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 Shadowplay |Taz.|

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Sujet: Shadowplay |Taz.| Shadowplay |Taz.| EmptyVen 19 Fév - 5:34

« I'll keep my good intentions and you keep the car
This story's coming to an end
Baby we can't be friends ! »

    BOUM BOUM. La cadence de son cœur s’accélérait, incontrôlable. Elle le sentait, ce petit cœur, cogner dans sa poitrine comme s’il voulait s’échapper et s’écraser lamentablement sur le sol. Morose était incontrôlable. Elle remuait, s’agitait dans ses draps blancs comme si elle se battait contre un ennemi invisible. Ses paupières tremblaient légèrement et sa bouche se tordaient en d‘horribles mimiques. Quelques gémissements s’en échappèrent. Et puis soudainement le silence. Son corps se raidit instantanément et son souffle s’amenuisa, retrouvant ainsi un rythme normal. Son poitrail se soulevait à peine. On aurait dit qu’elle était morte, comme ça, simplement et silencieusement. BOUM BOUM ! Et la presque morte se releva soudainement, respirant bruyamment et des grosses gouttes de sueur perlant de son front. Ses pupilles dilatées s’agitèrent dans tous les sens, cherchant à reconnaître où elle était. Sa chambre. Juste sa chambre. Un cauchemar. Ce n’était qu’un cauchemar, un putain de cauchemar. Elle souffla de soulagement et de dépit; partagée entre la confusion et la joie. Elle passa alors une main dans sa longue chevelure blonde, histoire de se remettre les idées en place et surtout d‘enlever les mèches qui s‘étaient collées à son visage. Un vif coup d’œil au réveil. Trois heures cinq du matin. Génial. C’était comme qui dirait une journée qui commençait mal. Trop cool. Cela faisait plusieurs soirs qu’elle cauchemardait et c’était toujours le même rêve. Plutôt flou comme rêve d‘ailleurs, elle courrait, encore et encore, poursuivie par une masse informe. Juste ça, y’avait pas de fin, ni de début. C’était un rêve un peu stupide mais il pourrissait ses nuits. Morose regarda une dernière fois autour d’elle. Sortir un peu lui ferait du bien. Beaucoup de bien même.

    Elle se leva péniblement, encore un peu engourdie. Dormant nue, elle se contenta d’attraper son short noir en cuir. Une jambe puis une autre. Gestes relativement simples à effectuer d’habitude mais ce jour là, elle manqua de s’écraser pitoyablement sur le sol en l’enfilant. Ouais, c’était pas trop son jour on dirait. Pas d’chance tiens. Enfin, elle continua son habillage et enfila son sweat-shirt noir lui aussi, qu’elle ne zippa même pas complètement. Qu‘y avait-il a cacher, de toute façon ? Elle ne prit même pas la peine d’ enfiler ses chaussures, elles risqueraient de faire trop de bruit lorsque Morose marcherait et ce serait regrettable - très très regrettable- dans une situation pareille. Elle était fin prête pour l‘aventure. Sauf qu’elle se cogna malencontreusement sur la porte en voulant partir. C’est pousser qu’il faut faire, pas tirer, remember Morose. Elle attendit cependant avant de sortir, préférant s’assurer que personne n’est été alarmé par le bruit. Quelques secondes s’écoulèrent jusqu’à ce qu’elle entendit soudainement des bruits de pas se rapprocher puis se stopper devant la porte de sa chambre. Alarmée, Morose ne préféra pas bouger, elle resta figée devant la porte, les bras ballants. Aurait-il était plus intelligent de se jeter sur son lit précipitamment, confirmant alors par le bruit la possible escapade nocturne d’un prisonnier ? Non. On est d’accord. Les secondes défilèrent avant que le chien de garde décide de faire demi-tour. Les pas s’éloignèrent jusqu’à ne devenir qu’un simple écho dans les ténèbres. Puis un silence de mort s‘installa. Tout semblait mort à la Wammy‘s House, que ce soit le jour ou la nuit. Morose souffla, mais uniquement de soulagement cette fois-ci. Qui sait ce qui lui serait arrivé si il avait ouvert la porte ? Elle jeta un coup d‘œil au réveil : trois heures et douze minutes. Le gentil toutou ne tarderait pas à revenir. Une future bosse sur le crâne et le cœur battant à tout rompre , c’est sur cette joyeuse et légère note que la pucelle sortit de sa chambre, à pas de velours et ferma la porte toooouuuuuuuuut doucement. Depuis l’autoproclamé couronnement des jumeaux diaboliques, le couvre feu était à 22 heures. En théorie. Et puis bon, les règles, ça a jamais été son truc.

