Sujet: In your head, zombie (Take) Lun 19 Sep - 21:42
Il y avait de ces jours, où on se haïssait. Où on évitait les miroirs, par peur de décevoir. On se détournait des vitres, des parois trop lisses, de l'intérieur des huîtres. Les surface liquides, les petites cuillères, les objets en verres. Mais on ne pouvait échapper à soi-même, parce qu'on se sentait, on se sentait vivre. Et bouger. Et respirer. Il suffisait d'un rien, pour ressentir ce mal-être. Ce petit quelque chose. Cette petite poussière dans l'engrenage. Il suffisait d'avoir cassé une tasse, ce matin. Il suffisait d'un rien. Et on voulait être quelqu'un d'autre. Ou plus radicalement, n'avoir jamais existé. Pas mourir, non, pas mourir. Juste n'être jamais né. Ne jamais avoir eu la conscience d'exister et ne jamais avoir eu, indéniablement, la conscience de devoir perdre cette existence, un jour. Tears buvait une tasse de thé. Dans une tasse de rechange. Il avait cassé sa tasse préférée ce matin. Il regardait sa main, sa main qui se ressemblait pas à sa main. Comme l'impression d'être dans le corps d'un étranger. Un soupire. L'impression de lourdeur l'oppressait tout autour. Il avait envie de changer, il avait envie de voir sa peau muer, de la voir durcir, de la voir se décoller doucement. Il avait envie de sentir une fine couche d'air, un flottement, entre sa nouvelle peau et l'ancienne. Et il la décollerait comme une peau morte, et il forcerait les endroits plus résistants, comme on découpe la peau d'une ampoule. Et il frotterait son corps, de toute part.
Il y avait toujours, autour de vous, dans votre entourage, quelqu'un que vous ne pouviez pas supporter. Qui vous agaçait, que vous trouviez pathétique, que vous trouviez stupide. Une personne que vous n'aviez, avant tout, aucune envie de voir. Tout ce que vous désiriez, c'était juste ne pas avoir à la croiser, à sentir sa présence près de vous... Rien que sa présence vous exaspérait. Et il y avait des jours, cette personne, c'était vous-même. Sauf que crier « Hors de ma vue », n'aidait en rien. Ca n'aidait en rien, alors même qu'on se regardait dans le miroir, et on se disait qu'il fallait faire quelque chose. Que ce n'étais plus possible comme ça, qu'il fallait faire quelque chose. Parce qu'on détestait l'image qu'on se voyait renvoyer. A un point qu'on ne pouvait plus la supporter une seconde de plus. Et il se grattait lentement les doigts, pour voir si de la peau allait partir, Tears. Si elle allait s'effriter. Mais rien. Elle restait toujours coller contre sa chair, contre ses os. Et il avait envie d'y planter ses doigts, et de l'arracher, d'un geste nerveux. Il était nerveux, pas calme, pas posé. Il s'agitait pour rien. Il n'en était plus au stade de se morfondre sur les faits, mais à celui de chercher une solution. N'importe laquelle. Y en a qui prenait une lame de rasoir. Mais Tears était lâche. Poltron. Jamais il ne pourrait, de lui-même, se faire souffrir. Mentalement, il le faisait sans cesse. Mais physiquement, c'est toute autre chose. Pourtant il fallait bien qu'il entame quelque chose de son être aujourd'hui, qu'il découpe quelques petites parties de lui. Qu'il rétrécisse l'envergure de son être. Son ampleur bien trop énorme, bien trop laide. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Qu'il arrache de la matière organique. Il se coupa les ongles. Avec le coupe-ongles. Il se coupa minutieusement les ongles pendant un long moment. Il aimait bien se couper les ongles, ça le calmait. Mais ce n'était pas assez. Il prit une douche. Vida une bonne partie de son gel douche. Il se nettoya les oreilles avec des cotons tiges, se brossa les dents, se moucha. Mais ce n'était pas assez. Alors, agacé, frustré, il saisit une paire de ciseaux, de petits ciseaux. D'une main intuitive, il prit tous les cheveux qui lui traînaient dans le cou, et les coupa. Il aurait voulu le faire en une fois, mais ça lui prit trois coups de ciseaux. Encore un peu énervé, il donna un coup sur sa mèche, la raccourcissant soudainement. Et dans le miroir, il ne se reconnaissait plus. Il était effrayé. Il aurait du être satisfait, mais le seul sentiment qui l'habita à la vue de son reflet était une profonde terreur. Nerveusement, il s'ébouriffa les cheveux, sentant soudain le vide que cela faisait. Il avait froid à la nuque, Tears. Et toutes les circonstances de ses actes lui apparurent que trop soudainement. La réaction des enfants, les moqueries, la réaction de Take, et ce qu'il pouvait bien faire si ça ne lui plaisait pas. La réaction des autres adultes. Et paniqué, il alla dans son lit pour faire taire les rires qui résonnaient dans sa tête. Il se réveilla une heure après. Passa sa main dans ses cheveux. Et la réalité le claqua de plein fouet. Il se sentait comme un gamin qui venait de faire une grosse bêtise. Avec cette puissante envie de pouvoir remonter le temps. Un coup d’œil dans le miroir. C'était pire qu'il n'avait d'abords pensé. Dans la panique, il enfila un bonnet et sortit rapidement de l'orphelinat, à l'heure où tous les enfants sortaient des cours. Une fois dehors, il prit un taxi pour le centre de Winchester. De là, il repéra rapidement un coiffeur, dans lequel il s'engouffra et demanda de réparer le massacre. Sans couper trop courts. Juste, égaliser, faire quelque chose pour que ça soit un peu potable. Au moment du shampoing, il commença à se calmer un peu. Et il se laissa penser de façon plus cohérente, plus posé, alors que des mains habiles faisaient circuler l'eau chaude sur son cuir chevelu. Comme un enfant ayant commis une bêtise, il se demandait comment il allait le dire à ces parents. En l’occurrence, Take. De toute façon, il ne pourrait pas camoufler ça bien longtemps. Alors le plus tôt sera le mieux, comme ça, ce sera fait. Ce sera réglé. On lui sécha les cheveux, on lui crama le cuir chevelu. La coiffeuse lui fit des compliments sur ses cheveux, comme le font toutes les coiffeuses. Il n'écoutait pas vraiment. Elle lui appliqua un peu de cire capillaire, pour structurer un peu la coupe. Un fin tapis de cheveux blonds sur le sol. Il paya et s'en alla, vagabonda rêveusement dans les rues. Il avait peur de se regarder dans les vitrines. Il avait peur de regarder les gens. Leurs réactions. Alors même que ces mêmes gens ne le remarquaient même pas, pensant à leur propre vie, leur propre personne. Du coin de l’œil il vit un taxi, et se décida à aller voir Take. Sur un coup de tête. Depuis peu, ça lui arrivait, d'avoir des coups de tête. Dans le silence maladroit de la voiture, il se demandait s'il fallait qu'il se montre à lui avec le bonnet, ou directement exposer la chose. Le bonnet lui permettrait de préparer le terrain, d'expliquer un peu avant. Mais il risquerait aussi de se dégonfler et ne jamais retirer le bonnet. Et repartir, comme si de rien n'était. Un soupire. Tears se risqua à se regarder dans le reflet de la vitre. Ca faisait toujours un choc. Mais bizarrement, ça allait. On dirait quelqu'un d'autre. Mais pas quelqu'un de pire. Il avait l'air plus sur de lui. Moins féminin. Un tantinet plus terre à terre. Plus ouvert. Moins mou. Moins dégoulinant de mièvrerie. Plus jeune. Mais plus mature. Mais tout ça, ce n'était qu'une impression. Ce n'était pas une coupe de cheveux qui allait lui offrir tout ça. Le taxi s'arrêta. Il paya. Le type lui fit un compliment sur ses cheveux, pouce en l'air. Tears le remercia timidement, et claqua la portière. Enfin il monta les escaliers de la résidence jusqu'à l'appartement de Take. Et sonna, le bonnet à la main. Maudissant cette tasse cassée, ce matin.
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Sam 24 Sep - 20:53
Une journée banale en soit. Une journée, une routine, quelque chose d'habituel quand Take ne travaille pas. Take il dort, Take il sort, Take il voit Tears. Sinon Take il cuisine quand il bosse pas. Parce qu'il aime ça, cuisiner. Et surtout faire des pâtisseries. C'était un homme gourmand, un homme qui aime manger mais qui ne mange pas tellement pour garder son ventre plat, sa taille de guêpe. Térence n'accepte pas qu'il prenne un kilo ou deux. Ce serait, pour lui, la catastrophe. Encore, perdre des kilos, ça lui plait. Même s'il ne veut pas devenir spécialement anorexique ou avoir la peau sur les os. Mais son poids lui plait, il l'aime et il le lui rend bien. Le brun est en bonne santé, il est beau et il est fin. C'est un peu l'essentiel et c'est surtout ce qu'il recherche. Inutile de dire qu'il se sent encore plus beau depuis qu'il a Tears je suppose. Parce que le blond flatte son égo. Le fait de l'avoir avec lui flatte son égo. Genre, « vous avez vu, j'suis avec un canon alors c'est que j'suis canon aussi ». Même si ces derniers temps il s'était remis à draguer les hommes. Pas qu'il se lassait de Tears. Jamais de la vie ça n'arriverait. Mais il avait un manque et il voulait le combler. Alors il avait dragué. Furtivement. Discrètement. Mais il n'allait jamais plus loin. Par contre, si Tears avait remarqué, il ne le savait pas et préférait ne pas savoir. Normal. Parce que les reproches, ça part vite. Les disputes, aussi. Et se disputer avec le blond, ce n'était pas envisageable. Il ne le voulait pas. C'était à bannir, a exclure. Même si les couples se disputent toujours un jour. Mais repousser le moment n'était que naturel pour lui. Il n'aimait pas les disputes. Il n'avait pas besoin de ça dans sa vie. Ça n'allait rien lui apporter. Sauf celles avec des gens qu'il n'aimait pas. S'il se disputait avec Die, par exemple, il allait lâcher tout ce qu'il pensait sur lui et ça allait le soulager. Après, restait à voir le dénouement. Take s'était levé tard ce matin là. En fait, il ne voulait pas se lever, au début. Donc il était resté un sacré bout de temps dans son lit, regardant le temps passer car il fixait son réveil matin qui ne sonnait pas quand il ne bossait pas. Quand il ne bossait pas Take avait une vie d'adolescent. De jeune adulte. Il était tout le temps fatigué, restait dans son lit et se forçait à se lever de son lit pour voir Tears. Parce que Tears passe bien avant le repos. Il passait même avant la bouffe, avant la flemme, avant les autres amis qu'il avait, avant tout. Réellement tout. De toutes façons il y avait si peu de choses dans sa vie que c'était facile qu'il passe avant tout. La cuisine, le peu d'amis qu'il a, la flemme, le boulot... ce n'était pas grand chose mais beaucoup quand même pour Take. Bref, il était resté plusieurs heures dans son lit a rêvasser. Mais il avait bien fini par se lever vers onze heures. Il avait bu son café, préparé le repas de midi, mangé puis rangé la maison. Plus pour lui que pour une quelconque visite. Il n'aimait pas le désordre. C'était a exclure de la maison, le désordre. La saleté aussi. Mais un peu de bordel genre sur son bureau ne le dérangeait pas. Il s'habillait. Il s'habillait puis quelqu'un frappait à sa porte. Il faut bien s'habiller au lieu de rester comme ça, en pyjama, à la maison. C'est justement pour des visites imprévues qu'il s'habillait. Quoiqu'il comptait renouveler son stock de médicaments en allant à la pharmacie d'en face. Soupirant, il criait (pas réellement fort) qu'il arrivait. Parce qu'il cherchait un beau t-shirt pour aller avec son jean gris. Et ça tombait sur un t-shirt bleu avec des écritures blanches dessus. Pas de chaussures, on s'en fout, il allait ouvrir. Il ne reconnaissait pas ce qu'il avait devant les yeux. Alors il fixait longuement, Take. S'approchait puis reculait de quelques pas. Qui était-ce ? Ça avait la tête de Tears mais... mais les cheveux... le bloquait. Comment dire... ahah... ils étaient courts. Aux dernières nouvelles, Tears avait les cheveux longs. Donc, normal qu'il ait un bug mental. S'il comptait se couper les cheveux, il aurait pu le prévenir, pas arriver comme ça mode surprise. Parce que ça l'angoissait plus qu'autre chose. Il allait devoir s'habituer aux cheveux courts de son compagnon. Mais avant, pour plus de sureté, il murmurait :
« Tears ? C'est toi ? »
On est jamais trop prudent après tout. Quoiqu'il voyait bien que c'était lui. Le visage n'avait pas changé. On ne pouvais pas changer un visage en un coup de ciseau. Néanmoins, il fallait avouer que la coupe était belle. Mais dans la tête de Take, elle ne l'était pas parce que ce n'était pas le Tears habituel avec ses cheveux longs et son visage littéralement caché par sa mèche. Il n'avait plus vraiment de mèche. Il avait une coupe de mec. Certes, Tears était déjà un mec a la base mais le choc y était, pour le brun. Mais bref, il se poussait pour le laisser entrer tout en continuant de le fixer. Bon, examinons tout. De haut en bas, sous tous les angles. Les fringues... ça allait... les formes... ressemblaient à celles de Tears... Oui, bon, c'était lui, pas de doutes. Refermant la porte, il raclait sa gorge, se l'éclaircissait, parlait de façon gênée.
