Sujet: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Ven 28 Fév - 2:17
Il se sentait un peu dépassé par la tâche, pour tout avouer. Il se rappelait de l'incroyable énergie qui avait brûlé sa peau lorsque ses mains étaient rentrées en contact avec la chair de Lola. Il aurait pu l'étrangler. Lui, qui, finalement, n'avait jamais levé la main sur personne – sauf pendant des bagarres au lycée, mais ça ne comptait pas trop, si ?. Certes, il n'était pas le plus drôle des mecs, mais il avait toujours eu une certaine tolérance, compte tenu des circonstances ; il ne dépassait jamais les limites, parce qu'il savait – trop bien – que ça pouvait lui coûter extrêmement cher. Mais le visage de Lola, et l'énervement quasi divin qui l'avait empli à ce moment-là... Viktor s'alluma une cigarette, sans trop se soucier du fait qu'il s'était posé au beau milieu de la salle de profs. La fumée s'éleva, solitaire dans l'obscurité, et il regretta de ne pas être resté en Allemagne ; okay, il se faisait chier, là bas, mais ses élèves étaient un peu moins difficiles à matraquer. Il bloqua ses tempes avec ses mains, la clope bloquée entre ses lèvres, et se redressa, boudeur. Il avait l'impression qu'à une époque, l'enseignement, c'était pas aussi casse-couilles. Il lui suffisait de hausser un peu la voix et les élèves s'agitaient, dociles. Ce qui était difficile à assumer, c'était surtout la façon dont il avait baissé les bras, avant de se casser ; on lui avait enseigné des tas de méthodes pseudo pédagogiques, à la fac, mais à quoi bon, quand les élèves ne respectaient plus rien, aha, c'était du suicide, de bosser ici. Viktor soupira, les sourcils froncés, et croisa les jambes.
Il avait souvent entendu parler de professeurs de lycée qui se faisaient draguer, mais que ça lui arrive à lui, qu'une élève en vienne à se pendre à son cou, c'était ridicule, et troublant. Il coinça sa clope entre deux doigts, le regard vitreux, et passa une main dans ses cheveux hérissés. Il ferait mieux d'oublier l'incident au plus vite ; okay, Lola s'était permis de l'embrasser, mais en retour, il avait failli – un brin – la tabasser, c'était donnant-donnant. Et il suffisait que ces gamins le dénoncent à Moriarty pour que bybye Vergil, bien le bonjour chez les Bosh, retourne dans ta misère. Un vrai dilemme. Il savait quelque chose, mais d'autres tenaient son sort entre leurs mains tremblantes de petitspuceauxdemerdequ'ilaimeraitbiendéfoncer. Non. Du calme, mec. Il n'avait pas commis l'irréparable. Mais l’innommable saleté de ces gamins, et surtout, leur grande gueule, c'était peut-être ce qui expliquait son salaire à quatre chiffres. Après, venait la question éthique, était-il vraiment prêt à être payé une petite fortune pour donner des cours à des sociopathes qui se comptaient par dizaines ? Mais bon, il allait avouer qu'ici, il ne s'ennuyait jamais. Il s'agissait juste de se maîtriser un peu plus, de faire comme les autres profs, garder un visage de marbre en toute circonstance, le regard froid, distant, obscure. Mais dans les faits, c'était un peu plus dur ; comment garder un tel masque, quand les gamins se comportaient comme des singes, ivres, défoncés, avec pour seule excuse leur génie ? Il détestait ça. Il repensa de nouveau au visage vague de Lola et sentit une boule de nervosité lui grignoter l'estomac. Il frappa le mur aussi fort qu'il le pût, autant pour se défouler, que pour se redonner une contenance. Il aurait dû être intraitable, la coller, et tourner les talons, non, pas se laisser embobiner par ses excuses de droguée. En entendant ses phalanges craquer, il grinça des dents et ramena son poings blessé dans son giron :
«.. Merde. »
La douleur lui permet de reprendre un peu ses esprits. Bien. Il replaça sa cigarette entre ses lèvres et aspira puissamment la fumée, avant d'entourer ses phalanges égratignées avec un mouchoir. On ne pouvait pas lui reprocher d'avoir voulu étrangler une élève... si ? Après tout, il ne serait pas le premier à céder à la tentation. Hercules avait au moins su créer un voile de mystère autour de ses massacres. Peuh. Il aurait dû être prof de grec, pour pouvoir se permettre de prôner la violence et le meurtre.
Dernière édition par Vergil le Ven 4 Avr - 17:52, édité 2 fois
Lola
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Ven 28 Fév - 18:08
Jamais Lola ne songerait à diminuer, et encore moins à arrêter, la défonce – elle se connaît assez pour savoir qu’elle pèterait le plus gros câble de toute sa vie. Néanmoins, là, elle avoue volontiers que la ganja a comme qui dirait une légère tendance à compliquer son quotidien.
Notamment lorsque sa mémoire défaillante décide de lui rappeler que eh meuf t’as un devoir à rendre demain matin et c’est pour le prof’ qu’a failli te tuer. Alors qu’elle se trouve en boîte de nuit, avec des quantités assez impressionnantes d’alcool dans l’sang – et d’autres trucs qu’il vaut mieux même pas nommer – et un beau gosse pressant son érection contre son cul.
Fuck that shit, aurait-elle déclaré en temps normal. Sauf qu’elle a franchement pas envie d’jouer avec le feu, et qu’elle ose pas trop imaginer ce qui lui tomberait d’ssus si le devoir n’atterrissait pas entre les mains de Vergil à temps.
Trois heures du matin, une Lola tenant à peine debout se retrouve donc à grimper les immenses grilles de la Wammy’s House – les huit centimètres de talons aiguille et la robe bustier ras-la-chatte aident franchement pas. Et quatre heures plus tard, elle imprime son devoir sans se donner la peine de relire – très honnêtement, elle préfère pas voir l’étendue des dégâts, elle était pas au mieux d’sa forme lors de la rédaction du machin –, s’habille tout juste d’un des tee-shirts piqués à Timothée – avec la grosse face de Bob Marley fumant un magnifique pétard, sisi – et de vieilles pantoufles.
Le plan, grosso modo, c’est d’aller donner l’devoir au prof’ enragé, d’aller s’coucher et d’pas s’réveiller avant mercredi.
Cependant, une fois arrivée devant la salle des professeurs, elle sent sa détermination – la détermination dans l’oisiveté, haha, quelle ironie putain – faillir. On parle quand même de Vergil, le colosse au regard glacial auquel elle a roulé une galoche – ce qui lui a valu une magnifique near death experience d’ailleurs. Ouais, Lola adore jouer avec le danger, rien ne l’excitera jamais autant que les frissons de peur courant sur sa peau d’albâtre, l’accélération éclectique de sa respiration... A la peur plus qu’à n’importe quelle émotion elle se sent vibrer – vivre. Malgré ça, elle est pas non plus complètement conne – en fait, malgré son insolence, elle fait preuve d’une certaine sagesse, sans doute due au goût d’ses anciens potes pour les plans chelous – et elle connaît les limites à ne pas dépasser.
Puis juste, Vergil, il la fait câbler, ‘faut pas chercher plus loin.
« Oh vas-y, c’quoi c’délire, depuis quand j’me pisse dessus face à un prof’ ?! »
Encouragée par ce cri de guerre singulier, la blonde entre dans la salle des profs – non elle frappe pas à la porte, non, faut pas déconner non plus – et se dirige, de son pas indolent – traînant, comme si elle tirait la fatigue du monde entier à ses pieds – vers Vergil.
« Yo. J’ai vot’ devoir. »
Devoir qu’elle abandonne négligemment sur la table avant de s’affaler sur une chaise, renversant la tête en arrière et laissant ses bras pendre dans le vide. Sérieux, elle s’demande si elle va pas claquer là maintenant tout d’suite. Enculé d’Apulée. ... Haha ça rime.
« N’empêche m’sieur j’remarque sept heures du mat’ vous êtes déjà au taquet. C’est l’manque de chatte qui vous tient éveillé comme ça ? »
Lola relève juste assez la tête pour fixer Vergil du regard, un infime sourire goguenard ourlant ses lèvres – d’un regard épuisé, rougi par la beuh et les autres trucs, alourdi par les cernes violacés de ses nuits de baise intense et un peu sale, mais dont le vert pétille tout de même, faiblement, de malice.
Bien évidemment qu’elle joue les grandes gueules. Sagesse mon cul.
C’pas sa faute aussi, elle a pas la force de résister à la tentation du danger – et surtout, elle se sent trembler de la tête aux pieds à l’idée que Vergil la plaque de nouveau contre le mur, en espérant que cette fois-ci il la défonce dans le sens le plus plaisant du terme.
Vergil
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Ven 28 Fév - 20:29
Ouais, pourquoi avait-il décidé de traîner aussi tôt dans la WH, tiens. Il aurait pu rester bien sagement au lit, tout oublier, sombrer dans le doux sommeil stupide des agneaux qui ne pensent à rien. Mais non, Viktor était un combattant, un névrosé de la bagarre ; son instinct l'avait réveillé aux aurores, et quand il est debout, c'est souvent pour de bon. Il tourna brutalement la tête, lorsque Lola entra dans la pièce et balança avec nonchalance une liasse de papiers sur la table. Au moins, si la soirée précédente avait été un pur fiasco, il avait su faire se faire respecter. Un sourire satisfait détendit ses lèvres, tandis qu'il s'emparait du travail demandé. Vu la tête défraîchie de la jeune fille, il doutait que ce commentaire soit de la plus haute qualité, mais, manifestement, c'était mieux que rien. Peut-être que prise d'un brutal accès de confiance, elle avait planté là ses réjouissances nocturnes pour se pencher de plus près sur Apulée. Définitivement mieux que rien. Le picotement de ses phalanges le rappela à la réalité et il se leva lourdement, s'apprêtant à allumer la cafetière pour sa première tasse de la journée. Avisant Lola affalée sur le canapé, il bloqua sa clope au coin de ses lèvres et lui tendit un mug vide :
« C'est satisfaisant de voir, que l'on peut vous ramener à la réalité, parfois, entre deux séances de débauche. »
Il avait bloqué sa colère net quand elle était entrée – parce que non, il ne pouvait plus se permettre de péter un autre câble, la crise d'anévrisme était trop proche – mais il se permit néanmoins un petit regard moqueur, aiguillé par la tenue délurée de la jeune fille qui, à vrai dire, ne cachait pas grand chose de ses mystères. Son regard glissa sur ses jambes minces et il bloqua l'insulte qui lui venait aux lèvres. La remarque suivante de la jeune fille le fit sourire davantage – mais pas d'un sourire qui met en confiance, plutôt le genre qui donne envie de se casser aussi vite que possible, parce que bon, il n'avait pas les dents limées en pointes, mais le contours mince de ses lèvres donnait à ses rictus une singulière absence de chaleur - :
« Lola, j'crois qu'on a assez débattu hier soir de là oú l'insolence peut mener. Des chattes ? Peuh. »
À croire qu'elle cherche. Enfin, c'est pas comme si ce genre de manœuvres ne faisait pas parti de son quotidien. L'adolescent qui poussera les choses le plus loin possible, c'était une façon comme une autre de se donner de l'importance :
« Qu'est ce que tu attends ? Que je te réponde par l'affirmative ? »
Enfin, il ne fallait pas lui donner des idées. Elle en avait assez fait, et Moriarty ne serait sûrement pas bien heureux de savoir que des gamins pouvaient embrasser aussi librement qu'ils le désiraient tout ce qui passait à leur portée. Un gage, hein, avait hurlé White, aussi fort que si sa vie en dépendait. Vergil écrasa son mégot dans une tasse à moitié remplie de café froid et la repoussa contre la cafetière, fixant d'un air décidé les petites écorchures sanglantes qui marquaient sa chair mate de leur pointillé sanguinolent. Il ne pouvait pas nier qu'il avait apprécié la sensation de toute puissance qui l'avait emplie lorsqu'il avait saisi la jeune fille par le devant de la chemise. Il avait toujours aimé dominer ce qui l'entourait, d'une façon ou d'une autre, ressentir l'effroi, la crainte, ou le respect dans la voix de ses élèves. Et l'absence de toute peur chez Lola l'agaçait profondément. Elle semblait être de ces adolescents qui ne prennent pas en compte le fait qu'on puisse les juger pour leur comportement bordélique et leur faim de néant. Non, elle avait l'air de s'en foutre, totalement, et c'était ça, qui était le plus inquiétant. Parce que là oú les menaces ne faisaient plus effet, il fallait user d'inventivité pour créer de nouvelles limites. Vergil tirait son pouvoir de sa tyrannie ; la résistance d'autrui à son pouvoir l'avait toujours sonné. Ou peut-être qu'elle était juste trop stupide pour se concentrer sur des répliques plus tranchantes ; ses attentats à l'autorité n'était pas bien agressifs, plutôt des piques acides balancées nonchalamment, comme pour le mettre au défi.
Il leva les yeux vers elle, se perdant un instant dans la contemplation gratuite de sa silhouette juvénile, de ses boucles, et attrapa la cafetière lorsque le café commença à bouillir. Il en remplit son mug – une mignonne petite tasse qui annonçait la joie et la bonne humeur -, avant d'avancer vers Lola, mi-menaçant, mi-agacé :
« J'espère que t'as fait du bon commentaire, avec le gramme d'alcool qui doit circuler dans ton sang. »
Mais oui, Vergil, sois encore plus aigre. Ce n'est pas comme si tu pouvais la faire culpabiliser de se comporter comme une merde. Ce que tu regrettes, juste, c'est de ne pas pouvoir l'écraser avec autant d'insouciance que si elle n'était rien.
Lola
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Sam 1 Mar - 15:33
Sans piper mot, Lola suit son aîné du regard – elle n’adresse de réponse à aucune de ses remarques, préférant le scruter silencieusement comme guettant le moindre instant de faiblesse de sa proie. Elle le teste, disons, même pour de vrai elle s’demande où elle trouve la force pour ces conneries. Elle a la tête qui tourne, tellement qu’elle commence sérieusement à croire qu’elle parviendra jamais à décaler de cette chaise ; son lit au loin l’accable de langoureux appels...
Surtout qu’il caille, putain, plus jamais elle se fie à des idées à la con du genre de ‘‘débarquer en pyjama pour s’effondrer dans les couettes plus vite’’. Avec l’espoir à peine convaincu que ça la réchauffera quelque peu, elle ramène les genoux contre sa poitrine et les bloque de l’étreinte frissonnante de ses deux bras.
