Léger mouvement de tête, elle ferme les yeux, elle écoute la musique qui pulse dans ses oreilles un instant avant de se concentrer de nouveau sur sa tâche première. Armée d'un crayon, le contenu de sa trousse de maquillage étalé sur son lit, elle applique la couleur criarde sur ses paupières, comme une grande. Stupide et superficielle petite Duke. Elle lève la pointe du crayon, s'adresse un grand sourire dans le miroir. Sourire qui s'éteint presque aussitôt, petite étoile filante, pendant qu'elle cherche la boîte à paillettes qu'elle a acheté lors de sa dernière sortie en ville. Ça y est, elle l'a trouvée. Elle pourrait être contente d'avoir enfin mit la main dessus, mais la candeur de l'enfance l'a désertée. Plus rien de magique au fait de retrouver un objet convoité, pourquoi se réjouir pour quelque chose d'aussi futile ? Elle plonge son index dans la poudre dorée en faisant du play-back, ses lèvres exagérants chaque syllabe de cette chanson forcément à la mode. Jamais elle ne s'abaisserait à écouter autre chose, ce serait mauvais pour son image. Elle se regarde, s'examine sous toutes les coutures, les paillettes scintillant doucement dans la lumière descendante du soleil. Elle brille comme une étoile, personne ne pourrait ignorer sa présence. Son sourire l'élargit à cette pensée.
Elle sent que quelqu'un tourne la poignée de la chambre alors elle éteint son MP3 et se dirige en sautillant à moitié, claudiquant de l'autre, vers celle-ci. La personne derrière la porte n'arrive pas à ouvrir et s'énerve contre la poignée. C'est normal, elle a fermé à clef. Elle rit doucement de sa farce, portant sa main à ses lèvres glossées, puis se rapproche de la porte le plus possible, en tenant la poignée. Elle reste dans cette position d'attente quelques secondes avant d'ouvrir brusquement la porte, sa chère cousine tombant dans un bruit sourd à ses pieds.
« BIENVENUE CHER VISITEUR !! Oh, c'était toi cousine ? Mince alors, j'étais pourtant persuadée que c'était un de ces imbéciles de garçons ! »
Souriant de toutes ses dents, elle retourne jusqu'à son lit où elle s'affale, sans même aider Color à se relever. Elle aime bien taquiner sa cousine, c'est un de ses passe-temps favoris. Avec maquiller sa cousine, coiffer sa cousine, habiller sa cousine... Elle est un peu comme une poupée grandeur nature. D'ailleurs...
« Allez, boude pas ! Pour me faire pardonner, je propose de te maquiller, ça te va ? »
Les yeux brillants, elle s'approche de sa victime cousine avant de lui sauter dessus. Enfin, autant qu'elle le peut avec sa jambe artificielle. Alors elle se contente de la tirer de toutes ses forces jusqu'à son lit pour mettre en œuvre son plan diabolique. Quelle couleur irait le mieux à Color ?
[All right ? =3]
Color
Sujet: Re: All we need is COLOR Dim 19 Déc - 19:01
Assise en tailleur sur le sol froid du couloir des chambres féminines, Color attendait, son menton posé entre ses mains. Elle patientait depuis quelques minutes déjà, mais elle avait beau essayer d'ouvrir la porte de sa chambre de toutes ses pauvres forces celle-ci ne cédait pas. Il fallait se rendre à l'évidence : elle était enfermée dehors. Un soupir à la limite entre l'exaspération et le désespoir s'échappa d'entre ses lèvres fines. Elle avait déjà dit à Duke de ne pas s'enfermer avec la musique lancée à fond. Vingt fois. Et pourtant, toutes les semaines, sa cousine recommençait, inlassablement. C'était triste à en pleurer. Pour s'occuper, la petite fille sortit de son sac du papier à lettre et un crayon puis se mit à griffonner prestement. Une ligne. Une deuxième. Une troisième. Et puis bientôt, une quinzaine de lignes toutes destinées à son père envahissant de mots la feuille. Au fur et à mesure qu'elle avançait dans son écrit, son geste se fit pressé, fiévreux, presque maladif. Elle s'apprêtait à entamer sa seconde feuille lorsqu'un bruit la coupa dans son élan. Clic. Ce bruit. Celui d'un mp3 qu'on éteignait. Enfin ! Oubliant sa