Après les cours, comme à son habitude, Den se dirigea vers le parc, après avoir enfilé son manteau couleur sang. Breathless n’étant pas là pour la journée, il décida de simplement s’asseoir à l’endroit habituel, mais en arrivant dehors, il fut surpris d’y trouver Mello. Den le regarda avec des yeux noirs. Il ne savait pas si il l’avait fait exprès, mais il ne contait pas le rejoindre papoter gaiement. Il shoota dans un caillou a proximité, très énervé. Il chercha ensuite des yeux un endroit ou il pourrait se poser, et comprit alors qu’avec le beau temps, les profs avaient eu la merveilleuse idée de donner les activités sportives dehors. Den rentra les mains dans ses poches, frustré comme pas possible. Pas de Breathless, ça passe. Pas de dehors, hors de question. Soudain, un oiseau passa en volant, doucement devant lui, puis alla se poser sur le toit de l’orphelinat. Den, les yeux pleins d’étoiles, sourit malicieusement.

*Le voila, mon endroit. Je vais de ce pas sur le toit, le destin fait bien les choses.*

Puis il baissa la tête, et se dirigea vers l’intérieur. Deux, trois élèves lui dirent bonjour au passage, et il répondit avec un grand sourire de même, malgré le fait qu’il ne se rappelait absolument pas d’avoir vu ces personnes auparavant. Arrivé à l’étage des dortoirs, il prit le petit escalier qui se trouvait dans un coin, et vit une pancarte où il était écrit « Interdit ». Les yeux brillants, Den décolla la pancarte et la posa sur le côté. Quoi ? Il y avait une pancarte à l’instant ? Il ne semblait déjà pas s’en souvenir. Il ouvrit la porte, et s’y glissa. Il avança le long d’un couloir sombre, très étroit, ses mains touchant les deux murs opposés. Il déposa finalement sa main sur une poignée, et ouvrit. Un vent violent s’engouffra dans le couloir et claqua la porte contre le mur. Den ravit, avança en souriant de tout son être. Il tendit les bras de chaque côté, et monta sur le faite du toit, puis marcha sur les tuiles comme une gymnaste sur sa poutre. Puis il s’assit, croisa les jambes, et posa les mains derrière lui. Il ferma les yeux... Et laissa le vent frais le rafraîchir avec violence. Ses cheveux s’entremêlaient comme jamais, son manteau appelait à la liberté en se décollant de son dos avec force...Ce qui devait arriver arriva. Le diadème de Den se décolla doucement de ses cheveux, glissant facilement tant ses cheveux étaient lisses, et se décolla finalement de sa tête. Den écarquilla des yeux pleins d’inquiétudes, porta ses mains à ses cheveux et...Trop tard. La mine couronne s’envola, virevolta dans les airs. Den tourna lentement la tête, tremblant. Finalement, la couronne retomba dans un petit bruit, entre une tuile et une des nombreuses cheminées de la Wammy’s. Den réagis enfin : Il se précipita, presque en courant, à la poursuite de son diadème. Repensant à sa soeur, il accéléra, et soudain, une tuile un peu vieillit se détacha des autres. Den glissa en arrière.

*C’est la fin. Le toit est trop pentu, personne ne résisterait à une chute pareille, je ne pourrait me rattraper nul part.*

Den ferma les yeux...
Il lui sembla entendre un bruit...
Un bruit familier...

*Mourir maintenant...Ca serait bien triste...Pour quelqu'un qui viens à peine de sortir de sa prison...Je n’ais pas encore assez profité du vent, du soleil...Je commence à peine à connaître des gens...Je...Je ne veux pas mourir.*

Il entendit alors ce bruit. Tout se passa si vite et si lentement en même temps... Comme une scène qui aurait été prise au ralenti, comme si plus rien n’existait, à part Den...Et Nikolaï. Comme si la scène se déroulait sur un fond noir, où Den serait entrain de tomber dans le vide, et où Nikolaï glisserait derrière lui pour l’accueillir de ses grands bras fins.

Den sentit quelqu’un l’attraper par derrière. Il n’eut pas la force de se retourner et de penser à quoi que ce soit d’autre que sa chute. La personne qui était derrière lui glissa le long du grand toit couvert de tuiles grises. Den ferma les yeux. La fin de tout...Etait proche. Il n’avait pas revu Alice.

