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 Apocalypse, please? [Seth]

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Sujet: Apocalypse, please? [Seth] Apocalypse, please? [Seth] EmptyLun 11 Jan - 18:41

Grains d’or, grains de poussières par la lumière de la fenêtre. C’est beau, on s’en fout, elle s’en fout. Il y a quoi dehors ? Rien, rien du tout. Des gens qui sourient peut-être, des gens qui s’amusent et elle, elle est à l’intérieur. Elle, elle pleure. C’est tout. Il fait beau dehors, un tout petit peu. Ca sert à quoi le soleil, si on peut pas le prendre ? Aujourd’hui c’est l’hiver. C’est l’hiver depuis longtemps. Et comme en été, le monde du dehors n’est rien qu’un songe. Trop dangereux.

Natacha a peur ? Non, elle a pas peur, elle est terrifiée. Elle n’aime pas venir ici, elle déteste. Ca lui fait une boule dans la gorge, sa tête tourne et elle veut vomir. C’est con, hein ? Se rendre malade quand elle vient dans CE lieu, à peu près en bonne santé. A peu près.
Il y a quelques semaines, la jeune fille s’était cassée la jambe. Comment ? Bah… Bêtement… Une marche ratée dans les escaliers. La dernière, qui plus est mais bon, ça n’a pas raté. Crac l’os de la jambe. Même plus la peine de dire aïe, on pleure et puis voilà.
Merde, triple buse, pauvre idiote ! Jette-toi par la fenêtre tout de suite, ça sera plus rapide.
Évidemment, elle avait été plâtrée. Normal, on la laissait pas crever tout de suite, elle-même elle voulait pas. Elle savait pas. C’est dur lorsqu’on est jeune, de se dire qu’on va peut être mourir.

Lorsque l’os fut ressoudé, on lui retira l’attelle, liberté factice, évidemment. Enfin, elle avait fait des progrès, entre temps la demoiselle Isis ne s’était même pas cassé l’auriculaire. Miracle hein ? Fallait voir jusque quand ça durait. Sainte Marie pleine de Grâce, priez pour nous pauvres pécheurs ? Ouais, tu parles…

Et vas y que je te fais des séances de kiné, et vas y que j’essaye de me refaire le muscle. Jour après jour. La nuit, Isis s’enfonçait le visage dans l’oreiller jusqu’à ne plus pouvoir respirer. Cela étouffait le bruit des sanglots. Ouais, elle chialait. Comme une môme. Comme on fait un caprice.

Aujourd’hui, en cours, elle prenait des notes, comme à son habitude. Seule à sa table, éloignée dans le fond, à écouter le professeur tout en regardant le gris du mur droit dans les yeux. C’est triste une salle de classe.
De temps en temps, elle pouvait capter les murmures de ses camarades, l’un demandant à l’autre une cartouche d’encre, untel qui discutait de tout sauf du cours avec son voisin, quelqu’un qui voulait qu’on lui explique un point qu’il ne comprenait pas. Elle, ce qu’elle comprenait pas, c’était comment on pouvait se lier si facilement avec autrui.
Et puis vint la douleur. Comme ça. Comme une idée qui nous arrive d’un claquement de doigt. Paf, Eurêka !

Aïe, oui…

Une douleur aigue qi remontait le long de sa jambe. Courbature, autre ? Isis voulait se convaincre qu’elle était forte. Qu’elle pouvait supporter la douleur. Ouais bah… raté. Dix longues minutes et elle était prête à ramper par terre en implorant la pitié de n’importe qui. Cool, hein ?
Finalement, elle leva le bras, elle demanda l’infirmerie. Les joues rouges. Comme d’habitude, le professeur eut un sourire blasé et quelques élèves échangèrent un regard. « ah, ça y est, c’est reparti ? Elle va encore nous prendre nos notes pour rattraper les cours, évidemment… »

Allez tous vous faire foutre.

Les joues rouges, Isis se leva, prête à sortir. On murmurait ou bien c’était son imagination ? Pas d’importance, même malade, elle devait valoir bien plus que ces traîne-misère intellectuels. Oui, bien plus… Elle réussirait, elle les dominerait tous et les écraserait, elle..

Enfin d’abord, cachet anti douleur.

Hop là on boitille, ce n’était pas un petit cabri bondissant mais une chèvre malade et galeuse. Trop bien. Traverser la classe, prendre la porte. Respirer un grand coup, une fois dehors. Un très grand coup. L’infirmerie, elle détestait ça, elle voulait se barrer en courant, mais c’était pas vraiment le but, hein ?

Allez ma fille, un effort.

Un gros effort.

T’auras plus mal, après ça…

Enfin ouais, normalement…

Ca prend combien de temps, un cachet, pour agir ?

Petite fille perdue à l’infirmerie ? Non, les gamines, c’est bien plus mignon que ça. Fille perdue à l’infirmerie. Basta. Et évidemment, il n’y avait personne. Pas d’infirmière. Youpi. Vu qu’on avait pas le droit de se servir dans les médocs, elle allait devoir prendre son mal en patience.

Son mal… putain, ça devrait être interdit de souffrir ! des petites douleurs presque invisibles qui tout à coup vous attaque, vous lâche plus. Ca y est, elle chialait à nouveau, se dégoûtait encore plus aussi… Tout est normal.

Un bruit. Merde, il y a quelqu’un d’autre dans l’infirmerie, un autre élève ! Un mouchoir, un regard qui tue. C’est un garçon. Elle le connaît. Un peu. De nom. Forcément, tous deux ont le même genre de pseudonyme. Seth, hein…

Isis veut se lever, aller un peu plus loin dans la pièce. Près de la fenêtre Ouais allez, près de la fenêtre. Sauf que non. Elle a même pas le temps de crier sa jambe lâche. Oh, elle est pas brisée, pas encore, elle est faible. Elle est douloureuse. Et Isis tomba à terre aussi simplement que ça.
Son cri vint après la chute, tandis que ses mains crispées enserraient sa jambe. Des mains comme des serres d’oiseaux. Si elle arrachait la chair, si elle arrachait la peau, si elle arrachait les os, elle aurait plus mal ?
C’était vraiment tentant….

