We think a flower on a cliff is beautiful
Because we stop our feet at the cliff’s edge,
Unable to step out into the sky,
Like that fearless flower. (Bleach_Tite Kubo)

« On se prend la main comme des enfants
Le bonheur aux lèvres, un peu naïvement
Et on marche ensemble, d'un pas décidé,
Alors que nos têtes nous crient de tout arrêter »
[Cœur de Pirate]

« Et deux par deux, on avale nos mots.
C'est dur d'oublier ceux que l'on a connus, qui ont imprégnés nos peaux.
Et trois par trois, nos cœurs d’là partis.
On joue au couteau et on peut partager le même lit.»
[Cœur de Pirate]

Lorsque Rainbow lui répondit qu’il jouait à cache-cache en compagnie de Vain, elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire à cette révélation. Elle avait grand mal à imaginer le plus grand misogyne de l’orphelinat courir après le sous-leader des Pacifists. D’après ce qu’elle avait entendu de lui, il n’était pas vraiment du genre à se prendre au jeu. D’ailleurs, peu de personne à l’institut partageait la même vision du monde que Rainbow, le jeune-homme étant plutôt unique dans son genre. Après tout, l’univers joyeux et coloré de son ami n’appartenait qu’à lui.

Camelia le surprit en train de la dévisager curieusement. Se tournant de nouveau vers lui, elle aperçut une ombre passer sur son visage. Le voile obscur qui avait parut prendre place dans les pupilles du blond disparut dès qu’elle posa ses yeux sur lui. Fronçant les sourcils, Cassie pencha la tête en arrière, incertaine. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait le regard de son camarade s’assombrir, il avait beau se donner l’image d’un véritable bout en train, Camelia se doutait bien que lui aussi avait des choses à cacher. Ici à la Wammy’s House, chacun chasse ses mauvaises pensées comme il le peut. Rainbow n’excluait certainement pas à la règle. Les traits brièvement amères, elle devina que même le plus positif d’entre eux, possédait surement un passé douloureux et des cicatrices encore brulantes. Ne relevant pas, elle préféra se taire, jugeant que le jour des révélations viendrait bien assez tôt.

N’obtenant aucune réponse, Cassie se retourna vers lui, et elle le vit se diriger vers le saule pleureur à grandes enjambées.

Avant qu’elle ait put dire quoique ce soit, le jeune-homme grimpait déjà l’arbre. Camelia le vit escalader le saule avec plus de difficultés qu’autre chose. Il manqua de tomber plusieurs fois, l’inquiétant au passage. Elle s’apprêtait à se lever pour le réprimander et lui ordonner de descendre, lorsqu’elle le vit plonger dans la même contemplation qu’elle, quelques minutes plus tôt. Le lac. Rainbow à son tour était tombé sous le charme de l’endroit. Le fixant quelques instants, Camelia se surprit à le détailler de plus près. Ces fins cheveux blonds étaient en proie avec le vent environnant, ces yeux d’un bleu translucides s’écarquillaient au fur et à mesure qu’il percevait la beauté du lieu et ses lèvres qui s’étiraient habituellement dans un grand sourire, s’écartaient dans « o » approximatif d’admiration. Sa conclusion fut rapide, Rainbow était beau. Elle n’ignorait pas qu’il avait du succès avec la gente féminine, notamment avec la jeune Vanilla, mais elle n’avait jamais prit le temps de bien regarder son ami, surtout à cause de son hyperactivité constante qui empêchait quiconque de s’attardait un peu plus sur sa physionomie. Secouant la tête afin de chasser toutes pensées malvenues, Camelia se réinstalla à sa place initiale, légèrement embarrassée.