lettre au fin fond de son sac, la fillette se releva et se précipita vers l'entrée en appuyant frénétiquement sur le poignée et en tambourinant de ses petits poings le battant. Si Duke ne la remarquait pas cette fois-ci, elle se mettrait à hurler comme une possédée et tant pis pour les bonnes manières. Après tout, ne dit-on pas "aux situations extrêmes, solutions extrêmes" ? Clic, clac. Boum. Ahurie, les fesses douloureusement plaquées contre le parquet suite à l'ouverture - brutale - de la porte, Color entendit la phrase joyeuse de bienvenue sans l'écouter. Comment avait-elle pu se laisser surprendre et tomber dans une position aussi... Imparfaite ?! Tandis qu'elle se redressait avec lenteur, elle regarda sa cousine s'éloigner en pépiant quelque chose au sujet des garçons idiots s'agglutinants devant sa chambre. Vraiment, on ne changerait pas Duke. Tranquillement, Color se glissa dans l'entrebâillement de la porte et pénétra dans la pièce aussi éclairée qu'un podium. Cet endroit, dans la petite vie bien ordonnée de la fillette, était le seul à ne pas être parfaitement rangé. Une cinquantaine de magazines fashions traînaient ça et là en fonction de leur intérêt, des vêtements divers et variés pendaient sur une chaise branlante et une pile de Cds à la mode trônait au beau milieu d'un bureau plein à craquer d'accessoires plus ou moins utiles. Sans oublier les inévitables trousses de maquillage disséminées un peu partout. Bref, on voyait que Miss Monde était passée par là.
" Allez, boude pas ! Pour me faire pardonner, je propose de te maquiller, ça te va ? "
Color lâcha son sac en plein milieu de la pièce, pétrifiée. Oh nooon, pas encore ! A chaque fois que sa cousine s'ennuyait, elle était obligée de se transformer en poupée grandeur nature. Une horreur. Une main de fer s'abattit sur son bras et l'entraîna vers le nécessaire à torture à maquillage. Les yeux brillants de Duke ne lui disait vraiment, vraiment rien de bon. Presque à regret, elle se laissa asseoir sur le lit de la jeune fille et l'observa choisir minutieusement la couleur qu'elle appliquerait sur son visage. En haussant les épaules, l'étrange marionnette que faisait la fillette se décida à parler.
" Hum... J'aime bien ça, si tu veux... Je te préviens, il est hors de question que tu me remettes sur les paupières ce jaune affreux ! "
De l'index, Color pointa une palette remplit d'une poudre rose pâle légèrement argentée. Elle était de toute façon obligée de suivre sa cousine, alors autant que ce soit pour que le résultat lui plaise. Elle gardait un souvenir très cuisant de la fois où elle avait ouvert les yeux sur un miroir reflétant un espèce de... Clown bariolé. Oui, vraiment, plus jamais ça ! Elle était décidée, cette fois elle ne se laisserait pas faire. Elle et sa résolution contre la jeune fille aux idées fixes... L'après-midi promettait d'être mouvementé !
[Yeah, it's gooood ♥ And me ? ]
Invité
Sujet: Re: All we need is COLOR Mar 8 Fév - 19:27
Une des choses que Duke faisait le mieux, après maquiller et parler de choses inutiles dans toutes les langues possibles, c'était d'ignorer sa cousine. Aussi fit elle la sourde oreille, ne prêtant aucune attention à l'avis désespéré de sa cadette et fouillant parmi ses affaires pour retrouver le vieux tee-shirt usé qu'elle comptait mettre autour de son cou pour ne pas la salir. Elle n'était pas suffisamment cruelle pour maquiller également ses vêtements, et puis de toute façon ça n'aurait jamais tenu. Une fois qu'elle l'eut retrouvé, roulé en boule sous son lit, elle approcha sa victime du bord de son lit et la força à s'y asseoir en appuyant fortement sur ses épaules. Elle dépoussiéra ensuite le vieux bout de chiffon en le secouant par la fenêtre avant de l'accrocher autour du cou de Color en le retenant avec une pince. Fin prête, elle se frotta les mains, tic qu'elle avait avant de passer à l'action. Tout sourire, elle prit un tube de fond de teint liquide et l'ouvrit.
