Sujet: WHAT KIND OF FUCKERY ARE WE ― pv. Ven 29 Juil - 22:46
Il aurait fallu qu'il pleuve, et qu'il pleuve très fort, pour qu'elle soit entièrement satisfaite. Une de ces pluies épaisses et dramatiques comme il y en avait souvent à Winchester, celles qui salopent le terrain des shapes et qui plaquent les longs cheveux des filles sur leurs omoplates. Lux regrettait cette pluie qui ne venait pas ce soir là, et regarda pendant très longtemps cette jambe qui pendait dans le vide. Son pied lui semblait ridicule et faible, et pourtant combien de colosses avait-il frappé, rien que dans les douze dernières heures ! Ses orteils avaient un peu froid, et elle eut pitié du vernis rouge écaillé, espèce en voie de disparition pour cette superficielle d'américaine qui réglait chaque détail, aussi étonnant que cela puisse paraître.
Sunshine avait eu tout le loisir d'observer sa colocatrice se vernir les ongles des doigts de pied, opération tout à fait inutile puisque la rousse ne quittait jamais ses nike ou ses chaussures, fermées, de marque. Bien qu'elle soit tout le temps habillée comme si elle allait à la plage de Miami, elle avait une sainte horreur pour les tongs et autres dérivés – grosso modo toutes les chaussures ouvertes. Bref, la Californienne connaissait plein de détails comme ça de sa camarade antonyme, qui n'est pas la personne la plus ouverte qui soit. Il a fallu pas mal de temps pour que la lionne accepte dans son antre l'étrange brune, et en passant par l'indifférence, il y a eu au final une étrange confiance entre les deux filles. Qui ne se basait absolument pas sur des potins racontés dans le noir en pouffant, cela va de soi. Malgré tout, quand la shape poussait son lit contre celui de l'autre côté de la pièce, on pouvait entendre une violente dispute dans le couloir.
Elle ne savait pas trop quoi penser sur l'instant, mais elle ne voulait surtout pas penser à Sunshine ou à qui que ce soit d'autre. Il fallait pas mal se concentrer pour y arriver, et ce n'était franchement pas le point fort de Lux. Elle avait peur, c'est ça ? Le vide noir et la légère brise lui donnaient des frissons, ses tempes étaient déjà humides. Oui, il aurait mieux fallu un vent fort, violent et brutal, elle s'y serait sentie à l'aise, ou au contraire, trop mal à l'aise, suffisamment du moins. La légère caresse qui lui soufflait sur ses poils hérissés lui murmurait des choses qu'elle ne voulait pas entendre et qui la faisaient hésiter. Ce n'était pas une bonne idée, pendant la nuit, pensa-t-elle.
Elle pensait que le ciel noir sans étoiles et que la pelouse tondue seraient propices, et pourtant non, elle était bloquée en regardant les paisibles rectangles verts, en écoutant le silence amical du noir. Lux avait peur.
Et voilà que la porte s'ouvre, claque comme d'habitude, et elle a à peine le temps de tourner la tête. Sunshine avait tout le loisir d'observer sa colocatrice avec des yeux tremblants et des lèvres sur le point de souffler de faibles excuses, et pourtant son visage se raffermit instantanément. Elle ne voulait que personne, même si ce fût Sunshine vît sa moue de peur. Grande et féroce Lux, elle sera la forteresse sans meurtrière puisque personne n'osera s'y attaquer.
― Tu ne rentres pas plus tard ?
Question pour en empêcher une autre, celle de quelqu'un qui verrait son amie à califourchon sur le bord de la fenêtre et qui savait qu'elle n'était pas psychologiquement stable. Elle était loin d'être folle, mais on sait tous que des orphelins surdoués n'étaient pas entièrement sains d'esprit.
