Sujet: Re: It's stupid [PV Tears *_____*] Dim 8 Juin - 12:21
Le visage ruisselant d’eau, Tears avait du mal à voir plus loin que le bout de son propre nez. Sa mèche lourde et collante condamnait son œil gauche à une obscurité sans fin. D’un geste timide, il mit sa mèche sur le coté pour pouvoir distinguer Only caché derrière un rideau de pluie. Mais ses cheveux, bien décidé à gâcher la vie du blond, retombèrent brutalement sur son visage. Cependant, il arrivait quand même à distinguer la jeune fille entre quelques mèches blondes. Il redoutait la réponse à sa question, ses jambes en tremblaient légèrement, venant s’ajouter aux spasmes du froid. Si Only voulait rester ici… peut être comptait-elle se confier ? Tears l’espérait. Il l’espérait plus que tout. Ecouter, c’est tout ce que le surveillant pouvait encore faire. Comprendre, c’était un peu autre chose, mais écouter, il savait. Pour lui, chaque parole d’orphelins qui lui était confié subsistait comme un trésor. Il buvait ces paroles et si certaines lui échappaient, ce n’était pas par distraction, mais à cause d’un quelconque obstacle extérieur. Comme ce tonnerre qui avait coupé la voix d’Only, pourtant si belle. Le phénomène si puissant qu’était l’orage avait osé scinder une puissance égale à la sienne. Et durant ces pertes, ces paroles perdues, Tears ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir. Cependant, alors qu’ils étaient assis, faisant obstacles aux crachas du ciel, Only prit la parole.
-"D'une certaine manière, voui. Votre présence m'indispose, mais pas dans le mauvais sens, et vous, trop con, vous ne vous apercevez même pas. A croire que vous ne comprenez rien aux filles. Sinon vous verriez tout de suite que l'erreur que je fais est visible comme le nez au milieu de la gueule. C'est pas même passable de... bonheur, vu que cela n'apportera rien à personne, et encore moins à vous. Vous croyez que ça m'amuse de subir votre interrogatoire ?"
Le surveillant mit quelque temps pour analyser ce que l’orpheline venait de lui livrer. Les filles étaient d’un compliqué… comme si elle ne pouvait pas parler simplement. Ce n’était pourtant pas le genre d’Only de tourner autour du pot. Ainsi, Tears l’indisposait mais dans le bon sens… y avait-il un coté positif à être indisposé ? Sans répondre à cette question, le surveillant était déjà bien flatté qu’un coté positif ressorte de sa présence, même s’il ne savait pas pourquoi. Le coté négatif était… qu’elle l’avait traité de con. De quoi devait-il s’apercevoir ? Ils étaient assis sur le toit, mouillés jusqu’aux os et Only était grippé. Et il devait s’apercevoir de quelque chose… ? Il fixa la jeune fille un instant. Vraiment très grippé. Ca lui faisait mal au cœur de la voir ainsi sans pouvoir faire quoique ce soit… Bien sur, il avait la responsabilité de la jeune fille, c’était donc son rôle de préserver au mieux sa santé, et pourtant ce n’était pas pour ça qu’il avait mal. Le surveillant avait vraiment horreur de voir les gens souffrir, même si ces derniers le cachaient au mieux. Enfin, le fait était là, il devait s’apercevoir de quelque chose qui était évident. Les indices étaient : cette chose, la jeune fille la considère comme une erreur et n’apporterai rien à personne. Mais… c’était quoi ? Tears examina la jeune fille de la tête au pied. Rien d’évident. Elle était fiévreuse, dérobé et son visage certifiait un émoi intérieur. Que devait-il en conclure ? Toutes les interrogations que le surveillant se posait finirent par vigoureusement l’énerver car il en venait à se sentit profondément… con. Vraiment, il se sentait nul. Il avait envie d’enfouir sa tête dans ses mains et de pleurer tellement il se sentait piteux. La jeune fille d’ordinaire inaccessible venait vraisemblablement se s’ouvrir un peu. Elle voulait lui dire quelque chose, elle voulait lui faire comprendre quelque chose. Et lui… lui, il était incapable de saisir, incapable de l’aider. Il gâchait vraiment tout. Pour une fois qu’elle s’ouvrait, qu’elle semblait vouloir parler, il fallait qu’il ne comprenne rien. Tears se sentit maudit, et repassa les paroles d’Only dans sa tête. Il lui fallait un indice, quelque chose. En tout cas, cela avait un rapport direct avec lui… Il voulait lui demander, la questionner, mais sa dernière réplique le stoppa net. C’est vrai que depuis tout à l’heure, il n’avait cessé de la harceler de questions. Mais il voulait savoir, tout savoir. Il voulait parler d’elle. L’énigme "Que dois-je comprendre ?" lui brûlait atrocement les lèvres, mais il fit mine de ne pas y penser. Finalement, il chercha quelque chose à dire qui n’était pas interrogatif… et réussit juste à murmurer nerveusement :
-"Pardon…"
La jeune fille éternua à plusieurs reprises. Ces éternuements serraient d’autant plus le cœur de Tears qu’ils étaient perçants et semblaient douloureux. Only n’avait pas l’air dans son assiette, et pourtant, pourquoi ne voulait-elle pas rentrer ? Il la laissait souffrir, il ne pouvait rien faire. Par deux fois, il lui avait proposé de rentrer, par deux fois elle avait esquivé. Il fallait être masochiste pour rester sous les cascades incessantes du ciel alors que le brouillard régnait déjà dans notre tête. D’ailleurs, le surveillant vit le ciel sous un angle tout à fait différent. Il n’avait plus rien de formidable ou poétique. Tears avait juste l’impression qu’on lui crachait dessus, qu’on l’humiliait, que les cieux l’abaissaient sans cesse. Et cette Only brûlante à ses cotés… plus que jamais, il se sentait inutile. D’une main gênée, il ressaya de plaquer sa mèche sur le coté, et finalement, le coude en appuis sur son genou, il resta ainsi. La main dans les cheveux pour contempler l’orpheline, les yeux bleu-gris de Tears témoignaient une frustration sans fin.
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Sujet: Re: It's stupid [PV Tears *_____*] Ven 13 Juin - 9:39
[L'idolâtrie que les femmes vouent à l'amour est essentiellement, à l'origine, une invention de leur subtilité, en ce que toutes ces idéalisations de l'amour leur sont un moyen d'accroître leur puissance et de se montrer toujours plus désirables aux yeux des hommes. Mais l'accoutumance séculaire à cette estime exagérée de l'amour a fait qu'elles ont donné dans leur propre panneau et ont oublié cette origine. Elles sont maintenant plus dupes elles-mêmes que les hommes, et, de ce fait, souffrent aussi davantage de la désillusion qui se produira fatalement dans la vie de toute femme, à supposer qu'elle ait toutefois assez d'imagination et d'esprit pur connaître illusion et désillusion - Nietzsche -]
Aimer, que voilà un conçept bien trouble. Parfois, entre deux éclairs, elle savait qu'elle le désirait, que c'était mal, mais dés l'orage passé, cette sûreté des sentiments s'évanouissait aussi vite qu'elle était venue. A présent, il était sûr et certain que c'est la fièvre que la troublait, agitant ses pensées comme dans un shaker. Elle et Tears n'avaient plus l'apparence que d'animaux mouillés par une plue torrentielle. Noyés serait néanmoins un terme plus correct. ses vêtements plaqués contre son corps maigre lui faisait une deuxième peau, plus collante et lourde que la précèdente, mais ce n'était pas aussi désagréable que cela aurait dû l'être. Only bouillait intérieurement, prise en position de faiblesse par les questions de Tears. Elle ne s'illusionnait sur aucun sentiment, et pourtant... Son coeur frappait à répétition contre sa poitrine étrecie; il était trop tôt pour qu'elle lui déballe tout, pourtant le plus vite serait le mieux.
Elle frotta ses poignets raides l'un contre l'autres, afin d'utopiquement les réchauffer. Aimer, cela constistait en quoi exactement ? Si c'était couver du regrd l'être qu'elle désirait, elle se satisfaisait de la situation. Etait-ce se soucier de son bien-être, ou encore désirer le plus souvent être à ses côtés ? Les yeux brouillés par la fièvre, l'orpheline souhaitait tout cela. Elle se demanda rêveusement s'il n'avait pas froid; sa présence lui suffisait. Peut-être que plus tard elle devrait se répentir pour ces pensées, mais à l'instant, la situation lui convenait. Ils ne se touchaient pas, mais elle savait qu'il était là, et cela lui suffisait. Elle n'était pas le genre d'adolescente à ressentir un besoin omniprésent de mâles, au contraire, plus ils étaient éloignés, mieux elle se portait. Hors, le cas présent était différent :
" Vous m'énervez. Vous êtes passif. Honnêtement, ce n'est pas contre vous que j'ai du mal, c'est contre moi, parce que même si vous êtes... un élément dérangeant, c'est de moi que vient l'erreur. Alors arrêtez de vous dévaloriser, à toujours vous excuser. Vous ne réussirez rien de cette manière, et je suis sûre que vous n'avez pas envie de passer votre vie dans cet état de délabrement mortal. Vous vous accusez des fautes des autres, vous travaillez par empathie, mais après... Vous allez couler dés que vous mettrez un pied sur la glace, et dans la société... normale, vous seriez interné depuis longtemps. Les hyper sensibles ne sont pas bien vus de nos jours... "
La jeune fille offrit son visage à l'averse, sentant avec bonheur ses traits se raidir, la pluie calmer sa chaleur, dégouliner le long de son cou blanc, goutter de son menton, et se perdre au creux de son nombril enfoncé dans un ventre trop plat. Etrangement, la maladie emplissait sa tête d'idées euphorisantes. Si elle avait capable de chanter, elle se serait executée mais pour une autre raison. Comme pour appuyer son raisonnemet, elle se prit d'humeur fredonner en sourdine la mélodie d' I belive I can fly " [so kitch], même si l'oiseau rêvé ne pourrait s'envoler par une telle averse. Lors des temps comme cela, il était quasiment impossible de fantasmer sur la liberté. Le paysage était etouffé d'une chape grise, les colines aplaties par les éclaires, les vaches effrayées du tonnerre. Tout cela avait un avant-goût de fin du monde, et pour une personne croyant à la décadence des hommes, l'utopie devenait réalité. Only prit une inspiration profonde, avant lançer à Tears, sur l'illusion d'un courage renouvelé :
" Je vous aime ! " [en sourdine évidement, et le tonnerre étouffa à nouveau sa déclaration... Ca peut arriver, nah ?]