« Je te conseille de ne pas bouger ♥ »
Duke, ou l'art de faire passer en douceur une menace telle que "tu bouges, t'es morte avec un crayon à lèvres enfoncé dans l'œil". Sur ces mots, elle ferma les paupières de son très cher cobaye et débuta l'opération RDC (Relooking De Color), essai numéro 396. Elle appliqua tout d'abord la base. Elle se demandait souvent comment elle en était arrivée là. À ce point obnubilée par l'apparence. Comme si rien d'autre ne comptait plus que le physique, comme si on était ce que l'on voyait sur les photos. La beauté intérieure ? Vraiment, elle ne voyait pas ce qu'il y avait de beau dans une masse d'organes sanglants et remuants. Elle attendit que le fond de teint sèche avant d'ajouter un peu de poudre. Sa cousine avait une peau tellement pâle ! Il n'y avait presque qu'elle dans ses amies pour laquelle elle devait utiliser cette teinte, presque blanche. Color lui avait toujours dit qu'elle ne supportait pas cette impression d'avoir un masque de plâtre sur le visage. Une statue... Une statue incapable de bouger, mais tellement belle. Alors pourquoi s'en faire ? Le plus important est là.
Elle s'arrêta, son pinceau en main, et fronça les sourcils d'un air contrarié. Devant elle s'étalait des milliers de couleurs toutes différentes les unes des autres, et elle ne savait que choisir. D'ordinaire, l'inspiration lui venait presque immédiatement, mais là... De bleu, pour aller avec ses yeux. Non, du orange clair mélangé avec du marron foncé, pour rappeler la teinte changeante de ses cheveux. Non, du vert. Non, du rouge. Non, du... Elle ne savait pas. Elle se souvint avec un pincement au cœur du commentaire dégoûté de sa cousine lors de leur dernière séance de maquillage. Même si elle avait insisté pour lui dire que "c'était magnifique" et qu'elle "n'avait aucun goût", ça faisait mal de se faire critiquer aussi durement. Elle qui était si fière de son ouvrage, elle s'était pris une énorme claque. Mais bien sûr, elle n'avait rien montré à personne. Elle gardait toujours tout à l'intérieur, ses petites fées gardaient tout pour elle, pour qu'elle se montre forte et ne soit pas gênée par ces petits obstacles insignifiants dans son ascension. Ne sachant quoi choisir malgré les propositions de ses créatures imaginaires, elle soupira et lui demanda sur un ton excédé, comme si elle n'avait cessé de l'importuner depuis qu'elle était entrée dans la pièce :
« Bon, puisque tu fais ta difficile, dis-moi donc quelle couleur te conviendrait. »
Sur ce, elle croisa les bras sur sa poitrine en boudant. Pas question d'admettre son impuissance ! Et puis c'était de sa faute d'abord, il ne fallait pas la critiquer !
Color
Sujet: Re: All we need is COLOR Mar 15 Fév - 14:42
Les lèvres closes, dans une moue boudeuse de petite fille contrariée, Color observa sa chère cousine installer tout son petit matériel. Intérieurement, elle fulminait. Si elle était plus grande... Elle ne se laisserait pas faire ! Elle lui dirait qu'elle n'a pas envie de se faire barbouiller la figure avec ces trucs collants et affreux. Mais Duke faisait une tête de plus qu'elle. Alors elle se taisait. Dans une tentative désespérée de s'échapper, la fillette se réfugia vers le milieu du lit et se cacha la tête sous un coussin en priant pour se faire oublier. Malheureusement, l'Apprentie Maquilleuse eut vite fait de la ramener à sa position initiale : assise au bord du matelas, le dos bien droit. Sans la moindre issu de secours à l'horizon. Dommage. Comme se devait d'être la demoiselle très sage et parfaite qu'elle était, Color laissa sa cousine lui attacher un vieux tee-shirt autour du coup. Elle ne put cependant s'empêcher de trembler lorsqu'elle vit l'adolescente se frotter les mains puis approcher un tube - contenant en plus un liquide horriblement compacte - de son visage pâle. Elle ne le sentait vraiment, vraiment pas...
