Le son cuivré d’une trompette retentissait entre les arbres et plus précisément tout au bord de l’étang. La rosée couvrait chaque brin d’herbe, chaque plante, d’un voile humide qui au fur et à mesure que l’aube se levait, se transformait en gracieuses perles translucides. Assise sur une souche humide, Askell avait aujourd’hui décidée que se serait une trompette qui l’accompagnerai et serai son porte parole. On se doute bien que la jeune fille n’était pas venue admirer le lever du soleil au milieu de ces bois mais que ses cauchemars et angoisses l’avaient une fois de plus poussé à se lever à pas d’heure.
Impossible de déjeuner à cinq heures du matin et encore moins de réveiller les orphelins au son du clairon ! Elle avait donc naturellement dirigée ses pas vers les bois puis vers l’étang.

Il y avait tout un tas de choses intéressantes là bas… les poissons, les chauves souris, la flore qui ouvre doucement les yeux… Non honnêtement Askell n’en avait pas grand-chose à faire, c’était juste un cadre agréable pour jouer de la musique. Elle ne savait pas pourquoi mais jouer de la trompette au milieu des bois était jouissif, entendre la musique monter vers les cieux et faire vibrer les arbres avec un peu de jazz, c’était particulièrement marrant en faite !

Mais cela faisait bientôt une heure qu’elle avait arrêté le jazz et changé son répertoire pour celui de Sidney Bechet. Il devait bien être sept heures mais ses doigts pouvaient encore sauter d’un piston à l’autre agilement et sans mal, après toutes ses années à jouer de la musique se serai bien ennuyeux si elle était encore affectée par ce genre d’effort.
En tout cas à présent, elle jouait une « Petite Fleur » et les notes mélancoliques donnaient à cette petite clairière un air particulier, à mi chemin entre, je ne veux pas me lever et pourtant le soleil se lève ! En tout cas Askell se disait que les fleurs et autres animaux devaient ressentir ça à peu de choses près.

Elle avait les fesses trempé (oui la souche était humide vous vous souvenez ?)mais une fénéantise qui aurait pu rivaliser avec celle de Lazy, l’empêchait de se lever pour ne plus se geler les fesses. Combien de temps allait elle resté encore là ? Aucune idée. Il n’était pas rare qu’elle passe la journée à jouer de la musique.

C’est alors que parmi ses notes de musiques elle entendit un son étrange. Inquiète elle regarda sa trompette d’un air soucieux mais un « Aouch » s’éleva d’un buisson non loin et une tête aux cheveux blanc apparue, en premier lieu elle cru que c’était Near, mais il n’était pas si grand et n’avait pas un visage si féminin ! Et puis que ferait il si loin de la wammy's au beau milieu des bois? La demoiselle leva ses yeux vers cette inconnue, apparemment elle avait fait une chute mémorable dans le buisson.

Pas de bol.

Askell se leva (enfin !) et se dirigea vers la jeune fille, elle lui tendit la main pour l’aider à se relever et tira nonchalement sur son bras pour la remettre sur pied.

Les circonstances exigeaient une attitude compatissante et douce de la part d'Askell, ainsi on put voir un jolie petit sourire amical et rassurant étirer ses lèvres, elle ajouta à cela quelques paroles du genre:
Tu ne t'es pas fait trop mal? Le sol est plein de fougère si on n'y prend pas garde on risque d'observer le sol d'un peu trop près.
Elle simula une sorte d'amusement grâce à un rire timide et clair, sans l'ombre d'une quelconque moquerie ou autre sentiments blessant.
Ses yeux parcoururent de haut en bas le corps de la demoiselle, elle l'avait déjà croisée mais n'avait jamais pris la peine de lui dire quoique se soit, voilà une occasion en or se dit elle mais sa méfiance et sa timidité guettaient dans un coin de sa tête si bien qu'elle ne su plus quoi ajouter, elle avait tout un tas de formule toute prête pour ce genre de situation mais bien souvent elle ne savait pas laquelle choisir, une sorte de loterie s'effectua dans son cerveau et finalement elle choisi de dire:

Tu es tombée du lit aussi ce matin?

*tel un papillon attiré par la lumière, j'aime à virevolter? Morphée ne m’a pas saupoudré de sa poussière de sommeil ? c'est poétique mais dans une conversation de tous les jours c'est un peu décalé. Elle est mignonne en tout cas.* Un léger sourire intérieur pointa le bout de son nez avant de disparaitre effrayé par les grognements sourds de l’animal méfiance dont les yeux perçants se sentaient prêt à jeter des éclairs. Askell lui ordonna de se taire et la bête alla se réfugier dans l’ombre.

