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 Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège.

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Sujet: Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. EmptyMar 1 Nov - 16:19

Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. Tumblrlpb0jh1x8p1qk8vwr

    La pièce avait retrouvé son calme depuis quelques minutes. Les deux corps s'étaient séparés et tandis qu'Arpège était restée sur la table, Slave s'était affalé dans le fauteuil du procureur. Complètement nus, silencieux, immobiles. Dire qu'il y avait quelques instants à peine, ils faisaient sauvagement l'amour. Mais voilà, la tension était retombée et Slave commençait à se demander s'il n'avait pas exagéré.

    Non, il ne pensait pas au fait d'avoir couché avec elle. C'était normal. Leur rendez-vous du 15 du mois, soigneusement secret. Bon, c'était une élève, certes, mais ce n'était pas comme si il sortait avec ou avait une quelconque attirance pour elle. Elle était là, c'était tout. Une sorte de remplacement de la masturbation. Rien de plus. Bon, ok, elle n'était pas moche, mais il préférait les femmes plus vieilles. Les adolescents l'énervaient, enfin, lui faisaient peur. Trop compliquées, trop complexées, trop soumises. Pas intéressantes.
    Non, le problème était ailleurs. Le problème était que ce n'était pas comme prévu. En effet, s'ils étaient le 15 novembre, il était loin d'être 19h, heure habituelle du rendez-vous, mais plutôt 17h. Ils étaient en avance. Beaucoup trop. Ça n'allait pas. Slave aimait suivre ses petites habitudes de manière bien réglée. Il n'aimait pas troubler son quotidien, même s'il avait conscience de suivre beaucoup trop son instinct.
    Et voilà, aujourd'hui, son instinct avait pris le contrôle. Depuis quelques jours il sentait le 15 arriver, bien plus que grâce au calendrier, il le sentait dans son corps. Il avait besoin de relation sexuelle. Alors bon, quand il avait croisé Arpège quelques heures avant le rendez-vous il l'avait juste... attrapée ? Agrippée ? Kidnappée ? Transportée comme un sac à patate jusqu'au tribunal -la salle la plus proche- ? Prise de force pour la violer à moitié sur le bureau du juge ? Bref. Il avait les clés de presque toutes les salles de l'orphelinat en tant que surveillant, autant en profiter, et ils avaient encore trente minutes avant qu'un cours ne commence.
    Mais bon, ça le gênait, cette histoire, et il se serait bien excusé auprès d'Arpège. Mais il savait qu'elle s'en moquait. Il était même sûr qu'elle avait adoré se faire attraper comme ça. Et que cela avait été loin d'être un viol. Et c'était bien ça le problème.

    Il l'observa un instant, cette adolescente qu'il ne comprenait pas. Déjà parce qu'il ne comprenait rien à l'art ni à la musique. Ensuite parce qu'il ne comprenait rien aux filles. Et en plus parce qu'il savait qu'elle était intelligente, enfin pas irresponsable, enfin pas si elle le pouvait. Bref, ils n'avaient rien en commun. Rien du tout.
    Mais elle ressemblait à Santana, un peu, un tout petit peu. Pas physiquement, hein. La mélomane française n'avait rien à voir avec son africaine d'ex-petite amie, grande et presque sans forme, avec son carnet à dessin qu'elle baladait partout. Mais Arpège avait du caractère, une grande gueule quoi. Et puis, quand elle souriait, parfois, elle lui ressemblait, à Santana, un peu, un rien. Juste assez pour faire osciller Slave entre le contentement et l'étrange impression d'avoir quelque chose coincé dans la gorge.
    Cela faisait deux semaines depuis la Toussaint, deux semaines depuis que Gang avait pris une journée de congé pour aller sur la tombe de celle qu'il avait aimé. Straw avait eu le droit de l'accompagner et ils étaient restés immobiles, silencieux, pendant plusieurs heures à rester devant sa tombe. Gang, agenouillé devant la tombe, s'était forcé à ouvrir la bouche pour lui raconter, le mieux possible, ce qu'il avait vécu depuis la dernière fois. Il lui avait expliqué qu'il ne pourrait plus venir aussi souvent qu'avant, puisqu'il n'était plus à Londres. Mais qu'il était heureux. Et qu'elle lui manquait. Un instant, il avait espéré l'entendre le sermonner d'utiliser aussi peu de mots. Mais rien ne s'était passé. Straw l'avait attendu, bien sagement, serrant sa peluche contre elle, elle qui ne l'avait jamais connue mais qui avait peiné à retenir ses larmes en lui disant au revoir, le soir venu. Lui, n'avait pas pleuré. Il venait de lui dire qu'il était heureux alors il ne pouvait pas pleurer juste après, ce serait la tromper. Il était sûr qu'elle l'aurait engueulé, de toute manière.
    Soudainement, Slave lâcha :

