I Am With An Angel And Hug Him [PV Angel]

I believe in Fairies. I believe in Korrigans. I cherish the Light and have fear of the Dark. But I know you will always protect me, because you are Angel.

En anglais. Mais pas seulement. En français, en allemand, en italien et en espagnole. Ces quatre phrases étaient récurrentes dans les cahiers de Burned. Peut-être possédaient-elles des pouvoirs miraculeux, comme des invocations mystiques qui lui accorderaient trois vœux (et un scooter en prime) si elle les répétait assez souvent. Pourtant il ne s’agissait que de quatre niaiseries de l’imagination de la fille aux cheveux rouges. De sa longue écriture soigneusement calligraphiée, beaucoup de textes venaient parasiter ses prises de notes ou exercices, comme sil elle était soudainement prise de schizophrénie ou simplement d’une inspiration intenable. C’était d’ailleurs le cas. Le seul moment où elle pouvait faire preuve d’une vivacité passant pour frénésie ? Un crayon en main. Elle avait horreur des stylos.

Elle releva de nouveau son visage vers le professeur qui inscrivait de nouvelles formules mathématiques sur le tableau blanc. A croire qu’elles étaient infiniment multiples et fourbes et totalement abstraites. Cela ne déplaisait pas à la jeune fille qui trouvait aux matières scientifiques un attrait dans leur poésie, qu’elle devait être une des rares à apprécier, leur non sens au premier regard et les possibilités qu’elles offraient. Oh oui, elle aimait les maths.

La cloche sonna alors qu’elle l’avait l’impression que seul un quart d’heure s’était écoulé. Au début, ce genre d’ellipse temporelle, de moment d’absence, l’effrayaient. Mais on s’habitue à tout même au pire. Burned se leva, attirant immédiatement le regard de ses camarades. Grande à la crinière écarlate. Ramassant rêveusement son manuel, son cahier et ses crayons, après les avoir grossièrement fourré dans son sac qu’elle mis lentement en bandoulière, elle sortit, la dernière, comme d’habitude.

Il faisait beau et chaud. Le mois de mai touchait à sa fin. Burned souriait toujours tandis qu’elle traversait le dernière étage de l’orphelinat, descendait songeusement les escaliers et arrivait sans trop savoir comment dans la cour où, depuis déjà quelques minutes, les pensionnaires recréaient, heureux du beau temps qu’on leur offrait. Elle sourit de plus belle, laissa tomber son sac aux pieds d’un banc et s’assit, le séant sur le dossier et les pieds sur l’assisse, la tête levée vers le ciel, les yeux grands écarquillés et les bouche entrouverte. Que le ciel semblait grand ! Bleu, parsemé de nuages cotonneux et qui devaient être doux au goût et au toucher. Oh oui, comme il serait bon de manger du nuage. La jeune fille semblait encore plus naïve qu’à l’ordinaire. Presque mélancolique aussi, ses frêles épaules pâles exposées au soleil du nouvel été.

Elle se leva presque brutalement. Enfin, évidemment à son rythme, tout est relatif dirons nous. Redhead oublia son sac et partit en promenade dans le parc verdoyant à cette époque de l’année. Il y avait à peine moins de bruit, même si les orphelins y étaient moins nombreux. C’était parfait pour elle. Etendant sa longue silhouette dans l’herbe, les bras écartés de son corps menu et filiforme, Burned put enfin contempler le ciel dans toute son ampleur. Jusqu’à ce qu’un ange lui apparaisse. Il était élancé, d’une beauté époustouflant. Blond comme les blés, ses cheveux longs lui créait une aura lumineuse qui faisait concurrence au soleil, ses yeux aussi, fichés sur un visage parfaitement lisse et régulier, jalousaient la couleur du ciel et semblaient vouloir paraître toujours plus beaux.

Son sourire disparut. Mais revint presque immédiatement après qu’elle ait reconnu l’aryen. Il était étrange de constater comme toute sa stupidité apparente, sa niaiserie éternelle et son air de jouvencelle en manque de tendresse disparaissaient quand Angel faisait son entrée. Lui, il la connaissait. Burned se redressa, prenant appui sur ses bras et ferma les yeux, éblouie.

– Hallo lieb Engel. Fit-elle avec un timbre de voix bien plus naturel que quand elle usait de la langue de Maître Shakespeare. Elle ajouta, en anglais cette fois :

– Le ciel a grandi.