Oui mignonne, c'est la seule chose que lui évoquait cette jeune fille. Tout le monde devait craquer sur elle dans l'orphelinat. Elle avait de jolie cheveux, sa peau était certes un peu trop blanche mais pour une albinos rien d’anormal. De quel groupe était-elle déjà? Askell essaya vaguement de se souvenir mais rien ne lui revenait, une sorte de cacophonie musicale prenait toute la place... A bien y réfléchir, Askell avait tellement pris l'habitude de traduire ses pensées en musique que bien souvent elle se devait de traduire sa propre musique en pensées. Elle avait associé chaque chose et chaque personne connue à une musique et en regardant la rêveuse c'était la musique des dark nigtmares qui se mettait en route.

Un poisson sauta hors de l’eau et replongea dans son élément dans un plouf sonore et retentissant. L'albinos fit une jolie révérence tout à fait craquante et surtout irréaliste à notre époque et en Angleterre.

Je suis également enchantée de te rencontrer et merci pour le compliment.
Elle plaça son avant bras droit devant son torse et se pencha également, ce n’était pas un salut japonais mais européen et masculin de surcroit. Après tout Askell avait l’habitude de laisser sa féminité au placard, enfin la plupart du temps, alors au temps faire les choses jusqu’au bout. Mais laissons cela de côté, le « ménestrel » avait un grand sourire sur les lèvres, elle n’avait pas mis longtemps à entrer dans son jeu et elle semblait s’en amuser.

Je me nomme Askell et toi ?
Dit-elle en relevant vers elle un visage amusé. Mais elle ne prit pas la peine d’attendre sa réponse bien gentiment et lui tourna le dos pour aller se rassoir sur sa si confortable souche d’arbre.
Elle replaça la trompette à ses lèvres et souffla en jouant avec les pistons. Quelques notes joyeuses sortirent s’ébattre dans les airs puis disparurent pour être remplacées par d’autres. Un poisson refit l’aventureux, cela devait être le dix huitième, il n’y avait plus de chauve souris et la journée semblait plutôt partie pour être ensoleillée.

*tant mieux* se dit elle en soupirant ce qui se traduisit par trois notes qui trainèrent plus longtemps que les autres.

*Orchid… quelle coïncidence petite fleur…*

Askell continua une petite chanson guillerette, quelque chose de léger et fantaisiste. Comme nous l’avons déjà dit, la musicienne a pris l’habitude de penser en note de musique et de transformer les gens en mélodie, c’était la seule façon qu’elle avait pour se souvenir des autres. Si vous n’avez pas votre mélodie inquiétez-vous ! En tout cas l’ébauche qu’Askell était en train de composer était rafraichissante, mais Orchid ne pouvait pas être retranscrite avec une trompette ! Cela n’allait pas avec elle… tout un tas d’instruments lui passaient par la tête et les plus anciens semblaient à l’honneur.

Quoi qu’il en soit, Askell allait avoir tout le temps de la découvrir, c’est pourquoi elle décrocha de nouveau sa trompette. Cela lui rappela une histoire dans laquelle deux dieux s’affrontaient pour savoir qui jouaient le mieux de la musique, celui à la lyre avait gagné car lui, pouvait chanter. Tout ça pour dire, que l’inconvénient d’une trompette était qu’on ne pouvait pas parler à côté.

Un sourire se dessina sur ses lèvres :
Si j’étais toi, Orchid, je ne m’approcherai pas trop de l’eau… Il y a des Kappas dedans.

Askell se demanda si la jeune fille connaissait ces créatures fantastiques, quelque chose lui avait soufflé à l’oreille qu'elle aimait ce genre de légendes et s’intéressait au peuple du crépuscule. Aussi légère et inconsistante qu’une fée, aussi éphémère qu’un rêve… Il y avait de quoi composer sur sa beauté étrange et son petit côté de princesse perdue dans le monde des humains.

Ce genre de fille attirait irrémédiablement la gentillesse des gens, Askell enviait ce genre de fille. Tellement jolie qu’elles ne trouveraient jamais mieux leur place que derrière une vitrine de cristal, loin des tourments. Pourtant Orchid était ici, dans cet orphelinat. La princesse avait donc eu son lot de péripéties tout comme Askell et les autres.

Askell attrapa quelques cailloux et se releva pour s’assoir aux côtés de la princesse. Elle jeta alors ses projectiles datant du néolithique dans l’eau, d’abord juste devant elles, puis de plus en plus loin.

