Déjà que la rousse a du mal à se comprendre elle-même, alors elle n'imagine pas le casse-tête que cela doit être pour les autres. Parfois impulsive, parfois joviale, toujours paradoxale. Il ne faut pas plus qu'une simple réflexion pour la voir exploser de colère. Une colère violente, un sentiment qui l'envahit, et le temps qu'elle reprenne ses esprits, ses poings sont déjà partis. Ce n'est pourtant pas dans les habitudes de la jeune femme de se faire brutale. Patiente, douce et aimable, elle est l'incarnation de la grâce lorsque son beau visage veut bien se contorsionner en ce qui ressemble à un sourire. C'est un sentiment qu'elle n'utilise de façon franche que très rarement, alors que parallèlement, elle est capable de le revêtir en un battement de cils lorsqu'il s'agit d'affaires professionnelles. Un masque qu'elle s'est elle-même bâtie, qu'elle a appris à modeler, et à le faire accepter aux autres. Qu'elle a toujours plus de difficultés à retirer. Son nouveau job lui, lui permet de s'équilibrer. De tout mettre en accord avec elle, de se retrouver dans ce mélange de tension et d'impuissance face à ses nerfs palpables, cette arrogance incontrôlable, et de cette douceur de la psychologie, de la compréhension d'autrui par les lettres. Elle peut se mélanger, s'y abandonner, entièrement. Collaborer avec ses collèges ou pas, être une étrangère pour eux ou non. Elle s'introduira partout où sa sauvagerie passera. Et cette Agence le lui permet. Alors qu'importe la cible, qu'importe les conséquences. Elle s'exécute. Avec plaisir.
Et délivrance.

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Il n'y a rien de plus bête que deux figures paternels croyants qu'un enfant unique vivant dans un perpétuel climat de guerre conviviale peut s'épanouir de façon .. normale. Non, dans toute sa vie, Wild n'a jamais rien vu de plus bête que ses deux pères. Elle a grandi sans mère, mais cela lui importa peu. Elle n'a de toute façon jamais eu l'impression d'en avoir besoin. Non, elle, ce dont elle avait besoin, c'était du soleil, de la nature, cette seule chose qu'elle ne comprenait pas, d'aventures et d'histoires. Une tendre enfance vite interrompue. Pour ce qui est du soleil, en tout cas. Car la jeune femme est née dans le pays de Singapour, dans un piteux hôpital de la capitale du même nom. Elle a passé quelques courtes années dans un orphelinat après que sa mère l'y ait abandonné, et a été adoptée par ses deux pères Anglais, qui n'ont ensuite pas pu repasser la frontière pour des problèmes administratifs, elle n'a jamais trop compris lesquels. Bêtes, elle vous avait prévenus. Alors, elle a grandi dans ce pays de cinq millions d'habitants, a fréquenté des écoles étrangères lorsqu'elle était encore un bébé, jusqu'au milieu du primaire. Ensuite, ses parents ont trouvé le moyen et eu la merveilleuse idée de rentrer dans leur pays natale. Mais il y a toujours des loi. Des règles et papiers. Et dans ce pays, Selah ne leur appartenait pas. Pas de façon administrative. Alors, on l'a encore fait déplacé, pour l'emmener dans cet orphelinat pour surdoués. Mais avant de connaitre l'éducation, Selah, devenu Wild la sauvage, découvrit le froid, la pluie et les briques rouges. Et le thé, aussi. Rien que des clichés parmi tant d'autres, c'est pourtant ceux qui ont retenu au plus son attention, parmi cette population extrêmement étrange qu'elle a appris à ne plus considérer comme des extraterrestres au fil du temps. Au fil du temps, également, elle a même fini par s'y habituer .. et miraculeusement s'intégrer. Qui aurait cru ? Mais grâce à cela, Selah a appris quelque chose d'important. L'intégration. Une notion abstraite, qui implique pourtant énormément de détails acquis, banals. Elle a appris à tout vouloir, à tout perdre, et à pouvoir se passer de tout. Elle a appris à jeter ses certitudes, à oublier ses habitudes. Et c'est grâce à cela qu'elle a pu apprendre ce que, jusque là, elle ne lisait que dans les livres, qu'elle peut faire ce qu'elle fait aujourd'hui. Un agent multiple, magnant l'art unique du déguisement. Un espion parfait, sournois et efficace. Mais nous n'en sommes pas encore là.