« Un gramme seulement ? Haha, vous imaginez même pas, m’sieur... »
Ah ça, le mec – elle se souvient même plus d’son nom – l’a fait boire comme un porc. Il l’a vraiment prise pour une conne, à imaginer qu’elle remarquerait pas son p’tit manège. ‘‘Non mais alleeeeez, j’te paye encore un verre, ça m’fait plaisir !’’, mon cul. M’enfin elle joue l’jeu – boire aux frais d’autrui, elle dit clairement pas non, puis ça lui permet de dissimuler ses tendances putassières derrière des ‘‘Non mais j’étais bourrée gros, j’te jure !’’.
« Mais j’pense que ça s’tient. Vous savez, parce que j’suis un génie, tout ça tout ça. »
Depuis longtemps que la blonde s’fatigue même plus à faire taire les inflexions amères et sarcastique de sa voix rauque lorsqu’elle parle d’son intelligence. Elle en a jamais voulu d’façon, elle va pas faire semblant d’la vivre comme une fierté.
« Très honnêtement m’sieur ? Ouais, j’aimerais bien qu’vous me répondiez par l’affirmative. »
Inopinément Lola se lève – équilibre un peu précaire au début, ses jambes flanchent, ah, quand même, elle tient debout, parfait. D’une main exaspérée elle dégage les boucles qui tombent devant son visage puis elle vient se planter juste devant Vergil, le fixant d’un air indescriptible – quelque chose entre le défi, la fatigue et la vague conscience de ses actes.
« Ça m’faciliterait la vie en fait, susurre-t-elle tout en se collant contre lui, à peine inquiète. Puis j’suis sûre qu’ça vous détendrait du calbard. »
La parisienne commence à bien connaître ces humeurs quelque peu particulières – ces envies de chienne en chaleur parfois réveillées par la défonce –, ces moments où éhontément elle allume de manière nonchalante et insolente, avec quand même un manque écœurant de respect, d'estime, pour sa propre personne. Une salope au masculin, un peu, qui provoque la baise, qui vit la baise comme un combat singulier.
« Pour vrai m’sieur, j’vous l’dis. J’veux qu’vous m’preniez sauvagement. J’vous promets qu’vous allez kiffer encore plus que mon commentaire. »
Vergil
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Dim 2 Mar - 14:43
L'homme se contenta de boire son café, dubitatif. Il doutait très fortement que l'intelligence de Lola l'ait suivie jusqu'à son commentaire ; enfin, ce ne serait pas le premier cas de génie qui chercherait à s’autodétruire aussi vite que possible, en commençant par lapider son estime de soi. Limite, ça commençait à être plus blasant qu'autre chose. Il n'avait pas envie de se fatiguer à enfermer des gamins dans leur chambre tous les soirs et, vu la tête de Lola et sa pseudo intelligence, elle aurait été de ceux qui auraient trouvé le moyen de sortir, même par la fenêtre des chiottes. Extrêmement sournois, ces mômes.
La réplique suivante de la jeune fille le conforta dans son jugement, et il baissa les yeux vers elle, l'air de se dire « wtf woman, what are you doing ? », parce que la situation était extrêmement inhabituelle – sisi. Vergil se poussa immédiatement au calme, histoire de ne pas la saisir aux épaules pour la secouer dans tous les sens, enfermant son agacement dans un carcan de froideur. Naturellement, c'était bien le genre de situations dont on avait pris soin de ne pas lui parler à la fac, et d'ailleurs, à laquelle il n'avait jamais eu à faire par le passé, les élèves de son ancien lycée le craignant trop pour oser même lever les yeux vers son visage hautain. Mais il imaginait qu'il n'y avait pas trente six solutions à ce genre de comportement. Il pouvait certes la coller, mais vu la tolérance de Lola aux jugements tyranniques, elle n'en sortirait pas extrêmement repentante. Ou il pouvait juste tourner les talons et sortir, sec, raide, nerveux, sa tasse de café encore fumant à la main. Ou, encore, il pouvait céd... il s'interdit brutalement de penser à la dernière option. Céder, ce serait se vautrer dans un stade animal, profiter d'une jeunesse clairement alcoolisée et peu consciente de ses actes – le peu d'équilibre de la fillette avait suffit pour éclairer la situation de cette lumière-là. Mais céder à ses charmes plats – et il contempla, muet, ce que Lola avait à lui offrir -, ce serait aussi s'accorder un moment de relâchement dans cet orphelin de grands malades, mais aussi, accorder du pouvoir à cette jeune imbécile, tout en s'exposant à la justice de L. Les lois n'ont jamais été bien tendres avec les hommes qui se permettent d'abuser des mineurs encore ivres de leur dernière soirée, hélas. Viktor attrapa sèchement Lola par le poignet, comme pour l'écarter au plus vite de sa nerveuse personne :
« À quoi tu joues ? Encore un jeu imbécile ? » Gronda-t-il, d'une voix qui se voulait sèche et culpabilisante mais qui, au final, semblait vibrer de menace à peine dissimulée
Il était même tenté de regarder par dessus l'épaule de la jeune fille, pour vérifier qu'aucun autre élève ne se dissimulait dans l'obscurité de la salle pour assister au jeu lugubre qu'elle semblait mener. Il imaginait parfaitement ces petits connards mettre au point ce plan tordu pour le prendre au piège ; à cette pensée, ses doigts se refermèrent plus étroitement sur le poignet de Lola, torturant ses os fins. Il avait montré une faiblesse, la veille, en n'affrontant pas correctement son insolence. Mais, en dessous de toute cette colère, il y avait toujours une partie de son corps pour lui rappeler qu'il n'était qu'un mec comme les autres, faible et fasciné par les chairs féminines :
« ça ne t'a pas suffit, hier soir, que je te foute un commentaire pour ton insolence ? »
Viktor fronça les sourcils, tentant de déchiffrer dans l'obscurité l'expression de la blonde. L'énervement recommençait à alourdir ses pensées, mêlé, toutefois, d'une certaine excitation, qui n'était pas loin d'être érotique. Lorsqu'il s'était assis à côté de Near, dans la Salle Commune, il avait soudainement pensé que okay, peut-être que les élèves étaient des sacrés emmerdeurs, mais au moins, il ne s'emmerdait pas trop. Il avait beau frôler la crise de nerfs à chaque fois que l'un de ces mômes le provoquait, mais, dans un sens, sa vie était plus mouvementée qu'elle ne l'était à Berlin. Il se rappelait sans peine l'ennui gluant qui se collait à chacune de ses pensées lorsqu'il se trouvait encore là-bas ; c'était culpabilisant de songer qu'il lui fallait sortir de ses gonds et exploser au visage du premier venu, pour s'éclater un peu. Viktor grinça des dents, soudain aussi agacé contre lui-même que contre la jeune fille dont il tenait nerveusement le poignet. Et le pire, là-dedans, c'était de savoir qu'il risquait, effectivement, d'aimer ça bien plus que le commentaire, l'ode à sa tyrannie, qui s'étalait toujours sur la table :
« Va. te. Coucher. »
Il sentit que sa voix bourdonnait d'une colère sourde, comme s'il s'agissait d'une grenade qu'il aurait dégoupillée d'un coup sec, avant de la balancer dans la mêlée.
À défaut de régler le problème, il pouvait au moins se débarrasser de Lola en la glissant sous le tapis, parce que ces femmes lascives était le Diable.
Lola
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Dim 2 Mar - 16:40
Cette main qui serre son poignet avec une telle force qu’elle en sentirait presque les os craquer, ce ton froid mais grondant en filigrane d’une fureur à peine contenue... Le regard dont Lola scrute le professeur – déjà vague et rendu imprécis par... combien de verre ? sûrement beaucoup trop – s’alourdit de la lascive langueur du désir et elle ne saurait dire si les quelques plaintes qui lui échappent expriment la douleur ou tout autre chose.
« Alors ça c’est une bonne question..., soupire-t-elle, plus pour elle-même qu’à l’adresse de Vergil. »
A quoi elle joue, effectivement. C’est pas son genre d’aller aussi loin. Elle trouve un plaisir un peu bâtard dans le fait de pousser les autres – et surtout toute personne incarnant l’autorité – à bout, c’est vrai, elle le niera pas. Les éclats de colère, lorsqu’elle s’enorgueillit de les avoir provoqués, ne manquent jamais de tordre ses lèvres fines en un sourire goguenard ; et lorsqu’il s’agit de son amant – l’amant d’un soir, toujours –, elle frissonne de délice tandis que les poings serrés menacent de la frapper, pour au final s’abandonner à la rage d’une toute autre manière. Lola kiffe follement qu’au lit on la remette violemment à sa place, personne dans son entourage n’a les couilles de le faire au quotidien, ça la change agréablement.
« Vous savez, vot’ commentaire m’a sûrement sauvé d’un mauvais coup – un mec qui ressent l’besoin d’faire boire une meuf pour la baiser a des bonnes chances de pas assurer au pieu – alors... »
Puis il éveillait pas ses intérêts charnels comme Vergil en ce moment-même. Encore que peu d’mecs, dans tous ceux auxquels elle a sacrifié une nuit de sommeil, peuvent se vanter de l’avoir excitée autant que Vergil en ce moment-même. Aucun d’ces mecs n’a su lui faire peur.
Bien sûr que Lola flippe. Elle a l’habitude d’exaspérer les profs, pas d’les allumer comme une petite garce. Jamais elle f’rait ça – elle tient trop à son indolente sérénité, imprégnée de beuh, de baise occasionnelle et de paresse, pour chercher la merde avec la même audace que certains d’ses potes du tierquar. Sauf que pour Vergil – rien que pour se sentir frémir d’un amalgame licencieux de crainte et de volupté sous ses grandes mains, ses mains qui lui éclateraient oh ! si facilement les poignets, et les jambes, et tout ce qu’il voudrait éclater –, la blonde enverrait volontiers tout chier. Pour vrai, elle se surprend, là, elle est pas sûre de trop s’comprendre.
« Oh mais non, m’sieur, j’suis pas fatiguéeeeeee, geint-elle comme une gamine à laquelle les parents ordonneraient d’aller au dodo parce que y’a école demain – moue boudeuse et yeux suppliants avec, ouioui. »
Bah alors, Lola, depuis quand tu t’amuses à jouer les Lolitas ? ... A peine cette réflexion naît dans son esprit embrumé qu’elle rit brièvement, bien trop fière de ce jeu d’mots à la con. S’il savait, l’enseignant la prendrait vraiment pour une conne – encore qu’il la prend déjà pour une conne.
« Puis j’vous avoue que là – elle décoche à son interlocuteur un sourire d’aguichante raillerie – j’ai plus envie d’coucher que d’me coucher... »
Il s’avère que la Française agit plus efficacement et plus hardiment à l’effroi qu’à toute autre émotion puisque, guidée par ses instincts et ses envies, sa main – celle que son vis-à-vis ne tient pas en otage, d’ailleurs putain combien elle parie qu’à cause de lui elle se retrouve avec une sale ecchymose ? – se faufile jusque dans le pantalon de Vergil. Là, elle caresse du bout des doigts son entre-jambes – une caresse lente et féline, légère comme le chuchotis obscène de tout c’qu’elle lui ferait s’il permettait, à en perdre la tête.
« J’ en ai envie, vous en avez envie... C’sera notre p’tit secret... »
Dans sa voix les accents empressés d’un désir qui ne saurait se réprimer, dans le smaragdin de ses yeux meurtris d’épuisement l’éclat d’une opiniâtreté libidineuse qui ne reculera devant rien... et sur ces lèvres rougies, gonflées déjà par les ardeurs de l’inconnu de cette nuit, la promesse de baisers enragés qui lacèrent plus qu’ils n’embrassent.
Vergil
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Lun 3 Mar - 16:58
Il plissa les yeux, nerveux. Si quelqu'un débarquait à cet instant précis, il aurait droit à un joli tableau, plus compromettant que n'importe quel baiser que Lola pourrait lui voler. Vergil sentit son estomac se tordre, comme si toute cette tension avait réveillé la faim animale qui n'attendait que sa nervosité pour s'étirer paresseusement et réclamer toute l'attention possible. Mais au lieu de la relâcher et de lui ordonner bien plus sèchement de tirer son petit cul de là, Viktor tordit avec brutalité son poignet pour rapprocher Lola de lui :
« Arrête tes conneries. Je suis pas ton pote. »
La familiarité du ton de Lola l'agaçait profondément ; ah, il l'avait sauvée d'un grand danger ? Tiens donc, Vergil, sauveur tyrannique de ces dames, pour vous servir, tout en vous terrorisant encore plus. Mais si elle avait daigné rendre le devoir – pour sauver son cul. Donc, il n'était pas plus respecté qu'avant -, le reste de l'entretien ne se révélait pas à la hauteur de ses espérances. Il aurait voulu qu'on lui foute la paix pour au moins la majeure partie de la journée, et les emmerdes commençaient dès le matin, c'était un problème redondant. Au moins, il parvenait maintenant à apercevoir l'expression de Lola avec plus de netteté, et ce qu'il lut sur le fin visage féminin lui retourna encore plus l'estomac. Parce que soudain, il eut l'impression qu'elle était sérieuse, avec ces petites mines de chatte provocante, et cette voix langoureuse qui éveillait un frisson mal placé dans sa chair. Par association d'idée, Vergil en vint à se demander quand est-ce qu'il avait eu un contact, autre que tyrannique, avec quelqu'un. Dernièrement, ça remontait à Andreas – et encore, c'était un souvenir un peu périmé qui remontait à six mois en arrière - ; la chaleur féminine, il l'avait oubliée, totalement. Mine de rien, ça faisait presque deux ans qu'il n'avait pas couché avec une femme. Ça faisait un bail, surtout parce qu'au début, il s'était senti carrément écœuré par les nanas et leur charme vicelard. Le choc post-divorce avait mis énormément de temps à s'effacer. Mais il se souvenait que, sur le moment, il s'était juré de ne plus rien leur céder, à ces garces. Et voilà que l'un de ces spécimens de femme éhonteusement libérée lui tombait sous le nez, comme pour lui rappeler plus férocement qu'il avait lui aussi des besoins, malgré tout son sang froid et sa rage.
Viktor eut l'envie brûlante de tordre le poignet de Lola jusqu'à le casser, pour lui décoller ce sourire lascif de la face, et jeter un voile de souffrance écarlate sur son regard provocateur. Oh, effectivement, ce qu'il pourrait lui faire, s'il cédait, il n'avait pas envie de l'imaginer. Donner une réalité au fantasme le rendrait plus palpable, plus décidé à le faire ployer.
