Sujet: Pure – i wonder why, i wonder how. Dim 6 Mar - 19:48
Il ne s’en rendit compte que lorsqu’il entra et que la lumière le cerna de toute part, l’aveugla quelques instants tandis que dans un claquement, la porte se referma. La chambre de Pure. Comment en était arrivé jusque là ? Il n’aurait su le dire, ni même clairement s’en souvenir. Il se voyait juste errer dans les couloirs sombres de la Whammy’s, sans destination précise, laissant au Hasard le soin de guider ses pas. Et pendant combien de temps avait-il marché ? Il lui avait semblé que sa promenade nocturne avait duré une éternité. Jusqu’à ce qu’il aperçoive un mince rayon de clarté s’échappant de sous une porte. La porte de Pure. Comme toujours. Le Hasard fait bien les choses. Trop prévisible, Néron. Il se raccrochait à la même personne depuis trop longtemps maintenant. Lorsque le sommeil prenait tour à tour les orphelins et qu’il ne restait plus personne, Pure subsistait. Encore Pure. Et ça serait toujours Pure. Parce qu’il y aurait toujours de la lumière dans la chambre de Pure. Parce que la porte de Pure lui serait toujours ouverte. Parce lorsqu’il ne savait plus où se diriger, c’était toujours vers Pure qu’il allait. Elle avait ses présences qui rassuraient Néron. Elle avait ses absences qui troublaient Néron. Pourtant, il n’aimait pas Pure. Il ne ressentait pas le besoin de lui parler. Pas même de la voir. Mais il voulait deviner son étonnement à chaque fois qu’il entrait dans sa chambre sans frapper. Il voulait entendre sa respiration lente et profonde et son rire lorsqu’elle souriait. Il voulait la sentir passer près de lui telle une présence qui lui rappellerait à jamais qu’elle était là. Pourtant, il n’aimait pas Pure. Il ne ressentait pas le besoin de la toucher. Ni même de lui paraître sympathique. Il n’aimait pas Pure parce que Néron n’aime personne. Mais ce Hasard, qui agissait comme une force invisible le ramenant toujours à elle, était-ce donc ce qu’ils appelaient de l’« amitié » ? Si seulement il avait su, Néron, ce que ce mot voulait dire. Si seulement il avait su comment éprouver un tel sentiment.
Il ne lui accorda pas même une parole lorsqu’il traversa rapidement sa chambre. Pas même un regard. Il s’approcha de la télévision, alluma la console, s’assit en tailleur sur le parquet dur et inconfortable, prit une manette et se mit à tapoter sur les boutons. Un jeu mettant en scène un gorille apparut à l’écran. Néron appuya frénétiquement sur les boutons de la manette, sans vraiment comprendre ce qu’il fallait faire, frappant sur tout ce qui osait bouger. Il avait toujours été très mauvais aux jeux vidéo. Il resta ainsi tranquille quelques secondes, le seul bruit de ses doigts pianotant rompant le silence dans lequel il s’était enfermé. Peut-être Pure lui disait-elle de partir. Peut-être essayait-elle de dormir. Mais il ne l’écouterait de toute façon pas. Il ne savait plus s’il se fichait de ce qu’elle pouvait lui dire ou s’il se fichait d’elle. Il ne savait plus s’il venait la voir parce qu’il avait besoin d’elle ou parce qu’il n’y avait personne d’autre. Il ne savait plus de quoi il se persuadait. Elle lui était indispensable. Elle ne lui était rien. Il jeta la manette à côté de lui et s’allongea sur le sol. Quelle heure était-il ? A travers la fenêtre, il aperçut l’obscurité de la nuit. Il devait être très tard. Ou trop tôt. Mais cela lui importait peu. Tout ce qui importait, c’était qu’elle soit là.