Invité
Sujet: Re: WHAT KIND OF FUCKERY ARE WE ― pv. Mar 9 Aoû - 19:38
Sunshine pensait qu'en mangeant moins, ses seins allaient rapetisser. C'est pour ça qu'au diner, à une des tables de la cantine, on avait pu l'apercevoir en train de manger avec grâce et délicatesse un morceau de pain industriel, qu'elle jugeait par ailleurs dégoûtant par rapport à celui qu'on peut trouver en Amérique, et seulement cela, avec un verre d'eau. Durant son court repas donc, elle avait entendu – et non pas écouter, c'aurait été trop beau – une de ses nouvelles amies dont elle avait oublié le nom qui lui parlait de choses et d'autres, les sujets qu'elle abordait allant de son petit copain à une proposition d'aller jouer à des jeux vidéos après le dîner. Son interlocutrice hochait distraitement la tête, mastiquant son bout de mie, et tout en cousant. Oui, vous avez bien lu, en cousant, ou plutôt en rafistolant. Il se trouvait que Miss Sunny faisait sans cesse des trous dans ses collants, et comme elle n'avait pas assez d'argent pour en racheter de nouveaux, elle s'attelait souvent à la dure tâche de les recoudre elle-même pendant des moments parfaitement inappropriés et durant lesquels elle s'ennuyait profondément tels que les repas ou les heures de cours. Le trou qu'elle était en train de refermer se trouvait sur le haut de sa cuisse droite, presque au commencement de son short noir. Sunny avait l'air vraiment concentrée, absorbée par l'aiguille et le file qui faisait des aller-retours. Elle se voulait rapide mais la fille qui lui parlait à côté était un fond sonore assez désagréable, c'est pourquoi Stacy commença à respirer un peu bruyamment, comme pour vainement essayer de la faire taire, mais cela ne servit qu'à donner l'impression qu'elle était encore plus attentive à ce qu'il se passait entre son tissu en nylon et son fil de laine noire. Entre deux « hm » afin de signaler qu'elle écoutait sa voisine, Sushine releva lentement la tête pour voir si sa colocataire rousse, une des seules personnes qu'elle connaissait à la Wammy's, était présente dans la salle. Son regard azur parcourra la salle mais elle ne vit pas de tignasse rouge. C'est alors qu'une douleur insupportable la lança à l'endroit où elle était en train de coudre. Elle pensa d'abord que c'était son fémur qui s'était encore rompu, mais non. Elle s'était tout simplement piquée et une petite goutte de sang perlait au milieu du trou béant dans le tissage de nylon. Son premier réflexe fut alors de hurler un juron et de porter son doigt à la micro blessure afin d'essuyer le liquide vermeil. Sunny se leva ensuite violemment de la chaise où elle était assise puis passa avec énervement une main dans ses cheveux. Elle vomit alors un monologue incompréhensible sur le fait que sa couche supérieure de l'épiderme pouvait s'infecter ou qu'elle pouvait attraper le tétanos parce qu'elle ne s'était jamais faite vacciner. Pauvre Sunny victime de sa connerie.
Alors elle n'eut pas d'autres solutions que de partir bêtement, faisant semblant de boiter alors qu'elle agrippait sa cuisse droite, sous les regards hallucinés de quelques personnes dans l'assistance. Elle se dirigea naturellement vers sa chambre, en ayant tout de même un peu faim et en espérant que finalement il y aurait un fond de paquet de pop-corn au caramel qui l'attendrait bien sagement à côté de son lit. Sunshine pensa aussi qu'il était inutile de marcher comme elle le faisait alors que sa piqûre ne lui faisait pas si mal, et se remit à déambuler comme si rien ne s'était passé. Elle recoiffa en vitesse sa frange et haussa une épaule pour tenter de remettre en place son sweat-shirt qui tombait dangereusement. Enfin après avoir monter moult marches et traverser une infinité de couloirs, elle poussa la porte de la chambre en se demandant si sa colocataire y était. Elle entra et pour montrer qu'elle était fatiguée et qu'elle avait mal (ce qui était le cas la plupart du temps) Sunny claqua la porte de la pièce avec nonchalance, ce qui la fit en fait sursauter toute seule. Quelle dure vie menait-elle. Elle jeta un coup d'oeil mais ne vit personne. Juste ces deux lits collés, avec bizarrement un seul matelas positionné en diagonal, le bordel par terre, le drapeau américain accroché au mur au dessus de la couche nuptiale, ainsi que l'absence de l'armoire qu'un dénommé Néron avait jetée par la fenêtre en faisant le ménage dans la chambre, « parce qu'elle prenait trop de place ». Voilà bien un sinistre décor au beau milieu duquel Sunny hésita entre s'allonger sur le matelas en gémissant ou chercher de quoi se rassasier de façon non diététique.
