« J'ai besoin de fringue, alors je te demande pas, shopping, k'ay ? »

On pouvait clairement dire que pour toi, demander gentiment aux gens de t'accompagner pour aller chercher des vêtements ou faire des trucs incluant de s'allier avec toi en générale, c'était pas dans tes cordes. Non, dans les fonctions vitales de Harrison Richard, il y avait pas la fonction «  se lier avec un être humain sans qu'il lui serve un jour ou l'autre », comme un besoin de toujours, toujours avoir pleinement la situation en main. Quoi que, disons nous le clairement, euh, ce genre de technique n'avait jamais marcher, que ça soit avec Blake, Den, Aurore et whatever other guy. Donc du coup, tes soit disantes « euh relations », tu les basais plus sur des putains de point en commun avec toi.
Et donc, un samedi de février, tes cheveux retenus par un chignion délicatement fait en cinq minutes, tes mains sur les hanches, short court et talons hauts, tu avais ouvert la porte de ton nouveau compagnon qui partageait ta peine dans le travestissement -enfin, tu pensais qu'il se travestissait comme toi, mais t'es un boulet – de par son visage fin : Angel.

Ce qui t'unissait à Angel, ça ne pouvait pas se compter sur une main. Ou alors une main avec beaucoup de doigt. Déjà, il était aussi masculin qu'une pomme. Tu ne niais pas le fait que des fois, tu pensais réellement que c'était une femme et que tu rageais pour rien, toi et ton problème avec la gente féminine hein. De deux, c'était le genre de gars effacé qui supposait donc d’énorme interrogation-bon t'es pas spécialement effacé toi, mais on va dire que tu penses que t'es pas super bruyant comme mec. Voilà, on va dire que t'es mystérieux, et tout et tout, lunette noire et regard perdu dans le vent. De Trois. Là, t'avais direct capté le personnage du fait que, merde putain, il avait carrément du goût niveau vestimentaire, tout ça. T'as voulu shipper deux ou trois fois ses fringues et tout et tout mais sans jamais réussir. D'ailleurs c'était comme ça que tu l'avais rencontré.

Au détour d'une ruelle de la galerie marchande, alors que tu faisais tes courses, t'avais vite fait capté le blond et le voyant rentrer dans un Bluberry, tu t'y es aussi foutu. Bon, il t'avait cramé que tu le stalkais depuis au moins 20 bonnes minutes, mais ça, c'est une autre histoire.

Donc ce mercredi de février, lunettes hipster sur les yeux, chewing-gum et talons hauts, tu dehanbulais dans la rue, suivit de près par le blond. Il va sans dire que une personne ayant déjà vu le clip de «  chui bo » t'aurais pris pour le mec du début, claquement de langue oblige. D'un mouvement de cheveux, tu parcourras la rue, habitué de tes talons de 15 centimètres comme si ce n'étaient que de vulgaires chaussons. Non, pas de vulgaires chaussons, tu n'as pas de vulgaires chaussons. Toi t'as des chaussons rouges avec des têtes de chouettes dessus. Bref.
Putain comme t'es beau Shiney, ton short juste à ta taille, tes lèvres finement dessinées, ton regards faré à vingt kilométres à la ronde. Le pire, c'était que de loin, la supercherie, elle se voyait pas. T'avais vu pas mal de mec se retourner dans la rue, claquement de lèvre. Bien ton ego petit ?

« Angel, t'crois que le soleil rayonne pour moi aujourd'hui? ».

Du coup, tu pouvais pas t’empêcher de sortir des phrases pseudo-philosophiques, ce genre de phrase qui dans ta tête, veut dire un truc putain de stylé et parfait mais qui, à partir du moment où ça franchissaient la barrière de tes lèvres...Mouvement de cheveux parfaitement maîtrisé pour te tourner vers ton interlocuteur. Sourire alors que tu n'attends pas de réponse. C'était toujours comme ça avec toi, dans le genre « je parle, je suis parfait , j'ai pas besoin de réponse, tkt j'ai compris, tu baves sur mon short, c'est ça ? ». Trop parfait en somme. Alors tu continues de marcher, ne cherchant même pas les enseignes des boutiques, guidé par ton instinct de fashion-addict. C'était ça d'avoir le style sur le bout des ongles.
Du coup tu ne sais pas par quoi commencer, Prada, Gucci, D&G...hmm le choix allait être dur.
Tu te tournes finalement vers Angel, plus petit que lui, tu dois relever un peu la tête -même avec 15 centimetres t'arrives vraiment pas à sa taille – et fais une moue boudeuse.