Vergil sursauta brutalement lorsque les doigts intrusifs vinrent se coller à son entrejambe. Il eut besoin d'un nouvel accès de volonté pour enfermer, cette fois, la frustration qui vint hérisser ses nerfs :
« Ton argument est invalide. Je n'en ai pas envie. »
L'homme se rendit presque immédiatement compte qu'il mentait. La simple présence de Lola devant ses yeux, et dans son pantalon, rendit son regard sombre légèrement vitreux, plus trop attentif aux accès de colère qui se bousculaient à ses lèvres. Il détestait ces moments oú son esprit semblait se scinder en deux parties opposées, chacune lui déversant d'une voix tonitruante ses arguments directement dans son esprit. Le contrôle total de ses pensées avait toujours été l'une de ses fiertés, et voilà qu'il n'était même plus maître chez lui. La langueur qu'il surprit dans les yeux de la jeune fille l'ensorcela, l'espace d'une seconde, mais il se mordit aussitôt la langue, pour se ramener à la réalité. Oh, même s'il voulait – et ce n'était visiblement pas son entrejambe qui lui dirait le contraire -, il ne pouvait pas. Mais, puérilement, il ne désirait pas non plus s'esquiver comme un pleutre, le queue entre les jambes ; son esprit le formula comme un défi : supporter le plus longtemps cette menace sensuelle, et puis, partir aussi glorieusement que le lui permettrait son ego. Viktor avait conscience qu'il jouait, littéralement, avec le feu. La main de Lola sur son aine le brûlait, de sensations oubliées, et longtemps regrettées. Il fronça les sourcils plus nerveusement, torturé, et s'en voulant d'être aussi faible et toujours accroché au plaisir que lui promettaient les lèvres, le corps svelte d'une femme.
« Putain. »
Il aurait voulu la repousser plus froidement, mais la seule insulte qui lui vint aux lèvres ne faisait que confirmer l'affolement de ses repères. Lui, qui se considérait si puissant, se retrouvait pris au piège, dévoré par une envie lancinante et absurde, alliée à la fadeur de ses souvenirs.
Oh, que n'aurait-elle pu céder à son mauvais coup de la soirée, pour lui éviter ce dilemme, et cette humiliation ?
Lola
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Lun 3 Mar - 22:32
« Hn ! »
Lola se mord violemment la lèvre inférieure pour retenir les plaintes qui naissent au fond de sa gorge. Ok, elle l’a cherché, m’enfin ça fait quand même vachement mal putain – est-ce qu’on pourrait, s’il-vous-plaît, avoir un peu de considération pour sa sensibilité avivée par la défonce ? Hargneuse mais silencieuse, elle le fusille brièvement du regard ; un peu comme ces clébards qui aboient pour t’foutre la pression mais qu’oseront jamais v’nir te bouffer les mollets. Dans la soumission même la blond entend imposer ses règles, néanmoins il y a quelque chose de jouissif dans le fait d’accorder à l’autre le choix de les respecter ou pas.
Elle aime qu’on la défie au moins autant qu’elle aime défier.
« Bah alors m’sieur, vous vous la jouez Pascal le grand frère ? C’est pas d’votre âge pourtant. »
Vas-y donc, Vergil, repousse-la à grands coups de ‘‘Je suis pas ton pote.’’, ça exalte en elle son amour pour ces affrontements de fiertés animales – là où le lit devient champ de bataille et où les caresses se font armes, là où on irait jusqu’à faire couler le sang, alors nectar des violentes affections. Encore que Lola préfère enrager par les mots que par les poings.
A la réplique de son vis-à-vis, un haussement de sourcil dubitatif et un rire désabusé lui viennent ; il se fout de la gueule de qui, là ? S’il y a bien deux sujets que la jeune fille maîtrise à la perfection, c’est bien la beuh – elle théoriserait avec une grande rigueur la défonce si elle y voyait une quelconque utilité – et la baise – elle ferait un très bon docteur Sexe.
« Non mais vous m’prenez pour une débutante ou quoi ? Depuis l’temps je suis quand même foutue d’capter quand un mec veut ma chatte. »
A ce moment précis ses doigts fuselés empoignent audacieusement le membre de l’Allemand, son regard au vert corrosif pétille de ces éclats acides de goguenardise – de Lola se dégage la lasciveté féroce de ces femmes hardies aux charmes un peu virils. La douleur dans son poignet trouble sa contenance indolente, les refus froids de son aîné intensifient son impatience... Soudain la Française se dresse sur la pointe des pieds. Ses lèvres frôlent voluptueusement celles de Vergil, toucher délicat qui susurre la promesse de baisers bien plus audacieux ; contraste exquis avec sa main qui se serre davantage autour de son entre-jambes et glisse gaillardement sur toute la longueur, sorte d’avant-goût cruel et moqueur de tout ce qu’elle saurait faire pour sa jouissance. Quelques centimètres à peine séparant leurs deux visages, elle le nargue de son sourire indescriptible – cet amalgame caustique de suffisance, de gouaillerie et de minauderie ; un sourire de jeune fille sexuellement trop mature, déjà vieille presque, qui vit ses charnelles passions avec la bestialité d’un homme.
« Vous qui pouvez pas m’saquer, vous refuseriez l’occas’ de m’remettre à ma place ? raille-t-elle comme de la même manière qu’armée de ‘‘Vas-y pourquoi tu fais l’mec ?’’ elle éveillerait l’orgueilleuse exaspération de n’importe lequel de ses gars. J’vous fais peur ? »
Sérieux, si Vergil n’exhalait pas ce je ne sais quoi de brutal dans sa rigide impassibilité, Lola aurait d’ores et déjà pris les choses en main – ses membres se tendent avec trop d’intensité au désir de s’exécuter.
M’enfin elle préfère le laisser faire – elle parierait toute la beuh du monde qu’amené au paroxysme de la fureur, il saurait lui faire voir des étoiles et bien plus encore.
Dernière édition par Lola le Mar 4 Mar - 22:23, édité 1 fois
Vergil
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Mar 4 Mar - 19:05
Vergil entrevit soudain avec une netteté frappante l'ampleur du problème qu'avaient ces gamins : ils ne supportaient pas qu'on puisse leur refuser quelque chose, que ce soit des notes, de l'attention, ou même du sexe. Et visiblement – il se rappelait très bien de l'autre blondinet hargneux – ils s'attendaient à ce que les profs se couchent bien docilement, tandis qu'ils profiteraient avec une insouciance crasse de leurs privilèges de petits surdoués. S'il avait pu refuser aussi longtemps de céder aux caprices de Mello, Vergil doutait de faire preuve du même cynisme à l'égard de Lola. Cependant, la situation était loin d'être la même. La main intrusive posée sur son aine lui semblait excessivement menaçante, mais en même temps, il commençait à comprendre que s'il sortait d'ici dans la minute, il allait massacrer quelqu'un au cours de la journée. Les lèvres obscènes de Lola ne cessaient jamais de babiller, comme pour en rajouter une couche, mais lorsqu'elles se tendirent vers les siennes, Viktor sentit sa tête s'alourdir d'une chape qui n'annonçait rien de bon. Mais il comprit aussi qu'il ne supporterait pas un instant de plus cette provocation de mauvais goût ; s'il la prenait, il la prendrait à sa manière, brutale et glacée. Viktor se reconnut une attraction mal placée pour la vulgaire indolence qui s'affichait sur le visage pâle de la jeune fille, en même temps qu'une envie de la saisir par les cheveux pour lui apprendre le respect qu'il méritait. On était loin de la royale froideur qu'il avait affichée, à peine quelques minutes auparavant, car, lorsqu'elle s'empara de son entrejambe avec plus de force, Vergil sentit son pouls s'emballer. Il se traita mentalement de faible abruti, pour réagir aussi vite, et aussi stupidement surtout, comme un requin auquel on jette un corps décapité et qui s'empresse de le dévorer.
Il ne lui fallut qu'une seconde pour prendre sa décision. Puisqu'elle le provoquait comme une traînée de bas-étage, il pouvait bien s'accorder le droit de la remettre à sa place, même si cette excuse foireuse impliquait qu'il piétine ses devoirs civiques, morales, et la question éthique de l'erreur qu'il s'apprêtait à commettre. Dans un coin de sa tête, Viktor avait conscience qu'il s'inventait une excuse à la con pour se permettre de céder, qu'il n'aurait jamais dû y penser, et que peut-être, il aurait même mieux fait de rester au lit. Son visage se tordit d'un rictus moqueur, animal, et il attrapa brutalement le deuxième poignet de Lola, le sortant sèchement de son pantalon. Il avait déjà perdu une bataille – oh, l'humiliante défaite d'un professeur qui ne peut même pas frapper ses élèves -, mais il ne comptait pas se laisser dicter son comportement par une petite pisseuse en chaleur – même si, dans les faits, elle le menait carrément par le bout du nez, tout droit vers l'indolente frustration qui craquait sous la poussée du désir - :
« Peur ? C'est ridicule. Mais si tu y tiens tant que ça, on va faire ça à ma façon. » Murmura-t-il d'une voix grondante, en allemand, avant de plaquer la jeune fille contre le comptoir qui abritait la vaisselle des professeurs
Aussitôt, il entreprit de bloquer les poignets de Lola dans son dos – la délicatesse, ça n'avait jamais été son truc -, avant de poser un nouveau regard, hautain, sur ce qu'elle avait à lui offrir. S'il comptait céder, il fallait au moins que la marchandise soit à la hauteur de ses attentes. La chaleur qui grimpait progressivement dans ses reins lui rappelait de près la sensation qu'il avait quand l'énervement le dominait ; c'était une sentiment flamboyant, qui demandait avec force à être comblé sur l'instant. Baise-la ou crève.
Vergil songea vaguement que l'heure du réveil allait bientôt sonner pour l'orphelinat, et que quelqu'un pourrait bien débarquer dans la seconde même et assister à une scène particulièrement choquante pour ses petits yeux. Mais sur l'instant, l'alarme lui parut tout à fait dérisoire – le chopper, lui ? Et alors, c'était pas comme s'il s'apprêtait à commettre un acte totalement illicite. MAIS SI, ENFIN, gueulait la partie de son esprit qui était pour sa sortie immédiate de la salle -. La voix contradictoire s'étouffa brusquement, lorsque Vergil happa les lèvres de Lola, avec une férocité malsaine qui trahissait l'absence de chaleur qu'il avait eu dernièrement. Viktor comptait bien la dominer de tout son être, faire sortir l'insolence de ce corps gracile à coups de boutoir haineux, s'il le fallait. Ses pensées perdaient lentement tout contours précis, pour se fondre dans un magma brûlant qui lui électrisait la chair. Il se rendit surtout compte que, loin de ne pas la saquer, il avait néanmoins l'envie tenace de lui faire mal, de lui faire vomir toute cette luxure indécente et moqueuse. Ses coups précédents avaient été si propres, si... honteusement bourgeois, que le dilemme se transformait maintenant en devoir. Et dieu seul savait à quel point la bataille qu'il avait entrepris contre la gente féminine avait été vain. Lola l'humiliait par sa présence et son désir pour elle.
Oui, peut-être qu'il la haïssait, au final, comme il haïssait toutes les femmes qui l'avaient abandonné.
Lola
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Mar 4 Mar - 23:47
Lola s’apprête à protester d’un ton sec – sérieux quoi, en plus de bien lui niquer l’autre poignet, il l’empêche de faire proprement le travail, pas cool gros – lorsque le professeur avoue sa défaite, la réduisant inopinément au silence.
Jamais aucun homme n’a cédé face à ces charmes de féline alanguie d’une manière aussi... Oh sainte Marie-Jeanne mère de Bob.
Les inflexions âpres que l’allemand confère aux mots se répercutent délicieusement en son intérieur – depuis toujours trop réceptif aux sonorités du langage –, soufflent sur son épiderme lactescent un frisson de ravissement, elle en ronronnerait presque. En à peine une phrase il parvient à troubler la paresseuse torpeur de son désir.
Vergil ne lui accorde cependant pas le temps de savourer pleinement ce dérisoire régal, la coinçant brutalement contre le comptoir. La surface de bois s’enfonce douloureusement dans son dos et elle ne tait cette fois-ci pas le geignement que lui arrache ce mouvement. Douleur rapidement oubliée néanmoins à la vue de la condescendance avec laquelle on la scrute – non mais attends il la prend pour quoi, là, pour une espèce de poupée de chair pensée spécialement en tant que vide-couilles attitré ? ... Ah putain. Y’a un quelque chose de franchement alliciant dans la perspective d’être utilisée telle qu’elle s’est offerte – comme une salope dégueulasse à la gueule de laquelle on juterait sans culpabiliser une seule seconde – et c’est cet indicible quelque chose qui insuffle aux lèvres de Lola la sensuelle violence avec laquelle elles se meuvent contre celles de l’enseignant. Elles accrochent et meurtrissent, traduisant dans ce baiser toute la frustration – exquise, putain, exquise frustration – qu’elle tire de cette immobilité imposée.
C’est fou c’qu’on peut prendre son pied dans ces lascives privations de liberté.
« Mes mains, feule-t-elle en allemand – eh ouais mon chou, t’es pas l’seul à savoir parler le nazi ici. J’en ai besoin. »
Ses mains, Louison s’en fout comme de l’an mille – sa bouche, ses formes presqu’inexistantes sont à elles seules capables de bien des miracles. Il ne s’agit au final que d’une fierté effrontée se confrontant à l’autorité despote de l’Autre, une nouvelle bataille déclenchée, l’esprit submergé de concupiscents stratagèmes – gagner ou perdre importe peu lors de ces guerres charnelles, tout ce qui compte c’est la jouissance dans la douleur.
Ah. La jouissance dans la douleur. ... You got me fucked up.
Crispée tout de même par l’assujettissement de ses mouvements à la force de Vergil – galvanisante contrariété qui cambre son corps frêle –, la Française se niche dans le cou du susnommé. De ses dents, de ses lèvres sauvages et affamées, elle orne cette chair tentée, capricieusement convoitée, d’une marque écarlate. ’’Bonne chance pour cacher ça, m’sieur...’’, lui murmure-t-elle ensuite narquoisement à l’oreille – qu’elle s’amuse à mordiller, aussi mutine que le fantôme de sourire qui entaille ses joues creuses de deux fossettes discrètes.
A croire que Lola se plaît dans l’incarnation de cette antinomie dans les penchants de sa volupté.
La soumission dans l’insubordination, l’insubordination dans la soumission – l’incompréhensible, l’aliénant bordel d’une irrépressible envie qui s’oppose à sa nature intrinsèque mais qui la complète de la plus érotique des façons.
« Ah putain, soupire-t-elle dans sa langue maternelle – soucieuse de ne pas flatter l’ego de Vergil –, vous me rendez folle... »
L’ombre émaciée de son génie – pourri jusqu’à la moelle de ganja et d’apathie – se terre dans le mutisme de la résignation, ça prend trop la tête de chercher à s’comprendre ; et le baiser fougueux – la danse emportée dans laquelle s’expriment d’animales ardeurs – dont elle tourmente les lèvres de son vis-à-vis signifie au fiévreux délire de sa libido que la jeune fille capitule.