La rougeur envahit son visage, ses pomettes hautes, ses lèvres gonflées, ses yeux luisants de fièvre. Ainsi, elle était presque pitoyable, mais la fraîcheur du temps envahissait progressivement ses bras, ses jambes, pliés contre son corps plat, dans une position presque foeutale... Elle ne se rendait pas compte que le tonnerre effaçait ses déclarations; au contraire, à chaque fois, elle s'imaginait que c'était Tears qui ne voulait pas les entendre, puérilement. Elle toussa encore, frictionna ses coudes, et se mura dans le silence, le temps de récupérer un peu de force...
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Sujet: Re: It's stupid [PV Tears *_____*] Sam 14 Juin - 12:10
Alors que la jeune fille frottait ses poignets à la recherche d’un peu de la chaleur, Tears la regardait toujours, sa main plaquant ses cheveux gênant. Bien qu’Only n’était pas du tout le genre de personne qu’on qualifierait d’"innocente", elle dégageait en ce moment une pureté extraordinaire. Un éclat effrayant, tel une illumination, un fantôme sensuel au milieu des ténèbres. Dans le parc, le saule pleureur laissait ses larmes gouttaient une à une. Plaintif, ses sanglots frais s’accumulaient le long des lianes, de feuilles en feuilles, pour tomber sur l’herbe humide. Les dit brins d’herbes s’abaissaient devant la violence des lamentations du ciel. Le lendemain, les végétaux seront dotés d’une verdure incomparable, ornés de petites gouttes de rosé. Le vent souffla alors, projetant l’eau comme des balles, mitraillant les arbustes trop faibles. Tears en faisait parti et fermait les paupières par instants pour protéger ses yeux qui avaient pour habitude de s’humidifier beaucoup trop, même sans l’aide de la pluie. Après avoir regardé le parc un instant, le surveillant reporta son attention sur la jeune fille lumineusement pâle. Quand elle prit la parole, le blond se concentra sur ces lèvres pour ne pas en perdre une miette à cause des clapotis de la pluie. Ainsi, Tears parvint à comprendre parfaitement le tout. Il était passif, terne et moue… on le lui disait souvent. Mais pourquoi l’erreur viendrai-t-elle d’elle ? … et quelle erreur d’ailleurs… ? Et l’idée d’être un élément dérangeant l’inquiétait un peu… il dérangeait la jeune fille sans savoir pourquoi… Dans l’idée de trouver une réponse, il assimila tout ce qu’Only venait de dire. Passer sa vie dans un état de délabrement moral… ? C’est vrai, il lui fallait positiver, mais selon son point de vue, mieux valait que la faute soit sur ses épaules que sur celles des autres. C’était ça être positif pour lui. Il avait envie de débarrasser tout le monde de leurs erreurs et avait trop d’estime pour les orphelins pour admettre que la faute venait d’eux. N’ayant que très peu le sens de l’honneur, cela ne le dérangeait pas outre mesure. Only était bien une orpheline de Wammy’s House pour décortiquer ainsi la personne de Tears ainsi que son mode de pensée. Ce dernier se sentait cerné, mais quelque peu flatté. Si les hyper sensibles n’étaient pas au goût de tout le monde, il n’allait pas pour autant changer du tout au tout. La société était trop influençable, et si le surveillant décidait de devenir moins sensible, il allait entrer dans l’armée de clones qu’était la société humaine à l’extérieur. D’ailleurs, même s’il le décidait, il ne pourrait pas changer. Il coulerait peut-être, il se délabrerait peut être… mais à Wammy’s House, il se sentait comme conservé dans un cocon. C’est vrai que le blond enviait les gens forts et ouverts… mais il se savait bien incapable de devenir comme eux. Tant qu’il était dans son cocon, rien ne pourrait le toucher. Enfin ça, c’est ce qu’il pensait. Parfois son cocon s’effilochait, souvent des élèves le détérioraient, alors le cocon n’en devenait que plus fragile. On dit souvent que ce qui ne tue pas rend plus fort, c’est ce que Tears s’imaginait. Mais le contraire était aussi possible, et son cocon était uniquement préservé grâce à des gens comme Angel, Lolly, Ace, Twilight, Snow… tous ces gens qui lui rendaient la vie plus facile. Derrière les clapotis de la pluie, en tendant l’oreille, le surveillant parvenait à entendre Only chanter. Ca aussi, c’était un élément qui endurcissait son cocon. Cette voix si… extraordinaire, légèrement rauque et rassurante. Il ferma les yeux un instant, se concentrant sur chaque octave… chaque son. Un effet relaxant imbiba ses sens. Mais le vent, toujours plus violent voilât le doux chant de la jeune fille. Le surveillant ouvra alors les yeux pour observer ses lèvres et récupérer les paroles envolées par le vent. C’est alors qu’elle le dit. C’était pendant un puissant coup de tonnerre, mais en associant les mouvements de sa bouche et le peu qu’il entendait, il avait saisi. Sans y croire. Est-ce bien ces mots qu’elle avait prononcé ? Only devait être fatigué à cause de la fièvre, ça ne pouvait être que ça. Ou alors la jeune fille venait d’avouer qu’elle appréciait Tears en tant que surveillant. Oui, c’était plausible aussi. La deuxième idée toucha directement le cœur si fragile du jeune blond. Cela pouvait aussi être un mélange de ces deux suppositions… Dans tous les cas, il hésitait et ne voulant pas crée un énorme quiproquo, il posa la question :
-"… je… est ce que.. j’ai bien entendu ?"
Comme à toutes ses questions, il avait peur de la réponse. Si elle démentait, que devait-il penser ? Serait-il rassuré ou déçu ? Il ne savait pas la valeur de ces mots, alors il se contenta d’attendre, ses yeux bleutés flottant sur elle.
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Sujet: Re: It's stupid [PV Tears *_____*] Mar 17 Juin - 19:22
La jeune fille, sa voix incroyablement basse résonnant sans rupture dans l'atmosphère chargée d'électricité, se mordilla la lèvre. Cette fois-ci, l'étonnement du surveillant paraissait sincère, il semblait tomber des nues ou du moins, enfin apercevoir la réalité, telle qu'Only la lui présentait, à sa manière. Et non remplie de nuages roses, le rêve commun aux sentimentalistes amoureuses, mais totalement encombrée de chauves-souris sombres. Face à des sentiments de cette ampleur et de cette nature, rose, dégoulinants de romantisme, l'orpheline n'avait aucune envie de sourire béatement; pour un peu, elle aurai gardé cette moue sarcastique épinglée sur son visage en permanence, mais son regard bleu scanna la silhouette de l'homme, avec un calme presque trop étrange. Elle ficha ses yeux dans les siens, tentant d'y lire de vagues indices sur l'état mental du surveillant ; elle n’hésitait plus à jeter elle-même ce qui la gênait dans sa propre âme. Ces sentiments qui valaient la destruction de tant d’amants. Cependant, dans le sens platonique, pouvaient se révéler fichtrement révélateurs sur la personnalité d’une personne. Only avait beaucoup appris de ses erreurs depuis qu’elle regardait Tears différemment. Ses pupilles se calquaient à son visage fin et ses lèvres laissaient souvent échapper un soupir imperceptible ; dans tout cela, elle ne se retrouvait même plus :
" A votre avis, j'ai une tête à rire sur ce genre de sentiments. Je ne l'ai dit qu'une seule fois et il n'y aura pas de répétitions, c'est d'ja assez gênant de devoir être franche alors que ma température approche les 40°. Hors, ce n'est pas un délire de la fièvre, vous pouvez en être sûr; je vous balance à la gueule ce que je pense depuis 3 ans, et je n'en connais même pas la raison. Juste, ce n’est pas une blague, et maintenant vous savez pourquoi j'ai du mal à vous parler, et même à vous regarder en face, non que vous ne soyer certainement hideux. Je ne peux pas être violente avec vous, c'est désolant, je ne peux même pas détruire l'objet de mon malaise. [elle enfouit son visage mince dans le creux de ses coudes repliés et acheva d’un timbre vibrant d'émotion] C'est mon cadeau, faites-en ce que vous voulez. "
Elle se contenta d'inspirer sa propre odeur, ce mélange de tabac froid, d'acier et de parfum quelconque, du style un vieux lacoste oublié sur le coin d’un bureau. Sa faible stature se troubla sous la pluie abondante, et elle se dessina un sourire dans la pénombre de ses bras. Les gouttes glaçaient ses lèvres bleuies, mais la jeune fille ne se sentait pas particulièrement gênée du fait d'avoir balancé d'une façon aussi volontaire ses sentiments les plus honteux. Il n'y avait plus qu'à espérer que Tears les garde bien cachés dans son propre coeur, ou en fasse bon usage, de la manière qu’il lui plaît. C’était vraiment un présent qu’elle lui abandonnait lâchement, presque sans y penser. La fièvre y était pour beaucoup trop, dans ce regard fragile, cette moue aux accents tristes. La jeune fille se rendait compte, au cours d’un instant précieux, que cette expérience, quoique désagréable, lui vaudrait d’en sortir grandie.