« Tu... t'es coupé les cheveux on dirais. »
Constatation débile puisqu'il savait qu'il s'était coupé les cheveux et que ça sautait aux yeux. Mais il ne savait pas quoi dire. Ignorait la façon d'aborder le sujet. Ça ne lui était jamais arrivé ce genre de situation. Le copain qui change d'un coup. Il fermait les yeux, se pinçait l'arrête du nez et souriait en se mettant les mains sur les hanches. Il prenait une pose assez féminines avec les hanches penchées d'un coté et les jambes écartées. Mais on voyait bien que son sourire était forcé, presque faux. Même si ça lui faisait plaisir de le voir, son expression était presque fausse, oui. Il semblait content et fier de Tears mais il ne l'était pas. Il ne l'était pas pour une simple coupe de cheveux. On voit le mec chieur qui n'aime pas les changements aussi brusques.
« Ca te va bien ! »
Faux. Pour le moment, dans sa tête, ça ne lui allait pas. Dommage. Sale menteur.
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Dim 2 Oct - 13:02
Il était dans pleine crise du quart de vie, Tears. Il avait vingt-sept ans, dans trois ans il en aurait trente. Et c'était peu dire que ça l'angoissait. Quand on est petit, quand on a quinze ans, on s'imagine déjà à vingt-cinq ans. On s'imagine déjà, avec un métier de rêve, un appartement en centre-ville, marié avec son âme-sœur. On se dit, en dix ans, c'est le minimum à faire. Mais la plupart du temps, à vingt-cinq ans, on habite chez nos parents, on habite en collocation, on vit dans un petit appartement bidon. La plupart du temps, on travaille a Quick, on est encore étudiant, stagiaire, ou dans d'autres sortes de misères. La plupart du temps, on est célibataire, ou avec un partenaire depuis peu, et tout ne va pas aussi bien qu'on le veut. Il y a cette période entre vingt et trente ans, où on rêve d'en avoir dix-sept. On se sent seul, on a l'impression que tout le monde réussit dans la vie. On veut même avoir des enfants, tellement on se sent sur le point de mourir. Et encore, ce n'est rien par rapport à tous les aspects émotionnels listés par Wikipédia, sur cette jolie crise. Frustration, déception par rapport au monde du travail, stress, réévaluation de ses relations avec des proches, ennui, incertitude par rapport à ses propres accomplissements, nostalgie, questionnement sur l'avenir. C'était un passage, comme la crise de la quarantaine. Mais ça faisait depuis ses vingts ans qu'il était dedans, Tears. Il n'a jamais été très ambitieux. Mais travailler comme surveillant dans un orphelinat, ça va quand t'as vingt ans. Se disputer à propos d'une coupe de cheveux avec ton copain, ça va quand t'as vingt ans. Il en avait vingt-sept. A sept ans, Agrippa d'Aubigné connaissait le latin, le grec et l'hébreu. A quatorze ans, Laurence Fishburne a joué dans Apocalypse Now. A vingt ans Mark Zuckerberg créa Facebook. A vingt-cinq ans, Lady Gaga était une star mondiale. Et Tears avait vingt-sept ans. Il était surveillant dans un orphelinat. Il n'avait jamais été très ambitieux, mais il voulait faire quelque chose de sa vie. Il voulait qu'elle ait un minimum de sens. Mais en voyant tout ce que les autres avaient fait pendant les vingt-sept années qu'il a passé le cul collé à la salle de colle, a surveiller des enfants grattant le papier, il avait juste envie de pleurer toutes les larmes de son corps. Et d'être quelqu'un d'autre. Et de recommencer sa vie à zéro. Sur le coup, la brise d'air sur son cou lui faisait plus de bien que de mal. Il regrettait moins d'avoir coupé ses cheveux. Il se dit qu'il aurait du le faire depuis bien longtemps.
Take ouvrit la porte. Et recula de quelques pas, comme sous le choc. Ça l'étonnait. Évidemment, que ça l'étonnait. Il fit la moue, Tears. Il se serait vexé si seulement sa réaction n'avait pas été aussi prévisible. Bien sur que ça l'étonnait. Un murmure, il lui demanda s'il s'était bien lui. Petit hochement de tête, il rangea son bonnet dans sa poche. Il entra dans l'appartement, s'y sentant à présent comme étranger. Take ne l'avait pas embrassé comme il le faisait d'habitude, quand ils se voyaient. Il parlait d'une voix gênée, il lui faisait remarquer qu'il s'était coupé les cheveux. Comme s'il ne trouvait rien d'autre à dire. Ca fit sourire Tears, un peu. Il s'assit sur l'accoudoir du canapé, ne sachant pas vraiment quoi dire lui-même.
- ... Oui... je voulais juste.... te montrer... comme ça....
- Ca te va bien !
Sourire fade. Tears voyait bien que le compliment de Take était du carton pâte. Ca se voyait bien que ça le perturbait. Avant, peut-être qu'il ne l'aurait pas remarqué. Même là, ça lui sautait presque aux yeux. Son sourire fade s'évanouit, il soupira un moment, les mains de chaque côté de l'accoudoir auquel il était perpendiculaire. Il retira ses chaussures, sans l'aide de ses mains, pour être un peu plus à l'aise, et fixa le sol un moment.
- Depuis quand tu... n'as plus ressenti l'envie d'être honnête avec moi... ?
L'envie ou le besoin. Ou quoique ce soit d'autre. Il leva ses yeux vers Take, regard un peu vide, un peu endormi. Voix molle, un peu cassée.
- Depuis que tu dragues d'autres hommes ?
Ca faisait bien deux semaines qu'il l'avait découvert. Un élève de l'orphelinat qui avait traîné un peu tard en ville, dans les bars, avait vite fait d'alléger son heure de colle contre quelques vérités pas très aimables qu'il avait vu ce soir là. Il en avait pleuré toute la nuit, Tears. Puis il avait décidé d'oublier. Il avait décidé que ça ne valait pas le coup de tout foutre en l'air. Pourtant il avait tout imaginé. Il avait imaginé qu'il le trompait, qu'il ne l'aimait plus, qu'il se servait de lui. Mais il avait décidé que ça ne valait pas le coup. Ça lui avait fait tellement mal qu'il avait fait une anesthésie générale. Mais les plaies, elles se rouvraient, même quand on a oublié jusqu'à leur existence.
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Dim 2 Oct - 13:56
Tears se mettait à l'aise et ça ne le dérangeait pas. Quoique... il aurait pu tout simplement s'asseoir sur le canapé. Pas s'appuyer sur l'accoudoir du fauteuil. Il n'aimait pas qu'on touchât l'accoudoir ainsi mais avec Tears, ça passait. Parce que justement c'était Tears. Même s'il s'était coupé les cheveux ça restait Tears, son amant, celui qu'il aimait. Même s'il ne l'avait pas embrassé comme d'habitude. D'ailleurs... pourquoi ? Parce qu'il ne le reconnaissait plus trop évidemment. Take était comme un enfant. Le moindre changement, la moindre chose différente le perturbait. Handicapant. Difficile à vivre. Horrible, même. Mais il ne se décidait pas encore à l'embrasser. Donc pendant un moment il l'observait, s'avançait d'une lenteur terrible jusqu'à lui. Le brun avait ignoré les chaussures de son vis-à-vis qui étaient par terre. Il les avaient même poussées pour que leurs pieds se touchent et finalement il allait lui donner son baiser. Allait. Ses yeux s'étaient fermés. Mais quelque chose cassait la sérénité de l'instant, son innocence. Et c'était étonnant que ce soit Tears qui le cassa. Il avait les yeux baissés sur le sol. Il avait sûrement remarqué ses pieds près des siens mais... mais non. Il cassait l'instant comme si c'était une brindille. Pour une fois, Take était pris au dépourvu par Tears.
« Depuis quand tu... n'as plus ressenti l'envie d'être honnête avec moi... ? »
Un frisson parcourrait son échine. Un long et terrible frisson. Un frisson dont il se souviendrait longtemps. Il était honnête. Généralement il l'était avec lui. C'est... c'est que c'était trop brusque. Il n'avait pas vraiment peur mais sa réaction s'il lui avait dit que ça ne lui allait pas le rendait menteur. Il ne voulait pas qu'il le prenne mal. Et il allait bien finir par s'y faire à cette coupe de cheveux alors ce n'était pas grand chose. Il allait le dire honnêtement dans une heure ou deux. Alors pourquoi... faisait-il cette réflexion ? Tears le connaissait bien pourtant. Il savait comment il réagissait, souvent. Alors ça le rendait soudain méfiant. Le blond avait un quelconque problème qui le poussait à parler ainsi ? Take se redressait. Lui qui s'était penché pour l'embrasser. Mais ses pieds restaient collés aux siens. Comme si c'était le seul lien qui les unissaient, là, maintenant.
« … Je suis désolé, c'est vrai que je ne suis pas réellement honnête sur le moment mais... tu sais qu'il faut que je m'habitue. J'aime les cheveux cou-.. Depuis que tu dragues d'autres hommes ? »
Sa bouche s'entrouvrait soudain, perplexe. Il tombait des nues mais il ne reculait pas. Non il restait là, il faisait face au problème. Il gardait ses pieds contre les siens. Il refusait de le lâcher. Et il déglutissait doucement et de façon discrète, mettait ses mains dans ses poches. Maintenant, il avait peur. D'abord, la question existentielle : comment l'avait-il su ? Il était certain de ne pratiquement pas avoir dragué en sa présence. Sauf pour avoir des verres gratuits dès qu'ils n'avaient plus assez pour se payer à boire où qu'il en avait marre de sortir son porte-monnaie. Quelqu'un l'avait balancé. Qui, il ne le savait pas. Mais Die arrivait soudain dans son cerveau. Il l'accusait mentalement sans rien savoir. Take restait silencieux, un peu bête, prenait un air coupable. Il se sentait coupable. Il l'était. C'était lui qui faisait les conneries. Mais comment lui expliquer qu'il l'aimait encore et qu'il ne le trompait pas ? Comment lui expliquer en faisant en sorte qu'il le croit ? S'il se trompait dans sa façon de dire les choses, c'était totalement fichu. Totalement. Et il allait s'en vouloir si ça se terminait comme ça. Mais il ne voulait tout simplement pas que ça se termine. Il ne fallait pas croire que Take allait le laisser s'en aller comme ça s'ils se disputaient. C'était vraiment un mur qui s'écrasait contre son crâne, cette histoire.
« Je ne te trompe pas, d'accord ? Je drague dans mon propre intérêt. Quand je sors, je n'aime pas payer ce que je bois. »
Il tentait de rester calme, respirait normalement et évitait les mimiques du menteur. Et de toutes façons, il ne mentait pas réellement cette fois. Tears connaissait bien ses façons. S'il ne croyait pas ce qu'il disait, il allait être légèrement foutu. Allait devoir lui expliquer de façon crue, limite barbare. Il allait devoir tout lui lâcher dans le contexte des dragues qu'il avait faite. Presque les raconter pour se justifier. Mais avait-il réellement besoin de se justifier ? Il n'avait rien à se reprocher. Il l'aimait, il ne couchait ni embrassait d'autres hommes alors quoi ? Où était le soucis ? Oui, d'accord, personne n'aimait que son compagnon drague d'autres proies (oui, appelons ça des proies), mais ce n'était pas... méchant. Pour Take ce n'était pas grave. Parce que personne à part Tears ne voyait son entre-jambe en ce moment. L'une de ses mains venait frôler celle de Tears. Il la prenait même fortement entre ses doigts. De cette façon, il ne pourrait pas le lâcher. Il ne connaissait pas de Tears avec une force phénoménale pour qu'il le fasse lâcher. Sa tête s'approchait de la sienne pour que ses yeux le regardent un peu plus profondément. Puis il embrassait ses lèvres d'un baiser léger. Pour appuyer ses propos et pouvoir sortir un :
« Je t'aime et tu le sais. »
Mais il doutait à présent sur le fait qu'il le sache.
[j'ai pas pu résister. & j'ai pas relu. shame on me.]