Sujet: Re: Pure – i wonder why, i wonder how. Mer 6 Avr - 14:32
La solitude n'a pas besoin d'être justifiée, pas plus qu'il ne faut s'en excuser. Se sentir seul, même entouré, même lorsqu'une main apaisante se pose sur votre épaule, est un droit. Pourtant Pure se sentait coupable de ressentir cette froide solitude alors qu'elle n'avait pas passé une minute seule jusqu'à maintenant. Ginger était introuvable, sûrement en train de s'entraîner jusqu'à l'épuisement ou, si Pure faisait confiance à l'haleine fétide de sa camarade ces derniers temps, de se faire vomir. Elle imaginait tout à fait Simplicity venir rompre son isolement, elle la distinguait presque, grimpant lentement les escaliers menant aux dortoirs, les bras chargés de libre, les yeux brillant de soif de connaissance. Elle se convainc intiment que c'était elle qu'elle entendait dans le couloir, craquements providentiels. Et puis personne.
Ainsi Pure se confortait dans sa petite douleur, affalé sur son lit encore fait, en débardeur et boxer. Les pieds sur l'oreiller, l'oreille collée matelas, les yeux écarquillés par on ne sait quelle pensée adolescente, elle rêvassait avec colère, délaissant ses devoirs, ses jeux, ses livres. Et comme à son habitude, elle se mit à imaginer sa vie en dehors de la Wammy's House.
Comme toujours dans ses moment de mélancolie, Néron apparaissait.
Les yeux vert marais de Pure roulèrent en direction de la porte sans qu'un seul de ses muscles de frémissent. Elle le suivit du regard, le contempla longuement sans vraiment savoir ce que le Riddle venait foutre là. Casser la chaise de bureau, lui demander de lire une histoire ou simplement la regarder comme un brave chien en faïence. Il s'assit, tripatouilla la console puis la délaissa. Au même instant, le son de Link découvrant un nouvel objet lui signala qu'elle avait reçu un sms. Elle l'ignora.
Quand Néron était là, plus rien de semblait exister.
Ce n'était pas de l'amour, ce n'était pas vraiment de l'amitié. C'était simplement une amulette. Néron était l'amulette qui permettait à Pure de ne plus penser qu'à sa chambre, qu'à ses jeux, qu'à ses livres. Il n'y avait plus de place pour la pensée avec Néron, et pourtant avec lui la pensée de la jeune fille s'expansait, telle une tente pour enfant, les protégeant du monde extérieur.
Elle finit pas s'asseoir sur son lit, ses jambes nues ne l'embarrassant point. Puis, peu à peu l'adolescente se laissa glisser de son support, seul le bruissement de son dos contre ses draps étant audible, pour se laisser tomber aux côtés du nouvellement arrivé. Elle tendit la main vers sa table de nuit où elle attrapa un mini-paquet de smarties et l'offrit à Néron, tournant son visage lunaire vers lui, dans l'espoir de croiser le regard qui la fascinait tant.
Elle ne dit rien, même si un "ça va ?" avait éclos dans l'intimité de son esprit. Pure se comportait comme avec un chat. Un chat n'a pas besoin de vous pour survivre, il n'a pas besoin de rompre sa solitude. Un chat est simplement là parce que vous le chouchoutez, et si vous avez des chats, c'est parce que c'est votre solitude qui est insupportable.
HRP : J'ai mis un mois pour te répondre ce truc, je te demande pardon. ._.
Invité
Sujet: Re: Pure – i wonder why, i wonder how. Lun 25 Avr - 19:45
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AU TRAVERS DE LA NUIT, TOI TU VAS BIEN, TOI TU VAS BIEN. EN TRAVERS DE LA DOULEUR ET LA MÉLANCOLIE TOUT IRA BIEN, TOUT IRA BIEN.