Au fond, elle ne savait même pas si elle désirait le voir venir vers elle, et se comporter en homme à ses côtés. Peut-être qu'au final, elle ne lui avait collé cette étiquette de surveillant atypique, uniquement à cause de son comportement différent du sien. Ils n'étaient pas semblables, elle réalisait enfin la distance qui séparait Tears de la plupart des orphelins. Cette déclaration allait le gêner, le faire fuir, changer son regard sur elle, mais; Only ferma les yeux sur les méandres de sa mémoire; qu'avait-elle à en faire ? Elle vivait depuis toujours dans la même solitude, épaisse, collante; néanmoins, elle s'en satisfaisait. Faire entrer le surveillant d'une manière ou d'une autre dans ses habitudes la rendrait différente. Alors, mieux valait-il courir sur place, ou au contraire, essayer d'avancer ?
« Oui, je vous l’abandonne volontiers ; je n’ai pas grand-chose à en faire si c’est pour le garder en moi. » Répéta-t-elle, le regard rivé à ses mains fines
Son cœur cognait dur contre ses côtes saillantes, sa température grimpait en alpiniste aguerrie le long de son thermomètre mental, et rien ne semblait vouloir changer. Toujours la même pluie glacée, les vêtements trempés, collants. Rien de différent, alors que son monde s’était arrêté de tourner pour quelques mots pleins d’une maturité avancée…
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Sujet: Re: It's stupid [PV Tears *_____*] Mer 18 Juin - 20:16
Les yeux sombres d’Only contemplaient ceux du surveillant. Leur profondeur étaient inquiétantes, fascinantes…et étrangement apaisantes. Le blond n’en était pas apaisé pour autant, un peu angoissé à l’idée des prochaines paroles de la jeune fille, il chercha du tissu à torturer, mais vêtu d’un simple t-shirt à manches courtes, il se contenta de jouer avec sa mèche, toujours soutenu par sa main. Quand l’orpheline commença à parler, Tears se sentit toute chose. Il l’écoutait, buvant ses paroles comme le meilleurs des breuvages. C’était étrange, vraiment.. ce sentiment qu’on avait quand on se sentait aimé. Hélas, c’était en même temps extrêmement gênant…et inconnu pour lui. Si Tears n’avait pas noté que la jeune fille était moins violente avec lui, il pensait que c’était par concours de circonstances… il était adulte et… non même face aux adultes elle montrait rarement autant de pitié. Et justement, voilà que ce sentiment n’était pas de la pitié…et dire qu’il ne s’était aperçu de rien depuis 3ans.. près de 1095 jours… et on ne sait combien d’heures. Le surveillant était ému, atrocement ému de recevoir autant de considération. N’ayant jamais vécu pareil situation, il ne savait pas quoi répondre. Il fut tout de même rassuré qu’elle formule cela comme un cadeau… et non comme une quelconque obligation ou demande. Only avait du prendre énormément sur elle avouer ce genre de sentiment… après 3ans. Il la regarda plonger son visage dans ses maigres coudes, la pluie accablant son corps frêle et impuissant face au ciel entier. S’il n’y avait pas autant de grossiers nuages noirs, ils auraient peut être pu distinguer un merveilleux coucher de soleil… et les choses étant ce quelles sont, la nuit commença à tomber sans prévenir. C’était tout de même bien étrange… comment quelqu’un comme elle, si forte, impulsive et assurée pouvait avoir ce genre de sentiment pour… un homme si faible, peut être trop innocent et mou. Encore un mystère de ce sentiment que l’on appelait l’amour. Mais l’homme n’était-il pas là pour protéger la femme ? Et le plus souvent, c’est Tears qui avait besoin d’être protégé. C’était quand même assez grotesque, sachant qu’il était l’aîné d’Only d’à peu près 8ans, c’était à lui de la protéger. Le genre de cadeau que la jeune fille venait de faire au blond pouvait être utilisé comme une arme si on la mettait entre les mains d’une personne malintentionnée. Tears était sur que l’orpheline en était consciente. C’est pourquoi confier un tel secret était une preuve de confiance et de confession, choses qui le touchaient beaucoup. Le surveillant avait entre ses mains une responsabilité bien importante, il en était conscient. Peut être trop, puisque ça lui faisait peur. Il possédait cette chose qui pouvait au choix la détruire ou la reconstruire. Un choix bien trop fatal, mais le jeune homme savait qu’Only n’était pas femme à se laissait mener par un homme, quelque qu’il soit. Tears ne s’enfla nullement la tête, et gardant les pieds sur Terre, il se persuada que ce genre de sentiment n’avait rien de prodigieux…c’était juste un peu d’affection. Mais alors pourquoi diable avait-il peur ? … même en essayant de se persuader du contraire, il savait qu’il avait en sa possession quelque chose d’extraordinaire, que rien n’y personne ne pouvait acheter. Mais surtout, était-il digne d’un tel privilège ? Le surveillant tourna la tête vers les nuages, laissant sa mèche lui coller au visage. N’ayant aucun tissu à écarteler, il se tripota les mains. C’était le plus beau cadeau qu’on ne lui avait jamais fait. Un cadeau tellement coûteux qu’on en était embarrassé. Maintenant, c’était à son tour de se questionner sur ses sentiments. Tears ferma les yeux et fit le vide dans sa tête. Il éprouvait vis à vis d’Only… de l’incompréhension, de la sympathie, de la compassion… une envie inconcevable de l’aider, la comprendre… un peu curiosité, de l’admiration… de l’intimidation… Quand il était à coté d’elle il se sentait petit, mais en même temps drôlement chanceux. Cependant… il ne savait pas si pouvait lui rendre la pareil. Mais il était content, ému et un peu craintif. Cela l’attendrissait de savoir que Only la violente, Only l’incontrôlable… avait ce genre de sentiment… surtout à son égard, ça la rendait plus humaine. Il venait de la découvrir, cette clef déverrouillant tous les cadenas de sa prison… mais osera-t-il l’utiliser ? Ouvrir autant ses défenses pourraient la fragiliser… pour l’instant, il garderait cette clef, ce cadeau, précieusement dans son cœur. Ce serait comme un secret, quelque chose rien qu’a lui. Evidement, il n’avait aucune idée de comment réagir et se contenta de rougir, terriblement gêné. Après tout, comment ne pas être bouleversé en apprenant… ce genre de chose. Toutes les réactions de la jeune fille jusqu'à présent devenaient plus clair mais il ne savait pas comment réagir face à Only dans le futur, et ça le troublait encore plus. En tout cas, il fallait qu’il s’exprime maintenant, le silence devenait gênant. D’une voix désorientée, un peu tremblante mais quand même douce, il prit la parole :
-"… je… merci… je… enfin… tu me gêne… enfin non…c’est que… je sais pas quoi dire… mais…"
Il s’embrouillait et faisait des vagues gestes avec ses mains pour essayer de s’exprimer, trouver ses mots. Il se sentait profondément ridicule, mais c’était la première fois qu’on lui faisait une déclaration (autre que "Hey toi, sors avec moi, j’dois rendre jaloux mon ex.")
-"Enfin… moi aussi… tu sais… je t’aime beaucoup… comme élève… tout ça…"
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Sujet: Re: It's stupid [PV Tears *_____*] Jeu 19 Juin - 10:21
Si elle avait disposé d'une feuille de papier, et d'un crayon, elle aurait pu créér une formidable mélodie. Les seules vraies musiques sont celles qui viennent du coeur. Hors, Only ne savait pas si elle était déçue par la réaction embrouillée du surveillant, ou soulagée. Le voir dire la même chose qu'elle, répondre à ses sentiments, aurait été un énorme coup de chance, aussi un peu une utopie; connaissant sa propre violence, la jeune fille doutait qu'on puisse l'aimer pour autre chose que ses fesses; et Tears ne paraissait pas être de ce bord là. Au contraire, cette manie qu'il avait de bredouiller, tout en se torturant les mains, ne le rendait que plus attirant.
Elle-même gênée, elle ne savait pourquoi, Only glissa ses doigts souples dans la masse dégoulinante de ses cheveux; elle repoussa quelques mèches derrière ses oreilles, avec un soin presque maniaque. Puis éternua... Tout se mêlait en bouillie inodore dans sa tête, Tears à quelques pas, l'averse continuelle, le haut le coeur qui agitait sa poitrine, et le tremblement de ses jambes ankylosées.
Elle les déplia méthodiquement, regardant avec une expression vague les gouttes d'eau ricocher sur la semelle de ses chaussures étalées sans grâce devant elle. Mouillées, ses cuisses paraissaient deux fois plus maigres; l'orpheline se fit l'effet d'un chat efflanqué, ses côtes trop visibles, sa poitrine trop petite, ses genoux trop noueux. Elle se posait toujours beaucoup de questions sur son physique, cela ne l'empêchait pas de le trouver parfois harmonieux. Etait-ce sa faute si elle ne parvenait pas à manger tant que cela ? Entrer dans la salle du réféctoire, c'était se retrouver en face des autres, et ainsi ouvrir la porte à d'éventuelles bagarres. Only favorisait de loin son érmitage discret dans sa chambre, ou dans la salle de musique, alors qu'elle jouait avec violence sur le piano luisant de laque.