    C’est donc ainsi que notre vierge farouche et non effarouchée se retrouva à errer dans les couloirs de la Wammy’s House, transformant ses pas en celui d‘un habile félin. Bon, elle errait quand même pas trop hein, sait-on jamais, elle avait quand même une destination définie - enfin « à peu près définie », du genre « quelque part à l’abri » . Si elle tombait sur Aphrodite, elle était morte. Remarque, si elle tombait sur n’importe qui du gang des jumeaux, elle était dans la merde. Ça servait donc à rien de stresser puisque dans tout les cas elle risquait de crever dans d‘abominables souffrances, youhou . Mais quand même. Elle évitait de traîner des pieds et tentait de maîtriser son souffle. Elle rasait les murs, esquivait les fenêtres qui laissaient filtrer les rayons de lune. C’était tout de même une situation critique, elle mettait sa vie en jeu à s’aventurer sans vraiment savoir où aller dans les ténèbres de l’orphelinat. Alors pourquoi diable avait-elle en tête le générique des Cat’s Eyes dans la tête ?! C’est une question qui mérite une réflexion approfondie - ou pas. C’était carrément la bonne ambiance en plus pour un délire Cat’s Eyes: il faisait nuit, des méchants rôdaient et elle était en quelque sorte une hors la loi. Quel dommage qu’elle n’est pas de justaucorps orange fluo ! Si elle était complètement folle, elle aurait bien fait des roulades sur le sol, genre « je suis une voleuse, j’évite les lasers OLOLOL. ». Seulement Morose n’était pas folle mais plutôt complètement paranoïaque. Alors à défaut de faire des roulades, elle préféra se méfier de tout, même de sa propre ombre. Prudence aurait pu être son deuxième nom. … Ou pas.

    * Trois vives panthères qui en un éclair, savent bondir sans un bruiiiiiiiit * chantonnait-elle dans sa tête, la pauvre sotte.

    En parlant de bruit, la pucelle en entendit un relativement inquiétant. Quelque chose qui claque. Une porte ? Un cadavre qu’on jette sur le sol ? Un régiment de bananes faisant soudainement intrusion dans l’orphelinat ?! Toutes les théories possibles et inimaginables vinrent en tête de la jeune fille, un brin paniquée - admirez ici cette subtile atténuation -. Elle chercha à garder son calme, en vain. BOUM BOUM ! Et son cœur qui faisait encore des siennes. Elle le sentait battre dans sa gorge. Si ça continuer, ce stupide cœur, elle allait le gerber sur le carrelage. Ce serait dommage de donner tant de mal au personnel ménager. Quoi que, ça leur ferait les pieds tiens. Mais là n’était pas la question. Morose se retourna rapidement, prête à affronter les bananes. Allez savoir pourquoi, il lui semblait plus possible que ce soit une armée de bananes qui la menace q‘un être humain. Mais elle ne vit rien. Rien du tout. Sauf le néant. WTF ? En réalité le bruit provenait d’un volet qui claquait contre le mur, un peu plus loin. Mais ça, Morose ne le sut pas. D’ailleurs, elle ne le saura jamais. Ce qui est fort dommage pour elle parce que ce bruit incongru provoqua en elle un tel état de panique qu’elle délaissa sa démarche d’espionne pour celle de « je m’en vaiiiis !». Un peu comme si elle avait fait « fuite » face à un pokémon sauvage quoi. Et le pokémon sauvage, il était plus du genre Onyx niveau quarante qui tombe au mauvais moment que pokémon légendaire Mewtwo niveau soixante-dix qu’on recherche depuis trois mois. Enfin bref. Notre petite sainte ne réfléchit pas plus que ça et accéléra le pas et dévala le couloir. Elle faisait tout de même attention à ne pas courir « trop vite », elle se contentait plutôt de faire de grandes enjambées et ses pieds, nus, atténués ainsi le bruit du choc de la réception. C’était ça ou détaler comme une mongolienne et attirer tout les névrosés sur elle. Agir sous le coup du stress ne risquait pas d’arranger son cas. Et mine de rien, Morose tenait vraiment à mourir vieille fille, si vous voyez ce que je veux dire.