Bien sûr. Qu'est-ce qu'elle pouvait l'adorer celui-là. Et passer ses grandes mains blanches dans la chevelure d'or alors... Pourtant Burned ne ressentait rien d'autre que de l'amitié pour ce sex-symbol. Peut-être était-elle difficile, gay ou indifférente à une quelconque vie amoureuse ? Qui sait ? Même pas elle.

[HRP : Je tiens à m'excuser s'il y a des fautes en anglais ou en allemand... et aussi en français tant qu'on y est -_- ]

Si un jour vous vous ennuyez… Ne restez pas là à ne rien faire, voyons. Vous perdez votre temps. Les secondes glissent entre vos doigts et ne reviendront pas, alors ne traînez pas, vous pourriez le regretter. Faites comme Angel. Ouvrez grand la fenêtre.
Tendez votre tête et votre buste dehors, posez votre jolie tête sur vos avant-bras eux-mêmes en appui sur les barres bleues et métallisées du balcon, le regard dans le vague, un jour de soleil éblouissant : laissez le vent jouer avec vos cheveux, s’y glisser et les faire vagabonder devant vos iris, ne prenez pas la peine de plisser les paupières : permettez-lui de vous assécher malicieusement les yeux, de rafraîchir votre peau. Laissez les rayons taquins du Soleil picorer votre épiderme, vous réchauffer, vous brûler un peu même, laissez-le donc faire, ça détend, sérieusement. De vos yeux pétillants et parfaitement éveillés [ et bleus, dans le cas d’Angel ] prenez le temps de vous émerveiller de tout ce qui vous entoure. De ce ciel céruléen et clair. De ces enfants qui semblent tous si innocents, de loin. De ces esseulés assis ou marchant tranquillement en bas. De toutes ces plantes colorées, de toute cette herbe éternelle comme l’amour. Observez le moindre détail, la moindre petite chose qui sera différente demain. Ne perdez pas une seconde de toute la vie qui grouille à vos pieds. Qui sait quand tout s’arrêtera ? Aujourd’hui, maintenant, vous êtes le maître du monde, à votre fenêtre, même si vous ne dominez qu’un petit parc dans lequel jouent des orphelins. Notre royaume n’a pas besoin d’être immense, il suffit de s’y sentir bien.
Angel avait toujours adoré cet orphelinat. Et ça n’était pas près de s’arrêter. Surtout quand il faisait aussi beau. Il faisait des photos mentales de son environnement, comme s’il avait peur de tout oublier, comme il avait oublié l’Irlande. Il aimait ajouter toujours plus de petits bonheurs simples à son catalogue de photos souvenirs à l’intérieur de sa belle tête blonde. Il voulait pouvoir, la nuit, quand le Soleil n’était plus là, rouvrir ce catalogue à loisir et y piocher les plus belles images de sa journée, pour y repenser longtemps avant de sombrer dans les bras de Morphée. Certains la nuit repensent à leur amoureux, d’autres à leurs jeux vidéos, d’autres à des choses futiles ou à des personnages fictifs du livre qu’ils auraient lu avant de s’endormir. Angel repensait à son petit Paradis : l’orphelinat un jour de Soleil.

Ce matin-là, ses bras tendus le soutenant sur le balcon, sa chevelure dorée voletant à l’air libre, emmêlée par la brise légère, son esprit vagabondant au gré du vent et d’une mélodie celtique enjouée qui résonnait dans sa tête, il aurait donné n’importe quoi pour ne pas aller en cours, mais sa bonne conscience le somma de s’y diriger, et-plus-vite-que-ça-sinon-ça-va-mal-se-passer-Angel. Il referma donc la fenêtre à regret, jetant un dernier coup d’œil à l’extérieur, avant de ramasser quelques livres dans ses bras, de caler un stylo plume blanc derrière son oreille galbée, et de joyeusement se diriger vers la salle de classe.

