- J'aime beaucoup tes cheveux. Ils… captent la lumière.
C'est fou, ce que j'aime sortir ce genre de conneries en pleine conversation. À des filles c'est encore plus jouissif, parce qu'il faut avouer qu'elle sont plus sensibles aux compliments sur leur physique que les garçons. C'est plus facile de dire "t'es belle" à la première venue que "t'es intelligente", en plus. Regardez-moi ça. Qu'est-ce qu'elles croient toutes, en se dandinant, en se remettant du rouge devant le miroir des toilettes, franchement ? Les filles sont toutes les mêmes et elles ne servent à rien. À part à pleurer en public dans les bras de leurs copains ignares et stupides. C'est pour ça qu'il faut les prendre pour des connes, c'est pour ça que je les prends pour des connes, c'est pour ça que je me fous d'elle, que je me fous de la gueule du monde entier. Que je leur fais croire que je les aime tous, pour qu'ils m'aiment. Tout le monde devrait m'aimer. Je suis destinée à l'être de toute façon ; je dois être aimée, c'est comme ça, pas autrement. Il y a des gens qui devront passer toute leur vie dans la misère, d'autres qui deviendront riches et admirés par leurs collègues, moi je suis venue au monde pour être adulée par les êtres qui m'entourent, et c'est tout, c'est comme ça. Revenons-en à ma conversation. J'ai encore foutu un blanc, plus personne ne dit rien à la table où je suis. Je suis peut-être hors sujet mais ça faisait un bail que j'attendais le moment pour sortir ce compliment là à la jolie brune en face de moi. Automatiquement le rictus quasi-permanent que j'ai aux lèvres s'élargit et je fais tout mon possible pour que ce dernier soit rayonnant et chaleureux. Je la fixe elle et je ne regarde personne d'autre, je veux, j'exige qu'elle se sente concernée par ce que je viens de lui dire. Bien sûr que non, trésor, tes cheveux ne captent rien du tout ; le blond des miens absorbe toute la lumière du soleil. Bien sûr que non, poussin, je n'aime pas tes cheveux ; je pourrais te crever sur place rien que parce que tu es brune. Bien sûr que oui, connasse, j'ai oublié ton prénom, comme j'ai oublié tous les autres, comme j'ai oublié de quoi tu m'as parlé il y a trente secondes, comme j'oublierai tout ce que tu me diras. Aujourd'hui je suis ta meilleure amie et demain pouf, plus rien, envolée Narcisa ; tu ne me verras plus.
- … Merci Neither, c'est gentil.
J'adore parler aux gens. J'aime les écouter d'abord, puis ensuite leur parler, leur dire ce que je pense de telle ou telle chose. Et pourtant je sais qu'aucun d'eux n'a d'importance, parce qu'il n'y a que moi qui en ai. En fait je pense que j'aime parler aux filles, les comprendre et les rassurer pour mieux pouvoir les surveiller. Chacune d'entre elles représente une menace. Elles sont toutes dangereuses, chaque femme, chaque fillette, chaque grand-mère a (malheureusement pour ma gueule) un potentiel de séduction féminine plus ou moins important. Et ça, ça c'est vraiment mal. À chaque seconde, l'une d'elle peut se mettre à lui tourner autour, lui parler, le regarder de loin, et rien que d'y penser, j'ai envie de vomir. Bien sûr que non, je ne peux pas toutes les contrôler, non. Mais je veux parler avec chacune d'entre elle au moins une fois pour savoir, savoir si elle serait susceptible de lui plaire ou non, c'est très important pour moi, les filles ; c'est très dangereux.
- De rien, j'avais envie de te le dire.
