Une chanson par temps d'averse. [Pv Den][FINI]

Archivé par Veil le 05/12/08

Ce qui l'avait poussée dehors aujourd'hui ?
Le magnifique soleil qu'il faisait en début d'après-midi. Enfin, magnifique, c'était une façon de voir les choses car les nuages avaient eut vite fait de venir masquer l'astre brillant et de couvrir le ciel d'un délicieux manteaux de barbe à papa gris.
Malgré cela, Snow était restée dehors, assise tranquillement dans le parc à observer le ciel et ses changements lunatiques.
Bien que craignant un peu la foudre et le tonnerre, elle aimait sentir les caresses glaciales de la pluie sur son visage, elle prenait alors conscience à quel point son corps chaud était vivant... Ce qu'elle avait faillis oublier pendant le laps de temps où elle s'était retrouvée enfermée dans sa chambre vide.
Laissant le passé au passé, elle préféra voir son esprit vagabonder à de doux rêves enfantin. Ici, la vie était plutôt calme et paisible et il y avait peu de gens qu'elle n'aimait pas... Enfin pour l'instant, la seule qui lui faisait peur était Aphrodite, et ce depuis qu'elle l'avait rencontrée. Elle se souciait peu de ses premières impressions mais cette fois, son intuition féminine lui avait soufflé de rester à l'écart de la jeune fille aux longs cheveux verts...

Quelques gouttes de pluies vinrent mouiller son visage, la ramenant à la réalité. Elle avait fermé les yeux et avait dû s'endormir quelques minutes car elle ne se souvenait pas avoir quitté les nuages des yeux. De plus le ciel s'était fait plus sombre et les rares orphelins encore dehors dans ses derniers souvenirs étaient rentrés. De plus, elle s'était couchée sur le petit banc. Elle avait dû tomber, insouciante de ce qui allait ensuite se passer.
Se redressant lentement, elle reprit une position assise, et observa le vent violent jouer avec ses longs cheveux blonds, les faisant virevolter dans une ronde sans fin autour de son visage, la fouettant gentillement de temps en temps. Les quelques gouttes furent bientôt plus nombreuses et il ne tarda pas à pleuvoir averse sur la petite fille aux yeux turquoises. Elle leva la tête en soupirant et ferma les yeux, savourant secrêtement ce court instant de bonheur.
Bien heureusement, elle avait choisit aujourd'hui de porter un vêtement "normal" : un jean de velour noir à sa taille et un T-shirt manches courtes dans les teintes de kaki avec marqué "Where is my way" en noir, avec une multitude de polices et de tailles différentes.

Sans vraiment s'en rendre compte, Snow se mit à fredonner une chanson qu'elle avait entendu récemment en captant les ondes d'une radio japonaise. Sa voie claire n'était certainement pas la plus agréable à écouter - elle n'avait jamais cherché à devenir chanteuse - mais elle n'était pas non plus désagréable, la petite fille chantant juste les paroles qui lui venait à l'esprit, sans se soucier des éléments déchaînés autour d'elle et de la présence du seul orphelin encore dehors.

" Hi Miss Alice
Anata garasu no me de donna yume wo
Mirareru no?
Mirareru no?
..."

Elle frissonna, la pluie fine coulant le long de ses bras frêle. Elle n'avait chanté que le premier couplet mais elle s'arrêta, rouvrant les yeux légèrement, jetant un léger regard autour d'elle, la bouche encore entrouverte. Soudain, elle le vit.
La silhouette à quelques pas d'elle la surpris et elle remit vivement sa tête droite, ouvrant deux grands yeux étonnés alors que sa bouche se fermait, ses lèvres se pinçant sans le vouloir.
Elle observa le jeune homme et ses sourcils se froncèrent légèrement. Quel était son nom déjà ? Il était arrivé récemment, il y avait moins d'un an et elle était sûr de lui avoir déjà parler au moins une fois. Elle connaissait forcément son nom.
Soudain, se fut l'illumination et un léger sourire, doux et chaleureux étira ses lèvres alors qu'elle s'adressait à lui, son expression de surprise fondant en même temps que l'apparition de ce sourire.

"Bonjour Den"

Ok, ils étaient en plein milieu de l'après-midi mais elle ne pouvait décemment pas lui dire bonsoir ou salut.

Dimanche.
Ce jour était certainement un des préférés de Den.
Pour la plupart des gens, ce jour signifiait souvent « famille ».
Or, la plupart des enfants de la Wammy’s house n’avait plus de famille.
Den aimait ce jour car il signifiait la grasse matinée, aucun cour, et surtout, la totale liberté d’être dehors, sans se soucier de quoi que ce soit.

Aussi, le samedi soir, Den ne mettait pas le réveil avec la sonnerie assourdissante qui réveillait les chambres environnantes en plus de la sienne, et se délectait le lendemain, d’une grasse matinée bien méritée.

Den se réveilla donc, le dimanche matin, un sourire aux lèvres. Il s’étira, et passa une bonne heure dans la salle de bain, à se pomponner d’autant plus que d’habitude, feignant de ne rien entendre lorsqu’on frappait à la porte en hurlant des injures. Puis Den sortit enfin, tout sourire, rien ne pouvant gâcher sa bonne humeur. Il alla déjeuner le matin, puis sortit, et resta là, toute la journée. Il n’alla pas manger le midi, de peur de louper quelque chose, comme si la partie du film la plus importante passait à ce moment. Il s’était assit sur le muret du parc, et regardait le ciel. Il lui semblait que Breathless était venue dessiner quelques instants à ses côtés, mais ça lui était égal, car ce jour était réservé à la contemplation du ciel. Par ailleurs, la journée avait commencé par un soleil radieux, qui illuminait toute la Wammy’s house. Mais le soleil partit se cacher derrière des nuages en début d’après midi. Den, voyant la masse brumeuse rappliquer, fit un signe de main au soleil en souriant. Des enfants pas loin pouffèrent, mais Den les ignora. Il garda la tête au ciel, en admirant la grâce des vagues qui se dessinaient dans de nuages de plus en plus sombres. Il ferma les yeux, avec délice. Soudain, une gouttelette tomba sur le front nu de Den. Ce dernier ouvrit lentement les yeux. Le ciel pleura de tout son être, doucement. Peu à peu, les larmes devinrent cascades. Des bourrasques de vent passaient de temps en temps et mouillaient d’autant plus les cheveux de Den. Des larmes coulèrent le long de ses joues, se mêlant à la pluie avec passion. Ces larmes étaient dues au fait que Den avait regardé longuement le ciel, sans ciller.

Il entendit soudain une voix douce, un chant. La mélodie parvenait à ses oreilles en se mêlant agréablement au vent. Elle n’était pas très belle, mais la douceur incomparable des tons employés était...magique. Den referma les yeux. La voix soudainement s’arrêta. Cet arrêt vif frustra Den, qui s’était laissé emporté sur un nuage. Il ouvra les yeux en fronçant les sourcils, et s’apprêta à chercher du regard la voix inconnue, lorsque la voix le coupa dans son élan :

Snow : Bonjour Den.

Cette jeune fille, tout aussi trempée que Den, avec de longs cheveux blonds, le regardait en souriant. Den pencha la tête sur le côté. Cette fille, il l’a connaissait. Maintenant il s’en souvenait. Elle était en classe 1, et ils s’étaient déjà parlés, il y avait cela plus de trois mois à présent. Den se souvint alors. Il releva la tête, et sourit à son tour.

Den : Bonjour Snow, comment vas-tu ?

Il observa les bras nus de la frêle jeune fille et ajouta une phrase encore en souriant.

Den : Tu vas attraper froid, à rester ainsi dehors.

La petite regarda le jeune homme s'avancer vers elle et la saluer à son tour en lui demandant comment elle allait. La fillette hésita à répondre, ne sachant pas vraiment quoi dire. Comment allait-elle au juste, mélancolique, glacée et trempée sous ce déluge qui ne semblait plus pouvoir s'arrêter. Elle leva les yeux au ciel, posant un doigt sur ses lèvres puis elle jeta un coup d'oeil sur le côté dans la direction de Den, avant de tourner complètement la tête vers lui et de répondre, avec une franchise peut-être un peu exagérée.

"Aucune idée"

En règle générale, elle ne prenait pas le temps de réfléchir et même si elle allait mal, elle répondait qu'elle allait bien. Mais aujourd'hui, seule avec le jeune garçon, elle n'avait pas envie de répondre du tac au tac sans prendre le temps de réfléchir réellement à son humeur du moment.
De plus, comme d'habitude, la pluie réveillait en elle la tristesse qu'elle avait depuis longtemps enfouis au regard des autres et son doux sourire ne paraissait pas aussi radieux que d'habitude... Mais en même temps, Den ne pouvait s'en apercevoir en sachant qu'il ne la côtoyait pas tous les jours...
L'affirmation qui suivit la question de Den laissa se former sur ses lèvres cet étrange sourire qui mettait la plupart des gens mal à l'aise. Elle n'aimait pas que l'on s'inquiète pour elle et s'était sa manière à elle de le faire comprendre autre. Et puis, il était aussi trempé qu'elle, alors, plutôt que de lui répondre "non", elle lui retourna la remarque, ce sourire subsistant sur ses lèvres fines et enfantines.

" Toi de même... Mais je crois qu'ainsi trempé, il est bien trop tard pour s'inquiéter, et puis, je n'ai pas froid. Tu ne te sens pas bien, toi, sous la pluie battante ?"

Cela faisait déjà six longues années qu'elle était là, elle connaissait les habitudes et les coutumes du lieu par coeur et elle s'était faite beaucoup d'amis dont certains lui tenaient vraiment à coeur. Elle savait qu'il n'était pas très facile de s'intégrer au départ, surtout si on était plutôt d'un caractère taciturne ou solitaire. Elle ne savait pas comment était Den mais les rares fois ou elle l'avait aperçu, il était le plus souvent seul ou avec la dénommée Breathless... Elle ne connaissait que très peu cette dernière, elle ne savait plus la dernière fois qu'elle lui avait parlée mais pour le moment, ça n'avait aucune importance.
Déviant du fil de ses pensées, son attention se reporta sur le jeune homme à la couronne. Elle savait aussi que beaucoup des orphelins se moquaient de lui car il se disait être l'ami des éléments. Personnellement, bien qu'ayant les pieds sur terre, elle ne se moquerait pas d'une chose comme celle-là. Il fallait être bien bas d'esprit pour se moquer d'une chose qui se pourrait presque possible... Bien que sachant les éléments dénués de conscience et donc d'intelligence...
C'était un peu comme une image ou un conte devenant en quelque sorte réalité.