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Sam 8 Oct - 18:34
Il aurait aimé qu'il eut plu, Tears. Il aurait aimé avoir froid maintenant, et se laisser réchauffer par l'atmosphère de l’appartement. Il aurait voulu du réconfort. Il aurait voulu sentir les gouttes couler contre sa nuque, glisser entre ses lèvres, les cheveux collés contre son visage. Il aurait aimé qu'il eut plu. Avoir froid, pour que l'air habituelle lui donne chaud. Prendre un bain. Boire un chocolat chaud. Mais il était au sec. Assis sur l'accoudoir sec du canapé sec. Il n'y avait rien à faire pour un peu de confort. Il ne pouvait pas s'enrouler, frissonnant, dans une énorme serviette. Il ne pouvait réchauffer ses mains froides et mouillées en les collant de chaque côté d'une énorme tasse de chocolat chaud. Il ne pouvait pas se reposer au fond d'un bain bouillant, et sentir ses muscles se relaxer un à un. Il avait déjà assez chaud, les mains moites, la peau sèche. Ses chaussettes le serraient un peu. Il avait baissé les yeux, à nouveau. Take s'était rapproché, il avait ses pieds contre les siens. Mais il ne les sentait pas, sous ses chaussettes épaisses.
- Je ne te trompe pas, d'accord ? Je drague dans mon propre intérêt. Quand je sors, je n'aime pas payer ce que je bois.
Il ramena ses pieds vers lui, pieds légèrement rentrés vers l'intérieur, l'un sur l'autre. Une moue étrange. Il jeta un œil sceptique à Take, et reconcentra son attention sur ses pieds. Dans quel autre intérêt que le sien pouvait-on entreprendre de draguer quelqu'un ? C'était toujours sans son propre intérêt, pour son propre égo, son propre besoin. Pour obtenir un verre, de l'affection, quelqu'un dans ton lit, le soir. Et tromper, c'était quoi ? Qui trompait le plus son partenaire entre quelqu'un qui vous aime follement, mais qui a couché avec une tierce personne, une fois. Ou un partenaire toujours à vos côtés, fidèle, mais amoureux d'une autre personne, sans pour autant l'avoir effleuré. La tromperie est-elle plus du côté d'un chaste baiser amoureux ou d'une relation sexuelle sans sentiment ? Il n'aime pas payer ce qu'il buvait. C'était pauvre, comme excuse, surtout pour un ancien séducteur. C'était l'évidence même, que ça lui manquait. On ne drague pas pour économiser deux euros, on drague quand on trouve quelqu'un beau, pour son ego, et éventuellement pour économiser deux euros. Bien sur, même si dans l'émotion de la nouvelle, il avait pensé que Take l'avait trompé, il avait réalisé bien rapidement que ce n'était pas le cas. Si ça l'avait été, il l'aurait su, il l'aurait senti. Il se plaisait à croire qu'il l'aurait senti. Et il ne l'aurait pas oublié si facilement. Ni ramené si facilement à la conversation. Take lui prit fermement la main. Tears n'aimait pas ça, surtout quand il était énervé, vexé. Comprimer quelque chose qui avait envie d'exploser, ça ne faisait qu’accélérer le processus. La pression n'arrivait à évacuer. Elle se faisait de plus en plus ardente dans ses veines. Et Take s'approcha pour l'embrasser. Comme pour régler le conflit, le finir, et on en parle plus. Le genre de baiser qui voulait dire "Sois mignon et ta gueule maintenant". Il tenta de reculer, Tears. Mais étant assis parallèlement à l'accoudoir, s'il se penchait trop en arrière, il risqua de tomber sur le canapé. Il encaissa le baiser, supportant de la même façon les doigts de son compagnon, crispés sur les siens. Ça l'énervait, toute cette pression autour de lui. Cette oppression. Il avait toujours aimé qu'on le force un peu, Tears. Mais de toute évidence, ce n'était pas une méthode conseillée pour se faire pardonner. Ses lèvres toujours si près des siennes, il lui disait qu'il l'aimait, et qu'il le savait. Tears avait glissé en arrière, et avait poussé Take avec les pieds. D'un coup. Mouvement de panique. Geste de rejet. Il lui fallait un peu d'air. Un peu affolé, il recula, avec l'aide des coudes, jusqu'au fond du canapé, où il rejoint l'autre accoudoir.
- Je sais... mais ça te donne... aucun droit...
Il était descendu du canapé et s'était placé derrière une commode, non loin de là, comme s'il s'attendait à des représailles de la part de Take.
- T’utilise ces mots comme... excuse... "je t'aime, alors je peux faire n'importe quoi, ça compte pas. Je t'aime, alors tu peux rien me reprocher".
Sourcils froncés. Il avait plus de gueule, le petit, avec les cheveux courts.
- Je peux le faire aussi, tu sais... et venir te voir après, te dire je t'aime et t'embrasser.... je veux dire... c'est n'importe quoi...
Il tremblait légèrement. Sa voix aussi, elle tremblait. D'agacement, de colère et de l'impression qu'on se payait sa tête.
- Et... tant que t'y es... je pourrais te donner une somme d'argent chaque semaine... pour payer... tes boissons. Comme si... comme si c'était la seule raison...
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Dim 9 Oct - 13:42
La façon dont agissait Tears était un peu crispante. Ça le rendait tendu, assez mal à l'aise. Mais malgré tout il persistait à rester avec lui, dans la même pièce. Il ne fuyait pas cette tension. Tears, après tout, était la seule personne qui comptait, le seul être à part entière dans son monde. C'était le seul garçon qui avait de l'importance (si l'on ne comptait pas son meilleur ami). De ce fait, lui dire en face ce qu'il pensait en ce moment était assez compliqué. Oh, il ne pensait pas à grand chose. Juste à lui et à leur relation, la situation présente. Avait-il peur de la fidélité de Térence ? Pourtant, il ne devait pas, si c'était le cas. Parce que sa fidélité était sans pareille. S'il avait besoin d'aller voir ailleurs, il quittait son petit ami et c'était réglé. Le cul était certes quelque chose d'important pour lui mais avec le blond, il avait réussi à ne plus y penser pendant un long moment. Il faisait cet effort. Pour lui. Parce qu'il savait que coucher sans arrêt avec Tears, ça allait le gonfler à lui et à son copain. Et comme il l'aimait sincèrement, il ne voulait pas se passer de lui, se lasser. Parce que, il l'avait réalisé, sortir avec quelqu'un et le lâcher ensuite après quelques bonnes parties de jambes en l'air, ça ne se faisait pas. Même si l'amour qu'il avait avec ses précédentes conquêtes était synthétique. Parce que c'était faire du mal. Mais il s'en foutait de faire mal, Take, parce qu'il n'avait pas de cœur. C'est comme s'il n'en avait pas. Take n'aimait personne. Il n'avait jamais fait d'effort pour aimer quelqu'un comme la personne en question. Si un homme l'aimait, il sortait avec lui pour lui faire plaisir, il couchait puis après il jetait comme si c'était quelque chose d'insignifiant. Mais il n'avait jamais réalisé qu'il brisait une personne. Or, depuis qu'il sortait avec Tears, c'était différent. Parce que le cul ne remplissait pas sa tête, parce que son amour était véritable et que c'était lui qui s'était confessé. Donc, tromper Tears ne l'amenait à rien alors, par défaut, il ne l'avait pas fait. Et le fait qu'il ne veuille pas payer ses verres était vrai. Parce que deux euros, c'est quand même beaucoup. Son coté avaricieux prenait souvent le dessus. S'il perdait les dix centimes qu'il venait de gagner, c'était le comble, l'apocalypse. L'argent était la seule chose matérielle à laquelle il tenait. Il ne se souvenait pas en avoir parlé à Tears, de son avarice, ou s'il l'avait vu de lui-même. Autant, il trouvait ça totalement absurde qu'il veule économiser le moindre petit centime. Mais certes, il ne draguait que les hommes qu'il trouvait physiquement attirant. Parce que draguer quelqu'un de totalement moche était sans intérêt. Mais un jour, ça lui arriverait bien, faute de proies. Mais il ne se résolvait pas à chercher des moches. Parce que... souvent... les moches n'ont pas d'argent et/ou pas de manières. Il avait tiré cette conclusion tout seul, lorsqu'il était plus jeune et qu'il était avec des amis le soir. Il croisait des personnes pas attirantes et toutes étaient sans manières, littéralement vulgaires. Take avec une personne vulgaire et pas attirante, ce n'était pas envisageable. Tears n'était pas vulgaire ni « pas attirant ». Enfin, chacun pensait ce qu'il voulait. Parce que chacun a sa vision du moche et du beau. Puis, soudain, Take se faisait pousser. Pas par des mains, mais par les pieds de son compagnon. Le brun avait écarquillé les yeux et s'était ramassé par terre, sur les fesses, ses bras le maintenant pour ne pas que son dos touche le sol. Sur le coup, il fut déboussolé et – c'était le cas de le dire – sur le cul. Comment avait-il pu s'attendre à un rejet ? La surprise se transformait en sentiment à la limite de la tristesse. Il était blessé, vexé. Et ses yeux restait planté sur le canapé où il ne voyait plus Tears car il était à l'autre bout de celui-ci. Ses bras tremblaient un peu mais il arrêtait bien vite ce mouvement en relâchant le sol. Il restait assit un moment, la tête basse et sa lèvre se faisant mordiller. Fuir n'allait servir à rien, le foutre dehors non plus. Son malaise avait juste augmenté, tout simplement.
« Je sais... mais ça te donne... aucun droit... »
Le brun n'avait pas vu son collègue se lever pour aller se cacher. Parce que ses yeux restaient là à fixer le sol de façon vide. Il réfléchissait sur le pourquoi du comment. Il avait fait quelque chose de mal ? Pas à sa connaissance. Dit quelque chose de déplacé ? Non plus. L'incompréhension le gagnait. Mais ce n'était peut-être pas de sa faute. Peut-être que Tears ne se sentait pas bien. Qu'il y avait quelque chose qui le bloquait, qui l'oppressait. Mais bien sûr, il n'en savait rien.
« T’utilise ces mots comme... excuse... "je t'aime, alors je peux faire n'importe quoi, ça compte pas. Je t'aime, alors tu peux rien me reprocher". »
Ses yeux se levaient enfin. De là où il était, il ne le voyait qu'à peine. Alors, d'une lenteur folle, il se relevait sans l'aide de ses mains. Parce qu'elles tremblaient encore un peu. Parce qu'il commençait à s'énerver. Parce qu'il n'aimait pas ce sentiment de rejet. Parce que quelqu'un qu'il aime ne doit pas le rejeter.
« Je peux le faire aussi, tu sais... et venir te voir après, te dire je t'aime et t'embrasser.... je veux dire... c'est n'importe quoi... »
Comme s'il allait laisser faire ça. Si par malheur Tears faisait ce qu'il faisait (c'est à dire draguer pour avoir ce qu'il veut [ce qu'il pensait totalement infaisable vu son caractère]), il allait se retrouver braqué face à lui, allait l'enfermer dans un placard et le laisser mourir dedans. Même si il l'aimait. Même si, comme lui, disait ou insinuait qu'il pouvait faire ce qu'il voulait parce qu'il était amoureux. Ou, moins trash, il allait rompre ou insister pour faire un break. Parce que draguer quelqu'un d'autre alors qu'on est avec Take, c'est impensable. Aux risques et périls de la personne.
« Et... tant que t'y es... je pourrais te donner une somme d'argent chaque semaine... pour payer... tes boissons. Comme si... comme si c'était la seule raison... »
Take s'était doucement rapproché, était allé devant le blond et l'avait fixé assez méchamment. L'une de ses mains s'était posée rageusement sur le mur d'à coté, bloquant le passage à Tears s'il voulait s'en aller et fuir leur proximité. Hors de question qu'il parte. En trois phrases et quelques, il l'avait irrité. Il l'admirait peut-être un peu pour ça, à ce moment. Parce qu'il en fallait beaucoup pour l'énerver d'habitude. Enfin... rien que son rejet était quelque chose de trop.
« Dis le, vas-y. Que tu n'aime pas comment je fonctionne. Tears, je crois que tu ne m'as jamais autant énervé que maintenant. »
Un semblant de sincérité. De toutes façons, mentir n'était pas vraiment possible lorsqu'il était énervé. Parce que ses mots dépassaient sa pensée.
« Tu ne fera pas ce que je fais. Je te l'interdis. »
Autant prévenir, ça sauverait la vie du blond.
« Et ton histoire d'argent à me filer, tu la laisse de coté. Parce que je ne vivrais jamais aux dépends de quelqu'un. J'ai assez d'argent avec ce que je gagne et ce que j'ai de mon père. Hors de question de vider ton porte feuille pour des conneries. »
Et au pire, tu dépouilles ton meilleur ami. Parce que lui, il te donne volontiers de l'argent dès qu'il t'en manque et même si tu lui dis non. Parce qu'il se sert de la poste alors forcément, tu penses jamais à les renvoyer. Tu le sermonne mais tu utilises son argent au final. Mais une personne, c'était trop. Si Tears se mettait à lui prêter de l'argent, il ne pourrait plus vivre de lui-même.