    « Tu peux faire autre chose que d'te faire baiser sur un bureau, tu sais. »

    Ce n'était pas une question, juste une remarque. Même pas une remarque, juste une affirmation. Un bout de ses pensées, un morceau brut du fil chaotique de ses impressions. Il n'était vraiment pas doué pour faire la conversation, même s'il était toujours bien plus prolixe après avoir couché. Quelques secondes après cette phrase d'exception composée de plus de trois mots et avec un verbe conjugué à l'intérieur, il aboya presque :

    « Clope. »

    Il tendit le bras vers elle d'un geste désinvolte, sûr et certain qu'elle répondrait positivement à sa requête. Il était son supérieur. Il venait de coucher avec elle. Et il avait envie de clope, mais n'étant pas fumeur, n'en avait pas sur lui. Straw ne voulait pas qu'il fume, parce que ça puait. Mais bon. Elle n'était pas là, alors tant pis. En observant l'adolescente partir à la recherche de la denrée recherche, il fronça les sourcils, pensif, construisit sa phrase puis reprit la parole, renouant avec l'idée qu'il avait énoncé en premier.

    « Tu l'mériterais, j'pense. »

    Slave était plus prolixe après avoir couché. Peut-être parce qu'il était plus détendu, vidé. Peut-être à cause de l'habitude des moments de complicités qui avaient toujours suivi l'acte avec Santana. Peut-être, tout simplement, pour oublier ce qu'il venait de faire.


Dernière édition par Slave le Sam 26 Nov - 12:24, édité 1 fois
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Arpège Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. 767573Arpge3A
Arpège
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Sujet: Re: Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. EmptyMar 1 Nov - 20:05

Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. 917101tumblrltqcndILzD1r33w95o1500large

En un mot, la journée avait été particulièrement relou. Sherlock avait réveillé Arpège timidement en lui signalant qu’elle avait séché les deux premières heures de cours, et qu’il était temps maintenant qu’elle se lève. Péniblement, la jeune mélomane s’était réveillée avec une fâcheuse gueule de bois et, une clope au bec, elle avait enfilé une tenue décente après sa douche. Marchant dans les couloirs, au radar, un professeur lui avait renversé sans faire exprès son café dessus. Autant vous dire que ça réveille pas mal, une tâche dégoutante sur son nouveau haut. Déjà en retard, ne pouvant se permettre d’aller de changer, elle était arrivée dégoulinante de café en cours de français, ignorant les railleries de ses camarades. Arpège s’était assise à côté de Muse, lui demandant une feuille et un stylo, histoire de faire mine qu’elle travaillait. Mais elle n’en avait que faire de ce cours, elle était déjà bilingue français, peu lui importait d’écouter comment conjuguer à l’imparfait du subjonctif les verbes du troisième groupe de sa langue natale. Donc, écoutant de la musique, elle avait somnolé pendant deux trop longues heures, attendant avec impatience le repas. Midi avait sonné, elle était sortie en première de la salle. La jeune femme était allée chercher End au complexe sportif, et ils s’étaient grillés une cigarette dans le parc de la Wammy’s House en se racontant leur matinée. Seul et unique moment sympathique de la journée. Ils étaient allés manger ensemble, rejoignant quelques amis, puis, une bataille de nourriture avait commencé. Arpège, étant habituellement la première à y prendre part, avait trouvé cela extrêmement chiant. Quand on est de mauvaise humeur, on est vraiment de mauvaise humeur. Un gamin lui avait balancé de la purée dans les cheveux. Pas du tout amusée, elle lui avait collé son assiette dans la figure, et était partie prendre une douche rapidement. La sonnerie de quinze heures avait retenti, et la jeune brune était arrivée un quart d’heure en retard en cours de théâtre car elle avait fait un saut dans sa chambre pour se changer et prendre une aspirine – gueule de bois, quand tu nous tiens. Comme une journée de merde n’est pas une journée de merde sans une bonne humiliation, le professeur de théâtre l’avait littéralement atomisé sur place, expliquant aux autres Words que c’était précisément le comportement qu’il ne fallait pas avoir.