L'eau froide semblait pénétrer sa peau plutôt que de ruisseler dessus pour aller trouver place sous la terre. En même temps que la pluie, le temps s'était rafraîchi et son T-shirt ainsi trempée ne lui servait plus vraiment à grand chose. De plus il lui collait à la peau et laissait ainsi voir de légères formes, naissances dues à son adolescence fraîchement entamée. Snow ne se voyait pas grandir, mûrir oui, mais elle ne se voyait pas grandir. Pour elle, elle était toujours l'enfant placée ici par le juge Mark, la fillette de huit ans qui avait paru si taciturne et si peu sûr d'elle lors de son arrivée le 6 mars 2002...
Ainsi, sa jeune poitrine à laquelle elle n'était pas habituée la gênait elle. Mais elle ne l'aurait jamais avouée en publique et, bien consciente qu'elle devait paraître un tantinet aguicheuse, elle resta naturelle fasse à Den, sa gène ne se remarquant finalement pas.

Trouvant le silence qui avait suivit la réponse du jeune homme pesant, elle décida d'engager la conversation, enfin pas vraiment mais elle décida de dire quelque chose pour rompre ce inéluctable silence.

"C'est agréable de sentir la caresse glaciale de la pluie sur sa peau nue. Tu veux t'asseoir ?"

A le voir debout comme ça en face d'elle, elle avait soudain songé que l'inviter à s'asseoir à côté d'elle n'allait pas les tuer. De plus, même si on pouvait se moquer d'eux ou les prendre pour des fous à rester ainsi sans protection sous l'averse qui ne cessait de redoubler d'intensité de minutes en minutes, elle ne s'en souciait pas. Voir dans le futur n'était pas l'un de ses modes de vies préférés, appréciant plus largement de vivre au jour le jour en ayant la surprise de voir ses journées se dérouler sans qu'elle n'ait rien planifié en avance.
Et même si le banc de pierre était tout autant mouillé qu'eux, elle n'avait pu s'empêcher de tapoter la place à côté la sienne après s'être légèrement esquiver sur la gauche.
Le laissant décider de ce qu'il préférait, elle se pencha légèrement en arrière, cherchant quelque chose dans la poche de son velours noir. Elle en tira bientôt deux élastiques pour les cheveux et elle releva ses longues mèches dorées en deux couettes hautes pour les empêcher d'aller toucher le sol. Il lui faudrait certainement du temps pour les sécher mais ça n'avait pas d'importance, elle aimait en prendre soin, quitte à perdre du temps le matin, à se lever plus tôt que les autres ou à arriver en retard en cours.

Den : Bonjour Snow, comment vas-tu ?

La jeune fille tourna à peine la tête vers Den, elle semblait réfléchir. La question qu’il lui avait posé ne lui semblait pourtant pas si compliquée, mais il se passa de commentaires. Puis la jeune fille tourna totalement sa tête vers lui.

Snow : Aucune idée.

Vraiment ? Den fronça les sourcils. Il ne comprenait pas tellement comment on pouvait ne pas savoir, mais surtout, il voyait mal comment on pourrait se sentir mal dans un endroit tel sous la pluie, sans tous les gamins qui couraient partout toute la journée. Il regarda la jeune fille. Il avait ressentit un semblant de tristesse dans sa voix. Peut-être avait-il rêvé.

Den : Tu vas attraper froid, à rester ainsi dehors.

A cette question un sourire gêné vint orner le visage fin de la petite fille. Etait-ce le fait que Den s’inquiète pour elle ? La réponse de la jeune fille le coupa dans ses pensées.

Snow : Toi de même... Mais je crois qu'ainsi trempé, il est bien trop tard pour s'inquiéter, et puis, je n'ai pas froid. Tu ne te sens pas bien, toi, sous la pluie battante ?

Den n’avait pas de manteau non plus. Seulement, ses bras étaient couverts par son fin pull à rayures grises et noires. Généralement, il avait son éternel manteau de sang quand il allait sous la pluie. Mais ce dimanche, il était sortit ainsi, croyant qu’il ferait beau toute la journée.

Quand à attraper froid... En réalité, Den n’avait jamais connu la maladie, quelle qu’elle soit, simplement parce qu’il avait passé sa vie cloîtré chez lui. Il voyait mal comment il aurait pu tomber malade, car ses parents n’auraient jamais laissé une chose pareille lui arriver. Parce que voyez vous, il ne fallait surtout pas abîmer « le descendant de la famille » ! Den eut une grimace de dégoût en repensant à ses parents, et évita d’attarder ses pensées sur ce sujet, car il ne voulait surtout pas penser à sa sœur.

Den : Bien sur que oui. Autrement, je ne passerais pas mes journées dehors.

Snow regarda la couronne de Den. Ce dernier se contenta d’hausser les épaules.

Snow : C'est agréable de sentir la caresse glaciale de la pluie sur sa peau nue. Tu veux t'asseoir ?

A ces mots elle tapota de sa main la place trempée à côté d’elle, puis elle se noua les cheveux en deux couettes. Den s’assit sans un mot, puis il regarda d’un air dépité son pantalon immaculé d’eau. Il mettrait certainement longtemps à sécher, mais qu’importe. Il leva lentement sa main droite devant lui, et essaya de bouger ses doigts engourdis par le froid. Sa peau était pale, plus que d’habitude. En fin de compte, il devait avoir froid. Mais la chaleur de son cœur le réchauffait, c’était amplement suffisant. Il avait chaud au cœur d’être là, avec la pluie, et la petite fille qui ne le dérangeait pas. Il regarda lentement un escargot loin devant dans le parc, en soupirant. Puis il releva sa jambe droite sur laquelle il s’accouda.

Den : Dis moi Snow, si tu avais un souhait, qu’est-ce que ce serait ?

Il pensa à sa soeur, et des yeux mélancoliques s’affichèrent sur son visage. Il porta son regard sur les nuages en fermant les yeux, et en respirant à pleine bouffée l’air frais. Finalement, voyant que Snow ne semblait pas réagir il reprit.

Den : Moi j’aimerais....

*J’aimerais revoir ma sœur. J’aimerais tant...Juste une fois...Revoir ses yeux....*

Il se retourna soudainement dans un grand sourire à l’adresse de Snow, puis pointa du doigt le petit gastéropode qui avait avancé d’un centimètre tout au plus.

Den : J’aimerais qu’il n’y ait plus d’escargots quand il pleut, je trouve ça immonde.

Un silence se fit, durant lequel Den gardait son doigt pointé dans la direction de l’escargot, avec le même sourire ornant son visage. Puis il abaissa son doigt et rigola doucement. Enfin, il se tourna vers Snow l’air de dire « Et toi ? ».

Den répondit à son invitation et vint prendre place à côté d'elle bien que celle-ci fut aussi mouillée que tout ce qui se trouvait autour d'eux...
De toute manière, trempés comme ils étaient, rien ne pouvait plus encore les mouiller. Même leurs vêtements ne formaient plus de rempart assez épais pour éviter que les autres parties de leurs corps -celles qui n'étaient pas découvertes- ne soient elles aussi trempées. Elle l'observa agir silencieusement puis une question fusa soudain et se perdit dans l'air alors qu'elle se mettait à regarder devant elle, pensive.
Si elle avait un souhait ?... Elle n'y avait jamais pensé, peut-être parce qu'à force d'être trop terre à terre elle avait oublié de rêver ? Elle avait oublié de croire en la magie des songes ? Certainement, la réponse devait se trouver là. Alors, la fillette commença à réfléchir vraiment. Il y aurait un bon nombre de choses qu'elle aimerait souhaite : revoir son père, quitter l'orphelinat, voir ses rêves aboutir dans un futur proche, ne plus avoir peur du tonnerre et des pièces vides, ne plus jamais voir son grand-père, que Mark passe la voir juste une fois pour prendre de ses nouvelles...
Mais de tout ça, qu'est-ce qui était réellement important ? Elle-même avait du mal à répondre, toutes ces choses qui auraient pu paraître banales pour les autres étaient très importantes pour elle et elle ne semblait pas pouvoir se décider.

Den la tira de ses réflexions en répondant à son tour.

Den : J’aimerais qu’il n’y ait plus d’escargots quand il pleut, je trouve ça immonde.

La jeune fille regarda son doigt tendu puis comme si les mots percutaient enfin ses oreilles et y restaient accrochés, elle tourna la tête vers lui, une expression de stupeur se lisant clairement sur son visage. Comment pouvait-on posséder autant de naïveté et d'innocence ? On ne lui accordait qu'un seul vœu et il avait choisit de faire disparaître les escargots de la surface de la planète...
Soudain, elle reprit une expression sérieuse. Elle avait trouvé ce qu'elle aurait souhaité si on lui avait accordé un seul vœu.
Mais il ne pourrait pas comprendre si elle ne lui parlait pas de son passé. Allait-il garder pour lui les malheurs qu'elle allait lui conter ? Elle espérait que oui, sinon, temps pis. Advienne que pourra.
Ainsi, ses grands yeux turquoise se firent mélancolique et elle murmura.

"J'aurai voulu comprendre papa..."

Elle n'avait pas souhaiter ramener sa mère d'entre les morts. Elle n'avait pas souhaité non-plus voir son père libérer, non, elle avait simplement souhaiter ce qu'au plus profond de son cœur elle aurait toujours voulu comprendre. Ces simples gestes, ces simples sons ; ses coutumes et ses habitudes. Tout. Tout ce qui le concernait elle aurait voulu le comprendre. Mais surtout, pourquoi avait-il besoin d'exprimer son amour pour sa femme et sa fille de manière si violente ?
Elle avait beau avoir appris des tas de choses sur la psychologie et les troubles mentaux, elle n'avait jamais trouvé.
Elle avait beau avoir compris des formules compliqués dont le commun des mortelles ne soupçonnait même pas l'existence, elle n'avait jamais compris les manières d'agir de son géniteur.
Et de sa voix douce au timbre encore assez grave pour une fille elle continua.