Elle a donc fini sa croissance dans ce froid, dans une grande école aux grands budgets, des uniformes trop serrés et un établissement ressemblant de façon trop flagrante à Poudlard. Une école de surdoués, où chaque élève veut faire plus que la dernière fois, mieux que l'autre. Où l’intelligence est quotidienne, le QI élevé, et sa place, parfaitement acceptée. Où on lui disait qu'il fallait succéder à L. Ce mystérieux elle dont elle ne connaissait rien d'autre que son intelligence, qui semblait tant émouvoir et envier son entourage. Dans une ambiance de concurrence permanente et déloyale .. normale. Elle y étudiait les arts, les lettres, le sport mais principalement les sciences. On lui contait que c'était pour son avenir, qu'avec un tel diplôme en poche, elle pourrait ensuite faire les études qu'elle voudrait, partir où cela lui chantait, et que c'était le meilleur moyen de prouver que son intelligence était proche de celle de .. L. Wild n'a pourtant jamais été du genre à écouter des conseils qu'elle considère comme faux. Elle a toujours su ce qu'elle voulait, toujours eu ce qu'elle désirait. Et L ne faisait pas partit de ses plans.
Alors, elle s'en est allé. Deux t-shirt, trois sous-vêtements, une tonne de livres et c'était partit. Ailleurs, toujours ailleurs, loin de la pluie et des frontières. Pour s'intégrer. Sans autre but que de faire ce qu'elle dont elle a sans cesse besoin : se bouger ; de vivre vraiment ce qu'elle lit dans les livres, pour mieux comprendre ce qui s'y passe. Une soif de connaissance différente de celle de ses compères, mais qui la ronge tout autant. Elle avait à peine la majorité lorsqu'elle a pris la décision de quitter l'orphelinat mais aussi d'y arriver après les nombreuses tentatives, et jamais, depuis ce jour, elle ne l'a regretté. C'est alors qu'elle a enchainé les petits boulots, avec quelques sous en poches, un passeport valide et une voiture qui roule bien, elle a pu parcourir bons nombres de kilomètres. Mais sa nature l'a rattrapé.
Elle en a entendu parler, alors qu'elle s'enfilait quelques verres après son service dans un bar pas chère. De ces gens qui ont un QI exceptionnel, bien supérieur à la moyenne. Qui font partit d'une Élite de la population. Elle a l'a entendu, de la bouche de cet exclu trop réel, ou ce fous trop alcoolisé. Elle a entendu parler d'elle-même. De façon trop étrange, trop exceptionnelle pour qu'elle ne comprenne plus. Car elle était un Élite, mais aussi une étrangère. Elle avait réussi à s'y s'intégrer, à ce monde extérieur, car le monde normal était différent pour elle, et donc un grand défi qu'elle s'était lancé pour le réussir avec brillo. Mais maintenant, elle n'avait plus rien à se prouver. Alors, elle est revenu dans ce pays froid, aussi rapidement qu'elle s'était enfuie. Elle n'a pas eu trop de mal à retrouver ce qu'elle cherchait, s'est représenté, et n'a pas eu besoin de passer de test de QI, son dossier étant déjà remplit. On lui a confirmé qu'elle avait un QI acceptable. Qu'elle pouvait faire partie de cette Élite, qu'elle était faite pour autre chose que cette vie de vagabonde et solitaire. Qu'elle n'avait peut-être pas un QI aussi élevé que celui des autres, mais qu'elle était capable de s'imposer par sa force, autant physique que de caractère. Bien qu'elle n'ait pas aimé qu'on lui répète de façon trop convaincue ce qu'elle savait déjà, elle a tout de même prit le temps de rester pour faire partit de ce qu'elle a fui, mais qu'elle semblait avoir attendu toute sa vie. L'Agence Wammy's.