Vergil
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Mer 5 Mar - 18:33
Aussi loin qu'il s'en souvenait, ses relations avec autrui avaient toujours été empreintes d'une monotonie mortelle. En premier, Thelma, qui avait toujours repoussé la violence qu'il s'accordait maintenant, avec Lola. Cette brutalité qui faisait craquer toutes les jointures qui maintenaient habituellement son esprit en place. C'était tout du moins la raison que Vergil se plairait à invoquer par la suite, pour excuser son comportement avec le plus de fierté possible ; mais non, mec, elle demandait que ça, et ça t'énerve tellement, les putes. Tu te rappelles comme elle te fixait ? Avec cette étincelle furieuse dans le regard, et un sourire gouailleur aux lèvres. Ouais, c'était plus fort que toi, cette chaleur monstrueuse qui a commencé à t'envahir dès que ses doigts, sa chair, son souffle se sont collés à toi. Mais c'était bien la première femme à éveiller cette soif sensuelle de victoire en lui, et ce besoin immédiat de la dominer. Et encore, qu'avait-elle d'une femme, se demanda Viktor en contemplant le corps plat de Lola. Elle n'avait rien des filles qui lui plaisaient avant, alors, pourquoi se retrouvait-il si désarmé face à ses charmes androgynes ? Il remarqua plus sobrement que Lola utilisait la langue de Goethe pour s'exprimer, et l'homme émit un grognement satisfait, prenant cette petite concession comme une victoire personnelle. Il alla même jusqu'à lui rendre momentanément l'usage de ses mains – mains aux poignets délicieusement malmenés. Il se rappela dans un éclair le frottement des os fins sous la chair pâle -, pour agripper ses cuisses et la pousser sur le comptoir. Sa tasse de café, qui y était encore posée, la malheureuse, s'écrasa sur le sol, tandis que Viktor se jetait avec ardeur sur les lèvres de Lola, lorsque celle-ci les lui rendit :
« ... »
Il sentit que la chair de sa nuque, mordillée par les lèvres boudeuses, se hérissait d'un frisson sensuel, qui se répercuta dans tout son corps. Ouais, effectivement, il allait passer un mauvais quart d'heure, si un prof remarquait que la sévérité de Vergil était entachée d'un magnifique suçon à la jugulaire. Et s'il y avait bien une chose que Viktor détestait, c'était les ragots. Mais, sur l'instant, il n'accorda pas plus d'une seconde à la pensée, bien trop empressé, soudain, remontant d'une main brutale le tee-shirt de Lola sur ses cuisses. C'était amusant de remarquer à quel point le professeur, qui s'était toujours jugé d'une moralité exemplaire, était maintenant à la limite de tomber aux pieds de cet univers, de cette moiteur féminine, qu'il s'était refusé pendant si longtemps. Sa moralité ne l'avait pas aidé, dans ce cas-là, car s'il avait cédé, avant, peut être n'aurait-il pas eu si envie de la déchirer, cette féminité, de souiller encore plus cette jeune fille presque femme qu'il maintenait entre ses mains musclées. Il mordilla les lèvres de cette dernière, se sentant comme ivre dans les dernières minutes de pénombre tamisée avant l'aube. Un goût de cuivre se colla à son palais, lorsque l'une de ses canines dérapa sur le fin tracé de la bouche féminine :
« Écarte les jambes. » feula-t-il, relevant légèrement la tête pour planter ses yeux sombres dans ceux de Lola
La voix de cette dernière résonna brièvement à ses oreilles, éclairée par des sonorités mélodieuses, qui ne lui rappelèrent rien de connu, mais entendre ce ton languide lui donna soudainement l'envie de le faire grimper sur d'autres échelles d'intensité – et peu importe si c'était dans une langue autre que l'allemand ou l'anglais. Un sourire de requin aux lèvres, Vergil glissa sa main entre ses cuisses, pour tirer sur sa culotte, l'air de lui ordonner de retirer ça dans la minute. Les premières lueur de l'aube caressèrent sa peau, et il embrassa avec une vigueur renouvelée les lèvres écorchées de sa cadette, allant jusqu'à savourer le sang qui s’amoncelait dans les plaies minuscules :
« Bonne chance pour cacher ça, gamine. » Rétorqua-t-il sur le même ton que Lola avait employé quelques minutes plus tôt, acide
Mais dans les faits, il avait surtout l'impression que ses reins allaient exploser d'un désir sordide et empressé, comme si sa vie en dépendait. Bordel, il était aussi faible que le commun des mortels.
Lola
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Jeu 6 Mar - 1:45
Autour d’eux le monde achève de se réveiller, Lola le remarque évasivement – alors que son vis-à-vis la fait décoller l’espace d’un instant pour ensuite l’abandonner sur le comptoir – aux lumineuses éclaboussures du soleil sur les rideaux mi-fermés des fenêtres, au tout petit bout de ciel que leur étroite ouverture cède à ses regards... Elle se gorgerait de ce spectacle tout juste évoqué, abandonnerait alors ses atouts fluets aux agressives faveurs de Vergil avec la mélancolie d’une subsistance de sommeil qui adoucit nos natures. Et puis la tasse de café tombe, se brise au sol – claquement de doigts très opportun du destin, peut-être. Un peu comme si on t’arrachait à une rêverie distraite, le contraste avec la réalité – ces deux mains fermes dont la poigne malmène délectablement la chair fine de ses cuisses, cette bouche qui assaille la sienne...
C’est saisissant.
Électrisée par cette volupté féroce, la belliqueuse fierté de la jeune fille s’indigne à peine de l’aplomb avec lequel le prof’ lui ordonne de s’offrir à lui – tout juste lui adresse-t-elle une œillade désapprobatrice, un genre de ‘‘Vas-y la prochaine fois tu demandes poli, ‘culé’’ pour la forme, lorsqu’elle s’exécute, ses membres tremblant d’un enchantement malsain au picotement amer des plaies creusées sur la pulpe de ses lèvres par les appétences carnassières de cet énième baiser. Au toucher de la main audacieuse entre ses jambes, un tressautement – semblable à la douloureuse vague de plaisir qui avale toute volonté de se dominer – lui raidit les membres et c’est avec un empressement presque suppliant qu’elle se trémousse pour se débarrasser de sa culotte – cette dernière chute doucettement jusqu’à sa cheville, un mouvement impatient de pied l’envoie chier on sait pas où dans la pièce.
Son désir pourtant usé déjà au cours de cette nuit s’accommode aisément au tempo des exigences avides de l’homme – rapide et brutal, ‘paraît qu’on fait l’amour comme on s’essuie. Il se consume et se ravive – sorte de phénix retrouvant sa vie dans les cendres encore tièdes de l’érotisme – à la puissance hâtive qui imprègne la façon qu’a Vergil de la prendre.
D’ailleurs depuis tout à l’heure le principal concerné lui fait un peu faire c’qu’il veut, Lola aime pas trop ça – enfin si, mais c’est dans l’opiniâtreté de son impudence qu’elle kiffe l’obéissance. Si Vergil entend arracher à sa maigre nudité la satisfaction de ses besoins les plus primaires, il la lui arrachera cependant pas sans qu’elle s’enorgueillisse de l’avoir concédée comme s’il s’agissait d’un rien insignifiant.
Alors elle remonte son tee-shirt, et se cambrant avec la torpeur d’un félin, elle le retire – se bénit au passage de pas avoir eu le réflexe de fourrer son pochon d’herbe dans le soutif’ –, le condamne à tenir compagnie à sa culotte d’un lancer négligent.
« Pour quelqu’un qui compte me défoncer l’intérieur, j’vous trouve pas très efficace, raille-t-elle – la fébrilité de son souffle étouffant la narquoiserie corrosive de son esprit, railleries et implorations se confondent. »
Ses longues mains s’attèlent alors à faire glisser la fermeture éclair puis le pantalon de son partenaire ; son bassin étroit se presse vivement contre l’entre-jambes de Vergil – c’est un appel véhément que sa chair crie silencieusement contre lui, que le vert de ses yeux traîne dans les regards qu’elle lui lance.
Allez, viens donc le kiffer, ton va-et-vient de taulard.
Vergil
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Jeu 6 Mar - 20:44
Vergil contempla la nudité lascive de la jeune fille – à peine éclairée par les premières lueurs de l'aube -, d'un œil soudain fasciné par le dessin de ses os fins sous sa chair pâle, et de ses seins. Il la laissa s'approprier ce droit de lui offrir ce corps sans forme, ce pauvre corps qui lui faisait pourtant perdre la tête. Car, soudain Vergil, au frottement pressant des longues jambes contre son bassin, sentit que ce n'était pas que sa soif de chaleur qui l'avait attiré entre ses cuisses. C'était aussi parce que cette fille – ô combien insolente et vulgaire – avait ce charme un peu crû, qu'il n'avait jamais vu chez ses anciens coups. Que n'aurait-il pas donné pour que Thelma lui réponde avec la même ardeur. Mais il fut tout autant obligé de reconnaître que Thelma ne faisait même plus partie de sa conception du monde, un monde qui était soudain bouleversé par les cuisses ouvertes et accueillantes de Lola. Et il n'eut plus qu'un seul désir, s'y perdre, s'y traîner, et se dissoudre entre les lèvres brûlantes de la jeune fille. Mais ledit désir, bien que pressant, ne l'empêcha pas de lever la tête vers la blonde, lorsqu'elle celle-ci osa de nouveau le provoquer :
« Si t'as rien de pertinent à dire, tu peux fermer ta gueule. »
Viktor sentit que sa voix était un peu brisée par l'énorme pression qui tendait tout son corps ; à croire que son envie de l'avoir se traduisait jusque dans son ton, par un infime tressaillement. Son entrejambe suivait le même chemin, à peine effleuré par la pensée que, déjà, elle se pressait dans son boxer. C'était insupportable. Vergil s'invita entre les cuisses offertes de la blonde, promenant ses longs doigts sur le tracé de ses côtes, avant de s'échouer contre son dos, pour la rapprocher de lui d'une brutale poussée. Il se demanda vaguement s'il devait perdre son temps en préparation ; visiblement, Lola savait ce qu'elle faisait – tiens, quel contraste, par rapport à son ivresse passée. Ou peut être qu'elle était encore bourrée ? -. Il s'était déjà lancé sur le chemin chaotique de la violence, il penserait une prochaine fois à la ménager (Comment ça, une prochaine fois, s'inquiéta un fantôme de voix dans un coin de son crâne échauffé). Peut être même qu'elle était encore mouillée par la pensée du type de la boîte de nuit, pensa Viktor. Ses lèvres minces se tordirent d'un rictus cruel, concupiscent, tandis qu'il caressait l'idée de vraiment défoncer cet intérieur usé et sali.
Regardant une dernière fois le corps légèrement rosé par les premiers rayons de l'aube – comme si tout ça n'était qu'un rêve dont il pourrait se réveiller dans la minute, pour s'apercevoir qu'il était définitivement seul dans son lit -, Vergil baissa sèchement son boxer, avant de revenir se presser contre Lola. Il revint aux lèvres de cette dernière, comme un drogué qui ne peut pas se détacher de ses vices favoris, rendu affamé par le sang qui se coagulait sur cette chair charnue.
Et, c'est sans même prévenir, qu'il rentra en elle, d'une poussée formidable qui alliait sa frustration aux cendres de ses monstrueuses colères. L'allemand crispa ses mains puissantes sur les cuisses de la française, marquant sa chair de nouvelles ecchymoses. Il retint un soupir d'extase ; il sentait que ses sourcils se fronçaient d'un effort de volonté pour ne pas commencer tout de suite à bouger avec le plus de violence possible. Non. Vergil savoura pendant quelques instants la sensation, la rassurante moiteur autour de son membre et leva les yeux vers le visage de Lola pour surveiller ses réactions. Mais, au fait depuis quand se souciait-il des états d'âme de ses élèves ? Viktor sourit à cette pensée et agrippa avec plus de fermeté les cuisses de la blonde. Il allait décidément d'absurdité en absurdité depuis la veille, et ses nerfs, soudain, s'éveillaient, brûlés par une chaleur plus réelle qu'elle ne l'avait été depuis deux ans. Vergil sentit que sa nervosité récurrente était très probablement liée à cette absence, parce que, soudain, il ne pensait même plus, il haletait, il désirait avec ferveur bien plus s'enfoncer dans cette antre. Vergil recueillit le visage de Lola d'une main et l'embrassa avec une passion avide, tandis que, lentement, son bassin se mettait en branle.
Soudain, la pensée que quelqu'un puisse les surprendre devint tout à fait secondaire ; seul comptait ce corps ouvert, ce corps offert, dans lequel il s'oubliait.
Lola
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Ven 7 Mar - 13:25
Un truc que Lola a mis un temps fou à comprendre, c’est que baiser, c’est pas juste une question de baisers, de touchers. Ça se réduit pas à savourer la présence de l’Autre ; baiser, c’est aussi savourer l’absence de l’Autre, trembler de tout ce qu’il ne fait pas comme de tout ce qu’il fait.
A force de se toucher et de s’embrasser, de se caresser et de se dévorer, on en oublie bien souvent de se regarder – c’est normal, pour cette jeunesse trop hâtive, de s’enculer sans s’calculer, y’a pas le temps, pas le temps, tout juste si on se prend –, elle-même se surprend à fermer les yeux dans les moments les plus intenses comme si elle se plongeait en son intérieur, s’ouvrant pleinement à son plaisir mais se fermant indifféremment à son partenaire. C’est dommage, pourtant, de perdre tous ces regards fascinés qui aiment plus que n’importe quel coup de butoir – autant de muettes caresses qui ne t’atteignent pas.
Vergil aura beau en avoir strictement rien à foutre d’elle, les regards qu’il promène parfois sur sa silhouette longiligne ne lui échappent cependant pas – et elle se délecte de chacun de ces regards telle une friandise raffinée qu’on ne s’offre qu’une fois de temps en temps.
Lorsqu’enfin il la pénètre, alors que sa bouche carnassière s’attèle à raviver la douleur de ses plaies, les yeux de la jeune fille – jusqu’ici mi-clos, alourdis d’une luxurieuse ivresse – se rouvrent brusquement et un gémissement éraillé lui vient aux lèvres. A son tour elle perd son regard sur les traits durs de l’Allemand, ses prunelles vertes brillant d’un certain soulagement – une sorte de ‘‘Enfin, mon Dieu, je n’aurais pas pu attendre une seconde de plus’’ – ; ses mains et ses jambes s’accrochent à sa stature, tentative enfiévrée de se livrer à encore plus de chaleur, encore plus de contact – elle veut le sentir en elle et contre elle, s’oublier dans sa passion enragée.
Les doigts qui creusent dans la peau de ses cuisses, leurs lèvres qui dansent à la mesure erratique d’un désir déchaîné, la paume rugueuse sur sa joue ; autant de sensations auxquelles Lola se rend sans même feindre de lutter, et qui résonnent dans sa manière de s’arquer contre l’enseignant, dans les plaintes et soupirs qui naissent entre ses lèvres meurtries.