- Toi, ta gueule !


Que l’autre ai parlé ou non, pas d’importance. Des menaces, des attaques, rien que ça. Toujours sur la défensive, comme un putain d’animal blessé à la con ! On achève bien les chevaux, pas les humains. Dommage. Tant mieux ?
Elle voulait pleurer. Pleurer encore et encore. Mais il y avait quelqu’un, il y avait Seth. Elle pouvait pas. Se retenir, hoqueter s’étouffer presque, respirer…

Non, ne pas pleurer…

Ne pas pleurer…

Ouais, allez dire ça à une loque comme elle, incapable de retenir de simples petites larmes. Dommage, hein ? Ouais, trop…

Pauvre imbécile, pauvre conne, pauvre rien…
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Sujet: Re: Apocalypse, please? [Seth] Apocalypse, please? [Seth] EmptyDim 31 Jan - 15:49

'cause you both deserve
What's coming now.


    Personne à la Wammy’s House ne connaissait mieux l’enfer de la maladie que Seth. Oh bien sûr, de loin l’islandais semblait en parfaite santé. Un peu maigre, un peu pâle, un peu endormi… Mais on ne pouvait pas dire que le brun était vraiment malade, bien au contraire. Il souriait, riait, faisait quelques blagues graveleuses, trouvait le temps de s’occuper du cul des jolies adolescentes et des beaux éphèbes. Qui osait croire que Seth, ce bout d’homme, était condamné à une mort proche ? Personne. Personne à part deux personnes qui savaient l’étrange secret qui planait sur cet état de fatigue constant.

    « T’es hypersomniaque ou quoi ? » lâchait les orphelins en riant, lorsqu’ils le voyaient s’endormir un peu n’importe où, un peu n’importe comment. Et Seth riait avec eux, taisant l’affreuse vérité. Oui, il était hypersomniaque. Quel problème y avait-il, à cette maladie un peu handicapante ? Quel problème y’avait-il à passer vingt heures de sa vie à dormir, à ne pas voir le monde comme il le fallait vraiment, à rater tout ce qui était important, parce que, malheureusement poussé par la narcolepsie, on s’endormait sans trop comprendre. Était-ce si drôle de s’endormir en plein milieu de la route ? Visiblement, oui. Pour les orphelins en tout cas.

    Parce que lui, combien de fois s’était-il retrouvé à quatre heures du matin, endormi sur un banc de Londres, perdu, désorienté, détroussé de tous ses effets ? Pas même une livre pour appeler son frère. Alors on marchait, encore, jusqu’à retrouver le chemin de chez soi, en s’endormant à mesure du temps. Parce que c’était comme ça, quand on était hypersomniaque. On ne pouvait pas vivre normalement. C’était drôle à voir, au début. Mais à vivre, personne ne pouvait imaginer le calvaire.

    Absolument personne. Et Seth se montrait fort, Seth riait aussi de toutes ses aventures, parce que tout était plus simple, quand on riait, pas vrai ? On ne se laissait jamais aller au désespoir, à la tristesse. On ne tombait pas. Ce serait être faible, pas vrai ? Et Seth n’était pas un homme faible. Il n’avait pas à se plaindre de ça. Il n’avait pas à se plaindre de mourir jeune. Il n’avait pas à se plaindre de tout ce qu’il lui tombait sur la gueule. Parce qu’il était malade. Et que d’autre l’était plus, après tout.

    Comme son frère, par exemple. Névrosé au bord de la psychose, tout ça. C’était fun.
    C’était considéré comme plus grave. Alors lui n’avait même plus le droit de se plaindre à son frère, maintenant qu’il savait.

    Comme Lux. Le Sida, ce n’était pas facile à vivre. De se savoir condamné alors qu’on avait toute la vie devant soi. De se restreindre, tout ça. C’était galère, hein ? En plus, il n’était même pas né avec, alors ça attirait plus la pitié.

    Puis comme a rouquine de la classe deux. Cette furie hargneuse et destructrice, qui disait n’aimer personne. Elle se cassait toujours un truc. Les os de verre, c’était ça, le nom de la maladie ? Elle, il l’aimait bien. Parce qu’elle faisait sa fière, son incassable, alors qu’une pichenette sur les côtes suffisait à l’achever. Ce n’était pas drôle, mais elle, au moins, il sentait qu’elle se battait contre tout ça.
    Un peu comme lui.

    Mais lui, hein ? Lui, personne savait. Lui, il s’était toujours arrangé pour tout cacher au gens. Même les marques encore rouge dans son dos. Marques d’un passé un peu douloureux, qui le brûlait encore, sous la douche. Seth se laissait rarement aller à la dépression. Il souriait toujours, était toujours affable. Parce que comme tous les autres, il n’était pas qu’une seule facette de ce qu’il montrait. Lui aussi, il cachait des choses au fond de son être. Des angoisses, des interrogations. Alors il compensait par tout ce qu’il pouvait. Il se remplissait la tête pour éviter que ses démons ne viennent susurrer à son oreille les paroles interdites.

    Les paroles tentatrices.

    Six ans encore à tirer. C’était genre long, non ?

    Et puis c’était simple, de s’endormir en plein carrefour.
    C’était simple, de provoquer Aphrodite.
    C’était simple, de s’endormir dans le lac…

    Tout était trop simple pour qu’il ose y croire.

    Comme atteindre l’infirmerie, quelques mètre à peine, parce qu’on comatait un peu. Parce qu’encore une fois, les hallucinations reprenaient le pas sur la réalité. Ses médicaments, il en avait besoin. Maintenant.