"Je te conseille de ne pas bouger ♥"
Le tout dit avec un ton joyeux à souhait. Là, c'était sûr, Duke avait une case en moins. Voire même deux... Dans un mouvement puéril, la petite fille lui tira rapidement la langue avant de fermer les yeux. Le noir total. Effrayant, oppressant. Comme dans un cauchemar. Base. Début de la torture. Une chose gluante lui toucha la joue, pour ensuite s'étaler sur absolument chaque parties de sa figure. Fichue base. Color n'avait jamais compris à quoi elle servait, à part à l'énerver et lui donner l'impression de se transformer en statue de marbre. Quelques minutes passèrent, durant lesquelles le fond de teint sécha. La fillette se demanda ce à quoi sa cousine pouvait bien penser. Des idées superficielles sûrement. Du genre "Que vais-je donc pouvoir porter ce soir ?" ou "Tiens, je vais utiliser un vernis rose pour mes ongles demain !". Duke était comme ça. La petite demoiselle avait beau l'adorer, elle ne pouvait nier ce défaut... Poudre. Fin de la séquence réflexions stupides. Color faillit éternuer, mais elle se retint juste à temps. L'adolescente n'aimerait certainement pas être recouverte de morve. Enfin, qui aimerait, à part un idiot ou un cas désespéré ? Se faire éternuer dessus n'était pas vraiment quelque chose qu'on pourrait qualifier d'agréable... Non, non, on avait dit "fin des réflexions stupides". Se concentrant un peu, la fillette essaya de repérer chaque grain recouvrant sa peau, de lui donner une place propre. Elle se rendit vite compte que c'était impossible. On ne pouvait apparemment pas tout classer, dans la vie. Etrangement, cette idée lui fit mal. Elle qui aimait tellement ranger... Plus rien. Panne d'inspiration ? Timidement, la petite fille ouvrit un œil. Pas de crayon ni quoi que ce soit en vue ? Parfait. Elle ouvrit l'autre. Sa Maquilleuse attitrée portait un air exaspéré, ce qui ne pouvait pas être bon signe. Il ne valait mieux pas contrarier Duke. Question de survie. La voix agacée de sa cousine la fit alors légèrement sursauter.
"Bon, puisque tu fais ta difficile, dis-moi donc quelle couleur te conviendrait."
Elle lui avait déjà dis. Mais évidemment elle n'avait pas écouté. Dissimulant à demi un soupir, elle décroisa avec douceur les bras de la jeune fille. Elle fixa ensuite la palette de couleurs s'étalant sur la couverture, au cas où une nouvelle teinte attire son attention. Mais non, elle était sûre de son choix. Dans le but de calmer un peu sa cousine, elle lui fit un adorable sourire - celui qu'elle utilisait généralement pour se faire pardonner ou pour obtenir quelque chose - avant de lui répondre.
"Moi, j'aime bien ce rose argenté. Il me rappelle les fleurs qu'on pouvait trouver dans le champ... Tu sais, celui où on jouait à cache-cache ? C'est un très joli rose."
Doucement, elle poussa le petit contenant plat vers la main tenant le pinceau. Elle ne voulait pas la brusquer, mais si elle pouvait choisir cette couleur... Le résultat serait peut-être moins catastrophique que le dernier. Color savait qu'on ne pouvait cependant pas forcer Duke à faire quelque chose et que si elle se décidait pour autre chose on ne pourrait pas l'en empêcher. Elle faisait ce qu'elle voulait. Quand elle voulait. Sur qui elle voulait. Au plus grand désespoir de sa cible favorite. Je ne vise personne, suivez mon regard.
Dernière édition par Color le Jeu 30 Juin - 16:17, édité 1 fois
Invité
Sujet: Re: All we need is COLOR Dim 15 Mai - 20:55
Elle sentit les mains frêles de sa cousine la forcer à décroiser ses bras et sa carapace vacilla un instant mais elle se reprit, ce n’était pas le moment de se montrer faible ! Surtout devant sa cousine, qui voyait une sorte de modèle en elle, elle ne devait pas faire s’effondrer son image de chêne robuste. Alors oui, elle décroisa les bras. Mais elle garda toute sa dignité et la regarda d’un air sévère. Même son doux sourire ne la fit pas céder. Non non non, elle ne l’aurait pas aussi facilement ! D’accord, elle s’était un peu détendue, mais c’était tout, elle ne ferait pas un pas de plus.