S’arrachant précautionneusement à leur baiser, elle redresse la tête juste assez pour darder ses yeux dans ceux de son aîné. Quelques secondes à peine, ils pétillent d’une hardiesse majestueuse de salope – d’un ‘‘Alors, tu kiffes ? Bien sûr que oui, pas la peine d’se mentir...’’ – ; elle le défie du regard car la volupté, taquine et vicieuse, ne destine à présent sa voix qu’à rien de plus que des soupirs, et qu’elle refuse de s’avouer tout à fait vaincue. Puis elle lui arrache un baiser avec la brutalité désespérée de ceux qui manquent de force, tirant des dents sur la pulpe de ses lèvres ténues, tandis que ses hanches commencent à onduler, se calquant peu à peu à la cadence de son va-et-vient.
Boîte de nuit, devoir, ivresse, possibilité d’être pris en plein acte, illégalité de cette partie de jambes en l’air... tout cela ne compte plus pour elle, elle ne saurait plus penser à autre chose qu’à cet homme qu’elle sent en son être, à l’aliénante violence avec laquelle il la fait sienne.
Personne n’a jamais su la prendre comme ça, peut-être par peur ou par modestie face à l’indolente virilité de son tempérament. Ou peut-être parce que, malgré le peu d’estime qu’elle a pour son corps, elle s’est donnée avec orgueil, imposé en maître de ce désir qui ne se comblait que parce qu’elle le voulait bien. En tout cas elle aurait jamais cru que se donner en tant que trou avec quelque chose autour, et se faire prendre ainsi, lui offrirait une telle jouissance.
Vergil
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Sam 8 Mar - 1:18
Vergil appréciait à sa juste valeur cette façon qu'avait Lola de s'offrir à ses caresses ; il en oubliait qu'il avait été un jour nerveux, ou même prêt à étrangler sa petite gorge fraîche de ces mains qui tremblaient, à cet instant précis, d'une passion toute autre que celle du meurtre de sang froid. Il n'avait jamais pris son temps pour aimer, avant, et cette relation-là ne le changeait pas de ses habitudes, parce qu'il se précipitait, il dévorait à pleines dents cette beauté transfigurée par l'extase, soudain prêt à vider son âme crûe dans ce récipient de chair qu'il haïssait encore, quelques instants auparavant. C'est fou comme le sexe peut t'abrutir un mec. À croire que toute sa volonté, si ardemment concentrée dans sa haine, coulait maintenant vers le bas de son corps qui se mouvait avec violence, revenant se heurter avec plus de force contre le bassin anguleux de la blonde. Le meuble qui abritait la vaisselle suivait ses mouvements, résonnant d'un joyeux fracas de porcelaine, tandis que l'homme plaquait Lola de plus belle contre le comptoir, pour mieux s'enfoncer en elle. La chaleur bien heureuse qui allait de paire avec les frottements de son aine lui procurait un plaisir extatique, et pour peu qu'il se retrouve totalement désarmé, il aurait pu grogner le pseudonyme de la jeune fille, comme pour la remercier de ce qu'elle lui accordait, non seulement ce corps, mais aussi cette étreinte sensuelle qui remplissait son esprit d'un brouillard inespéré, à peine dispersé par des éclairs de lucidité. Viktor, après toutes ces années d'odieuses crispations, n'aurait jamais imaginé qu'il puisse retrouver un semblant de passion entre les cuisses d'une femme. Et c'était toujours cela qui l'avait empêché de prendre au sérieux les soupirs langoureux de son ancien amant, lorsque celui ci lui demandait s'il voulait rester. Au fond, Vergil avait toujours espéré revenir aux femmes et à leurs charmes généreux, parce que ce n'était qu'entre ces chairs, avec ces seins maigres qui se frottaient contre son torse, qu'il se sentait véritablement désireux d'accomplir la chose. Inutile de se leurrer sur ce point, il adorait chaque parcelle de chair mouvante qui l'accueillait, incapable de refuser. Il avait définitivement perdu, et face à la créature la plus misérable qui soit.
Vergil happa les lèvres de Lola au vol, perdant ses doigts dans la masse bouclée de ses cheveux. Il avait toujours conçu l'acte sexuel comme une bataille au terme de laquelle le perdant devrait se rouler aux pieds de son maître – et, dans la plupart des cas, le perdant s'avérait être la femelle, ce qui l'arrangeait bien, dans son raisonnement sexiste. Ce genre de théorie était plus facile à maintenir quand on a la chance d'avoir une bite -, mais la blonde recelait un pouvoir qui n'était pas sans lui rappeler l'odieuse tyrannie qu'il exerçait sur le commun des mortels. Car, dans l'extase, les lèvres de Lola lui semblaient menaçante, tendues d'une ombre moqueuse qu'il s'empressait de déchirer d'un baiser. Mais il se dissolvait implacablement entre elles, perdait l'essence hargneuse de son être. Sa volonté était liée à ses coups brutaux de bassin qui transmettaient dans ses muscles tendus des étincelles bienfaisantes. Il sentait, sans la voir, la suprême extase qui ferait plier chacune de ses cellules sous sa férule doucereuse.
À voir ces gamins joyeusement copuler comme des animaux, à longueur de journée, dans les coins sombres, Vergil n'aurait jamais pensé qu'il pourrait céder à ces même vices, mais seulement, sous le couvert de l'aube et d'une nudité désarmante. Il les enviait peut-être, de pouvoir ainsi s'exposer, sans ressenti, libres de se frotter les uns aux autres, comme s'ils ne ressentaient plus que du désir, et pas plus d'attente que ça. Dans ce genre de cas, être un adulte devenait plutôt handicapant ; il avait cessé de ressentir bien des années auparavant, mais à cet instant précis, ses sentiments flamboyaient, comme si les contraintes qu'il n'avait cessé de leur imposer daignaient se détendre, légèrement. Chaque va-et-vient de ses reins lui procurait un sentiment de relâchement de plus en plus accentué, et il en vint presque à envier Lola, qui s'offrait avec une telle nonchalance au premier psychopathe venu. Ce qu'elle voulait, elle le prenait, avec l'insouciance des jeunes enfants qui tendent un doigt autoritaire vers l'objet de leur choix. L'adolescence, dans sa fraîcheur primitive, était encore ce qui se rapprochait le plus d'un mode de vie libre et sans contrainte, seulement motivée par le plaisir sans cesse renouvelée qui s'offrait à elle. Mais sa brutalité primaire vint presque aussitôt recouvrir ce raisonnement et il crispa ses doigts sur la nuque frêle, haletant férocement contre les lèvres de Lola.
Il planta de nouveau ses yeux dans ceux de cette dernière, comme pour l'affronter dans un combat muet, ponctué de râlements rauques qui s'échappaient de sa gorge nouée, desséchée par ce trop plein de passion. Ses sourcils se froncèrent légèrement, suivant le mouvement de ses lèvres qui, entrouvertes, se crispèrent d'un sourire sincère, un sourire de plaisir profond qui écorchait son âme de taulard.
Lola
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Sam 8 Mar - 4:17
C’est les yeux grand ouverts que Lola prend chacun des coups de butoir assénés par son amant de l’aube. Pas qu’elle veuille pas se plonger dans le vide sombre de ses paupières – elle en crève d’envie, en fait, d’effacer d’un battement de cils tout ce qui l’entoure pour ne ressentir que cet homme qui s’enfonce en elle avec toujours plus de fougue –, plus que ses yeux veulent pas se fermer, comme s’ils ne sauraient se détacher de cette danse singulière à laquelle se livrent leurs deux corps, comme si chaque mouvement en elle l’électrisait au point de lui ravir tout contrôle d’elle-même. Elle a jamais ressenti ça – une jouissance si intense qu’elle te paralyse, te dérobe jusqu’à ta plus insignifiante capacité à bouger –, elle en flipperait si elle en devenait pas folle.
La vaisselle faisait entendre ses plaintes cristallines, et autant elle gère en tout juste un grognement de se faire plaquer sauvagement, à chaque fois la blonde ne peut s’empêcher de jeter un très bref regard inquiet au meuble – elle aimerait pas trop que tout lui tombe sur la gueule – pour finalement marmonner un ‘‘Fais gaffe putain...’’ – plus de conventions entre personnes qui se baisent de la façon la plus primaire qui soit – contre la bouche de Vergil, qu’elle gratifie d’une caresse tremblante et légère de ses lèvres. Un délicieux frisson court sur sa peau nue quand les doigts du susmentionné s’enchevêtrent dans les boucles de sa blondeur indisciplinée, ses mains se resserrent convulsivement sur le tissu de la chemise – la succincte chatouille du bout de ses ongles chuchote doucereusement la promesse de marquer, une prochaine fois, ce dos musculeux de ses faveurs écarlates.
Alors que chaque mouvement de l’Allemand lui arrache des gémissements se faisant plus rauques et plus saccadés, une pensée amusante se formule dans son esprit. C’aurait été comment si c’était l’autre qui m’sautait en ce moment ? Pas foncièrement mauvais, sans doute, sûrement pas aussi grisant. C’est fou de constater à quel point on se contente de peu, en matière de sexe, juste pour le soulagement éphémère – le soulagement sale qu’on ne hurlera jamais que dans le silence de ces nuits chaudes – de jouir en quelqu’un qu’on reverra plus après. Vergil fait exactement pareil, elle le sait bien. Cependant il y a quelque chose qu’elle ne parvient pas à décrire, un genre de secret indicible qu’aucun langage ne saura jamais exprimer, qui change tout. Peut-être cette manière enivrante qu’il a de se donner tout entier à la satisfaction de son envie. Puis finalement, elle se dit qu’elle s’en fout, que la beauté de certains mystères réside justement dans le mystère, et qu’elle préfère vibrer toute entière des délices qui s’éveillent entre ses jambes pour se propager avec une fulgurance presqu’insupportable dans tous ses membres.
Lola se cambre violemment, assujettie à une énième vague de plaisir trop vive pour son corps frêle, et ses prunelles, au smaragdin assombri de sa nuit d’excès comme de son matin d’amour de la chair, surprennent alors le sourire de l’enseignant. Quel contraste avec ce regard qui s’opiniâtre encore à lutter... Ne sachant qu’en faire – et ne se sentant pas assez obéissante pour y répondre autrement que par un rictus goguenard –, ses lèvres se pressent contre ce sourire indescriptible qu’elles s’empressent d’avaler, furieuses de ne pas comprendre – pourquoi on comprend pas ? pourquoi on se comprend pas ? pourquoi la vie est pas foutue d’être simple une fois de temps en temps ? –, et ses dents crient silencieusement toute leur frustration en morsures féroces. C’est plus exaltée et plus haletante qu’elle se détache de ce baiser. Vraiment, c’est trop, tout ça, elle souffre bien trop de tous les éclats de voix qui lui lacèrent la gorge et qu’elle garde péniblement en son sein, elle...
Elle niche sa tête dans le creux du cou de Vergil et y largue sa myriade de baisers fiévreux comme autant de bombes sur une chair déjà bien fébrile ; se libère inopinément de tous les cris d’extase qui ne demandent qu’à déchirer le silence relatif de la pièce mais que l’épaule large de son partenaire étouffe.
Lola y aura finalement eu droit, à son vide sombre. Sauf que de lui émane une chaleur galvanisante et réconfortante à la fois.
Vergil
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Dim 9 Mar - 20:16
Les flammes vibrantes du plaisir lui léchaient impitoyablement les nerfs, qui se rétractaient avec brutalité, comme si après tous ces mois d'abstinence, ils avaient du mal à supporter les décharges erratiques qui secouaient son être. Vergil sentit que toute cette attente, et cet effort soutenu qui le faisait aller de plus en plus vite, de plus en plus avidement, plonger entre les cuisses de Lola, atteignaient finalement leur apogée. Il en arrivait au stade oú la haine primitive qui l'avait toujours maintenu en vie se réduisait à une mince lueur engluée dans les miasmes de son plaisir ; il fondait, il disparaissait, les yeux étrécis par le rictus nerveux qui tendait de plus belle ses lèvres vers celles de la française. Sur cette bouche avide, il goûtait à l'essence de la jeunesse et de son absence de limites ; il se secouait de toutes ses contraintes, jetait sa maturité aux orties, pour mieux se fondre en elle. Le masque impassible qu'il avait arboré toute sa vie se fendillait légèrement, laissant entrevoir l'adolescent aux envies inespérées qu'il avait pu être, avant de grandir et de s'enfoncer dans sa colère.
Vergil hoqueta d'une voix douloureuse, bloquée dans le creux des lèvres déchirées de Lola, qu'il allait venir. Cette soudaine insouciance se traduisait aussi par le fait qu'il ne pensait même plus à sa propre sécurité. Avant, il y aurait toujours eu cette petite voix pour lui demander d'un ton plaintif s'il était sûr de vouloir faire ça, s'il savait oú cette étroite intimité avait pu traîner, et si, surtout, il pouvait au moins foutre un préservatif avant d'y entrer, question d'être prudent. Mais il pensait aussi reconnaître en Lola ce genre de fille qui a pas mal traîné, et qui connaît tous les risques ; il la prenait comme on se vide dans un trou, mais aussi avec la passion qu'exige parfois pour survivre une relation développée. Pas totalement ancré dans la ferveur, mais as totalement indifférent non plus, parce qu'il voulait l'entendre manifester d'une voix sourde son plaisir de fille facile. Un type qui s'en foutrait n'aurait jamais pris en compte l'éventuelle extase de sa partenaire, tandis que lui, s'il n'en cessait pas pour autant d'être brutal, attendait de Lola des étincelles sacrées et des plaintes rauques. Viktor la serra plus étroitement contre son torse musculeux, sentant ses reins se tendre douloureusement dans un accès de volupté. Ses mains retrouvèrent avec aisance leur place première sur les cuisses maigres, et s'enfoncèrent dans cette chair délicate avec une ardeur bestial. Dans sa tête surchauffée, Vergil mariait les préceptes de l'adolescent et de l'animal, surplombant ses contraintes quotidiennes pour doter ses coups de reins d'une étrange précision. Okay, il la défonçait, purement et simplement, mais il veillait aussi à s'y prendre avec dextérité. Lola n'était pas seulement un trou, peut-être, elle pouvait aussi être l'une de ces femmes qui incarnent un idéal de luxure dans la privation. Parce que si elle était trop mince, Vergil lisait aussi sur son corps sans forme les tracés de son existence de plaisir, comme si elle avait pu bloquer les besoins primitifs de nourriture pour se consacrer toute entière à d'autres fascinations. Les corps possédaient plusieurs sortes de volupté ; celui de Vergil se gonflait de force animale, atteignant sa forme la plus parfaite dans l'acte qui exigeait de lui toute sa puissance, tandis que Lola et ses membres minces existaient dans l'alliance harmonieuse de ses loisirs. Vergil se doutait qu'elle ne devait même pas être si jolie que ça, mais lorsqu'il voyait son visage piégé dans les affres du vice, il ne savait plus trop sur quelle échelle ses notions de beauté pouvaient bien tenir.