Saez
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Néron ne se demandait pas pourquoi. Pourquoi elle. Il ne se demandait pas ce qu’elle avait de plus, ce qui l’attirait le soir dans cette chambre. Si c’était la lumière au fond, lorsqu’il errait dans le couloir noir. Si c’était la musique de Mario Kart qu’il entendait lorsqu’il passait devant la porte. Si c’était juste Pure. Si c’était ses yeux verts qu’il sentait couler sur lui lorsqu’il faisait irruption chez elle. Si c’était cette odeur sucrée qu’il goutait lorsqu’il entrait et qu’elle emmportait partout, comme un souffle, une brise matinale. Et il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas pourquoi. Pourquoi elle le laissait entrer. Pourquoi elle ne lui ordonnait pas de partir comme l’aurait fait Cheshire. Pourquoi elle ne le frappait pas comme l’aurait fait Cyanide. Et qu’elle lui offrait juste des Smarties. Il ne comprenait pas. Alors il se perdait dans cette chambre. Entre ces quelques livres de psychanalyses empilés sur le parquet. Entre ces manettes de consoles qui trainaient par terre. Il se serait perdu, sans bruit comme s’il avait toujours appartenu à ce lieu. Comme une décoration qu’on aurait trop regardée et qui ne se faisait plus remarquer. Comme un objet oublié, abandonné au fond d’un tiroir mais qu’on n’ose pas jeter. Il se serait perdu. Entre ce lit défait, déjà occupé par des ours en peluches qui s’éparpillaient sur le drap. Entre ses feuilles jonchant un bureau mal rangé. Il se serait perdu, sans un souffle, seulement allongé sur le sol froid, la tête vide, comme un instant qui va se mourir. Parce qu’elle était son unique chance de survie.
Elle est, une phrase qui a dérapé. Une parole qui s'est ratée. Quelque chose de beau. Comme un mot écrit sur la buée d’un miroir qui se serait évaporé, ne laissant que l’ombre de ses lettres. Elle a la douceur des premiers rayons d’un soleil printanier. Pure est un songe à demi effacé par le matin. Dans un coin de son visage, elle lui demande « ça va ? ». Alors il tend sa main vers la sienne. Il y a un bruit de tintement qui sonne comme un « oui » lorsque sa main enlève la boîte de Smarties aux doigts de Pure. Et ils restent ainsi, quelques secondes assis dans un mutisme doux dans lequel n’éclos que leurs respirations cadencées, que le plancher qui craque, que le vent du soir, dehors, qu’ils entendent à peine souffler. Il y a dans l’air comme un sentiment brut, pas de ces choses qu’on peut cacher derrière un mot, mais des plus vrais, des plus forts, des plus beaux. C’est fait de silences, de gestes anodins, de paroles qui ne s’entendent pas, de simplicité. Dans un étrange attachement impalpable qui ne pouvait se briser. C’était des riens. C’était un tout.
Lentement, Néron se lève. Il se met à marcher dans la pièce, il fait le tour de la chambre, emportant son squelette tel un fantôme qui erre. Alors, il tend la main et bouge les objets. Il dérange tout ce qui est à sa portée. Il fait rouler des crayons sur le bureau, il pousse quelques livres jusqu’à des bords juste pour les voir tomber. Les stylos s’écrasent en un claquement. Les papiers se froissent. Les bouquins jonchent le sol. Il dérange tout. Qu’à travers ce dérangement, il s’approprie un peu de ce qu’elle a, de ce qu’elle est. Qu’un peu d’elle ne soit qu’à lui. Et il s’arrête. Près de la porte, dos à elle, et d’un mouvement brusque et irréfléchi, il appuie sur l’interrupteur. Et la pénombre s’empare de la chambre. Le Noir s’infiltre partout. D’un embrassement il a étouffé la lumière, étendu ses bras autour de Néron, s’est insinué en lui jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’obscurité et silence. Il dresse son rideau sur ses yeux, s’empare de sa vue pour l’abandonner aux ténèbres. Au milieu de cette encre sombre, il ne distingue plus même Pure. De quelques pas maladroits, il tente de s’approcher de la fenêtre. Il se heurte au lit, se heurte au mur, fendille son corps déjà morcelé, étouffe des « bordel ! ». A travers la fenêtre, il y a la pleine lune comme une illumination dans le ciel de cette nuit. Attrapant soudainement la poignée, il fait basculer la vitre. Une brise nocturne se glisse dans la pièce, capture de son corps, vient secouer ses membres de tremblements qui lui déchirent la peau. Il rit. « On voit la lune. » Mais ce n’est pas elle qu’il regarde. Ce n’est pas la lune qui, à travers la fenêtre, étend son linceul gris. Il regarde Pure qui se détache dans l’ombre de l’obscurité. Et toujours étroitement enfermée dans sa main, la boîte de Smarties dont ses doigts n’osent se desserrer. Tu as le droit de me frapper pour le retard. Pardon, pardon. D: Et j'ai pris quelques libertés pour décrire la chambre de Pure... alors t'as aussi le droit de me frapper si c'est pas bon. EDIT ; Et j'ai pris pas mal d'initiatives aussi. Je me doute que Pure ne reste pas sans rien faire alors que Néron bousille sa chambre... /s'enterre
Sujet: Re: Pure – i wonder why, i wonder how. Sam 4 Juin - 3:22
Elle se levait certains matins avec la plus grande des lassitudes. Il lui semblait alors que des sens nouveaux s'offraient à elle, que des sensations plus exacerbées que jamais s'imposaient. Tout lui semblait plus vain parce que tout semblait appartenir à un plan céleste tellement plus vaste que l'existence humaine. Le choix entre des cornflakes et des œufs au plat lui paraissait dès lors absurde et le fait même d'introduire des aliments dans sa cavité buccale, stupide.