    « T'disais pas ça la dernière fois, quand t’étais entre mes jambes. »


Renvoyée de cours pour insolence. Fallait pas exagérer non plus, c’était vrai en plus, ce qu’elle lui avait dit. Mais Arpège avait bien remarqué que, généralement, les profs manquaient d’humour, et surtout n’assumaient pas leurs actes. Elle avait donc vagabondé dans les couloirs, seule, car elle n’avait croisé absolument personne dont la compagnie lui aurait été agréable suite à une journée aussi insupportable.
La jeune nymphomane s’était allumée une clope dans un couloir, assise sur une fenêtre, il était presque 17h. Slave, le surveillant, était apparu, une lueur étrange dans son regard animal. Arpège s’était dit que c’était fini, qu’il allait la coller parce qu’elle fumait à l’intérieur, qu’à la fin de cette journée elle n’aurait plus qu’à se suicide – chose qu’elle n’aurait jamais faite, elle s’aimait trop pour se foutre en l’air, voyons. Mais quelque chose lui était venu en tête, une chose à laquelle elle n’avait pas du tout pensé en ce jour incroyablement chiant. On était le 15 novembre. Et le 15 de chaque mois, Arpège et Slave avaient pour habitude de se retrouver en secret pour coucher ensemble, s’adonner à ce jeu interdit. La jeune femme avait mis un réveil à 19h sur son smartphone lui rappelant chaque mois, car c’était l’heure à laquelle ils se retrouvaient toujours. Or, leur rendez-vous était dans deux heures, ils avaient le temps. Il fallait croire que Slave en avait envie, tout de suite, maintenant. Il s’était emparé du bras d’Arpège, et l’avait presque trainé avec violence vers le tribunal. La brune avait fait mine d’avoir mal au bras, qu’il la serrait trop fort. La vérité était que cet acte violent l’excitait au plus haut point, tout comme le fait qu’il lui fit l’amour brutalement sur le bureau du juge.

Slave était assis sur la chaise du juge, Arpège encore allongée sur le bureau, complètement nue. Elle jeta un regard vers le surveillant, puis sourit. Rien n’aurait pu plus illuminer sa journée qu’une partie de jambes en l’air aussi bestiale. Là, maintenant tout de suite, elle se serait bien grillé un joint. Mais elle se rappela que le jeune homme était anti-drogue. Il fallait pas déconner avec les surveillants, même s’ils étaient ses amants.

    « Tu peux faire autre chose que d'te faire baiser sur un bureau, tu sais. »


Arpège se releva, fronçant les sourcils, intriguée par cette phrase. Avant toute chose, elle se rhabilla, remettant simplement son string noir, afin d’être assise plus confortablement sur le bureau. Elle se mit en tailleur sur le bureau. Slave lui demanda une cigarette, comme souvent après avoir fait l’amour. Elle lui tendit généreusement, après d’être allumée la sienne.

    « Tu l'mériterais, j'pense. »


Que pouvait-il bien dire par-là ? Arpège pouvait passer pour une petite pute sans ambition donnant son corps à quiconque le voulait. Dans un sens, ce n’était pas totalement faux. Mais il n’y avait rien de triste à sa situation. Elle aimait ça, si ce n’est qu’elle adorait ça. C’était un choix, que d’être ce qu’elle était aujourd’hui, et elle n’appréciait guère que l’on remette en cause son style de vie. Au fond, elle savait qu’elle était bien plus que cela. Elle était une artiste détentrice d’un talent hors-du-commun, un peu génie des langues, et une sacrée bombe sexuelle. Oui, l’égo d’Arpège ne décroissait pas avec le temps, au contraire. Bien sûr, il y avait des raisons pour lesquelles elle était une fille facile. Raisons sans lesquelles, en ce jour, elle n’aurait pas été ce qu’elle était. Raisons auxquelles elle n’aimait pas penser. Des viols, une stérilité, un besoin d’attention et d’affection. Tout le monde ignorait qu’Arpège était plus qu’une pute, à part End, ou d’autres de ses amis proches.