Elle leva la tête vers le ciel. Quel délire avait-il pu l'amener ici, le soir tombant, et les trombes avec ? Voilà qu'elle se perdait dans ses propres hypothèses. Tears n'était plus qu'un vague facteur X, plutôt inutile, bien que là. Les sentiments qu'Only possédait pour lui étaient comme des vagues, tantôt puissants, tantôt au ras de la mer. La jeune fille ne parvenait jamais à les saisir totalement :
" J'pense bien que ça vous gêne, qui ne dirait pas le contraire sur quelque chose venant de moi ? Voilà, je n'attend rien de vous, pas spécialement, aussi je m'en fous que vous puissiez m'aimer comme une élève, je ne demande pas que mes sentiments soient partagés. "
Pourquoi tant de maladresse, alors que cela aurait dû être à elle d'être honteuse ? Hors, elle était calme, pleine de sang-froid, contrôlée. Elle jeta un regard en coin au surveillant qui se torturait tout seul; ses pupilles, nettement refroidies, analysèrent posément la situation. Tears stressait pour un rien, c'était sûr; à paniquer comme cela, tout le monde allait le savoir, et après... Ce ne serait plus qu'une question de temps avant qu'elle ne soit détrônée. L'amour rendait stupide avec précision, c'état un sentiment bien trop inutile pour quelqu'un qui n'en avait pas l'utilité, ni le besoin de s'en servir. Alors, elle le donnait, comme une part d'elle-même abandonnée à la DASS. Néanmoins, Tears n'était pas si bête que cela, il saurait quoi en faire. Only avait confiance en lui, peut-être inutilement, mais elle savait qu'il ne profiterait pas d'elle en usant de cette faiblesse émotionelle. Si durant toutes ces années où il était à la Wammy's House, elle ne s'était pas dévoilée d'un poil, elle en voyait au contraire beaucoup sur lui. Le profil de l'homme le portait à l'honneur. La jeune fille laissa un sourire fragile se poser sur sa bouche de velours rouge :
" J'vous fais confiance pour savoir ce qui est bon pour les orphelins monsieur Tears. "
Elle posait elle-même de nouvelles barrières, en l'appellant à nouveau " Monsieur ". Cependant, son délire fut bien court, tant sa tête se fit remplie d'idées brumeuses. La jeune fille se mura dans un silence entrecoupé de soupirs, la chaleur augmentant dans son corps glacé. Entre le pluie et la température... Elle toussa doucement, et inspira un grand coup, sentant la nausée venir. Elle manquait parfois de tourner de l'oeil lorsque la température de son organisme était trop intense, et là, elle la sentait venir avec inquiètude vers un point culminant...
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Sujet: Re: It's stupid [PV Tears *_____*] Ven 20 Juin - 19:06
Le ciel grondait toujours, cruel et humide, pas un instant la pluie n’avait faibli. Pas un instant le ciel ne c’était éclairci. Tears regardait la jeune fille déplier ses jambes tremblantes. Le surveillant n’avait jamais vraiment remarqué la fragilité du corps d’Only, la dureté et la violence de son caractère camouflait ses faiblesses physique. Calme, elle était pourtant si délicate, l’eau glissait sur son corps comme un morceau de soie et faisait rayonner sa peau claire. Le contraste entre la blancheur de ses membres et la noirceur de ses cheveux n’en était que plus frappant encore. Les mains du surveillant s’agitaient toujours inutilement, il avait peur, peur de ce nouveau facteur qui venait d’apparaître pour modifier son théorème. Il était inquiet quand un imprévu surgissait pour perturber le court tranquille de sa petit vie ennuyante, mais en même temps, ça le revivifiait. Mais maintenant… avec ce sentiment…s’il se mettait à trop vouloir la comprendre, cela passerait peut être comme de la drague. Il ne voulait pas donner de faux espoirs à l’orpheline qui avait sûrement déjà trop souffert pour arriver là où elle en était : vivre de violence et de tabac et... aimer un faible surveillant. Asexué, en plus de ça, et qui n’y connaissait rien en sentiments amoureux. Il ne voulait en aucun cas qu’elle se sente trahi, sinon il échouerait dans son rôle de surveillant… et le rôle qu’il s’était donné en tant qu’humain. Lui qui devait assurer la joie des orphelins, il ne fallait que rien la mette en péril. Cependant…ce sentiment qu’on appelait amour n’était-il pas là pour rendre heureux ? Tears s’embrouillait dans ses pensées… il voulait la rendre heureuse, mais avait peur de trop s’impliquer. Un sorte de lâcheté. Le blond commençait déjà à la comprendre un peu, cette conversation lui avait beaucoup apporté, mais il ne pouvait pas laisser tomber comme ça, si grossièrement, sous prétexte qu’il ne voulait pas lui faire mal en continuant de la côtoyer. Des notions paradoxales se chevauchaient dans sa tête… Le jeune homme ne comprenait rien aux cœurs des femmes, leurs pensées, leurs envies, tout cela est l’inconnu total pour lui. S’il faisait comme si de rien n’était, allait-il la blesser ? La jeune fille assurait ne rien attendre… mais était ce vraiment le cas ? Alors elle s’était déclarée dans le seul but de se libérer de ce poids. L’idée d’avoir été un fardeau pour Only pendant 3ans mettait le jeune homme très mal à l’aide. Le problème, c’était lui. La pluie trop abondante, ces larmes trop amères qui laissait voir le relief de sa colonne vertébral sur son échine tremblante, tout cela servaient à le faire douter. Douter de lui même, du fait qu’il était un bon surveillant, du fait qu’il pouvait rendre tout le monde heureux. Essayer de comprendre et d’aider Only sans lui donner une part de lui-même en échange, voilà qui était bien égoïste. Sa peur de l’avenir lui soufflait de ne pas se mêler à ça. Des choix… Tears détestait des choix. Le surveillant n’avait aucune expérience en matière de sentiments amoureux, de plus, il devait éviter de faire du favoritisme… et ce genre de relation n’aiderait sûrement pas l’orpheline. C’était pour ça qu’il sentait qu’Only le comprenait, elle saisissait son mode de pensé angoissé, c’est pour cela qu’elle disait n’avoir aucune attente. Elle ne voulait pas lui mettre la pression, il lui en était reconnaissant. Ainsi Tears devait lutter contre deux modes de pensée. Celui qui lui indiquait de faire comme si de rien n’était, par peur de caser ses habitudes, par peur de faire souffrir Only… par peur. Tout simplement. L’autre mode de pensée était alimenté par l’envie de la comprendre d’avantage, de la sortir de sa prison, mais le risque de la faire souffrir y était, puisque cela pouvait entraîner trop d’attentes dans le cœur de l’orpheline. N’y avait-il pas un compromis ? La première solution était égoïste et lâche. La deuxième l’était aussi puisqu’elle créait des espoirs qu’il ne pourrait peut être pas tenir. Sachant que la jeune fille semblait ne pas avoir d’attentes particulières, la deuxième solution semblait la meilleur. Quoiqu’il en soit, l’idée d’abandonner Only à son univers obscure et hostile était tout à fait inacceptable, donc refusé d’office. Mais vouloir la rendre heureuse sans s’invertir… Tears serra les poings. Ses pensées se répétaient sans cesse. Il nous pouvait rien lui promettre, rien du tout, mais il ne la fuirait pas. Jamais.
-"J'vous fais confiance pour savoir ce qui est bon pour les orphelins monsieur Tears."
Cette phrase rajoutait d’avantage de brouillard dans l’esprit du surveillant. Il pataugeait dans ses décisions. Dès qu’il en prenait une, elle s’autodétruisait l’instant d’après. « Monsieur »… comme si leur conversation n’avait jamais existé, comme si… rien de tout ça ne s’était produit. Un cadenas en plus. Regrettait-elle sa déclaration ? Ainsi c’était elle, qui voulait faire en sorte que rien ne c’était passé. Ou alors disait-elle ça pour le rassurer, pour lui dire que s’il ignorait ses sentiments, ce n’était pas grave. C’était comme une délicate attention…mais le surveillant ne pouvait l’accepter, son envie de la voir sourire empiétait sur ses peurs.
-"… Only… merci… je sais pas si… si je suis digne.. de tes sentiments… mais j’en prendrai soin…"
Un éternuement. Only tremblait plus que de raison, ses yeux semblaient vitreux, sa peau trop transparente. Tout à l’heure Tears n’avait pas insisté pour l’emmener à l’intérieur, mais maintenant, l’orpheline pourrait protester autant qu’elle voudra, rien n’y ferait. Le surveillant n’avait aucune envie qu’elle lui claque au nez, s’il ne faisait rien, elle s’évanouirai probablement.
-"… il faut rentrer maintenant…"
En se levant, Tears vacilla un peu sur les tuiles arrosées, et l’équilibre reprit, il tendit une main dégoulinante d’eau vers la tremblante Only.
L'homme était trop prévisible pour être surdoué, il semblait plus humain que la plupart des pensionnaires de la Wammy's House, et déjà, rien que voir cela ailleurs qu'au cinéma rendait Only toute chose. Elle aimait ce faible sourire qu'il arborait parfois, ou cet air gêné qui planait sur son visage livide, la mèche tremblante qui recouvrait son regard bleu comme un voile claire; Tears était un homme à l'opposé de ce qu'elle aurait dû choisir, mais un mâle tout de même, bien plus honnête que la plupart de ses compatriotes du même sexe.
Se levant avec difficulté, l'orpheline gardait son regard planté dans le sien; c'était bien simple, si ses pupilles étrecies par le manque de lumière manquait celles du surveillant, elle se troublerait, deviendrait rouge, et la maladie aurait gagné. C'était une bataille contre elle-même, dont Tears était le pincipal antibiotique :
" Arrêtez un peu de vous dénigrer, merde. Vous n'avez plus 16 ans. Si j'ai placé mes sentiments en vous, c'est que je vous ai pris pour un homme de bien. Maintenant, il ne faut que vos expressions laissent penser le contraire; vous n'êtes pas lâche Tears mais vous manquez de confiance en vous, et c'est regretable. " Répliqua-t-elle, tout en se raccrochant à la main glissante du surveillant
Elle tituba vers lui, alors qu'elle se demandait comment elle faisait pour encore sortir des phrases pleines de bon sens. Elle savait qu'elle n'avait pas tort à son propos; derrière chaque personne, il y a quelque chose de merveilleux; hors, trop souvent, elle ne cherchait pas ce trésor, elle se contentait du sien, celui qu'elle ne voyait même pas, enfoui derrière une masse énorme de mauvaise volonté. Elle, elle doutait de son assurance, et peut-être de sa totale innocence. Elle n'était plus pure, elle fumaint, elle buvait, elle avait fait l'amour; c'était la base de l'adolescente rebelle du XXI éme siècle, comme Sid Vicious ou les plus grandes icônes du rock. Only souhaitait en devenir une elle aussi, organiser des pogos, des Wall of death, extérioriser sa violence comme elle le pouvait, par la voie orale. C'était la meilleure chose qui pouvait lui arriver.