« Tu veux que je te dise ? »
Légère pause, il avançait un peu son visage et le fixait tout autant. Son autre main touchait le meuble derrière lequel il s'était caché.
« Oui, draguer et avoir des aventures me manque. »
Il préférait ne pas imaginer les sentiments de Tears face à ses paroles. Et s'il le giflait, il encaisserait sans rien dire. Parce qu'il aurait eu raison de passer ses nerfs sur lui. En attendant, il restait ainsi un moment et se reculait après plusieurs minutes. Take était blessé de ses propres paroles. Puis il murmurait, avant de s'asseoir sur le canapé à l'endroit où Tears s'était réfugié.
« C'est passager, de toutes façons. C'est pas comme si ça allait durer des années. » dixit le mec qui draguait depuis presque deux semaines.
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Lun 17 Oct - 22:41
Une main contre le mur. Une proximité forcée. Encore. Il fronça les sourcils, fit la moue. Enfant mécontent. On lui dit qu'il n'a jamais été aussi énervant. Il baissa les yeux. Il n'avait pas envie d'être énervant. Il était rarement énervé, énervement qui le rendait présentement énervant. Il était rarement énervé. Et quand il était, il espérait qu'on comprenne pourquoi. Qu'on le calme. Qu'on lui dise la vérité, qu'elle lui fasse mal. Qu'elle le fasse souffrir. Que cette vérité le lapide au plus profond de son être, qu'elle déchire et qu'elle le ruine. Et qu'on vienne lui injecter de la morphine après. Qu'on vienne lui dire que tout ira bien. Que c'est fini. Qu'on le conforte. Que la vérité soit la pluie qui le fasse grelotter, et la serviette chaude, le réconfort après l'effort. Adoucir la vérité. Cette petite joie qu'on avait après s'être blessé. Cette petite fierté. Ce soulagement, que ce soit fini. Mais Take était énervé. Tears se mordit la lèvre, mal à l'aise.
- Tu ne fera pas ce que je fais. Je te l'interdis.
Il lui jeta un œil sombre, Tears. Il lui jeta un œil noir avec son œil bleu. La dernière fois que quelqu'un lui avait explicitement interdit quelque chose, que quelqu'un lui avait dit "Je te l'interdis", c'était son père. Tu ne dois plus ramener des escargots à la maison, je te l'interdis. Mais là, il avait vingt-sept ans. Il avait vingt-sept ans. Mais là, c'était un homme de deux ans son cadet qui le lui disait. Et de plus, il lui interdisait quelque chose qu'il faisait lui-même. Il l'aurait volontiers giflé il s'était pas aussi sidéré. Bien sur que Tears n'irait jamais draguer quelqu'un d'autre, parce qu'en plus de ne pas en avoir l'envie, ce n'était pas du tout dans ses compétences. Mais Tears aimait avoir le choix. Il aimait qu'on lui laisse le choix. C'était comme un enfant qui disait à sa sœur "Eh bah, tu me proposes pas de haricots ?" et à celle-ci de répondre "Non, tu n'aimes pas ça". Ce à quoi le garçon rétorque "Peut-être bien que si", mais quand la sœur lui propose le plat de haricot, il lui dit "Non merci, j'aime pas ça". Les interdits étaient frustrant. Interdire quelque chose mettait l'attention dessus, interdire une voie faisait qu'on s'y intéressait. Et savoir qu'elle était à jamais fermée à nous, même si on n'a jamais eu l'idée de l'emprunter, éveillait un sentiment de contrariété. Il était contrarié, Tears. Il était sidéré. Il n'avait pas l’ego qui lui permet de penser "Comment on ose me dire ça à moi ?" mais il était choqué de l’ego de son copain. Qui se permettait des choses. Qui lui en interdisait d'autres. Il se sentait écrasé sous cet ego. Il l'était tout le temps, Tears, écrasé. Écrasé sous l'admiration, l’ego des autres, leurs regards. Mais là, il ne trouvait pas ça normal. Il trouvait ça révoltant. Peut-être parce qu'il avait mûri. Il se sentait écrasé sous cette inégalité, cette injustice. Il l'était tout le temps, Tears, écrasé d'injustice. Ca ne l'avait jamais choqué d'être traité moins bien que d'autres, il se disait que c'était normal. Parce que lui n'était pas un génie. Parce que lui, il était quelconque. Et ce sentiment d'infériorité par rapport aux génies s'étaient agrandi à tout le monde. Parce que lui il était faible. Parce que lui n'avait pas un brillant métier. Et pour bien d'autres raisons. Mais il avait mûri. Il s'était dit qu'il méritait bien quelqu'un qui le pense son ego. Une personne qui ait un ego, mais que cette ego ce soit lui. Et Take parlait d'argent, qu'il en avait. Presque vexé que le blond ait prétendu le contraire. Et il parlait d'argent. Et Tears avait du mal à l'écouter. Il avait juste envie de dire, il avait juste envie de grogner, si t'as de l'argent, achète toi tes boissons toi-même.
- Tu veux que je te dise ?
Une main sur le meuble. Et il s'approchait. Et il s'approchait. Pression constance. Il avait juste envie de partir d'ici, de s'enfermer dans sa chambre, recréer sa bulle. La recréer, à partir de multiples éléments anodins. Cette bulle d'intimité qu'on lui avait arraché. Cet espace dont on le privait.
- Oui, draguer et avoir des aventures me manque.
Bang. Petite détonation. Petit saignement. Petit saignement entre le ventricule droit et gauche. Les valves, les veines, les atriums, droit et gauche, l'aorte, les artères. Il sentait le sang y circuler, le sang s'y arrêter. Bref arrêt. Rien, pendant un instant. Take alla s'asseoir sur le canapé. Il murmura quelque chose, Tears ne l'entendit pas. Il n'entendait rien. Que son propre pathétisme, qui résonnait dans sa tête, pour avoir cru qu'un jour, quelqu'un voudrait de lui. Rien que de lui. Qu'il serait suffisant. Son propre ridicule se riait de lui, dans le creux de ses oreilles, pour avoir cru un jour, qu'il serait suffisant à quelqu'un. Les yeux dans le vide, il retrouva quelques repères visuelles. Comme la lumière. Les formes. Tiens, il n'avait jamais remarqué cet abat-jour. Près de la porte. Un silence. Il finit par fixer Take. Toujours adossé au mur, toujours contre le mur.
- Et me draguer, moi... ça t'es jamais venu à l'idée ? …. Au lieu de... me considérer comme acquis, me... traîner comme un objet... m’interdire... des trucs que t'as le droit de faire.
Il déglutit. Plissa les yeux, pour s'empêcher de pleurer.
- Et après tu t'étonnes... que je me sente... ni aimé, ni désiré... Parce que j'ai pas du tout... du tout... l'impression d'être... ni aimé, ni désiré...
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Mer 19 Oct - 13:07
Faire du mal à Tears, il ne s'en fichait pas comme faire du mal à un élève en lui disant des vérités ou des choses dures à entendre. Mais il l'avait fait quand même, il avait été salaud et il lui avait dit que la drague lui manquait autant que les aventures. Il espérait, au fond de son canapé, qu'il avait compris que ça ne durerait pas et qu'il l'aimait plus que ses dragues quotidiennes. Il espérait qu'il ait compris qu'il ne lui voulait pas du mal mais du bien. Take passait généralement son temps à espérer. Certes, il ne s'inquiétait pas vis-à-vis de la fidélité de son petit-ami (même s'il avait grandement peur que Die l'attrape et le coince dans un coin de l'orphelinat), il ne s'inquiétait pas non plus vis-à-vis de sa santé ou autre puisqu'il ne le voyait que rarement malade. Il ne s'inquiétait pas non plus de son bien-être intérieur. Il ne se souciait malheureusement pas encore de ce qu'il pouvait penser de lui ou de ce qui pouvait l'embêter dans sa vie. D'ailleurs, depuis qu'il était avec lui, il ne l'avait plus trop aidé pour ne plus mettre de pauses dans ses phrases ou mieux s'habiller. De toutes façons, il s'était un tant soit peu amélioré. Comme quoi, acheter des fringues à Tears seul ou avec lui servait à quelque chose. Mais les cadeaux et les dépenses venaient naturellement chez lui. Des pulsions qu'il ne contrôlait pas. Des pulsions qui devaient être obligatoirement assouvies. C'était comme ses paroles. Elles devaient être obligatoirement dites. Ce qu'il avait dit pour ce qu'il faisait devait être obligatoirement dis. Parce que s'il ne le disait pas, il ne pouvait pas se sentir bien car il mentirait à Tears. Et Tears ne mérite pas les mensonges. Même si cette vérité était dure à entendre. En tout cas, enfoncé au fond du matelas du canapé, il s'en voulait. Il se disait qu'il n'aurait jamais dû dire un truc pareil. Qu'il aurait pu être moins direct, moins dur dans ses paroles. Parce qu'il avait dit ça comme s'il allait le tromper dans la semaine alors qu'il ne comptait pas du tout le faire. On pourrait croire qu'il allait faire un faux pas. On pouvait le croire tout comme on pouvait le penser ou le voir faire. Parce qu'au fond il était bien capable de le faire. Mais il n'allait pas agir. Parce qu'il ne pouvait tout simplement pas, parce que Tears hantait littéralement ses pensées, parce qu'il ne dégageait pas de son cerveau. Donc à part parler, il ne pouvait rien faire et il n'allait rien faire, c'était simple. Les souffrances de Tears ne devaient pas croître. Elles ne devaient pas grandir, augmenter, s'amplifier, se développer. Parce qu'il ne devait pas souffrir à cause de lui. Pas à cause de ses actes, de ses paroles. Et il pensait à ça, Take, il y pensait et se torturait, il s'enfonçait des coups de poignard dans le cerveau qui hurlaient « laisse le tranquille, tu en as assez fait, arrête ». C'était bien pour cela qu'il se taisait. Parce qu'il ne fallait pas qu'il en rajoute une couche. C'était assez d'informations lourdes comme ça.
« Et me draguer, moi... ça t'es jamais venu à l'idée ? …. Au lieu de... me considérer comme acquis, me... traîner comme un objet... m’interdire... des trucs que t'as le droit de faire. »
C'était rare qu'il ne sente pas le regard de quelqu'un peser sur lui. Là, Tears l'avait fixé et il ne l'avait pas senti. Preuve qu'il était bel et bien dans ses pensées, qu'il n'était pas ici, dans le salon, avec lui. Take était sans arrêt mentalement avec Tears, même s'il n'était pas à proximité. Et là il avait coupé les pensées positives, il venait de couper Tears pour repenser à sa propre personne, en bon égocentrique. Il se demandait pourquoi il faisait tout ça. « À quoi ça mène de rester là enfoncé dans ce canapé ? Pourquoi je ne le vire pas de chez moi et la dispute passerait dans quelques jours ? » Parce qu'il ne voulait pas se prendre la tête avec lui, aujourd'hui. Ni le jour d'après et encore après et après et après... Il pensait à des choses dont il ne devait pas penser. Son nez ne se relevait toujours pas vers lui. Ses pensés zigzaguaient entre lui et le blond. Qui était le plus important au final ? Pour nous, c'est évident. Pour nous c'est Tears. Mais pour lui... évidemment il ne pensait pas comme tout le monde.
« Et après tu t'étonnes... que je me sente... ni aimé, ni désiré... Parce que j'ai pas du tout... du tout... l'impression d'être... ni aimé, ni désiré... »
Maintenant, enfin, sa tête se levait et il regardait Tears, au bord des larmes. Évidemment ça le faisait réagir. Il haussait ses deux sourcils, prenait un air d'imbécile. Il ne le prenait pas comme s'il devait aller et le consoler sur le champ. Non. Il hésitait, il le fixait l'air dubitatif. Y aller... ne pas y aller... larmes synthétiques... Honnêtement, il n'avait jamais été autant bloqué. Pourtant, l'envie de le rassurer et de le prendre dans ses bras était bien présente. Mais Take... n'avait pas l'habitude de faire des choses comme ça. Alors que pouvait-il faire, à part attendre que ça passe ? Des frissons parcourraient son échine et il détournait momentanément les yeux.
« Pleure si tu as envie de pleurer mais ne compte pas sur moi pour te consoler... »
Menteur. Parce qu'il le consolerait volontiers, s'il mettait de coté son caractère de merde et sa fierté. Selon lui, consoler son copain, c'est pas classe. C'est nul, ça sert à rien à part se montrer sensible. Mais puisqu'il n'aimait pas le voir ainsi, ça ne voulait pas dire qu'il n'allait pas l'enlacer dans la seconde qui suivait. Il ne savait rien, il ne se contrôlait pas, il était impulsif. Le cœur était là, même s'il l'était surtout pour le faire vivre. Et pour aimer Tears, bien entendu. Soyons un peu niais.
