ROBYN ADAMS fait où qu'il aille un bon
UN MÈTRE QUATRE-VINGT SIX pour
CENT SOIXANTE-DOUZE points de QI et à l'affreuse manie de
TE TRIPOTER LE COL comme si c'était le sien. Il est
FIN, très fin, avec une peau parfois un peu trop
PÂLE mais on l'apprécie ainsi. C'est un homme tout en membres même à la Wammy's Agency, et il n'a que très peu de pilosité. Si à la base ses cheveux sont
CHÂTAINS et ses yeux
NOISETTES, il ne les garde jamais ainsi. Romeo aime trop être original pour se satisfaire de la trivialité de son propre corps. Petit blague : il est né le
QUATORZE FEVRIER.
But, soft! what light through yonder window breaks ? It is the east, and Juliet is the sun!
Romeo est un
RIDDLE, un Riddle étrange, un Riddle qui touche à toutes les disciplines sans jamais s'attacher à aucune en particulier. Il est toujours comme ça, Romeo : multi-disciplinaire. Ou juste indécis.
A la Wammy's Agency il passe son temps entre la bibliothèque et son ordinateur gargantuesque d'où il sort l'inspiration et l'imagination nécessaire pour créer et résoudre tout ce qui peut possiblement être codé. Romeo fait la guerre aux langages humains et électroniques, aux références et aux énigmes, aux puzzles de toute forme. Il peut passer des heures et des heures entre livres et lignes de codes, parmi les dictionnaires et manuels de toutes les langues. Romeo, c'est le
DÉCODEUR.
Par son métier (et par curiosité) il a développé quelques capacités de hacker mais il fait bien pale figure face aux officiels de la Wammy's Agency.
Wilt thou be gone? it is not yet near day. It was the nightingale, and not the lark.
Définissez-vous en une phrase.■ Anthropologiquement parlant ou bien ?
Vous offrirez quoi à Noël à votre meilleur ennemi ?Parmi ces livres ci-dessous, lequel serait le plus susceptible d'être votre livre de chevet ?■ H2G2 : The Hitchhiker's Guide to the Galaxy de Douglas Adams.
Ce que vous devez impérativement arrêter de dire. Sérieusement.■ « D'un point de vu biologique... »
La petite manie dont vous vous passerez bien ?■ Faire des private jokes.
Il y a forcément quelque chose que vous auriez dû faire depuis longtemps et n'avez toujours pas fait.■ Ranger ma chambre si je trouve un jour le temps.
cheveux blancs • lentilles rouges • dix-sept ans • arrivé à quinze ans
Jesse Adams vient de la belle banlieue de Londres. Sa mère est femme au foyer tandis que son père travaille dans une entreprise quelconque à un poste dont il n'a jamais retenu l'intitulé. Mais le personnage le plus important de la famille de Jesse n'est pas son père ou sa mère, mais bien son grand frère Robyn Adams. Robyn et ses trois ans de plus qui semblent un fossé pour le petit Jesse. Jesse ne peut s'empêcher de le suivre depuis qu'il peut tenir debout, déjà tout petit c'est vers son grand frère qu'il tendait les bras pour être porté.
Il le sait, que son grand frère n'est pas comme les autres : il entend parler de lui partout où il va. Il semble qu'il soit incapable de se montrer discret : il parle plus fort que les autres, tombe amoureux des plus belles filles, se met à dos les pires professeurs et a le rire le plus communicatif du quartier. Jesse aime la facilité qu'a Robyn de se rapprocher des gens, de les entraîner dans son monde et les faire suivre son rythme. Jesse aime poursuivre Robyn car le monde est toujours plus coloré à travers les yeux de son grand frère : rien n'est jamais grave avec lui et l'on peut parler de tout. Et puis surtout, même si on se sent parfois atrocement normal à côté de lui, on peut aussi se sentir incroyablement chanceux.
Parce que Robyn a juste une chance de merde. Tout le monde l'apprécie, tout le monde le trouve amusant, mais personne ne le prend au sérieux, tout simplement parce qu'il n'arrive pas à se séparer de sa manie de tout tourner au ridicule. Ses petites amies sont condamnées à le quitter car elles ne se sentent pas aimées et ses amis à être aveuglés par son sourire omniprésent sans voir à quel point il s'ennuie. Car Robyn s'ennuie toujours : où qu'il aille, quoi qu'il fasse, l'ennui vient toujours à sa rencontre et le paralyse, le terrifie, le dégoûte. Alors il bouge, il s'excite, il prend des risques inutiles, court en avant à la recherche d'encore plus d'excitation. Toujours plus de neuf et d'absurde, toujours plus de rires et de rencontres : il a une soif de sociabilité presque maladive.