    Pendant sa course, elle eut le temps de réfléchir à une destination, et elle choisit le grenier. Sombre, isolé et encombré il était la planque et l’endroit parfait où se poser. Ainsi ses pas la menèrent dans cette pièce où on empilait les vieilleries, objets inutiles ou, peut-être, secrets. Dès qu’elle fut entrée dedans, elle referma précipitamment la porte derrière elle, pour se protéger un minimum. Elle respirait bruyamment et son souffle était saccadé. Ce n’était pas tellement l’effort qu’il l’avait épuisé mais le coup de peur qu’elle avait eu. Elle se laissa glisser le long de la porte et s’affala sur le sol, la tête nonchalamment appuyée sur le bas de la porte. Elle regarda alors autours d’elle, essayant de repérer les lieux mais c’était noir comme un four là dedans, elle ne pût distinguer que de vagues formes. Morose n’allait pas souvent au grenier, et si elle y allait, c’était seulement le jour. Elle n’aimait pas vraiment cette endroit, l’air chargé de poussières lui arrachait les bronches et l’odeur de renfermé lui donnait mal au cœur. En temps normal, elle serait immédiatement partie. En temps normal .

    Retrouvant peu à peu son souffle, la jeune fille se décida à se bouger un peu et c’est à quatre pattes qu’elle s’avança dans le grenier, se cognant parfois contre des objets. Morose cherchait juste un endroit où finir sa nuit, elle ne pouvait pas revenir en arrière - et si jamais elle tombait sur un des psychopathes ? - elle n’en avait surtout pas le courage. Elle avançait à tâtons, cherchant un endroit confortable si possible. Elle buta alors contre ce qu’il sembla être un vieux matelas, posé à même le sol. C’était pas du grand luxe, mais ça lui suffirait. Elle voulait juste dormir un peu plus, juste un peu plus… Elle s’avança alors sur le matelas et se laissa tomber dessus, comme un vieux sac à patates. Elle était si fatiguée. Ses paupières se fermèrent doucement, jusqu’à être totalement closes. Morose se laissa alors sombrer. Elle voulait juste dormir en sécurité.


Dernière édition par Morose le Mer 24 Fév - 3:21, édité 1 fois
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Sujet: Re: Shadowplay |Taz.| Shadowplay |Taz.| EmptySam 20 Fév - 1:20

      « …Mais qu’est-ce que j’fous là, moi ?

      Des fois, j’me demande vraiment c’que j’ai dans le crâne.

      Si il y a bien un crétin à la Wammy’s House qui n’a pas intérêt à se faire remarquer, c’est moi. Pour preuve, Aphrodite rêve de me dépecer depuis des semaines, et les jumeaux m’en veulent à mort depuis que… enfin… de-depuis que Candy et moi, on… on est sorti ensemble. J-Je ne sais pas comment ils l’ont su d’ailleurs. Quelqu’un a dû cafter… A moins que ma dépression de ces derniers mois ne leur a mis la puce à l’oreille… Mais si ça s’trouve c’est elle qui leur a dit… le pire c’est qu’ils m’en veulent alors que… c’est elle… elle qui m’a plaqué. Je ne sais pas pourquoi ils me détestent tant. J’en sais rien. Enfin bref, on s’en fou. Quand on est une victime mal vue par ses bourreaux, on la ramène pas. C’est comme ça. C’est une règle naturelle de survie, c’est tout. Sauf que moi, j’suis trop stupide pour la comprendre… et surtout, l’appliquer.

      Et résultat, là, maintenant, tout de suite, j’suis dans la merde. Et genre, bien profond quoi.

      Il est presque 3h du matin, j’suis crevé, j’ai froid, j’ai faim, et je suis seul dans la cuisine, dans le noir, à flipper comme une pucelle, coincé comme un lapin poursuivi par une armée de bananes en furie ! o__o euh.... en-enfin, j’veux dire, par une meute de centaines de chiens de chasse surentraînés et affamés ! J’ai trop la trouille !

