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 le monstre que l'on croit l'exception est la regle — Neron.

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Invité
Sujet: le monstre que l'on croit l'exception est la regle — Neron. le monstre que l'on croit l'exception est la regle — Neron. EmptyMer 15 Juin - 15:56

Il faut suivre exactement six mouvements pour correctement se laver les mains. Il y a les paumes l'une contre l'autre, puis le dos de la main. Viennent les doigts et les pouces. Mais. Il a oublié les deux autres phases. Les mains blanches de savon, il interroge son propre reflet. Nul ne fait doute qu'il a largement dépassé les trente secondes du protocole anti-grippal que seuls les retraités respectent. Et pourtant il les sent encore toutes sales. C'est une sensation terrible lorsqu'on a passé deux minutes à se frotter l'epiderme, traquant ainsi la moindre bactérie. Et dieu sait que ses mains jusqu'au poignet etaient complètement desinfectées. Il les sent encore sales, il peut entendre les microbes grouiller sur ses ongles encore. Elles sont sales.

Une de ses obsessions quotidiennes habituelles, il n'y avait pas à s'en faire. Yves devait passer une heure chaque jour à se desinfecter de partout, tout en etant à chaque fois serieux, soigné, appliqué jusqu'au bout. Et chaque jour c'etait la meme chose.
Il avait l'air tranquille avec ses journaux sous le bras et ses yeux baissés, mi-clos pour exprimer une somnolence permanente. Nous n'allons pas dire qu'en réalité il etait névrosé et paranoïaque, non.
Non, mais il faut savoir à quel point lire des journaux sans cesse devait rendre anxieux.

Il y avait l'enfer du Japon, le portrait du sulfureux Kadhafi, le suspense insoutable pour le FMI, tous les scandales successifs du gouvernement français, les guerres ici et là, la montée en puissance de psychopathes, des attentats, des meurtres, des viols, des kidnappings, la destruction progressive de la Terre, tout ce que vingt-quatre heures peuvent offrir de pire.
Et chaque jour c'etait la même chose, il recevait ses journaux, il montait à l'observatoire, il se mettait sur la table sud pour une lumiere irradiante, il lisait le tout d'une traite comme un enfant avale ses escargots en vitesse de peur de vomir entretemps. Tout, il commence par Le Monde, Le Figaro, le Libé, les DNA parfois, quelques autres qui venaient completer le reste.
C'etait un tel concentré d'horreur et de sang digne de Cyanide que les redacteurs avaient dû y penser et se dire qu'il fallait finie sur de bonnes notes. Après le rapport apocalyptique de la crise, on tombait sur le foot, le programme télé, l'horoscope, le sudoku, les mots croisés.
Et chaque jour apres s'être empiffré de mauvaises nouvelles, il prenait son stylo et faisait ces derniers, petit remontant ridicule. Mais c'etait toujours mieux que de se bourrer de sucre ou quoi pour se replomber le moral.

Les toilettes sentaient encore le propre. Ce qui était un bonheur, parce que les sanitaires dans des lieux comme des etablissements scolaires ne font pas long feu dans la propreté. Celles de l'observatoire devaient de plus subir un meilleur traitement que celles du hall au rez-de-chaussée.
A défaut de se rappeler de la suite de la ceremonie du lavage de mains, il refait les mêmes quatre mouvements qu'il connaissait. On ne sait jamais.

Apres des siecles passées sur le lavabo, une longue inspection de la peau, une verification complète de la tenue - pendant laquelle il avait décelé quelques plis et quelques cheveux, quelle horreur - il consentait enfin à sortir du sanctuaire. Il fallait là tenir la poignée avec une serviette jetable, la jeter en gardant la porte ouverte avec le pied, toute une gymnastique pour eviter de se resalir les mains.
Et on se retrouvait de nouveau dehors, sous l'exposition de mille germes qui flottent et attaquent. Il met ses mains dans ses poches. Oh, il a oublié de prendre ses stylos pour les desinfecter, eux aussi. Il le fera avec son gel hydroalcoolique.

En plus des microbes et des virus, une autre plaie s'est installée à SA place. Pire que la concombre tueuse, que la vache folle, que la grippe aviaire, que la rougeole, que la gastro-enterite, Neron.

Ça m'etonnerait que tu comprennes quelque chose à tout ça.

Et gardons les mains dans les poches au cas où.
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le monstre que l'on croit l'exception est la regle — Neron.

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