Il s'arqua contre Lola, violenté par un nouvel éclair de chaleur, sentant soudain son sang entrer en ébullition, jusqu'au point final, l'orgasme qui sembla étouffer tous les bruits, toutes les menaces, pour jaillir de sa gorge en un long râlement rauque, passionné. Et même s'il avait daigné prévenir la jeune fille du paroxysme de ses plaisirs, il se relâcha en elle. Vergil griffa les cuisses minces, mû par un réflexe malsain de graver dans cette chair les manifestations royales de son orgasme. Ses yeux se fermèrent légèrement, alourdis d'une brume. Et Viktor sentit chacun de ses muscles se relâcher, peu à peu, frémissant encore de plaisir. Il s'humecta les lèvres, repassa sa main aux ongles incrustés de sang contre la joue de Lola, pour lever son visage vers lui. Il ne souriait même pas, mais tout son être exprimait sa profonde satisfaction. L'espace de quelques secondes, son visage, lui-même, se relâcha, réchauffé de l'intérieur, presque paisible. Vergil respira plus profondément, tentant de calmer son pouls hystérique ; il eut l'impression de ne pas s'être senti aussi bien depuis deux ans. À croire que la paix de l'esprit ne pouvait être atteinte qu'au prix de l'illégalité ; c'était une bien triste hypothèse, mais Vergil sut que pour l'atteindre de nouveau, il n'hésiterait pas à revenir se perdre en Lola.
Il ouvrit les yeux, pour les planter dans ceux de la blonde, et lentement, presque précautionneusement, replaça ses lèvres sur les siennes, mais plus doux, incroyablement tendre. Un remerciement silencieux. Un sacrifice de sa dignité, une nouvelle fois.
Lola
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Lun 10 Mar - 1:48
Au moment où son aîné lui signale qu’il s’apprête à jouir, Lola écoute à peine. Normalement elle lui aurait ordonné sèchement de se retirer avant que ça arrive – technique plus ou moins efficace qu’on connaît tous et qu’on s’échange tous comme s’il s’agit d’une recette de grand-mère –, elle y aurait pensé. Sauf que là elle peut pas penser. Pas alors que l’extase la tend de la tête jusqu’aux pieds et qu’elle fait naître dans sa gorge des feulements – elle en devient sauvage, animale ; tout juste un assemblement pas trop mal foutu de chair seulement destiné à accueillir les capricieuses montées et descentes du plaisir, cette tumultueuse mer sans frontières. Les derniers coups de butoir que Vergil lui assène avec une ardeur presque désespérée, tandis qu’en même temps ses mains constellent d’ecchymoses violacées l’épiderme pâle de ses cuisses, s’avère d’une justesse et d’une précision qui lui arrachent gémissements et tremblements douloureux dans leur véhémence.
Bordel, elle espérait voir les étoiles mais c’est tellement... mieux.
Une explosion violente et incessante de plaisir, pas une parcelle de chair qui n’en frissonne pas ; un genre de magnifique feu d’artifice projetant brutalement toutes les couleurs de la volupté en son être, ce firmament lactescent – toutes ces fleurs qui, dans leur impétueuse éclosion, étend leurs pétales bariolés jusqu’à ses orteils se crispant frénétiquement. Tellement mieux que les étoiles.
C’est à cette exquise fulgurance, à cette charnelle démesure, que Lola dédie ses plaintes les plus haletantes, ses frémissements les plus vigoureux, ses caresses les plus fiévreuses.
Et lorsque finalement Vergil se libère entre ses jambes – tant pis, se dit-elle très brièvement, c’sera pas la première fois –, qu’il en accable la chair de lignes écarlates, qu’elle pousse un dernier soupir, hurlant presque son exaltation à une lune absente ; enfin elle parvient à fermer les yeux. Repose-toi donc, maintenant que la valse bestiale de vos deux corps a cessé – maintenant qu’il n’y a plus de quoi perdre son regard, perdu, fasciné, halluciné. Elle s’effondrerait lamentablement contre l’étagère contenant la vaisselle si l’autre, d’une main autoritaire, ne l’obligeait pas à se redresser. Le vert de ses yeux, vague et épuisé, vagabonde paresseusement sur les traits durs de son vis-à-vis, l’ombre d’un sourire serein planant sur ses lèvres malmenées. Lèvres que l’intéressé gratifie d’un baiser auquel Lola s’attendait franchement pas – trop de tendresse, de douceur, pour cet homme qui quelques instants auparavant la baisait comme s’il se retenait péniblement de la tuer. Ca la dépayse, en fait – d’habitude le gars fait son truc et après il s’endort ou fume un joint avec elle –, ça lui fait plaisir en un sens, elle s’abandonne volontiers à cette tendre considération qu’elle ponctue ensuite d’un sourire hésitant. Parce qu’elle sait plus faire des sourires de meuf – t’sais, ces sourires affectueux qui semblent gorgés de l’amour de la Terre entière –, du coup c’est maladroit et presque timide, on dirait un premier baiser de petite fille flippée à l’idée de faire mal.
Puis la blonde descend du comptoir – encore alourdie des délicieux relents de sa jouissance, ses jambes manquent de flancher sous son poids – et part silencieusement à la recherche de ses vêtements – culotte, ok ; ... tee-shirt, ok. Il lui faudrait un joint, là. Instinctivement sa main plonge dans le soutif’ pour rencontrer du vide – rien de plus ouf que son nibard de gamine de douze ans. Parce qu’elle a tout laissé dans sa chambre, c’est vrai. ... Putain.
« Euh... »
Lola taxerait bien une clope si elle osait parler à Vergil. Non parce que niquer, c’est magnifique quand tu sais qu’tu reverras plus jamais la personne après. Là c’est pas le cas. Elle sait pas trop comment gérer ça. Doit-elle partir du principe qu’ils se retrouveront façon plan cul ? Qu’ils ne s’adresseront même plus un regard en passant ? Qu’il la tuera afin de s’assurer son silence ?
Ça a vraiment d’quoi t’pourrir la plus transcendante des parties de jambes en l’air, ces questionnements à la con. Le retour à la réalité se fait décidément cruel.
« Hm... J’pourrais te... enfin, vous piquer une clope ? J’ai rien à fumer ça m’stresse. »
La parisienne se trouve vraiment trop conne à hésiter ainsi qu’une pouffiasse de collégienne ingénue, à tirer nerveusement sur le bas de son tee-shirt tout en dardant son regard sur tout et n’importe quoi sauf lui. Se préoccuper si vite des conséquences alors qu’elle ne demande qu’à savourer les subsistances rassérénantes de tout bon coup, ça lui casse les couilles sévère. Elle y peut rien en même temps, à force de fuir ses connaissances d’un soir après avoir couché, elle a oublié comment se déroule un après-sexe immédiat lorsque le partenaire représente quelque chose de plus qu’un service trois pièces à nos yeux.
Câlin, évasion rapide et efficace, deuxième round, mots doux, dodo, pause bouffe... Il faut faire quoi là ?
Vergil
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Lun 10 Mar - 11:17
Après l'extase, Vergil se demanda vaguement s'il serait encore furieux contre Lola après ça, parce que ce qu'ils venaient de faire ne l'empêchait pas d'avoir ce petit côté insolent qui l'avait faite bavarder même en plein milieu de l'acte. Il se retira, jeta un coup d’œil à la salle – le meuble à vaisselle s'était légèrement décalé sur la gauche, et les restes sordides de son mug sombraient dans une flaque de café à ses pieds. Les autres profs pourraient bien avoir des soupçons en sentant cet air chaud et moite effleurer leurs chairs affaissées par le réveil – et se rhabilla, comme d'autres remettent un masque. Son visage, tiré, quelques instants encore par les affres du plaisir, retrouva son contenance tranquille de félin aux aguets, tandis que l'homme refermait son pantalon. Mais Viktor ne comptait certainement pas éviter Lola, ce comportement-là aurait appartenu à un homme regrettant ses crimes, mais maintenant, il ne pouvait qu'assumer d'avoir aimé baiser cette blonde. Il en avait tiré bien trop de plaisirs. Cette dernière affichait d'ailleurs trop de marques à son goût et il se traita d'imbécile en voyant les ecchymoses sur son poignet, les plaies sanglantes qui constellaient ses cuisses nues. Si quelqu'un la voyait traîner dans l'orphelinat avec ces marques-là, il allait sûrement penser que l'éternelle stoneuse avait dû se faire violer dans l'une de ses boîtes de nuit, et l'envoyer direct chez le psy. Vergil lissa le col de sa chemise froissée, cherchant du regard sa veste. Maintenant que tout était terminé, il ne pouvait certainement pas se permettre une autre illégalité, mais il n'avait plus non plus la cruauté nécessaire – ce serait quand même vraiment sale. Mais ce n'était même pas une question de respect de la femme, plutôt une conscience indue de l'état d'extrême misère dans laquelle Lola devait être maintenant – pour lui refuser une cigarette. Tant pis, encore une fois, pour ses principes. Vergil repéra sa veste sur une chaise et la ramassa avant de la tendre vers la jeune fille :
« Pas de problème. Mais on va aller fumer ça dehors. »
Il préférait faire comme si de rien n'était, même si ses chairs frémissaient encore au souvenir brûlant qui les avait marquées. Et maintenant qu'il n'était plus pris au piège entre les jambes de Lola, Vergil se demanda quel comportement adopter. Il n'avait pas assez d'expérience dans ce domaine – à part celui qui concernait le mariage, mais peuh – pour avoir une réponse claire à cette question. Alors il préféra se dire qu'il n'avait pris Lola que comme un simple trou, tirant un trait nerveux sur toutes les sensations qui l'avait empli. Il se jura même que ça ne recommencerait plus, maintenant que ses besoins primitifs étaient comblés, son être était plus calme, mesuré. Il était vraiment temps qu'il se trouve une meuf avec laquelle satisfaire ces besoins-là à l'avenir ; il ne niait même pas avoir ressenti davantage de plaisir dans l'illégalité, mais, décidément, ces situations-là étaient bien trop dangereuses, il s'en rendait compte. Il aurait suffi de peu, même d'un enfant réveillé en sursaut, pour le priver de son travail. Vergil posa un regard nettement refroidi sur la française, comme si celle-ci était la cause de ses questionnements malsains – ce qui n'était pas bien loin de la vérité ; elle possédait maintenant un pouvoir, désagréable, sur sa personne – et il songea que si elle n'était pas si jeune, si différente de lui, il aurait même pu lui demander si elle avait aimé – oh, malgré toute son assurance, il y avait dans chaque mâle un ego bête qui ne demandait qu'à connaître ce genre de détails -. Mais il se contenta de se baisser pour ramasser les quelques gros éclats de tasse qui traînaient à terre. La question posait même des problèmes au quotidien, Lola étant l'une des élèves de son cours, mais il se sentait tout à fait capable de poser sur elle le même regard méprisant qu'il avait pour les autres. Pourtant, au cœur même de cette froideur, il y aurait toujours les frémissements de leurs corps mêlés et avides. L'allemand posa les éclats de vaisselle grossiers sur le comptoir et se dirigea d'un pas rigide vers la porte, pour l'ouvrir, indiquant d'un mouvement de tête à la jeune fille qu'il leur fallait maintenant sortir. Il entendait au loin les premiers éclats de rire des autres adolescents, pressés de se rendre à la cantine pour y savourer une tasse de café :
« Tu comptes aller en cours ? »
Sa voix était toujours un peu brisée par l'effort, mais il lui donna une inflexion froide, bien éloignée de la passion qui l'avait faite trembler. Viktor attendit que Lola sorte dans le couloir et s'y engouffra à son tour, fouillant dans les poches de son pantalon pour en tirer son paquet de Malboro. La question qu'il avait posée était stupide ; il se doutait que la jeune blonde n'aurait pas assez de force – il suffisait de voir sa tête, même avant qu'il ne se compromette en elle – mais sa demande était purement rhétorique. Étrangement hanté par les souvenirs, il se rappela aussi qu'il avait joui en elle. Il tourna la tête, sèchement, vers la française :
« Tu prends la pilule, j'espère. »
Ses doigts tirèrent du paquet deux cigarettes. Il en bloqua une entre ses lèvres et tendit la seconde à Lola, espérant que les barrières resteraient solidement ancrées sur leurs bases. Il ne manquerait plus que ça, que son tempérament sanguin le reconduise entre ses draps, bien trop attaché soudain à la foudroyante puissance de son orgasme. Tsk.
Ça commençait déjà à ressembler à un cercle vicieux.
Lola
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Lun 10 Mar - 21:10
Lola prend la veste tendue – elle s’empresse de l’enfiler et d’enfoncer ses poings dans les poches, s’apprêtant presque à y trouver feuilles slim, pochon de weed et toncar comme s’il s’agissait du sweat tout pourrave d’un de ses gars – et remercie tacitement l’adulte d’un bref signe de tête. Dehors ? Vas-y on s’en bat les couilles, pourquoi on fume pas à l’intérieur ? Voilà ce qu’elle rétorquerait normalement – en fait non, elle dirait rien, elle se contenterait de chopper elle-même la clope et d’la fumer comme ça, le sourcil insolemment arqué – ‘‘Z’allez faire quoi, hein ? Me bombarder de devoirs, me coller jusqu’à la fin des jours ? Allez j’vous attends.’’ Les languissants effluves de sexe après ce qu’on appelle a quick fuck dans ce pays de pluie et de gris possèdent cette capacité à émousser sa langue habituellement acérée, toujours chargée de provocations à railler de sa voix traînante ; même la beuh ne saurait la faire taire ainsi. Du coup elle dit rien quand il ramasse les morceaux de sa tasse – ‘‘Oh c’est mignon m’sieur, vous faites le ménage, ça c’est un bonhomme bien éduqué !’’, lui chuchote une partie d’elle qu’elle entend à peine – ou qu’il l’accable de son regard froid.
C’est ce regard qu’il lui lancera lorsqu’elle se pointera aux cours d’allemand, maintenant ? Moche. Pas très différent de ce à quoi elle avait droit avant – rapidement elle se jure de venir plus souvent en allemand pour le seul loisir de s’acharner à le perturber. On l’a déjà regardée de tant de manières – fascination, désir, dégoût, mépris, désabusement, tout ça elle connaît. Pas les regards froids. Elle est ce genre de personne dont on se souvient rarement avec indifférence – la singularité de son caractère marque, positivement ou négativement, elle marque. Un peu comme Vergil l’a marquée de sa volupté animale.