La jeune fille, trempée jusqu'aux os, se raccrocha à l'épaule frêle de l'homme, se dirigeant d'elle-même vers l'entrée du bâtiment. C'était proche, et pourtant lointain, étrange contraire. S'aidant du soutien masculin, elle glissa un regard en coin au visage de celui qu'elle aimait, pour mieux le détailler. De grands yeux timides, une bouche aux accents volontaires, il était plus que ce qu'il voulait bien dire, pour elle comme pour les autres. Mais, s'il ne se reprenait pas, il allait sombrer. C'était pour ne pas couler qu'Only se montrait telle quel, si sa violence n'avait pas été là, elle n'osait penser à ce qu'elle serait devenue :
" Oui rentrons, effectivement, rien ne vaut de se tremper pour ce genre de choses, n'est-ce pas ? "
Elle songea un instant, en fixant les lèvres roses de l'homme, à faire un acte de pure folie; elle avait dit qu'elle n'attendait rien de lui, et pourtant, elle avait des désirs de femme. Il ne dirait rien si elle lui volait un baiser, Roméo ténébreux, sous un accès de température. Et puis s'enfuir... Voilà un plan qui méritait d'être mieux construit et exécuté avant d'entrer dans l'atmosphère surchauffée de l'orphelinat.
Toute à ses chères pensées de conquête masculine, Only ne regardait même pas où elle mettait les pieds et finit, malheureusement, par déraper sur une belle flaque d'eau, luisante à souhait, qu'elle n'avait pas remarqué [en même temps, il y en a tellement]. Elle plongea le pied dedans, et se mit à glisser au ralenti vers l'arrière. La bouche deformée par un hurlement silencieux, elle tenta de se rattraper à Tears au moment de sa chute et, ne parvint, pitoyablement, qu'à l'entraîner aussi. Ah, ces jeunes, tous très maladroits è_é
Elle se retrouva donc étalée sous la pluie, avec un poids "mort" sur elle [désolée, si tu veux que je change le passage où elle dérape ^^"]. Sa tête avait cogné contre un des pans du mur et les z'oiseaux chantaient gaiement dans son cerveau, sensation très peu agréable qui se rajoutait à la température :
" Aïe. D'solée. " Gémit-elle, les dents serrés sur un soupir
Elle posa les yeux sur le surveillant, mal à l'aise, tandis qu'elle prenait son appui sur ses coudes, hésitant à se redressant tant le carillon de son mal de crâne était violent.
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Sujet: Re: It's stupid [PV Tears *_____*] Mar 24 Juin - 18:49
La lumière de la lune venait d’apparaître, faible et peu visible derrière l’amas de nuages aussi noirs que le ciel nu. Aucune étoile n’était perceptible, aucun clignotement d’avion. Juste une fumée grossière et sombre, rien de lisse ni scintillant comme la nuit. L’écume larmoyant du ciel pleurait toujours, sans fin. A croire que rien ne pouvait arrêter averse pareille. Pendant que la jeune fille se levait à l’aide de la main humide du surveillant, ce dernier buvait ses paroles… ces compliments… Il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas reçu de tel mots, ces mots qui allégeaient son cœur. Pas un instant, jour ou nuit, Tears ne se posait pas la question : "Suis-je quelqu’un de bien ?" Voilà qu’on lui offrait une belle réponse sur un plateau. Si Only le considérait ainsi, alors ça lui allait, son avis était des plus importants. Et il avait du mal à y croire… en fait peut être qu’il ne se rendait pas encore compte de l’ampleur des sentiments de la jeune fille. Il n’avait sans doute jamais aimé comme elle le faisait en ce moment même. Et ces mots, ceux qu’elle venait de dire, ils le touchaient si bien que ses joues rougissaient sans prévenir. Un peu de confiance, il lui fallait juste un peu de confiance, et cela ferait de lui un homme accompli. Il offrit volontiers son épaule à l’orpheline, qui, à sa grand surprise, pouvait encore tenir debout. Lentement, ils s’avancèrent vers à la porte qui était à quelques mètres de là.
-"Oui rentrons, effectivement, rien ne vaut de se tremper pour ce genre de choses, n'est-ce pas ?"
Only avait le don de sortir des petites phrases comme ça… pas vraiment méchante, juste des phrases mesquines pour tester l’autre. Des tests, toujours des tests. Par "ce genre de chose", elle voulait dire… la déclaration de ses sentiments ? Si Tears voulait rentrer, ce n’avait aucun rapport avec ça. Juste pour la santé de la jeune fille dont le visage brûlant rougissait à vue d’œil, les gouttes glaciales martelant ce front si pur. Rien que de la voir en cet état lui lacerait le cœur.
-"Non… juste que… tu es mal…"
Il n’eut le temps de finir sa phrase que la jeune fille dérapa royalement sur les tuiles arrosées d’eau. Ses cheveux se rejetèrent vers l’avant, son corps se courbaient non sans grâce, et ses fines mains jetées vers l’avant cherchaient désespérément une prise auquel elles pouvaient s’accrocher. Prise qui se trouva être le t-shirt du surveillant. Ce dernier tenta vainement de ramener Only à lui, mais son frêle corps se laissa lâchement emporté tandis qu’une petite frayeur se dessinait dans ses yeux. Finalement, il s’écrasa piteusement sur l’orpheline. Un bruit sourd retentit, elle s’était sûrement cogné. Tears, quant à lui, avait la tête logée au-dessus de l’épaule de la jeune fille, près de son frêle cou… il sentait ce corps fiévreux contre le sien ainsi que ces petits seins que son torse écrasait. Un rouge encore plus soutenu lui monta aux joues à cette idée, il se redressa précipitamment tandis qu’Only prenait appuis sur ses coudes.
-"Aïe. D'solée."
-"C’est.. c’est pas grave…" enchaîna-t-il presque immédiatement.
Il se frotta la nuque un instant, et en voyant l’air totalement étourdi de la jeune fille, décida de prendre les choses en main.
-"… tu n’as pas l’air d’être…dans ton assiette, je vais te porter..."
Sur ce, il se leva complètement et s’accroupi de nouveau à coté de la jeune fille, plaçant ses mains sous l’articulation de ses genoux et dans son dos. Il ne fallait pas qu’elle reste ainsi, avec une fièvre pareille… peu importé qu’il ait l’air un peu ridicule en la portant comme une princesse. Si le ridicule tuait, il y aurait longtemps que son cadavre aurait pourri. Le jeune homme se leva donc, Only dans ses bras. C’était une chance que l’orpheline soit aussi légère, mais elle l’encombrait un peu dans sa perception visuel. Ne voyant pas ses propres pieds, Tears marcha avec précaution, un pied après l’autre. Avec un peu de chance, il ne rencontrera pas de flaques d’eau. Mais le jeune homme n’avait jamais eu une chance étourdissante. Il marchait sur une tuile où de la mousse avait eu la bonne idée de venir vivre, et cette végétation imbibé d’eau était réputé pour ses vertus glissantes à souhait. La chute avait été moins spectaculaire que celle d’Only, ici le jeune homme avait tenté de garder son équilibre pendant au moins 15 secondes, en vain. Tears retomba donc sur les fesses, la jeune fille dans ses bras.
La pluie redoublait d’intensité, visiblement peu décidée à les laisser repartir entiers. Plus la nuit tombait, plus l’orage se faisait brutal. La jeune fille, encore sous le choc de sa tête, se demanda placidement si l’orphelinat avait un par tonnerre. Elle allait sûrement avoir un beau bleu au milieu du crâne, ou une bosse qui soulèverait quelques mèches de sa chevelure sombre. Et dans les couloirs, on se demanderait l’identité de la personne ayant pu la frapper à l’arrière de la tête sans être défiguré. Parce qu’avec la fièvre, il était quasiment sûr qu’elle resterait à l’infirmerie quelques jours et que durant ce court laps de temps, elle ne frapperait personne. On s’inquièterait d’abord, puis on se poserait des questions. Il y aurait alors quelqu’un pour dire que la personne l’ayant frappée était plus forte qu’elle, le sujet deviendrait de plus en plus récurrent. Only ouvrit brutalement les yeux, sans savoir si ces suppositions sortaient directement de son imagination ou si elles indiquaient un futur proche. Hors, les prémonitions n’avaient jamais été sa tasse de thé ; si elle en rêvait la nuit, elle les interprétait toujours de travers. Tout ça parce qu’elle avait peur de son avenir en, général. Ses prunelles sombres croisèrent à nouveau celle du surveillant, dont les joues étaient enflammées d’un rouge soutenu. Only esquissa un faible sourire, autant pour indiquer qu’elle était vivante que pour être sarcastique. Elle n’allait pas se laisser abattre pour une petite plaie à la tête, même si tous les carillons de Big Ben y sonnaient.