    « C’t’à dire ? Enfin, ok. Mais à quoi tu penses, précisément ? J’pige pas trop mec. »


Arpège savait que Slave n’était pas très bavard, voire pas du tout. Mais, une fois vidé, il était beaucoup plus prolixe qu’habituellement. Elle se disait parfois qu’elle devait être une des seules personnes sur Terre à avoir le droit à des phrases entières de la part du surveillant coréen. D’ailleurs, elle devait être une de ses seules partenaires sexuelles. Elle ne le voyait pas trop sauter toutes les élèves un peu faciles et pas trop moches de l’orphelinat. Sûrement était-elle une exception.
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Sujet: Re: Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. EmptyVen 2 Déc - 18:39

"She tied you to a kitchen chair
She broke your throne, and she cut your hair
And from your lips she drew the Hallelujah.
"

Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. Tumblrlby9ybh7vv1qbujxs
    « C’t’à dire ? Enfin, ok. Mais à quoi tu penses, précisément ? J’pige pas trop mec. »

    Slave ne pu empêcher un petit sourire de s'installer sur son visage. Enfin non, pas vraiment un sourire, on ne peut pas appeler ça un sourire, mais son visage se détendit et son regard s'adoucit. Quelqu'un de plus ouvert que lui aurait sûrement rit un peu.
    C'était exactement le genre de phrase que Santana lui aurait dit dans la même situation. Le même ton, le même vocabulaire, le même regard, il lui manquait juste l'accent. Encore une fois, Slave se vit remonter le temps, il se revit allongé sur le canapé pendant que Santana lui criait de ne pas bouger pendant qu'elle dessinait. Santana qui fumait comme un pompier. Santana qui faisait l'amour comme une déesse. Santana qui parlait trop, trop fort et trop vite. Santana et ses complexes, Santana et son rapport à l'art qu'il ne pouvait pas comprendre. Santana et sa violence. Santana et son excentricité. Santana qui a besoin qu'on s'accroche à elle pour ne pas s'évaporer. Slave ferma les yeux en se souvenant tout cela, comme toujours ces souvenirs le plongeait toujours dans un état presque léthargique de bonheur où il voulait juste revenir en arrière, revenir en arrière et oublier sa mort.
    Mais en ouvrant les yeux, ce n'était pas sa petite amie qui était devant lui. Bien sûr, qu'est-ce qu'il croyait ? Qu'elle allait revenir, comme ça, pouf ? N'importe quoi. Il fallait arrêter de rêver. La sensation de bonheur qu'il avait ressenti à l'instant même laissa place à un étrange vide. Il détourna le regard pour observer sa clope puis, sans un mot, attraper le briquet d'Arpège. Il voulait partir d'ici, se précipiter dans les bras de Sasha et pleurer toutes les larmes de son corps, comme autrefois. Ne regarder qu'elle, ne penser qu'à elle, laisser tout son malheur entre ses petits doigts et en devenir encore et encore plus dépendant. Mais il ne pouvait pas se le permettre. Il fallait qu'il grandisse. Ce n'était pas comme cela qu'il allait aider Sasha, stop, il était l'adulte ici, oui ou non ?

    Avec lenteur, Slave inspira la première bouffée de sa cigarette. Il ferma de nouveau les yeux pour en profiter. Il était encore silencieux, laissant les mots d'Arpège se frayer leur chemin dans son cerveau et dans son corps, afin de préparer sa réponse avec application. Slave était lent, extrêmement lent. Il prenait toujours son temps, pour bien faire, pour être sûr que c'était bien ce qu'il voulait dire. Il détestait être mal compris, même si cela arrivait encore trop souvent.
    En expulsant la fumée avec une sage délectation, il finit de construire sa phrase. Depuis combien de temps Arpège attendait-elle ? Il n'en avait aucune idée, sûrement deux ou trois petites minutes, peut-être plus, certainement pas moins. Il n'avait pas de montre et se fiait rarement à ce genre de chose. Slave écoutait plus son corps qu'une drôle de petite machine à aiguilles. Et puis, le pire, c'était les horloges avec des chiffres romains. Comment leur expliquer qu'il n'avait jamais réussi à comprendre cette insanité ? Mais sa voix rauque finit enfin par briser le silence pesant du tribunal.