Elle n’avait jamais eu vraiment besoin de quoique ce soit. Perla n’avait jamais fait de caprices, de demandes incongrues et ce a qui que ce soit. Ce n'était pas par retenue mais plutôt par une forme de désintérêt des possessions physiques. Parfois, le plus souvent lorsqu'elle restait seule depuis une trop longue durée, la jeune fille restait hébétée devant ses livres et ses jeux vidéos qui ne lui évoquaient alors qu'un amas d'inutilité. Un jour elle les finirait et ce serait tout, ce serait fini. Ce qu'elle possédait avait toujours une fin. En était-il de même pour ceux qui partageaient sa vie ?
Devrions-nous continuer a nous accrocher aux choses et aux autres ou nous satisfaire de la simplicité de notre état ?
Neron arpentait la pièce, félin peu a peu propriétaire des choses qui donnaient de la réalité physique a Pure. Voir des parties d'elle ainsi bousculées lui procurait une sensation étrange, celle de ne plus exister qu'a moitié ou, pire que cela, de n'exister que si quelqu'un venait a manipuler ces choses qui la constituait. Le jeune homme dérangeait l'ordre dans le chaos de l'organisation de Pure, il s'introduisait dans son Moi et dans son SurMoi. C'est ainsi que réorganisant Perla au plus profond d'elle, sa chambre, ses choses, son âme, il parvenait a toucher du doigt la véritable Pure derrière les artifices.
La lumière s'éteignit, avec ce petit claquement sec que nos cerveaux conditionnés ne nous font même plus remarquer tant nous y sommes habitués, Pure se contentant d'écarquiller les yeux dans le noir. Elle se sentait désormais dépossédée, elle n'existait que dans son plus simple appareil, Neron ayant jeté un voile noire sur tout ce qui la dissimulait aux yeux du monde. Et comme les yeux du monde sont froids, Pure sentit son coeur frissonner.
La jeune fille se leva, silencieuse, la nuit s'infiltrant par la fenêtre ouverte. Mais dans cette pièce désormais dépouillée qui niait alors l'existence même de Pure, elle ne pu que se raccrocher au responsable de cette mise a nue. Il était la dernière prise dans le monde physique. Pure n'a aucune existence propre et n'est donc qu'un parasite délicat.
« On voit la lune. »
Cette phrase lui fournit l'impulsion qui lui faisait défaut, ce petit truc qui nous fait avancer alors que l'on doutait la seconde précédente, cette petite touche a la toile de notre vie qui nous permet de nous déclarer, d'avouer ou de demander pardon. Ce déclic que seul autrui peut déclencher en nous.
Elle marcha sur les pas de Neron, guidée par son rire, les mains tendues et suppliantes, a la recherche de son ancre a la réalité. Ce fut lorsqu'elle trouva le chemin de sa main enserrant le paquet de carton que Pure recommença a respirer.
« Reste a la regarder avec moi. »
Et ne m'oublie pas.
Invité
Sujet: Re: Pure – i wonder why, i wonder how. Ven 17 Juin - 1:24
When I lay with you, I could stay there, close my eyes, feel you're here forever.
.
