I will be your misery, I’m gonna be your hell
I will be your misery, and I wish you well, in hell
I’m digging graves, seven deadly tombs
I’m digging graves, below that crazy moon

Les tombes le défiaient.
"Nous sommes mystérieuses. Nous sommes âgées. Nous te cacherons tous nos secrets, quoique tu fasses."
Elles l'irritaient, ces tombes.

Certaines, complètement recouvertes par de la mousse, ne pouvaient même plus être identifiées : le type enterré là ne devait plus être que poussière depuis bien des décennies, et personne ne se souvenait de son existence. Il n'était plus rien. Plus rien qu'une vieille tombe décrépie. Juste à côté, l'italien parvint à déchiffrer un nom et des dates, en éclairant les tombes avec son téléphone portable : "Lucy Baker", âgée de dix ans. Emportée par la peste peut-être ? Depuis combien de temps la bâtisse de l'orphelinat trônait-elle à cet endroit de Winchester ?

Peu importait. L'heure était aux ombres. Aux zombies pourris et à la profanation.

Il jeta un oeil à son portable rapidement, vérifia que l'autre idiote lui avait répondu, et ne jugea pas nécessaire de dire autre chose que "Ramène-toi vite au lieu d'essayer d'y couper en mourrant dans les escaliers". Hurricane ne savait pas bien pourquoi il avait proposé à cette crétine de venir avec lui. Probablement qu'il l'aimait bien, au fond, aussi idiote qu'elle puisse être. Et puis elle au moins, elle comprenait. Elle comprenait l'attrait de potentiels zombies.

Hurricane : "Hey Creamy ! Je suis là ! Viens ici !"

En lui faisant signe, près d'une pierre tombale un peu plus large que les autres. Il l'observa avec un petit air goguenard :

Hurricane : "Je pensais que tu te défilerais. Finalement t'es peut-être pas aussi faible que je le pensais."

I am not the guy I used to be,
not since he put me away
I left half my brain behind, back in that crazy place
Does that mean... that I am insane
Does that really mean... that I am to blame... NO NO NO

Putain, qu'est-ce que tu hais les zombies.

Mais c'est pas comme si t'allais le dire, surtout que l'autre abruti te lâcherais plus. Non, le concept du mort-pas-si-mort-que-ça qui marche, c'est marrant, mais quand il est en train de te bouloter le bras tu rigoles un peu moins. Mais bon, tu as confiance en toi, et de toute façon vu l'artillerie que t'as prise avec toi, le premier zombie que tu entends gazouiller tu lui fais faire connaissance avec madame la batte de baseball. Non mais. En attendant tu cours comme une dératée dans les couloirs, te fracassant les genoux dans l'escalier au passage pour essayer de rejoindre l'autre shape dans les temps, ce qui était un peu mission impossible.

Surtout quand tu t’arrêtes pour regarder le message que t'as reçu qui est exactement comme tu t'y attendais : absolument pas constructif. Mais il te fais rire, alors on s'en fou. Tu sais même plus dans quelle direction il est ce cimetière à la noix. Après la chapelle genre, tu crois. Ouis c'est ça, des rangés et des rangés de pierres tombales s'offre maintenant à toi. Et t'y vois absolument pas à deux mettre de toi. Et la lampe est dans le sac. Génial. Tu pourrais tout aussi bien t’arrêter cinq minutes et fouiller dans le sac mais non, faut croire que c'est trop pour toi alors t'y vas à l'aveuglette, marchant sur - oh putain des ronces.

Cinq minutes plus tard et une lampe de poche en main, tu rejoins enfin Henriette que tu aurais surement loupé s'il ne t'avais hélée, vu que la plupart des pierres tombales sont plus imposantes que toi - et tu tiens à préciser que c'est les pierres qui sont exagérément grosse, et pas toi qui est petite.

Hurricane : "Je pensais que tu te défilerais. Finalement t'es peut-être pas aussi faible que je le pensais."

Haha, si seulement il pouvait entendre ton estomac se révolter contre le stress montant jusqu'à ta gorge.

Dreamy : "J'suis pas un Riddle moi, j'ai quelque chose dans les tripes !" Oui, une envie de vomir précisément même.