Soudain, les deux personnes se stoppèrent net. Den ne bougea plus, il ouvrit un oeil...Et regarda ce qui les avait bloqués : Des petites barrières. Den vit un bout de tuile se détacher du lot et glisser par dessus. Il écouta. Un petit bruit qui indiquait qu’elle venait de se casser en bas se fit entendre après quelques secondes interminables. Den souffla, heureux de ne pas être tombé d’aussi haut. Le vent souffla fort encore une fois. Den se blottit dans les bras de l’inconnu, pour ne pas tomber en avant. Il aperçut une mèche blonde se mélanger à ses cheveux d’argent à sa droite. Den se retourna et fut coupé dans ses pensées par la voix de Nikolaï, qui lui adressa un sourire plein de chaleur.

Nikolaï : Tu vas bien ?

Den regarda étonné le bibliothécaire. Il ne contrôlait plus ses cheveux qui venaient lui fouetter le visage avec violence. Den ne put en vouloir au vent, car il savait très bien qu’on ne pouvait pas attendre de ce genre d’amis tout ce qu’il aurait voulu. C’est alors que Den se rendit compte de la situation. Gêné, il se retourna, mais resta malgré tout dans les bras de Nikolaï. Rougissant, il essaya de dégager ses cheveux comme il put.

Den : Je vais bien. Hem...Merci...De m’avoir sauvé. Et...Vous....Hem...Vous allez bien ?

Il se trouva totalement ridicule, mais il ne voyait pas tellement quoi répondre d’autre. Il ne savait pas non plus si il devait le tutoyer, mais avait décidé de ne pas paraître impoli. Toujours la main dans les cheveux, Den repensa soudain à sa couronne.

Den : Oh non, ma couronne ! Je dois la récupérer !

Désemparé, Den regarda vers la cheminée, qui était maintenant bien loin au dessus de leur tête. La couronne était sûrement encore coincée entre la cheminée et le toit. Il essaya de se remettre debout pour remonter, mais Nikolaï le rattrapa par le bras.
Den le regarda, et fronça les sourcils.

Den : Je vais récupérer ma couronne, si cela ne vous dérange pas.

Mais Nikolaï ne lâcha pas prise.

La grande personne passa sa main dans de cheveux blonds soyeux, l’air détaché
Nikolaï : Tu peux m’appeler Nikolaï, et ne t’en fais pas pour moi… à la place tu aurais dû t’inquiéter pour toi et éviter de tomber ainsi !

Den haussa un sourcil. Il sentait la peur dans les paroles de Nikolaï. Lui-même avait très bien ressentit cette peur. Mais il n’arrivait pas à voir le vrai sens du danger. Den déglutit. Il ne comprenait encore rien à ce monde extérieur et lorsqu’il lui arrivait quelque chose de spécial, sa réaction était toujours différente de celle des autres, qui le regardait alors étrangement. Lui qui avait toujours vécu chez lui, avec rien de spécial, tout ça était bien difficile. En tout cas, il sentait son coeur battre très fort, et il était tout de même assez intelligent pour comprendre qu’ils l’avaient échappée belle.

Den : Oh non, ma couronne ! Je dois la récupérer !

Le blond le rattrapa par le bras d’une main ferme, presque agressive. Son sourire ne tressaillit même pas sur son beau visage mais il ordonna :

Nikolaï : Tu vas simplement remonter, à quatre pattes s'il te plaît, c'est plus facile, je serai derrière toi au cas où... enfin bref, j'irai récupérer ta couronne quand tu sera plus confortablement installé.

Den le regarda méchamment, mais comprit dans tant de persévération qu’il était bien trop dangereux de partir ainsi debout sur les tuiles. Il déposa ses mains sur les tuiles grises et grimpa tant bien que mal en haut. Il se laissa tomber en haut sur le peu de plat, contre la porte, dans un soupir de soulagement. Il comprit pourquoi ils étaient montés ainsi. Ils seraient sûrement retombés mais cette fois plus bas, si il avait continué à faire l’imbécile.
Nikolaï ne tarda pas à arriver :

Nikolaï : Alors ? Où est cette couronne ?

Den lui indiqua en levant la main vers la cheminée où il vit avec joie sa couronne briller, comme pour se faire remarquer. Nikolaï escalada jusqu’à la cheminée, et récupéra la couronne. Den sauta sur ses deux pieds, et tendis la main, terriblement content, tout sourire.
Nikolaï sauta comme un chat juste devant Den et lui tendit son diadème. Alors que celui-ci s'apprêtait à s'en saisir, Nikolaï le leva très haut. Den perdit aussitôt son sourire. Il serra les poings. Si il espérait le voir sauter comme un débile pour récupérer sa couronne, c’est qu’il ne le connaissait pas bien.
Il le leva haut au-dessus de son crâne, profitant de son mètre quatre-vingt dix et de son appartenance à l'autorité scolaire.