Je ne mens même pas. Parfois je suis triste pour moi, parce qu'être convaincante, faire en sorte que les autres aient confiance en ma personne est extrêmement difficile. Les gens ne sont pas toujours aussi stupides qu'on le pense, à mon grand dam. Ma tâche quotidienne n'a rien de facile, d'autant plus que je possède une tare trop peu discrète à mon goût. Je sais bien qu'ils remarquent tous, ces petits cons, quand je m'arrête pour me regarder dans un miroir, quand mon reflet me fait de l'oeil dans un récipient en métal, où même dans une petite cuillère. Je sais bien qu'ils voient. Et ô combien cela est difficile, de pratiquer la fausse modestie quand on s'appelle Narcisa et qu'on porte bien son prénom. De lancer un petit "oh, que je suis laide !" alors que je n'ai jamais pensé ça de ma vie. Au moins je suis honnête avec moi-même, je l'avoue - je me l'avoue - que je m'aime. Un peu trop. Mais ça, presque personne ne le sait, et heureusement, sinon ce serait foutu. Je serais foutue, c'est tout. En fait, je pense que sur Terre, il y a les filles, les garçons, et moi. Moi je suis au dessus de tout le monde, puisque je suis mieux. J'ai tous les avantages d'une fille et d'un garçon à la fois.
- Et sinon ton frère, il va bien ? Tu sais que j'ai une amie qui le trouve mignon ? Tu pourrais lui en parler ?
Parfois il doit sûrement il y avoir une profonde envie, là, à vous aussi, qui vous prend aux tripes, et qui vous donne envie de tout balancer, de tout détruire autour de vous et d'étrangler sauvagement la personne qui est en train de vous parler. Cette envie là, cette sensation extrême dirais-je même, je la ressens souvent, trop souvent à mon goût. Mais je me canalise parce que je sais rester digne, parce que sinon nous ne serions pas sept milliards d'humains habitant sur cette chère planète - et non non je n'exagère pas. Enfin je la maîtrise, mais pas pour très longtemps, c'est pour ça que je me lève, assez précipitamment, que je lance un petit "non désolée" étouffé et que je cours m'enfermer dans les toilettes. Et une fois arrivée dans cet endroit fermé et vide, je hurle, je pleure bruyamment et ridiculement comme une putain de gamine capricieuse, je tape sur tout ce que je vois, j'hyperventile un peu, dans le pire des cas je vomis. Ensuite je ressors, après avoir pris le temps de me recoiffer et d'essuyer les larmes sur mes joues. Enfin je retourne en cours, je souris, j'essaie de fermer ma gueule, et je fais comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Même si il m'énerve. Et il le sait très bien. Trop bien. Mon frère est un con.
En fait, je pense qu'il y a deux catégories de personnes sur Terre : le monde, ou les gens, ou les autres, et Andrea Cerqueira, dit Ace.
Too late, I already found what I was looking for
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Définissez vous en une phrase.
Dans un souci d'objectivité, je pense qu'il faudrait poser la question à mes amis…
Vous offrirez quoi à Noël à votre meilleur ennemi ?
Une corde.
Parmi ces livres ci-dessous, lequel serait le plus susceptible d'être votre livre de chevet ?
Totem et Tabou de Sigmund Freud.
Ce que vous devez impérativement arrêter de dire. Sérieusement.
« Je comprends ce que tu ressens... »
La petite manie dont vous vous passerez bien ?
Faire des private jokes.
Il y a forcément quelque chose que vous auriez dû faire depuis longtemps et n'avez toujours pas fait.
Lécher les bottes du professeur pour m'accorder un délai supplémentaire si j'ai pas la flemme...
You can't say we're satisfied
The only thing you can rely on Is that you can't rely on anything
Ça dure depuis si longtemps. Ça date pas d'hier, ni d'aujourd'hui, non. Je me souviens même du jour où j'ai vraiment réalisé que ce serait lui, lui et personne d'autre. J'avais sept ans, et pour la première fois j'invitais une de mes copines à venir passer l'après-midi à la maison, pour qu'on fasse un exposé ensemble. Elle est venue, et moi j'étais si contente, j'ai toujours adoré avoir des "amis". On s'est assises sur le canapé du salon quand on eut fini, et puis on a regardé des dessins animés. Au bout d'une demi-heure, Andrea est arrivé et m'a demandé où est-ce que j'avais mis le pull que je lui avais emprunté. Je lui ai répondu qu'il n'avait qu'à le chercher dans ma chambre, ou que je ne savais plus, ou quelque chose dans le genre. Et alors il est reparti, et j'ai à nouveau posé mon regard sur l'écran de la télévision. Puis j'ai entendu un rire de petite fille, un rire un peu comme le miens, et j'ai brusquement tourné la tête vers celle que je croyais être mon amie, mais qui n'était rien d'autre qu'une sale petite traitresse, une future petite pute. Je lui ai alors demandé avec toute la simplicité du monde d'où venait ce rire, et elle a fait l'erreur de me répondre par une autre question qui confirma bizarrement mes doutes.