Un bruissement se fait entendre aux alentours, et tu tires une grimace pas si confiante que ça. Bordel, tu as déjà dis que tu haïssais les zombies ? Ta batte en main, tu tapotes anxieusement la statuette de la Vierge à côté de toi, juste pour voir si c'est pas juste un con de serpent qui s'était réfugié dans le berceau qu'elle tiens. Mais non, et en plus maintenant, la Vierge à plus de tête. Tu pensais pas avoir tapé si fort pourtant. D'ailleurs, la boite crânienne de pierre fini par s'écraser sur l'entrée d'un caveau, achevant définitivement le grillage qui ne tenait déjà plus debout.

Okay. Bon. Récapitulons : t'as explosé la plante en pot de ta coloc ce qui t'as fait (re)découvrir ton portable qui justement se met à vibrer parce que l'autre abruti se sent seul dans son cimetière, du coup tu ramènes tes fesses ici alors que t'as la phobie de tout ce qui est mort mais qui bouge encore pour décapiter la Vierge Marie avec la même batte qui a fracassé la plante en pot, ce qui a fait que les voies du Seigneur veulent que tu entres dans ce putain de caveau auquel tu viens d'amocher ce qui restait de la porte grâce à la tête de la mère du Christ qui a fait le plus beau vole plané de statue qui n'as jamais été donné de voir. Et en plus, si Kaplan ou Moriarty découvre ça, t'es pas sûr de voir Noël cette année.

On peut dire que t'es baisée.  

I can't hear her breathing
Something doesn't seem right
Killer in the hallway
We're living on a set time

Dreamy : "J'suis pas un Riddle moi, j'ai quelque chose dans les tripes !"

La petite chose brune n'avait pas l'air crédible une seconde. Devant l'italien se tenait une version menue d'un petit zombie, même dans l'obscurité il pouvait discerner son teint pâle et son expression nerveuse : elle se donnait l'air costaud mais elle avait l'air toute petite. Et les petites choses stressées sont presque plus dangereuses que des zombies : la preuve, la Vierge Marie, statue démoniaque et agressive au possible, venait d'être exterminée à coup de batte de baseball. L'italien avait fait un bond sur le côté pour esquiver une potentielle attaque à son intention, et il éclata de rire en voyant l'état de la statue et de la porte du caveau. Elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle avait asséné sa batte avec une violence inouïe contre la pierre.

Hurricane : "Eh, c'est pas grave, elle était pas bien jolie cette statue, mais tu sais quoi ma petite quiche préférée, tu devrais pas mentir. T'es totalement flippée."

Il s'approcha tranquillement d'elle et lui prit la batte de baseball des mains, autant éviter que si un première année innocent s'approchait par derrière il finisse dans le même état que la Sainte Vierge.

Hurricane : "Donne-moi ça. Toi tu prends la lumière. Je te défendrai des méchants zombies, même si y'a pas grand chose à bouffer dans ta boîte cranienne apparemment..."

Avec un petit sourire mesquin, il poussa un peu les décombres de l'entrée du caveau et y glissa la tête.

Hurricane : "Eclaire-moi grosse nouille !!!! Si ça se trouve c'est bourré d'insectes et je tiens pas à finir bouffé par des chauve-souris ! Et si y'a un cadavre pas trop loin là-dedans je tiens pas à me retrouver dans le noir tout seul en sa compagnie !!!"

I am not the guy I used to be,
not since he put me away
I left half my brain behind, back in that crazy place
Does that mean... that I am insane
Does that really mean... that I am to blame... NO NO NO

Hurricane : "Eh, c'est pas grave, elle était pas bien jolie cette statue, mais tu sais quoi ma petite quiche préférée, tu devrais pas mentir. T'es totalement flippée."

Ça sert plus rien de nier maintenant. Tu répliques quand même avec un faible "gnagnagna" puérile à souhait, juste pour avoir le dernier mot, faute d'avoir le plus de courage. Tu le laisses même te désarmer, ne trouvant absolument rien pour garder ta batte chérie avec toi.