« Moi, j'aime bien ce rose argenté. Il me rappelle les fleurs qu'on pouvait trouver dans le champ... Tu sais, celui où on jouait à cache-cache ? C'est un très joli rose. »
Son cœur sembla s’arrêter. Non, elle ne s’en souvenait pas. Mais elle ne voulait pas y repenser, sinon tout risquait de remonter à la surface… Trop tard. L’image d’un magnifique champ de fleur jaillit de nulle part et un sourire nostalgique s’épanouit sur ses lèvres. Son pinceau toujours en suspens au dessus de la palette rose pâle, elle se souvint de ces jeux d’enfants. Elle gagnait toujours ! … Bon, presque toujours. Il faut dire que les parties qu’elle perdait comptaient pour du beurre, sinon c’était pas drôle. Le pollen qui leur chatouillait les narines… Les pétales rosés qui se perdaient dans leurs vêtements, au grand dam de leurs mères… La terre sèche qui s’envolait en poussière à chacun de leurs pas… Le soleil qui tapait sur leurs petites têtes qu’elles refusaient de couvrir d’un chapeau… Les moues boudeuses qui se peignaient sur leurs visages enfantins au moment de se quitter…
Elle attrapa la palette avec des gestes précautionneux et mit quelques touches de couleurs sur le pinceau noir. Un sourire enfantin aux lèvres et l’approcha du visage de sa cousine et annonça d’un ton rieur :
« Alors comme ça tu veux ressembler à un champ de fleurs ? Attend voir ! »
À ces mots, elle se jeta sur la jeune fille aux yeux bleus, faisant rouler sa couronne sur son lit déjà bien encombré. Elles riaient aux éclats, l’une se débattant tandis que l’autre tentait d’apposer des marques roses sur son visage de porcelaine. Elles s’agitèrent pendant un moment, sans se préoccuper de gêner leurs voisines de chambres, mais elles finirent par entendre des coups violents contre le mur et une voix hurla, les stoppant net dans leur bataille enragée :
« NON MAIS C’EST PAS BIENTÔT FINI CE BAZAR ?! YEN A QUI BOSSE ICI !! »
« … »
Un long silence s’installa, entrecoupé par quelques rires nerveux des jeunes demoiselles. Duke s’allongea -ou plutôt poussa des objets de son lit pour pouvoir s’y étendre- et respira longuement pour se calmer. Sa cage thoracique montait et descendait, de plus en plus lentement, et lorsqu’elle eût repris un rythme régulier elle demanda :
« Color… »
Elle s’arrêta de respirer, comme si poser cette question lui coûtait beaucoup. De fierté. Elle bascula sur le côté pour la regarder droit dans les yeux.
« Tu trouves vraiment que c’est moche quand je te maquille ? »
Color
Sujet: Re: All we need is COLOR Ven 1 Juil - 14:41
D'un air un peu curieux, Color vit le regard de sa cousine se perdre dans le vague. Elle aurait bien aimé savoir à quoi elle pensait, à ce moment là. Peut-être à ce fameux champ de fleurs dans lequel elles jouaient étant enfant ? Il était merveilleux, vraiment. Elles passaient pratiquement toutes leurs vacances d'été là-bas auparavant, dans cette campagne colorée. La fillette se souvenait de la fois où elles avaient essayé de « faire comme les grandes » en prenant le thé, et qu'elles s'étaient mises à boire de la boue juste parce que ça y ressemblait un peu. Elles étaient tombées malade comme pas possible après ça... Et les hurlements de leurs parents avaient retenti dans tout le village quand ils avaient appris la raison de leur mal-être commun ! Après, elles en avaient ri, mais sur le coup, elles en étaient devenues plus blanche que blanche. Ce détail la fit sourire. Elles formaient vraiment une jolie paire d'idiotes parfois. Ou plutôt, très souvent, hum.
Soudain, la petite fille vit la main de Duke attraper la palette de maquillage, puis tremper son pinceau au hasard dans les différentes couleurs de poudres à paupière. Oh là, mauvais signe. La demoiselle aux cheveux roses s'approcha de son visage avec un sourire candide. Et l'objet de torture à la main (à comprendre ici, le pinceau, hein.). Bon sang, très très mauvais signe. Une phrase lancée joyeusement signa alors la déclaration de guerre.
« Alors comme ça tu veux ressembler à un champ de fleurs ? Attend voir ! »
Duke fonça alors sur elle, la faisant basculer en arrière et envoyant valser la couronne adorée de la fillette au loin. L'arme de l'adversaire ? Une armée de poudre rosâtre n'attend qu'une seule chose : s'étendre partout sur son visage de porcelaine. Hiiiiiiii, tous aux abriiiis ! Riant comme une folle, Color essayait néanmoins de se dégager de sa cousine, combattante fort tenace. Et collante avec ça ! La petite fille n'arrivait pas à se dégager, hurlant des appels à l'aide amusés. Elle allait finalement envoyer un uppercut dans le ventre de sa cousine pour parvenir à s'enfuir, lorsque des coups brutaux furent frapper contre le mur séparant leur chambre de la pièce voisine.