« Euh ouais ok, murmure-t-elle inutilement lorsque l’intéressé l’enjoint à sortir, franchissant le pas de la porte tout en croisant les bras afin de s’assurer que la veste la recouvre au mieux. »
La soudaine question la surprend tout juste l’espace de quelques secondes, avant de lui inspirer un ricanement désabusé, un genre de ‘‘Haha t’es sérieux là ?’’ rieur, que la blonde accompagne d’une main négligemment passée dans ses cheveux, tentative vaine d’y remettre un semblant d’ordre.
« Très honnêtement m’sieur, là j’compte plus sortir d’ma piaule avant mercredi. D’ailleurs si vous pouviez dire aux pions que j’suis malade, qu’ils viennent pas frapper à ma porte comme des demeurés, à chaque fois on dirait ils me croient morte... »
Quand on destine les misérables deux jours et demi du week-end à vivre, on en gaspille pas une seule seconde. On entame la première soirée – celle du vendredi soir – tout doux, genre on débarque en bande chez un pote, les poches pleines de weed, les sacs lourds de bouteilles diverses et variées et un kebab choppé au grec le plus proche sous le bras, soirée fumette GTA jusqu’à sept heures du matin ; on enchaîne en partant retrouver un gars quelconque avec qui s’faire kiffer dans des raps freestyle tout en fumant pour toute la journée ; le samedi soir on se déchaîne façon Projet X, alcool, MD et sexe à gogo ; petite halte tout de même le dimanche pour décuver, se ressourcer, retrouver une relative fraîcheur pour la dernière nuit... et on rentre à la Wammy’s House. Seulement là, dodo. Pendant deux jours au moins. Y’a rien à faire d’façon, c’pas une perte de sacrifier gracieusement quelques journées à la capricieuse Morphée.
« Euh... »
L’air de rien, Lola cale la clope entre ses doigts et attend que son aîné allume la sienne pour lui piquer le feu. Les mecs avec lesquels elle couche s’inquiètent pas d’ça, habituellement – en général ces mecs pensent à la capote, habituellement. Comment lui dire. Elle a jamais pris la pilule. A quatorze ans, alors que Timothée lui dévoilait les délices de la chair, elle a préféré se contenter du préservatif pour ne pas éveiller les soupçons de sa mère – dur de lui expliquer qu’elle devrait prendre la pilule à cet âge – par la suite, elle y a tout simplement pas pensé.
« ‘Vous inquiétez pas pour ça, je gère, assure-t-elle juste énigmatiquement – ou la façon subtile de dire ni oui ni non. »
Sur ces mots, elle exhale une dense bouffée de nicotine – le réflexe de fumer sur une clope comme sur un joint, de tirer ces lattes énormes auxquelles la parisienne doit les inflexions rocailleuses de sa voix – et, la tête penchée en arrière, s’abandonne à la contemplation songeuse du ciel. La fraîcheur matinale fait courir sur son épiderme lactescent des frissons amplifiés par son hypersensibilité actuelle. La plus douce des brises lui causerait un frémissement. Enfin elle se plaindra pas, pas son genre de couiner façon midinette trop douillette ; la chaleur de ses bras autour de sa silhouette frêle suffira.
« Concrètement, m’sieur. »
Inopinément elle se tourne vers lui, les yeux grands ouverts de ces incertitudes qui lui tourmentent l’esprit. Elle en gagnerait presque les airs ingénus d’une jeune fille inexpérimentée qui attendrait les instructions de son petit-ami – son guide sexuel – afin d’agir.
« Ça s’passe comment à partir de là ? On fait quoi ? »
Vergil
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Mar 11 Mar - 20:13
Il exhala profondément la fumée de sa clope, trouvant dans l'âcre chape qui appesantissait ses poumons un nouveau charme. Alliée au reste de ses plaisirs, la fumée embrumait son esprit. Mais Vergil tâcha de garder assez de lucidité pour rester concentré sur les réponses de la jeune fille. Il se tourna vaguement vers elle, agacé par son ton. Si elle s'attendait à obtenir des privilèges, elle s'était totalement trompée de plan cul :
« Tu t'attends vraiment à ce que je cautionne ça ? Je te propose de sortir de ta chambre pour la dernière heure de cours, aujourd'hui. Six heures devraient te suffire pour récupérer un peu de vivacité mentale. Et étant donné ce que tu as été capable de faire tout à l'heure, je doute que tu sois si fatiguée que ça. »
Ouais, mais en même temps, il s'attendait à ce genre de parade. Pose pas des questions si t'as pas envie d'entendre la réponse. Ou alors, c'était juste pour manifester un peu d'autorité, à cette heure si matinale. Il se demanda si, maintenant qu'il l'avait eue, Lola allait se montrer plus attentive en cours d'allemand – si c'était le cas, il pourrait peut-être se pardonner, un peu, la façon dont il avait cédé. Ramener les élèves dans le droit chemin, en utilisant les moyens les plus tortueux, pouvait coûter biiien cher. Mais à sa réponse suivante, Viktor tourna plus sèchement la tête, alerté par le brin d'insouciance qui traînait dans la voix rauque de la jeune fille :
« .. »
Si elle disait qu'elle gérait, c'était sans doute vrai ? Mais il avait déjà une gosse, et il se passerait bien du danger que lui en apporterait un deuxième – même si dans les faits, c'était lui qui était directement responsable du drame. Un mec prévenant aurait pensé à tout. Mais comment aurais-tu voulu qu'il se lève en connaissant d'avance les pièges qu'allait balancer en travers de sa route le destin facétieux ? Soudain, le goût du tabac lui râpa la gorge, et Viktor écrasa ce qui restait de sa cigarette contre le mur. Le nouveau transfert de pouvoir – même le petit « m'sieur », il n'y sentait pas le M majuscule, mais ce qui devait rester de respect pour le corps enseignant chez Lola lui suffisait - qui s’opérait ne serait pas pour lui déplaire, si seulement il connaissait la réponse à la demande de la blonde. Il se voyait déjà s'engluer dans une relation malsaine, seulement motivé par l'illégalité sur laquelle reposeraient leurs échanges. Et sa vie à la wh deviendrait un enfer, car comment pourrait-il survivre dans cet univers de graines de flicaille en n'ayant pas la conscience tranquille ? Il eut surtout envie de lui dire que, okay, t'es bien mignonne, mais y'a pas de on. J'ai bien assez merdé comme ça, j'ai pas besoin d'autres ennuis. Et si j'ai envie de revenir entre tes cuisses ? J'veux même pas y penser. Comment on appelle ça, déjà ? Une putain d'erreur.
Mais il retint ces paroles aigres, fronçant les sourcils :
« On va revenir chacun à nos vies respectives. Parce que ça ne se reproduira pas. »
Maintenant que ses besoins primaires étaient satisfaits, il put de nouveau se tourner vers elle, pour poser sur son corps mince un regard oú ne s'affichait plus aucun désir licencieux. Vergil se rappela vaguement le frémissement malsain qui l'avait saisi, lorsque Lola avait retiré son tee shirt, et s'étonna d'être maintenant aussi détaché. Il pouvait tranquillement redevenir le connard froid qu'il avait toujours été, tant qu'aucune main provocatrice ne le maintenait dans sa poigne. Il se doutait aussi qu'il n'avait pas besoin de demander à Lola de se la fermer sur ce sujet ; elle était assez grande pour faire ses propres choix, et aussi pour raisonner logiquement. Quoique, se reprit l'allemand en repensant à l'inconstance avec laquelle elle l'avait acculé contre le comptoir :
« Et je te demanderais aussi de te la fermer sur ce qui s'est passé dans cette salle. L'orphelinat se portera mieux sans le savoir. »
Vergil laissa son regard s'adoucir légèrement ; il n'avait pas non plus besoin d'avoir une gamine traumatisée sur les bras. Et le problème avec Lola, c'était qu'elle était foutrement imprévisible.
Un vrai casse-tête féminin.
Lola
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Mer 12 Mar - 0:35
« Ma foi j’aurais essayé, ricane-t-elle. Puis c’que vous m’donnez c’est mieux que rien j’imagine... »
D’façon pour ce que ça lui fait. Aujourd’hui elle daignera feindre la docilité, elle viendra à cette foutue dernière heure ; demain par contre elle décalera pas d’sa chambre, qu’ils envoient le FBI si ça leur chante, elle bougera pas d’un iota. Pas si fatiguée que ça, des barres, il imagine pas c’que c’est, lui, avec ses nuits complètes et ses habitudes de vie globalement saines. M’enfin allez, un compromis ça s’fait à deux.
« N’empêche vous êtes pas cool, vous m’cassez tout là-dedans et après vous m’obligez à aller en cours, vous m’faites un peu un sale coup là. »
Retrouvant peu à peu son goût pour l’impertinence gausseuse au fur et à mesure que la clope détend ses membres crispés, Lola commence soft. Pas la peine de le saouler au point de se retrouver avec un deuxième devoir à torcher en une nuit ; juste de quoi l’agacer un peu pour passer le temps – du temps, elle en a un paquet à revendre. Exorde d’humeur taquine qui évoluerait jusqu’à ce qu’elle retrouve sa verve indolente si la réponse de Vergil ne l’avait pas soudainement refroidie.
Non parce que, ouais, elle voulait pas trop entendre ça – le mec peut lui accorder les regards les plus conciliants du monde, ça y changera rien. Elle s’impose à personne et donc elle a attendu qu’il lui dise comment il voit les choses pour faire en fonction, d’autant plus que dans le cas présent qu’elle s’imagine pas trop avouer à son prof’ d’allemand qui peut pas la saquer qu’elle aimerait bien... elle trouve même pas les mots pour le formuler, bordel. Comment qualifier ce qui lui fait envie ? Pas une relation, trois années de solitude enfumée ça anesthésie tout besoin d’un autre à ses côtés et toute capacité à s’attacher ; pas un plan cul exactement, elle se lasse de tous ces hommes qui la sautent indifféremment pour ensuite la regarder fuir d’un œil vide ; pas de sentiments ; pas de sexe automatique... Y’a pas moyen de définir clairement ce qu’elle veut.
« J’m’en doute merci, j’suis pas teubé, grommelle-t-elle. »
Néanmoins y’a un truc qu’elle dirait sans aucun mal, sans aucune ambiguïté : j’veux pas qu’on revienne à nos ‘‘vies respectives’’.
La blonde visualise pas du tout comment se déroule le quotidien de Vergil, sans doute qu’en dehors des cours il en profite pour faire des trucs qu’il kiffe m’enfin enfermé dans cet orphelinat on a vite fait de se dégoûter même des trucs qu’on adorait avant. Elle, de son côté, elle se fait quand même vachement chier. Il lui semble que progressivement, malgré ses escapades de fin de semaine, elle s’embourbe dans cet ennui qu’elle fuyait sans jamais parvenir à s’en arracher avant de rencontrer Timothée. Quand elle retourne à l’orphelinat, le lundi matin, elle le perçoit dans sa démarche, dans ses pensées, jusque dans sa manière de tirer sur son joint, cet écœurement épuisé d’un quotidien qui se répète, répète, comme si à l’approche de la bâtisse tout ça l’assaillait brusquement.
Putain elle veut pas revivre ça.
« Vous avez vraiment envie de faire ça ? Non parce que j’veux dire – son orgueil de meuf bonne à baiser trace sur ses lèvres un sourire fier – vous pouvez pas nier qu’vous avez kiffé. Et si ça peut rassurer votre ego de mâle viril sachez qu’en tout cas moi j’ai pris mon pied. »
Lola ment pas – elle se donnerait pas tant de mal. Même niquer, elle commence à s’en lasser – ses partenaires défilent sous ses yeux désabusés et toujours elle en tire le même plaisir insipide, bien lointain lui paraît le temps de ses premiers orgasmes. Avec l’Allemand elle a redécouvert le plaisir de se sentir vibrer sous les caresses et les baisers comme une lyre dont un nouvel Orphée pincerait savamment les cordes pour en composer le plus beau des chants.
« On pourrait... »
Elle se tait soudainement, bloquée toujours sur la façon de formuler. Elle parle pas, Lola, d’habitude, elle agit – le comble pour une Word. Encore une chose que sa compagnie majoritairement masculine lui a apprise, tu veux quelque chose tu d’mandes pas tu l’prends et après si on t’le réclame bah tu rends mais sinon tu gardes. Un regard à gauche, un à droite, un dernier derrière, personne à l’horizon, parfait. Inopinément elle se serre contre l’adulte et subtilise à ses lèvres un baiser que l’on croirait chaste si en même temps ses mains ne se faufilaient pas mutinement jusqu’à son séant – même elle juge cette approche trop dangereuse pour sa survie, sauf qu’elle refuse de pas tenter sous prétexte qu’elle trouve pas les mots.
Lola prend en espérant qu’on viendra pas réclamer, quoi.