« Tu n'es pas... j'ai déjà pensé à te draguer mais je sais pas si des fois t'as l'impression que je le fais. J'essaie tu sais. Je le fais parfois. Mais t'as pas les réactions que j'attends ou que je veux que tu aies. »
Il était juste... peut-être un peu trop coincé pour lui. Parce que les hommes qu'il draguait étaient tous plus réactifs que Tears. Ils y répondaient mieux que lui. Verbalement. Parce qu'il ne se laissait pas toucher même s'ils essayaient de lui mettre la main aux fesses. Il avait un minimum de respect. Du verbal, pas du physique. Ça suffit amplement. Non, ça LUI suffit amplement. Mais de toutes façons, les contacts physiques allaient simplement le rendre plus coupable. Parce que rien que la drague le rendait assez coupable. Mais jamais énormément. Son deuxième discours l'avait choqué. L'avait blessé et enfoui sous la terre. Après tout, chacun son tour. Il avait blessé Tears et Tears devait le blesser. Pourquoi il disait ça ? Il ne lui montrait pas assez combien il l'aimait, combien il le désirait ? Certes, il évitait de le pousser à coucher. Énormément même. Mais c'était un principe, un blocage. Il le trouvait tellement pur et chaste qu'il n'osait pas le toucher, le rendre totalement impur. L'embrasser avec la langue était déjà un gros effort. Il ne voulait pas qu'il devienne... comme les mecs avec qui il avait couché. Un mec avide de sexe et vulgaire. Alors s'il fallait qu'il montre le désir qu'il a pour lui, ce serait compliqué, il devait chercher une façon qui ne le pousserait pas au viol. À part les regards et quelques paroles, il ne voyait pas trop ce qu'il pouvait faire. Bien moins hésitant, calmé, Take se levait, allant machinalement vers le meuble à coté de Tears. Il faisait semblant de chercher quelque chose en se plantant devant pour ensuite aller prendre le blond dans ses bras. Il était gêné, Take, terriblement gêné mais le fait qu'il soit chez lui le rendait plus à l'aise. Et puis, Tears était bien trop loin de lui, c'était un fait.
« Pourquoi tu dis que tu ne te sens ni désiré ni aimé ? J'ai l'impression de mal remplir mon rôle de petit-ami. »
En même temps, c'était le premier qui durait plus ou moins longtemps. En tout cas, il avait battu ses records. Il était avec Tears depuis plus longtemps que son dernier petit-ami. Et ça faisait quand même plaisir. Take se sentait fier de ça. Il lui frottait un peu le dos, par automatisme.
« Je sais pas comment tu peux ne pas te sentir désiré et aimé. Tu m'en as jamais parlé. Avec ce genre de choses, faut discuter. J'ai pas l'impression de te traiter comme si tu n'étais pas mon copain. Si je te fais pas sentir que tu es aimé, c'est qu'il y a un soucis quelque part. »
Take le relâchait ensuite, après avoir passé quelques minutes à lui frotter le dos et à murmurer des paroles douces pour se faire pardonner. Des genres de trucs comme « je ne le ferais plus », en parlant du fait qu'il draguait d'autres hommes. Après, il ne fallait pas le croire du premier coup. Ce n'était pas garanti qu'il s'arrête vivement. Avant la fin de la semaine, il n'arrêterait peut-être pas. Machinalement il se rendait dans la cuisine, infusant du thé, comme si tout allait bien et que tout était normal. Rien ne lui disait que leur dispute était finie mais c'était sa façon à lui de dire à Tears de rester. Puis il revenait dans le canapé du salon, les yeux sur son blond.
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Dim 23 Oct - 16:36
- Pleure si tu as envie de pleurer mais ne compte pas sur moi pour te consoler...
Il renifla un moment. Dans les films on a toujours l'air très délicat quand on pleure. En vrai on est juste ridicule. Il était ridicule, il le savait. Mais là il se disait que son copain, c'était vraiment un connard. Il avait envie de dire, je pleure pas. Il avait envie de dire, et puis même si je pleurais, je voudrais pas de toi pour me consoler. Il ne disait rien. Il renifla un moment.
- Tu n'es pas... j'ai déjà pensé à te draguer mais je sais pas si des fois t'as l'impression que je le fais. J'essaie tu sais. Je le fais parfois. Mais t'as pas les réactions que j'attends ou que je veux que tu aies.
- Parce que je t'offre pas un verre, comme les autres ?
Sans hésitation. Un coup d’œil rouge englué et visqueux. Il s'essuya le bout du nez avec sa manche. Et croisa les bras, Tears. C'était ironique. Ça faisait un bien fou parfois, d'être ironique. Mais là ça ne lui faisait rien. Parce que non, il n'avait pas l'impression, non. Que Take le draguait, ou du moins qu'il prenait autant de soin à le séduire qu'il en prenait pour se faire offrir un verre. Bien sur, Take lui lançait parfois des compliments, comme ça. Et qu'est ce que vous vouliez qu'il réponde, Tears ? Qu'il le chevauche sur le lit parce qu'il a complimenté son pull ? Est-ce que c'était ce qu'il attendait de lui ? Il disait merci, il disait je l'ai trouvé dans un marché en plein air. Puis ils discuteraient des marchés en plein air. C'est bien, c'est pas cher. Les gens sont sympas là bas, sur les marchés en plein air. Là-bas, les gens sont sympas. Parce que t'as un porte-monnaie dans la poche. Le monde est tellement moche. Il avait l'impression que c'était pareil avec Take. Qu'il fallait qu'il le paie pour qu'il soit un peu tendre. Qu'il réagisse comme il veut. Qu'il soit comme il veut. Comme il s'attend à ce qu'il soit. C'est vrai qu'il était timide, Tears. Mais rien à voir. Il ne pouvait pas réagir excessivement à une drague qui ne l'était pas, excessive. La réaction ne pouvait pas être plus présente que la chose qui la causait en premier lieu. Ça n'avait plus rien à voir avec sa timidité. C'était un joli bouc-émissaire, sa timidité. On lui mettait tout sur le dos. Tears veut pas venir à la fête foraine ? Ah, c'est peut-être la foule, c'est vrai qu'il est timide tout ça. Non, il a juste pas envie. Oh, Tears s'est éclipsé de la conversation ? Laisse, c'est parce qu'il est timide. Non, ce dont vous parlez le rend triste.
On le prenait avec des pincettes, parce que c'est vrai qu'il était sensible. Mais il y a toujours une différence entre être délicat avec quelqu'un et le traiter comme s'il venait de fêter ses cinq ans. Il était loin d'être le plus jeune parmi les adultes, et pourtant, il en avait la sensation. Oui, les blagues salaces le rendaient mal à l'aise, ça ne voulait pas dire qu'il n'aimait pas faire l'amour. Oui, les films avec des types qui se font suspendre au plafond par la peau le rendaient mal à l'aise, ça ne voulait pas dire qu'il se limitait aux dessin-animés. Oui, les fêtes où des gens totalement jetés ondulent contre lui le rendaient mal à l'aise, ça ne voulait pas dire qu'il ne savait pas s'amuser. Et dieu savait que si Take le plaquait contre le mur en lui arrachant à moitié ses vêtements, il serait bien content. Mais il ne pouvait décemment pas dire à son copain qu'il aimait quand c'était violent. Qu'il aimait quand c'était un peu malsain. Qu'il fantasmait sur des choses un peu étranges. Et s'il prenait lui-même le dessus, ce qui était peu probable vu sa timidité (car là, ce serait de la timidité), il n'osait même pas imaginer comment le prendra Take. Take qui en est encore au stade de savoir si ça ne le gênerait pas qu'il l'embrasse un peu plus sensuellement que d'habitude. S'il savait ce qui se trouvait dans la tête de Tears, il le trouverait vulgaire. Malsain. Mentalement instable. Et Take s'approchait. Et Tears n'avait aucune envie de proximité. Il se sentait mal, il se sentait visqueux, il se sentait immonde. Des bras autour de lui. Il ferma les yeux. On lui frotta le dos. Il se sentait comme un gamin venant de fêter ses cinq ans.
- Pourquoi tu dis que tu ne te sens ni désiré ni aimé ? J'ai l'impression de mal remplir mon rôle de petit-ami.
Il s'empêcha de renifler. Il ne voulait pas le laisser croire qu'il avait besoin de son hypocrisie. Take lui parlait gentiment, trop gentiment. S'il ne l'avait pas envoyé bouler quelques minutes plus tôt, il se serait peut-être attendri. Là, il sentait que c'était forcé. Là, ses yeux piquaient, il se sentait sale, il se sentait mal. Il avait juste envie de prendre l'air, tomber dans une piscine, d'un coup, se fondre dans un bain, s'accroupir sous une douche. Être seul. Sans personne. Sous la pluie. Il se sentait dégueulasse. Il voulait être désinfecté. Mais les bras d'un type emprisonnaient, et des promesses en carton pâte lui étaient murmurées. Take partit enfin. Se faire du thé. Tears restait là. Se faire les sangs. Il s'essuya le bout du nez, et ses larmes, et ses larmes. Take préparait son thé. Et lui, lui il était totalement scié. Là, adossé à son mur. Take se rassit sur le canapé, avec son thé. Son thé. Et lui, lui il se décolla de son mur. Et se dirigea dans la cuisine, en silence. Grand silence après la dispute. Il se disait, c'est pas grave, c'est passé. C'est passé, on en parle plus. Pourtant il ne pensait qu'à ça. Qu'a Take draguant d'autres hommes. Et lui, il se contentait sagement d'un j'aime bien ton pull. Pour les gars des bars, j'aime bien ton pull, ça voulait dire viens on baise. Mais pour Tears, j'aime bien ton pull, ça voulait dire qu'il aimait bien son pull. Et même, il était sur qu'il leur sortait des répliques bien plus évolués, aux autres hommes. Des trucs craquants. Il ouvrit le frigidaire, prit machinalement quelque chose, totalement obnubilé par ses pensées. "J'ai l'impression de mal remplir mon rôle de petit-ami." Comme si c'était un rôle. Un métier. Sérieusement. A pas lents, traînant un peu des pieds, il revint vers le salon. Un œuf dans la main. Il s'énervait de plus en plus. Tout seul. Dans sa tête. "Il y a un soucis quelque part."
- Il y a un soucis quelque part... et tu te dis pas que... que peut-être c'est... c'est, voyons... l-le fait que tu dragues... d'autres personnes ou... ou le fait...
Et il tremblait, un peu. Et il marchait machinalement. Il avait beau faire des pauses, il parlait très vite, butant sur les mots, la gorge nouée.
- Le fait... qu'on... l'ait pas encore fait parce que... parce que tu me considères pas comme... comme dé...désirable et puis tu... tu te dis c'est pas grave... que je... resterais toujours là... tout... tout gentil, parce que... j'ai personne d'autre. Ou que... qu'il suffit... d'un câlin... une infusion de thé... et je... je la ferme... mais... mais ça marche pas comme ça...
Il aurait presque préféré qu'il l'eut trompé. Il lui aurait dit, je l'ai fait avec quelqu'un d'autre, j'le ferais plus. C'aurait été fait, bouclé. Mais là. L'engrenage était en mouvement. Le processus en train de se faire. Et il ne saura pas quand. Où. Et il ne pourrait l'empêcher. Il aura juste à attendre. Gentiment, attendre. Prendre son ticket, faire la queue, attendre qu'on veuille bien de lui.
- J'ai... j'ai vingt-sept ans... j'ai pas le temps... j'ai pas de temps... pour ça. Alors... alors fais-toi qui tu veux... mais laisse moi en dehors...
Les larmes remontaient. Et dans sa petite rage, il lui balança ce qu'il avait dans la main. Un œuf.
Dernière édition par Tears le Mar 6 Déc - 16:47, édité 1 fois
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Dim 23 Oct - 22:06
Ses yeux suivaient Tears machinalement, son thé refroidissant sur la table basse du salon. Take se frottait les yeux, se pinçait l'arrête du nez, réfléchissait tout seul dans son coin. Il savait que rien n'était arrangé. Il le voyait bien. Rien que le fait que Tears aille dans la cuisine après lui lui disait que ce n'était pas vraiment terminé. Il préférait ne pas imaginer la suite. Parce que Tears avait raison. Parce qu'il avait fait des bêtises et qu'il ne prenait pas soin de leur relation. Et il se demandait bien si coucher avec Tears aurait pu éviter cette scène. Il se demandait si le draguer mieux, avec plus de force et de motivation aurait pu éviter tout ça. Puisqu'apparemment il ne le draguait pas comme avec les autres. Comme l'avait souligné indirectement le blond. Évidemment qu'il ne lui offrait pas de verres. Mais jamais de la vie ça devait changer quelque chose. La drague qu'il pratiquait avait tout d'innocent... Mais c'était normal qu'il ne le prenne pas de la même façon. Ce n'était pas lui qui draguait, ce n'était pas lui qui était en faute. Il se sentait tellement écrasé et petit. C'est dans un moment comme ça qu'il sentait bien la différence d'âge. Tears était le plus âgé et il l'avait presque trompé. Il se sentait tellement écrasé par le poids de son âge, le poids de ses actes. Alors il prenait son thé et but une gorgée avant que Tears ne réapparaisse avec un œuf dans la main. Un... œuf. Il préférait éviter d'imaginer ce qu'il ferait avec. Il aurait voulu lui dire d'une voix paniquée, comme s'il tenait une bombe dans sa main « Regarde... Tears... lâche cet œuf, okay ? » mais rien ne sortait. Ses yeux allaient et venaient entre l’œuf et son visage.