      J’sais pas c’qui m’a pris. J’commence à avoir grave les pétoches…
      J’suis vraiment un malade. Bon… Ça, j’avoue, c’est pas nouveau, mais aujourd’hui, c’est pire que d’habitude. Coincé comme un débutant. Bravo champion ! =A=

      Mais… J’y pouvais rien… J’avais trop la dalle.
      J’suis pas comme les autres, moi ! J’ai besoin d’me nourrir ! J’y suis pour rien si leurs repas ne me suffisent pas. J’suis sûr que même durant la seconde guerre mondiale, pendant le rationnement, z’avaient plus à manger ! D :

      Taz… U__U Tu penses vraiment qu’à bouffer, gros crétin ! Tu penses à ton estomac, et pour ton cul dans l’histoire, tu fais quoi, hein ?! Tu f’ras comment pour le sauver si tu tombes sur Aphro ? Sale raciste du derrière !

      ...

      C’est vrai ça… Concrètement…. Qu’est-ce que j’fais si j’me fais choper, hein ? »



    Il se demandait comment il en était arrivé là. Sa conscience outragée l’efflanquait de tous les noms d’oiseaux de la Terre. C’est vrai qu’il s’en voulait parfois d’être un peu impulsif. Il aurait tout donné pour revenir en arrière, pour ne pas être dans cette pièce glacée, sans lumière, au beau milieu de la nuit, à retenir son souffle, et frémir au moindre bruissement de vent. Et dire qu’il n’y avait pas si longtemps il était encore dans son lit, au chaud et à l’abri, protégé par son cocon de couvertures, en bon toutou obéissant qu’il était. Mais il avait fallu que son ventre insatiable fasse des siennes. L’unique repas quotidien que le régime dédaignait leur accorder ne lui suffisait pas. Son mètre quatre-vingt, et son hyperactivité lui brûlaient beaucoup d’énergie ; son corps avait besoin de plus qu’une simple assiette de maïs en conserve. Alors son estomac vide, affamé avait réagi, et l’avait torturé avec un plaisir malsain. Manger… Manger… Manger… Un mot que son cerveau alarmé tournait en boucle, le glissant dans le moindre recoin caché de ses pensées. Blotti dans ses draps bien chauds, sain et sauf dans sa chambre silencieuse, le rouquin n’avait pourtant pas réussi à trouver le sommeil. Et son ventre impatient qui criait à l’aide, comme pour rappeler sa minime existence à son propriétaire ne l’y avait pas aidé. Taz s’était tourné et retourné pendant des heures, cherchant en vain un repos mérité. Et il avait fini par craquer. Malgré une fatigue lancinante, il s’était levé, et avait quitté la pièce, nu-pied, et toujours flanqué de son pyjama préféré –le bleu avec des nounours-. Il savait que c’était dangereux. Très dangereux même. Surtout pour la parfaite victime qu’il était. C’était jouer avec le feu. Il n’avait pas le droit à l’erreur. Chacun des trois despotes le considéraient d’un œil mauvais et ne cachaient pas qu’ils rêvaient de se faire une guirlande de noël avec ses orteils ; ce qui finirait par arriver s‘il se faisait attraper ; mais peu lui importait. De toute façon, si ça continuait ainsi, ce jeun forcé finirait par le tuer aussi. La faim le tiraillait, c’était plus qu’il ne pouvait en supporter. Malgré le risque de se faire prendre par les veilleurs de nuit, cette bande d’orphelins hypocrites et cupides qui léchaient bien gentiment les pieds des Altesses, Taz était prêt à tout. Evidemment, il n’ignorait pas que toutes les réserves de nourriture étaient étroitement surveillées. Mais le garçon savait que les rondes tournaient régulièrement, et qu’il lui fallait juste attendre le bon moment pour se faufiler dans la cuisine. En fouillant, il finirait bien par y trouver quelque chose de mangeable. Puis il n’aura plus qu’à patienter jusqu’à ce que le veilleur s’éloigne à nouveau pour s’enfuir avec son butin. C’était parfait ! Le plan idéal ! Et il était assuré d’être le seul à prendre le risque, aucun orphelin n’était suicidaire au point d’oser désobéir aux ordres impériaux. Son plan était génial ! Et c’est tout fier, et somnolant qu’il se dirigea à pas de loups vers la cuisine au premier étage. Seulement, son plan parfait, il ne l’était qu’en théorie. La pratique fut légèrement modifiée… Parce qu’une fois sur place, l’infiltration réussie, Taz n’avait pas prévu que le gardien nocturne, revienne si vite, et se plante devant la porte comme un piquet. Plus d’une demi-heure à présent qu’il devinait sa silhouette immobile de l’autre côté du mur. Sa nourriture chérie blottie contre son torse, il attendait en silence, recroquevillé dans un coin. Et si le veilleur décidait lui aussi de se prendre un p’tit encas et pénétrait dans la cuisine ? Et s’il le surprenait ? Son cœur battait comme un dément contre ses tempes. La peur qui montait lentement le long de son échine lui arrachait des frissons d’effroi. Puis cette haine dévorante, odieuse contre lui-même, ce ventre incontrôlable, contre cette idée démente d’avoir imaginé, un seul instant, qu’il pouvait réussir. Aphrodite avait déjà tué. Elle pouvait très bien le refaire. Et elle allait le refaire. Elle se délecterait de lui découper la gorge, de lui scalper le crâne, de se faire un manteau avec sa peau, de… Taz déglutit de terreur. Les films d’hrreur n’avait jamais étaient son truc. Il serait le prochain, il le savait. C’était certain. Ce serait lui, ce serait lui. Il était trop jeune pour mourir ! Non ! Non ! Alors que son esprit douloureux commençait à déjà l’imaginer en martyr, prêt à brûler dans d’affreuses souffrances sur le bûcher, le chien de garde s’éloigna.