Dans les couloirs animés du matin, il croisa la leader des Seven Deadly Sins, Lust, à qui il fit un clin d’œil complice en passant près d’elle, avant de croiser le petit Lolly qui lui sauta presque au cou en menaçant dangereusement de faire tomber les livres que le séraphin blondinet tenait dans ses bras minces ; mais cette petite furie sucrée au sourire étincelant et rassurant ne fit qu’éclairer un peu plus la journée d’Angel. Des pas légers résonnaient sur le sol de la Wammy’s House, foulé par déjà tant d’enfants depuis des années. Peut-être même foulé par L en personne. Haha… Et ça n’avait pas la moindre importance.
Certaines filles se retournaient sur le passage du blond, mais il ne faisait pas vraiment attention, son regard bleu fixé sur le chemin qu’il prenait, fredonnant d’une voix mélodieuse la petite mélopée celtique qui lui trottait toujours dans la tête. Un coup d’œil à gauche, tiens, Near, assis comme d’habitude par terre. Un petit coup d’œil à droite, tiens, Mello qui avance d’un pas décidé, et Matt qui le suit en baillant. Rougissement de l’ange au passage de la furie blonde vêtue de noir, qui ne le regarde même pas, et du geek à rayures qui l’ignore prodigieusement. Peu importe, de toutes façons. Hop, l’ange pénètre dans la salle de classe, espérant de son entrée ramener le sourire à quelqu’un, à défaut de se faire remarquer par ces successeurs inaccessibles. Un salut joyeux à la charmante Twilight, la prof, qui le salue en retour.

Le cours de français semblait long. Tellement long.
Angel aimait le français, oh que oui, c’était une langue superbe. Une de ces langues dans lesquelles la littérature pouvait se permettre toutes sortes de folies, et par laquelle étaient nés de nombreux chefs d’œuvre. Angel aimait aussi les lire, ces livres, évidemment, et entendre la langue être prononcée de vive voix était très sympathique.
Malheureusement, dehors le Soleil brillait trop pour parvenir à être moins passionnant et d’un intérêt moins intense que la biographie et les œuvres de Stendhal et autres auteurs de cette époque. L’intérieur de la salle de classe était si froid et peu accueillant, quand on pensait à la douceur du vent dehors…
Traficotant nerveusement de ses doigts longs et minces tout ce qui passait à sa portée, depuis ses cheveux jusqu’à ses livres, en passant par la veste d’Omega qui était assis à côté de lui et qui ne sembla pas très content qu’on touche à ses affaires sans permission.

Angel : « Madame, je peux sortir, s’il vous plait ? »

La jeune femme, pas vraiment surprise, lui accorda la permission. Il la demandait au moins une fois par semaine, à chaque fois qu’il faisait beau, vingt minutes avant la fin du cours. Chaque enfant avait ses bizarreries : Angel, lui, était drogué au soleil et à la liberté.

L’ange s’était précipité dehors, et se rendit compte aux légers frissons sur sa peau qu’il avait laissé son chemisier dans la salle : il n’était plus vêtu que d’un débardeur bleu ciel dont le col imitait celui d’une chemise, et dont les boutons sur le torse avaient été remplacés par des fils entrecroisés donnant au vêtement un air de famille avec les corsets féminins. Ses jambes étaient moulées dans un jean argenté délavé retenu par une ceinture immaculée et brillante. Venir dehors tout seul, c’était sympathique, relaxant. Mais y retrouver des connaissances auxquelles on tenait, c’était encore mieux.
Dans l’herbe, un peu plus loin, le blondinet angélique n’avait pas pu rater la silhouette carmin d’une jeune fille qui semblait assoupie dans l’herbe, couchée de la même façon que lui aimait le faire à ses heures perdues, le regard au fond des cieux, posée sur la verdure telle une magnifique rose rouge.
Il s’approcha lentement, l’air ravi de retrouver cette jeune fille dans son endroit préféré. Lorsqu’elle le remarqua, les sons de la langue allemande émanant de ses lèvres fit s’étaler un peu plus le sourire tendre du blond. Si il y avait une langue qu’il aimait plus entendre que le français prononcé par Twilight, c’était l’allemand venant de la bouche de Burned. Cette langue qui lui paraissait pourtant si agressive parfois, quand Burned parlait, n’était plus que poésie et douceur, rehaussée d’un petit air de langue elfique, presque. Et dire que la première fois qu’il l’avait vue, sa chevelure rouge l’avait effrayé…

Sans attendre, la blonde créature, tout de suite mise à l’aise par la voix calme et la réplique un peu décalée de Burned, se coucha à plat ventre en face d’elle, son visage en appui sur ses mains, ses yeux azur plongés dans ceux de la jeune fille à la chevelure couleur de passion, ses propres mèches dorées s’étalant autour de son buste. Il savait que cette demoiselle n’engendrait chez lui aucune réplique désagréable incontrôlée et gênante.

