne pouvais pas rester dans la maison en ne foutant absolument rien.

On m'avait proposé la Wammy's House, que j'avais décidé d'intégrer à mes 18 ans. Je laissais les trois petits derniers bambins sous les soins de mes deux grands frères.

— See you guys, I LOVE YOU BROTHERS.

Et je suis parti pour l'Angleterre. Je me suis promis de réussir dans cet établissement et ainsi ramener de l'argent à la seule famille qui me reste, mes frères. Attendez-moi quelques années encore, les gars. La déprime du « je perds mes parents » est terminée, je passe à autre chose, il y a autre chose qui m’attend d’encore plus précieux. J’ai encore de l’espoir, encore assez pour sourire comme je le faisais avant.

— HEYA, NIGGA. WHASSUP.

Moi et la Wammy's House collons plutôt bien tous les deux, c'est un peu devenu une histoire d'amant, à force. À vrai dire, j'aime les gens qui y sont, j'aime les profs, et j'aime la joie de vivre mystérieuse qui les anime alors qu'ils sont pour la plupart, orphelins. Je m'y suis habitué, aux gens et aux habitudes que j'ai dû commencer à apprendre au fil du temps. Je m'entends plutôt bien avec les gens ici, quoique la famille manque. Quand les gens m'appellent Papa, je me sens comme ému. Genre je me sens affreusement comblé. Papa est un surnom qui me fait rappeler ce que j'oublie de temps en temps, et cela doit aussi s'appliquer aux gens d'ici. Finalement, je ne me sens pas étranger ici. C'est devenu mon chez-moi très naturellement. 

Cool story cousin.