    Pétillant d’espoir, Taz effaça en un instant toutes ses réflexions macabres, et attendit, tel un chat aux aguets devant un trou à souris, prêt à bondir dès que les pas s’enfonceront dans le silence.
    Soudain… Plus rien.
    Ne se faisant pas prier, Taz s’élança. Il ouvrit la porte à toute vitesse, et détala. Il était certain de n’avoir jamais couru si vite de toute sa vie. Même la fois, au cours de sport, où il s’était éclipsé pour aller espionner les filles par la fenêtre des vestiaires, et que Silence l’avait surpris. Ce jour-là, ce fut de la rigolade. Aujourd’hui, dans le lourd silence des couloirs endormis, il était persuadé de pouvoir gagner les JO… Il se dit qu’il devait peut être penser à s’inscrire aux prochains, dès que toute cette horrible histoire serait finie et si… si il s’en sortait vivant… bien sûr.
    Malgré sa vitesse, Taz se surprit à être particulièrement silencieux. Ses pieds nus contre le parquet ciré faisaient des petits « claps claps » réguliers, mais discrets. Il fallait seulement qu’il se dépêche, car si un garde n’était pas loin, ce dernier pourrait aisément l’entendre. Son butin toujours dans ses bras, Taz courrait vers sa nouvelle destination. Le grenier était un endroit parfait. Personne, et certainement pas les veilleurs, ne prendrait le risque de s’y rendre en pleine nuit.
    Personne, sauf lui. Haha. Une immense satisfaction le submergea. Il était vraiment trop fort ! Enfin c’est ce qu’il pensait jusqu’à ce que sa conscience moqueuse lui rappelle son air de hors la loi promis à la potence qu’il arborait quelques instants auparavant. Il déglutit. La vision lui fit l’effet d’une douche froide, et il ravala sa fierté.