Nikolaï :Bouh, bouh, bouh, fit -il en secouant l'index en signe de négation, ça ne marche pas comme ça, tu m'en dois deux désormais, et je ne te rendrai ce truc que quand...

Il marqua une longue pause durant laquelle son sourire se fit quelque peu sadique avant de s'élargir d'avantage. Den leva les yeux au ciel. Que lui voulait-il celui-là ? Il aurait mieux fait d’abréger sa farce, parce que Den n’allait pas supporter longtemps.

Nikolaï : Que quand tu m'auras dit ton véritable nom.

Den ravala sa salive. Avait-il bien entendu ? Il écarquilla les yeux. Qui il était vraiment ce gars ? Den le regarda noir. Nikolaï arborait toujours un sourire sadique. Den réfléchit intensivement. Il ne pouvait pas lui dire. Surtout pas. Il fallait avant tout qu’il ne cède pas à la panique. Et puis, si il lui disait, qu’est-ce qui lui garantissait qu’il lui rendrait sa couronne ? Den le regarda en serrant les dents.

* Ce type...Il est trop grand, et c’est un adulte, je ne peux rien faire.*

Den souffla. Il devrait peut-être lui dire son nom. De toute façon, il n’avait que faire de devenir L. Non, surtout pas. Cela voudrait dire qu’il cèderait à son chantage. Et puis...Tant pis.
Il releva la tête et étendit son bras une nouvelle fois devant lui, un sourire plus que sadique aux lèvres.

Den : Je ne te le dirais jamais et tu le sais. Même si tu me sauves la vie des centaines de fois, bien que j’en doute fortement, je ne te le dirais pas. Je ne te savais pas aussi idiot. Maintenant, je te conseille de me rendre ma couronne, adulte ou pas.

Tout sourire, Nikolaï hurla son contentement dans un « Ding Ding Ding » assourdissant. Den leva les yeux au ciel, passablement agacé. Le bibliothécaire fit tourner la couronne de Den autour de son index comme s’il s’agissait d’un vulgaire objet en plastique et continua sur sa lancée.

Nikolaï : Bonne réponse Prince d'Argent !

Den le regarda d’un air étonné, puis lança un soupir de soulagement. Mais, par prudence, attendit sagement qu’il lui remette son précieux diadème en espérant qu’il arrêterait ses blagues stupides immédiatement. Mais l’adulte ne semblait pas décidé à s’arrêter là. Il s’avança vers Den, et le prit dans ses bras en le serrant comme si ils se connaissaient depuis une éternité. Le jeune homme, terriblement frustré, poussa de ses fines mains le torse du grand blond qui l’étouffait à moitié, mais n’arriva pas à se dégager, alors il resta là, en se demandant si il allait tenir jusqu’à ce que cet idiot se décide à lui rendre sa couronne. Mais le bibliothécaire ne se fit pas attendre. Il continua à l’étouffer d’autant plus, mais plaça la couronne sur la tête de Den. Puis il s’éloigna les bras grand ouverts, et après un bref merci pas très convaincant de Den, il reprit de plus belle.

Nikolaï : Bonne réponse, oui, mais tu n'est pas assez prudent... Tu ne devrais pas avoir à te faire sauver la vie, tu ne devrais pas avoir à menacer pour obtenir quoi que ce soit...

Puis il cessa son sourire. Den resta là malgré lui, soudainement intéressé par ses paroles. Pourquoi, il n’en savait trop rien, parce qu’en fait, il n’en avait rien à faire d’être prudent ou non, puisqu’il ne comptait pas devenir L. Par contre, le fait que Nikolaï remette sur le tas son sauvetage n’avait rien de très flattant. Le jeune homme se sentait horriblement honteux de n’avoir pas pu se débrouiller tout seul, et d’avoir été « sauvé ».
Soudain il y repensa. Cette phrase…
Dans tout ce qu’il faisait, il s’était toujours donné cette même excuse. Lorsqu’il n’arrivait pas à se faire des amis, cette phrase revenait sans cesse dans sa tête. Cette excuse oui, qu’il détestait mais qui le hantait bien malgré lui.