    « Tu n'es dévouée à personne. »

    Se dévouer à quelqu'un, toute l'histoire de Slave en quelques mots. Il expira de nouveau la fumée de sa cigarette avant de rajouter.

    « Et personne ne t'es dévoué. »

    Que quelqu'un lui soit dévoué, la plus grande peur et la plus belle quête de Slave. La dévotion, c'était ce qui faisait tourner le petit monde de Gang Sin-Woo. Encore une fois, il avait parlé à brule-pourpoint, sans véritablement répondre à la question, exprimant juste avec sa lenteur habituelle le bilan de sa réflexion intérieure.
    Un reproche ? Quelque chose de vexant ? Un jugement hatif ? Peut-être, Slave n'en avait tout simplement aucune idée. Il avait juste suivi ses sensations jusqu'à aboutir à cette conclusion. Il sentait, du plus profond de lui-même, qu'Arpège n'était pas quelqu'un qui connaissait la dévotion. Le plus grand des biens, la plus belle des saveurs, l'addiction la plus douce. Le plus merveilleux cadeaux qu'Arpège pouvait s'offrir.
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Sujet: Re: Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. EmptyVen 23 Déc - 19:01

Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. 197313x5ce4256alarge

    « Tu n'es dévouée à personne. »


Un sourire naquit sur le visage d'Arpège. C'était important, pour elle, de n'être dévouée à personne. Elle mettait même un point d'honneur sur cela. Elle ne pouvait s'imaginer dépendante de qui que ce soit, faire parti de ces gens ne pouvant se détacher de quelqu'un sous peine de suicide, ou dépression grave. La jeune femme désirait rester libre comme l'air, n'avoir presque aucune attache, si ce n'est quelques rares véritables amis, comme End ou Disaster. Qu'est-ce qu'une vie, si on ne la vit pas pour soi-même ? C'était la question qu'Arpège se posait de temps en temps, lorsqu'elle rencontrait des gens comme Slave. Cela n'était pas un secret, qu'il adulait la petite Straw, pour une raison assez obscure, il fallait le dire. Personne ne comprenait trop ce qui se passait dans la tête du surveillant, un adulte, un majeur responsable, un homme, pour être entièrement dévoué à cette gamine immature, naïve et plutôt stupide. Tout son monde semblait tourner autour de celui de la blondinette. C'en était à vomir, pour Arpy. Cet attachement au fait de vouloir être libre et indépendante avait d'elle une handicapée des sentiments. L'amour, ça devait être horrible. Ne pouvoir vivre, penser, respirer, dormir, avancer, se construire sans sa moitié. Qu'il y avait-il de plus affreux que cela ? Assurément pas grand chose. Arpège avait été trop déçue par des êtres lui étant chers, notamment son salopard de paternel, pour pouvoir se reposer sur quelqu'un. Comme on disait, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Oui, elle en était persuadée, c'était sa doctrine, son mode de vie. Cela ne faisait cependant pas d'elle quelqu'un de aigri. Elle avait juste un mal fou à accorder sa confiance aux gens, même à ses amis les plus proches. Que voulez-vous, elle était comme ça.