    Enfin, il arriva au dernier étage de l’orphelinat, et à tâtons devina la poignée de la porte. Tout heureux, frétillant de liberté, il pénétra dans la petite pièce sombre. Il referma soigneusement la porte derrière lui, et lâcha un profond soupir de soulagement. Il avait fait une grosse, très grosse bêtise. Il avait encouru des risques énormes, et avait même posé un pied dans sa tombe, et avait réussi à s’en sortir avant l’heure fatidique.
    Il ne voyait presque rien, seul un léger rayon de lune filtrait à travers la lucarne ; il avança en titubant. Il savait qu’un matelas traînait quelque part sur la gauche, il n’avait qu’à s’y installer pour savourer pleinement son repas et le fait d’être toujours en vie. Il se déplaçait doucement pour faire le moins de bruit possible et ne pas alerter les gardes éventuels qui faisaient leur ronde au bas de l’escalier. Puis, enfin, il distingua le vieux matelas. Tout joyeux, il s’y élança voltigea dix secondes, avant d’atterrir brutalement sur… quelqu’un, et de voir toutes ses victuailles tomber sur le vieux parquet dans un tintamarre assourdissant.

      - « AAAH ! MERDE ! »

    Le blasphème était sorti tout seul. Il avait crié. LA GAFFE ! Comment pouvait-il avoir fait une erreur pareille ? Alarmé, le borgne se plaqua une main violente sur la bouche, pour taire sa surprise, mais le mal était fait. Il jeta un regard inquiet vers la porte, craignait de voir un gardien en fureur arriver. Mais, elle demeura silencieuse. Il soupira de soulagement, jusqu’à ce qu’il se rappelle qu’il n’était pas aussi seul qu’il ne l’espérait. Et d’ailleurs il était toujours nonchalamment allongé sur l’autre.
    Qu’est-ce qu’il foutait là, d’abord celui-là ? C’était sa planque parfaite ! Pas la sienne ! Il lâcha une phrase d’une traite.

      - « Hé ! Mais-qu’est-ce-que-tu-fais-là-toi-d’abord ? »

    Il se redressa tant bien que mal, et gratifia l’autre d’un regard de reproche. Certes, il était arrivé deuxième, et ce n’était normalement pas à lui de poser la question. Mais il ne pouvait pas s’empêcher de lui en vouloir. Il avait risqué sa vie pour manger, et l’autre là, il gâchait tout son délire quoi. En plus, il était affamé, crevé, et avait eu la peur de sa vie. Et, il ne savait même pas qui c’était d’abord ! Si ça s’trouve c’était un garde qui dormait là pour s’assurer qu’aucun orphelin ne s’y rendait… ?! Puis un rayon de lune éclaira faiblement son visage. Taz en eut le souffle coupé.

      - « Mo-Morose ?! C’est… C’est toi ? »

    D'une certaine manière, ça n’aurait pas pu être pire.
    Il aurait pu tomber sur une fille super canon, ou sur l'un de ses meilleurs amis, des copains, des copines ; eh ben non. C'était l'une de ses ex, pucelle, révêche et jamais contente. Oups ! ça promet.

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Sujet: Re: Shadowplay |Taz.| Shadowplay |Taz.| EmptySam 20 Fév - 17:29

    Oh qu’il était ce beau, ce monde imaginaire ! C’était si paisible, si reposant. Il n’y avait qu‘elle et une vaste étendue sablonneuse brûlant sous les rayons ardents du soleil. Du sable à perte de vue sous un ciel d’azur et un calme absolu. Que demande le peuple ? Morose était étendue dans le sable, sa peau encore plus noire que d’habitude, souriant comme elle ne l’a jamais fait et fredonnant un air enfantin, probablement une berceuse que son père lui chantait. D’ailleurs, le peuple demanderait bien le père. Il ne manquait que ça dans ce rêve idéaliste, hélas. Et soudainement, la petite sainte entendit une voix, une voix profonde et intense qui murmurait son nom. Le vrai, le sien, celui qu‘elle oublierait jamais, celui qui était son réel « moi ». Mohsen. MOHSEN ! Elle sentit redevenir cette gamine insouciante, baignant dans le bonheur. Elle se releva aussi vite qu’elle le put et fit face au nouveau venu et, oh surprise, c’était bel et bien son père. Morose n’était après tout qu’une jeune fille pleine d’espoirs sous ses airs de mademoiselle jamais contente. Dans son rêve, Mohsen aurait bien voulu courir jusqu’à Naël et serrer ce dernier dans ses bras arachnéens puis lui dire qu‘elle avait attendu ce moment depuis si longtemps, enfin bref, avoir une véritable scène romantique digne des Feux de l‘Amour ou des shojo mangas quoi. Elle aurait bien aimé, oui. Hélas, son fantasme prit fin de manière plutôt brutale : alors qu’elle rêvait paisiblement, elle se fit, comment dire, écraser. Complètement. Quelque chose lui avait sauté dessus, et ça ne lui plu pas du tout. Non seulement c’était un réveil forcé et brusque mais en plus cette chose lui cassait son rêve, la mécréante ! Son premier réflexe fut de pester, de gigoter dans tout les sens pour que cet importun daigne bien se pousser d’elle. Son deuxième réflexe fut de paniquer : et si c’était un violeur ? Pire, si c’était Aphrodite qui expérimentait une nouvelle technique de torture ? Ou bien encore, si c’était des bananes ?! Ah non, peut-être un peu trop grand et lourd pour être une banane. Finalement, elle se demanda ce qui était le pire : être violée ou mourir entre les jolis doigts d’Aphrodite. Ah ah. Dans tout les cas, elle continua de remuer dans tout les sens parce que ce qui lui était tombé dessus, c’était pas franchement un poids plume. D’ailleurs si c’était Aphrodite, elle avait grossi.