Hurricane : "Donne-moi ça. Toi tu prends la lumière. Je te défendrai des méchants zombies, même si y'a pas grand chose à bouffer dans ta boîte crânienne apparemment..."

Quand tu voix le résultat qu'à causé un bruissement de feuilles, tu penses que ouis, ce serais plus sage si tu lâchais ça. Tu tires la langue en guise de réponse, car tu n'as toujours rien à répliquer - à comprendre : rien à répliquer qui ne t'enfonce pas plus que tu n'es déjà - et tu prends sagement la lampe comme demandé. Après tout c'est lui qui a la batte maintenant, vaut mieux pas trop le contrarier, il devient stupide quand il sait pas quoi faire de ses dix doigts et de sa voie. Mais vu le sourire supérieur "t'as les chocottes et pas moi" qu'il vient de te lancer, tu ne penses pas tenir très longtemps cette résolution, tant pis pour ta tête.

Hurricane : "Eclaire-moi grosse nouille !!!! Si ça se trouve c'est bourré d'insectes et je tiens pas à finir bouffé par des chauve-souris ! Et si y'a un cadavre pas trop loin là-dedans je tiens pas à me retrouver dans le noir tout seul en sa compagnie !!!"

Roh ça va. Tu peux même pas bouder en paix qu'il s'est déjà engouffré dans le caveau, pignouf. T'as bien envie de le laisser là tout seul comme un con tiens. Mais t'es trop gentille, ou alors encore moins téméraire que tu ne le pensais, et tu suis mônsieur dans les profondeurs noir et ténébreuses de la tombe. T'as presque l'impression d'être dans Indiana Jones tiens. Pour le coup tu siffles l'air, en priant pour qu'aucun rocher à tête chercheuse n'est eu la bonne idée de se planquer dans un coin, éclairant un endroit plutôt euh, lugubre. Et vide. Bon, c'est une tombe hein, mais t'aurais bien aimé trouver une statuette incas, un passage secret ou des escalier qui s'enfonce encore plus dans les profondeurs de la terre, exactement comme ceux devant toi et l'autre orgueilleux. Tu kiffe pas autant que tu l'avais espéré bizarrement.

C'est pas comme si vous aviez déjà violé la tombe de quelqu'un avec la tête d'un des plus grands symboles religieux made in Terre, mais t'es pas sûr de vouloir regarder à quoi ressemble un corps en décompo' avancé. Enfin tu sais pas, mais t'as apporté de la bouffe, alors c'est peut-être pas super judicieux avant de manger. D'ailleurs, on est en train de profaner la sépulture de qui là hein ? Le Pre. Premmmmm. Premi. Premier ! Le Premier ! Super nom, j'adore. Si seulement cette jolie araignée de la taille de ton poing pouvais se décaler juuuuste un peu, histoire que tu connaisse au moins le prénom de cette personne. Mais t'as pas peur des araignées toi, donc tu la prends dans ta main, elle est pas méchante, elle gigote même pas ! Faut juste trouver un endroit où la poser. Idée diabolique. Tu ne vas pas le laisser seul dans un caveau, oooh non.

Dreamy : "Hey Hurry, t'aimes les araignées ?"

Parce que tu lui en a laissé une jolie sur l'épaule en fait.

Hold your breath and count to four
Pinky swears don't work no more
Footsteps down the hallway floor
Getting closer to my door
I was alive but now I'm singing


Whisper, whisper, don't make a sound
your bed is made it's in the ground

Les escaliers en pierre couverts de mousse gênaient sa progression. Des vieilles feuilles mortes faisaient crisser chacun de leurs pas. L'italien se laissait guider par le rayon de lumière blanche que la demoiselle envoyait vers le fond du caveau : armé de sa batte, il se sentait également comme un héros d'épopée mystérieuse. Peut-être que comme Indiana Jones ils trouveraient dans les tréfonds de la Terre des restes d'un vaisseau alien... Peut-être que ce caveau mystérieux ETAIT le vaisseau ?