La pluie correspondait néanmoins tout à fait à l’état de l’esprit de la jeune fille ; trouble et violence. D’apparence physique, Only ressemblait tout à fait une survivante du Titanic, la bourrasque suivante achevant de la glacer complètement. L’orpheline se faisait l’effet d’un joyeux squelette, corps brisé, poumons enfumés et en poussière ; mais elle captait dans le regard de l’homme un éclat de vie qu’elle y puisait sans avarice. Elle eut une pensée émue pour son honneur ; elle se comportait en parfaite idiote pour être tombée aussi pitoyablement, en glissant sur une bête flaque d’eau qui n’avait rien demandé il est vrai. Voici une erreur qui ne devait pas se reproduire tant elle était stupide. Mais elle se présenta elle-même une bonne excuse à son comportement : la température, encore et toujours. C’était un fléau surnaturel, digne de la peste bubonique à la l’échelle de l’orphelinat. Only la supportait très bien, mais son corps ne lui appartenait plus tout à fait ; il lui semblait presque vivre une aventure extraordinaire à l’état d’esprit complètement éthéré. C’était un pur moment de jouissance intérieur, lorsque l’on sait que l’on peut être en danger de mort, mais l’émotion était troublée par la présence du surveillant. Il ne la gênait pas, mais qu’il soit là suffisait à atténuer son impression de bonheur. Il l’obligeait à rester vivante.
Hors, le poids plume de l’homme ne la dérangeait nullement, elle y trouvait même un peu de chaleur humaine, qui tempérait son coup de température. Mais, visiblement, lui, était gêné par ce contact intime. L’air perplexe, Only se demanda comment il pouvait être mis mal à l’aise par ses tout petits seins ; elle déduisait automatiquement que certaines parties de son anatomie devaient apparaître à travers le tee-shirt trempé du surveillant, par transparence. Jetant à peine un coup d’œil au résultat, elle se sentit soudain soulevé dans les airs. Son premier réflexe fut de se débattre, mais, se rendant compte que le terrain sur lequel se déplaçait Tears était un vrai champ de mine, elle se calma aussitôt. Accrochant ses bras maigres autour du cou du surveillant, plus raide qu’une planche, elle observa avec appréhension son avancée sur le toit. Elle sentait les mains de l’homme contre son dos et sous ses genoux, tremblantes, en déduisit donc que s’il jouait le fort, c’était aussi pour sauvegarder son propre honneur. Philosophie personnelle qui ne dura pas longtemps lorsqu’elle se retrouva à nouveau par terre, ou plutôt sur les genoux de Tears. Cette fois-ci, elle n’avait presque pas senti la secousse de la chute, s’en sortant sans un hématome. L’orpheline ne pu s’empêcher de rire, d’un éclat réellement honnête et rauque. Elle riait trop pour songer à s’arrêter. C’était si bon, et neuf, de se laisser aller à un tel accès d’humeur. La situation était cocasse, des larmes d’hilarité perlèrent au coin de ses yeux, tandis qu’elle se tournait vers le surveillant blond :
« Vous n’en ratez pas une vraiment mais c’est marrant. Je crois que je vous aime encore plus qu’il y a quelques minutes. »
Et elle décida impulsivement que le moment était bien choisi pour son acte de pur folie. L’orpheline se pencha lentement vers le visage masculin trempé, et colla ses lèvres sur les siennes avec sensualité [O_O omg]. Même si ce n’était qu’un baiser volé, elle en ressentit une fierté toute personnelle, et pour ne pas laisser à Tears le libre choix de la repousser lui-même, elle s’écarta volontairement au bout de quelques secondes. Sans rosir, elle le fixa, puis, jugeant qu’elle en avait assez fait, tourna le tête vers le ciel chargé de nuages :
L’armageddon, c’était vraiment l’impression que donnait le ciel. Une mini fin du monde dont le souffle glacial anesthésiait les membres de Tears. Il se sentait minuscule par rapport à la grandeur du ciel et si faible par rapport à sa cruauté. Dans ses bras, il sentait les membres fragiles de la jeune fille plus froids que jamais, à croire qu’il partait enterrer son cadavre. Partir était un bien grand mot, puisqu’il était bloqué avec Only sur les genoux. Cette dernière riait aux éclats, bien qu’elle soit dans un état de santé pitoyable, elle riait. Pas un rire sarcastique et moqueur, pas un de ses rires qui faisaient si mal. C’était vraiment un rire nouveau qu’on ne lui avait jamais entendu, une nouvelle facette de la jeune fille qu’il venait de découvrir. Il était content d’avoir vécu jusqu’ici pour assister à ce spectacle, si content qu’il se mit à réprimer un petit rire gêné aussi. Le genre de rire trop timide pour être bruyant, mais qu’il se permettait quelque fois. Il se sentait vraiment bête d’être tombé aussi pitoyablement, mais si ça pouvait faire rire Only comme ça alors il était content de l’avoir fait.
-"Vous n’en ratez pas une vraiment mais c’est marrant. Je crois que je vous aime encore plus qu’il y a quelques minutes."
Le rire gêné de Tears se stoppa. Il ne voulait pas l’encourager dans ses sentiments, mais il souriait, d’un sourire troublé mais touché, agréablement touché. Il savait qu’il devait plutôt se sentir inquiet de l’ampleur des sentiments d’Only, pourtant il était ému. C’était étrange ce sentiment d’indécision total. Le surveillant était le genre d’homme qui ne savait pas ce qu’il voulait, incapable de faire des choix rapidement. Un boulet quoi. La nuit devenant de plus en plus présence, le blond arrivait difficilement à distinguer les traits de l’orpheline. Alors qu’il cherchait à déterminer son expression, Tears sentit un contact soudain sur ses lèvres. Pris de surprise, il clignait des yeux. Quand il prit conscience que c’était la bouche d’Only qui était sur la sienne, il paniqua.
"Ohmondieuohmondieu, mais qu’est ce qu’elle fait !" D:
Plus rouge que jamais, le surveillant, figé, n’avait pas encore eu le temps de réaliser pleinement la situation que la jeune fille avait déjà rompu le baiser. Les yeux écarquillés dans le vide et l’air beat, il était inutile de préciser qu’il avait l’air sacrement bête. Pourquoi… pourquoi les filles exprimaient le besoin de poser leurs lèvres sur celles des hommes qu’elles aimaient ? Et même ceux qu’elles n’aimaient pas d’ailleurs. Cet acte étrange ne servait vraiment à rien. Alors pourquoi était-il si terriblement gênant ? De plus c’était… agréable, il fallait se l’avouer. Parce que la jeune fille avait été douce. Cette douceur était donc une autre facette d’elle. C’était vraiment extraordinaire, combien de facettes inconnues avait elle encore ? L’air profondément choqué affichait sur son visage, Tears avait du mal à assimiler tout ça. Ce n’était pas la première fois qu’une fille l’embrassait, mais ici c’était différent, c’était… nouveau. Subitement, il se rendit compte qu’il avait moins froid et une peur soudaine s’installa au fin fond de ses pupilles. Il ne fallait pas. Il était beaucoup trop passif… il le savait, il savait que si le contact avait duré plus longtemps, il ne l’aurait pas rejeté (du moins, avant un bon moment). Parce que ça lui aurait fait trop de peine. Pourquoi elle avait fait ça… ? Il ne fallait pas qu’il se laisse aller, parce que cela ferai plus de mal que de bien. Parce que c’était… comment appelle-t-on ça déjà ? Ah oui…de la pédophilie. Il était surveillant, elle était élève. Pourtant… elle l’avait… comment dit-on déjà ? Embrasser… A cette pensée, la panique du surveillant se décupla. Elle l’avait embrassé. Affolé et abominablement désorienté, il se mit à bégayer des choses incomprehensibles. Il ne savait pas lui-même ce qu’il voulait dire, pourtant une suite de sons stupides sortait de sa bouche. Finalement, il essaya de se calmer… respirait lentement… inspirer… expirer… Il venait de comprendre ce que la jeune fille avait dit, à propos du temps. Il répondit alors d’une voix nerveuse :
-"… oui il fera sûrement bouche… beau ! Il fera beau… demain…"
Embarrassé par ce lapsus ridicule, Tears aurait voulu se fondre dans le paysage. L’air penaud, il se gratta la nuque un instant, il ne pouvait pas se lever tant que Only était sur ses genoux.
-"Je… il faudrait que… tu te lèvre.. lève ! … que tu te lève… un instant… je te reporterai.. c’est juste pour.. pour pouvoir me lever…"
Le blond dont la coupe de cheveux ne ressemblait plus à rien, était étrangement troublé. L’orpheline avait pourtant dit qu’elle n’attendait rien de lui, mais son comportement semblait démentir ses paroles. Il s’était pourtant basé là dessus… cependant si elle attendait vraiment quelque chose de lui, il ne savait pas s’il pouvait le lui donner. Si Only attendait quelque chose de lui… alors les choix qu'il avait prit n’étaient peut être pas les bons... ?
En 13 années d'orphelinat, c’était peut-être la première fois qu’elle avait ri de façon aussi intense ; ses abdos toujours contractés s’étaient relâchés d’un seul coup et elle avait explosé spontanément de ce rire trop naturel pour être croyable. Avant d’embrasser Tears, elle en était encore secouée. C’était sûrement ce changement-là, radical, qui l’avait aidée à sauter le pas en agressant les lèvres humides de pluie du surveillant. Quoique… c’était la première fois qu’elle embrassait quelqu’un, avec des réels sentiments, et, à cause de sa température, c’était avec une certaine mollesse qu’elle avait réalisé son fantasme. Hors, cela s’arrêterait là. Même sous l’impulsion de la fièvre, elle savait que ce moment resterait gravé dans ses rêves, la fraîcheur de sa bouche, et cette surprise qu’elle avait vue dans ses yeux l’espace d’un court instant, avant qu’elle n’éloigne l’objet de son désir.