      - « AAAH ! MERDE ! »


    C’était pas plutôt à elle de dire ça ? En tout cas, elle fut rassurée de savoir que ce n’était pas Aphrodite. Non, non, ça ne pouvait VRAIMENT pas être elle ou alors sa voix, qui lui évoqua de vagues souvenirs d‘ailleurs, était vraiment enrouée. Cela pourrait être liée à sa prise de poids importante. Mais quand même. Si ça avait cette bête sanguinaire, elle n’aurait pas eu un tel langage et elle aurait été plutôt « amusée » de la situation. Et puis aussi, elle n’aurait pas fait un tel boucan. C’était difficile de l’admettre, mais Aphrodite était plutôt douée dans l’art de la surprise… Douée dans un genre particulier bien sûr. A priori, le gamin qui lui était tombé dessus était inoffensif. Un peu crétin aussi de crier comme ça, n’avait-il pas pensé qu’il risquait d’attirer un des geôliers ? Par chance, la porte demeura silencieuse. Sacré coup d’bol, dis donc. Morose fut à demi rassurée : ce n’était ni Aphrodite, ni des bananes, ni un violeur. Quoi que, elle était pas sûre pour le dernier, il valait mieux qu’elle reste sur ses gardes. Comment d’ailleurs ? Non parce qu’elle était un peu plaquée au sol avec un grand crétin sur elle. Situation inférieure. Cette expression résonna dans la petite tête de Morose. Inférieure, elle ? Elle qui était si puissante, si belle et si pure ? Jamais ! Morose essaya d’agripper les rebords du matelas, espérant ainsi se hisser et échapper à l'emprise de son boulet. Mais rien n’y faisait, elle ne bougeait pas d’un poil. Morose n’a jamais eu beaucoup de sang-froid. Elle s’apprêta à hurler, mais l’intrus la devança.

      - « Hé ! Mais-qu’est-ce-que-tu-fais-là-toi-d’abord ? »


    LOL. C’était une blague ? Parce que si c’était le cas, Morose ne la trouvait pas drôle du tout. C’était ELLE qui était arrivée la première et c’est LUI, ce boulet, qui lui demandait ce que ELLE faisait là ?! C’est l’hôpital qui se fout de la charité non mais oh. Morose grinça des dents. Ah, si seulement elle avait été libre, elle lui aurait fait sa fête, elle lui aurait arraché le foie et aurait bouffé son cœur. Bon, il était mignon tout ça etc, mais quand avait-il l’intention de se pousser ? Ah, le voilà qui se dégageait. Le pauvre, il aurait mieux fait de rester, ainsi aurait il contenu Morose l’hystérique. Pas glop mon pote ! Morose se releva rapidement, dos à son interlocuteur, le souffle saccadé. Que c’était bon de se sentir libre, de retrouver le contrôle de ses membres ! Mais trêve de plaisanteries, Morose n’était pas d’humeur au sarcasme. Elle se retourna alors, prête à étrangler frapper le boulet, le poing chargé. Mais lorsqu’elle fit face au dit boulet, elle ne put que se figer de stupeur. Son poing tomba lentement sur le matelas. Grâce à la faible lumière présente dans la pièce, Morose eu l’immeeeeeense joie de reconnaître son interlocuteur. C'était pour ça que la voix lui avait vaguement rappelé de mauvais souvenirs. Bon sang de bonsoir, elle en aurait préféré Aphrodite sur le coup.