— On peut aller jouer avec ton frère ?
Ma réponse allait être claire, nette, précise, catégorique, négative, et surtout pleine de sérieux. Je voulais à tout prix mettre fin à cette euphorie ridicule et dont la provenance me mettait déjà dans un état de rage assez hallucinant.
— Non. — Pourquoi ? — Parce que.
Je grognais intérieurement en voyant sa mine contrariée. Elle crevait d'envie de le revoir, ça se sentait ; c'était presque écrit sur son front, dans son regard, partout. Une seule envie me démangeait, celle de la foutre dehors en hurlant. Mais quelque chose m'en empêchait, étrangement. Peut-être mon âge, mon ignorance face au monde qui ne voulait s'en prendre qu'à moi, qui ne cessait de le convoiter lui. J'aurais préféré que ce soit le contraire, que ce soit moi qui soit enviée, et d'ailleurs c'aurait été normal, vu que j'ai parfaitement conscience que j'ai toujours été plus belle, plus aimable, plus saine, plus intelligente que mon frère. Enfin non : techniquement, pour de dernier point, il l'est plus que moi. Mais le QI n'est qu'un chiffre. Ça ne prouve rien, rien du tout. J'ai fini par aller bouder dans ma chambre ce jour là, avec toute la dignité dont peut faire preuve une gamine de sept ans d'âge, et la copine de classe présumée a fini par partir de son plein gré. Pendant toute mon enfance, j'ai été très bête, en me jurant de ne plus jamais parler aux autres par peur que quelque chose comme ça se reproduise. Mais j'ai bien vite compris que ne jamais parler aux personnes qui m'entouraient était impossible, et j'ai donc pris la sage décision - et j'étais déjà très futée à cet âge là - de faire "comme si". Comme si je les aimais bien, comme si c'était tous mes amis, comme si je leur souriais vraiment avec le cœur. Enfin, j'ai du comprendre ça en milieu d'adolescence. Mais la période n'est pas très importante, on s'en fiche même complètement vrai dire ; le plus important, c'est que j'ai pu trouver comment tout ce bordel fonctionnait.
Mais ces dures journées passées à me battre seule contre le monde entier, je les oubliais vite le soir, quand j'allais me glisser sous ses draps. Je vérifiais que tout le monde dormait profondément dans la grande maison, j'ouvrais lentement la porte de ma chambre, puis je venais me coller à lui, je venais l'étouffer de toutes mes forces. Je savais bien que ça l'empêchait de dormir, mais je m'en fichais. Et puis je me disais que j'avais de la chance, parce que j'étais la seule petite fille du monde à habiter dans la même maison que mon amoureux. Dieu, que j'étais conne. Mais c'était bien, et ça aurait du rester comme ça.