« NON MAIS C’EST PAS BIENTÔT FINI CE BAZAR ?! YEN A QUI BOSSE ICI !! »
Leur bataille futile s'arrêta immédiatement, et elles se redressèrent en riant encore, par à coup et le plus doucement possible. Duke s'allongea sur son lit en soupirant, dans l'espoir de se calmer sans doute. Color s'assit sur le sol, s'amusant avec les fils dépassant d'un coussin (victime de la Grande guerre du Maquillage) et se mordillant la lèvre inférieure pour s'arrêter de rire. Après quelques minutes d'un silence étrange, la voix de Duke retentit faiblement dans les oreilles de la fillette.
« Color… »
Intriguée, la fillette tourna son regard vers le lit bordélique de sa cousine. Dans sa position, elle ne pouvait apercevoir que ses pieds... Mais d'un seul coup, la jeune fille se retourna pour qu'elles puissent se regarder dans les yeux. Elle était drôlement sérieuse pour une fois, dis donc. En un souffle, la tirade fut prononcée.
« Tu trouves vraiment que c’est moche quand je te maquille ? »
La petite demoiselle ne put s'empêcher de sourire face à cette question. Elle s'imaginait très bien l'effort que ça avait dû être pour l'adolescente d'oser l'interroger sur ça. Ne serait-ce que de mettre sa fierté de côté pendant quelques secondes. Lentement, Color se releva et avança jusqu'au matelas pour s'y laisser tomber mollement au côté de son interlocutrice préférée (et détestée à la fois, très paradoxal. A vrai dire, tout dépendait des moments.). Que devait-elle faire ? Jouer la carte de la franchise ? C'était probablement le mieux. De toute façon, elle ne pouvait absolument rien cacher à Duke. D'une voix sereine, elle prit donc la parole.
« Eh bien... Ça dépend des fois, c'est vrai. La semaine dernière, ce n'était pas terrible. Mais il y a trois jours, je faisais peur à voir et tu m'as aidé à cacher ça, tu te souviens ? C'était vraiment gentil. »
Puis elle lui fit un joli sourire rassurant, comme elle savait si bien les faire. C'était d'ailleurs bien une des seules choses qu'elle faisait réellement à la perfection. Le reste... C'était trop moyen pour être jugé parfait. D'ailleurs, qu'est-ce que la perfection ? Une chose abstraite que les imbéciles voulant bien faire recherche, sans doute. Color veut être parfaite. Donc Color est une imbécile. Dans un certain sens, on va dire. En fait, tout dépend des points de vue, des opinions, des moments de la journée, des personnes... Pour que tout soit parfait, il faudrait que tous les facteurs d'une décision soit pris en compte. Un peu difficile, n'est-ce pas ? Alors peut-être... Peut-être que la perfection n'existe pas ? Chut, arrêtons nous là, la fillette risque de nous entendre. D'ailleurs, voilà qu'elle recommence à parler.
« Dis moi, tu ne voudrais pas qu'on fasse autre chose ? Il fait beau dehors, on pourrait aller se promener. Ou alors, on essaye des vêtements ? »
Tentative d'emmener sa cousine sur un autre terrain, plutôt bien dissimulée. Elle se sentait un peu honteuse d'essayer d'éloigner Duke de son occupation première, mais elle avait tout de même un peu peur de ce que la séance d'esthétisme pourrait donner. Et puis, elle ne mentait même pas. Il y avait vraiment un magnifique ciel bleu à l'extérieur.
I believe I can fly ~
Invité
Sujet: Re: All we need is COLOR Dim 24 Juil - 14:25
Et elle souriait, la petite Color, et Duke trouvait cela insupportable. Elle se moquait d’elle, c’est ça ? Elle trouvait ça amusant, de la voir confuse ! La bouche de la demoiselle aux cheveux roses se tordit et ses yeux se remplirent de colère, exhortant sa cousine à ne pas attendre qu’elle se fâche pour lui répondre.