    Maintenant, il était dépendant des petites pilules qu’il avait pourtant toujours refusées. Maintenant, il en voulait toujours plus.
    Et son frère avait la trousse. Il refuserait de lui en filer, pas vrai. Accro aux horaires qu’il était. Et aveugle, dans sa surprotection.

    Alors l’infirmerie. Qu’on rejoignait péniblement, tremblant du manque et de la paranoïa engendrée par les visions étranges qu’il avait.

    Quelle chose complexe que le cerveau humain. Il vous faire voir vert une chose bleue, et tout est remis en question.
    Alors maintenant, tout pour lui était un ennemi potentiel. Comme la gamine qui pleurait en lui gueulant dessus. Non mais quoi, il avait rien fait. Il s’approcha d’elle, d’une démarche lente et calculé. Un sourire cruel sur les lèvres. Il se maîtrisait plus, le beau narcoleptique.

    Et elle, là, elle était mignonne. Une chatte en furie qui griffe et qui se débat.
    Trop.la.chance.

    « Hey tigresse. Ne gueule pas sur les gens quand t’es aussi fragile qu’une brindille. Parce que casser ton tibia, là, c’est facile. Elle où la putain qui sert d’infirmière ? »

    Lâcha-t-il, pas très au fait de ce qu’il disait.

    « M’enfin bon. Ca va pas fort, ta vie. Tu t’es encore fait mal ; c’est con, hein. Moi aussi, d’ailleurs. On souffre à deux ? »


    Il délirait complètement.
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Sujet: Re: Apocalypse, please? [Seth] Apocalypse, please? [Seth] EmptyDim 31 Jan - 21:35

Il souriait cet idiot, il souriait toujours. Isis pinça encore plus les lèvres, détournant le regard. Deux serpents s’étaient lovés tout contre son cœur il y a bien longtemps, l’un s’appelait Passion et l’autre Tristesse. C’était Passion qui s’agitait le plus en son sein, sombre reptile organique dardant ses yeux à travers les chairs de la jeune fille pour lui dire comment haïr. Un jour il lui dirait comment aimer, peut être… Et Tristesse, couleuvre informe et incolore enfoncerait alors un peu plus ses crocs venimeux dans le pauvre organe lui servant de cœur.

Isis les aimait, ses serpents fictifs à elle, ils lui servaient de sentiments, ils étaient son venin, sa hargne et sa haine. Ils étaient les larmes qu’elle craignait de verser sur les oreillers de l’infirmerie ou bien entre les draps de l’hôpital… Ils la tuaient à petit feu et elle adorait ça, pauvre fille, pauvre folle sans amis et sans amour.

Seth s’était avancé vers elle, parfait mais mourant. Elle le haïssait ? Oui, peut-être, elle le haïssait de le voir ainsi marcher. Marcher comme un homme, avec ses deux jambes. Des jambes qui ne faisaient pas mal. Mais putain de merde, pourquoi ?! Coup de sang, coup de folie, coup de ras le bol. Envie de le mordre comme un zombie de le dévorer vivant, de le tuer. Elle en pouvait plus, c’était marqué dans le tremblement de ses épaules et dans le pli de sa bouche. Pas difficile à comprendre ça, non ? Dans les lignes de sa main on avait écrit un mot, un seul : Solitude. Et autour des lettres invisibles venaient se nouer chacune des lignes régissant le destin d’une personne : la vie, la santé, l’amour… Solitude, c’est pourtant un beau mot pas vrai ? Il commence comme une note de musique, belle et grave, rassurante, pour se terminer sur un son plus clair. Une vraie symphonie ! Si Beethoven aurait du inventer des mots plutôt que de la musique, alors son talent aurait été d’inventé celui-ci.
D’ailleurs le génial compositeur en même temps qu’une hymne à la joie, n’avait-il pas écrit une hymne à la solitude ? Une sonate au clair de lune. C’est solitaire les clairs des lune, même avec la main dans celle d’une maîtresse ou d’un amant. On est seul devant la tristesse devant la beauté aussi. On veut dire qu’on aime le regarder, on n’y arrive pas. Chacun se tait et parfois on s’embrasse et on fait l’amour pour oublier qu’on est tout seul.
C’est tout.

On pouvait passer toute une vie à crever dans la boue, mais on pouvait pas passer toute une vie étalé sur le sol d’une infirmerie. Alors Isis prit une grande inspiration et, tremblante, tâcha de se relever. Les mots de Seth dansaient entre les murs blancs, grossiers et désaxés. Envie d’y réponde ? Non.

Il y en avait qui invitaient les filles au bal « hé mademoiselle, vous m’accorderez bien une valse ? », le brun préférait les inviter à sa table de souffrance. La jeune fille secoua la tête ; Elle était allée s’appuyer contre un des grands murs blancs, les yeux mi clos.

- On a pas le droit, tu sais bien.. On se la ferme et on attend. Parfois on prend des cachets, parfois on en prend pas mais dire qu’on a mal, c’est interdit. Quand t’as de la chance tu crèves sans agoniser. C’est tout.


Lorsqu’Isis rouvrit les yeux, elle ne regarda pas Seth tout de suite. Non, d’abord elle leva un bras et essuya avec force les débuts de larmes à ses paupières. Après seulement elle put lui faire face.

- Dommage que le cœur soit pas un os… Il suffirait de me le briser et j’aurai la paix. Crack, fini, fermez le rideau.


Mince, elle savait encore sourire ? Oui, on dirait. Elle savait pleurer aussi et elle pouvait pas s’arrêter. Au fond, elle voulait pas mourir… Ne pas avoir vécu, c’est horrible hein ? Partir sans qu’il n’y ait encore eu personne pour lui dire qu’elle était jolie, mourir sans que l’on remarque jusqu’à son départ… Une vie, c’est faire pour faire quelque chose. Mais pour elle ?