Always stays the same Nothing ever changes English summer rain Seems 2 last 4 ages
Maintenant je regrette tellement. L'Angleterre est sûrement le pays le plus laid de la terre entière. Pourtant quand nous l'avions visité, lorsque j'étais plus jeune, j'avais trouvé ça joli, même si il y faisait très froid. J'ai toujours détesté la neige, le vent glacial, la pluie toute grise, même si à la fin on finit par s'y habituer. Mais j'étais avec Andrea, j'étais encore tout le temps avec lui. On pouvait me trimballer n'importe où et je m'émerveillais devant n'importe quoi, tant que je pouvais encore sentir sa présence à côté de moi. Je savais que j'aurais dû être plus discrète, surtout devant elle, devant ma mère. Ça ne m'étonnait pas qu'elle soit née à Londres, cette foutue ville est aussi moche et puante qu'elle. Avec le recul de mon âge, je me dis que je ne l'ai jamais aimée. Déjà, parce que c'était sa mère à lui, et qu'elle était censée l'aimer plus que n'importe quelle autre fille. Et je ne pouvais pas accepter ça, c'était complètement faut, information erronée, faute de frappe ; c'était moi qui l'aimais le plus et c'est moi qui aurais toujours la première place. Depuis que j'étais née ma mère était ma principale rivale, et j'étais aussi la sienne. Au moins je sais d'où vient ma jalousie, parce qu'elle m'a toujours enviée, elle m'en a toujours voulu d'être aussi proche du frère qu'elle m'avait donné de bonne grâce. Bien sûr, elle ne l'a jamais exprimé clairement, mais je le savais. Et même que j'ai toujours tout fait pour la rendre encore plus jalouse, pour lui montrer qu'il me préférait à elle. Grave erreur. Ces deux cons de parents ont fini par divorcer, et en deux jours à peine c'était fini. Tout ça s'est passé tellement vite. J'ai pas compris ma vie, comme qui dirait. Douze ans passés tranquillement en Italie, avec Andrea à porter de main, une grande maison, un père absent, et une mère à emmerder presque ouvertement. Je ne pouvais pas espérer mieux, et pourtant je ne me rendais pas vraiment compte de la chance que j'avais. Même si plus j'enchainais les anniversaires, plus je souffrais. J'avais du mal à me rendre compte que des personnes passent leur vie à chercher une certaine "âme soeur" et que la mienne était juste sous mon toit. Du même sang que moi. De la même lignée, de la même famille. C'est violent à admettre tout de même.
Mais Londres, c'est terrible. Au sens propre du terme, vraiment. Je déteste le métro, je déteste mon uniforme, je déteste mon école, je déteste les gens dans la rue là bas, je déteste le climat, je déteste la nourriture. Parfois, je sors de l'appartement, et je marche dans la rue, longtemps ; j'erre sans but précis. Parfois je me fais agresser, parce que j'ai l'air fragile, et je cherche la merde avec les gens qui m'abordent, comme ça, pour rien, mon instinct de survie se barre en courant, bizarrement. Puis quand je suis fatiguée, je m'assois sur un banc et je regarde les gens défiler devant moi. Jusqu'à ce que je trouve quelqu'un qui lui ressemble. Un brun, assez grand, n'importe quoi, même des blonds, même des filles parfois. Je regarde attentivement, je cherche quelqu'un qui aurait au moins son allure, rien que ça. Puis je cours, je cours jusqu'à la personne que j'ai trouvée, et je m'arrête à quelques mètres d'elle, essoufflée, comme sortie d'un cauchemar. Non, ce n'est pas lui, ce n'est toujours pas lui, parce qu'il n'est pas là, il est trop loin. Ensuite je rentre et je fais une tête abominable, et parfois même je ne mange pas, pour ne pas voir sa tête à elle, pour ne pas voir le beau-père provisoire qu'elle m'a ramenée. J'aurais voulu que ce soit le contraire, j'aurais voulu que ce soit moi qui reste là bas et lui qui vienne dans cette infâme fourmilière. C'est lui qui devrait subir à ma place, c'est lui le plus grand. D'autant plus qu'Emily a toujours eu du mal à me supporter, il aurait été logique qu'elle l'emmène avec elle. Peut-être a-t-elle fait exprès, parce qu'elle savait que je détesterais notre nouveau mode de vie. Je ne sais pas.
Ça fait à peine deux ans que je dois supporter cette espèce de grande d'île un peu coupée du contient, et pourtant j'ai l'impression que je me traine ici depuis des siècles. Le temps ne passe jamais assez vite sans lui. Dire qu'il me manque serait risible tellement ce verbe est infiniment petit par rapport au vide que je ressens en moi. On m'a arraché une partie de mon corps, de mon âme ; et ça saigne, et ça fait mal. En cours, je n'écoute rien, et je passe mon temps à m'imaginer ce qu'il est en train de faire pendant que moi je me meurs dans cette ville pourrie. Je passe mon temps à avoir peur, peur qu'il soit avec une autre fille, qu'il se soit trouvé une… copine, quelque chose comme ça. Mes résultats chutent, je n'essaie même plus de rattraper mes cours en copiant sur les autres, mais je m'en fiche. Dans deux semaines, c'est les vacances, et j'ai réussi à convaincre Emily de me payer mon billet d'avion. En revanche, je n'ai pas compris pourquoi cette fois, elle veut venir avec moi. En plus on part pour une certaine période, vu que c'est la grandes vacances.
