L'argent. Voilà ce qui avait poussé Malcolm à promener des chiens un dimanche matin. Un dimanche matin ! Ca ne lui ressemble pas. Normalement il devrait être encore dans son lit dans une position aussi classe qu'improbable. C'est étonant. Epatant. Effayant.

Aujourd'hui il doit promener simultanément 3 chiens ; Brownie, un teckel nain couleur caramel, Mountain, un shih tzu aussi poilant que poilu et...

« Rufus ! Putain tu peux pas faire ça dans l'herbe ?! »

...Rufus, un doberman feu, qui commence à taper grave sur le système de Milk à force de faire m'importe quoi, n'importe quand, n'importe où et n'importe comment. C'est déjà assez galère comme ça de promener seul 3 chiens en même temps mais alors si il y en a un qui fait nawak dans les trois c'est l'a-po-ca-lyp-se ! Mais Milk tient le coup pour l'instant
Soudain son téléphone sonne. Il le sort de sa poche de jean à une vitesse lumière et regarde brièvement le nom qui s'affiche. Un léger sourire apparaît sur son visage lorsqu'il décroche. Les chiens commencent alors tous à tourner en rond. Tous sauf bien évidemment Rufus qui lui est en train de sentir une odeur qui lui plaît bien. Il la suit, truffe colée au sol tout en entraînant avec lui les autres chiens et Milk qui est d'ailleurs toujours au téléphone,
Il commence doucement, slalomant entre les arbres et les passants. Puis il accélère et commence à aller n'importe où, même Milk n'arrive plus à le suivre. A gauche, à droite, derière un buisson, un arbre, et là, dans un fossé, catastrophe.

Notre roux international vient de se gaméler en beauté et se retrouve surement avec quelques chose de fouler voir casser, de plus monsieur pisse le sang. Son nouveau pantalon est passé d'un bleu ciel à une sorte de bordeau. Bravo. Jackpot. Bingo. La total quoi.

Il le souffre le martyre et essai de se faire entendre en poussant divers gémissement et en secouant les branchages justes à côté de lui.

Pouvu que quelqun le trouve, et vite.

Milk baisse les bras en soupirant et arrête de gémir, continuer serait du gaspillage de salive à son gout. Car après tout, qui serait assez fou pour se lever à cette heure-ci un dimanche à part lui ? Surement pas grand monde.

Il repense à la manière dont il est tombé et en rigole. Vache, si ça avait été filmé, sur qu’il aurait pu passer dans un vidéo gag. Hm... on va dire que sa cascade ressemblait au… premier vol d’un oiseau : Il s’est lancé dans le vide, se disant que tout allait bien se passer, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il va bien falloir qu’il retombe. A partir de là il commence à bouger nerveusement ses bras, mais au final il se ramasse en beauté.

Puis il cherche un moyen de se relever, en vain. Rien ne pourrait l’aider à se sortir de là ou à se relever. Il soupire de nouveau. Etant allongé sur le dos et ne pouvant apparemment pas bouger il finit par regarder le ciel. Le soleil se lève paresseusement. Pour Milk, le lever du soleil est une très belle chose même s’il n’a que très rarement l’occasion de l’admirer. Du rouge, de l’orange, du rose… le lever du soleil ressemble à une vraie palette de couleur ! Ce dernier le laissant rêveur, le roux ferme les yeux paisiblement, espérant que ce qu’il lui arrive n’est qu’un mauvais rêve qui s’arrêtera lorsqu’il les rouvrira.

« Bouge pas le branquignole. Je descends. »

Mm ? Les yeux mi-clos, il analyse ce qui l’entoure pour trouver la personne qui vient de prononcer ces mots. Son regard s’arrête sur Savage qui est en train de descendre doucement dans le fossé, s’agrippant à chaque branche qui se trouve à portée de main pour ne pas finir comme… bah euh… Milk ? Le jeune roux ne sait pas comment prendre la réaction de la jeune brune : est-ce qu’elle vient l’embêter ? Se foutre de lui ? Ou alors pour l’aider ?

« Ah euh Savage si c’est pour te lancer dans un quelconque duel contre moi c’est pas trop le moment. »

La jeune fille continua quand même sa descente puis elle s’agenouilla devant Malcolm, calmement.