Il y eut un souffle de vent qui passa à travers eux et les doigts de Pure s’emmêlèrent aux siens. Un frisson naquit en lui, s’évapora dans son corps pour s’éteindre dans l’enlacement de leurs mains. Il ne su jamais si ce fut le froid ou si ce fut le contact de la peau de Pure contre la sienne qui le fit tressaillir. Et pendant un instant, il oublia tout le reste. Il n’y eut plus que Pure et lui, immobiles à se dévisager ensemble. Il n’y eut plus que l'entremêlement de leurs paumes enlacées qui se raccrochaient l'une à l'autre. Il oublia la fraicheur du soir, pour ne connaitre que la tiédeur de leurs chairs. Il oublia les bruits nocturnes, il oublia les craquements du plancher, il oublia les feuilles qui tremblaient au dehors. Mais qu'est-ce que ça veut dire dehors ? C'est déjà si loin dehors. Il ne connu plus que la palpitation de leurs veines. Il ne connut plus que leurs respirations accordées en un écho aux bouffés implacable de l'obscurité. Tout disparu en Pure. Il n’y eut plus que Pure. Il n’a pas besoin du monde Néron. Il a la brise entre eux en respiration de leurs corps. Il a les étoiles qui se reflètent sur les cheveux de Pure en feu de particules de poussières. Il a les yeux de Pure qui lui dévoilent la lune, illuminant le firmament de ses pupilles. Il a sa voix qui est telle la le murmure du monde qui la ramène toujours à elle. Et il a sa main, enchaînée à la sienne qui le qui la rappel toujours à lui-même, qui la racrochera toujours à elle. Il n’a pas besoin du monde. Ils sont le monde, là, niché entre leurs mains, ils ont l’éternité de bout des doigts. Il rit une dernière fois et son rire va se perdre entre la nuit et les rêves. Et il est déjà parti Néron. Il est déjà en train de briser le ciel d'une étreinte. Déjà son esprit lui échappe. Il est déjà en train d'éteindre d'une expiration, le soleil. Déjà en train de brûler la mer. Il n'a jamais pu rester. Il doit partir. Il a la nuit entière pour se perdre dans le labyrinthe des sillons de son cerveau, dans le dédale de ses rêves enfantins, dans son méandre de rien. Pauvre corps éreinté, il a la nuit pour s’effacer. Au revoir la lune et adieu la pénombre. Adieu la nuit, adieu le froid. Il doit partir. Alors pourquoi n’arrive-t-il pas à se desserrer de ses doigts ?
– Reste à la regarder avec moi.
La voix est une percée dans le froid étouffement de son silence. Il entrouvre la bouche mais il n’y a qu’un souffle qui s’échappe de ses lèvres. Il ne bouge plus. Il a emporté avec lui le temps, arraché les secondes et le monde entier se fige en un instantané qui l’étrangle. Et il y a un sentiment étrange qui flotte en lui, un gout amère au creux de sa poitrine. Sa tête est si loin pourtant et il a tant de mal à revenir à lui. Aurait-il perdu son corps ? Ou est-ce son corps qui l'a abandonné ? Il n'arrive plus à bouger. Parce qu’il n’ose pas, retirer sa main. Parce que quelque part dans entre ces doigts, il a laissé une trainée de poussière de sa chair. Parce qu’il sent le tracé des empreintes digitales de Pure, gravées entre les siennes. Alors il réinsuffle son âme. Parce qu’il est incapable de lui avouer. Pure, je ne peux pas rester. Parce qu’il ne sait pas pourquoi il doit partir. Parce qu’il ne sait pas pourquoi il est incapable de la laisser. Alors, il attendra toute la nuit, dévoré par un recoin de noir, il attendra qu’elle soit endormie et disparaitra, comme apaisée de la voir au creux de Morphée.
– Je ne sais pas.
Mais il ne sait plus très bien pourquoi il dit cela. Il sursaute presque lorsque s'échappe de sa gorge, cette voix blafarde d'homme transparent qui n'a de cesse de s'effacer.
– Je ne peux pas partir, Pure.
Je ne pourrai plus jamais partir.