Pourtant, quelque part, elle savait qu’elle aurait dû se retenir, cela ne lui correspondait pas d’agir sur un coup de tête soudain, pour un petit 40° ; au contraire, si elle avait été dans son état normal, elle se serait refermée sur elle-même, avec la prudence commune aux adolescentes farouches. Pour l’occasion, elle avait brisé ses propres barrières physiques ; quotidiennement, c’est à peine si elle se laissait effleurer sans casser la gueule de celui qui la bousculait dans les couloirs. Alors que là, avant d’être impulsif, son geste avait été d’une folie sans égale. Ca n’entrait pas dans son cadre, Only n’était pas douceur et tendresse. Les baisers avec elle devaient être passionnés, enflammés, ou brutaux. Toujours la violence quel que soit son horizon. Only embrassant avec sensualité n’était pas Only, sans que ce soit de la schizophrénie. Peut-être fallait-il finalement croire au clonage, ou au moins à la théorie qui fait que la fièvre est mortellement délirante. Elle avait longtemps lu « Autant en emporte le vent », comme seule nourriture cérébrale. Là-dedans, l’amour n’était pas comme ça. C’était l’homme qui se montrait fougueux, non la femme. Scarlett sur le point de « violer » son amant aurait été une vision assez comique.
Ce que venait de faire Only, sans doute peu de femmes l’avaient fait avant elle. Elle avait l’originalité du geste, lorsque l’adolescente joue le rôle du garçon et que le mec en question se révèle faiblard, du type de celui qui n’ose agir pour sa propre sécurité. Non qu’elle ait l’effet de champignons hallucinogènes, mais en collant ses lèvres sur celles de son surveillant, la demoiselle avait fait écho aux instincts les plus préhistoriques de son organisme. Le langage du corps à proprement parler. Toi, t’es attirant, can I kiss you ?
Mais, l’émotion du moment passé, il ne restait plus que le souvenir. L’orpheline effleura rêveusement ses lèvres glacées par la pluie, il lui semblait encore sentir l’empreinte de la bouche masculine, ou du moins un reste de chaleur. Ses yeux embrumés changèrent de direction, lorsque l’homme prit la parole, s’embrouillant totalement, bégayant, balbutiant. Il était encore plus gauche que d’habitude.
Suivant sa demande, elle se leva en titubant, rattrapée par un reste de pudeur perdue. Elle se tourna dos à l’homme, visage vers le paysage inondé. Plus que jamais, elle aurait voulu se coucher là, et dormir, entre deux tuiles gouttantes. La pluie continuait sa lente besogne, infiltrait son corps, et elle fut prise d’une quinte de toux grasse :
« J’peux me débrouiller seule. » Murmura-t-elle, sans prendre la peine de regarder l’homme auquel elle avait volé un baiser
Only, l’unique, émergeait du brouillard de sa tête, reprenait un peu les commandes. C’était comme une locataire qui après avoir abandonné son appartement quelques minutes y revient en s’apercevant qu’elle a oublié ses clés. L’orpheline, elle, y a oublié sa pudeur.
Elle mit sa main en visière au-dessus des yeux, son esprit sautant déjà d’un point à l’autre. Elle n’avait plus envie de rentrer, même si son corps tremblait, même si ses jambes se faisaient de coton, même si sa pâleur devenait mortelle. Elle vira néanmoins de bord pour tituber vers la porte. Cette fois-ci, soit qu’elle fut plus attentive dans sa grippe, soit que les flaques évitèrent ses pieds, elle parvint entière à la porte. Et, se retournant, elle lança un regard brumeux au surveillant. Les sensations s’effaçaient, les parfums se mêlaient sous la pluie ; bien que son délire intérieur soit silencieux, elle voyait encore le moment passé comme un miracle. Il suffit d’un rien pour être troublée lorsque l’on est femme, mais ça a l’air d’être encore pire pour un homme. Vu de quelle façon Tears rougissait, il avait la même sensibilité qu’une fillette de dix ans gavée aux contes de fée. S’il se choquait pour un simple baiser… C’était pas gagné pour avoir un bonus. Only secoua violement la tête. Mais qu’est-ce qu’elle racontait enfin ?! Elle avait dit ne rien attendre de lui, et pourtant, son corps avait agi. Il fallait qu’elle se reprenne sans tarder. Plus d’erreurs pour son tableau de chasse.
Elle avait dit ça après s’être levée maladroitement, suivi d’une quinte de toux qui démentait un peu ses paroles. Cependant, c’était toute seule qu’elle arriva devant la porte, le ciel martelant toujours la terre comme pour la noyer. Tears, inquiet et toujours gêné, la suivit, quasi à quatre pattes pour éviter de tomber. Elle s’était refermée, encore une fois. Only restait toujours comme un chat fuyant, se rapprochant, et fuyant encore. Un chat sauvage qu’on ne peut apprivoiser… sauf si… le surveillant secoua la tête. Non, il fallait qu’il arrête. Elle n’attendait rien de lui de toute façon. Stupide mensonge, si elle n’attendait rien, elle ne l’aurait pas embrassé. Embrassé… Tears rougit de plus belle à cette idée. Rien que d’y penser le mettait dans tous ses états. Il savait bien que c’était ridicule, mais il ne pouvait s’en empêcher. La situation était encore trop inconnue pour lui. La jeune orpheline devait en avoir marre d’attendre. C’était peut être pour ça qu’elle l’avait embrassé, qu’elle avait cédé à cette pulsion. Only avait déjà attendu 6ans, la frustration devait se faire de plus en plus grande en elle et si son impatience s’amplifiait, qu’est ce qu’elle allait faire la prochaine fois ? Quelle sera la prochaine pulsion ? Tears prit un peu peur mais il se disait que le geste de la jeune fille avait sûrement été alimenté par les 40° de fièvre qui lui torturait la tête. Encore abasourdi par ce qui venait de se produire, le blond arriva tant bien que mal devant la porte. Il devait bien y avoir un autre antidote que lui pour rendre Only heureuse, non ? Pourtant la culpabilisation se faisait de plus en plus grande, tout comme la violence de la pluie qui pliait le surveillant comme un roseau. Il était le seul à pouvoir faire quelque chose, mais il avait peur. Et il était indécis. C’est alors qu’une chanson vint faire son apparition dans sa tête, une guitare et une voix se firent entendre, raisonnant dans son crâne comme une douce mélodie. "Have I told you I ache, for you..." "Ache" de James Carrington. L’histoire d’un homme qui avait quitté une personne pour ne pas la faire souffrir, pour pouvoir endurer tout à sa place. Ce n’était pas vraiment le genre de musique qu’il souhaitait avoir dans la tête en ce moment… pourtant le refrain tournait en boucle, comme un disque rayé. T'ais-je déjà dis que j'ai mal pour toi. Puis je te porter et souffrir pour toi ? Le son imaginaire de la guitare effaça même le brouhaha de la pluie, mais pour l’instant, Tears devait oublier ses tourments et se préoccuper de la santé de l’orpheline. Cette dernière ressemblait plus à un cadavre qu’autre chose, mais quel cadavre magnifique. La morgue l’aurait sûrement admiré une bonne heure avant de l’enfermer dans une boite. Ils l’auraient admiré autant que Tears l’admirait en ce moment même. Le fait d’être fiévreuse sous la pluie ne lui empêchait pas d’être belle, étrangement belle. Mais malgré tout, il ne fallait pas prendre son état à la légère. Si elle était arrivée entière à la porte, ce n’était peut être d’un coup de chance, néanmoins derrière l’ouverture il y avait des escaliers assez vertigineux qui se révélaient mortel pour les maladroits.
-"… tu passera sans doute quelques jours à l’infirmerie… mais... je viendrai te voir souvent ! Et… et je resterai près de toi… ce soir, si tu veux..."
Alors qu’environ 96% des gens pensent à des choses malsaines dès il s’agit de rester avec quelqu’un à l’infirmerie, cette idée n’effleura même pas l’esprit de Tears. Le surveillant n’avait jamais trop aimé être seul, mais Only, elle, l’était beaucoup trop souvent. Son surnom, comme tout ceux de l’orphelinat, n’était pas un hasard. L’orpheline était une solitaire, qui ne devait compter que sur elle-même, à n’importe qu’elle occasion. Le surveillant le savait, pourtant il ne voulait pas qu’elle se sente seule. Il voulait qu’elle se sente importante aux yeux de quelqu’un, qu’elle ait quelqu’un sur qui compter. Cependant, en se remémorant les événements précédents, le blond s’aperçut de son erreur. Il ne fallait pas qu’il lui donne de faux espoirs, ou qu’elle prenne ça comme une avance… mais le jeune homme ne pouvait s’empêcher de témoigner de l’affection dès qu’il le pouvait. Parce qu’il aimait Only. Comme une élève certes, mais c’était déjà beaucoup. Il l’admirait et elle mettait toujours du piment dans sa vie monotone, elle était dangereuse mais passionnante. Comme un serpent, même si on prend peur de ses vertus mortelles, on admire sa souplesse, sa beauté, son extensibilité… Du lion, on est fasciné par la rage, la violence et la bestialité qu’il transpose. Dangereuse et fascinante, voilà ce qu’était Only. Tears l’appréciait aussi pour ses facettes multiples, comme le lion qui sait se montrer doux parfois... mais personne n’est jamais là pour le voir. En regardant la jeune fille pendant un instant, il la vit si faible sur ses jambes, capable de s’écrouler à tout instant. Tears lui offrit alors son épaule, espérant de tout cœur qu’elle accepte l’aide qui lui était offerte. Il voulait qu’Only sache qu’elle pouvait se reposer sur lui malgré tout, même s’il ne faisait pas ce qu’elle attendait de lui, par peur et incertitude, comme d’habitude. Pour l’instant, il voulait se rendre utile. Et le moment était venu qu’il le soit. Maintenant, le blond n’avait plus peur d’Only à cause de sa violence, mais plutôt à cause de ses sentiments, beaucoup trop mystérieux pour lui. A la pensée que l’orpheline, de nouveau refermée sur elle-même, ne tenterait sûrement rien de plus pour ce soir Tears se calma. Il décida de ne pas se montrer trop distant pour ne pas la frustrer. Il ne devait plus fuir, et s’assumer, même pour la négative. Cependant il lui était plus difficile de la regarder dans les yeux.