« Ça. On pourrait continuer ça. En toute discrétion. Juste du cul. Pour tromper l’ennui. »
Vergil
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Mer 12 Mar - 18:34
Vergil connaissait certains esprits sceptiques qui allaient en tomber sur le cul, quand ils verraient la blonde débarquer plus tôt qu'un lundi ne le lui aurait habituellement permis. Malheureusement, il ne pourrait pas se vanter de ses méthodes pédagogiques hors du commun ; ça restait surprenant de voir qu'il obtenait bien plus que prévu, par des moyens autres que ceux qu'il utilisait d'ordinaire. Les menaces et autres joyeusetés avaient toujours glissé sur le visage de Lola sans même froisser sa chair lisse. Devait-il pour autant se remettre en question, s'abandonner à une morale dépravée et tordue dans le seul but de se donner une excuse ? L'homme pencha légèrement la tête, le front soucieux. Entendre la blonde avouer tout haut ce qu'il avait fait ne rendait pas la chose plus facile à assumer. Mais en tant que mâle alpha, il se sentait quand même nettement affaibli dans son autorité, par ces sourires goguenards, et cette insolence crûe. La menacer d'un nouveau devoir ne ferait que mettre en relief le ridicule de la situation et, surtout, le nouveau statut qu'il lui avait accordé. Même les super méchants ont un point faible, hélas. Mais c'était grotesque, d'avoir toujours prôné la constance et ses dérivés, pour soudain se retrouver aussi bas, et l'autre aussi haut :
« Ça ne change rien à ton statut, ni à tes devoirs, ce qu'on a fait. Je ne vois pas pourquoi tu pourrais te permettre d'éviter ton lot quotidien de travail pour la simple raison que tu as baisé un prof. »
Mais après tout, elle était encore une adolescente, probablement pleine d'attentes naïves. Il ne s'habituerait sans doute jamais à l'écart qui le séparait des élèves – de toute façon, on n'attendait pas qu'il s'y conforme, il fallait qu'il garde ce masque de froide ambivalence, sérieux même dans le repos, incorruptible. Il reconnut néanmoins qu'avoir un esprit fort dans une chair faible ne l'avançait pas des masses ; les mots de Lola caressaient lascivement son ego, car quel homme n'apprécierait pas, qu'on lui dise que c'était bien bon, ces attentions, et qu'il fallait recommencer, encore ? Son esprit s'acharna à développer en plusieurs points plus ou moins logiques, les avantages qu'il tirerait d'une relation aussi stupide. La satisfaction quotidienne de ses besoins, ce qui émousserait le tranchant de sa colère. Une femme docile. Un trou glauque oú oublier sa rancœur et raviver ses passions. Mais il faudrait apprendre à survivre avec ça sur la conscience, développer un nouveau côté froidement hypocrite à son masque de colère, lorsqu'il faudrait croiser cette femelle dans un couloir. Vergil regrettait de ne pas simplement réussir à tourner les talons aussi sec, pour ne plus avoir à écouter le long déroulement du désir qui se ravivait. Lui qui avait toujours été translucide dans sa colère, attaché à ses principes de sincérité, lorsque le reste de l'orphelinat se roulait dans une béatitude puérile, comment pourrait-il même mentir sur l'attraction qui étendait ses tentacules gluantes dans son esprit ? Il fut presque reconnaissant à Lola, lorsque cette dernière prit les devants, sans paraître rebutée par sa froideur. Au fond de son sérieux, l'allemand se traita de lâche. Elle devait comprendre qu'il ne pouvait pas, mais la chaleur qui remontait à l'assaut de son esprit lui dévoila, une nouvelle fois, l'étendue de sa faiblesse. Après lui avoir laissé les rênes, elle le dominait, encore, de sa sensualité toute féminine, de la pression de ses lèvres contre les siennes. La main mutine qui s'était collée à ses fesses lui rappela qu'il n'était qu'un homme de la pire espèce, incapable de prendre les décisions responsables, auxquelles il aurait dû même songer dans ce genre de situation. Vergil ne fit qu'imaginer ce que ce serait, d'avoir de nouveau quelqu'un à violenter le soir, lorsqu'il se sentirait trop ivre de solitude pour s'endormir.
Tromper l'ennui. L'allemand sut que son mépris de la femme lui avait aussi caché leurs charmes les plus sournois, car les mots de Lola endormaient sa méfiance. Sa froideur quotidienne l'avait empêché d'appréhender, et sa solitude, bien pire encore, ne faisait que rendre le piège plus alléchant. Il ne parvenait même plus à sauvegarder les apparences, et il songea que ce qui avait commencé par un baiser puéril – un baiser de pure provocation – devait se terminer de la même façon. Il tenta d'éveiller son agacement, pour repousser la jeune fille et ses lèvres tentatrices, effrayé, presque, par la façon qu'elle avait de l'embrasser dans cette cour, là oú, encore, il suffirait d'un hasard pour qu'un regard étranger se pose sur eux. Mais il ne pouvait même nier que cette inconstance dans laquelle sa vie se retrouvait projetée n'était pas pour lui déplaire, à lui, qui avait vécu son entrée dans l'âge adulte comme une résignation. L'allemand avait abandonné tous ses projets d'une existence tourmentée, pour se caler sur l'image d'une vie rangée, monotone, absurde. Même son mariage l'était, tandis que ce que lui tendait Lola, entre ses mains délicates, c'était un tout autre monde, sordide. L'enchaînement de ses pensées ramena en premier plan un roman qu'il avait dévoré lorsqu'il était encore adolescent, The Monk, de Matthew Lewis. Un moine qui sombrait dans l'indécence, parce qu'il avait contenu, par obligation plutôt que par choix, tous les appétit de sa chair tourmentée. Il avait attendu tellement longtemps pour y céder – l’obscénité semblant déjà marquée dans ses gênes – que ses crimes n'en étaient que plus affreux. Vergil, ayant toujours été d'un tempérament sanguin, sentit qu'il était à la place dudit moine, affreusement tenté par les charmes indécents d'une jeune femme. Il baissa les yeux vers Lola, froid, figé dans un mutisme inquiétant, vibrant d'une colère juste. S'il refusait maintenant, qu'est ce que l'empêcherait de le regretter plus tard ? Est-ce qu'une femme de l'extérieur lui offrirait le même frémissement morbide, que l'on ne trouve que dans l'illégalité ? Et surtout, comment accepter, sans dénuder sa faim d'excitation ?
Accepter. Viktor resta rêveur, lorsque son esprit formula sa défaite. Accepter cette humiliation, se traîner entre les cuisses sordides de la française, ressentir de nouveau ce frémissement puissant dans lequel elle l'avait plongé. Et comme pour lui dissimuler tout ce raisonnement sinueux, l'allemand se pencha vers Lola pour capturer ses lèvres. Il capitulait pitoyablement face à la plus grande force que ce monde ait connu, l'absence de puissance physique qui tenait pourtant dans la lascivité bien plus terrible de la femme. La femme, cet être impitoyable. Il espérait seulement que Lola ne le mènerait pas à l’échafaud, comme Dalila l'avait fait en coupant les cheveux de Samson. Et cet exemple lui rappela que s'il cédait cette fois, il ne faudrait plus reculer dans ses retranchements à l'avenir.
« Pourquoi pas. » Murmura-t-il, dans la langue de Goëthe, posant sur sa maîtresse un regard profondément détaché, impitoyable
Lola
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Mer 12 Mar - 23:05
Victoire, crie mentalement Lola tandis que sa langue passe sur ses lèvres écorchées, gratifiées quelques secondes auparavant d’un baiser pour le moins imprudent – elle est visiblement pas la seule à aimer tenter le Diable dans le coin. La froideur, l’impassibilité ne la troublent pas plus que ça maintenant qu’elle sait tout c’que ça cache ; aux regards indifférents de Vergil elle rétorque par des œillades pétillantes d’une espièglerie caustique. Tout ça, au final, elle s’en amuse avec l’insouciance d’une adolescente à laquelle le concept de responsabilités n’évoque rien – l’un des paradoxes typiques du génie, cracher sur la maturité d’une intelligence plus développée que la moyenne pour s’abandonner au détachement aventureux que l’on connaît à cet âge de la vie.
« ‘‘Pourquoi pas’’, c’est pas une réponse, m’sieur, remarque-t-elle en allemand. »
Elle se juge d’humeur à le titiller encore un peu, l’assurance ravivée par cette concession à peine avouée. S’il croit qu’elle s’offre en tant que poupée qui n’ouvre sa gueule que pour gémir, il se trompe sur toute la ligne, ‘faut bien qu’elle trouve ses avantages dans tout ça – en dehors des nuits sauvages tacitement promises par ces deux locutions, bien sûr. Pousser les gens jusque dans leurs derniers retranchements, voir les regards se plisser d’exaspération, les lèvres se serrer d’insultes qu’elles n’osent pas cracher, les traits se crisper sous l’influence d’une colère tout juste réprimée, rien ne l’éclate autant – beuh et rap mis à part – mais surtout rien ne l’intéresse autant. Comment telle personne va réagir à ses provocations indolentes ? Est-ce qu’elle va cautionner, est-ce qu’elle va se vénère ? A croire qu’elle attend celui ou celle qui finira par lui mettre son poing dans la gueule. Des fois – submergée par ce qu’elle nomme doctement une défonce introspective, en général – elle se demande ce qui l’attire tant dans la réponse face à une agression verbale ; des fois elle parvient à une réponse qu’elle s’empresse d’oublier trois minutes après – c’est ça avec la verte, penser c’est une course contre la montre et si tu t’arrêtes même un millième de seconde, game over – bien qu’elle s’avère toujours être la même.
C’que tu recherches désespérément dans la fureur de l’autre, ma pauvre Louison apathique, c’est toutes ces émotions dont tu ne vibres plus depuis des années maintenant, l’âme et le cœur anesthésiés par le joint. Tu veux les lointaines et vagues réminiscences de tout ce à quoi on se sait humain. La colère, la tristesse, l’embarras. Tout ça, tu t’en souviens juste assez pour en reconnaître les signes chez ceux que tu malmènes de tes moqueries nonchalantes ; un jour sûrement tu oublieras complètement – pleurer, vociférer, balbutier ne représenteront bientôt plus que des comportements étranges dont le sens, la portée t’échappent.
« Puisque vous en êtes rendu à succomber à la tentation – t’inquiète pas m’sieur, se retient-elle d’ajouter, ça arrive même aux meilleurs d’entre nous –, vous pouvez au moins l’assumer pleinement, non ? Vous êtes un homme, non ? Alors arrêtez d’vous voiler la face : vous vous êtes tapé une élève et vous vous la retaperez plus ou moins régulièrement, le détournement d’mineur c’est pas si terrible que ça vous savez. »
Elle plonge son regard – la hardiesse en illumine le smaragdin vitreux – dans celui de son prof’, jouant plus audacieusement tout en sachant pertinemment qu’en ces lieux il se tiendra à carreau. L’énergie qu’elle déploie à énerver son vis-à-vis alors qu’elle en manque cruellement l’époustoufle. Ainsi que le buzz éphémère d’un café serré à l’italienne, le dynamisme paisible dont on se gorge parfois après une nuit – ou un matin – torride finit toujours par s’estomper pour engourdir nos membres d’une fatigue plus grande encore que celle qu’on traînait avant de s’adonner aux plaisirs de la chair. Lola discerne chez-elle les symptômes de cette descente – début de mal de tête, ébauche de nausée, flanchements presqu’imperceptibles de ses jambes...
« Ah et pour vous répondre. Si j’suis claquée c’est la faute à qui au juste ? »
Pourtant elle enchaîne et enchaîne inlassablement, miraculeusement stimulée par la perspective de saouler Vergil. C’en est à la fois puéril, héroïque et désespéré. Peut-être qu’elle s’acharne aussi pour se distraire de cette envie opiniâtre de ganja qui accapare son esprit.
Finalement la blonde se détache du susmentionné, tirant les ultimes bouffées de nicotine sur la cigarette avant d’abandonner négligemment le mégot au sol. Des yeux elle suit la trajectoire d’un groupe de jeunes filles – douze, treize ans peut-être – dont les gloussements ingénus résonnent jusqu’à eux et instinctivement elle baisse la tête, l’air de rien. Ça paraîtrait suspect si on les surprenait ensemble de si bonne heure, même s’ils se contentent de fumer sagement.
« En fait c’est trop con c’que j’fais, rit-elle soudainement, on m’reconnaît limite plus à la touffe qu’à la face j’crois. »
Spoiler:
Ndlr (j'ai toujours rêvé de mettre ça) : en italique, c'est quand les deux gentils gens parlent en allemand.
Vergil
Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ] Jeu 13 Mar - 18:03
Mais quelle sale petite peste.
Vergil regretta de ne pas pouvoir la frapper, comme tout homme viril aurait pu le faire, un demi siècle plus tôt, mais comme on le dit si bien en Allemagne, on ne fout pas des claques à des petites filles. Car, Lola, même avec sa langueur d'un autre âge, restait une gamine. Une gamine qui tentait visiblement de le faire sortir de ses gonds, à grands coups de répliques cinglantes. L'allemand regretta aussi que son jugement précèdent ait placée la jeune fille à un stade de tentatrice expérimentée, il lui avait donné trop d'importance, et elle devait le sentir, pour oser se permettre un tel comportement. Ce genre de mimiques stupides, mi-garce, mi-nymphette, lui tapait gravement sur le système, et Vergil brisa d'un froncement de sourcils l'aberrante collision des mots de Lola contre son esprit :
« Mais je l'assume parfaitement. Je pensais aussi que ce genre de choses t'apprendrait à tenir ta langue quand il le faudrait, et non à parler tout le temps dans le seul but de remplacer le vent qui souffle dans ta caboche. »
Parce qu'ils n'étaient pas les seuls à parler allemand dans ce bas monde, et Lola semblait bien décidée à étaler tout son raisonnement tortueux en public, la petite garce. Il se demanda aussi ce que le joint la pousserait à dire, si jamais elle traînait avec les mauvaises personnes, un long discours bien poussé sur les vertus de la bite d'un prof, sans doute, avec l'aisance d'une sorte de Platon des temps modernes. Mais Platon, lui, avait au moins eu la décence de dire des choses sensées :
« Mais c'est que tu te cherches des excuses, en plus ? »
Vu l'agenda d'une soirée Lolienne, qui n'était plus un mystère pour personne dans le microcosme qu'était l'orphelinat, Vergil ne comptait pas cautionner ce genre de discours aberrant. Dire un truc du genre, oh pardon, ma chérie, va dormir, aurait été tellement loin de son caractère habituel, qu'il se serait permis un sourire cynique pour épicer sa réponse :
« Si t'es crevée, je penserais plutôt à incriminer le joint, que tes éventuelles parties de jambes en l'air. Alors, sois mignonne, ne repousse pas la faute sur moi. »
Viktor sourit, froidement, lorsque la jeune fille daigna quand même se décoller de lui. Le troupeau de pisseuses qui paissait paisiblement au loin suffirait à la maintenir à une distance respectable. Comme le disait le dicton, vivons heureux, vivons cachés. Mais il reconnut qu'il avait choisi la mauvaise maîtresse, en cédant à ces charmes bavards. Oh. Il aurait pu sortir, rencontrer une femme probablement encore plus emmerdante – les femmes étant toujours trop bavardes - dans une boîte de nuit sordide, l'Angleterre n'en manquait pas ; pourquoi donc avait-il choisi la difficulté ? Surtout que cette chienne pensait à présent pouvoir se permettre de lui marcher dessus. Ce monde était absurde ; les profs les plus respectables se compromettaient, pieds et poings liés par la volupté, pour dix minutes de plaisir. Il verrait bien plus tard si le jeu en valait la chandelle, mais en attendant, il avait surtout envie de lui indiquer la salle de colle, pour lui apprendre à fermer sa grande gueule :
« Là, même avec tes cheveux, le doute peut persister. Ce serait surtout à ton parfum de shit que tu te distinguerais. »
Quoique, des salopes avides de drogue, y'en avait bien plus qu'on ne pourrait le penser, dans cet orphelinat. Une satisfaction morbide l'envahit, lorsque l'allemand songea que, s'il ne pouvait la maltraiter physiquement, il pouvait au moins lui faire mal à l'oral. C'était si facile à briser, une adolescente, si fragile, qu'il se demanda pourquoi il devrait retenir sa tyrannie pour le simple prétexte qu'elle était un bon coup. D'autres filles s'en seraient pris plein la gueule pour moins que ça. Il n'abusait pas de son pouvoir, non, il se contentait de remodeler son costume de tyran à sa taille, calant sur son visage un air de profond mépris.
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Sujet: Re: Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ]
Meurtre parfait. Meurtre raté [Lola][- 18, les enfants][TERMINÉ]