« Il y a un soucis quelque part... et tu te dis pas que... que peut-être c'est... c'est, voyons... l-le fait que tu dragues... d'autres personnes ou... ou le fait... Le fait... qu'on... l'ait pas encore fait parce que... parce que tu me considères pas comme... comme dé...désirable et puis tu... tu te dis c'est pas grave... que je... resterais toujours là... tout... tout gentil, parce que... j'ai personne d'autre. Ou que... qu'il suffit... d'un câlin... une infusion de thé... et je... je la ferme... mais... mais ça marche pas comme ça... J'ai... j'ai vingt-sept ans... j'ai pas le temps... j'ai pas de temps... pour ça. Alors... alors fais-toi qui tu veux... mais laisse moi en dehors... »
Bonjour, je m'appelle Tears et je marque des points partout. Take se sentait con puisqu'il avait raison. Il était en tord, il ne pouvait que réaliser qu'il était en tord. Et bien qu'il était plus imposant, il était plus jeune et il se sentait enfant. C'était comme s'il avait frappé un camarade de classe. Il se revoyait, tout jeune, martyrisant les enfants et se faisant ensuite réprimander. Mais à ce moment, c'était plus développé que de la réprimande. Honnêtement, Take n'aimait pas bouffer la vérité. Il n'aimait pas bouffer ce que disait Tears. Ou du moins, pas ça. Parce qu'habituellement, il bouffait tout avec joie. Cependant, Tears avait peut-être raison mais pas partout. Parce que jamais de la vie il n'avait dit ou pensé qu'il n'était pas désirable. Et jamais il n'avait pensé que faire du thé lui ferait fermer sa bouche. Il avait justement fait ce thé pour qu'il reste et qu'il ne se la ferme pas. Mais ça, il ne pouvait pas le savoir. Alors il se recevait l’œuf en pleine tronche. Sursaut de fille, il ouvrait la bouche dans un « han » audible a des kilomètres et écartait ses bras, se relevant par automatisme en lâchant des injures. Être sali, il détestait ça.
« PUTAIN TEARS ! »
C'était la seule injure où il citait Tears. La seule. Du bout des doigts, il s'essuyait le visage, dégouté, envoyait des goutes d’œuf sur le tapis en secouant les mains au dessus. Un frisson parcourrait son échine. Encore un faux pas et il craquerait. Encore un faux pas et Tears n'allait pas s'en remettre. Parce que les gifles partaient plus vite que les œufs. Et il réalisait que c'était le dernier œuf qui lui restait. Alors il espérait qu'il ne prenne pas le gruyère ou le lait pour le lui lancer ensuite dessus. Sa voix restait haute, élevée, parce qu'il était sur les nerfs. On voyait peut-être la veine qui gonflait sur sa tempe et qui battait. Personne ne pouvait le calmer si ce n'était lui seul. C'était bien rare qu'il soit ainsi. Mais trop d'accumulation menait souvent les gens à être dans leur état le plus pitoyable. Un peu un mode chaotique, si vous voyez ce que je veux dire. Il était dans ce mode là. Et le fait qu'il ne pouvait pas reculer le rendait encore plus en colère. Parce que s'il pouvait reculer, il avait pu aller jusqu'à la salle de bain et ça aurait passé en deux temps trois mouvements. Mais il ne pouvait pas. Alors il allait s'énerver. Lâcher le fond de sa pensée, s'expliquer peut-être à sa façon. C'était le grand suspens des moments d'énervement de Take. On ne savait jamais à quoi s'attendre.
« Je drague d'autres personnes parce qu'il faut bien que je fasse quelque chose puisque je ne peux pas te baiser, putain ! »
Il y avait toujours un peu de vulgarité lorsqu'il était énervé en mode Godzilla. Mais en gros, il venait de dire que draguer était une distraction et qu'on pouvait comparer ça à une partie de console de jeux. Une partie de Final Fantasy ou de GTA ou encore de Mario. Tous les jeux auxquels les gens jouent. Malheureusement, il n'avait pas de console, le pauvre enfant. Il n'en voyait pas l'utilité. Il n'avait jamais vu l'utilité d'une console. Au moins, on savait quoi lui acheter pour son anniversaire. Un grognement s'échappait de sa gorge alors qu'il allait dans la cuisine. En plus de ça, il avait fait tomber son thé. Take essuyait son visage et l’œuf qu'il avait sur ses habits comme il le pouvait. Mais il pensait qu'elles étaient fichues ses fringues. Elles qui étaient propres l'instant d'avant. Ça le faisait soupirer d'énervement mais en se nettoyant, il se calmait un peu... jusqu'à ce qu'il revienne et voit le thé sur le tapis en plus des goutes d’œuf. C'était sa journée.
« C'est pas que tu n'es pas désiré c'est que tu es trop pur ! Tu as une gueule de pur alors je ne peux pas ! ET EN PLUS T'ES BLOND ! (les blonds, c'est plus pur que les bruns, selon Take) J'y arriverais pas à te baiser pour le moment, j'me sens pas prêt. Puis oui, je me dis que tu restera toujours sagement là ! Mais je savais qu'un jour tu te rebellerais, que tu apprendrais que je drague d'autres hommes pour me distraire. »
Il enfonçait son visage dans ses main, à la fois gêné et pour tenter de calmer ses nerfs. Il soufflait doucement, calmement, fermait les yeux et ne pensait à rien. À rien avant de revenir avec tout pour nettoyer. Il s'agenouillait près de la table basse et l'essuyait avant de s'attaquer au tapis autant qu'il le pouvait. Take le nettoierait mieux demain. De toutes façons, là, il ne pouvait pas. La motivation n'était pas là. Il nettoyait pas comme il le faisait d'habitude, avec un empressement et une envie que se soit propre hors normes. C'était de l'automatisme pur et simple.
« Le thé n'était pas pour que tu fermes ta bouche et le câlin non plus. »
Un soupir, il s'attaquait au canapé qu'il essuyait un peu, puisqu'il avait des tâches de jaune d’œuf. Heureusement que le canapé était en cuir et non en tissu. Comme quoi, payer cher un meuble pouvait servir à quelque chose.
« Je voulais que tu restes et que tu te calme un peu. Mais ça n'a pas marché apparemment. »
Il passait un morceau de Sopalin propre sur ses cheveux, ne les ayant pas nettoyés en même temps que son visage. Il y avait donc du blanc d’œuf dans ses mèches brunes et ça les rendaient collantes et pégueuses. Chose qui le fit grimacer, comme si on avait uriné sur son crâne. C'était dégueulasse et assez humiliant. Dieu merci, ils n'étaient pas dehors.
« C'est bon, j'arrêterais tout ça. (aka draguer les hommes) C'est pas comme si c'était indispensable, par rapport à toi. »
Il grimaçait une dernière fois pour ses cheveux en observant le morceau d'essuie-tout et prenait la tasse où il avait mis son thé. Tasse qui s'était cassée en tombant. Et il trouvait ça triste qu'elle soit cassée parce que c'était sa tasse préféré. C'était la tasse qu'il prenait pour lui et, dans ses élan de bonté, qu'il donnait à Tears pour qu'il boive lui-même son thé. C'était une tasse importante. La première tasse qu'il avait acheté pour son chez lui. Une tasse qu'il allait devoir remplacer à son plus grand malheur. Pour Take, elle représentait un peu Tears. Rien que parce qu'il avait déjà bu dedans. Alors il ne se redressait pas, se contentant de l'observer entre ses doigts. Il s'était coupé en la ramassant mais se fichait pas mal de l'entaille. Ce n'était pas douloureux. Pas plus que leur dispute, en tout cas.
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Lun 24 Oct - 13:51
- PUTAIN TEARS !
Il y avait toujours ce moment où vous avez fait quelque chose, par impulsion, par coup de tête, par coup de cœur. Et les conséquences vous explosaient à la tronche comme une mine. Et vous vous disiez, bon dieu pourquoi j'ai fait ça, c'était vraiment trop con. Il ne savait même pas pourquoi il avait pris un œuf en premier lieu. Il avait juste voulu faire quelque chose, pas rester là, contre son mur. Faire quelque chose. Avoir une présence. Il l'avait regretté dès qu'il l'avait lancé, cet œuf. Il avait reculé d'un pas, un peu anxieux, un peu soucieux. L'insulte, il l'avait mérité. Mais il ne s'excuserait pas. Parce qu'il l'avait mérité, cet œuf. Alors même si Tears n'avait jamais pensé aller jusque là, au final c'était peut-être mieux. Il alla s'asseoir dans un fauteuil, dans un coin de la pièce. Dans un coin. Comme pour aller se punir lui-même. Regarder Take se dépatouiller avec son œuf, le voir frissonner de dégoût, en mettre plein le tapis. Il se mordit la lèvre. Puis regarda autre part. Histoire de dire qu'il s'en fichait. Que c'était bien fait pour lui. Les pieds sur le fauteuil, les bras croisés. Avec cette envie de rester énervé. Mais il n'y arrivait déjà plus. Il détestait ça. Il détestait s'adoucir quand il avait enfin réussi à se chauffer un peu la cervelle. Ça lui était souvent arrivé quand il était petit. Son père le grondait, alors il pleurait, il était fâché, Tears. Il se disait, si c'est comme ça, si c'est comme ça, je lui parlerait plus pendant trois jours. Et il s'imaginait ces trois jours, avec son père qui s’inquiétait, et lui qui était toujours très énervé. Et son père qui regrettait alors de l'avoir si durement puni. Qui venait s'excuser. En vrai, il ne tenait pas plus de deux heures, le petit Tears. C'était fatiguant d'être énervé, c'était épuisant. Plus exténuant que d'être triste. Être triste, il pouvait l'être pendant des mois. Être énervé, constamment, sans pause, ça rendait triste. Pourtant il n'avait pas envie de se calmer, il se disait bien que Take méritait bien qu'il soit irrité contre lui au moins trois jours. Il ne se voyait pas du tout, le lendemain, se comporter comme d'habitude. Pour une fois qu'il pouvait dire ce qu'il avait sur le cœur, pour une fois que ce qu'il disait avait un minimum de poids, il ne voulait pas que tout soit effacé demain.
- Je drague d'autres personnes parce qu'il faut bien que je fasse quelque chose puisque je ne peux pas te baiser, putain !
Il revint à ses esprits d'un coup, petit sursaut, au fond de son fauteuil. Il le regarda, un peu choqué, un peu désapprobateur. Jolis termes. Joli divertissement. Sachant que s'il draguait pour combler le manque de sexe, il n'allait pas aller bien loin. Entre faire l'amour et se faire offrir un verre, il y avait quand même un écart. Et c'était facile de deviner que quand cet écart sera trop intenable, il ne fera pas que draguer d'autres personnes. Il les "baisera". Mais surtout, ce qu'il ne comprenait pas, c'était pourquoi il avait besoin de compenser un manque de sexe. Pourquoi il avait besoin de compenser quoique ce soit. Et pourquoi cette idée était si atrocement vexante. Un mal de tête, il n'avait même pas envie de comprendre. Il n'avait même pas envie de comprendre. Il était irrité. A nouveau. Il était fatigué. De ne pas être assez. Ne pas peser sur le balance. Quelque chose qu'on a besoin de compenser. C'était un fait, on avait besoin de le compenser.
Il prit la boite de cure dents, dans le buffet, la boite qu'il avait laissée une fois, pour préparer des saucisses fromage bacon. Il prit les cures dents, il les prit un à un. Et les cassa, machinalement. En un maximum de petits morceaux par cure-dent. Le dos contre un accoudoir du fauteuil, les pieds contre l'autre. Take était parti chercher de quoi nettoyer le tapis. Il revint. Tears était tout à ses cure-dents. Il lui dit qu'il pouvait pas le baiser parce qu'il avait une gueule de pur. Tears cassa son cure-dent brutalement. Petit tas de bois sur son ventre. Si c'était pas lui dire qu'il était pas désirable. Il jetait un à un les minuscules bouts de bois par terre. Si c'était pas lui dire qu'il avait besoin de se distraire de sa vie de couple inexistante. Être pur, comme un gamin. Et les gens se sentaient responsables, de sa pureté. Et on met un contrôle parentale sur l'ordinateur, et un interdit au moins de 16ans sur la pochette DVD. Une pureté dont on se sent responsable. Et il n'était pas à un âge où il avait besoin de quelqu'un qui se sente responsable pour lui. Il avait passé cet âge là. Il ne le regardait pas, il regardait ses bouts de bois. Il savait que ça l'énerverait, plein de bouts de cure-dents cassés par terre. Il savait que ça l'énerverait. Take nettoyait le sol, l’œuf, le thé. Il lui disait que le thé et le câlin, c'était pas pour qu'il se la ferme. C'était pour qu'il se calme. Sérieusement. C'était pas un peu pareil, se la fermer et se calmer ? Il parlait parce qu'il était énervé. Il était énervé, donc il parlait. Il lui disait qu'il arrêterait tout ça. Il lui disait un truc mignon. Tears était pas d'humeur pour les trucs mignons. Il marmonnait, lentement. En jetant un à un ses cure-dents sur le parquet.