De nouveau, Cassie admira le paysage qui s’offrait à elle. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu’il lui arrivait ; depuis quand sortait-elle de sa chambre pour profiter du soleil ? Depuis quand souriait-elle aussi souvent ? Depuis quand se perdait-elle dans ses rêveries enfantines ? Elle l’ignorait. Où est passé cette fille qui érige des murs autour d’elle, qui creuse des fossés entre elle et les autres, qui ne se retourne pas quand t’on appelle…Où se trouve telle. Serait-ce depuis sa discussion existentielle avec Intermezzo ? Camelia baissa la tête, se massant les tempes, il n’est jamais bon, ici à l’orphelinat, de se laisser aller de la sorte. Qui sait ce qui peut arriver lorsqu’on relâche sa vigilance…Se mordant violemment les lèvres, elle serra les poings, ne comprenant pas son changement d’attitude. Dire qu’elle était perdue était un euphémisme, Camelia se sentait différente, changée, et elle n’aimait pas ça. Soudainement, elle fut sortie dans ses pensées par Rainbow, désormais étalé au sol, à ses pieds. Cassie le dévisagea longuement, retirant les mains de ses tempes doucement. Et puis son angoisse disparaissant lorsqu’elle entendit le « oups » retentissant de son ami, elle prit le visage du blond entre ses mains, le fixant d’un air faussement prédateur.

Pouffant légèrement, elle éclata de rire quelques instant plus tard. Un rire qui sonna drôle à ses oreilles, comme surfait. Elle n’était plus habituée à rire après tout. Camelia était reconnaissante de la présence apaisante de Rainbow, il n’était pas nécessaire de replonger dans la peur et le désarroi, en tout cas, pas pour le moment. Inutile de gâcher cette belle journée.

La mine mutine, la tête penchée sur le côté, elle esquissa un vague sourire, plongeant dans les iris claires de son ami.

« Fille de bas en haut
J'expose mon corps à découvert
Des kilomètres de peau
Pour un cœur qu'on roule à l'ordinaire
L'amour me rejette à l'amer »
[???]

« Puisque tu me serres très fort,
C'est là mon trésor.
C'est toi,
Toi, qui vaut de l'or »
[Zazie]

Elle se savait égoïste et manipulatrice, mais jamais elle n’avait pensé se montrer aussi cruelle. Elle n’aimait pas faire du mal, en tout cas pas gratuitement et surtout pas aux gens qui lui était chers. Camelia serra les poings, se maudissant intérieurement. Le ton blessé que prit Rainbow, la toucha plus que de raison.

Camelia lui envoya un sourire sincère, perdant sa mauvaise humeur. Avec douceur, elle lui retira la main qu’il avait vivement plaquée contre sa bouche, touchée. Elle le vit baisser la tête, visiblement honteux et troublé. C’était à son tour d’être en proie avec de nouvelles émotions. Une fois encore, elle jugea préférable de se taire, le dévisageant discrètement. De la peur au doute, à l’angoisse en passant par la gêne, Cassie contempla les multiples sentiments qui assaillaient son ami et qui déformaient ses traits, habituellement paisibles. S’écœurant elle-même par son attitude, elle détourna le regard, fermant les yeux quelques minutes plus tard. En plus de l’atmosphère, il lui sembla que le temps s’était rafraichit petit à petit. La météo faisait-elle échos à leurs sentiments ? Rainbow se décida à briser le silence en lui demandant comment elle allait. Au ton de sa voix, elle devina qu’il était perdu, et lui jeta un regard désolé. Étrangement, Camelia ne répondit pas, ne savant pas quoi dire. Elle n’allait pas bien certes, mais elle n’allait pas mal non plus. Alors que répondre au jeune-homme torturé qui se tenait à ses côtés ? Rien. Le sous leader des Pacifists lui demanda si elle était malade, cette fois-ci visiblement égaré pour de bon. Lui faisant signe que non, elle ouvrit brusquement les yeux lorsqu’il s’excusa. Plongeant ses prunelles dans celle de son vis-à-vis, elle frissonna de plaisir lorsque le blond lui effleura le visage.

