what was puzzling you
WAS JUST THE NATURE OF MY GAME.

Merde. Le code de son casier.
Elle se sent assurément trop conne, la main sur la porte du casier, la bouche ouverte dans un long moment de méditation – ce mot étant trop spirituel pour définir les réflexions de la rousse. Avec un ami pour lui prêter main-forte, ils l'auraient aisément forcé, pour récupérer quelques affaires de sport, quel deal. Lux donne un grand coup frustré dans les colonnes d'acier qui vibrent puis part en fulminant.

La porte s'ouvre violemment, claque contre le mur des vestiaires et elle regarde pendant quelques secondes les rares orphelins qui s'entrainaient sur le stade. Tuer le temps avec le sport était une bonne idée, mais si le matériel adéquat était verrouillé et que le code en question ne revenait pas en mémoire, il fallait prendre l'option deux pour occuper la soirée chiante en prévision.
Il n'y avait pas d'option deux.

Elle s'assoit donc, à l'ombre, tire sur les fils de son short en jean découpé, donne des coups de pied dans les cailloux au sol, soupire, maudit sa veste en jean sans manches qui lui fait chaud, son débardeur en coton blanc qui seul lui fera froid, fourre ses mains dans ses poches. L'écran de son portable n'affiche aucun sms non lu, aucun appel manqué, aucun événement où jouer les trouble-fêtes: c'est la fin de l'après-midi chaud et ennuyeux dans la savane.
Une proie se fait entendre, imprudente, elle se profile à l'horizon. Lux met sa main en visière et plisse des yeux mais ne voit rien et se décide à jouer encore avec des cailloux par terre jusqu'à ce que la gazelle, ou le buffle, ou le zèbre, elle n'en savait rien se rapproche.
Lorsqu'elle donne un coup trop fort à une pierre qui va se jeter sur le grillage du stade, elle se décide donc à scruter de nouveau la silhouette en contre-jour, et se lève immédiatement en retenant une exclamation de colère.

— Depuis quand les lopettes vont faire du sport ?

Lux a un regard pour la poubelle et le distributeur à côté d'elle et a une soudaine envie de.



Ember tombait à pic, en réalité.

you see that chick ? i hate her.

« Ahhh, soupira-t-il. Quel ennuuuui ! Que vais-je bien pouvoir faire pour m'amuser ? se questionna-t-il à haute voix, le regard rivé sur son échiquier. »

Bien que le soleil traversait les vitres de la chambre du brun, accompagné des rires des orphelins, apportant une certaine gaïté au lieu, ce dernier se refusait à sortir tant qu'il n'eût pas trouvé son activité de la journée. Il n'y avait vraiment pas de quoi s'amuser aujourd'hui.
Se penchant alors vers sa table basse, il tendit la main vers le plateau de jeu, laissant celle-ci main se balader au-dessus des pions, le visage impassible. Et, alors qu'un sourire malsain s'était dessiné sur ses lèvres, sa main droite s'arrêta au-dessus d'un pion blanc. Il l'attrapa du bout des doigts, la soulevant au-dessus du damier. Ses rubis s'étaient illuminés devant la pièce qui n'était d'autre que la Dame, qu'il finit par laisser tomber vulgairement sur le plateau, renversant quelques fiches au passage. Emmanuel se redressa, étirant ses bras, lorsqu'un énorme BOUM se fit entendre. Légèrement surpris, il se dirigea d'un pas nonchalant vers sa fenêtre, les mains automatiquement dans les poches de son jean - lorsque ce n'était pas son manteau. Il n'eût pas besoin d'observer le vaste jardin de l'orphelinat trop longtemps pour confirmer son idée : cet inévitable sourire sarcastique était déjà réapparu sur son visage devant la scène dont il était témoin. La brute, la Dame, avait fait son entrée.

Le bruit sourd qui s'était fait entendre dans l'intégralité de l'établissement provenait en fait de la petite rouquine sauvage, qui, visiblement furieuse, avait ouvert les portes des vestiaires avec une violence terrifiante. Le garçon n'hésita pas plus et s'élança d'un pas enjoué dans les couloirs de l'orphelinat afin de descendre et de se diriger vers le complexe sportif.
Une fois en bas, il traversa l'herbe verdoyante de la cour de la Wammy's afin de s'orienter vers le terrain de sport. Il entendait d'ici les cris des orphelins en pleine partie de quelconque sport de plein air, mais ne les écoutait pas : il se dirigeait droit vers les bancs qui longeaient les vestiaires, où était assise celle qu'il cherchait. Son sourire en coin restait scotché sur ses lèvres, ce qui agaçait la plupart du temps sa joueuse préférée. Elle ne tarda pas à le remarquer, et n'attendit pas une seconde de plus pour engager la conversation : si elle l'avait vu un peu plus tôt, elle lui aurait déjà sûrement balancé une balle dans la tronche ou quelque chose du genre. « Depuis quand les lopettes vont faire du sport ? » Il était maintenant arrêté, debout, à deux mètres et quelques de la jeune femme. Les dents serrées d'excitation, l'air rieur, il contenait sa joie du mieux qu'il pouvait. Il la détestait, c'en était réellement hallucinant. Alors, prenant un air innocent, levant sa main droite en l'air, paume vers le ciel, il se justifia, à sa manière bien-sûr. « Allons allons ma petite Lulu, je suis venu pour toi bien-sûr. » Quelle question ! Comme si Ember s'adonnait au sport pour le plaisir. Il n'était pas baraqué ni vigoureux, on le savait tous. Mais ce qu'on savait aussi, c'est qu'il était, en contre-partie, vif et agile. Le contraire de la femelle en face lui. Bien qu'elle ne manquait aucunement de féminité, au contraire ... Elle restait très ... Solide. « Pour t'emmerder. » Quelque chose me dit qu'en effet, elle n'allait pas tarder à passer à l'action. Heureusement, exceptionnelles étaient les fois où elle arrivait vraiment à le toucher. Ca arrivait, ça arrivait, lorsqu'il marquait des instants d'inattention. Mais heureusement pas souvent. Et il était trop préparé et concentré pour se prendre une poubelle dans la gueule aujourd'hui. Du moins pour le moment. Ca dépendait de la durée de leur petit jeu, comme toujours.