    « Et personne ne t'es dévoué. »


Arpège s'immobilisa quelques secondes, et se décida enfin à tirer sur sa cigarette, laissant après une profonde inspiration une fumée blanche s'échapper d'entre ses lèvres. Si la jeune femme ne voulait être dépendante de personne, elle avait besoin qu'on lui montre qu'elle était aimée, désirée, indispensable. Elle tentait, en accueillant tant de monde dans le creux de ses reins, de combler un désir d'affection et d'amour qu'elle cachait en elle. Cela faisait partie de son côté égocentrique, de son envie permanente d'être au centre de l'attention. En y réfléchissant bien, c'était pour cela qu'elle vivait étrangement l'amour de Mushroom à son égard. Elle voulait qu'il lui soit dévoué, entièrement. Limite qu'il fasse d'elle sa religion. Elle avait besoin de cela pour se sentir vivante. Arpège, toi qui crois n'avoir besoin de personne, tu ne te trompes qu'à moitié. Tu as besoin des autres pour l'amour, l'attention, et l'affection qu'ils peuvent t'apporter. Que c'est triste.

La jeune femme tira encore sur sa cigarette et s'allongea sur le bureau, le regard tourné vers le plafond, sa longue chevelure noire s'étalant sur le bois du meuble. Elle cracha sa fumée en de petits ronds et sourit doucement. Puis, elle tourna son visage vers le surveillant.

    « Vu comme ça, ouais. Mais t'sais, je fais pas QUE me faire baiser quand je nike. J'me fais satisfaire, j'obtiens c'que j'veux. C'est l'talent, tu vois. »


Arpège se redressa et rigola en balançant sa tête en arrière, sa clope presque terminée, mais toujours à l'entrée de ses lèvres. En disant cela, elle voulait bien montrer que la plus pute entre sa proie et elle, c'était sa proie, peu importe de qui il pouvait bien s'agir. Elle dirigeait, elle choisissait. Les autres, ils n'étaient que ses jouets, en fin de compte.
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Sujet: Re: Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. EmptyDim 25 Déc - 12:08

    Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. Tumblrl344yijccb1qaobtp

    _____Slave fronça les sourcils tout en écoutant Arpège parler. Et durant cet instant, on voyait le surveillant ronchon et désagréable, toujours froid et sévère. Toujours stressé. Et on remarquait alors que, s'il ne se métamorphosait pas comme avec Sasha, il se détendait avec Arpège. Et devenait plus accessible, plus ouvert. Il arrive même à communiquer, regardez, à peine quelques secondes après les paroles d'Arpège le voilà qu'il lui répond déjà.
    _____« C'est vrai. Si on baisait pas ensemble, je compte pas le nombre de fois où tu aurais été dans la merde. »
    _____Une pause pendant qu'il expire la fumée de sa cigarette.
    _____« Mais moi aussi j'obtiens ce que je veux. Ce n'est pas le talent. C'est un échange. »
    _____Saleté de sérieux. Saleté de sévérité. Saleté de lourdeur. Bravo Slave.
    _____Ce qu'il n'avait pas aimé, c'était qu'elle parle de lui comme cela. Il faisait partie de ces hommes qui la niquait. Il se sentait concerné et, pris dans une soudaine envie de communication, avait expliqué ce que lui en pensait. Penser. Certains auraient rit en imaginant Slave penser. Pourtant il pensait énormément, peut-être plus que quiconque, avec sa lente prudence, sa délicatesse intérieure, sauf que toutes ces réflexions internes trouvaient rarement d'écho à l'extérieur. Et il restait enfermé à réfléchir avec lui-même, toujours freiné par son incapacité à s'exprimer clairement, à tisser un lien de l'un à l'autre. Quelle saloperie que le langage.