Sous l’effet de surprise de cette déclaration intempestive, elle se figea brusquement, estomaquée. Camelia contempla longuement l’homme-enfant qui se tenait près d’elle, trop étonnée pour esquisser un mouvement. Puis, doucement et avec lenteur, elle se redressa, se retrouvant cette fois-ci face à face avec Rainbow. Remarquant la rougeur sur les joues du Pacifist, elle ne put s’empêcher de sourire, victorieuse. L’avait-elle touché en plein cœur ? Elle espérait que oui. Soudain, une idée germa dans son esprit, et elle décida de prendre les devants. S’approchant dangereusement du visage de Rainbow, elle dévia lentement vers son cou, touchant de ses lèvres la peau de son cou. Prenant appuie de chaque côté du corps de son ami, elle posa sa tête contre la gorge du jeune-homme.

Avec tendresse et sans le moindre geste brusque, Camelia posa ses lèvres sur la jugulaire de son camarade, remontant doucement vers son oreille, où elle souffla, désormais joueuse et taquine. Les mains toujours posées sur ses propres genoux, elle plaqua subitement son front contre celui du Pacifist. Les yeux grands ouverts, elle reprit la parole :

Espiègle, elle lui adressa un petit sourire mutin, jouant de son charme. Saura t-il capable d’apprivoiser l’indomptable petite tigresse qui se joue gentiment de lui ? A toi de jouer Rainbow…=p

« Je me ferai tendre pour t'apprivoiser
Pour te garder, pour te défendre
S'il le faut je me ferai sorcier.
Je me ferai géant, pour t'impressionner
Je nous construirai des moments
Comme des morceaux d'éternité »
[Florent Pagny]

A ce moment précis, Camelia prenait un malin plaisir à malmener Rainbow. Complètement égaré, il resta de longues minutes à la fixer sans trop savoir quoi faire. Se jouant de lui avec plus de plaisir qu’elle l’aurait crut, son sourire ne fit que s’agrandir. Elle en avait assez de l’enfant, elle voulait voir l’homme qui se cachait derrière cette attitude enfantine et exubérante. Cassie désirait apercevoir la face caché du Pacifist. Elle ne voulais plus discuter ou perdre du temps avec l'ami, elle voulait le vrai Rainbow, pas celui sourint à la longueur de journée, celui qu'elle sait torturé. Elle est femme, elle veut un homme. Quoi de plus logique.

L’ambigüité qui prenait petit à petit place entre eux, se fit doucement ressentir lorsqu’elle plongea son regard mordoré dans le sien. Il ne savait pas comment s’y prendre et son hésitation était palpable, si palpable qu’elle crut le voir trembler pendant un court instant. Camelia n’avait pas l’habitude de ce genre de contacts avec la gente masculine. Bien sur, elle a déjà embrassé comme elle a déjà offert son corps, mais à l’institut, rare sont les hommes qui se sont posés autant de question lorsqu’elle se donnait à eux aussi ouvertement. Cette tendresse lui était peu commune et étrangement agréable. Mais la personne qu'elle avait en face d'elle n'était pas n'importe qui, il ne s'agissait pas d'une de ses conquêtes d'un soir ni d'un de ses pions lui servant pour sa conquête du pouvoir, non, c'était Rainbow. Un ami avant tout. Quelqu'un qui prenait la peine d'aller vers elle, de comprendre et de s'interroger. L'ayant toujours considéré comme une perle rare, Camelia décida de se montrer plus douce, plus Rainbosque quoi.

Remarquant que son ami n’esquissait toujours pas un geste, elle s’apprêtait à recommencer son manège lorsqu’elle le sentit passer ses mains dans ses cheveux. Le regard du sous leader des Pacifist, s’était fait plus dur, plus ferme, plus assuré. Inconsciemment, Camelia se mordit la lève inférieure. Même ses mouvements se faisaient au fur et à mesure plus sur, plus certain, comme si quelque chose comme un vieil instinct s'était réveillé en lui. Ce fut d’abord avec une certaine retenue, qu’il lui effleura le visage, la faisant frissonner de plaisir. Avec une infinie douceur, qui lui était désormais caractéristique, il parcourra du bout de doigt sa joue, traçant un sillon dont lui seul devait sans doute connaitre le sens. Camelia rejeta brièvement la tête en arrière, l'idée de le repousser ne lui effleurant même pas l'esprit.Rainbow s’arrêta à la commissure de ses lèvres, apparemment perdu dans ses pensées. Cassie ouvrit les yeux, qu’elle avait fermés afin de s’enivrer des caresses du jeune-homme, fixant le blond, interrogative. De nouveau, il paraissait enclin un sursaut de maturité déstabilisant.