"Lorsque maman était encore de ce monde, papa elle et moi formions une vraie famille. Nous n'étions peut-être pas la plus heureuse famille du monde mais nous nous aimions profondément.
Pourtant, tout n'était pas rose. Je crois que j'ai toujours souffert de cette incompréhension que je ressentais lorsque je posais les yeux sur mon père. A l'époque, il nous frappait assez souvent, enfin surtout maman car elle me protégeait. J'interprétais ces gestes comme des signes d'affections de la part de mon père mais je doute aujourd'hui que ce fusse ça.
Ma mère décéda en partie à cause de ça et mon père sombra dans la dépression. Pour lui plus rien n'existait, même moi. Là non plus, je ne le comprenais pas. Pour moi aussi la mort de maman était dur mais son sourire hantait encore la maison et chaque ombre était pour moi comme un signe qu'elle aurait laissé derrière elle...
Non, je n'ai jamais compris mon père et si aujourd'hui j'aurai voulu changer quelque chose, ce souhait serait certainement celui-ci..."

La petite fille blonde s'était mise à trembler, visiblement raconter ces moments de son passé n'était pas favorable à la faire sourire. Et pourtant, on pouvait ressentir beaucoup de chaleur dans sa voix. Elle ne haïssait pas son père pour l'avoir battue. Elle ne haïssait pas sa mère pour les avoir laissés. Elle ne haïssait pas son passé et ne semblait pas vouloir le modifier plus que ça. On voyait qu'elle avait fait face avec force et courage mais on pouvait aussi comprendre à quel point ces évènements marquant l'avait fragilisé.
Snow se mordit la lèvre inférieur en sentant les larmes venir embuer ses yeux. Elle se mordit si fort qu'elle finit par sentir le goût du sang dans sa bouche et elle se reprit, doucement mais surement, regardant le sol, la pluie froide la frappant violement ne faisait qu'accentuer la douleur causer par les souvenirs.
Elle fit un léger sourire d'excuse en tournant la tête vers Den, les larmes roulant sur ses joues.

"Je suis désolé, mes propos ne sont pas très joyeux. Tu peux oublier ce que je viens de dire si tu veux."

Après un instant de réflexion, elle murmura sa phrase d’une voix triste.

Snow : J’aurai voulu comprendre papa...

Den la regarda, et s’accouda sur sa joue de façon à la voir continuellement, attendant doucement, sans la presser, ce qu’elle allait dire. Elle reprit donc d’une voix douce, mais toujours aussi mélancolique.

Snow : Lorsque maman était encore de ce monde, papa elle et moi formions une vraie famille. Nous n'étions peut-être pas la plus heureuse famille du monde mais nous nous aimions profondément.
Pourtant, tout n'était pas rose. Je crois que j'ai toujours souffert de cette incompréhension que je ressentais lorsque je posais les yeux sur mon père. A l'époque, il nous frappait assez souvent, enfin surtout maman car elle me protégeait. J'interprétais ces gestes comme des signes d'affections de la part de mon père mais je doute aujourd'hui que ce fusse ça.
Ma mère décéda en partie à cause de ça et mon père sombra dans la dépression. Pour lui plus rien n'existait, même moi. Là non plus, je ne le comprenais pas. Pour moi aussi la mort de maman était dure mais son sourire hantait encore la maison et chaque ombre était pour moi comme un signe qu'elle aurait laissé derrière elle...
Non, je n'ai jamais compris mon père et si aujourd'hui j'aurai voulu changer quelque chose, ce souhait serait certainement celui-ci...

En racontant cela la petite s’était mise à trembler. Den la regarda, attristé terriblement par son histoire. Cette histoire, qui ressemblait tant à la sienne. Un père qui bat son enfant. Son père qui bat sa sœur. Les yeux bleus de la petite blonde lui faisaient penser terriblement à sa propre sœur. Mais Snow interprétait ces gestes comme de l’affection. Cette hypothèse paraissait totalement impossible à Den.

*La vie n’est pas rose. Elle ne l’est pour décidément personne ici. Cette petite n’a plus de famille...En réalité, il ne vaut mieux plus en avoir qu’en avoir une qui ne vous aime pas. C’est ce que j’ai toujours pensé...Mais peut-être que je me suis toujours trompé. Snow est la première personne qui me parle de sa famille.*

En fait, elle lui accordait sa confiance. A lui, le jeune garçon à la couronne, celui qui n’avait l’air de rien comprendre aux autres, celui qui se disait l’ami du vent, de la pluie et du soleil. Den l’a remercia du regard, et s’aperçu Snow se mordait la lèvre, pour ne pas pleurer, en tremblant. Den reposa son regard loin devant dans le parc, les yeux tristes. Puis la petite fille se retourna vers lui, en laissant apparaître un sourire d’excuse qu’elle gardait comme elle pouvait.

Snow : Je suis désolée, mes propos ne sont pas très joyeux. Tu peux oublier ce que je viens de dire si tu veux.

Den la regarda. Ses yeux embués de larmes n’arrivaient plus à les contenir. Den lui adressa un sourire, avec les mêmes yeux attristés.

Den : Ce n’est rien. En fait, j’apprécie que tu me fasses confiance. Je ne veux pas oublier. Et puis, même si je le voulais, je ne crois pas être en mesure de le faire.

La tête baissée, la petite laissait couler les larmes sur ses joues, qui tombaient ensuite sur ses genoux dans un petit bruit qui se confondait avec la pluie. Il prit la main de la petite fille dans la sienne, pour la réconforter.

Den : Tu sais, j’ai vécu toute mon enfance chez moi, je n’étais jamais sortit avant d’arriver ici. Alors, je ne comprends pas toujours les autres. Mais aujourd’hui, je te comprends, toi, car ma sœur s’est un jour fait battre par mon père sous mes yeux. Je n’ais rien pu faire...Et...Je me sens coupable. Alors j’essaye d’aider les autres aujourd’hui, du mieux que je peux.

Il passa le dos de son autre main sur la joue de Snow, pour essuyer ses larmes, malgré la pluie battante.

Den : Ne pleure plus Snow. C’est dur, mais il faut tenir. Je ne remplace personne, je ne me donne pas cet honneur. Mais si tu veux, je peux être comme un grand frère pour toi. Tu me fais beaucoup penser à ma sœur, et j’aimerais pouvoir t’aider.

Il garda sa main dans la sienne. Il leva son autre main devant lui, la paume vers le ciel, pour prendre de sa main mouillée un peu d’eau. Et attendit une réponse.

Contrairement à ce que la petite fille pensait, Den ne s'apitoya pas sur son sort et tenta de la réconforter. Elle n'avait pas la tête à prendre ce détail en considération et elle ne put s'empêcher de frissonner sous le contact chaud des mains du jeune homme, celle qui se glissa dans la sienne et qu'elle serra doucement et celle qui passa sur sa joue pour essuyer ses larmes.
Il était décidément si gentil avec elle qu'elle se demandait s'il n'y avait pas autre chose mais non, c'était simplement ni plus ni moins que de l'affection et intérieurement elle le remercia, ne bougeant pas, ne voulant pas se dérober à ce contact chaleureux qui réchauffait son petit cœur meurtris.
Den lui parla ensuite de sa sœur et de ses ressemblances avec Snow. Ainsi la fillette aux anglaises blondes lui rappelait-elle sa sœur... Le monde était pleins de coïncidence. Il lui conta un bout de son histoire comme quoi il avait vu sa sœur se faire battre par son père sans rien pouvoir réagir. Elle le comprenait elle-même n'aurait pas pu réagir dans ces cas-là, il n'y avait pas de réaction à avoir. Elle avait bien fait de parler de ça à Den. Il l'avait écouté et n'avait rien dit de méchant ou de cruel, il n'avait pas éprouvé de la pitié pour elle, du moins elle n'en avait pas ressenti un seul soupçon et prendre conscience de cela la fit sourire un peu plus.
Ses larmes avaient cessé de couler mais elle n'avait pas envie que la présence de la main du jeune homme sur sa joue ne s'efface. Elle n'avait jamais eut de frère ou de sœur et elle ne savait pas ce qu'était l'amour fraternel mais elle ne se posa la question. Doucement elle acquiesça à la question du jeune garçon.

"Je ne cherche pas spécialement d'aide. Je pensais qu'il t'était juste impossible de comprendre mon souhait si je ne t'avais pas expliqué un peu plus profondément pourquoi j'avais souhaité une telle chose... Je n'ai jamais eut de frère ou de sœur et je ne sais pas vraiment ce que sa fait mais je veux bien que tu sois comme un grand frère pour moi.
Je ne regrette pas mon passé mais contrairement à la plupart des orphelins ici, j'ai encore une famille même s'il m'est interdit de la voir... On ne peut pas comprendre lorsque l'on a perdu les siens qu'il est plus difficile d'être séparé de ceux que l'on aime par une décision et non par la mort elle-même...
Peut-être mes paroles sont elles insensées... Je suis confuse, excuse-moi."

La petite fille ferma les yeux. Sous la pluie battante, la chaleur des mains de Den était réconfortante. Comment avait-elle pu ne pas s'intéresser à lui un temps soit peu auparavant ? Peut-être était-il un peu effacé et ne cherchait-il pas à se mettre trop en avant... et c'était pour ça qu'elle ne l'avait pas vraiment remarqué.
Quoi qu'il en soit, elle était contente d'avoir choisit de rester sous la pluie aujourd'hui. Elle ne comptait pas demander à Den de lui raconter son passé, elle, c'était à lui de choisir s'il souhaitait lui en apprendre plus ou non. Mais elle n'était pas sûr que le heomme puisse vraiment comprendre. Il avait vu mais peut-être n'avait il pas subit... C'était deux choses différentes que l'on ne pouvait pas comparer. Elle avait vu autant qu'elle avait subit d'être ainsi frappée par son géniteur et elle savait à quel point c'était différents. Mais elle n'avait pas envie de s'étaler sur le sujet.

La pluie avait cessé à présent et l'air sentait bon l'herbe mouillée. La nature semblait s'éveiller d'une longue douche froide mais le soleil ne perçait toujours pas la couche nuageuse. Snow regarda au loin et vit un magnifique éclair zébrer l'air. Il fut suivit d'une forte détonation et elle sursauta. Elle aimait la pluie diluvienne mais elle n'aimait pas le bruit du tonnerre. Si la foudre était un spectacle magnifique, le roulement de tambour qui la suivait toujours de près faisait partie des choses qu'elle détestait. La petite fille avait cessé de trembler et s'était calmée en même temps que ses larmes avait arrêté de couler tout à l'heure mais elle fut prise d'une nouvelle crise de tremblements. Elle n'était plus rassurée et sans le vouloir sa main serra plus fort celle de Den. Il ne pleuvait plus, ils étaient trempés et au loin la foudre semblait se rapprocher. Elle eut soudain l'envie de rentrer à l'intérieur et d'observer la nature à l'abri dans l'orphelinat mais en même temps, elle ne voulait pas affronter les sourires de ses autres camarades. En proie à un duel intérieur, elle ne bougeait plus, ses lèvres pincées, ses pensées vagabondant ailleurs que dans le monde de son passé.