Ses mains tremblaient en peu en visualisant la scène, il aurait donné un rein et toute sa famille pour que ça arrive. Il aurait tout vendu pour avoir le droit de poser les yeux sur des aliens enterrés là depuis la nuit des temps, attendant leur heure, sagement. Totalement perdu dans ses pensées, il finit par se rendre compte qu'il n'était plus éclairé : en effet, l'imbécile qui lui servait de compagnon, aussi idiote que Willy dans Le Temple Maudit, était plus intéressée par quelque chose sur le mur. Willy, la blondasse qui tripote les statues mystérieuses ou qui actionne les pièges avec ses fesses parce qu'elle sert absolument à rien.

Hurricane : "CREAMY BORDEL J'Y VOIS PLUS RIEN-"

Il fut interrompu par la question de la brunette, et la fixa avec l'air incrédule.

Hurricane : "Comment ça est-ce que je-.......... AAAAAAAAAAH BORDEL DE MERDE DE PUTAIN DE BORDEL WOW DEGAGE DE LA DEGAGE"

L'araignée fit un vol plané magistral vers le fond de la tombe et Hurricane fit quelques bonds sur lui même en s'époussetant l'épaule, visiblement très irrité par la petite blague.

Hurricane : ".............. Toi. Toi. La prochaine fois que tu ESSAYES de me faire peur, je te jure que la batte elle finit SUR TA TETE DE MACAQUE QUI IRA REJOINDRE LA TETE DE LA VIERGE A COTE DU CADAVRE QUI TRAINE LA EN BAS. ET JTE FAIS BOUFFER L'ARAIGNEE AUSSI. ..... Tche."

Oui, en gros, traduction, il a eu peur. Bien joué.

We are young!
But we have heart!
Born in this world as it all falls apart
We are strong!
But we don't belong!
Born in this world as it all falls apart

Hurricane : "Comment ça est-ce que je-.......... AAAAAAAAAAH BORDEL DE MERDE DE PUTAIN DE BORDEL WOW DEGAGE DE LA DEGAGE"

C'EST TROP BEAU. Le spectacle d'un Hurricane qui s'époussette à s'arracher le bras tout en sautillant comme une fillette autour de la salle était à en mourir de rire. Ce que tu t'empresses de faire. Tu en as mal aux côtes et les larmes commencent à se former aux coins de tes yeux. Tu voudrais bien arrêter juste deux minutes de te foutre de sa gueule lorsqu'il t'engueule, mais t'es juste trop occupée à reprendre ton souffle. Vraiment, tu n'as aucuns regrets, même si tu dois perdre ta tête.

Hurricane : ".............. Toi. Toi. La prochaine fois que tu ESSAYES de me faire peur, je te jure que la batte elle finit SUR TA TETE DE MACAQUE QUI IRA REJOINDRE LA TETE DE LA VIERGE A COTE DU CADAVRE QUI TRAINE LA EN BAS. ET JTE FAIS BOUFFER L'ARAIGNEE AUSSI. ..... Tche."

Nouvelle crise de rire, t'arrive même plus à produire de sons. Les larmes dévalent maintenant tes joues, ta face écarlate, et tu peines vraiment à respirer. Tu prends ton temps pour te calmer, respirant de grandes bouffées, avant de prendre la fuite vers les escaliers, oubliant totalement ta peur et tes doutes, ta petite blague t'allégeant le cœur.

Dreamy :"Ben alors, qu'est-ce que t'attends ?"

Ta voix est à peine moqueuse, plus comme un gosse auquel on avait annoncé que le Père Noël et le Lapin de Pâque l'attendais dans la salle suivante. Il avait beau être un idiot de première, on peu dire que tu adorais Henriette autant qu'il pouvait t'irriter. Descendant le reste de ce qui avait du être un escalier, tu t'amuses à te battre au sabre laser contre la poussière et les toiles d'araignées - les chères amies  d'Hurry - avec le faisceau de lumière parfait que tu produis dans l'obscurité de plus en plus présente au fur et à mesure que l’expédition avance.

Dreamy : "Bjzjzjzj, bjzjzjzj ! Hey, bouge toi un peu ! C'est toi qui étais pressé !"