Angel « Tu permets que je m’installe et que je le regarde avec toi, petite elfe ? »

Il était terrible, même atroce, d’avoir à respecter les règles de la Wammy’s House. Pour l’adolescente, il était difficile et douloureux de ne pas être en droit quand l’envie lui prenait de tout raconter à son bel ange. Oui. Elle lui raconterait tout, si elle le pouvait, ses souvenirs, heureux et malheureux, ses états d’âme adolescents. Elle lui révélerait son vrai nom, lui parlerait de sa mère et de son désir de retrouvaille, de son père, de sa tendresse héritée et des origines de son éternel sourire. Elle lui expliquerait l’absence de profondeur de son regard, de ses attitudes lentes et de son amour pour les couleurs violentes, ainsi que de sa politesse exagérée envers les adultes… Hélas. Si elle en avait le droit, elle se livrerait toute entière à lui.

De nouveau étendue de tout son long sur le vert tendre de l’herbe, la fille aux cheveux rouges avait cessé de sourire pour quelques minutes, affichant un air de stupéfaction candide tandis qu’un vent doux et estival se levait pour taquiner les enfants. C’était une poupée Barbie, les cheveux courts et rouges. Sourire et taille mannequin compris, formes et superficialité en moins. Il ne fallait pas croire que Burned n’était rien d’autre qu’une imbécile heureuse de l’être. Si Burned souriait, c’était parce que son père lui avait fait promettre de ne jamais cesser d’être heureuse.

Ah le père de Burned. Parlons-en. Martin avait follement aimé la mère de Burned. D’ailleurs il l’avait aimé jusqu’à la fin et c’est ce qui causa le plus de problèmes, car c’était un amour qui l’avait consumé, d’abord lentement, puis tout s’était terminé dans un terrible embrassement quand il avait appuyé sur la détente de l’arme de poing. Pourtant il semblait si heureux à chaque regard qu’il posait sur la petite fille que lui avait offert Natacha, bien que ses yeux s’assombrissaient quand il remarquait à quel point ses cheveux d'or étaient semblables à ceux de son aimée, il en pleurait parfois, comme un enfant, le visage entre les mains, tandis que la petite Birgitt s’accrochait à la toile de son pantalon en gargouillant : « Papa, papaaaa ! ». Il lui répétait souvent que les pleurs lui étaient interdits, que seule la joie devait transparaître sur son pâle visage, comme sa maman. Qu’elle devait toujours sourire, comme sa maman. Sa maman. Birgitt n’en avait aucun souvenir, comme si la jeune femme avait emmené tous ses souvenirs avec elle. Elle ne lui en voulait pas, parce que Martin en disait trop de bien pour qu’elle soit réellement mauvaise, au contraire, Natacha était un ange. Un ange. Burned. Un surnom qui semblait ne rien dire même si l’on connaissait toute l’histoire de la jeune fille. Mais réflechissons un peu : Celui qui a brûlé sa vie, qui s’est consumé dans une douleur atroce, c’est son père. Et qu’arrive-t-il aux gens trop proches de flammes ? Ils sont brûlés. Comme Birgitt le fut quand son père se fit sauter la cervelle, comme Birgitt le fut quand elle compris que c’était aussi par sa faute.

– Angel, tu es heureux ?

Elle éluda la question du magnifique garçon, saisissant délicatement, entre le majeur et l’index, une mèche d’or avant de la porter à ses lèvres comme pour la baiser. Ce n’était pas de l’indifférence, ni un manque de politesse. Mais Burned pensait simplement que la réponse était explicite, pure rhétorique et inutile. Contempler le firmament avec un ange ? Bien sûr qu’elle était d’accord.

Birgitt ne pleurait jamais, souriait toujours et avait ainsi perdu un aspect de son humanité. Elle le retrouvait par fragment seulement avec Angel. Allez savoir pourquoi. Peut-être était-il réellement un être de lumière. Mais qui donc pouvait en douter ?! Il n’y avait là aucun romantisme. Du moins pas dans le sens que le mot a acquis à notre époque. Elle n’était pas amoureuse d’Angel, elle connaissait d’ailleurs ses préférences, et les acceptait sans même considérer cela comme de la tolérance. Pour elle il était parfaitement normal qu’on ait le choix… n’était-elle pas elle-même bisexuelle ? Ou même asexuelle ? Enfin, il fallait avouer que ses rapports avec la sexualité et l’amour avaient été un peu bousculés. Merci Taken.

Elle roula sur le ventre pour faire face au beau blond, sourit et contempla le ciel dans ses yeux à lui.