* La foudre se rapproche... Non, ça ne va pas... Il faut qu'elle aille de l'autre côté plutôt ! Pas ici, pas ici.*

En proie à une terreur sourde qui se lisait nettement dans ses yeux turquoise grands ouverts, la fillette tremblait, serrant toujours plus fort la main du garçon, semblant appréhender ce qui allait suivre. A la seconde détonation du ciel, elle sursauta de nouveau. Elle ne pouvait pas contrôler cette peur funeste qui s'emparait de son coeur dès qu'elle était face à une pièce vide ou à la foudre.

Snow : Je ne cherche pas spécialement d'aide. Je pensais qu'il t'était juste impossible de comprendre mon souhait si je ne t'avais pas expliqué un peu plus profondément pourquoi j'avais souhaité une telle chose... Je n'ai jamais eut de frère ou de sœur et je ne sais pas vraiment ce que ça fait mais je veux bien que tu sois comme un grand frère pour moi.
Je ne regrette pas mon passé mais contrairement à la plupart des orphelins ici, j'ai encore une famille même s'il m'est interdit de la voir... On ne peut pas comprendre lorsque l'on a perdu les siens qu'il est plus difficile d'être séparé de ceux que l'on aime par une décision et non par la mort elle-même...
Peut-être mes paroles sont elles insensées... Je suis confuse, excuse-moi.

Après ces mots, la petite fille ferma les yeux. Den sourit pour lui-même, heureux de cette réponse. Avoir quelqu’un qui pourrait compter sur lui…Comme il pourrait compter sur elle, le ravissait.

*Elle n’a pas à être confuse. Chacun avait le droit de ressentir ce qu’il veux.*

Mais Den laissa le silence les envahir de sa douce épaisseur, se sentant apaisé, ne voulant pas briser ce moment. Snow était une petite fille très gentille, et il se demanda pourquoi il ne lui avait pas adressé la parole plus tôt. La pluie cessa après quelques minutes de gouttelettes fines. On aurait eu l’impression que Den et Snow, ainsi assis, le regard dans le vide au loin, se tenant la main, avaient toujours fait partie du paysage. Le soleil semblait pourtant ne pas vouloir montrer le bout de son nez, et les nuages restaient bien présents. Un flash bien tracé se dessina dans une plaine, à quelques kilomètres. Den soupira doucement, se préparant au bruit assourdissant qui allait suivre. En effet, un bruit digne d’un cataclysme qui serait déversé au loin retentit après quelques secondes. Mais ce que Den remarqua le plus, ce fut le sursaut que la petite à sa gauche fit. Elle semblait à présent terrifiée, toute tremblante. Un autre flash, plus près cette fois. Lorsque le vacarme se déclara, la petite serra un peu plus fort la main de Den. Ce dernier la serra a son tour pour la rassurer du mieux qu’il pu. Ainsi, Snow avait peur de l’orage ? Le jeune garçon eut une pensée pour Near, le petit albinos. Il ne souhaitait pas revivre une nouvelle fois la peur de quelqu’un qu’il apprécie et la gène en prime, bien que ce petit contre temps lui avait permis de connaître Near d’un autre œil.

Den se leva alors, en lançant un grand sourire à la petite fille, sans lâcher sa main. Puis il se pencha vers son oreille pour que les éclairs ne l’interrompent pas, car il avait horreur de se faire couper la parole. [Surtout par des éléments de la nature, c’est très frustrant.]

Den : Viens, on rentre. Je n’aime pas les éclairs non plus, et puis il ne pleut plus, ça me plait moins à présent.

Voyant que la petite fille hésitait, Den remit une des mèches de la demoiselle derrière son oreille affectueusement, puis il reprit.

Den : Je resterais avec toi encore un peu, si tu le veux bien.

Puis il tira doucement sur la main de la petite fille, comme pour l'inciter à se lever.

Den la ramena à la réalité, lui faisant oublier un court instant le ciel colérique de cette fin d'après-midi. Lorsqu'il replaça sa mèche blonde derrière son oreille, elle frissonna. Pas parce que le contact était déplaisant, juste qu'il l'avait surprise.
Levant ses grands yeux vers lui, elle se laissa entrainer, se levant lorsque son bras tenant la main du jeune homme se tendit. Elle le suivit silencieusement, essayant de ne plus prêter attention au ciel capricieux, le regard fixé sur le dos de son ami bien plus grand qu'elle.
Il fallait dire qu'avec ses 1m40, Snow n'était pas grande du tout pour ses quatorze ans. Mais ça lui convenait, ainsi elle n’avait pas l’impression de snober ses amis en les regardant de haut lorsqu’ils lui parlaient, au contraire en général, c’était elle qui devait lever la tête pour pouvoir discuter avec eux en les regardant dans les yeux. On lui avait souvent dit que c’était une forme de respect que de parler aux gens en les regardant alors elle faisait ce qu’on lui avait apprit.
Sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte ils avaient parcouru la plus grande partie du parc qui les séparait de l’entrée de la Wammy’s House. Elle prit alors conscience qu’elle était allé s’installer plus loin qu’elle ne l’avait imaginé pour prendre la pluie. Suivant toujours Den sans chercher à se ramener à sa hauteur, ses pensées l’emmenèrent dans un autre monde. La pluie et le tonnerre en arrière plan lui rappelait de douloureux souvenirs…

*** Début du Flash Back***

La pièce était sombre. Depuis combien de temps était-elle recroquevillée au fond de cette pièce qui avait été autrefois source de tant de joie et qui aujourd’hui n’était plus qu'une source de douleur ? Sa chambre –car c’est ce que cette pièce était à la base– était vide. Il n’y avait plus un seul meuble, plus un seul jouet, plus une seule peluche et plus une seule robe de princesse. Seule restait sa tapisserie bleu clair et blanche. L’arc-en-ciel qu’elle avait autrefois peint sur le mur ouest avec sa mère, commençait à s’éclaircir voir à s’effacer à certains endroit ainsi qu'une fine couverture de coton qui servait à la fois de matelas pour lui éviter de coucher à même le sol et de couette pour ne pas attraper froid sur le parquet qu'on avait pas penser à cirer depuis plusieurs mois.
C’était le regard vide et éteint, dénué de joie et de vie que la petite fille observait sa « chambre » quand soudain il y eut un bruit de tambour brusque. Ne s'y attendant pas, surprise, elle sursauta.
Elle tourna la tête vers la fenêtre fermée et cadenassée, aux volets clos et aux rideaux arrachés, qui se trouvait à sa droite et attendit, anxieuse. Une bref lumière illumina un très court instant l'espace vie, comme une vision d'horreur, suivit quelques secondes plus tard par une deuxième détonation qui la fit de nouveau sursauter. Son petit corps frêle et rachitique trembla de haut en bas alors qu’elle se cachait un peu plus dans ses bras, se recroquevillant un peu plus contre le monde en chantonnant.
Faire autre chose que d’écouter la pluie frapper violemment les volets clos et le tonnerre résonner dans la pièce, c’est ainsi qu’il fallait qu’elle procède.
Et Owan se perdit dans la berceuse qu’elle fredonnait, la même que celle que sa mère lui chantait lorsqu’elle était un bébé, en espérant que la tempête cesse bientôt. Elle aimait la pluie, entendre l'averse frapper contre les volets était comme une musique que la nature jouait pour elle pour l'aider à s'endormir mais le tonnerre lui faisait peur. Elle avait toujours l'impression qu'il était porteur de mauvais présage et de cauchemars tous plus affreux les uns que les autres...

***Fin du Flash Back***

La blondinette revint à la réalité et observa autour d’elle. Ils étaient tous les deux dans l’entrée de l’orphelinat, leurs vêtements et cheveux gouttant sur le sol dans un bruit régulier. La porte venait de se refermer sur eux et le bruit du tonnerre au dehors était en partie étouffé par l’épaisseur du bois. Elle n’avait pas lâcher la main de Den et elle fit un petit tour sur elle-même, comme si elle était à la recherche de quelque chose, son regard absent devenant soudain plus vif alors qu’elle le portait sur lui avant de laisser ses lèvres s’étirer en un sourire franc.

« Merci ! Le tonnerre me fait un peu peur et me rappelle de mauvais souvenirs. Ma réaction a dû te paraître un peu excessive mais je suppose qu'il y a aussi des choses qui te font très peur. Pour ma part ce sont le tonnerre et les pièces vides... »

Son sourire était doux et elle semblait être redevenue la calme petite fille qu'elle était habituellement. Elle le quitta des yeux pour aviser un banc qui se trouvait là. Elle n'avait jamais compris l'utilité de ce banc mais aujourd'hui, il allait leur servir. Sifflotant doucement elle l'entraina derrière elle vers le banc pour s'y asseoir. Là, elle ferma les yeux et écouta le silence agréable du hall. Dehors la pluie s'était remise à tomber mais on soupçonnait le ciel de donner encore de temps en temps un petit coup de tambour pour montrer qu'il n'était pas encore calmé.
On pouvait aussi entendre des cris ou des exclamations provenant de la "Common room" qui devait être bondée et où elle n'avait aucune envie de se rendre.
Contrairement à dehors, l'air à l'intérieur de l'orphelinat était plutôt chaud, une chaleur agréable qui l'enveloppait et la faisait sombrer dans une douce torpeur éveillée. Silencieuse, elle restait immobile, regardant devant elle, souriant toujours de cette façon qui lui était propre sans lâcher sa main.

Den tira donc la jeune fille par la main, en attendant patiemment qu’elle daigne se lever. Elle se laissa finalement faire en prenant confiance, puis ils marchèrent silencieusement dans l’herbe mouillée en se dirigeant vers le grand bâtiment éclairé par les flashs irréguliers.

La petite fille serrait toujours la main de Den, et ce dernier marchait devant en confiance, pour la guider. Les bottes totalement trempées, le jeune homme se demanda à quel point ses pieds pouvaient être congelés mais se contenta de soupirer lorsqu’un nouvel éclair assourdissant se fit entendre. La petite derrière avait l’air bien pensive, mais Den, sans un mot, continua, en espérant arriver le plus vite possible à cette satanée porte qui semblait s’éloigner à chaque pas plus qu’autre chose.