    _____Après s'être expliqué... ou avoir cru s'être expliqué, Slave se détendit de nouveau un peu. Il hésita à rajouter quelques choses puis renonça et se leva pour remettre son slip. Il sourit intérieurement en observant les vêtements étalés sur le sol. Même sur une table de tribunal, même en violant à moitié sa partenaire, Slave avait veillé à ce que chaque vêtement soit retiré. Même ses chaussettes devaient trainer quelque part. Lui et ses habitudes...
    _____Une fois que son sexe arrêta de se dandiner dans le vide, le surveillant s'installa à son tour sur la table. Là, il finit sa cigarette qui tomba aussitôt dans la corbeille. Puis il observa Arpège. Un regard droit, neutre... non, curieux. Il réfléchissait. Il ne faisait que cela, de réfléchir. Il fallait qu'il s'arrête un jour, non ? Non. Rien n'était évident pour le jeune homme et il fallait tout analyser et étudier. Notamment l'attitude corporelle des gens. Ca, au moins, il savait faire sans trop se tromper. Il était tactile, il était mouvement, et s'il était presque incapable de se faire comprendre par des mots il se débrouillait déjà mieux avec ses gestes. Parce que son corps était incapable de mentir.
    _____Un bras se leva, tranquillement, et remit délicatement une mèche de cheveux de la jeune fille en place. Slave aimait le contact. Slave aimait le sexe. Slave aimait toucher et être touché. C'était toujours plus simple qu'écouter et parler. Une autre mèche de cheveux passa entre ses doigts, cette chevelure pouvait être un véritable bordel.
    _____Et il la fixait. Il recherchait des ressemblances avec Santana mais ne trouvait que des différences. Au fur et à mesure que le temps passait depuis l'orgasme, la confusion entre les deux femmes s'estompait. En arrêtant de la confondre, il la voyait de mieux en mieux comme une personne. Et s'il était déçu que sa peau ne soit pas noire et qu'elle ne peigne pas, il était curieux. Juste un brin, rien qu'un peu. Mais cette touche de curiosité était révolutionnaire pour quelqu'un comme Slave.
    _____« Je me demande comment on peut vivre tout seul. Et je me demande si c'est de la force, d'en être capable. »
    _____Attention, Slave se pose des questions. Enfin, cela, ce n'est pas nouveau. Mais qu'il exprime ces questionnements par la parole, face à un autre humain, cela c'était rare. Il se demandait honnêtement ce que Arpège pouvait en penser. Parce que là, maintenant, il avait l'impression qu'elle était la plus apte à répondre. Si elle répondait.

    _____Et puis, tout en parlant, son bras s'était éloigné de la chevelure de la mélomane. Il baissa la tête vers ce bras et, de son autre main, passa ses doigts sur une de ses multiples cicatrices. Il murmura, quelques secondes à peine après sa dernière phrase : « Ou si c'est juste triste. » Et de nouveau le silence. Après quelques secondes à observer toutes ces cicatrices mises à nues par les nombreuses lampes de la pièce, Slave finit par redresser de nouveau son regard vers elle pour observer sa réponse.


Dernière édition par Slave le Mer 20 Juin - 16:33, édité 1 fois
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Sujet: Re: Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. EmptyJeu 23 Fév - 16:55

Leur peau, la plus nue de toute les peaux

Nous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. 974592aetsNous sommes le 15, il est 17h. | Arpège. 961843seta


La beauté était quelque chose de subjectif, on le répétait sans cesse, notamment dans l’art. Tout dépendait de l’écoute dont faisait preuve l’observateur ou l’auditeur, qu’il s’agissait de peinture ou même de musique. L’écoute désignait tout, mais avant tout la réceptivité, la sensibilité aux choses extérieurs. Donc, selon cette possession plus ou moins différente de l’écoute, tout semblait différent. Chacun appréciait les choses à sa manière, et il n’était pas une perception qui n’était pas honorable. Ainsi on ne pouvait critiquer un fanatique des œuvres de Picasso ou de la filmographie intégrale de Leni Riefenstahl (même si Panzer devait être le seul au monde à regarder ses films en jubilant de plaisir). Mais Arpège, dans son caractère de pétasse critiquant tout et tout le monde était persuadée que, si la beauté artistique était subjective, la beauté humaine, elle, était objective. Quelqu’un étant laid à ses yeux ne pouvait paraître attirant pour une quelconque personne. Elle disait sans arrêt qu’il fallait reconnaître qu’il y avait des gens terriblement moches, et que personne ne pouvait rien pour eux, c’était ainsi. Cette réflexion lui venant à l’esprit, elle observa le corps dénudé de Slave avec autant d’intensité que lorsqu’elle écoutait une chanson de Madonna ou un morceau de Vivaldi. Son teint mat faisait ressortir ses nombreuses cicatrices. Curieuse, Arpège s’était déjà demandé d’où elles pouvaient bien venir, et avait imaginé son amant rescapé d’une quelconque guerre. Elle ne savait pas, il y avait eu une guerre en Corée ? (les cours d’Histoire, elle les séchait ou elle rattrapait ses nuits pendant) Un jour, après l’acte, elle avait osé poser la question sur la provenance de ces cicatrices, et le jeune homme avait répondu « Chais pas ». Autant dire que l’imagination d’Arpy était partie affreusement loin. Peut-être avait-il été fait prisonnier, ou sûrement ses parents le battaient-ils. Ou encore il était un affreux cochon sadomasochiste se faisant griffer pendant l’acte, mais elle le voyait mal comme ça. Quoi que.
Elle observa son corps musclé contre lequel elle était encore collée il y a dix minutes. D’accord, Slave était bien foutu, et la vue de son torse légèrement transpirant à cause de leurs ébats n’était pas déplaisante. Arpège rangeait le jeune coréen dans la catégorie des beaux, même si les asiatiques n’étaient pas ses préférés physiquement. Mais, à vrai dire, elle n’avait pas particulièrement de « style », comme on disait. Elle préférait les hommes un minimum musclé, et pour le reste... Elle fermait les yeux pendant l’acte, de toute façon. Oui, Arpège avait déjà couché avec des « moches ». On est nymphomane ou on ne l’est pas.