Rien du tout.

Et puis mourir, cela tuerait Tristesse et Passion. Elle serait quoi alors, elle, le coeur vide de venin, vide de sentiments? Un cadavre cassé, pire qu'une vieille poupée. Dégueulasse...
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Sujet: Re: Apocalypse, please? [Seth] Apocalypse, please? [Seth] EmptyLun 1 Fév - 16:40

We live a dying dream
If you know what I mean.


    Bon. Bah, y’avait plus le choix, là. L’infirmière était plus là et le manque était un peu trop présent, un peu trop violent, un peu trop excessif. Un peu comme son mouvement, en fait. Il brisa violemment la vitrine qui contenait tous les médicaments et les bandages. Comme ça. D’un geste rapide, il donna un coup de poing sur le verre qui se brisa sur lui, lacérant sa peau. Et lui, il souriait, un peu comme un dément. Un peu ce qu’il était, là, maintenant, tout de suite. Bas les masques, il en avait sa claque. Qu’est-ce qu’elle pourrait rapporter, de toute manière, personne ne la croirait. Il sourit et se retourna vers la pauvre chose allongée sur le lit.

    « T’aimerais bien pouvoir faire ça hein, bah tu pourras pas. Parce que toi, tu te briseras tes précieuses phalanges, et t’y tiens, pas vrai, à tes phalanges, nan ? »

    Quel connard. Un malade qui se moquait d’un autre malade. On avait jamais vu ça, pas vrai ? Parce que normalement, on compatissait à la souffrance de l’autre. Mais là non. Seth n’avait pas envie. Seth était de mauvaise humeur, Seth était au bord de l’évanouissement. Il avait l’impression que toutes ses plaies lui brûlaient en même temps, comme si la peau cicatrisée s’arrachait, encore, éternellement, sans renouveler. Il avait l’impression de sentir le sang couler lentement des plaies pourtant vieilles… Il fronça les sourcils et chercha les médicaments. Pas dans cette vitrine, visiblement.

    « J’ai pas envie d’être chanceux. Mais en fait, au mieux, j’ai pas envie de crever, tout simplement. C’est chiant de crever, l’enterrement ça coute cher, tout ça, tu vois, alors bon, ça sert à rien. Puis, si t’a de la chance, les gens ils pleurent. Et j’aime pas qu’on pleure pour moi. Puis pleurer, c’est pour les faibles. Oh ! Des analgésiques ! »

    Il secoua la boite, comme hypnotisé, puis s’approcha de la créature agonisante sur le lit. Elle était belle, cette Érine au teint morbide. Qu’elle était sublime, cette sublime Lilith à la longue crinière rousse. Comme il aimait ces beautés improbables qu’il trouvait bien souvent dans le creux des courbes des petites filles ou dans les visages marqués par la haine et la maladie. Des beautés que certains considèrent laides. Des beautés que d’autres trouvent effrayantes.

    Mais Seth ne voyait en elles que des femmes. Des femmes dans toute leur splendeur. Des femmes faibles, qui vivaient malgré leurs tares, qu’elles soient physiques ou morales. Ou de l’ordre de la santé… D’un seul coup, il ne vit plus Isis comme toutes les autres, comme une catin qu’il aurait un jour ou l’autre dans son lit à force de paroles mielleuses. Il y vit son égal. Dans le regard glacé, il se reconnaissait, un peu. Car cette haine qu’il vouait au monde, aux autres, il la refoulait. Et ce depuis toujours, quand la jeune fille cédait à toutes ces passions destructrices, se condamnant à la solitude.

    Et elle s’en accommodait bien.

    Il s’approcha d’elle, posa un genou sur le matelas.

    « Tu es belle, Isis. » lâcha le plus vieux. Il goba une poignée de médicament et embrassa la rouquine. Comme ça. Rapidement, une main glissant dans sa nuque parsemée de cheveux roux, le coeur froid. Elle avait besoin d’antidouleur, et c’était une jolie manière que de lui en donner, non ? D’ici une demi-heure, Seth sombrerait. Oubliant absolument tout de ces délires étranges qui le saisissaient lors de ces crises violentes et soudaines.

    Ce n’était qu’un baiser. Un jeu. Un jeu dont il n’était même pas conscient, à vrai dire. Mais son corps, lui, tremblait d’excitation que de toucher cette vénusté atrabilaire, sublime dans sa rage destructrice et magnifique dans ses larmes de souffrances. Parce que peut pouvait se vanter d’avoir réussi à faire ce geste. Et Samaël, cet audacieux qui ne se souciait jamais des conséquences, prolongeait le baiser. Totalement inconscient, en réalité.
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Sujet: Re: Apocalypse, please? [Seth] Apocalypse, please? [Seth] EmptyLun 1 Fév - 17:40

Le garçon était face à une petite armoire, immobile. Isis ne le regardait pas, Isis regardait le reflet perdu sur la vitre, les yeux posés dans des yeux qui ne la voyaient pas. Es-ce que cela avait de l’importance ? Le poing vint briser le verre, vint tuer le reflet. En mille morceaux le Seth du miroir, comme un cœur brisé !
Elle ferma ses paupières pour ne pas avoir à lui faire face en vrai. Pas assez de courage, c’est dur de pas attaquer le autres dans le dos, pas vrai ? C’est dur de soutenir leur regard. Elle, elle y arrivais jamais, elle montrait les dents et fondait en larmes tout de suite après, épuisée et terrorisée.

Il parlait, il parlait, intarissable… La jeune fille aimerait presque lui couper la langue, mais quelque chose au fond d’elle-même lui disait que ça n’empêcherait certainement pas l’affreux organe de continuer à s’agiter, rampant sur le sol pour se moquer, se moquer…Ignoble ver de terre… Et, lorsqu’elle voudrait l’écraser de son pied, alors celui-ci se casserait. Comme le reflet de Seth. Des milliers de petits morceaux de peau, de chair et d’os impossibles à recoller. La fissure s’étendrait à son corps tout entier. Crack, fini, il y a plus… Puzzle de chair humaine, pire qu’un Picasso, pire que Guernica….