Maintenant ils savent que nous nous méfions d’eux, Hime-Sama. Mais ne t’en fais pas s’ils viennent te chercher, tu n’auras qu’à les saluer comme tout à l’heure, ils sont très polis et te répondront donc par le même salut, l’eau de leur crane se déversera alors par terre et ils perdront tout pouvoirs magiques ! Ils seront d’inoffensifs animaux à l’aspect néanmoins repoussant.

Elle lui sourit à nouveau et retourna à sa trompette, attendant de voir si elle apprécierai et accepterai ce surnom de Hime Sama.
Un oiseau vint alors se poser non loin des jeunes filles, quelque part dans le feuillage d'un arbre, bien à l'abri. Askell appréciait les oiseaux car ils étaient de merveilleux chanteurs pour qui les écoutaient. Bon d'accord un pigeon étaient plutôt exaspérant, la ménéstrelle avait donc associé ces piafs aux chanteurs d'un jour du monde des humains, rarement intéressant et souvent répétitif. mais cet oiseau n'était pas un pigeon. La jeune fille ne se souvenait des espéces malheureusement. L'oiseau se mit à piailler joyeusement. Pourquoi? aucune idée, peut être avait il bien mangé? Peut être avait il des petits? Où alors il aimait tout simplement chanté. Le piaillement habituel se faisait entendre.

La trompette s'arrêta, elle se souvenait de ce jour où seule, elle avait entendu la plus merveilleuse musique du monde. Un oiseau inconnu, aux couleurs grisâtre et passe partout avait piailler durant quelques minutes puis avait, avec une force incroyable, sortit de son petit gosier, deux notes de musiques d'une pureté incroyable. Un son originel, merveilleux, pure! Deux notes de musiques de cet oiseau avait balayé d'une plume, tout ce que les plus grands musiciens humains avaient créé. Mozart, oui Mozart tu fut surpassé par cet oiseau, cet boule de plume grosse comme un poing avait surpassé toutes tes musiques en deux notes.

Askell en avait été bouleversé jusque dans son âme et ses yeux avaient versé des larmes de surprise et de joie. Ce son... avait été si merveilleux. Depuis, Askell écoutait les oiseau et faisait taire ses grossiers instruments de musiques, mais jamais plus elle n'avait entendu un son si parfait.
La musique se vante, au contraire de l'art pictural et sculptural, de ne pas reproduire la nature et c'est ce qui fait sa beauté, mais la nature lorsqu'elle faisait de la musique était le maître absolu. A croire qu'elle ne déployait ses talents qu'en de très rare occasions pour nous laisser rêver... nous les enfants.


(HRP: désolé d'avoir mis autant de temps pour si peu de chose, je suis pas dans le truc en ce moment ^^' lol)

L'une des forces et des mystères de notre Irlandaise était de toujours sourire quelque soit les occasions, d'autant plus lors d'une nouvelle rencontre. Orchid était sincèrement contente de pouvoir faire la connaissance d'Askell. Elle jouait si bien de son instrument, que cela donnait envie à l'albinos d'apprendre à jouer à son tour. Peut-être qu'un jour, quand elle serait plus audacieuse, elle passerait la porte de la salle de musique pas seulement pour satisfaire sa curiosité, mais pour être amené à jouer avec les autres. Cela serait fantastique! D'ailleurs, on pouvait transmettre tellement de jolies choses par un simple son ou une musique. Les mots étaient parfois des barrières car ils étaient limitants. C'était fort dommage. Autant la langue et la poésis pouvait être dès plus superbe, autant leur capacité d'expression manquait de mots... où fallait-il savoir bien les choisir. Néanmoins, on pourrait toujours dire qu'il n'était pas assez fort pour exprimer nos émois du moment. Les poètes devaient être des gens bien frustrés!

Ecoutant alors avec beaucoup d'attention la trompettiste, la jeune demoiselle aux cheveux blancs (rappelons qu'elle n'avait pas eu le temps de les teindre dans son bleu habituel) perdit son attention dans les eaux du lac. Elle s'amusait comme une enfant à dessiner des cercles à la surface, observant sereinement de ses grands yeux rouges, les ondes se propager. Il y avait en cela quelque chose d'inexplicablement apaisant. Ou peut-être était-ce simplement une originalité de plus de la part de l'albinos? On se doute bien que cela n'était guère impossible...

Mais ce fut alors que la musique cessa... Tiens? Aussitôt, elle se retourna vers Askell qui lui sourait aimablement. Et là... le choc.

