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 Children breathe — Color.

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Invité
Sujet: Children breathe — Color. Children breathe — Color. EmptyJeu 27 Oct - 8:45

— Cette journée sera parfaite.

Et, les yeux bouffis, rougis, la bouche pâteuse, les lèvres collantes et le visage décomposé, toute la conviction qu'il pouvait mettre dans une simple phrase, au saut du lit. Machinalement, il passa une main dans ses cheveux déjà ébouriffés, balayant la pièce du regard.
Ainsi monsieur commençait-il ses journées. Première pensée les yeux ouverts : que vais-je faire aujourd'hui ? La plupart du temps, indéniablement, ça marchait. Suffisait qu'il se dise, aujourd'hui je dois repeindre ma voiture en vert pomme, ou encore tiens j'ai un match de hand et je vais tous les défoncer, ou peut-être encore oh, aujourd'hui c'est le jour de rendre le devoir de litté - en admettant que leur cher professeur de littérature leur donne un devoir. Comme cela lui venaient en vrac sourire apaisé, éclat pétillant dans les yeux, idées d'éventuelles âneries et farandole de pensées écologistes.
Heureusement, le rituel était admirablement bien rôdé.

Quel abruti.
Il se mordit une lèvre, sourcils froncés. Avec un peu trop de conviction ? Vite fait, il eut mal ; cette moue s'arrêta donc là. N'empêche qu'il restait un abruti. Son pull. Son pull, putain. Luke, sérieusement, tu déconnes ! - Il haussa les épaules à cette reproche de sa conscience. Il ne déconnait pas, mais, ok, il lui donnait le droit de lui en vouloir. Ce fameux pull était un neuf, un des deux seuls qui ne portaient pas de tâche d'huile de moteur. ... Fait à bien mettre au passé. Désormais, il en portait, lui aussi.
Et une belle.
Noire verdâtre sur l'élastique du sweat blanc. Heureusement, elle allait admirablement bien avec les quelques points d'orange aux chevilles de son jeans.
Il garderait la dernière tenue réchappée de ce massacre pour le cas où il aurait besoin de s'habiller parfaitement proprement.
Quel abruti.

Pour se réconforter des insultes de sa conscience, le pauvre enfant contourna la voiture jaune, ouvrit la porte passager avant. Dans l'habitacle, ses mains trouvèrent le dernier sachet de ces sucreries dont il était si friand.
Des chips de banane.
Il en engloutit une, ou deux, ou dix.

— Miam.

Tout sourire, il aurait pu décider que la meilleure chose à faire était d'ôter son sweat - heureusement, il avait un t-shirt en dessous - et de l'emmener à l'infirmerie du linge, la buanderie.
Chose qu'en parfait lui-même, il ne fit pas.

L'évènement avait réveillé le manifestant passionné en lui. C'était comme rompre les barrières de quelque chose, au risque que ce quelque chose lui rompe une ou deux veines et lui grille une bonne partie des neurones, une fois libre. Hors son anatomie, voilà ce qu'il se passa : il décida d'aller faire un tour dans le parc. Ainsi il pourrait vérifier que personne ne piétine les fleurs, et que le jardinier n'utilise pas de pesticide.
Profiter tout simplement de ce coin de verdure ? Peut-être.

Ses pas, claquant sur le sol, l'y menèrent bien vite.
Depuis des temps immémoriaux - ou depuis son arrivée à l'orphelinat ? - il admirait avec passion et ferveur ses arbres majestueux et centenaires. Cependant, dans sa tête, cela se manifestait plutôt par — Oh, des arbres ! ; ce qui amenait évidemment un — Sauvons-les, ils sont le coeur de la planète ! remarque tellement habituelle que lui-même en venait à la penser universelle.

Sur son visage, en vrac, son sourire imbécile, ses sourcils froncés sur des yeux écarquillés, et la rougeur concentrée de ses joues ; il se traîna de ci de là dans le parc.
Une fois ou deux, il se marra en avisant l'un ou l'autre couple se bécotant plus ou moins sagement. Ce fut pourtant quand il arriva devant le bac à sable, se planta là, enviant les enfants à qui il était normalement dédié, qu'il remarqua une personne à qui il eut par automatisme, très envie de parler. (il est évidemment inutile de dire que c'est ce qu'il fit.)

— Color !

Dis voir, petite, comment fais-tu pour être si blanche, si propre, si parfaite dans tes jolies robes ? Dis voir, petite, qu'est-ce que tu lui trouves, à Luke, à ce grand dadais échevelé ? Dis voir, comment fais-tu pour être si adorable et pourtant si effrayante de rigueur ? Dis, Color, comment fais-tu pour être tellement toi ?
Et Luke, s'en rend-il seulement compte ? Oh, peut-être.