- Quand est-ce que tu te la fermes ? T’es complètement idiot… Il y a que les cons de pas vouloir qu’on pleure pour eux. Ouais, les héros à la con dont on se fout totalement tellement ils sont insipides. J’aimerai bien des larmes, si jamais je dois mourir. Mais pas des larmes de rire…ça me changerait. De ça j’en ai marre…


Sa voix s’éteignit dans le murmure des dernières phrases. Pas la peine d’être entendu lorsqu’on se plaignait, c’est bien connu. Parce qu’il y avait cette peur infâme que l’on appelait Pudeur, celle qui nourrissait notre culpabilité.

Seth avait trouvé des analgésiques. Se lever pour en prendre nous aussi, c’est facile non ? Non, pas lorsqu’on a mal à la jambe. Et lui, il marchait toujours avec la même insouciance, c’était pas juste… Elle, ses muscles la tiraient, raides comme ceux d’un cadavre. La douleur remontait par vague jusqu’à sa hanche pour aller nourrir l’océan de désespoir de son cerveau. Pourquoi est-ce que tout pouvait pas s’arranger, pourquoi ?!

Marre, marre, marre ! Marre de ce putain de blanc, c’était même pas une couleur ! Marre de toujours devoir le supporter dans les murs, dans les oreillers, dans les draps. Des draps qui puaient l’envie de pleurer mais nous forçaient à nous retenir. Ca picotait les yeux, ça foutait la nausée, alors on chante des berceuses dans sa tête pour se calmer, mais on trouve rien d’aussi triste que nous. On fait comment pour déverser sa peine alors, hein ? Aucun adulte peut répondre à cette question, évidemment…

Ta gueule sombre conne, c’est pas l’hôpital ici, c’est l’infirmerie !

C’est pire que l’hôpital, parce qu’ici, on te laisse souffrir. T’as mal ? bah prends un cachet et barre toi. C’est tout. Les fractures dans l’âme, ça se soigne comment ? Isis aimerait bien recoudre toutes ses plaies psychiques… Passion et tristesse s’entrelacent encore un peu plus profondément en elle. Serait-ce là les seuls mâles qu’elle connaîtra jamais ? Des poussées psychiques à l’intérieur de sa propre féminité, des baisers à un organe rabougri et minuscule lui servant de cœur, des morsures…

Lorsque Seth posa un genou sur le lit, elle se pelotonna un peu plus dans son coin, lui jetant un regard méprisant. Parce qu’Isis savait fort bien qu’elle allait aimer ce que l’homme allait faire.

- Si j’étais belle, tu me dirais pas ça en délirant comme un porc, tu l’oublierais pas après… A chaque fois c’est le même manège.


Il l’embrassa. Les petits cachets ronds dégringolèrent dans sa propre gorge, empêchant la jeune fille de hurler. Sa jambe faible était déséquilibrée sur le matelas, par le poids rajouté du corps de l’homme. Les vagues de douleurs se faisaient plus aigues que jamais. Ca lacérait ses os, ça lacérait sa peau et chaque seconde ne la faisait qu’empirer.

Elle hoquetait, Isis, avalant l’eucharistie qu’on lui proposait. Elle pleurait, agrippée aux épaules du brun comme une pauvre créature pitoyable. Ses mains n’étaient plus que des serres d’oiseau

- Va-t-en, oh va-t-‘en !


Ca faisait mal. maman, j’ai mal… maman, je dois faire quoi ? Maman… si je suis gentille, ça va partir ? Maman, le bon dieu il va pas me faire mourir, pas vrai ? Le bon dieu, il la faisait souffrir. C’est pire ? Jamais personne est content de son destin, de toute façon.
Et puis les larmes de la jeune fille, elles étaient pas importantes, elle en versait tellement….
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Sujet: Re: Apocalypse, please? [Seth] Apocalypse, please? [Seth] EmptyLun 1 Fév - 18:55

I love you
So much
You must kill me now..


    Et le brun souriait. Il souriait, tout heureux de son petit effet, de son petit manège. Il souriait de ce sourire de drogué qui plane, heureux du voyage. Un sourire factice, artificiel. Mais un sourire heureux quand même. Lui, il s’en fichait de tout ça. De tout le mal qu’il causait. Il brisait les cœurs pour ne pas que le sien finisse en morceau. Il brisait les gens, parce qu’il ne savait pas les réparer. C’était bien plus simple, de toute manière. Un enfant qui casse son jouet, ça arrive souvent. Il pleure, il pleure, il hurle, il pleure la perte du bout de bois, de plastique, peu importe. Puis on lui en donne un autre. Et il joue avec jusqu’à l’épuisement. Jusqu’à le casser de nouveau. Et à nouveau, le bambin pleurera la mort du jouet.

    Avait-on déjà vu un enfant réparer les vieux jouets cassés ? Avait-on déjà vu un enfant en vouloir, seulement ? Seth était pareil… Ou presque. Lui, il ne rechignait pas sur les vieux jouets, sur les déchets. Il s’en foutait. Au contraire, il s’amusait à les détruire encore plus. Pourquoi faisait-il cela ? Pourtant, il les aimait, ces filles, ces hommes, qui trouvaient réconfort dans ses bras squelettiques. Pourtant, il les adorait. Il les adulait. Mais il les annihilait, aussi. Un instinct violent et incontrôlé. Un besoin vital qu’il avait depuis toujours.