Facile à dire pour quelqu'un qui avale les marches quinze par quinze. Le sourire jusqu'aux oreilles, tu atterris dans ce qui semblerait être un couloir vu les échos qui t’atteignent. Des choses grouilles dans tout les coins et ta lampe est trop faible pour éclairer ne serait-ce que le mur à ta gauche, mais tu es encore de trop bonne humeur pour t'en soucier. Tu fouilles dans ton sac à la recherche de ta lampe de camping, bien plus puissante et te retourne tout sourire vers la nouvelle découver-

Oh putain.

Pas des zombies non.

Une putain de catacombe.

this is halloween

Il n'y avait rien de pire que de partir à l'aventure avec un compagnon qui vous enquiquine. Son rire stupide résonnait contre les murs de pierre comme une torture supplémentaire pour le pauvre italien dont la peau frémissait de dégoût à l'idée que d'autres de ces saloperies à huit pattes pouvaient être là sur lui en train de se balader à l'instant où il parlait. Peut-être que ce sentiment de chatouillis dans son cou- AH !!! Non. C'était ses cheveux. Mais ça aurait pu être une araignée énorme et mortelle. Ou pire.

Dreamy : "Bjzjzjzj, bjzjzjzj ! Hey, bouge toi un peu ! C'est toi qui étais pressé !"

Hurricane : "C'est ça espèce de grosse chieuse, fais la maligne, on rira moins quand je t'aurais enfermé là-dedans et que j'oublierais de prévenir les profs que tu t'es CASSE LA JAMBE DANS LA CRYPTE-"

Il fut interrompu par la brunette dans laquelle il se cogna en descendant les escaliers, et il eut à peu près la même réaction qu'elle en voyant le sous-sol mystérieux qui s'offrait à leurs yeux, dans la semi-pénombre.

Hurricane : "...... Creamy. On va peut-être trouver un trésor. Ou mieux : des tas de crânes humains. Je ramasserai des os et j'en ferais un MEUBLE. Ou peut-être que j'en ferai des bijoux. Un putain de collier en fémur. Nan un bracelet en osselets !"

On aurait dit un gamin devant le sapin de Noel, ouvrant un paquet de spyrograph atelier magique dans les années 90. Avec les yeux qui brillent en prime.

It's our town, everybody scream
In this town of Halloween

Hurricane : "...... Creamy. On va peut-être trouver un trésor. Ou mieux : des tas de crânes humains. Je ramasserai des os et j'en ferais un MEUBLE. Ou peut-être que j'en ferai des bijoux. Un putain de collier en fémur. Nan un bracelet en osselets !"

Tu ris un peu, que ce soit de ses conneries et du foutoir devant toi. T'avais bien raison, Noël t'attendais dans cette salle, et même si c'est putain de macabre, c'est trop cool. Une liste des saloperies que tu pourrais attraper en touchant ne serait-ce que l'un de ces os te passe vaguement par l'esprit, vite chassé par la pensée que, bordel, vous venez de découvrir un de tas d'ossement. Tu traine, sautille et tourniquote un peu dans la salle, découvrant les joies d'entendre les craquements des restes d'humains sous ta semelle et du doux bruit des petites bêtes qui grouilles dans tous les coins, ainsi que des cris strident de rats aux plafonds et-

Stop.

Des cris stridents de rats. Au plafond.

Les araignées, cafards, serpents, alligators, mythes, moustiques et papillons tu peux gérer. Oui. Mais ça. Ça. Tu préférerais t'être trompé, bien sûr que tu t'es trompé, t'es pas brillante pour une surdouée, et ça arrive à tout le monde de devenir parano quand on s'aperçoit que sa peur est juste au-dessus de sa tête, hein. Mais non, tu sais au fond de toi, qu'il n'y a que ça qui fait de bruits de rats autres que les rats eux mêmes.

Tu lèves la lampe et ta tête, te préparant mentalement à flipper ta race.

Et bien sûr, tu avais raison. Merde.

Dreamy : "CHAUVE-SOURIS !"

C'est la seule pensée que t'arrive à formuler à part "MERDE MERDE MERDE MERDE". La lampe que tu as lâchement abandonné - avec l'autre débile, mais c'est le dernier de tes soucis là maintenant - n'a même pas le temps de toucher le sol avec un 'CLONC' sonore que tu avales déjà les escaliers, fuyant lâchement avec des petits gémissements angoissés pour aller avec.