Luke l'aimait bien, elle avait ce sourire, elle avait ces yeux bleus d'enfant, elle avait cette gentillesse bien à elle. Alors qui dit bien aimer dit grand, immense sourire et quête de blasphème contre la nature qui s'envole.

— Tout va bien ?

Color, raconte-lui plein de trucs.
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Color Color
Children breathe — Color. 432116Expert2
Sujet: Re: Children breathe — Color. Children breathe — Color. EmptyLun 31 Oct - 22:18

    Qu'est-ce qu'une journée idéale ? Selon les personnes, on peut avoir mille réponses différentes. Par exemple, certains vous diront : « C'est quand il y a un grand soleil au dehors, et qu'il ne fait ni trop froid, ni trop chaud ! ». D'autres expliqueront que c'est quand ils rencontrent quelqu'un qu'ils apprécient beaucoup. Pour Color, une journée parfaite, c'était tout simplement les deux à la fois. Avec, en plus, le fait d'être elle-même parfaite. C'est pourquoi, en voyant le ciel bleu et le soleil briller par sa fenêtre en se réveillant, elle décida que ce jour serait merveilleux. Sans vague. Idéal en somme.

    Le regard encore empli de sommeil, elle se leva, posant un pied sur le sol tiède de la chambre. Vaguement, elle observa la pièce. Vide. Les lits étaient déserts. Soit, elle était la dernière à sortir du sommeil, comme d'habitude. Elle avait vraiment du mal avec le réveil... En baillant un peu elle alla jusqu'à son armoire à pas lents, puis l'ouvrit et commença à passer en revue toutes ses robes. Des bleues, des vertes, des roses, des rouges, avec des nœuds, de la dentelle, des cols blancs, des chemises... Tout en tas de vêtements formant un ensemble de froufrous impressionnant. Color devait être la seule à pouvoir s'y retrouver dans ce « capharnaüm rangé », comme elle aimait l'appeler. (Vous comprenez, rien, absolument rien chez la demoiselle ne pouvait être en désordre.) Bref. Une paire de chaussures vernies, une jolie robe et quelques coups de brosse à cheveux plus tard, elle pouvait se regarder décemment dans un miroir. Ses yeux critiques inspectèrent sa peau blanche (trop peut-être ?), ses petites mains lissèrent chaque mauvais plis, puis vinrent placer son chapeau sur sa tête. Là. Elle était... Parfaite. Ou tout du moins, elle s'approchait de très près de la perfection (selon ses critères bien sûr).

    Alors voilà, il ne lui restait plus qu'une question existentielle à résoudre pour pouvoir partir. Où aller ? Pendant un bon quart d'heure, elle resta plantée devant son armoire, incapable de définir où elle souhaitait se rendre. Jusqu'à ce qu'elle se rende compte que son esprit était totalement vide. Mais, c'était impossible ! Elle n'allait jamais « nulle part » ! Elle était Color, elle se devait d'incarner la perfection, et la perfection n'errait pas dans un lieu sans avoir de but comme une âme en peine ! Pourtant, là, son esprit était vraiment un vide intergalactique. Alors... Elle pouvait bien faire une exception. Non ? Olala. Timidement, elle enclencha la poignée de la porte, et pointa le bout de son nez dans le couloir vide. Sa chaussure vernie fit un pas un avant. Puis l'autre la suivit. Le battant de la porte claqua dans son dos, tandis qu'elle commençait à marcher, doucement mais sûrement.

    Quelle impression étrange ! Cette sensation d'être capable de tout. Elle pouvait parfaitement tourner dans ce couloir, à sa droite, là maintenant si elle le désirait ! Puis elle pouvait descendre l'escalier, marche par marche, et aller dehors. Il faisait beau, après tout. Hm, oui, c'était une excellente idée, elle allait faire ça. De sa marche pas très assurée, elle fila donc, se demandant bien ce qu'elle ferait, une fois dans le parc. Il ne faut pas lui en vouloir, elle est relativement stressée de la vie, en fait, la petite.

    Doucement, elle se laissa donc aller jusqu'au dehors. Un moment, elle se sentit bien, le soleil lui réchauffait le dos, la vie était belle, les oiseaux chantaient, c'était donc la Petite Maison dans la Prairie version Color, jusqu'à la huitième minute et treizième seconde. Là, le vent lui ébouriffa les cheveux. Instant d’incompréhension. Puis elle s'empressa de plaquer ceux-ci sur son crâne, horrifiée. Ses yeux s'agrandirent comme des soucoupes, et elle se retint de pleurer. Imaginez ! Elle... Elle n'était plus parfaite ! Une mèche de cheveux dépassait de sa tignasse bien rangée ! Enfer et damnation ! En plus, il y avait tous ces enfants autour d'elle, pouvant la critiquer sur sa tenue imparfaite ! Avec un soupir angoissé, l'enfant se laissa tomber net à l'endroit où la bourrasque l'avait effleurée. Endroit qui s'avérait être le bord du bac à sable. Sable qui tâcha légèrement sa robe, sur un millimètre de dentelle, finissant d'achever la petite demoiselle. C'était... Un cauchemar. Alors qu'elle avait osé rêver d'une belle journée quelques minutes plus tôt. Ses yeux se perdirent dans le vague. Les secondes passèrent, infinies. Son âme, en fait, commençait lentement à se détacher de sa personne, lorsqu'une voix retentit.