« Eh bien... Ça dépend des fois, c'est vrai. La semaine dernière, ce n'était pas terrible. Mais il y a trois jours, je faisais peur à voir et tu m'as aidé à cacher ça, tu te souviens ? C'était vraiment gentil. »
Le sourire de la jeune fille l’acheva et elle ne pût que sourire à son tour. Elle était gentille. Elle était GENTILLE. Ce devait être la première fois que quelqu’un lui faisait ce compliment. Pour un peu, elle aurait sauté partout à travers la chambre en désordre. Mais elle se contint et prit un air détaché :
« Ouf, j’ai eu peur que ton sens du bon goût ne soit affecté ! »
Quelques secondes passèrent pendant lesquelles elle regarda ses ongles pousser. On leur avait dit de faire moins de bruit, comment s’amuser dans ces conditions ? Elle soupira, c’était vraiment pas drôle. Puis sa cousine eût une idée de génie.
« Dis moi, tu ne voudrais pas qu'on fasse autre chose ? Il fait beau dehors, on pourrait aller se promener. Ou alors, on essaye des vêtements ? »
Elle se redressa sur le lit et, comme si elle n’avait pas entendu ce que Color avait dit, elle annonça en trépignant :
« Héééé j’ai une trop bonne idée ! Et si on allait dehors ? »
Ben oui, elle était la seule à avoir le droit d’avoir des idées de génie ! Sans attendre une seconde, elle attrapa sa petite victime par le poignet et la tira vers la porte de la chambre. Et puis elle s’arrêta brusquement, le nez de Color se cognant douloureusement contre son épaule.
« Ha ! Mais on ne peut pas y aller habillées comme ça, c’est trop la honte ! Imagine qu’on croise des beaux gosses ! »
En riant, elle claudiqua jusqu’à son armoire déjà ouverte où les vêtements s’entassaient et commença à les jeter par-dessus sa tête après les avoir rapidement examinés. Pas cette jupe, les fleurs c’est dépassé. Avec ou sans ceinture ? Un short en jean peut-être ? Oui, et un en toile pour Color. Comme ça elles seraient assorties. Lorsqu’elle eût fini, elle passa son bras sur son front en soufflant très fort et se retourna pour regarder les trois tas de vêtements qui s’offraient à ses yeux. Sa tenue, celle de Color et… le reste. Elle attrapa la sienne et pointa le doigt vers le deuxième tas.
« Ça c’est pour toi, Color, dépêche-toi de l’enfiler ou je te tire dehors en culotte ! »
Pas le moindre sourire sur son visage d’ange, elle ne plaisantait pas. Et Color devait en avoir fait l’expérience plus d’une fois. Un petit coup de brosse dans les cheveux pour leur donner du volume et c’est parti !
Le regard perdu dans le magnifique ciel du dehors, la petite brune rêvassait à tous ces jeux auxquelles elle jouait étant petite. Les parties de chat interminables, le Loup-Garou, assise dans le noir de sa chambre et qui lui faisait peur, les cache-caches, inévitablement. La douceur qu'était l'enfance lui sembla si simple à cet instant. Paisible. En grandissant, on se rendait toujours compte à quel point la Vie était difficile. Chassant ces idées de son esprit, la petite jeune fille secoua négativement la tête et lâcha des yeux l'étendue bleutée du ciel. Brusquement, Duke se releva, froissant les draps du lit et faisant tomber l'oreiller sur le sol déjà bien encombré. Elle lâcha d'une voix ravie et enthousiaste ce qu'elle considérait comme une trouvaille merveilleuse. Sa trouvaille, donc.
« Héééé j’ai une trop bonne idée ! Et si on allait dehors ? »
… Ou l'idée de Color presque revisitée. La fillette laissa s'échapper d'entre ses lèvres un léger soupir, avant de sentir comme un étau enserrer son poignet et d'être propulsée en avant. Moins d'une seconde plus tard, sa cousine stoppait net et elle se prenait son épaule en plein dans le nez. Aïe. Dégageant sa main, elle se frotta l'endroit endolori venant de se cogner avec le dos de son pouce. Elle entendit vaguement résonner la voix de Duke dans ses oreilles bourdonnantes ; elle parlait de vêtements et de garçons. Séance d'habillage obligatoire donc. Rapidement, la jeune fille jeta un coup d’œil dans le miroir. Son nez avait pris une teinte plus rose d'un seul coup... Mais rien de flagrant, ça pouvait aller. Son regard se posa ensuite sur la fashion victim en puissance occupée à trier très sérieusement les différents habits déjà rangés dans son armoire. Sagement, Color se laissa tomber en tailleur à même le sol et patienta. Elle savait mieux que quiconque qu'il valait mieux se tenir tranquille lorsque sa cousine s'occupait de vêtements. Elle pouvait être carrément dangereuse si elle le voulait. BLAM. Bruit de la porte de l'armoire se refermant brutalement. Duke devait déjà avoir fini... Discrètement, l'enfant regarda sa montre. Wahouuu, en moins d'une demi-heure ?! Ça devait être un record. Elle retint un sourire pour ne pas vexer son amie.