    L’islandais était incapable de prendre soin de ceux qu’il l’aimait. Il était fait pour qu’on s’occupe de lui et non l’inverse. Ainsi, on ne pouvait pas lui demander de prendre soin de quelqu’un. Il en était incapable. Il était déjà incapable de prendre soin de lui-même, alors, les autres… Et pourtant, parfois, il rêvait de pouvoir aider ses petites choses qui se débattaient dans ses bras. Il rêvait de leur montrer monts et merveilles… Et puis, ce désir partait en fumée, en même temps que le plaisir qu’il avait trouvé entre leur chair.

    Le temps était venu de tirer la révérence et de s’en aller. De les laisser déchoir ; ils étaient faibles et sans intérêt. Et trouver une nouvelle poupée, c’était facile. Comme celle qu’il avait dans ses bras.
    Celle qui souffrait et qui pourtant, en larmes, se laisser aller à l’étreinte. Pitoyablement sublime. Comme toutes les femmes. Elles étaient belles, à se débattre ainsi. Elles restaient fières, dans leur pathétisme. Oh, comme le sexe faible était admirable.
    Comme Isis était admirable, à savourer ce baiser alors qu’elle tremblait encore de douleur.

    Cette poupée-là, elle était plus fragile que les autres. Parce qu’une étreinte un peu trop forte, et elle partait en morceau. Aussi fragile que du verre. Aussi fragile que la vitrine qui gisait sur le carrelage glacé du sol. Et lui, il l’allongeait un peu plus sur le matelas chaud et moelleux de l’infirmerie, une main glissant le long de son dos, l’autre, éloignée, tenant la boite de médicaments.

    « Tu es belle, Isis. » répéta-t-il doucement, de sa voix tendre. De sa voix grave et sensuelle. Il souriait toujours, ce con. Il savait, bizarrement, l’emprise qu’il pouvait avoir sur elle.

    « Tu as mal, Isis ? » pourquoi prenait-il un malin plaisir à répéter son pseudonyme, inlassable ? Il secoua doucement la boite et en repris une poignée. « Je le sais. Tu tremble. De douleur comme de rage. » Il posa sans hésiter sa main sur sa poitrine, juste contre son cœur. Et s’il perçait la peau, et s’il arrachait les deux serpents pour prendre leur place, pour délivrer à la rouquine sous lui son venin comme drogue et médicine ?

    Pourquoi voulait-il de cette Barbie hargneuse dont personne ne désirait ? Pourquoi souhaitait-il être si proche d’elle alors qu’il savait. Il savait qu’il la détruirait. Et celle-ci sûrement plus que les autres.

    Et il souriait.

    Il l’embrassa à nouveau, cachet en bouche. Peut-être que ça l’abrutirait. Assez pour quelle cesse de répandre ses paroles vénéneuses. Et il rompit le baiser, doucement. Il la regarda dans les yeux, et arrêta de sourire.

    « Et j’oublie pas ta beauté. » Les grand yeux bleus, la peau hyaline, la crinière rousse... Il en rêvait, parfois. Alors sa beauté insensible, incandescente, il ne pouvait l'oublier.

    Non, il oubliait simplement ses baisers, ses étreintes. Parce que tout était plus simple.
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Sujet: Re: Apocalypse, please? [Seth] Apocalypse, please? [Seth] EmptyLun 1 Fév - 19:47

Les larmes coulaient sans fin sur ses joues, coulaient comme un fleuve de boue, toutes aussi putrides et dégoûtantes. Il y avait quoi dans ces larmes là ? Isis se sentait à mi chemin entre l’asphyxie et le néant. La douleur ne cessait d’enfler, alors la jeune fille collait sa joue contre celle fraîche et maladive de l’homme. Leurs deux corps pourrissaient sur une fièvre bien différente. Ils étaient là, pâle copie d’un couple d’amant alors que Seth l’embrassait, que Seth posait la main sur son cœur. Et Passion était déjà marqué au fer rouge par le regard brûlant de l’orphelin.

Le brun répétait son nom, répétait son compliment… Il n’y avait bien qu’un drogué pour la trouver belle. Isis s’accrocha un peu plus à lui, elle ne pouvait pas entendre le cœur de l’homme, elle. Inférieure, inférieure oui, toujours elle le serait. Toujours. Et il se moquait, pas vrai ?

Seigneur, si Tu existes, ne peux-tu pas montrer que Tu aimes tes enfants ? Malade de corps et malade de sentiments, Isis n’aspirait à rien d’autre qu’un baiser sur son front. Pas aux lèvres. Pas encore les cachets, elle avait marre d’en prendre, tellement marre…
Les cachets, ça calmait la douleur n instant et puis elle revenait, méchante et sournoise.

Un geignement secoua la gorge de la jeune fille. Trop mal…trop mal… TROP MAL ! Et Il restait, il comprenait pas…Il comprenait pas qu’elle pleurait et gémissait de douleur malgré les cachets. Que ces putains d’analgésiques feraient pas effet tout de suite, certainement pas et que là…là c’était insupportable.
Seule face au poids de l’homme, seule face au poids de sa propre souffrance, Isis eu soudain un spasme et manqua de hurler. Une large traînée de sang dégoulinait de son menton, la rouquine s’était mordue les lèvres sans s’en rendre compte pour réprimer ses cris. Pourquoi on a pas le droit de crier ? Parce que…

Et Seth ne bougeait pas, restait là… Le corps prit le pas sur la raison, cette raison insensée qui pleurait en quête de chaleur humaine…. Elle le lâcha, tâchant de le repousser, pâle comme la mort. Pâle et tremblante.

Simulacre de grâce, ces gestes n’étaient rien de plus que ceux d’un triste pantin alors qu’elle se tournait sur le côté, les jambes repliées contre elle, en position fœtale. Là maintenant, elle avait envie de vomir… Le tissu de l’oreiller absorbait ses larmes. Pourquoi c’est si compliqué de comprendre que quelqu’un souffre ?