      - « Mo-Morose ?! C’est… C’est toi ? »


    « Mo-Morose ?! C’est toi ? Gnagnagna… D< » parodia-t-elle dans sa tête employant un ton des plus idiot. De toute la Wammy’s House, de tout les orphelins névrosés et psychopathes, il avait fallut qu’elle tombe sur lui, le rouquin décérébré et son ex de surcroît. SUICIDE, cria une petite voix dans sa tête. Lequel de suicide ? Le sien ou celui de Taz ? Morose grimaça : elle était vraiment pas contente.

      - « Nan, c’est Roger en string léopard ! Je me suis dit que me cacher dans le grenier et vous observer vous entretuer tout en me masturbant était une idée grandiose. »


    Bon en fait si, elle était d’humeur au sarcasme. Morose souffla de dépit et d’agacement tout en passant une main sur son front. Elle murmura quelques paroles, adressées au ciel (ou au vide) du genre « Oh, pourquoi, pourquoi moi… » ou bien « Mais qui m’a foutu un crétin pareil ? » ou encore « Si je le tue, personne ne le remarquera, Aphrodite portera le chapeau… ». Des choses comme ça en fait. Elle se sentait vraiment fatiguée. Vraiment beaucoup beaucoup. Elle reporta son regard sur Taz, une moue contrariée collée au visage.

      - « C’est plutôt à MOI de demander ce que TOI tu fais là. La place est déjà prise, dégages ! »


    Et tout en disant cela, elle poussait inlassablement l’épaule gauche du rouquin, espérant ainsi le faire fuir. Enfin, elle doutait vraiment que ses cinquante kilos tout mouillés lui fassent peur mais pourquoi pas ? c’était très relaxant de taper dans son épaule. Voire carrément amusant. Un large sourire narquois se peignit sur les lèvres : la petite pucelle se mit à faire de même avec l’épaule opposée de son boulet. Le regard saphir de Morose glissa du visage de Taz jusqu’à son corps, contemplant son méfait. Jusqu’à ce que soudainement, elle s’arrête, ne prenant même plus en compte le rouquin. Elle attrapa le vêtement de Taz au niveau du torse et rapprocha son visage. Elle resta quelques secondes, immobile, tenant fermement le tissu dans son petit poignet. Jusqu’à ce qu’elle le lâche, profitant au passage pour le pousser légèrement, une mine de dégoût sur la face. Des nounours. Il y avait des nounours sur son pyjama. Seigneur Jésus Marie Joseph ! En temps normal, Morose aimait bien les nounours mais Taz en portait ! Cela démystifier totalement la chose. Elle se jura alors de ne plus acheter d’ours en peluche, ni d’en offrir. Elle le dévisagea quelques instants ; ce type était vraiment immature pour son âge... mais peut-être que ça faisait parti de son charme ou un truc du genre... Hélas dans une situation pareille, Morose voyait plutôt un bon moyen de se foutre de sa tronche. Elle laissa échapper un rire sardonique qui se finit par un délicieux sourire. Méfiance très cher, Morose ne sourit JAMAIS innocemment.

      - « Je vois que toi et la masculinité, ça s’arrange pas. Si tu veux je peux t’aider à retrouver tes testicules mais j'te promet rien. » lança-t-elle avec un faux air amical et une moue adorablement candide.


    Avais-je omis de vous préciser que Morose était une véritable langue de pute vipère ? Non ? Tant mieux.
    Bien sûr Morose aurait pu, voir même aurait du lui demander des choses telles que de faire moins de bruit, de se taire tout simplement même. Eh bien non, dans une situation pareille, la jeune fille ne pouvait s'empêcher de le charrier et qu'importe si ses remarques n'étaient pas très évoluées. Du moment que ça le touchait. Et puis osef du pourquoi de sa venue et du boucan qu'il avait provoqué, elle voulait juste le voir déguerpir.
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Shadowplay |Taz.|

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