Finalement, ils arrivèrent devant la grande porte en bois qui séparait le parc de l’intérieur. Den ne se fit pas attendre. Il poussa de sa main gauche la porte comme il pouvait, car c’était la seule de libre. Doucement, la porte s’ouvra sur l’orage et deux orphelins trempés jusqu’aux os qui dégoulinaient sur le sol des cascades. Roger n’aurait pas apprécié de voir le spectacle. Heureusement pour eux, il n’y avait ni de Roger ni aucun autre adulte en vue. Den referma la porte derrière eux, en ayant l’impression d’avoir fait un effort surhumain. Malgré ce qu’il aurait pu dire, la pluie diluvienne l’avait énormément fatigué. Il respira deux secondes, en s’appuyant légèrement contre l’encadrement de la porte, et attendant une réaction, quelconque soit-elle, de la petite fille à ses côtés. Cette dernière sembla sortir de ses pensées. Elle regarda à ses alentours, comme si elle recherchait quelque chose et sembla finalement poser son regard sur Den dans un sourire affectif.

Snow : Merci ! Le tonnerre me fait un peu peur et me rappelle de mauvais souvenirs. Ma réaction a dû te paraitre un peu excessive mais je suppose qu'il y a aussi des choses qui te font très peur. Pour ma part ce sont le tonnerre et les pièces vides...

Des choses qui faisaient peur à Den ?...Il n’avait jamais réfléchit à ça en fait. Mais tout le monde avait peur de quelque chose. On lui avait d’ailleurs bien assez prouvé. Enfin pas tant que ça. Ce serait bien trop prétentieux de dire qu’il n’avait peur de rien, mais comme il ne voyait pas vraiment une solution, il décida de ne pas lui répondre. De plus, sa fatigue le bloquait à dire quoi que ce soit pour l’instant.
La petite fille détourna le regard vers un banc qui était calé contre l’escalier, dans le couloir. Elle tira alors à son tour Den dans un sifflotement étrangement inattendu. Le jeune homme ne chercha pas à lutter, car de toute façon il n’en avait ni l’envie, ni la force. Il se laissa décoller et marcha lentement à sa suite vers le banc. Elle s’assit et il en fit autant. Il rentra sa main libre dans sa poche de manteau humide, et laissa lentement ses cheveux goutter sur ses genoux en penchant la tête.

Des exclamations et de nombreux bruits provinrent de la Common Room qui était certainement remplie. Den releva la tête en fixant la porte. Il soupira longuement. Il n’avait absolument aucune envie de rencontrer les imbéciles qui pouvait être à l’intérieur de la pièce. Par ailleurs, il serait bien partit maintenant pour les éviter du mieux qu’il pouvait, mais seulement voila, Snow l’avait trainé sur ce banc, et avait l’air d’être heureuse d’y être.Elle fermait les yeux d’un air apaisé. Maintenant qu’il n’était plus dehors, Den, lui, se sentait étrangement mal. Mais il y avait quelque chose qui le retenait. Cette chose, c’était Snow, ou plus précisément la main de Snow dans la sienne. Il n’avait jamais tenu la main à quelqu’un comme ça, et pourtant c’était lui qui avait commencé. Et maintenant, il se sentait honteux de l’abandonner ainsi, sur le banc. Et puis, pourquoi lui avait-il proposé d’être son frère ? Maintenant il ne s’en souvenait plus. Il posa sa tête contre l’escalier en bois, en regardant vers le plafond qui n’avait rien d’intéressant ni d’inspirant. Décidément, il était beaucoup mieux d’être dehors qu’à l’intérieur. Il devait être dans les environs de 18h00 à présent.

Soudain Den se rappela.
Il se souvint pourquoi il lui avait proposé cela.
C’était…Parce qu’elle lui faisait penser à sa sœur.
En fait, il la comparait à sa sœur. Non, il essayait de remplacer sa sœur.

*Remplacer !? Jamais…Jamais je ne ferais cela.*

Den lâcha soudainement la main de Snow. Il serra les dents et les poings, attristé de devoir lui annoncer cela ainsi. Les cheveux recouvrant ses yeux, aucune expression précise sur le visage, il se leva et rentra son autre main dans sa poche. Puis il fixa le mur d’en face, pour ne pas affronter le joli visage de la petite fille.

Den : Je suis désolé. Mais…Tu n’es pas comme ma sœur. Tu ne peux pas l’être.

Et il se dirigea vers l’escalier, en laissant des traces d’eau à chacun de ses pas. Et en faisant un bruit indiscret et désagréable.

Elle fut tirer de sa douce torpeur ensommeillée par la réaction vive de son nouvel ami. Il avait lâché si brusquement sa main que celle-ci vint cogner sur le banc dans un petit bruit sourd. Elle fit une grimace de douleur et leva un regard remplit de curiosité et d'affection sur le visage du jeune homme qui commençait déjà à s'éloigner.
De plus, elle ne comprit pas sa raison, son excuse pour agir ainsi. Elle n'était pas comme sa sœur et ne le serait jamais ? C'était évident et Snow en avait tout à fait conscience, elle ne cherchait aucunement à la remplacer ni à devenir un substitut de cette dernière, ça ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Aussi, prit elle la réaction de Den avec philosophie. Peut-être avait-il eut l'impression qu'en proposant à Snow d'être sa sœur de cœur, il trahissait sa propre sœur ? Bien sûr, elle ne pouvait qu'émettre des suppositions alors que le garçon s'éloignait de plus en plus dans un bruit assez peu supportable. Réfléchissant, elle le regardait continuer son lent chemin, avec l’impression désagréable que si elle ne réagissait pas immédiatement il n’y avait plus aucun espoir qu’il ne devienne un bon ami, qu’il ne veuille juste lui adresser la parole.
Sans s’en rendre compte, la petite fille s’était levé et s’était mise à courir dans le hall pour le rattraper, chose qu’elle ne tarda pas à faire, se fichant pertinemment que courir dans les couloirs fusse interdit, et, pour ne pas qu’ils ne la fuient encore plus, attrapa la main encore chaude qui n’était pas encore rentrée dans sa poche, l’obligeant avec douceur mais fermeté à se tourné à demi vers elle pour qu’elle puisse croiser son regard. Ses grands yeux turquoise étaient remplis d’incompréhension mais aussi d’une certaine douceur.
Elle ne dit tout d’abord rien et laissa un léger sourire étirer ses lèvres menues et pâles. Puis, alors que ses deux mains encadraient celle de Den, elle murmura pour qu’il n’y est que lui qui puisse entendre –on ne sait pas, si jamais quelqu’un passe.

« Je n’ai jamais songé la remplacer. Je sais très bien que je ne suis pas elle et tu le sais comme moi. Je ne cherche pas à être elle, je trouvai juste l’idée agréable d’avoir un grand frère mais si tu penses que ce n’est pas possible alors je ne te considèrerai pas comme tel… »

La douceur du ton de sa voix et la chaleur qui se dégageait de ses mots avaient quelque chose d’apaisant. Elle comprenait la peur qu’avait pu soudain ressentir Den à la simple idée de faire de Snow sa sœur d’adoption et elle voulait qu’il ne la considère que comme une seconde sœur, différente de la première. Elle ne savait pas grand chose de son passé, elle ne connaissait pas la sœur du jeune homme elle ne pouvait dès lors pas l’imiter de toute manière.
Elle se trouva soudain bien égoïste de retenir le garçon contre son gré… C’est vrai, c’était souvent comme ça. Elle aimait être entourée des gens qu’elle appréciait et Den en faisait déjà partie.
Ses yeux se brouillèrent légèrement alors qu’elle songeait à lâcher sa main pour le laisser aller comme il l’entendait, à le laisser la fuir, prendre le risque qu’il ne lui parle plus par la suite et qu’ils ne s’évitent. Snow avait les larmes aux yeux sans comprendre comment cette rencontre fugace aurait vraiment pu se terminer ainsi. Et ces deux turquoises toujours plantés dans le regard de Den elle murmura de nouveau.

« Je suis égoïste de vouloir te retenir mais je n’ai pas envie de te voir partir ! Je veux continuer de bavarder tranquillement avec toi, je veux continuer de partager un petit bout de ton existence, je veux apprendre à mieux te connaître, je veux devenir ton amie, une amie sur qui tu peux compter, je veux te croiser le matin et te dire bonjour en souriant, je veux… Je ne veux pas que tu t’en ailles en pensant de telles choses ! »

Il était vrai qu’elle ne le connaissait que très peu. Après tout ils n’avaient commencé à discuter qu’il y avait peu mais pourtant elle n’avait pu s’empêcher de laisser cette flopée de mots égoïstes atteindre Den et le frapper de pleins fouet.
Snow baissa alors la tête, lâchant la main du jeune homme avant d’essuyer ses yeux bleus d’un geste vif.

Den entendit la course effrénée de la petite fille, mais l’ignora et continua sa démarche qui mouillait de plus en plus le sol à chacun de ses pas. C’est alors que la jeune fille s’agrippa de ses deux mains à la seule main libre de Den. Ce dernier se stoppa, crispé. Snow tira sur la main de Den de sorte qu’ils se regardent dans les yeux. La petite fille laissa apparaitre un doux sourire sur ses lèvres. Den s’apprêta à lui dire de le laisser tranquille, mais Snow se mit alors à chuchoter ces mots.

Snow : Je n’ai jamais songé la remplacer. Je sais très bien que je ne suis pas elle et tu le sais comme moi. Je ne cherche pas à être elle, je trouvai juste l’idée agréable d’avoir un grand frère mais si tu penses que ce n’est pas possible alors je ne te considèrerai pas comme tel…

*Ne…Ne me regarde pas !...Tais-toi ! Je…Je dois partir!*

Den ferma les yeux et tourna la tête. Il ne voulait pas entendre autre chose. Pas un mot de plus. Il fallait qu’elle se taise ! Et que lui parte maintenant. Seulement, ses jambes refusaient de bouger, sa main refusait de se dégager, son corps lui désobéissait totalement, et c’était pour lui horrible à subir.

Cette fille n’avait pas à décider si elle ferait partie de ses amis ou non ! Il devait se dégager. Il ouvrit les yeux, et s’apprêta à lui dire ce qu’il pensait de cette…

Il se stoppa soudainement dans son élan. Snow avait les larmes aux yeux.

Den sentit sa gorge devenir soudainement très sèche, au point d’en perdre la voix. Il était à présent immobilisé, incapable de sortir un seul son une véritable statue. La petite le fixa toujours de ses grands yeux mouillés et continua.