Elle sursauta, surprise. Malgré le fait que ce compliment fut prononcé indistinctement, elle l’entendit clairement, rougissant légèrement. Rainbow paraissait émerveillé par ce qu’il avait sous les yeux. Avec un sourire reconnaissant, Cassie lui caressa la joue, s’humidifiant les lèvres. Quelques secondes plus tard, il avait posé sa bouche contre la sienne. Tout comme Rainbow, le baiser fut d’abord hésitant, puis désirante d’aller plus loin, Camelia força le passage et approfondit le baiser. Avec envie, elle se redressa légèrement, posa ses deux mains sur chaque joues du blond, et l’embrassa avec fougue. Peut-être était-elle trop brusque, mais s’il y avait bien une chose que Camelia ne pouvait pas contrôler c’était bien ses désirs. Quelques minutes plus tôt, elle avait prit la résolution d'aller plus lentement, plus doucement, mais désormais en proie avec un soudain élan de pulsion primaire, ses anciennes promesses lui importaient peu. Quittant les lèvres de Rainbow à regret, elle se recula, le dévisageant.

Lui adressant un sourire carnassier, elle reposa ses lèvres sur les siennes, souhaitant faire disparaitre les dernières traces de timidités du jeune-homme. Qui ne tente rien 'a rien après tout.

« Mon premier nous empêche d'être ensemble.
Mon second fait que nous sommes de nature différente.
Nous sommes aveugles à mon troisième.
Nous n'avons pas l'espoir d'atteindre mon quatrième.
Mon tout se trouve dans nos cœurs. »
[Bleach]

La tentation. C’est l’interdit, le mélange du sucré et de l’amer, c’est le feu, le rouge et deux corps qui s’embrasent. C’est comme le désir, il n’y a pas de limites, tu peux toujours aller plus loin. Que ce soit pour des petites choses ou bien des grandes, la tentation et le désir seront toujours la source d’un plaisir immuable, auquel on peut donner un nom, mais qu’on ne peut pas décrire, pas entièrement. L’interaction qui peut exister entre deux personnes du sexe opposé en l’est la preuve. On ne met pas de mot sur les sensations éphémères qu’on peut ressentir, parce-que justement elles disparaissent aussi vite qu’elles sont venues. Le plaisir entre dans la catégorie des péchés, certes, mais il ne faut pas se mentir non plus, le plaisir, c’est trop bon !

Brûlante, Camelia l’était. Considérablement. Ses instincts avaient pris le dessus sur sa raison. Elle n’était pas patiente, mais alors pas du tout. Enchaînant baisers sur baisers, elle ne laissa à Rainbow aucun moment de répit, se perdant dans le tourbillon de sensations chacune un peu plus fortes. Fourrageant dans les cheveux blonds de son ami, elle le sentit passer sa main sous son débardeur, la caressant avec empressement. Riant contre la bouche du Pacifist, ce fut à regret qu’elle constata que son engouement était aussi vite parti, qu’il était venu. Avec douceur, il la poussa au sol, la forçant à s’éloigner, visiblement tiraillé par un flot de doute. Camelia n’entendit que faiblement ce qu’il disait :

Camelia lui jeta un regard interrogatif, décontenancée. Essayant de croiser son regard, elle réussit à lire sur ses traits de l’amertume et ce qui lui sembla ressembler à de la peur. Se redressant légèrement, elle s’appuya sur ses coudes et attendit. Enfin, il se tourna vers elle.

Un ange passa. Puis un deuxième. Grand silence, moment de flottement intense.