I'd freeze us both in time And find a brand new way of seeing Your eyes forever glued to mine
Comme d'habitude, quand je rentre à Florence, je vais déposer mes bagages dans ma chambre. Mais cette fois-ci l'heure de trajet en taxi qui relit la maison à l'aéroport a été encore plus interminable que d'habitude, vu qu'il y avait Emily avec moi. Mais c'est bon, j'en suis débarrassée, elle est à l'hôtel de la ville la plus proche maintenant, et on va pouvoir se foutre la paix mutuellement jusqu'à demain. Ça me fait un peu bizarre parce qu'il fait nuit noire, étant donné qu'on a pris un vol de nuit à cause de l'ex Madame Cerqueira qui travaillait toute la journée.
Mais enfin, enfin bordel je suis arrivée. Ça fait des mois que j'attends de revenir ici. Je retrouve l'odeur de la maison, de notre maison, et je me dis que c'est pas très normal, à quatorze ans, de rentrer chez soi pendant les vacances seulement. Je sais pas si Alvise est là et si je risque de le réveiller en allant prendre ma douche pour me laver de l'avion, mais je m'en fiche, il aura qu'à passer une nuit de merde. Une fois que j'ai fini je me mets en pyjama et je sors sur la terrasse pour que le vent nocturne me sèche les cheveux en même temps que je les coiffe. Il doit être un peu plus de trois heures du matin maintenant, et je souris bêtement en pensant à la façon ridicule dont je retarde le moment où je vais débarquer dans la chambre de mon frère, pour le réveiller, parce que je sais que même si il sait que je vais arriver pendant la nuit, il ne reste pas éveillé pour me voir débarquer. Quand j'en pourrai plus d'attendre, j'irai squatter son lit comme je l'ai toujours fait. Je crois que c'est parce que je ressens plus rien, que je fais des choses complètement stupides comme ça. Que je m'oblige à attendre d'être au bord de la crise de nerfs alors que je suis à moins de cent mètres de son corps, que je me force à m'impatienter, à attendre que mes jambes tremblent comme si c'était la première fois que je le voyais. C'est tellement paradoxal. Je suis ridicule.
Au bout de vingt-cinq minutes, quand j'estime que ça a assez durer, je cours vers la porte de sa chambre avec la même allure qu'une gamine le matin du vingt-cinq Décembre. Sauf que là on est en été et que mon cadeau n'en est pas vraiment un. Je prends une grande inspiration, et d'une main tremblante je tourne la poignée, lentement. Je rentre et referme la porte à clés, par réflexe je suppose. Il fait sombre dans la chambre mais mes yeux se sont suffisamment habitués à l'obscurité de la maison pour voir que rien n'a changé. Et avec toute l'indiscrétion dont je peux faire preuve, je viens m'asseoir d'un petit saut sur le lit du plus beau brun que j'ai jamais vu. Je souris presque niaisement quand je vois qu'il est allongé sur le dos et qu'il dort en fait profondément. Ensuite je répète le geste tant attendu, celui de soulever son drap pour me couvrir moi aussi avec, jusqu'à la taille environ. Je m'étends à côté de lui, pose ma tête sur son épaule et le regarde pendant un moment. Je me demande si il fait semblant de dormir ou non.
— Bonsoir.