[HRP : Encore trop court, mais envie de répondre avant blocus. ]

Angel avait gardé ses lèvres étirées en son sourire si apaisant tout le temps que la jolie demoiselle aux cheveux cyclamen avait silencieusement accepté sa présence à ses côtés, après avoir tendu la main et saisit une de ses mèches blondes pour les amener près de ses jolies lèvres féminines et pures, geste qu’il n’aurait jamais pu trouver déplacé venant de Burned : il était tout simplement ravi qu’elle soit ainsi en osmose avec lui et qu’elle ne le rejette pas. Voir le sourire de cette grande demoiselle presque mystique lui plaisait énormément, et même si elle ne le cachait à personne, il ne pouvait s’empêcher de se sentir privilégié, sans savoir vraiment pourquoi. Pour quelqu’un d’autre, ça aurait sans doute pu paraître un sentiment proche de l’amour, mais Angel ressentait pour Burned une amitié profonde et noble qui n’était souillée par aucun péché de chair.

S’il était heureux, hein ? Burned avait vraiment le don de lui poser des questions auxquelles il ne savait pas trop quoi répondre aux premiers abords. Il se contenta de poser son visage séraphin sur la paume de sa main, le coude appuyé dans l’herbe fraîche. Le vent taquinait leurs cheveux, qui s’harmonisaient comme un feu endiablé mais pacifique et inoffensif, or et écarlate.
Il ne répondit pourtant pas tout de suite, laissant les minutes s’écouler doucement, profitant de l’instant. Car qu’était-ce qu’être heureux ? Angel aurait pu lui dire sans hésiter « oui, je suis heureux. Je suis heureux d’être en vie, heureux de pouvoir vivre sous le soleil, heureux de ressentir des émotions telles que le bonheur et l’amitié, heureux de discuter avec toi dans l’herbe. Je suis heureux d’être ici et pas ailleurs. Je n’étais pas heureux là où je vivais après la mort de mes parents, je n’était que l’ombre de moi-même. En arrivant ici, j’ai pu redécouvrir ce que ce fut que le bonheur, tu sais. Et je donnerai n’importe quoi pour que tu puisses ressentir la même sensation de délice qui nage en moi quand je peux simplement sortir des cours plus tôt pour venir me nourrir de soleil et d’air frais. Je dois te paraître superficiel, Burned, non ? Simple d’esprit même peut-être. Je n’ai pas eu une vie facile, mais je sais qu’il y a eu bien pire, c’est ça que je me dis pour réussir à rester positif. C’est ça qui me permet d’avancer et qui m’a empêché de sombrer. Je suis heureux de n’être pas devenu une loque humaine dénuée de joie. Vraiment, les gens sombres doivent être tellement tristes de ne pas pouvoir être heureux…
Et toi, tu sais, je vois bien que derrière ton sourire, tu me caches quelque chose. Peut-être même que si tu pleurais dans mes bras je serais rassuré, peut-être… c’est un peu immonde comme pensée, mais pourtant…
De toutes façons je ne veux pas te brusquer. Te voir sourire me suffit, pour l’instant, si il est sincère. Donc, je suis heureux. »
L’air frais jouait toujours avec leurs cheveux et leur chatouillait délicieusement la peau, complice presque de leur relaxation. Les pâquerettes et les hautes herbes se courbaient sous la brise, telle une vague de plantes, dans une mer de fleurs sur laquelle les deux adolescents pensifs vogueraient au gré du vent.

Au lieu de se coucher dos à plat sur le tapis de gazon, Angel tendit à son tour sa main pâle vers la chevelure de Burned, l’effleurant seulement, simplement pour en admirer la couleur et la douceur. Quand il pensait que la première fois qu’il l’avait vue, il avait associé cette couleur rouge et la taille assez impressionnante de la demoiselle à un quelconque démon des forêts… Comment avait-il pu manquer de jugeote à ce point ? Comment avait-il raté la douceur de ces yeux ? La beauté du rouge, la même beauté que le sang symbole de vie qui coulait dans nos veines et nous affluait au visage, la même couleur que l’émotion, la gêne, l’épuisement, la colère, l’amour, le plaisir… La couleur qu’arborait le ciel parfois, au crépuscule, une des plus jolies teintes dont la voûte céleste pouvait se teindre d’ailleurs. Une teinte qui réchauffait son cœur.
Il passa sa main près de la joue de Burned, sans la toucher, pour ne pas violer son intimité sans son accord. Pour n’importe qui d’autre, il aurait simplement approché tout son buste pour les étreindre dans un câlin un peu brusque : cette demoiselle-là, il aimait aussi la serrer contre lui, mais jamais brutalement. Il la respectait trop pour ça.