S’asseyant en tailleur face à lui, elle le dévisagea longuement, estomaquée. Cette déclaration paraissait lui avoir couté des efforts incommensurables. Soudain, elle comprit. Camelia venait juste de réaliser ce que Rainbow attendait, pas habituée du tout au déclaration d’amour. Le sous-leader des Pacifist voulait savoir ce qu’elle ressentait, ce que représentait pour elle leur future relation. Ce fut aussi à ce moment-là que Camelia prit conscience dans quoi elle s’apprêtait à s’engager. L’ambiance changea du tout au tout, elle perdit son enthousiasme, son visage de nouveau impassible. Rainbow est une personne humaine qui s’attache sans doute énormément à la personne qui l’aime et Camelia, elle, est plus du genre à rester distante malgré les sentiments. Lentement, elle releva la tête, plongea son regard dans celui de son ami et esquissa un sourire désabusé.

Le moment était gâché, définitivement. Mais elle devait être claire autant pour son propre bien, que pour celui de Rainbow. Elle était compliquée, beaucoup trop sans doute. Mais malheureusement, dire « je t’aime » ne fait pas partie de ses qualifications. Malgré tout, Camelia lui adressa un sourire d’excuse, elle ne venait pas seulement de gâcher ses espoirs à elle, elle venait aussi briser ceux de Rainbow. Ironiquement, elle en vint à penser qu’une solitaire reste une solitaire. Après tout, peut-être est-elle réellement incapable d’aimer entièrement…

« J'ai peur que tu sois sourd
J'ai peur que tu sois lâche
J'ai peur d'être indiscrète
Je ne peux pas te dire que je t'aime.
Peut-être. »
[Françoise Hardy]

Lon cœur, qu’elle croyait inanimé depuis longtemps, se serra. Il lui sembla que le temps s’était arrêté et qu’autour d’elle tout était figé. Camelia redressa la tête, souriant toujours tristement à Rainbow. Son long monologue l’avait bouleversé. Elle aussi. De nouveau, le silence prit place entre eux, la faisant frissonner. Cassie savait pertinemment qu’elle devait passer pour une fille volage, incapable d’entretenir une véritable relation aux yeux du Pacifist. Peut-être qu’il n’avait pas tord au fond, aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle n’avait jamais dit je t’aime aux personnes qui lui était chères. Elle n’avait jamais vraiment prit le temps de s’arrêter en chemin pour récupérer les gens qu’elle avait délaissés sur son passage. Pas totalement en tout cas. Tout comme son ami, elle comprend et analyse parfaitement les sentiments des autres, mais les siens, lui paraissent toujours indéchiffrables…Doucement, Camelia ria nerveusement, pensant amèrement qu’elle n’était vraiment pas une fille bien. Sa culpabilité ne fit que s’agrandir lorsque qu’elle remarque les joues striées de larmes de Rainbow. Serrant les poings, il semblait aussi surprit qu’elle par cette soudaine montée d’émotions. Elle avait tout gagnait, elle lui avait fait du mal. Trop de mal.

Ouvrant de grands yeux, Camelia n’eut pas le temps de réagir, que Rainbow s’était déjà levé, lui disant qu’il ne méritait pas son amitié. Mais qu’est ce qu’il lui prenait ? Ce n’était pas à lui de se faire pardonner ! Se levant avec brusquerie, elle s’accrocha à sa manche, violemment. N’ayant visiblement pas conscience de sa force, Cassie tomba à terre en compagnie de Rainbow. Désormais tout deux au sol, Camelia plongea ses yeux dans ceux de du Pacifist, soudainement plus brillants. Profitant de l’ahurissement de son camarade, elle lui donna une légère tape sur la tête, mécontente. Peu après, elle lui souleva le menton et reprit la parole :

Le frappant de nouveau, elle esquissa un sourire malgré sa colère. Remettant quelques unes de ses mèches folles derrière ses oreilles, Camelia se rassit en tailleur, les bras croisés. Elle contempla pendant un long moment les yeux rougis de Rainbow, un étrange sentiment de culpabilité lui assaillant le cœur. Est-ce qu’il se rendait seulement compte qu’il était en droit de la faire souffrir ? Elle venait de le pousser dans ses derniers retranchements, et tout ce que le blond trouvait à faire, c’était de se reprocher la souffrance qu’il lui avait fait ressentir à elle. Murmurant un inaudible « imbécile », elle poussa un soupir, décidément chamboulée par tout ce qui venait de ce passer un une seule journée.