Autre chose que de la pitié, autre chose que du dédain… Juste de la Compréhension…
[b]
- t’es qu’un salaud, Seth…. Un immonde salaud. T’es à gerber, je comprends pas comment personne s’en rend compte[
/b]

Mais les salauds, on peut aussi les aimer. Parce qu’ils peuvent également vous caresser du bout des doigts et vous murmurer des mots d’amours, même s’ils n’y croient pas. La jeune fille tremblait encore de temps à autre, véritable animal agonisant. Elle avait dardé ses yeux sur le mur blanc lui faisant face, essayant de tout oublier du monde.

Son estomac se tordait dans tous les sens, pourtant elle n’avait pas besoin de ça. Les amoureux, ils ont des papillons dans ventre, pas vrai ? Isis comprenait pas comment ça pouvait pas les faire venir à tout bout de champs, parce que les trucs qui bougent dans le bide, ça fait pas du bien.



Se blottir dans les bras de quelqu’un, comme ça doit être bien… Isis avait envie que des bras chauds se referment autour d’elle plutôt qu’une paire de draps glacials. Que ne donnerait-elle pas pour entendre une voix amie la consoler ?!

Mais c’est quoi, une voix amie ?

Isis, elle avait pas d’amis. Elle disait qu’elle en voulait pas, juste parce qu’elle était terrifiée. Elle en payait le prix…

Alors sa peau restait roide et glacée, sans aucune main pour la réchauffer. Le seul qui lui accordait des étreintes, c’était uniquement parce qu’il les voulait mortelles. Où était la Justice ? Nulle part.

Et Isis se taisait, lorsqu’on choisissait d’être cancrelat, il fallait assumer !
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Sujet: Re: Apocalypse, please? [Seth] Apocalypse, please? [Seth] EmptyLun 15 Fév - 0:56

You will cry, all alone
But it does not mean a thing to me.


    Seth alla chercher les larmes du bout des lèvres, remontant ce courant sinueux et triste. Il n’était pas conscient de tout ce qu’il faisait. Il sentait juste cette tristesse envahir la jeune fille perdue dans ses bras. La tristesse et la rage. Mais contre qui était dirigée cette fureur funèbre ? Contre cet islandais aux mots hypocrites et désincarnés ou contre elle-même, pauvre poupée brisée ? Après tout, Samaël ne faisait que lui offrir ces attentions qu’elle attendait depuis toujours. Était-elle si sotte, pour refuser le seul qui voudrait à jamais d’elle ? De son corps déchu de son caractère passionné.

    Sûrement. Pourtant, elle s’accrochait à lui, encore, toujours. La rousse ne le lâchait pas, et Seth, lui, et bien il continuait ses attentions. Sa main tremblante n’hésita pas une seconde à se perdre dans les flammes. Ses lèvres étiolées remontaient doucement sa mâchoire, il darda sa langue le long de sa joue pour embrasser tendrement sa tempe. Et il s’éloigna doucement de ce corps d’animal blessé. Personne ne souhaitait même achevé la pauvre biche. Plus personne ne voulait d’elle, en réalité, pas vrai ?

    Il fixa la pauvre chose recroquevillé sur le lit blanc de l’infirmerie et eut un sourire cruel. La vision que lui offrait Isis était un triste mélange de pathétisme et d’esthétique. Ses os pourris avaient eu raison de son corps de nymphe. Son affreuse maladie l’avait rongé jusqu’au mental, la transformant en un simulacre de jeune fille décadente. En fait, Samaël avait cru qu’en s’attaquant à une proie déjà à terre, la tâche aurait été bien plus simple. Oh, qu’il avait tort. Isis se débattait contre ce désir qui prenait possession d’elle – parce que dans son esprit étriqué, il ne pouvait que lui insuffler du désir, n’est-ce pas ? A moins que ce ne soit du dégoût ? La barrière était mince, et il ne voulait pas vraiment savoir.

    Le brun se retourna pour aller trouver la porte de l’infirmerie en l’écoutant l’insulter sans rien dire. Il tremblait toujours. Il ferma la porte à clé. Ils seraient seuls pour l’heure à venir. Et sa maladie qui prenait peu à peu possession de son cerveau, transformant le monde aseptisé de l’infirmerie en myriade de couleurs criardes et aveuglante. Un merveilleux camaïeu de rouge, comme ces cheveux épars sur le lit trempé de sueur qu’accaparait Isis. La belle, la déchue Isis. Son prénom n’était donc pas la preuve qu’à eux deux, ils devaient vivre des choses extraordinaires ?

    Il se rapprocha de nouveau, clignant plusieurs fois des yeux. Il n’arrivait pas à suivre le délire de son cerveau souffrant et sentait peu à peu sa force le quitter. Bientôt, il s’effondrait, libérant ainsi Isis de toute cette folie qui le saisissait lors de ses crises. Mais en attendant, il lui faisait toujours face, cet horrible prince charmant au sourire déroutant et aux yeux fous. Un salaud. Oh oui il en était un, et ne s’en cachait même pas. Et pourtant, les gens l’aimait pour ça. L’adorait même.

    Tout le monde se faisait avoir, de cette innocente petite fille qui se faisait consumer par le plaisir à ce grand garçon là-bas qui se prenait d’affection pour son corps malade. Rares étaient les résistants. Et pourtant, c’était avec eux qu’il voulait encore bien des liens, bien des étreintes. Eux le voyait comme il était vraiment : un type qui utilisait les autres pour sa propre satisfaction. Et bien souvent, ils ne tentaient pas de le façonner à l’image conforme qu’ils avaient dans leur tête. Ils se contentaient de le haïr pour ce qu’il était et non pas de l’aimer pour ce qu’ils pensaient qu’il était.