Après cette banalité lancée en plein coeur de cette situation hors normes, je lui fais quelque chose qui ressemble à une bise façon Narcisa à Andrea, c'est-à-dire un baiser déposé lentement dans le coin de ses lèvres que je connais d'un peu trop près. Oh, signe de vie. Il a bougé son bras je crois. Il soupire. Grandiose. Il a l'air si fatigué, je devrais le laisser dormir, vraiment. Surtout que l'avion aussi m'a exténuée. Mais non. Je veux qu'il se réveille, je veux lui parler, je veux qu'il me regarde, qu'il me sourit, parce que je sais que plus les jours vont passer et moins il va sourire ; c'est seulement au début qu'il le fait et encore, si j'ai de la chance. Mais je veux pas le déranger. Je voudrais qu'il reste là, comme ça, les yeux fermés, je voudrais continuer à le regarder jusqu'à ce que le jour se lève. J'aime beaucoup le regarder quand il dort, au moins il ne bouge pas, et je peux le fixer autant que je le veux sans qu'il proteste. C'est super quand Andrea dort en fait.
Je finis par poser ma tête près de son coup et fermer mes yeux. J'entends son cœur battre. Je sens ses poumons se gonfler à chaque inspiration qu'il prend. Je sens l'air qu'il expire caresser mes cheveux. Et je voudrais que ce soit comme ça éternellement.
— Andrea, je sais pas si tu te rappelles, quand j'étais petite, et que je te racontais que je tombais amoureuse de pleins de garçons à l'école ? En fait c'était des conneries. À chaque fois je parlais de toi. C'était juste pour voir ta réaction. Je pense que tu t'en doutes un peu, mais je n'aime que toi, tu es le seul, tu le seras toujours, tu comprends ? Ma vie n'a aucun sens sans toi, et je deviens folle, à force de plus te voir, te sentir, et j'en peux plus, parce que moi je suis sûre que c'est toi, tu vois. Je voudrais nous enfermer ici pour toujours. J'en ai marre que tu sois ici et moi là bas, parce que je sais pas ce que tu fais et j'angoisse. Je sais pas si tu visualises à quel point je t'aime en fait, et ça me fait peur pour la suite. Mais. Peut-être que tant que tu es là ça ira.
Je veux pas qu'il entende, et pourtant je murmure ces mots insensés avec tellement de conviction, comme si c'était vrai. Mais le problème, ce qui me dérange le plus, c'est que ça l'est. Je passe ma vie à raconter des conneries, tout le temps, à tout le monde, sans jamais culpabiliser. Mais lui, bizarrement je lui dis toujours tout ; jamais de fausses paroles qu'un jour j'oublierai, ou des propos que je ne pense pas. Je suis incapable de lui faire croire quoi que ce soit de faux, ou de lui mentir, et ça m'énerve autant que ça me plait. J'ai peur qu'il entende. Je suis bête. J'ai envie de pleurer maintenant, mais je me retiens. J'ai déjà versé trop de larmes ici, avec lui. Tout ce que je lui ai dit ce soir pourra être retenu contre moi, et je risque de vraiment souffrir si c'est le cas.
I'd fill your every breath with meaning And find a place we both could hide
— Tu sais, t’es pas la première fille avec qui j’ai couché.
Le genre de phrase qui agit sur vous comme un uppercut au plexus, un coin de porte dans la tempe, un compas planté dans le dos de la main, mais en pire. Non figure toi, Andrea James Cerqueira, que je sais pas, je savais pas. Je m'en doutais bien, mais je gardais un petit espoir, malgré tout. C'est quand même fou ça. Est-ce qu'il se rend compte que c'est une information capitale pour moi ? Son indifférence, son détachement me tuera un jour. Je sais, je sais très bien qu'il s'en fout de tout ça. Ça se voit. Et il le sait. D'ailleurs, je me demande bien comment il fait, pour faire comme si il se passait rien, je voudrais bien qu'il me donne la recette, la formule, je sais pas. Il pourrait au moins faire ça.
J'inspire profondément et j'essaie de le lui faire croire que je m'en fous, j'essaie de faire comme lui. Mais au fond, j'y arrive pas. J'aimerais tellement savoir combien, juste. Des chiffres, des petits chiffres. Des noms aussi. Je voudrais les voir, ces filles. J'aimerais voir la couleur de leur cheveux, leur taille, le façon de marcher, de parler. J'aimerais les connaître encore mieux que je me connais moi-même. Je voudrais des chiffres, des photos et des dates. Je le déteste. À quoi ça l'avance de faire ça, hein ? Pourquoi il me dit des choses pareilles ?