- Tu... tu te sens pas prêt hein ? … Tu... tu t'es fait... plein de gens... et moi... tu sors avec moi.. et... et faudrait quoi, que je me teigne les cheveux... pour que t-tu...
Il prit une autre poigné de cure-dents. Et commença à les casser, eux aussi. D'habitude les personnes, garçons ou filles, qui semblaient innocents, ça donnait plus envie de les salir un peu. Mais là, même pas. Même pas. Un murmure, faible.
- ... J'ai pas une tr-tronche qui donne envie... s-super.... c'est...
Et sa voix commençait à trembler, un peu. Ça faisait vraiment le cliché du mec pas satisfait de sa vie sexuelle, parce que sa femme l'excite pas, ou quelques autres raisons. Alors il va voir ailleurs. Et la femme est triste, et elle le supplie de lui faire l'amour. Et le mec dit non. Et nous, devant la télé, on trouve la femme vraiment ridicule et pathétique, à supplier pour que son mec veuille bien d'elle. A la voir pleurer aux pieds d'un type, toute débraillée, la morve au nez, à supplier pour qu'il veuille bien d'elle. A tous les coups, le personnage qu'on trouvait vraiment trop nul, c'était la femme. Alors qu'elle avait rien fait. Que c'était son mari, le connard, qui était allé voir ailleurs. Et il avait cette sensation là. D'être pathétique. Il l'était. Et surtout il avait l'impression d'être un poids pour lui. Il l'empêchait de draguer, de vivre sa vie, alors que lui... lui il n'était rien. De quel droit pouvait-il privé quelqu'un comme Take, de draguer plein de gens ? C'était son petit ami, pas sa mère.
- Je... j'ai pas envie... j'ai pas envie de devenir un fardeau p-pour toi... je... je suis déjà... surveillant... à l'orphelinat.... j'ai... j'ai pas envie de l'être aussi... dans ma vie privée...
Finalement il s'était levé, abandonna là les vestiges de son irritation, éparpillés sur le sol. Take saignait, la tasse était cassée. Elle ne lui disait rien, la tasse. Il arracha un bout de sopalin du rouleau, et le posa près de Take. Puis s'assit sur l'accoudoir du canapé, comme lorsqu'il était rentré. Pour remettre ses chaussures.
- Et je... je suis pas p-pur, mais... m-mais de toute façon... ce serait p-peut-être mieux qu'on arrête là... avant que... que t-tu sois déçu...
Parce que si on ne le fait pas, tu me tromperas. Et si on le fait, tu ne me verras plus comme la pure et gentille personne qui te plait tant. Et que je ne suis pas.
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Lun 24 Oct - 15:43
Ses yeux ne lâchaient pas la tasse. Il ne regardait pas son doigt, il ne regardait rien de vivant. De toutes façons il ne savait pas quoi regarder. Que pouvait-il regarder s'il ne pouvait pas regarder son copain ? Quand il n'avait rien a regarder, il regardait Tears. Enfin, même s'il avait quelque chose à regarder, il tournait toujours ses yeux vers lui. Ce serait me répéter de dire que Tears était celui qui comptait le plus et de refaire un topo la dessus. Mais Take frissonnait souvent à l'idée de ne plus l'avoir à ses cotés. Alors certes, ils n'avaient rien fait. Certes il lui avait dit que c'était une distraction. C'était une bien piètre distraction cela dit. Mais ça ne voulait pas dire qu'il ne le portait pas dans son cœur. Il avait l'impression de tout compliquer. Tears compliquait tout. Et lui aussi. C'était surtout lui et ses actes. Mais Tears prenait mal ce qu'il lui disait. Et c'était assez frustrant. Il ne se faisait pas comprendre. Il n'y arrivait pas. Take ne savait pas pourquoi il n'y arrivait pas. Il était sonné. L’œuf lui avait ramolli la cervelle.
« Tu... tu te sens pas prêt hein ? … Tu... tu t'es fait... plein de gens... et moi... tu sors avec moi.. et... et faudrait quoi, que je me teigne les cheveux... pour que t-tu... »
Non... ce n'était pas ça. Il avait faux, cette fois. Ce n'était pas une question de cheveux. C'était plus une question de façon d'être. Ceux avec qui il avait couché, on s'en fichait. Les remettre sur le tapis ne servait à rien. Eux, c'était du passé. Il pouvait très bien se passer de coucher. C'était bien pour cela qu'il restait avec Tears. Il ne ressentait pas cette envie insoutenable de lui faire l'amour. Il le désirait. Il le voulait. Mais ça allait. Il était où le mal à ne pas vouloir le faire encore ? C'était juste trop tôt dans sa tête. Tears était juste trop pur. Mais le fait qu'il ne le soit pas ou ne le soit plus n'était pas un problème en soit. Ça n'en était pas un. En fait, celui qui avait un problème c'était... Take. Il n'entendait pas son murmure. Mais ses yeux étaient finalement sur Tears. Il l'écoutait, cette fois. Plus que d'habitude.
« Je... j'ai pas envie... j'ai pas envie de devenir un fardeau p-pour toi... je... je suis déjà... surveillant... à l'orphelinat.... j'ai... j'ai pas envie de l'être aussi... dans ma vie privée... »
Il faisait non de la tête, Take. Parce que ce n'était pas vrai. Il ne l'était pas. Il n'allait pas le devenir, un fardeau. Il ne pouvait pas tout simplement parce qu'il avait de l'amour pour lui. C'était ceux pour qui il n'avait pas d'amour qui étaient des fardeaux. C'était eux qui devaient dégager. Pas lui. Surtout pas lui. Il ne pouvait pas.
« Et je... je suis pas p-pur, mais... m-mais de toute façon... ce serait p-peut-être mieux qu'on arrête là... avant que... que t-tu sois déçu... »
Son cœur se pinçait. Non, il ratait un battement peut-être ? En tout cas, il avait mal à cet endroit. Et pour la première fois de sa vie, il montrait une faiblesse. Take avait les larmes aux yeux alors que ça faisait plusieurs années que ça ne lui arrivait plus. Il n'avait les larmes aux yeux que quand on parlait de sa famille et de son père qui lui manquait. Et Tears venait d'entrer dans les gens qui le blessait, qui le rendait triste avec ses paroles. Il venait de transpercer Take. Et ça, c'était bien rare parce que personne n'y arrivait. On ne trouvait jamais ses points faibles ou des sujets assez durs pour lui faire du mal. Il fallait peut-être lui donner un oscar. Take avait mal. Et il avait même envie de vomir à cause de ce mal. Il regardait le sopalin qu'avait posé Tears près de lui. Il se disait que ce serait la seule chose qui lui resterait de lui s'ils rompaient. Il observait ensuite le blond remettre ses chaussures. Il allait s'en aller. Il allait s'en aller et il ne le voulait pas. Alors il déposait la tasse sur la table basse, se relevait et allait fermer la porte à clés, restant devant pour lui barrer la route au cas où il voudrait s'enfuir. Ses larmes ne coulaient pas. Ça allait enfoncer son malêtre.
« Je refuse. »
Il était catégorique. Il était sérieux. Il était limite désespéré. C'était plus le Take grande gueule. C'était plus le Take qui s'énervait pour l'oeuf ou pour le thé. Il n'avait même pas remarqué les bouts de cure dents sur le sol. Et même s'il les avaient remarqués, il n'allait rien en faire. S'énerver, ce n'était pas possible. C'était juste... des morceaux qui faisaient partie du sol. Ce n'était rien. Rien de contrariant. Juste des morceaux de l'énervement de Tears. Des morceaux du cerveau de Take. Des morceaux de son cœur peut-être aussi ? Non, pas à ce point.
« Je ne veux pas. Et je ne te laisserais pas. Même si tu mériterais mieux que moi, je ne peux pas te laisser faire. Parce que je t'aime, c'est tout. »
L'égoïsme qui reprenait le dessus. Mais sa voix qui tremblait n'était pas habituelle. Comme s'il avait peur. Et il avait peur, Take, que Tears le laisse. Alors il continuait de faire barrage. Il continuait sans se soucier d'un de ses yeux qui commençait à relâcher l'eau salée. Mais aussitôt sentie quelques minutes après, il s'essuyait la joue de sa manche. Il se sentait petit, jeune et crétin. Assez nul et humilié. Et sa tête continuait de se secouer négativement pour lui dire clairement qu'il n'acceptait rien de tout ça. Qu'il n'acceptait pas ses paroles.
« Il... il faudrait que je fasse quoi pour que tu restes avec moi, Tears ? »
Il s'appuyait sur la porte comme si il avait peur qu'elle tombe ou qu'elle s'approche trop du blond. Ses bras entouraient ses cotes. Et ses yeux ne relâchaient pas Tears. Pas une seconde. Pas pour l'attendrir, pas pour lui faire de la peine. Mais seulement pour appuyer ses propos, pour qu'il les prenne au sérieux. S'il se faisait remballer, s'il se faisait envoyer chier, son cœur n'allait pas tenir. Il allait craquer. Et quand il craquait, il redevenait un enfant.
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Mer 26 Oct - 11:52
Ce dont il avait besoin Tears, c'était se sentir vivant. Se sentir abîme, passionné, déchiré. Un peu de folie. Sentir que tout pouvait arriver, sentir que rien n'était jamais bouclé. Un peu de cette sensation de première fois. Ce qu'il voulait était brutal. Emporté. Qu'on le porte jusqu'au bureau. Bruissement de feuilles. Impact des crayons par terre. Qu'on l'embrasse, les mains sur ses reins. Marcher sur un oursin. Sortir de l'eau en boitant. On lui retire l'épine avec la bouche. Sous la douche. Sous la pluie. Dans un champs de mais. Les mains liées. Contre le paquet. Et qu'on le morde. Qu'embrasser ne suffisse pas. Qu'on le morde. Qu'on le surprenne. Des pulsions. Des post-it sur le frigo. Des coups de téléphone pour rien. Des baisers le long du dos. Une envie de se lever le matin. Se déshabiller à coup de ciseaux. Un pyjama en lin. Des glaçons sur la peau. La lueur du soleil à travers les rideaux fins. Il ne voulait pas qu'on le traite en princesse, il ne voulait pas qu'on le traite comme s'il avait cinq ans. Mais il ne voulait pas non plus tout construire, se sentir responsable, se sentir surveillant, s'occuper d'un enfant. Il voulait juste pas être un objet dont on s'apercevait de la valeur seulement quand on était sur le point de le perdre. Il ne voulait pas être un végétal auquel on mettait un peu d'eau de temps en temps, en se disant qu'il survivra. Il ne voulait pas être un animal qui servait juste à ne pas se sentir trop seul. Et qui attendait toujours sagement à la maison. Deux caresses derrière l'oreille et c'était bon.
Tears, l'Emma de son temps. Si elle lisait trop de livres, il voyait trop de films. Ceux qui voulaient vous faire croire que dans les six milliards personnes habitants sur terre, il y en aura une qui comblerait tout votre être. Mais les gens se croisaient dans la rue sans se voir. Mais les gens se parlaient sans s'écouter. Sans jamais s'écouter. Et il ne se sentait pas combler. Il se sentait morose. Et même les "je t'aime" ne lui faisaient plus rien. Alors il se sentait mal, à le voir se tenir à la porte. Alors que lui laçait ses chaussures. Totalement abattu. Parce qu'il savait qu'il n'aurait jamais ce qu'il voudrait. Que ça ne lui arrivera jamais, ce qu'on lit dans les livres et ce qu'on voit dans les films. Qu'il préférerait toujours les rêvasseries à la réalité. La tête totalement engloutie dans ses chimères et ses fantasmes. Ce n'était même pas une histoire de mérites. Ils n'allaient juste pas bien ensemble. Ils se restreignaient l'un et l'autre. Ils s’écrasaient, s'étouffaient, suffoquaient. Cette relation n'était qu'une asphyxie généralisée. Take avait besoin de draguer, c'était un fait. Et Tears préférerait toujours le rêve à la réalité. Il laçait ses chaussures lentement. Un certain mal à respirer. Take lui demanda ce qu'il faudrait faire pour qu'il reste. Et lui, lui il savait que même s'il faisait tout son possible, Take, cette relation n'avancera sans doute jamais. Parce qu'ils faisaient du sur-place, continuellement. Mais ce n'était pas un bourreau Tears. Jamais de lui-même, il ne pourrait finir une relation. Même s'il le voulait de tout son cœur, il aura toujours besoin d'un accord commun. Et qu'on le jette. Mais lui, tout seul, il ne pouvait rien faire. Il était faible, il était impuissant. Il était horriblement lâche. Il l'avait toujours été, d'une lâcheté dégoûtante. Il savait qu'il n'y arriverait pas. Ce serait sûrement mieux pour eux-deux, mais il n'y arriverait pas tout seul. D'un pas timide, les mains dans les poches, évasif et perdu, il s’avança vers lui. Et n'osait à peine lever les yeux.