    « Et toi Isis, tu ne m’aimes pas ? Tu n’aimes pas quand je te prends dans mes bras ? Quand je m’occupe de toi ? … »

    Sa voix avait ces intonations candides d’enfant qui cherche des réponses dans les yeux de sa mère. Son comportement n’était pas fixe. Le voilà passé du salopard beau parleur à cet enfant esseulé qu’il avait toujours été. Bientôt la haine refoulée contre ce monde ? Bientôt, le chagrin du malade ? Qui savait. Mais Seth n’était conscient que d’une chose. Il allait sombrer, et seule Isis pourrait voir sa déchéance. A moins qu’il ne la brise avant.
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Sujet: Re: Apocalypse, please? [Seth] Apocalypse, please? [Seth] EmptyMar 23 Fév - 0:56

Elle aurait pu pleurer encore plus de sentir ses lèvres sur sa peau mais elle ne le fit pas. A peine la jeune fille eut-elle un soupir. Comme un enfant voulant de l’attention, toujours plus d’attention, elle aurait pu tordre son visage pour de nouvelles larmes que Seth se serait empressé d’embrasser. Mais le masque cireux recouvrant chair et os restait impassible. Isis ferma les yeux, comme un écho lugubre le bruit de la clé de la serrure continuait de résonner dans sa tête. Quelle importance ? Le garçon les avait enfermé mais elle, elle était déjà loin. Il lui parlait sans que la rouquine ne l’écoute, à peine avait-elle conscience des mots se faufilant dans ses oreilles.

Seth n’allait avoir aucune réponse à sa question Seth était seul. Enfouie derrière le voile de ses illusions, Isis se laissait aller à sourire, rêveuse. La douleur à sa jambe bruissait encore légèrement dans ses veines, comme le vent secouant les feuillages avec un peu trop de force. A mi chemin entre rêve et réalité, les yeux ouverts mais le cœur fermé, la jeune fille repoussait l’homme comme un mauvais souvenir.

Inconsciente, elle le lâchait, parce que perdue dans ses rêves, alors qu’elle lui tournait le dos, des figures de princes charmants venaient danser dans son esprit abîmé. Et pourtant ses yeux restaient ouverts, fixés sur le mur blanc à la peinture écaillée, cassée. Quelle fresque pouvait-elle donc arriver à faire peindre dans son regard ?

Ah, time fades away from me
With wet wings on rocking waves.
Time flies on shimmering wings
Tomorrow just like yesterday and today.
Time flies on shimmering wings
Tomorrow just like yesterday and today.
Until I myself on more highly radiant wings
Flee from the changing time.
Flee from the changing time.


Et où allait-elle donc ainsi, d’un pas si décidé, à l’orée de sa vie, petite fille sucrée ? Elle allait se rouler dans l’amertume, que sa peau ait le goût du sel, que plus personne ne veuille y goûter.
Mais Seth s‘amusait du goût des larmes, surtout s’il les provoquait. Qu’éprouvait-elle à son égard ? Tantôt du respect, tantôt de la pitié. En cet instant, perdue dans son conte intérieur, elle l’avait bannie de son univers pour un temps.

Et son chagrin séchait sur ses joues, comme pour lui réchauffer la peau. Parce que ses paupières étaient lourdes, Isis les ferma. Cela ne dura pas plus d’une minute, assez de temps pour détruire un univers, assez pour en construire un également.
Etait-elle fermée à la douleur du jeune homme, elle ne savait pas. Tout avec un parfum de sortilège avec lui, leurs regards étaient lourds comme l’atmosphère d’un Poe alors que l’on en ouvre les pages. De ce fait, Isis pensa tout de suite aux vers parmi les plus célèbres du poète : The Raven. Mais qui était qui ?
Bloquée dans son corps comme l’était un cadavre dans son cercueil, la jeune fille aurait aimé s’imaginer avec la beauté surnaturelle de Lenore la belle morte. Oui, Lenore que quelqu’un pleurait, inconsolable. Un amant esseulé, brisé et abandonné, un amant sans non, sans visage et sans cœur. Ah oui, que n’était-elle donc Lenore, la plus belle femme à mourir si jeune ?! Et que Seth soit tel le corbeau du poème, sombre forme aux plumes ténébreuses dont le cri n’est plus qu’un écho. Une fatalité.

Nevermore.

Ah, tant de personnages mythiques dansaient dans son esprit. Comme elle voulait tant leur ressembler ! Alors à l’une, elle mettait sa chevelure, l’autre se trouvait dotée de ses yeux et celle là avait des mimiques semblables aux siennes. Et elles étaient belles, si belles…

Qui était Seth ? Un être parfait dans sa cruauté, savant jouer des sentiments des autres, feindre les larmes, feindre la joie, être inhumain… Peut-être que oui, Isis regrettait de ne pas lui ressembler. Alors elle l’observait, Dame de Shalott de ce Lancelot Démoniaque. Oui, elle était cette pauvre enchanteresse vivant d’illusions, hantée par les ombres de Camelot, par le regard de lancelot. Et lorsque son miroir se brisa, la Dame de Shalott prit place dans une barque et se laissa aller le long du courant. Là, reposant sur les tissus richement brodée, elle ferma les yeux, illusion redevenant illusion, morte sans aucun espoir, morte mais amoureuse. Il y en avait tellement des belles noyées, Ophélie évidemment… Isis aimait beaucoup Ophélie et prenait plaisir à réciter les vers de la jeune femme à demie voix comme si elle-même, alourdie par le poids de sa robe, plongeait au fond de la rivière…

Chassée par les rêves, la tristesse n’existait plus, le douleur était toujours là mais s’en rappeler n’arrangerait rien. Isis se redressa, peut-être un peu plus pâle qu’avant, et regarda Seth. Elle se souvenait de ses mots sans pour autant les comprendre. De toute manière, aaux questions posées il ne pouvait y avoir qu’une réponse

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Apocalypse, please? [Seth]

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