*Je suis resté cloîtré chez moi pendant treize ans. Ce n’est pas ma faute.*

Et encore une fois, cette phrase résonnait comme une excuse de gamin qui ne savait plus quoi dire d’autre que ça. Il se haïssait terriblement de penser cela, mais se rassurait de n’en avoir jamais parlé à personne. Lorsqu’il pensait à tous les autres, à tous ceux qui avaient vécu bien pire, à tout ceux qui avaient été battus, torturés, violés, ou d’autres choses plus horribles encore, il se dégoûtait. Il se dégoûtait lui-même de cette faiblesse. Il ne servait à rien, il était inutile à tout le monde, avec son excuse débile. Et tout ça lui ramenait à la même pensée honteuse.

*Ma sœur s’est fait battre par ma faute. Je n’ais rien pu faire et...Maintenant je ne l’a reverrait certainement jamais…*

Alors il l’avait décidé ainsi.
Maintenant il ferait tout pour les autres.
Il les aiderait du mieux qu’il pourrait.
Et alors peut-être…
Peut-être qu’il serait pardonné.

Au fond de lui-même, c’est ce qu’il avait toujours pensé depuis son arrivée. Et lorsqu’il parlait avec les autres, c’était ce auquel il pensait, et c’était ce qu’il voulait et était bien décidé à faire.

Den replaça sa couronne de travers sur ses cheveux, qui étaient devenus presque blancs à cause du soleil qui régnait à présent. Il prit en main un de ses colliers, et attendit la suite, reprenant sa moue ennuyée habituelle. Le bibliothécaire quand à lui sortit finalement de ses pensée et rentra ses mains dans son pantalon moulant comme il put. Après cela, il se mit à fredonner une de ses fameuses et très agaçantes mélodies qui faisait qu’on le repérait à 1 kilomètre à la ronde. (C’est une expression, car évidemment, on ne repère personne aussi loin simplement parce qu’il chantonne quelque chose) Den attendit encore une minute, les mains rentrées à son tour dans ses poches, se retenant de partir en courant. Puis le bibliothécaire se mit soudain à sursauter légèrement, comme si il venait de s’apercevoir de quelque chose.

Nikolaï : Tu ne devrais pas être ici ! Y'a un panneau nan ?

Ah, c’était donc ça. Le jeune homme à la couronne se retint de dire une phrase du genre « Peut-être, et alors ? » et s’apprêta à répondre, mais le grand blond explosa soudainement d’un rire sonore. Den sursauta à son tour, et soupira longuement.

*Ce gars est complètement taré. Il me pose une question mais ne me laisse même pas le temps de répondre en me coupant la parole. C’est incongru, comme situation.*

Puis il dévisagea Nikolaï l’air de dire : Je vois vraiment pas ce qu’il y’a de drôle là. Mais l’adulte reprit soudainement sur sa lancée.

Nikolaï : Pourquoi être venu ici ?

Den ne répondit pas immédiatement, en se demandant si Nikolaï allait pas refaire un truc farfelu qui le ferait sursauter de nouveau, mais mis à part une danse bizarre qu’il fit tout seul en ondulant sur un rythme que Den n’entendait pas, il n’ajouta aucun mot.

Den : Parce qu’en bas, je n’aurais pas pu être tranquille, et aurait été dérangé sans cesse. Quand à l’intérieur, je n’aurais pas pu être dehors, voila tout.

Sa réponse n’était pas très détaillée, mais il n’avait pas envie d’expliquer plus que ça sa situation à cet idiot. Il se demanda si la meilleure chose à faire était de le laisser en plan maintenant, mais finalement reprit pour répondre à sa première question.

Den : Et, en effet il y avait un panneau, mais vu la qualité de ce dernier, il ne pouvait avoir été posé que par…

Il s’arrêta dans sa lancée. Il savait parfaitement que c’était Nikolaï qui avait posé le panneau, il avait reconnu son écriture, mais le traiter d’imbécile n’était pas des plus intelligents, car il n’avait pas envie de se retrouver chez Roger à devoir sortir un tas d’excuses minables maintenant.

Den : …Que par le bibliothécaire.

La suite de sa phrase ne tenait pas vraiment debout, mais il espéra que le bibliothécaire n’avait rien remarqué. Pour que cet incident soit oublié rapidement, il ajouta simplement la première chose qui lui vint à l’esprit.

Den : Tu rigoles souvent comme ça pour rien ? Ça m’a fait un peu peur sur le coup. Et surtout, tu fais souvent des blagues de ce genre ? Parce que ça n’a absolument rien de drôle, je peux te le dire.