« Ça c’est pour toi, Color, dépêche-toi de l’enfiler ou je te tire dehors en culotte ! »
Plus du tout envie de sourire. Elle savait parfaitement que sa cousine en était capable. D'un geste précipité, elle se remit donc sur ses pieds et s'empressa d'enfiler les habits qu'on lui avait préparé en un tas. Un short en toile blanc et un tee-shirt à manches courtes d'un mauve très clair. Pas trop mal. Elle enfila le tout à la va-vite, chaussa ses ballerines immaculées puis couru à la suite de Duke qui était déjà partie d'un air conquérant dans le couloir. Arrêt au milieu du corridor lorsqu'elle réalisa qu'elle n'avait pas fermé la porte de la chambre et qu'on pouvait admirer le bazar sur Terre qu'était devenu cette pièce. Demi-tour au pas de course. Fermeture de la dite porte. Puis retour auprès de sa cousine qui n'avait même pas ralenti le pas d'un iota. Adorable... Color commençait à sentir poindre un point de côté, ce fut donc péniblement qu'elle prit la parole.
« Hé... On va où comme ça, dis ? J'aimerais bien aller voir la serre, ça fait longtemps... Sinon, les jardins ? »
Essoufflée, elle continua à marcher tant bien que mal au côté de Duke. Ensemble, elle passèrent devant l'infirmerie sentant bon le linge propre et le soleil. Le psychologue était en train d'écrire quelque chose, on pouvait l'apercevoir à travers la porte entrouverte de son bureau. Puis elles bifurquèrent dans un couloir secondaire pour rejoindre l'escalier menant au rez-de chaussé. La fillette avait l'impression que ses jambes allaient lâcher. Elle fit donc très attention à ne pas tomber lorsqu'elles dévalèrent à tout vitesse les marches glissantes. D'un pas vif, elles traversèrent le réfectoire, désert à cette heure, et aux allures de maison hantée sans son habituel brouhaha. Enfin, elles franchirent la porte grande ouverte de l'entrée. Le vent tiède de l'été caressa la joue de Color, et d'un air émerveillé elle observa l'extérieur qui s'ouvrait devant elle. Les jardins étaient éclairés d'une jolie lumière, les fleurs avaient ouvert en grand leurs fins pétales. Si seulement elle avait été moins épuisée, elle aurait pu en profiter davantage. Son souffle s'était fait court, elle ne s'était pas arrêtée une seconde dans sa course. BOUM. … Dire qu'elle avait fait tellement attention dans les escaliers du rez-de-chaussé. Tout ça pour s'étaler comme une masse en ratant la dernière marche du perron. Enfin, il fallait bien que ça arrive. Elle avait dégringolé sans avoir le temps de dire ouf, et sans aucune classe. Presque au ralenti, c'était juste ridicule. Le menton dans la poussière, les paupières plissées d'être trop fermées, les bras étendus devant elle. Elle sentait son genou la lancer, c'était désagréable, ça faisait mal. Tout doucement, elle rouvrit les yeux et se redressa un peu. Elle avait l'impression que son dos venait d'être martelé à coup de marteau. Elle baissa les yeux sur son genou. Le sang se mêlait au sable sur le sol. Décidément, il avait fallu qu'elle tombe pile sur LE caillou pointu à deux kilomètres à la ronde. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Non, non, il ne fallait pas qu'elle pleure, c'était trop bête, il n'y avait que les enfants qui pleuraient et... Trop tard. De grosses gouttes salées vinrent s'éclater par terre. Tu ne pouvais y échapper Color. Tu ES une enfant.
Sweety little girl who cry in the dark world ♪
Spoiler:
T'as de la chance, t'as pas attendu 40 ans ♥//AVIOOON// Mais je trouve ça pas terrible, pardooon ;A;
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