« Dis-moi où t’as mal ? »

Le jeune roux écarquilla les yeux. Alors là c’est pas commun. A-t-elle eu pitié de l’anglais ou alors se serait-elle aujourd’hui d’une incroyable générosité ? Ses mots dit un peu sèchement sont accompagnés du regard de tueur de la jeune fille. Milk est en train de découvrir une nouvelle facette de la canadienne. Il met un temps avant de reprendre ses esprits et de lui répondre.

« Je… Je sens plus ma jambe gauche mais sinon… on va dire que ça peut aller. »

Il fut juste après pris d’une douleur à la tête qui lui fit froncer les sourcils et pousser un petit cri. C’est surement sur cette dernière qu’il a dût tomber en premier. Il rouvrit les yeux avant de reprendre la parole sur un ton ironique.

« Doc’, quel est votre diagnostique ? Est-ce grave ? »

Pour finir il lui fit l’un de ses plus beaux sourires.

« T’as peut-être la jambe cassée. »

Milk hausse les sourcils, cette phrase est dite tellement sèchement et simplement qu’il doute dans un premier temps de son fondement. Puis il réalise qu’il a peut-être réellement la jambe cassée en sentant la douleur s’accentuer. La brune se lève, laissant le jeune roux à terre. Elle ramasse quelque chose à terre un peu plus loin et revient par la suite vers l’adolescent, un air interrogateur s’inscrit soudainement sur le visage de Milk.

« Tu comptes faire quoi avec tes deux bouts de bois ? »
« File-moi la ceinture de ton pantalon. »

Il la regarde de haut en bas et sourit. Il s’imagine des choses, n’ayant pas bien compris les intentions de la canadienne. Savage n’est pas une vilaine fille, elle a un joli visage et des yeux d’un bleu qui vous transpercent à chaque regard, dommage qu’elle ne les mette pas plus en valeur, Milk la zieute avec insistance. L'ado comprend et soupire, rétorquant de suite quelque chose pour le calmer.

« Je vais te faire un semblant d’atèle. J'ai besoin d'un truc pour tenir les deux bouts de bois. »

Ah. Le roux secoue la tête comme pour chasser les pensées malsaines qui lui venaient à l’esprit. La brune avait eu une bonne idée avec l’atèle improvisée. Milk est rassuré, une solution s’offre enfin à lui. Il se met à réfléchir à ce qu’il ferait en rentrant dans les bâtiments, manger, s’étaler sur son lit… Il a hâte.

« Par contre, ça risque de faire un peu mal quand je vais te l'attacher. Tu veux un truc pour mordre et éviter de gueuler ? »

Le peureux déglutis. « Suuuuuuuper.. » pensa-t-il à ce moment. Il passe la main sur son front, se recoiffe au passage, et s’exécute, cherchant quelque chose à se fourrer dans la bouche. Il fini par opter pour son portefeuille en tissu, n’ayant rien d’autre sous la main. L’adolescente commence sa manœuvre, Milk, quand à lui, inspire profondément et tente de se vider la tête pour ne pas penser au tiraillement qu’il allait ressentir d’ici peu. Puis la brune scella l’atèle.

Milk serra les dents, grimaçant tellement qu’on aurait pas pu le reconnaître sur le coup. Il ferme les yeux, souffle, bouge dans tous les sens pour faire disparaître la douleur. Puis rouvre doucement ses mirettes, voyant de nouveau Savage dressée devant lui, toujours avec cet air impassible qui semble gravé sur son visage. Le garçon chercha à comprendre comment elle faisait, comment elle arrivait à ne montrer aucune émotion comme elle a l’habitude de faire, comment elle arrivait à garder le sang-froid dans n’importe quel situation et surtout, pourquoi était-elle venu l’aider ? Peut-être parce qu’elle aurait eu des regrets, ou alors parce qu’elle a eu pitié du jeune homme. Bizarre. Malcolm chercha à se mettre debout par ses propres moyens, en vain, il avait l’impression d’être mou et s’est muscles s’étaient engourdis, alors il demanda de l’aide à l’orpheline.

« Tu peux m’aider à me relever ? »

Il tendit alors sa main vers elle.