Snow : Je suis égoïste de vouloir te retenir mais je n’ai pas envie de te voir partir ! Je veux continuer de bavarder tranquillement avec toi, je veux continuer de partager un petit bout de ton existence, je veux apprendre à mieux te connaitre, je veux devenir ton amie, une amie sur qui tu peux compter, je veux te croiser le matin et te dire bonjour en souriant, je veux… Je ne veux pas que tu t’en ailles en pensant de telles choses !

Puis la petite fille lâcha la main de Den, et essuya d’un revers de manche ses yeux tout mouillés de larmes.

Quoi ! Elle était égoïste ?! Certainement pas, c’était surement la personne la plus gentille que Den avait rencontré depuis son arrivée à la Wammy’s house. Jusqu’à présent, la seule chose que les autres trouvaient à faire était de traiter Den de borgne, d’imbécile qui parle aux éléments, de bourge efféminé, ou bien d’autres choses plus affligeantes les unes que les autres. Le reste des gens l’ignorait totalement, agacé de sa seule existence. Alors pourquoi ? Pourquoi fallait-il que cette petite fille arrive dans sa vie ?! Pourquoi fallait-il qu’elle soit si gentille avec Den qui était si insociable ? Il n’en savait rien.

A présent la petite fille sanglotait doucement en attendant la réaction de Den. Ce dernier passa une main contrariée sur son visage. Il n’arrivait décidément pas. Cette fille…Cette fille était trop gentille. C’était tellement dur de la laisser ainsi. Il ne pouvait pas.

Den sortit lentement sa main de sa poche. Il regarda la petite fille, qui avait la tête à présent baissée. Puis il s’approcha d’elle et l’enlaça doucement, en la serrant contre lui. A présent il savait qu’il ne voulait plus partir, parce que cela ferait du mal à Snow. Il ne souhaitait surtout pas ça. Den se pencha à nouveau vers son oreille pour lui murmurer ces mots d’une voix douce.

Den : Tu n’es pas égoïste. C’est moi… C’est moi et moi seul qui l’est. Si tu veux que je sois ton frère alors je le serais. Si tu veux que nous nous disions bonjour chaque matin en souriant, alors nous le ferons. Si tu veux que je te raconte des choses sur moi, je te dirais ce que tu veux, car je ne veux surtout pas que tu sois malheureuse. Enfin, si tu veux que nous soyons amis,…

Den marqua un temps de pause. Il lâcha doucement la petite fille et lui releva doucement la tête de sa main sèche. Et c'est finalement dans un sourire qu'il continua d’une voix normale.

Den : …Alors soyons-le dès maintenant, car je le souhaite aussi.

Puis Den se laissa tomber sur la première marche de l’escalier qui se trouvait juste derrière lui et garda son sourire.

Les paroles résonnèrent longtemps dans son esprit. La jeune fille était contente que Den accepte ce qu’elle était, non pas une remplaçante pour sa sœur mais une autre petite sœur potentiel. Ainsi, Snow se sentait mieux.
Elle n’aimait l’idée de « remplacement » que Den avait pu avoir. Elle ne connaissait de son passé que ce qu’il lui en avait raconter quelques heures auparavant et elle ne savait pas ce qu’il s’était soudainement passé dans sa tête pour qu’il la rejette ainsi…
Qu’il la rejette…
Oui c’était exactement ça. Il l’avait refusée en bloc comme si sa présence même n’était qu’une source de tristesse. Et ça, Snow en avait peur. Elle voulait être aimée et entourée. Elle voulait aider les autres et même si elle ne l’avouerait jamais, se sentir rejeter ainsi la blessait terriblement..
Mais c’était déjà passé. Maintenant, le sourire de Den lui avait fait retrouver ce qu’elle cherchait avec les autres : un lien fort, tisser à partir de simples mots, de simples rencontres aléatoires ; juste de quoi créer un semblant d’amitié, de rapprochement ou même d’amour. Qu’il soit fraternel ou autre ne changeait rien, elle ne cherchait que ça.
Elle savait qu’elle n’était pas la seule et ce qu’elle ressentait la rendait ce qu’elle paraissait être habituellement : une enfant de quatorze ans douce et généreuse.

Les mots du jeune homme résonnaient encore dans sa tête lorsqu’elle la secoua horizontalement. Si, elle était égoïste, mais elle luttait contre cette tendance qui la rattrapait de temps en temps. Elle n’aimait pas penser à elle avant les autres, elle n’aimait pas tout rapporter à sa personne. Sa mère avait donné sa vie pour protéger la sienne. Alors elle donnerait sa vie pour protéger celle des autres… Même si ce n’était que par le faite de les apprécier.
Certains diraient certainement que sa façon de résonner serait étrange. Mais ces personnes ne pourraient comprendre le pourquoi du comment, alors ça ne faisait rien. Elle releva la tête et plongea ses yeux turquoise au fin fond de ceux de son nouveau frère de cœur.

« Tu n’as pas à t’en vouloir. Je ne sais pas encore tout ce qu’il s’est passé pour toi, alors je ne peux pas comprendre la raison de ton geste. Mais l’espace d’un instant j’ai eut peur. Peur de te voir partir et ensuite de ne plus te voir revenir… C’est peut-être stupide mais je n’aime pas voir les autres souffrir, peu importe qui c’est…Excuse-moi de ma réaction exagérée »

Si snow avait été japonaise, elle se serait certainement inclinée. Mais étant anglaise de pure souche, elle ne connaissait pas cette méthode, alors elle quitta les magnifiques yeux du jeune homme pour prendre les coins de sa robe et le saluer courtoisement comme les dames à l’époque de la renaissance. Peut-être lisait-elle trop. Ou peut-être avait-elle trop regardé les films de cette époque où les grandes dames étaient toutes vêtues de robes plus splendides les unes que les autres ; où ces dames de la noblesses ou de la haute bourgeoisie étaient très maniérées… Mais ça ne faisait rien.
Peut-être Den rirait-il d’elle, peut-être sourirait-il de cette drôle de manière de s’excuser mais Snow était sur d’une chose : il ne se moquerait pas. Enfin, elle en était presque sûre.

Finalement, elle se redressa et l’observa timidement, un doux sourire étirant de nouveau ses lèvres. Elle était redevenue celle qu’elle avait toujours été et elle voulait le rester… Non, elle voulait s’améliorer au contact des autres.
Et maintenant ? Que faire ? Juste attendre sa réaction ? Oui, c’est ce qu’il y avait de mieux à faire.

La petite fille, qui se trouvait encore debout devant Den, secoua soudainement la tête de gauche à droite après quelques secondes de réflexion, le regard vers le sol. Puis, elle releva la tête et plongea ses yeux dans ceux de brume de Den.

Snow : Tu n’as pas à t’en vouloir. Je ne sais pas encore tout ce qu’il s’est passé pour toi, alors je ne peux pas comprendre la raison de ton geste. Mais l’espace d’un instant j’ai eut peur. Peur de te voir partir et ensuite de ne plus te voir revenir… C’est peut-être stupide mais je n’aime pas voir les autres souffrir, peu importe qui c’est…Excuse-moi de ma réaction exagérée.

Puis elle relâcha son regard et se saisit doucement des coins de sa robe pour saluer Den à la façon les dames de l’époque de la renaissance. Finalement, elle se releva et l’observa d’un regard timide, un sourire doux étirant à nouveau ses jolies lèvres. Den n’hésita pas un instant, il se releva et lui sourit à son tour. Puis il plia son bras gauche derrière son dos, et posa sa main droite sur son cœur pour s’incliner légèrement à son tour, à la façon d’un prince.

Den avait toujours eut la courtoisie d’un prince. Il avait été élevé ainsi, et avait conservé quelques attitudes de son passé. Aussi, réagir à cette situation lui avait été d’un naturel impressionnant. Il avait déjà pu réagir de cette façon avec plusieurs personnes à la Wammy’s, et il n’était pas tellement étonnant que les personnes qui le connaissait un peu plus à présent et qui avaient commencé par l’appeler « prince » à cause de sa couronne continues, par habitude, mais aussi parce que son allure élancée, son caractère et ses manières, faisaient presque de lui un prince. Den n’en était pas tellement conscient, mais il avait prit l’habitude des surnoms qu’on lui attribuait. Que ce soit « prince d’argent » ou « bourge », il avait comprit, avec le temps, qu’on ne pouvait pas aller contre les préjugés, et qu’il n’avait qu’à laisser faire. Néanmoins, le qualificatif qu’il n’arrivait toujours pas à supporter était le mot « efféminé ». Déjà, parce qu’il ne l’était pas, [ du moins, c’est ce qu’il se disait ] et qu’il n’avait pas lieu d’être. [ Ce qui revenait en fait, à la même chose. ] Il ne comprenait absolument pas pourquoi ce surnom était le plus utilisé alors que c’était le moins plausible.

Le regard bleu et doux de la petite fille le ramena à la réalité, et un sourire orna de nouveau ses minces lèvres, quoi qu’un peu gêné, cette fois.

Den : Ta réaction n’est pas exagérée, c’est la mienne qui l’est ! Alors… Cesses de t’excuser à ma place, s’il te plait, c’est gênant.

Puis un silence se fit, et Den regarda distraitement sur le côté, en repensant à sa sœur. Il ne pouvait l’oublier, il en était certain. Il allait la retrouver un jour, où qu’elle soit. Den reprit doucement la main de la petite fille pour la tirer vers le banc où ils étaient, quelques instants auparavant. Puis il s’assit et tira la demoiselle de nouveau pour qu’elle fasse de même. Finalement, un petit soupir se fit entendre de la bouche de Den, et il se remit à parler en regardant le mur qui se trouvait en face.

Den : Ma sœur s’est fait battre jusqu’au sang par son père, et elle s’est enfuie de la maison ou je vivais avant.*

C’est à ce moment qu’un bon nombre d’orphelins sortirent de la Common Room. Den regarda vers le sol en silence, et se dit que Snow avait peut-être envie de lui lâcher la main, car les autres commençait déjà à rigoler et se moquer des deux orphelins trempés par la pluie. Mais Den n’avait pas envie de la lui lâcher, aussi, il attendit pour voir si elle allait se dégager elle-même.

Den : Je vais la retrouver.