Elle ne pouvait pas se permettre de le perdre, ce n’était même pas envisageable. Mais elle ne pouvait pas non plus l’entrainer dans une histoire sans fin, non, ça aussi c’était impossible. Alors avec un sourire d’enfant, empruntait à Rainbow lui-même, elle espérait chasser toute l’ambigüité qui résidait entre eux.

« Elle fout toute sa vie en l'air
Mais toute sa vie c’est pas grand chose
Qu'est-ce qu'elle aurait bien pu faire?
A part rêver seule dans son lit
Le soir entre ses draps roses »
[Michel Berger]

Elle resta de longues minutes sans parler, reprenant son souffle avec peine. Camelia plongea ses yeux dans ceux de Rainbow, s’excusant une nouvelle fois silencieusement. Avec une certaine appréhension, elle le vit tendre ses bras vers elle, l’enlaçant quelques instants plus tard. Cassie le sentie poser sa tête contre son épaule pendant qu’il lui murmurait qu’il lui en avait jamais voulu. Passant ses mains autour de la taille du Pacifist, elle se colla tendrement contre lui, reconnaissante.

Esquissant un faible sourire contre la peau du jeune-homme, Camelia resserra doucement sa poigne sur le t-shirt de son ami. Elle aurait donné n’importe quoi pour lui rendre son amour au centuple, mais tout était compliqué, tellement compliqué que ça en devenait presque douloureux. Ses yeux commencèrent à la piquer dangereusement et se sentant s’affaiblir, Camelia se mordit l’intérieur de la joue, empêchant ainsi ses larmes de couler. Elle passerait sans doute pour la pire des garces dès demain, mais il lui fallait être sincère avec elle-même, elle était incapable d’aimer et par ce-biais, indigne de Rainbow. Le mieux était de continuer à avancer, après tout, la solitude lui siée si bien.

Une fois encore, il la remerciait sans savoir que c’était lui qui méritait tout ces égards. Relevant la tête, Camelia crut déceler de son regard un soudain regain d’enthousiasme et de détermination. Avec un sourire, elle pencha la tête sur le côté et murmura assez fort pour qu’il entende :

Camelia lui envoya un sourire, reprenant la parole.

Reculant légèrement, elle leva le pouce en sa direction, les yeux brillants. Camelia a confiance en Rainbow, elle sait qu’un jour, il trouvera quelqu’un pour lui, qui saura l’aimer toujours plus fort. Elle ne veut pas faire de promesse, car prendre le risque de ne pas les tenir serait comme entacher de rouge leur relation. Pour elle, cette journée s’est déroulée de la même façon qu’un rêve. Et elle est presque certaine que Rainbow a ressentit la même chose…Avec recul, Camelia pensa qu’ils avaient encore tout deux beaucoup de chose à apprendre sur eux et sur l’amour et qu’il n’était pas certain qu’ils puissent se retrouver de nouveau comme ça. Lentement, elle tourna la tête vers le ciel, contemplant l’étendue bleue qui s’offrait à elle. Les nuages, le soleil, la Terre, tout avait continué à bouger. Le monde ne s’arrête pas contrairement au cœur…

Détachant son regard du ciel, Camelia se releva, épousseta son jeans, commençant doucement à s’éloigner, le sourire aux lèvres. Aujourd'hui, en cette chaude après-midi, il lui semblait avoir beaucoup sourit, peut-être trop enfin de compte. Peut-être qu’un jour, elle apprendra à aimer. Peut-être qu’un jour, elle se laissera aimer, rien n'est joué d'avance. Peut-être qu’un jour, on l’aimera comme il faut, l'espoir fait vivre après tout. Mais en attendant, autant essayer d’être heureuse sans l’amour, histoire de ne pas être ralentie en chemin et de survivre à l’institut…On a tout le temps pour grandir.