" Des.... des kappas? "

Quand sa camarade lui annonça cela, la réaction de l'adolescente fut immédiate : elle retira brutalement sa main des eaux froides du lac, mais cela eut un effet de recul tel, qu'Orchid tomba sur les fesses. Il n'y eut bien évidemment aucun mal, mais la scène était assez comique à vrai dire. Le visage de l'Irlandaise brillait de surprise, comme si elle croyait à ses légendes. Mais ne saviez-vous pas que le monde de la demoiselle n'était fait que de légende?

" Hooooo! Il y a vraiment ces vilains diablotins-grenouilles ici? Hoooooo.... Je ne tiens pas à les déranger! Je ne veux pas attirer leur foudre! Ils sont effrayants parait-il, non? Mais... Mmmm... j'avoue que je serais bien curieuse d'en voir un, un jour... Hihi! "

Souriant mutinement de nouveau, Orchid laissa échapper un petit rire naïf. Ho! Des Kappas, elle pourrait en voir... mais seulement dans ses rêves. Pour l'instant, elle s'en contenterait d'ailleurs, parce que l'on dit de ses créatures qu'ils aiment la chair juvénile! L'Irlandaise ne désirait pas servir de nourriture aux poissons!

Ce fut alors que la trompettiste vint s'asseoir aux côtés de l'albinos, et bien entendu, notre ovni aux yeux sanguins l'accueillie fièrement. Il était vrai qu'elle n'aimait pas la compagnie des foules, qu'avec le temps, la solitude était le seul manteau qu'elle supportait sur ses frêles épaules mais... de temps en temps, l'attention humaine était plaisante lorsqu'il y avait une sincère gentillesse. C'était rare alors... lorsque cela arrivait, Orchid sourait toujours plus, rayonnant le plus possible. Bien que faisant toujours de son mieux pour paraître chaleureuse, il y avait toujours quelque chose en elle qui paraissait si lointain et inaccessible...Enfin, enfin... ce n'était pas si important, si?

Quand sa camarade s'amusa alors à jeter des cailloux au plus loin, l'albinos l'observait avec une méticuleuse attention, admirative de ses lancers. Une véritable cheerleaders! Enfin... si... si elle n'était si maladroite et capable de bien tenir sur ses deux jambes. Main en visière, elle fronça ses sourcils afin de voir la pierre s'éloigner. Askell avait énormément de force dans les bras!!! Impressionnant!

Mais en même temps que cela, sa camarade lui racontait la vie sociale des kappas! Elle en connaissait un rayons que ses animaux là, c'était surprenant une fois de plus! Orchid trouvait l'orpheline de plus en plus formidable que le temps passait. Une connaissance aussi riche sur les légendes et autres ne pouvait que plaire à l'Irlandaise.

Le visage de la jeune fille dessina alors une expression d'admiration face à tout cela. Alors, elle n'avait rien à craindre des kappas si elle était polie? Quelle chance qu'elle connaisse les bonnes manières.
Orchid se tourna alors vers Askell, surprise par bien des choses, et pas seulement sa sagesse.

" Wouaaaaaaaaaaaa! Comment sais-tu tout cela??? Je devrais me renseigner sur les créatures des bois. En tout cas, je vais suivre des conseils au cas où! Mais tu sais... je suis bien loin d'être une "hime". C'est peut-être un peu trop honorifique pour moi. Héhé! "

La jeune demoiselle paraissait si enfantine parfois mais c'était si charmant dans son attitude... ou bien tout le contraire, parfaitement irritant. Quoiqu'il en soit, Orchid se laissait emporter par la fraîcheur matinal. Tout semblait si doux, le parfum boisé, le lac si calme, le chant des oiseaux... Tiens? D'ailleurs l'un d'eux vint près des jeunes filles pour leur tenir compagnie, de telle façon que Askell préféra écouter leur chant plutôt que de jouer. Le petit volatile venait de se trouver une fervante admiratrice, et en gagner une nouvelle avec l'albinos.

Dans un mouvement lent, l'Irlandaise leva la tête vers la branche où l'animal s'était posé. Ses grands yeux sanguins le fixaient, et elle imprégnait son image dans son esprit, alors que ses lèvres s'esquissaient délicatement. C'était plaisant de laisser parler la nature. Puis, curieusement, comme pour amplifier ce qu'elle entendait, la jeune fille plaça sa main derrière son oreille et la tendit vers le haut.

" Ho???? Notre ami mésange m'informe qu'il aime beaucoup ta trompette Askell! Il désire te faire honneur!!! Il souhaite apporter sa voix sur ta mélodie! Hahahaha! "

Non vous ne rêvez pas : Orchis parle aux oiseaux! C'était fou ce que l'imagination pouvait donner comme pouvoir et capacité.

[Pas de problème! Tu peux prendre le temps qu'il te faut pour me répondre! ^^]