* En réalité, la sœur de Den est morte lorsqu’elle s’est fait battre ainsi, Den l’a vu de ses propres yeux, mais il s’est convaincu durant toute une nuit que ce n’était pas le cas, tellement il ne le souhaitait pas, c’est pour cela qu’il l’a croit toujours en vie. Pour le « son père », il considère que ses parents ne sont plus les siens, c’est pour cela qu’il ne dira plus jamais mon père, ou ma mère, d’ailleurs, la plupart du temps, il les appelle par leurs prénoms.

Snow attendait une réaction de la part du jeune homme et elle ne fut pas celle à laquelle elle s’attendait : le jeune homme s’inclina à la manière des princes en réponse à sa courtoise révérence. Elle aimait bien cette manière de faire, elle la trouvait simple et amusante. Puis il sembla partir dans ses pensées et elle croisa les mains dans son dos, attendant simplement qu’il sorte de ses pensées, la laissant partir à son tour dans les siennes. Ce ne n’était facile ni pour l’un ni pour l’autre quand on avait du mal à se comprendre. Mais elle allait apprendre à le connaître, comme ça elle ne ferait plus d’erreur, elle ne voulait plus le blesser comme précédemment.
Elle reporta ses yeux turquoise sur Den encore perdu dans ses pensées mais il sembla revenir en s’apercevant qu’elle le regardait. Puis il lui dit que la voir s’excuser à sa place était gênant. Elle ne dit rien et se mit à réfléchir, attrapant une mèche de ses cheveux blonds encore mouillés et la pinça entre ses deux lèvres, en fixant la marche d’escalier derrière le jeune homme. Elle ne s’était pas excusée à sa place, enfin elle n’en avait pas l’impression alors elle cherchait ce qu’il avait voulu dire par là.
Elle l’avait gêné en s’excusant.
Etrange, c’était bien la première fois qu’on lui disait ce genre de chose. On lui avait déjà fait remarquer qu’elle s’excusait pour un rien, mais là, elle trouvait son pardon justifiable… Après tout, elle avait encore pleurer pour rien. C’était un peu de ça dont elle s’excusait au fond.
Enfin, ça ne faisait rien.
Den ne semblait pas vouloir rester assis sur les marches de l’escaliers et, profitant qu’elle avait laissé ses mains revenir à leur place précédente, il en attrapa une et l’entraîna à sa suite vers le banc qu’ils avaient quitté précédemment. Puis, il l’entraina ensuite à s’asseoir à côté de lui, sans lâcher sa main. Pour elle, ça n’avait pas d’importance. Enfin peut-être si Vampire était-il passé, se serait-il fait des illusion mais une main dans une autre ne signifiait pas forcément une relation amoureuse, c’était logique.
Alors que Den commençait à lui parler de sa sœur, les orphelins sortirent de la Common Room et il se tut. Elle, elle attendit simplement que tous soit passé, soutenant chaque regard qu’elle croisait. Ils pouvaient rire de leur façon de se comporter, elle n’en avait cure. Elle était bien comme ça et ce n’était pas eux qui allait la faire lâcher la main du jeune homme.
D’ailleurs, qu’est-ce que ça pouvait bien leur faire ? Ce n’était pas leurs affaires. Décidément, il y avait des jours où elle se demandait si elle était bien dans un orphelinat de surdoués, parce qu’ils avaient parfois des réactions totalement stupides, comme celle de rire parce que deux êtres se tenaient la main.
Soit, si ça leur faisait plaisir de rire, qu’ils rigolent, elle n’en était pas le moins du monde touchée. Il en fallait plus pour abattre sont moral d’acier. Enfin, heureusement quand même que son petit ami n’était pas dans le lot, peut-être lui en aurait-il voulu de tenir la main d’un autre que lui… Enfin, elle ne savait pas, elle avait parfois du mal à le cerner.
Comme tous les orphelins étaient montés et qu’il n’y avait plus de trace d’aucun d’entre eux, Den rajouta quelque chose à propos de sa sœur.
Elle lui sourit en l’entendant et déclara :

« Je suis de tout cœur avec toi. J’espère que tu la retrouvera rapidement ! »

Snow avait eut la chance de ne pas être battue au point de la sœur de Den. Certes, son père la frappait mais jamais jusqu’au sang. Il s’arrêtait quand il se rendait compte qu’il lui faisait plus de mal que de bien. Elle ne lui en voulait pas, il n’avait jamais su exprimer son amour avec douceur.
On disait toujours à Snow, lors de son séjour chez Mark, qu’étant une enfant battue, elle battrait ses propres enfants. Mais au fond, elle savait que c’était faux. Elle ne pouvait pas reproduire quelque chose d’aussi dur, d’aussi dur à subir et elle comprenait pourquoi la sœur de Den s’étaient enfuie. Elle, elle aimait trop son père pour songer à le laisser seule. On avait décidé pour eux deux finalement, ils avaient été séparés.
Et à présent, elle ne savait pas si elle le détestait ou si elle l’aimait.
C’était trop compliqué de se décider entre ces deux choix.
Reportant son attention sur le jeune homme elle déclara :

« Je pense que je ne reverrai pas mon père. Sa peine de prison va duré bien plus longtemps que mon séjour ici. J’ai déjà quatorze ans. J’en avais à peine huit lorsqu’on lui a retiré ma garde. Et malgré mes tentatives pour lui éviter la prison, on l’y a quand même condamné. Il n’y a pas de justice qui soit juste dans ce monde. Je ne sais pas si je dois lui en vouloir ou non, mais je sais que je ne le reverrai certainement pas... Tout comme Mark. »

Elle ne se souvenait pas lui en avoir parler tout à l’heure mais elle n’avait pas envie d’en rajouter. S’il voulait en savoir plus, alors il n’avait qu’à poser des questions. Et elle lâcha un peu soupir en attendant qu’il ne continue la conversation.

Snow : Je suis de tout cœur avec toi. J’espère que tu la retrouveras rapidement !

Den, un peu surpris par sa réaction, releva la tête vers Snow, puis la rabaissa vers le sol, un sourire aux lèvres. Le jeune garçon parlait très peu de lui-même, et avait l’habitude qu’on ne l’écoute pas vraiment. Les gens, vous savez, de nos jours, sont de plus en plus égoïstes. Tout le monde s’écoute, mais tout le monde fait semblant de s’intéresser. Du moins, voila l’opinion que Den se faisait du monde. Pour lui, les humains étaient ainsi. Mais, il ne pouvait leur reprocher, puisque cela était dans leur nature. Pourtant cette jeune fille venait de lui prouver le contraire, et même, dans son regard, il avait lut de la vraie compassion, un véritable encouragement qu’elle lui dévouait. Et cela avait réchauffé son cœur. A présent il voulait l’écouter. Il voulait qu’elle lui parle d’elle, et qu’à son tour il l’encourage à rester forte. Justement, la demoiselle le coupa dans ses pensées.

Snow : Je pense que je ne reverrai pas mon père. Sa peine de prison va durer bien plus longtemps que mon séjour ici. J’ai déjà quatorze ans. J’en avais à peine huit lorsqu’on lui a retiré ma garde. Et malgré mes tentatives pour lui éviter la prison, on l’y a quand même condamné. Il n’y a pas de justice qui soit juste dans ce monde. Je ne sais pas si je dois lui en vouloir ou non, mais je sais que je ne le reverrai certainement pas... Tout comme Mark.

Malgré ce qu’il s’était dit quelques secondes auparavant, une expression intriguée s’afficha sur son visage. Mais après tout, avant d’encourager, ne fallait pas t-il comprendre ? Si Den voulait être sincère, il avait besoin d’en savoir plus. Question de curiosité, peut-être, mais il avait l’impression qu’en savoir plus sur son amie l’aiderait. Que ne comprenait-il pas ? Principalement, qu’elle n’en voulait pas à son père. Elle lui avait dit qu’elle interprétait ses gestes comme de l’affection ? Il ne voyait vraiment pas comment lorsque son père le frappait, il pouvait ressentir de l’affection pour elle. Mais il ne connaissait pas les détails de l’histoire, et si elle pouvait encore aimer ses parents, alors il valait mieux que ça reste ainsi. Car malgré les apparences, ne pas avoir de parents à aimer était quelque chose de dur pour la plupart des orphelins. Den se pencha vers la demoiselle, le regard remplit de curiosité, il lui posa la deuxième question qui lui brûlait les lèvres.

Den : Snow, qui est Mark ?

Un éclair retentit à ce moment précis. La main de Den se crispa à l’entente du bruit, et il lui semblait que celle de Snow aussi. Den appuya sur ses talons au sol. « Splash » fut la réponse des bottes du garçon. Ce dernier regarda dépité le bruit bien étrange qu’elles venaient de faire, attendant toujours une réponse de la demoiselle. Et soudain, une chose lui vint à l’esprit. Peut-être qu’elle n’avait pas envie d’en parler ! Peut-être qu’il était mort ! Vraiment, la délicatesse n’était pas son fort, il devait se l’avouer. Vraiment, il essayait d’aider les autres, mais il avait l’impression de faire tout le contraire. Den s’accroupit soudainement devant Snow, un genou à terre, une expression inquiète dans les yeux, et posa son autre main sur le genou de la demoiselle.

Den : Désolé, je suis vraiment stupide. Oublie ce que je viens de dire d’accord ? Je ne voulais pas te vexer! Je...Excuse-moi.

Et puis, s’apercevant que ça ne se faisait pas de laisser sa main ainsi sur le genou de Snow, il se rassit à sa place, un peu gêné. Néanmoins, il ne lâcha pas la main chaude de la petite fille. Une étrange force le poussait à la garder. Il avait l’impression étrange qu’en lâchant la main de Snow, il perdrait aussi son amitié. La réalité c’est qu’il avait peur. Peur de la gaffe qu’il pensait avoir commise.

Lorsque Den lui demanda qui était Mark, un sourire triste et léger étira ses fines lèvres roses alors que son regard se plongeait dans l’ombre du grand escalier, un peu plus loin. Les souvenirs déferlaient dans son esprit comme une avalanche de crème glacé dans un cône pour former une glace à l’italienne. Son visage était encore net et elle aurait été capable de le dessiner au détail prêt si on lui avait donné du papier et un crayon, juste de mémoire.