A peine la vois détestable d'Ember avait-elle surgi qu'elle avait tapé d'un poing violent contre le distributeur de sodas, un geste de fureur incontrôlée sans doute. Et ce n'était pas qu'elle ne savait pas pourquoi il la mettait dans un tel état : Ember était le pire salaud de la terre et énerverait n'importe qui. Alors qu'il écorche à vif la plus irritable des créatures du monde était un jeu d'enfant.
Et pourtant, au fur et à mesure des années passées dans l'orphelinat, la gamine rousse qui crachait et insultait tout le monde s'était considérablement calmée. Certains riront, mais cela est vrai. Lux ne donne plus de coups de pied sous l'effet de la colère à n'importe qui dans le couloir et ne se lève plus en silence pour se barrer quand quelqu'un lui pose une question.
Certes, elle donne toujours des coups sous l'effet de la colère, mais c'est à un cercle de gens sélectionnés et triés, et quand quelqu'un lui pose une question, elle répond un minimum avant de se lever pour se barrer. C'est une considérable évolution, quand on sait à quel point les psychologues de l'internat à ce moment-là désespéraient devant la petite Américaine qui dévastait leur bureau.

Maintenant, elle se retient, elle rumine pas mal, elle a des explosions et soudain l'incandescence se tait pour ruminer de nouveau. Elle peut parfois se montrer polie, se montrer souriante ou quoi. Les enfants finissent toujours par se rendre compte qu'il y a d'autres moyens que la violence – ou les pleurs pour d'autres cas pour atteindre des objectifs situés bien au delà que ce que l'on désirait.
Vraiment, elle s'était améliorée dans le domaine social et cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas fait pleuvoir des coups ou eu une crise d'hystérie soudaine.
Elle répondait calmement aux gens qui la cherchaient parce qu'ils avaient entendu qu'il y aurait de l'action à la provoquer. Elle organisait ses machins bizarres virtuellement et parfois sortait de ses gonds, mais elle se contentait de furieusement taper son clavier.

Et c'est lui qui décapsulait toute cette rage bridée depuis des années et qui la rendait pire qu'un godzilla au stade hulk.
Lux sentait ses tripes brûler de colère et ses sourcils froncer comme ils n'avaient jamais fait, elle serrait trop fort ses dents et ses doigts lui démangeaient.

— Tu ne m'appelles pas Lulu.

Des canettes tombent dans le distributeur. C'est une astuce pour un jour où elle aurait soif, et souvent elle se plaignait de ces livres et de ces pennings à la con.
A défaut de pouvoir soulever la machine, elle saisit les canettes et évidemment, les lance sur Ember, qui les esquivera sans doute. C'est un réflexe que les rageux de la vie développent dans des cas extrêmes comme celui-ci. Le coca explose sur le bitume et fait une grande tâche marron. Le bruit de l'impact de l'aluminium était assez jouissif pour les brutes comme elle, mais il est également évident que Ember l'empêchait de profiter de ce moment exquis.

— Et tu ne m'emmerdes pas.

Elle était très sérieuse. Le ton avait une caricature ironique, mais on n'avait jamais vu l'Américaine se saisir de telles pincettes, le cynisme tout ça, c'était pour les tafioles aussi.
Lux avait souvent menacé le shape. Qu'elle l'attendrait on ne sait où, on ne sait à quelle heure, avec on ne sait quels renforts et on ne sait quels armes. Les menaces étaient devenues fréquentes, puis au fil du temps, de moins en moins crédibles.
Pourtant un jour, elle le sait, elle l'attendra on ne sait où, on ne sait à quelle heure, avec on ne sait quels renforts et on ne sait quels armes, et elle lui fera passer un très mauvais quart d'heure.

Il y a un verre de plastique blanc sur un banc, un verre oublié avec de l'eau oubliée, l'eau oubliée est éclaboussée sur la figure de Ember. Elle jette furieusement le verre de plastique blanc par terre et gronde.

— Bientôt tu ne m'emmerderas plus.