Elle avait attendu déjà 6 ans, des années qu’on ne voit plus passer lorsque l’on sait s’occuper, et puis cela faisait le double qu’elle vivait là ; Tears était sûrement là pour en marquer la moitié. C’était venu petit à petit, et puis, elle avait fini par ne plus pouvoir le regarder dans les yeux. Cette stupide rumeur avait commencé à circuler, elle ne savait comment ; c’était peut-être dû au fait qu’elle était devenue légèrement plus romantique depuis quelques temps. Elle n’avait pas eu le temps d’être féminine, ni l’envie, sa relation avec Jack n’y avait rien changé. Tears était le seul qui éveillait en elle des envies de femme, des envies coquettes.
D’ailleurs, la proposition de l’infirmerie lui ajouta un peu de rouge aux joues. Bien sûr que non, ils ne seraient pas seuls, la copine de Nikolaï sera sûrement là, et évidement qu’il resterait à distance respectueuse. Elle l’avait dit ; elle ne mendiait rien, mais il y avait toujours un peu de désir dans ses pensées.
Sans répondre, elle poussa la porte verte, rdétaillant d’un œil morne la volée de marches aïgue. Pourquoi la vie était-elle si dure ? Pourquoi le pouvoir de ses chansons ne la portait-il pas plus haut que les nuages ? C’était stupide ; si elle descendait sans l’aide de Tears, elle se briserait le cou. La température élevée de son corps la plongeait dans un délire permanent, mais l’ivresse s’était transformée en inquiétude. Presque sans qu’elle ne s’en aperçoive, quelques larmes transparentes coulèrent hors de ses yeux sombres, se mêlant à la pluie. Il n’y avait plus rien d’amusant à sa situation. Face à la maladie qui agitait son corps de frissons incontrôlables, elle était dénudée. 17 ans, associable, douée pour le chant et la musique mais incapable de se produire en public, une fierté exacerbée, orgueilleuse, et amoureuse d’un surveillant incapable de prendre soin d’elle. L’orpheline leva les yeux vers le ciel, comme si elle se rendait enfin compte à quel point la pluie était violente ; elle lui giflait le visage, baffait ses joues de mèches cinglantes. Jamais, soudain, Only ne s’était sentie aussi mal à l’aise. Elle tituba à l’intérieur de l’orphelinat et la chaleur, brusque contraste avec l’orage grondant, la gifla avec violence. Elle secoua la tête avec dégoût d’elle-même, alors que d’habitude elle était si narcissique. Voir son visage dans une flaque d’eau ne l’émouvait plus tant que cela ; elle était pâle à faire peur, les yeux cernés de noir mais, heureusement pour sa fierté, son maquillage tenait bon. Si elle semblait sortir d’une mare, son visage était toujours aussi harmonieux, ses longs cils baissés avec pudeur sur ses joues blêmes. (et vive le waterproof) Elle posa le pied sur la première marche, avant de jeter un regard en arrière sur Tears. Elle souhaitait qu’il l’accompagne, et qu’il continue de faire attention à elle, que son regard bleu veille sur sa vie. C’était son devoir merde ! Elle se raccrocha au mur fiévreusement :
« Vous v’nez avec moi, maintenant ? » Elle tourna un regard limpide vers l’homme, attardé dehors, avant de descendre une seconde marche :
« J’veux dire, à l’infirmerie. » S’empressa-t-elle d’ajouter, saisie d’une nouvelle quinte de toux
Elle s’accrocha fatalement au mur, se demandant vaguement si elle arriverait entière en bas, le temps de descendre l’escalier et de traverser les couloirs bondés d’orphelins. Elle n’y survivrait pas, si on devait la voir dans cet état ; Tears était déjà de trop mais perdre son honneur dans une bête maladie, c’était insupportable. Elle éternua à répétitions et se frictionna les bras, tombant au bas d’une troisième marche. Elle le ferait sans aide, même si elle devait y passer la nuit, na !
La jeune fille s’était introduite à l’intérieur de l’orphelinat et de son escalier tortueux. Avec sa peau plus pale que la mort, on avait froid rien qu’en posant les yeux sur elle. L’avancée d’Only s’avérait bien difficile, vu que ses jambes semblaient constituées uniquement de coton. Elle se raccrochait au mur de béton comme si tenir debout lui demandait des efforts incontestables. Ce qui était d’ailleurs le cas. Le surveillant, mouillé jusqu’aux os, était trop occupé à la regarder pour la suivre. C’était vraiment quelqu’un cette Only. Rien à voir avec les filles du "dehors", ces pimbêches superficielles qui prétendaient avoir du caractère. C’est alors qu’il se rendit compte que le pseudonyme de l’orpheline ne faisait pas seulement allusion à son amie la solitude, mais aussi à son originalité. Le fait qu’elle soit elle, l’Only, la seule et l’inimitable. Le t-shirt orange imbibé d’eau épousait ses formes maigres, naturellement innocentes mais qu’elle rendait provocantes sans efforts.
-"Vous v’nez avec moi, maintenant ? J’veux dire, à l’infirmerie."
Sorti de ses rêveries, le jeune surveillant hocha la tête et s’avança maladroitement vers la porte en marchant sur le bas de son jean. L’orpheline descendit une deuxième marche en toussant plus que de raison. Ses sternutations secouaient beaucoup trop son petit corps qui paraissait si fragile et les sons aigus provoqués sonnaient comme des alarmes dans la tête de Tears, qui, paniqué, accéléra la pas. Ce qu’il redoutait se produisit puisque la frêle enfant glissa à terre, toussant de tout son être, n’ayant de force que pour éternuer. Dans sa panique intérieur, le blond se mit à courir et, arrivé à l’intérieur, le choc thermique lui fit un effet peu agréable. Ajouté à cela qu’il n’avait pas vu la première marche arrivait, Tears perdit l’équilibre et tomba sans grande élégance sur le derrière. Un sentiment de déjà vu. Il se retrouva néanmoins devant une Only mal en point, son maquillage trop noir contrastant avec sa peau trop blanche. Il n’osait toujours pas les rencontrer, ses yeux sombres et grands. Il avait peur de l’affronter, ce regard sombre qui décortiquait chaque parcelle de son être, ce regard qui dépiautait tout les sentiments que le blond tentait vainement de cacher. La panique, l’anxiété, l’intimidation. Le bois moisi de l’escalier craqua dangereusement et après un "Ca va ?" timide, Tears se leva en se frottant le derrière pour enlever la poussière collé sur le tissu mouillé, en vain. Il entreprit un instant de faire comme récemment, c'est-à-dire porter la demoiselle comme une princesse. Cependant, il devait parcourir les couloirs grouillants d’orphelins avant de rejoindre l’infirmerie, et cette posture avait le don d’attirer l’attention. Ainsi, le surveillant opta pour placer un des bras d’Only par-dessus son épaule, et de la faire avancer comme un mutilé de guerre. C’est donc ce qu’il fit, le tout avec une tendresse infini et un trop plein d’attention. Cette fois, ils devaient bien faire attention à où ils mettaient leurs pieds, la moindre erreur était à éviter. Méticuleusement, ils avancèrent à pas de fourmis et au bout d’un bon quart d’heure, ils arrivèrent dans le couloir. Ce couloir où se trouvaient tous les dortoirs, celui où ils y avaient le plus de monde, celui qui ressemblait à présent au couloir de la mort. La pluie, maintenant plus lointaine, martelait les nombreuses fenêtres du corridor. Le surveillant maintenait Only debout avec une main autour de sa fine taille et une autre qui serraient les doigts de l’orpheline dont le bras était suspendu par la nuque du blond. Après une grande inspiration, Tears commença à avancer en ignorant les élèves curieux qui venaient voir le spectacle.
"Qu’est ce qu’elle a ?" "C’est.. Only ? La Only ?" "Qui l’a mise dans cet état ?" "On vous a pas vu au dîner, vous faisiez quoi ?"
Que de questions qui faisaient tourner la tête du surveillant, déjà concentré à maintenir la jeune fille débout sans tomber. Le bruit de son jean mouillé n’était pas des plus discrets puisqu’un "Chpouik chpouik" agaçant retentissait accompagné d’une traîné d’eau qui mouillait le parquet. Après le long couloir et dix minutes à descendre l’escalier, ils arrivèrent au premier étage où les élèves y étaient moins nombreux. Malgré tout, quelques curieux du deuxième étage étaient descendus pour attendre des réponses à leurs stupides questions. Au grand soulagement de Tears, Silence arriva et proposa aux curieux d’aller voir ailleurs s’il y était. Après de longues minutes d’attention pour ne pas se gameller dans les marches conduisant enfin au rez-de-chaussée, ils entrèrent dans la grande pièce blanche.
-"Khythin ? … j’ai une élève…"
Silence.
-"Khythin ?"
Encore du silence. Elle a du être retardé lors du dîner ou peut être avait-elle quelque chose de mieux à faire… ? Tears déposa avec soin Only sur un des lits immaculés. Il avait prit l’habitude de la toucher comme s’il s’agissait d’un verre des plus fragiles, capable de se briser à la moindre fausse manipulation. Bon, si l’infirmière n’était pas là, il fallait bien la remplacer. C’était généralement là que le QI élevé du surveillant, ce QI qu’il trouvait généralement si encombrant et inutile, pouvait servir à quelque chose. Enfin, il ne fallait pas être Einstein pour savoir que garder des habits mouillés était mauvais pour la santé.
-"… ça va ? … je... si... si tu gardes tes habits… enfin…"
Sur le coup, Tears avait vraiment l’impression d’agir et parler comme un de ces sales pédophiles et ça le dégoûtait profondément. Il se sentait répugnant rien qu’en pensant à ce qu’il voulait dire. Ca l’horripilait. Mais avait-il le choix ? Penaud et gêné, il commença à fermer le rideau du lit, essayant de regarder ailleurs.
-".. je regarde pas… pendant ce temps… j’vais voir… s’il y a des pyjamas…"