J'hésite entre lui poser des questions agaçantes ou faire une vraie crise, quand il répond au téléphone. Je veux pas attendre, je veux lui parler, et le seul réflexe débile qui me vient à l'esprit est de jouer avec ses doigts pour passer le temps, d'examiner leurs phalanges, les serrer dans mes mains, les imprimer dans ma mémoire encore une fois. Je relève la tête et il sourit bizarrement après avoir raccroché.
— Narcisa. On doit aller à l’hôpital.
… J'ai toujours aimé quand il donnait des détails, quand il ne restait pas vague dans ses propos. Vraiment. Mais je n'ai pas peur. Parce que je sais qu'on va y aller tous les deux, quelle que soit la raison.
— Nos parents sont morts dans une ambulance s’y rendant.
Je crois que c'est pas normal, mais je m'en fous. J'aimerais juste savoir avec combien de filles il a couché avant qu'il le fasse avec moi. C'est tout.
ev'rywhere i look i see your eyes
Quelques heures plus tard, ce jour-là, on appris que nos parents étaient morts dans un accident. Un conducteur de camion ivre les a renversés pendant qu'ils étaient apparemment en train de se disputer en plein milieu de la route. Faut quand même être con. Andrea a sûrement du se demander de quoi ils parlaient, à ce moment là. Peut-être bien de nous deux, tiens. On le saura jamais. Et à vrai dire, j'en ai rien à faire. J'ai presque été soulagée quand j'ai su qu'ils étaient morts, au moins personne ne pourrait plus jamais m'empêcher de faire ce que je veux avec mon frère, et je resterai tout le temps avec lui. Je le suivrai n'importe où il ira, comme une valise. Puis on nous a finalement envoyés dans un orphelinat pour enfants surdoués. Et on y est toujours, au passage. Au début j'étais contente, j'allais vivre avec lui, on allait enfin se retrouver dans la même maison. Mais j'oubliais un détail assez contraignant : les autres. On ne serait pas tous seuls. Je vous passerai les détails en ne décrivant pas chaque trainée de l'établissement ou encore la façon dont mon désir de le garder pour moi est devenu ma maladie.
Maintenant il est Ace et moi je suis Neither. Nous sommes frère et sœur, et parfaitement normaux aux yeux de tout le monde. Normalement. Ah on est aussi dans la même classe. Et c'est pas facile tous les jours. Enfin, pour moi du moins. Lui, je sais pas. J'essaie aussi d'avoir des passe-droit pour rentrer dans sa chambre le soir, comme c'est mon frère. Mais j'ai du mal. La vie est dure partout, en fait.
Pourquoi veux-tu te perdre, colombe innocente ?
SURNOM(S) : Mysha. DATE DE NAISSANCE : 21 / 04 / 1995 ÂGE : 15 ans. Peuh. SEXE (✔) : ❒ M ✔ F AVATAR : Blonde random tout court en fait. DÉCOUVERTE DU FORUM : Alors en fait je connaissais depuis longtemps mais j'ai vraiment kiffé quand y a eu le décompte et même qu'avec Gun après sur msn on a dit BONNE ANNÉE et euh voilà. (celui qui a compris ce que je viens de dire a droit à un choco) NOTE SUR 20 DU FORUM : Comme je ne suis pas une tepu, je vous mets 19.75/20.
Dernière édition par Neither le Mer 9 Fév - 17:26, édité 4 fois
Sujet: Re: I love you Neither do I. Lun 7 Fév - 21:18
Juste une petite remarque ! Il va falloir changer ton avatar (enfin fais le quand tu veux mais fais le avant que je te valide quoi) parce que le personnage qui est dessus c'est Afuro Terumi et il est déjà pris.
Voilà voilà
Invité
Sujet: Re: I love you Neither do I. Mer 9 Fév - 17:31
Ah fail, avec Ace on pensait trop que c'était un OC. Alors qu'en fait pas du tout xD Mes excuses à la personne qui avait pris le personnage, je euh savais pas. BREF. Fiche terminée, avatar changé, j'espère que tout est bon maintenant :3