Slave se leva doucement et vint remettre son caleçon avant de se rasseoir. Au passage, la jeune femme eut un regard pour son derrière, et sourit faiblement. C’était charmant, un homme nu.
Il jeta sa cigarette et Arpège fit de même, toujours allongée sur la table. D’un geste presque attentionnée, il remit en place une mèche rebelle de la chevelure noire de la mélomane. C’était surprenant, de sa part. Mais elle devait reconnaître un fait : elle connaissait deux Slave. Il y avait le surveillant de la Wammy’s House, aigri, froid et bougon, toujours collé à une gamine de dix ans pour laquelle il faisait tout et n’importe quoi. Ce même Slave qui punissait les orphelins au moindre écart, qui effrayait les plus jeunes avec son accent coréen et ses mots rares mais secs. Puis il y avait l’autre, celui qui venait d’être vidé, qui s’exprimait assez correctement, qui pouvait faire preuve d’attention et de réflexion. Incroyable que ces deux facettes furent réunies en une même personne, mais c’était pourtant bel et bien le cas. Arpège trouvait excitant le premier et intéressant le deuxième. Autrement dit, elle se tapait le premier et aimait discuter avec le deuxième.
En ce moment même, en face d’elle, se trouvait le Slave posé, vidé et intéressé par l’avis de la mélomane. Vivre seul, était-ce une force ou était-ce tout simplement triste ? Arpège ne bougea pas, son regard gris tourné vers le plafond. Elle prit une inspiration quelque peu hésitante et répondit par ce qui lui venait en tête, pour changer.

    « J’pense pas que vivre seul, ça soit triste. Enfin, ça dépend. Si t’as tout perdu, genre tes amis, tes parents, ta famille, ouais c’est le bad intersidéral là. Mais ça peut être un choix, de vouloir n’être dépendant que de soi-même. Et là j’trouve ça bien. T’es jamais mieux servi que par toi-même, gars. »


Oui, elle disait ça car c’est ce qu’elle appliquait depuis son arrivée à la Wammy’s House. Ne pas se reposer sur les autres, et ne compter que sur elle-même. Elle se releva, sa chevelure venant cacher ses seins encore nus, et planta ses yeux dans ceux de son amant.

    « Tu trouves pas ça triste, au contraire, de tout faire pour quelqu’un d’autre, de devoir.. Je sais pas, consacrer sa vie à une ou plusieurs personnes ? Y’en a qui trouvent ça noble, et j’respecte ce point de vue. Mais j’trouve que c’est des conneries, juste une pris de de tête inutile, t’as vu. L’attachement, tout ça, c’est peut-être une forme de faiblesse. C’est ça qu’est triste en fait. »


Arpège passa une main dans sa chevelure brune et se gratta faiblement l’épaule du bout de ses ongles manucurés. Elle n’était pas certaine de convaincre le jeune coréen avec son discours décousu, mais le défaut de la demoiselle en cours de débats organisés, c’était qu’elle parlait uniquement avec son cœur. Et beaucoup, aussi. Beaucoup trop, parfois.
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