« C’est… »

Commença-t-elle dans un murmure. Mais elle ne finit pas sa phrase. Elle-même n’aurait su dire qui était Mark. Enfin pour elle surtout, après, dire simplement qu’il était juge et qu’elle avait été à sa garde pendant quelques mois était peut-être suffisant. Mais au fond, il était bien plus que ça. Un tuteur, certes, mais plus doux et plus aimant que son géniteur ne l’avait jamais été. Ne donné que ça comme explication à son ami lui semblait sans couleur, sans goût alors qu’il s’attendait certainement à quelque chose de plus profond.
Ami ? Père ? Frère ? Protecteur ? Amour ? Star ?
Tant de mot qui aurait pu lui convenir d’une certaine manière. Ce qu’elle ressentait pour lui avait toujours été un mélange de sentiments confus et elle n’avait jamais vraiment cherché à y mettre de l’ordre pour y voir plus clair. Non, même aujourd’hui, ce qu’elle ressentait restait un mystère profond que même les encyclopédies ne pourraient pas lui enseigner.

Comme il pensait l’avoir blessée, Den s’excusa, geste maladroit qu’elle accepta d’un hochement de tête silencieux et imperceptible avant de revenir à elle lorsque le tonnerre gronda au loin, la faisant sursauter de surprise, sa main serrant un peu plus fort celle de son ami d’un geste qu’elle sentit réciproque.
Puis elle décida de finir plus clairement la réponse qu’il attendait.

« Je ne saurai définir notre relation. Il a été mon tuteur pendant le moment de transition qui a précédé le jugement de mon père. Je veux dire, entre le moment où les policiers ont saisit la maison et mon arrivée ici plutôt. Il était juge, un excellent juge et il a prit soin de moi comme de son enfant décédé. Aujourd’hui encore, je ne saurai dire ce que j’éprouvai jadis pour lui. Et ne t’inquiète pas, tu n’as pas à t’excuser pour ça, c’est normal de vouloir savoir. Apprendre à connaitre l’autre… C’est naturel je pense. »

Son sourire avait retrouvé sa joie et sa fraicheur habituelles alors qu’elle tournait ces grands yeux clairs vers lui pour le rassurer : on n’y lisait plus une seule trace de tristesse ou d’un sentiment voisin. Elle était toujours la douce et affectueuse jeune fille qu’il avait rencontré et ça ne risquait pas de changer de sitôt, bien qu’elle était comme ça en adoptant d’une certaine manière, la politique de l’autruche : elle ne voulait pas voir le monde de face, elle préférait penser ce qu’il était préférable pour elle de penser.
Et tout le monde ne s’en portait que mieux ainsi.

Elle ne s’était pas rendu compte que la main de Den s’était posé sur son genoux et une fois de plus, elle secoua négativement la tête devant son air gêné. Ce genre de chose ne la dérangeait pas, il avait le droit de réagir comme bon lui semblait même si elle aurait préféré qu’il ne la plaigne pas. Elle avait vraiment en horreur le fait que l’on s’inquiète pour elle. Ca lui faisait mal au cœur de savoir et de voir que les gens s’inquiétait pour elle ou la plaignait ainsi.
Elle n’était pas malheureuse de son sort et elle ne s’apitoyait plus depuis longtemps sur ses souvenirs : elle les avait acceptés, aussi malheureux fussent-ils.
Ils étaient une part d’elle, son passé remplit d’erreurs qu’elle n’avait pas le droit de commettre à nouveau et qui pourtant, elle le savait, connaitrait certainement un second round… Le fait de trop s’attacher aux autres comme elle le faisait lui jouerait certainement bientôt des tours car accepter autant les qualités que les défauts des autres ne suffisaient plus à les comprendre et c’était le nouveau point sur lequel elle devait s’inquiéter.
Mais las de réfléchir à de tristes chose, elle laissa son attention revenir à son interlocuteur gêné à qui elle souriait toujours.

Snow hocha la tête en silence comme pour accepter les excuses de Den. Pourtant une étrange tristesse s’était dessinée sur son visage. Den avait l’impression de ressentir le chagrin du passé par l’intermédiaire de la petite main qui tenait la sienne. A moins que ce ne soit les yeux de la jeune demoiselle qui lui transmettait tant de mélancolie et de mystère à la fois.

Den sourit légèrement. Parler du passé devait être quelque chose de dur pour un bon nombre d’orphelins. Si elle ne souhaitait pas en parler, alors il n’allait pas la forcer. Parce qu’il tenait à elle. Même si ils ne se connaissaient que depuis quelques heures, on sentait l’amitié profonde qui les liait. Un lien de fraternité se dégageait du cœur des deux enfants. Puis le silence fut brisé par la voix de la demoiselle.

Snow : Je ne saurai définir notre relation. Il a été mon tuteur pendant le moment de transition qui a précédé le jugement de mon père. Je veux dire, entre le moment où les policiers ont saisit la maison et mon arrivée ici plutôt. Il était juge, un excellent juge et il a prit soin de moi comme de son enfant décédé. Aujourd’hui encore, je ne saurai dire ce que j’éprouvai jadis pour lui. Et ne t’inquiète pas, tu n’as pas à t’excuser pour ça, c’est normal de vouloir savoir. Apprendre à connaître l’autre… C’est naturel je pense.

Den pencha la tête un peu de côté. Snow avait retrouvé son sourire habituel, et il sentit qu’elle voulait lui faire comprendre de ses grands yeux bleus qu’elle allait bien. Mais Den percevait toujours un profond mystère dans son regard. Malgré cela, il lui sourit à son tour. Ce mystère, il en saurait peut-être plus un jour. Pour l’instant, avoir une place dans le cœur de Snow lui suffisait. Il avait l’impression d’avoir trouvé une chose unique, un trésor qu’il devait conserver jalousement. Ce n’était pas de l’amour. Cela ne ressemblait pas non plus à de l’admiration. Cela correspondait peut-être a de l’amitié, mais Den aurait appelé ça de la fraternité.

Il regarda par la grande fenêtre, au bout du couloir, un sourire toujours sur le visage. Il avait envie de garder cette harmonie avec Snow, pour encore longtemps. Il savait que ce genre de moment, où main dans la main, en silence, ils pensaient chacun de leur côté, à beaucoup de choses sans être gêné pour autant, les liaient par beaucoup de choses.

Puis finalement, la pluie se calma, l’orage s’arrêta. Les enfants avaient évités de peu la maladie, et même si Den le savait, il se releva doucement, le même sourire apaisant ornant son visage. Puis il se pencha vers la jeune demoiselle.

Den : Je vais revenir dehors, Snow. Parce que la pluie me demande.

Il rigola doucement, puis soudain considéra la main de Snow toujours dans la sienne. Son sourire s’affaissa. Il ne ressentait pas vraiment l’envie de se dégager de ce lien qu’ils entretenaient depuis quelques heures, alors il regarda la jeune fille et de nouveau sourit :

Den : Désolé, mais ma main a échappé à mon contrôle, alors à toi de faire quelque chose…Mais je suis heureux du lien qu’on a créé en si peu de temps.

Il lui sourit de nouveau. Un sourire paisible. Un sourire serein. Un sourire calme. Un sourire qui voulait tout dire et qui cachait tant de choses à la fois. Des personnes qui voulaient tout dire et qui cachaient tant de mystère à la fois.

Il semblait avoir compris que sa situation n’avait rien d’alarmant et que ses souvenirs, d’en parler, ne lui posait pas de problème et ça lui fit l’effet d’une bouffée d’air frais. L’orage semblait s’en être allé un peu plus loin et Den se leva, entrainant en même temps sa main qu’il tenait toujours, lui indiquant qu’il voulait retourner dehors parce que la pluie l’appelait.
Snow aimait cette façon d’agir, comme si le jeune homme avait vraiment quelque chose qui lui permettait de savoir ce que le vent, la pluie ou encore la neige, bref le message de la nature, pouvait bien vouloir dire. Elle l’enviait un peu aussi, elle aurait voulu voir les choses avec autant d’innocence que lui, un air candide ou rêveur sur le visage en se contentant d’être à l’écoute des éléments déchainés.
Mais l’orage lui faisait affreusement peur et même s’il n’était plus là, il était susceptible de revenir quand bon lui semblait, comme si la frayeur qu’il avait crée chez elle ne lui suffisait pas et qu’il faille en remettre une couche.
Elle leva ses yeux turquoises vers son ami, celui qu’elle aurait pu considérer comme son frère, et elle observa son sourire désolé. Elle, ne comprenant pas vraiment la raison de son désarroi, se contenta de desserrer un peu les doigts mais sans lâcher sa main. Peut-être que le lien qu’ils avaient crée se dissoudrai immédiatement après que leurs contact se soit éteint ? Non, ça ne se passait pas comme ça elle était confiante et elle laissa ses muscles se relâcher entièrement, sa main retombant doucement le long de son corps assis, ses mains s’accrochant sur le rebord du banc.
Elle lui sourit alors une dernière fois et refusa de le suivre. Elle avait envie d’un bon bol de quelque chose de chaud et la cuisine lui semblait un lieu adéquat pour satisfaire les besoins de son corps encore un peu tremblotant.

« Dans ce cas, j’espère que tu ne t’enrhumera pas. Je ne te suis pas, excuse-moi d’avance. J’espère qu’on pourra parler de nouveau, comme on vient de le faire, très bientôt. »

Elle le regarda s’éloigner puis laissa ses pensées divaguer un peu au gré de leurs envies. Sa discussion avec le garçon lui avait fait prendre conscience d’une chose : Mark lui manquait affreusement, bien plus qu’elle n’aurait pu l’imaginer. Et pourtant, elle se doutait qu’elle n’était pas prête de le revoir de si tôt. C’était dommage et triste mais c’était ainsi et elle n’y pouvait rien. Il l’avait laissé ici parce qu’il ne pouvait pas s’occuper d’elle, parce que son travail lui prenait du temps et que garder la fille d’une des personnes dont il avait eut à donner la sentence ne devait pas être facile.
Mais au moins, il avait prit soin d’elle comme de sa propre enfant lorsqu’elle avait séjourné chez lui et c’était le plus important, elle ne regrettait rien.
Haussant ses épaules mentales elle soupira puis se redressa, le tissu de sa robe encore humide goutant sur le sol et elle décida que se changer serait la meilleur initiative avant d’aller satisfaire son estomac. Elle s’engagea donc dans l’escalier, commença à en monter les marches puis s’arrêta et fit finalement demi-tour, décidant finalement de faire un tour aux cuisines où il devait faire bon, voir lourd et où sa robe aurait tout le temps et le loisir de sécher. Et puis là-bas au moins, elle serait entourée de saveurs toutes plus succulentes les unes que les autres.

Sujet: Re: Une chanson par temps d'averse. [Pv Den][FINI]

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