Angel « Le ciel est bleu. Quand le ciel est bleu, je suis heureux. ♥»

C’était une synthèse bien faible pour tout ce qu’il aurait pu dire, mais il l’avait dit en souriant sincèrement, et il le pensait. Des oiseaux voletaient en tourbillons en haut des cieux céruléens, et Angel les observa longuement après avoir quitté les iris de Burned des yeux. Il s’était assis, jambes en tailleur, les bras posés derrière lui pour le retenir alors qu’il penchait la tête en arrière pour mieux voir le plafond du monde.

Angel « Et toi, Redhead, tu es heureuse ? »

Et un petit surnom affectueux spécialement concocté pour elle.

[ HJ : et un petit moins long, parce que le bac me nargue aussi T3T ]

« Et toi, Redhead, tu es heureuse ? »

Elle ? Une moue pensive et adorable prit place sur ses pulpeuses lèvres. Le bonheur. Cela semblait si abstraite, un mot bagage pour désigner tant de chose, une possession que l'on ne remarque qu'après l'avoir perdu. Elle avait été heureuse, en Allemagne, avec Martin. Elle se levait tous les jours avec ce petit quelque chose de délicieux au creux du ventre, avec cette impression de béatitude flottant telle une cape, avec ce sourire si précieux et vrai qui ne la quittait de toute façon jamais. Le sourire de Burned n'était qu'un pâle imitation de celui de Birgitt. Birgitt était heureuse et Burned ? Burned :

« Non. »

La jeune fille avait dit cela sans aigreur, sans amertume ou tristesse mais avec cette neutralité inhabituelle qu'elle arborait lors de l'énonciation d'une vérité troublante et étonnante. Non, elle n'était pas heureuse. Au levé, ce n'était pas la joie qui irradiait sa chambre. La fille au cheveux rouge ne s'éveillait plus brutalement en envoyant valser ses couvertures pour ouvrir ses volets dans un éclat de rire se joignant à celui de la lumière. Seule une lenteur, profonde mélancolie, indécision à la vie, étrange réflexion s'accrochait à elle. Pourquoi se levait-elle ? Mieux ne vallait-il pas y penser, il suffisait de s'occuper l'esprit, de mourir tout en semblant vivante, de sourire pour que nulle question ne soit posée. Ce long réveil, où elle restait assise de longues minutes, le regard éteint, la bouche entrouverte et les yeux mi-clos dans une hébétude malheureuse. Mais Burned pouvait-elle se prétendre malheureuse ?

« Non, répéta-t-elle comme pour répondre à cette dernière interrogation, mais ça devrait venir. En revanche, je suis si contente que tu sois là. Angel »

L'adolescente détachait soigneusement le pseudonyme de son ami du reste de sa phrase, à sa façon elle lui avouait un amour platonique et stagnant, une confiance extrême, rien qu'en lui parlant d'elle. Elle sentait ses barrières, sa carapace souriante devenir de plus en plus friable, fragile, comme un monticule de craie sous la pluie.

« Trop de chose m'effraient. Trop de choses me sont étrangères pour que je puisse être heureuse, mais te savoir heureux, toi, me rassure. Cela prouve que le bonheur est tangible. »

Pourquoi cessait-elle de sourire ? Pour reprendre un second souffle. Le sourire se fit plus doux, moins lointain et exagéré, plus naturel mais plus triste aussi. Burned se reprit, se rapprocha de son, trop rare, confident et dans une voluptueuse pose, les genoux à terre et appuyer sur son bras gauche, effleura de son index tendu et délicat les lèvres dessinées selon le divin plan de la perfection de son ange gardien. Elle le mettait dans la confidence, lui demandait de jurer sur son honneur d'habitant céleste pour qu'une confiance éternelle et franche les lient dans le secret. Oui, Burned venait de lui confier son plus grand secret : ses sourires étaient faux.

Redhead, gentil farfadet de la forêt des illusions, vint blottir son corps trop menu contre celui du préféré du Seigneur avec une telle tendresse et une si grande candeur que ce dernier ne pouvait douter d'un amour naissant. Ce n'était qu'une habitude de petite fille mal grandie. Passant tout de même ses bras dans son dos, elle l'interrogea de son regard chocolaté : en avait-elle le droit ? Elle en doutait toujours mais se laissait aller à cette tendresse fraternelle avec bonheur et soulagement.

HRP : Pardon pour ce piètre post, je réponds dès maintenant pour éviter que ce sujet ne meure par ma faute et promets une longue réponse à venir. Encore désolée u_u.

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