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You and me together, nothing gets better.
au final, j'ai à peine édité. bref, je crains. pardon. ;;
Sujet: Re: Pure – i wonder why, i wonder how. Ven 29 Juil - 2:06
Elle n'arrivait pas à envelopper totalement la main de Néron dans la sienne, trop petite, trop fine. Ils n'étaient plus des enfants. Mais Pure avait gagné, elle ne s'endormirait pas seule cette nuit. Malgré le froid, malgré le caprice, il était toujours là. Malgré le noir qui les transperçait il demeurait. Un frisson submergea tout dans le torse de la jeune fille, comme si un liquide froid se répandait dans ses poumons, mais elle ne craignait rien, elle l'accueillit en baissant la tête, reconnaissant cette sensation comme la sienne, celle qui l'habitait à chaque intervention dans son monde.
Mais pourtant elle avait envie de le repousser, de lâcher ce petit rire typiquement féminin et de lui dire de laisser tomber, qu'elle plaisantait, que tout allait bien. Parce que c'est mal de se dévoiler, c'est dangereux de leur permettre s'approcher et c'est décidément bien effrayant de se laisser toucher. J'ai peur dans le noir. Je me sens désordonnée, je perds forme. Pure se mort les lèvres tandis que ses yeux s'habituent au noir. Elle discerne maintenant le profil de Néron, découpé telle une ombre chinoise pour un spectacle mélancolique. Ses yeux verts ne le lâchent plus, comme si elle craignait qu'il disparaisse d'un coup de paupière.
Elle sent quelque chose changer en elle, dégénérer comme si elle allait fondre en larmes. Mais elle n'est pas triste, elle n' plus peur et rien ne semble justifier pareille sensation. Pure n'aime pas que l'on remue des choses en elle, que l'on lui rappelle une humanité qu'elle tente d'enfouir toujours plus loin, ne laissant que transparaître une amabilité défensive, un sourire poli, une chaleur mimée. La jeune fille préfère jouer le rôle de quelqu'un de profondément gentil que de chercher en elle ce qui pourrait être la vraie gentillesse. Mais Néron offre une nouvelle pulsation à ces envie d'amitié, de douceur et même d'amour. Pure parvient à résister à l'envie d'étouffer cette étincelle et resserre son étreinte autour de la main du garçon. Il ne la laissera pas mais il aimerait fuir devant ce qu'elle dévoile. Parce que cela éveille ses propres secrets. Et elle pense en image ce qu'elle ne peut pas mettre en mots, et elle pense en secret :
« Je ne suis pas amoureuse de toi Néron. Tu n'es ni un frère, ni un confident, ni même un véritable ami. Tu es l'élément perturbateur de mon équation, l'arythmie de mon existence, l'inattendu dans une partition géniale. Tu es ce qui fait que je peux parfois appréhender la vie pour de vrai. »
Elle parvint enfin à laisser ses doigts fins glisser de la main du jeune homme, en profitant pour s'accaparer les sucreries qu'elle glisse sur sa langue avant d'en disposer quelques-uns sur sa paume pour de les proposer à Néron. Il fait froid devant cette fenêtre ouverte sur rien sinon un disque brillant indifférent. Pure prend le bras du Riddle pour être sûr de ne pas le perdre durant le chemin qui les mènent jusqu'à son lit encore fait. Elle se saisit de sa couette, s'assit et les enroule, bien à l'abris, à l'intérieur. Elle fait la moue, elle se tait. Elle se sent comme une gosse à une pyjama party, elle sent comme une petite vieille qui borde son mari grabataire, un baiser sur le front. Elle se sent pure.
Plus rien n'existe et peut-être même que jamais rien a été et ne sera, puisqu'ils peuvent, s'ils le veulent, rester ainsi jusqu'à l'aube. L'air est épais mais doux, comme ces dimanches où l'on songe que, déjà, demain, il faudra retourner à sa vie active. Elle pose sa tête ébouriffée et lourde sur l'épaule du garçon, sans arrière pensée, sans quiproquo, sans rien dire. Parce qu'il n'y a rien à dire et parler ferait tout capoter, toute cette ambiance prendrait fin dans un embarras de ceux qui ont trop partagé sans trop savoir pourquoi.
La lune les a suivi, elle a baissé dans l'horizon, elle garde un oeil sur ces gamins qui ne savent même pas pourquoi. Peut-être pour briser la solitude ou l'ennui. Peut-être pour comprendre une complémentarité dans l'inaction, pour saisir une comptabilité paradoxale. Ou peut-être, simplement, parce que.
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