Tout son être fut finalement attiré par ce qu'il se passait sur le rebord de la fenêtre à cause de la voix qu'elle venait d'entendre. C'était celle de Lux qui résonnait dans ses tympans comme un coup de poing dans la tempe. Sushine avait toujours l'impression qu'elle la dérangeait, et tant mieux. Il ne fallait pas qu'elle la laisse tranquille, il ne fallait pas qu'elle ait rien qu'une seconde répit, sinon ce serait elle qui s'en prendrait plein la tronche. Elle devait sans cesse chercher un prétexte de dispute, de chamaille, de de querelle, même si c'était n'importe quoi, comme une bouteille d'eau vide laissée sur le côté du lit de Sunny alors que le bordel était partout. Elles étaient sans cesse obligés de jouer à la colère. Mais pas ce soir, ce soir Lux avait l'air fatiguée de se battre et Sunny avait mal. Elle posa un genou sur le matelas et s'assit dessus avec toute la lourdeur du monde, ce qui fait rebondir tout le lit anglais qui était bien entendu sur ressors. Cela rappela d'ailleurs à la jeune californienne la fois où elles avaient fait du trampoline dessus et que les filles d'en dessous étaient venues les engueuler, alors les deux capitalistes s'étaient alliées pour leur dire (ou plutôt leur hurler avec rage et mépris) que si elles n'étaient pas contentes elles pouvaient toujours aller se jeter dans un caniveau et ainsi rendre service à notre bonne planète. Ce cours passage de la vie de Stacy lui avait prouvé qu'elle était capable de faire preuve d'une certaine solidarité avec la rousse.
En temps normal, Sunshine avait répondu à la question de Lux par un « non, je me suis dis que ça t'emmerderait donc j'ai accouru en vitesse » ou n'aurait tout simplement par répondu et serait aller s'écraser sur leur matelas commun avec toute la mollesse dont elle était capable. Néanmoins, un détail frappa la brune : Lux se trouvait près de la fenêtre. Voire sur le rebord de la fenêtre, ce qui la rendit encore plus sceptique. En effet Lisa avait une nouvelle lubie depuis peu : se suicider. Et cet acte d'auto-destruction horripilait l'autre, qui ne comprenait pas comment on pouvait penser à une telle chose, même si elle faisait semblant de ne pas s'en soucier. Apparemment Lux avait eu cette sombre idée après un rêve où elle se jetait pas la fenêtre, mais Sunny n'avait pas tout bien compris. Elle se contenta alors d'inventer une excuse à sa venue prématurée tout en regardant sa piqûre d'aiguille.
- Non j'ai essayé de me faire des amis mais ça a encore foiré. Et j'ai attrapé une gangrène à la cuisse en faisant de la couture.
Sunny prit alors peur en disant cela que Lux se jette définitivement par dessus bord, et décida de s'approcher afin de mieux voir ce qu'elle fabriquait. La rousse avait l'air d'être en train de se vernir les ongles, ce qui était plutôt troublant. Sunshine essaya de noter ce fait quelque part dans sa tête pour que la prochaine fois qu'elle voudrait se mettre du turquoise sur les ongles elle puisse forcer sa colocataire à l'aider. Elle entendit le bruit de la pluie qui coulait dehors et sentit le froid pénétrer le pièce, ce qui fit que paradoxalement et laissa tomber son sweat par terre pour se retrouver en chemise seulement. Elle s'appuya contre le mur à côté de la fenêtre et demanda d'un air moqueur :
- Toi tu fais une drôle de gueule. Besoin d'aide ?
Pourquoi demander alors qu'elle savait que la rousse répondrait non ?
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