- Que... tu me plaques... contre le mur... et que tu m'embrasses... passionnément..
Bruyante déglutition. Le dernier mot murmuré d'une voix cassée et tremblante.
Dernière édition par Tears le Lun 14 Nov - 17:19, édité 1 fois
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Mer 26 Oct - 18:16
Des pulsions, il en avait. Il ne les assouvissait simplement pas encore. Mais il y avait bien un moment où il allait craquer et où il allait le laisser se sentir vivant. Des surprises, ce n'était pas dit qu'il n'en aurait jamais. Des pulsions ça ne vient pas sur commande. Chez Take ce n'était pas instantané, ça ne venait pas obligatoirement dès le matin, ça ne venait pas quand il le voulait. Ça venait simplement lorsqu'il ne s'y attendait pas. Quand il claquait les fesses de Tears, c'était une pulsion. Lorsqu'il le touchait du bout du doigts, c'était une pulsion. Lorsqu'il l'embrassait dans le cou, c'était une pulsion. Lorsqu'il se collait à lui dans le lit, c'était une pulsion. Lorsqu'il glissait sa main sur sa hanche, c'était une pulsion. Ça venait petit à petit, c'était comme ça. Mais s'il était trop long, il fallait le dire. S'il était trop long il fallait le lui crier dessus. Parce que Take allait à son rythme et ne faisait pas ce que voulait Tears. Dans un sens, il ne savait pas ce qu'il voulait. Comment pouvait-il savoir qu'il voulait se sentir vivant, qu'il voulait de la passion et de l'inattendu ? Lui qui était calculateur, ce n'était pas gagné. Mais même en étant calculateur il y a avait des choses qu'il faisait sans qu'on le lui demande. Même si c'était rare, il fallait l'admettre. Mais les surprises, il connaissait, il savait y faire. Mais sans avoir pris la peine d'analyser Tears ou de lui demander ce qu'il voulait pour leur vie de couple, c'était raté, il n'allait rien faire. La routine. Je me réveille auprès de toi, je t'embrasse la joue si tu dors encore et je me lève faire le petit déjeuné. Je te l'apporte au lit si je trouve le plateau sinon je te réveille et tu viens manger. Puis l'après-midi soit on regarde un DVD, soit on sort et où tu veux. C'était ça la routine. Et c'était niais tout en étant nul. Les routines en général, ce n'est pas très intéressant et au contraire c'est assez blasant. Mais lui... lui il s'en fichait des routines moches et clichées. Tout lui convenait. De toutes façons, rien que sa vie à l'orphelinat était une routine. Il avait l'habitude. Tears rajoutait juste une routine de week-end et de fin de journée. Mais dès qu'il le croisait à l'orphelinat, il ne pouvait pas s'empêcher de le toucher ou de l'embrasser. Parce qu'il le voyait moins. Peut-être devraient-ils moins se voir pour qu'il ait plus de pulsions ? Non. Il ne voulait pas. C'était impossible. Sans sa dose quotidienne de Tears, Take allait péter un plomb. Il restait toujours autant appuyé contre la porte lorsque le blond s'était levé... lorsqu'il s'était approché sans le regarder. Ses lacets étaient faits, il avait les mains dans les poches et il était comme hésitant en avançant. Timide. Et de ce fait, il fixait les pieds de Tears, ses lacets qui rebondissaient à chaque pas qu'il faisait. Tiens, ses chaussures étaient jolies. Il n'avait jamais fait attention à ce qu'il portait aux pieds. … comme si ça l'importait réellement de savoir ce qu'il portait aux pieds en temps normal.
« Que... tu me plaques... contre le mur... et que tu m'embrasses... passionnément.. »
Là, il restait bête et assez étonné. Reprenons depuis le début. Il l'avait envoyé chier. Il l'avait trompé en draguant d'autres personnes. Tears voulait le jeter. Il avait refusé et il lui avait demandé ce qu'il pouvait faire pour qu'il reste avec lui et... il lui demandait un baiser passionné. Alors c'était assez inattendu. Tears avait le chic pour être inattendu. Et à part rester con pendant quelques secondes, il ne pouvait rien faire d'autres. En plus, il avait dégluti. Alors est-ce qu'il voulait réellement qu'il le fasse ? Peut-être qu'il hésitait, Tears. Et ce serait normal qu'il hésite puisque Take était totalement à coté de la plaque et était redevenu un pseudo-gosse de vingt-quatre ans. Oui, il avait vingt-quatre ans et on aurait dit qu'il en avait quatorze. C'était atroce. Il trouvait ça atroce. En plus, ses yeux étaient rouges et le brûlaient. Il détestait ça. Tout ce qui touchait a ses yeux, il détestait. Mais, de toutes façons, c'était rare que Take aime quelque chose. À part l'humain, Take n'aime rien. À part Tears, Take n'aime rien. À part les chats, Take n'aime rien. À part les bœufs bourguignons, Take n'aime rien. À part les fringues et l'argent, Take n'aime rien. L'instant d'après il s'approchait du blond dangereusement. Pas lentement. Plutôt rapidement, attrapant ses poignets et le tournant pour la plaquer à la porte. Pendant un moment, il le regardait dans les yeux, les lèvres entrouvertes, désirant mélanger les deux souffles. Take n'allait pas se montrer violent, même s'il aimait bien ça. De toutes les relations qu'il avait eu il ne s'était jamais montré violent. Peut-être qu'avec Tears, il le serait. Mais pas maintenant. Maintenant il devait lui faire ressentir l'amour qu'il avait pour lui. Il voulait le garder avec lui. Et dieu savait qu'il serait prêt à tout, même à tuer quelqu'un. Alors il l'embrassait à pleine bouche, passionnément, cherchant sa langue pour s'amuser avec sensuellement. Il savait si bien le faire, enrouler les langues, les faire danser, leur faire faire l'amour, d'une certaine façon. Il savait être sensuel et là il l'était. Ses mains qui maintenait ses poignets s'étaient posées sur ses hanches pour le ramener un peu vers lui. L'une d'elle, au bout d'un moment, allait sur sa nuque pour accentuer un peu plus le baiser. Take ne stoppait le baiser que lorsqu'il était à bout de souffle. Et même lorsqu'il le reprenait, il lui en offrait encore une ribambelle. Comme si c'était la dernière fois. Tout simplement parce qu'il avait peur que ce le soit. En tout cas, il ne trouvait pas approprié de toucher Tears plus intimement que ses hanches. Il voyageait peut-être dans son dos. Le creux de ses reins , les hanches, les omoplates, la colonne vertébrale et le fessier mais rien d'autre pendant ses baisers. Inapproprié, ce n'était pas le moment de vouloir le prendre. Pas maintenant. Même si c'était drôlement tentant. À la fin, Take l'enlaçait sincèrement, le front appuyé sur son épaule. Là, il se sentait bien. Contre le corps de son amant. Contre le corps de son copain. Contre le corps de son copain qu'il enchainait à lui. Et qui ne pourrait pas s'enfuir. Take laissait un silence dans la pièce, dans l'appartement. Il n'avait rien à dire. Il ne pouvait rien dire. Tout ce qu'il pouvait faire c'était lui violer les lèvres encore une fois.
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Sujet: Re: In your head, zombie (Take) Lun 14 Nov - 17:12
Il aurait aimé être un adolescent à nouveau. Ou peut-être qu'il ne l'avait jamais été. Il aurait aimé l'avoir été. Il aurait aimé l'avoir vécu, son adolescence. Mais il avait toujours été un peu en retard, Tears. Il avait toujours été un peu lent. La malédiction de ceux qui prennent leur temps. On ratait une étape, on essayait de la rattraper, de se rattraper. Mais le temps de faire ce que tout le monde avait déjà fait, d'être ce que tout le monde était déjà, ils avaient déjà avancés, les autres. Ils étaient déjà quelqu'un d'autre. Ils étaient rapides. Le temps que Tears mettait à essayer d'être leurs égales, ils était déjà loin, à nouveau. Et il fallait les rattraper, à nouveau. Et on prenait encore du retard. A vingt-sept ans il ressentait enfin les désirs de quelqu'un de vingt ans. Trop tard. Beaucoup trop tard. A la masse, une masse, lourde, pesante, dont on se lasse. Facilement. Il avait envie de fuguer, de trainer. D'envoyer chier tout le monde. Il avait envie de manger des croissants à midi, de la pizza à minuit. Partir en Écosse, camper près d'un lac. Des envies à foison.
On l'embrassait. Il avait envie de répondre, de le traîner au lit, de se faire traîner au lit. Ou même pas, pas besoin, faisons le contre la porte. Qu'on s'emporte. Mais il savait qu'il ne pouvait pas. Qu'il se ferait rejeté. Pour une fois qu'il avait des pulsions, qu'il avait des envies soudaines et l'énergie de les réaliser, il ne pouvait pas. Il avait l'impression qu'il n'avait jamais pu. Jamais pu s'accomplir pleinement, il avait toujours été si lent. Dos contre la porte, il voulait qu'on lui saisisse les cuisses, qu'on glisse une main au creux de l'un de ses genoux, et qu'on le remonte, contre les hanches de Take. Il voulait une main contre ses fesses, avec ferveur. Mais elles n'allaient jamais plus loin que les hanches. Il mordilla la lèvre inférieure de Take avec frustration, Tears. La frustration, il en avait conscience. Il se la mangeait en plein dans la face. Un mur de ronce dans sa course. Il en avait presque honte, d'éprouver ces envies. Les lèvres dévorées, une main sur ses reins, si près de ses fesses, mais l'impression d'être à la messe. Il se sentait un peu mal, d'obliger un homme à réaliser des envies qui n'étaient pas les siennes, l'obliger à l'embrasser comme ça, et aimer un peu trop ça. Surtout les mains. C'était malsain. Il se sentait mal, mais bientôt il se laissa complètement fondre, les mains pendues à sa nuque, se laissant aller dans ses bras. Un temps d'arrêt, et on reprenait. Il en aurait presque mal à la mâchoire si seulement il avait conscience de quelque chose d'autre que ces lèvres, ces mains, tout contre lui. Les oreilles légèrement rouges, les yeux fermés, totalement écrasé sous une passion qui lui faisait un bien fou. Il resserra ses bras autour de son cou. Sur la pointe des pieds. Transporté. Il avait presque tout oublier. Oublier qu'il avait besoin de plus. Une tête contre son épaule. Il se souvint. On l'embrassa à nouveau. Il le poussa lentement, avec tendresse. Un petit soupire.
Il savait qu'il ne pourrait pas arrêter ça tout seul. Il savait qu'ils s'emprisonnaient tous les deux dans un quotidien sécurisant, mais mortifère. Petit enfer paradisiaque. Il savait qu'ils allaient passer leur temps à chercher quoi se raconter, à chercher quoi faire, à chercher un peu de bonheur. Le gratter du bout des ongles sur la surface rouillée d'un couple qui n'a plus rien à partager. Rester ensemble, juste pour se dire qu'on est pas seul, juste pour ne pas se sentir trop seul. Et on se condamnait, petit bunker dans lequel on manquait d'air, de jour en jour. Et on échappait à l'explosion nucléaire, on survivait à la menace contre laquelle on s'était préparé. Mais on mourrait à cause de notre simple existence et celle de l'autre. Manque d'air. Besoin tellement essentielle... on l'oubliait tellement vite. On évitait les dangers, la solitude, la trop grande passion destructrice, la séparation suivant celle-ci. Et on oubliait totalement l'air, le besoin d'air. La sécurité était un facteur de destruction. Lente et douloureuse. Il y préférait presque l'explosion, Tears. Il avait toujours été un peu en retard. A son âge, c'était la sécurité. Mais il avait toujours été un peu lent, avec ses envies d'adolescent. Il préférait l'explosion. Mais il était encore trop faible pour la créer tout seul.
- On se voit lundi... comme d'habitude.
Comme d'habitude. Il ouvrit la porte et sortit. Cette dispute n'avait été qu'une pause dans la longue léthargie de leurs jours ensemble.