Et si l'autre se la ramène, tu jures sur ta collection de goodies que tu lui fait cadeau d'une jolie tarentule entre ses draps.

Come on down to the other side
Come with us through the gates of hell
We will drag you from where you are
To where you belong

Pourquoi n'avait-il jamais pris le temps de découvrir ce qui se cachait dans les tréfonds de ces tombes ? Il avait pourtant été un sale gosse assez longtemps pour avoir envie de fouiller partout, de retourner tout le grenier, de soulever chaque feuille de la forêt derrière l'établissement pour voir si elles ne cachaient pas des trésors ou des créatures mystérieuses venues d'une autre galaxie ; peut-être qu'il n'avait osé entrer ce jour-là avec Dreamy que pour jouer les gros durs, et qu'au fond de lui il avait bien trop les chocottes pour y aller tout seul au beau milieu de la nuit ?
Ca, il ne fallait pas qu'elle s'en doute, ni même qu'elle le soupçonne.
De toutes façons, à l'heure actuelle, les ossements de tous ces inconnus morts depuis des décennies le fascinaient bien trop pour qu'il se préoccupe d'avoir peur.

Hurricane : "Regarde-moi ce crâne !!! On dirait que le type est mort hier, t'as vu, il a encore toutes ses dents et la mâchoire inférieure !!! Tu penses que je peux le sortir de là et le mettre dans ma chambre ? Je dirais que c'est un faux. Je pourrais graver des trucs dessus. Genre des pierres. Tu sais, genre, mettre des grosses pierres semi-précieuses dans les globes oculaires. La classe. Hé, Creamy bordel tu m'écoutes ?! REMETS LA LUMIERE SUR-"

Dreamy : "CHAUVE-SOURIS !"

L'italien sursauta en l'entendant hurler soudainement comme ça sans prévenir ; il eut juste le temps de voir la lumière éclairer quelques chauve-souris pendues au plafond qui, ah oui, couinaient plutôt fort ; il n'avait pas fait attention jusque là, parce qu'elles étaient dans le fond et que leurs pas résonnaient trop fort sur les dalles mais maintenant qu'elle les avait dérangées, leur présence était plus que visible... Enfin, durant les dix secondes où la lumière les éclaira, puisque Dreamy laissa sauvagement tomber sa lampe au sol avant de fuir comme une lâche.

Hurricane : "DREAM BORDEL CEST QUE DES CHAUVE-SOURIS CA VA PAS TE BOUFFER !!!"

Autant les araignées c'était un drame social, autant quelques petits rongeurs volants, ça ne lui faisait ni chaud ni froid ; il ramassa la lampe en grommelant en italien, fortement irrité par la lâcheté de la dame... Avant de voir qu'une araignée monstrueuse vivait dans le crâne qu'il tenait à la main, qui valsa contre le cercueil le plus proche, quand il se mit à courir aussi vite que Dreamy jusqu'à la lumière de la Lune hors de la tombe.

Hurricane : "........."

Il reprit son souffle calmement, la main posée sur le mur de la crypte.

Hurricane : " .... Alors moi j'ai pas eu peur ni rien du tout, mais franchement, tu fais chier à te tirer comme ça sans prévenir, ça m'a obligé à te courir après pour surveiller que tu te fasses pas mal !"

Oui alors les excuses crédibles, c'était déjà pas son fort, mais là il venait de battre son record.

ARGH
*CRONCH*

T'as même pas le temps de comprendre que t'es déjà sortie – dieu merci. Pendant un instant, tu penses que l'autre n'en a rien à carrer que tu te sois barré, avant qu'il n'arrive aussi paniqué que toi. Mouis. Tu le questionneras dès que ton cerveau sera assez oxygéné.  

Hurricane :" .... Alors moi j'ai pas eu peur ni rien du tout, mais franchement, tu fais chier à te tirer comme ça sans prévenir, ça m'a obligé à te courir après pour surveiller que tu te fasses pas mal !"