« Prada ? »

« Prada. La nouvelle collection est à tomber. J’ai repéré une petite veste pour moi, mais la collection Femme de cet automne est juste… fantastique. »

Talons, talons, chaussures à tes pieds et le vent dans tes cheveux. Non Shiney, tu ne marches pas sur tes escarpins, tu voles. Il y a le regard des gens, le déhanchement de tes reins, le sifflement des voitures mais il y a surtout le bourdonnement incessant des fringues qui te hurlent de les acheter. Tu l'entends en passant devant les boutiques, tu les sens et ce sourire rachitique à tes lèvres ne s’enlève pas avant plusieurs minutes.
Angel est plus grand, Angel à souvent plus de charme que toi, mais au lieu de considérer une rivalité avec cette taille mannequin -avantage d’être putain de grand- toi, t'as préfère le prendre comme pote. Comme associe et dude avec qui tu irais faire tes emplettes. On ne trouvait pas de gars avec un tel goût du style même en cherchant dans les catalogues de Vogue. Alors oui, tu voles sur ton petit nuage de coton, avec ta jupe de satin et tes cheveux velour.

« M'en parle pas, j'ai cheak juste avant de venir. Je sais pas si tu te rappelles la collection d'Automne ? Elle était. FA-BU-LOUS. »¨

Le temps d'attendre un feu rouge pour passer.
« Je crois que j'ai du en voir un dans la rue d'à côté. Vu que le destin a decidé de nous placer sur sa route, moi je dis qu'on y aille ok »

Et que c'est si facile, mon dieu, de rentrer dans une boutique qu'on connaît déjà par cœur. Oh, vous ne passez pas inaperçu, c'est clair, et en même temps tu te dis que c'est parce que c'est ça d’être un putain de beau gosse. Enfin, tu penses pas du tout que c'est louche que deux mecs super effémines squattent un prada, et qu'un des deux et dans une putain de robe.

Tu t'en fous, ta robe elle est trop belle gosse putain.

Tu te diriges directement vers le rayon des femmes, comme si c'était dicté par dieu dans ta tête. Et dieu que t'as envie de hurler. Putain mais matez moi ces talons à quinze centimètre juste precious. Mon dieu mon dieu mon dieu. Tu fais de grand geste à Angel, histoire qu'il puisse admirer avec toi ton futur nouvel achat.

« Mon dieu. Mate moi comment elles sparkellent. Elles ont été faites à partir d’étoile mec. »

Mais trop rapide tes envies quand tu décroches ton regard sur l'insoutenable robe en velours ocre avec ses dentelles sur les poignets. Non, là t'as un arrêt cardiaque juste impossible. Limite tu improviserais pas une chute dans Prada en mode on t'a tiré dessus mais tu crèves avec classe. Mon dieu, mais regardez moi ces putains de détail. Elle a été faite pour toi. Tu le sens comme ça. Elle a été crée pour toi, limite t'as pas ton nom dessus...ouais bon, non t'as pas ton nom dessus mais c'est tout comme vraiment.
Tu la prends sur ton bras, histoire de l'essayer plus tard quand tu te rappelles que tu as un vis à vis à qui tu dois faire essayer des stuffs. Bon bon bon, prenons ce t-shirt un peu décolleté qui brille avec sa tête de panda. Ouais, ça lui irait telllleeement.

« Toi, il faut. Que. tu. Essayes. Ca ! »
Pas le temps de parler, tu fonces aux cabines d'essayages.
« On se retrouve dans les cabines mec »