    — Color !

    Cette voix... Cette voix lui disait quelque chose. En temps normal, la fillette aurait pu aisément dire « je la reconnaîtrais entre mille ! ». Sauf que là, Color n'était pas dans son état habituel. Là, Color était décoiffée. La Terre aurait pu arrêter de tourner. Néanmoins, le ton quelque peu familier lui arracha un frisson, et elle sentit sa tête se tourner d'elle même vers l'origine du son. Ainsi, ses yeux se posèrent d'eux-même sur ce jeune garçon avançant vers elle. Des cheveux bruns tout en bataille, comme s'il y avait eu une explosion pas bien loin d'eux récemment. Uns sweat blanc et un jean, tâchés. Si pâle, si grand. Et surtout, un immense sourire aux lèvres. Luke.

    L'enfant sentit son petit cœur battre plus fort dans sa poitrine, résonnant jusque dans ses oreilles. Ouch. Il fallait qu'elle arrête de le regarder comme ça, ou qu'elle fasse quelque chose n'importe quoi, sinon elle allait se mettre à rougir. Ce qui n'était, à proprement parler, pas vraiment digne d'une lady. Du coup, elle lui rendit son sourire, un bêtement selon elle, parfaitement normalement pour les autres. Et elle secoua doucement sa tête dans un bonjour, avec une seule envie : se cacher. Au risque de me répéter, elle était décoiffée.

    — Tout va bien ?

    Encore une fois ce ton chaleureux, qui la rendait toute chose. Un instant, l'enfant se prit à penser avec des « si ». Si elle avait été plus grande. Ou si Luke avait été plus jeune. Si elle avait été plus jolie. Si elle avait été plus parfaite. Avec ces conditions, peut-être qu'elle aurait pu lui dire. Peut-être qu'elle aurait pu lui dire, qu'elle l'aimait. Beaucoup. Trop probablement. D'ailleurs, à y regarder de plus près, le garçon n'était théoriquement pas le genre à être classé dans la catégorie « amoureux de Color ». Déjà parce que son sweat et son jean étaient tâchés, comme dit précédemment. Ensuite parce qu'il était beaucoup plus âgé. Et pourtant, elle n'arrivait pas à s'en empêcher. Quand elle le voyait arriver, elle paniquait, se mettait à se poser toutes sortes de questions sur sa tenue, se rassurait sur le fait qu'elle était impeccable. Sauf que là, elle n'était pas impeccable. ELLE ÉTAIT DÉCOIFFÉE. Oui, on va finir par le savoir. Mais c'était vraiment un de ses plus gros problèmes existentielles du moment. Sans déc'. C'est pourquoi, quand elle prit la parole de sa voix de petite fille, elle annonça sans réfléchir ce qui lui trottait dans la tête.

    — Bof, moyen. Ma coiffure est catastrophique. Et puis je voulais que ce soit une belle journée, mais en fait c'est pas terrible terrible, à cause de... De la porte. Elle a claqué quand je suis sortie. Et puis tu as vu, il fait beau, mais moi il pleut dans ma tête. C'est un gros gros nuage avec plein de gouttes d'eau sombres qui s'écoulent sur mes pensées, et ça me rend toute... Toute... Mélancolique ? Je sais pas si je peux utiliser ce mot. Oh ! Et en plus je me plains. Maman disait qu'il ne fallait pas se plaindre, pour être parfaite. Flûte. 

    Tout plein de mots. Bien trop pour elle en fait. Elle se mélangeait les pinceaux, ne savait plus où elle en était. Mais au moins, elle se sentait moins lourde. Le soleil brillait un peu plus, même si elle s'en voulait un peu. Les filles parfaites ne devaient jamais se plaindre. Comment avait-elle pu oublier une règle aussi élémentaire ? Pas forcément son jour, finalement. Décontenancée, le cœur en vrac, son regard bleuté alla croiser celui de Luke, avant qu'elle reprenne la parole, dans un faible murmure.

    — Dis Luke, tu crois que je suis bizarre ?

    Les petits criaient derrière eux, en jouant dans le bac à sable, s'inventant des jeux n'appartenant qu'à eux. « Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne ». Mais les enfants qui aiment, tous seuls, perdus... Comment font-ils ? Pour qui existent-ils ?
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