…ça paraissais foireux comme prétexte ça. Mais c'est déjà bien aimable à lui de ne pas soulever le fait que tu as été une trouillarde, alors laissons le tranquille, surtout que tu as d'autres préoccupations pour le moment. Comme, par exemple, reprendre ton souffle bien que tes poumons ne veuillent plus aspirer, ou juste empêcher ton cœur de se faire la malle à travers ta paroi pectorale, merci, ce serais gentil. Entre ta respiration saccadé – bordel, c'est toute cette poussière qui te fais ça ? - et les jérémiades de l'autre, c'est un miracle que tu ais entendue les bruits de pas allant dans votre direction. Par réflexe, tu plaques ton dos derrière la première pierre tombale que tu trouves et jette un coup d’œil derrière. Yep, faisceau lumineux typique d'une lampe de poche, grande ombre qui se dessine à la lumière de la lune, c'est certainement pas un orphelin, et la démarche trop sûr n'indique en aucun cas la possibilité que ce soit un zombie. Zut.

Henriette n'a pas l'air d'avoir capté ton petit manège, dos à l'inconnu, et toi, petite sotte que tu es, es trop occupée à être prise par une toux démentielle pour déloger le truc dans ta gorge....aaaah, c'était donc pour ça que t’arrive pas à respirer normalement. Et ben. BORDEL Y'A UN TRUC DANS TA GORGE oh merde merde merde, pourvue que c'est pas vivant, c'est pas vivant, s'il vous plaît CA A BOUGE, non ça a bougé juste parce que tu as toussé, voilà, tout doux, stap, c'est pas vivant c'est pas vivant, tu vas mouriiiiir.  

Note n°12 645 : il n'est pas facile de faire comprendre a un DEMEURÉ PROFOND qu'il faut se tirer d'ici en vitesse quand on est en train de s'étouffer.

Bon, on va pas dire que la toux très discrète, que tes gestes saccadés et le mono-neurone qui sert de cerveau à ton poto aient beaucoup aidés, mais il aurait pu comprendre bordel, au lieu de rester là à parler à une voie haute, soit beaucoup trop forte pour la situation. T'étais en train de le tirer par la manche désespérément quand une main de géant s’abat presque violemment sur ton épaule, t'emprisonnant dans un poigne féroce.

Au moins, ton arrêt cardiaque t'as fait recracher un beau papillon à moitié digéré.

I always feel like somebody's watching me
Tell me, is it just a dream

Une rage profonde brûlait tous ses membres ; non seulement il s'était montré parfaitement lâche, mais en plus du coup il avait perdu son superbe crâne qu'il avait probablement fait tomber en miettes en le balançant contre le mur... Et pour empirer encore la situation, voilà que la brunette se mettait à cracher ses poumons sans aucune raison, rendant très limitées leurs possibilités de discrétion.

Hurricane : "Tu vas te taire ?! On va nous entendre !!!! T'es vraiment une emmerdeuse, j'ai paumé mon crâne à cause de toi, j'en ai rien à foutre tu vas retourner là-dedans me le chercher. Arrête de tousser ! Je te parle !!!!!

En effet, le deumeuré profond semblait être incapable de comprendre le langage physique de base signifiant "NOOOOOOON HURRICANE CESSE DE PARLER CACHE TOI TU VOIS BIEN QUE QUELQU'UN S'APPROCHE". De son point de vue, il faisait juste face à une hystérique en train de mourir à moitié.

Hurricane : "...."

Il croisa les bras et haussa un sourcil.

Hurricane : "Je m'en fous que t'agonises, tu vas redescendre, essaye même pas de te défiler hein."

Malheureusement, le message que la jeune femme essayait de lui transmettre n'arriva pas au cerveau du destinataire idiot, enfin, si, mais au moment où le surveillant intransigeant les attrapa tous les deux brutalement ; l'italien se crispa, avant de se débattre, en vain. Il n'avait plus qu'à capituler : les deux adolescents allaient être bons pour 3h de colle et un blâme pour profanation. Bien joué les jeunes.


{ HJ : On clôture là et on les met en colle ? 8D }