Jesse Adams a toujours observé son grand frère. Il l'a observé se débattre continuellement avec son malaise et sa maladresse, accumuler les coups du destin, s'enfoncer encore et encore dans sa différence. Le pauvre Robyn qui représente tout ce que ses parents ne veulent pas voir dans leurs fils. Pauvre, pauvre Robyn qui se rebelle continuellement face à tous ceux qui essayent de le faire se calmer. Ce Robyn tellement crétin d'être surdoué. Qui lui a demandé de penser différemment ? Pas ses parents ni ses voisins en tout cas. On ne comprend pas pourquoi il s'obstine à ne pas travailler en classe, à ne pas être sage durant la messe, à ne pas suivre les conseils de ses parents si attentionnés, à se colorer les cheveux et à disparaître on ne sait où pendant des jours. Tout le monde apprécie Robyn mais ce n'est pas pour autant que les gens s'attachent à lui : il est trop spécial pour qu'on puisse lui faire confiance.
Jesse Adams se délecte de cette vision. Lui, il a toujours été derrière ce grand frère charismatique et sociable, car Jesse n'est qu'un petit rebelle de base, vulgaire et brutal, complètement ridicule à côté de ce grand jeune homme aux lubies absurdes mais avec une certaine prestance. Alors quand il le voit se prendre des murs, être incompris, être maladroit, rater tout ce qu'il entreprend, Jesse rit. Tout le monde aime Robyn mais lui, il sait à quel point il est pitoyable. Robyn est lâche et manipulateur : il a peur d'être blessé mais ne peut s'empêcher de foncer droit devant, avant de fuir à toutes jambes au dernier moment. Robyn est complexé par ses cheveux châtains et ses yeux noisettes, par sa famille normale, par sa vie qui n'a rien de spécial ; Robyn a une vie ennuyante car il ne prend même pas le risque de la changer. Et puis Robyn est incapable de se passionner pour quelque chose : il cherche désespérément sa passion, son petit quelque chose qui lui donnera de la valeur, qui le différenciera des autres ; mais Robyn est ennuyé de tout et se lasse dès qu'il commence à maitriser quelque chose. Robyn est pitoyable, ridicule, idiot, complexé, incompris, possessif, volage. Même avec ses foutus cent soixante-douze points de QI qui le poursuivent comme excuse à sa différence, Robyn est con. Faut lui pardonner, ce n'est pas sa faute.
Jesse Adams déteste son frère. Il le hait. Robyn avait toujours été un modèle, comme une icône inébranlable, quelque chose qu'il critiquait continuellement mais dont il ne pouvait détacher les yeux. Mais cela fait trois ans que Robyn a disparu.
Il y a trois ans, les très estimés M. et Mme. Adams sont morts dans un accident de voiture. Du jour au lendemain, cette petite famille faussement parfaite et aimante s'est retrouvée disloquée. Plus que jamais, Jesse s'accrocha à son frère qui, malgré tous ses défauts, a au moins de bonnes capacités d'organisation et de gestion. Mais non, Robyn s'envola quelques mois après la mort de ses parents, emporté par la voiture noire d'un orphelinat pour surdoués. Il est parti avec son éternel sourire, ses grands gestes et son enthousiasme.
Il le déteste, ce lâche. Il n'avait pas à l'abandonner comme ça, même pour rejoindre cet orphelinat de fou où il serait enfin dans un monde rêvé où on comprendrait sa différence et il ne pourrait pas s'ennuyer. Il en trouverait un autre, de pauvre petit con qui le suivrait partout pour gober ses histoires de filles et d'aventures merveilleuses, ses thèses absurdes sur la vie et autres élucubrations. De toute manière, Jesse n'a pas besoin d'un con comme lui, il peut se débrouiller sans lui, d'abord.
Il n'a qu'à devenir Romeo si il veut. Il n'a qu'à se parer de milles couleurs. Il n'a qu'à devenir encore plus voyant et bizarre. Il n'a qu'à créer cette manière absurde de parler, entre le XV° et le XXII° siècle. Qu'il retourne donc faire le mariole parmi ses amis surdoués qui seront aussi cons que lui, aussi aveugles que lui, aussi irresponsables que lui. C'est pas parce qu'un con est parmi les cons qu'il est moins con. Car Robyn n'est qu'un con. Plus il crie plus il a mal, plus il s'excite plus il s'ennuie, plus il est ridicule plus il est amoureux.
Jesse Adams envoie fréquemment des lettres à son frère pour lui raconter des horreurs sur sa nouvelle vie. Il lui raconte qu'on le viole, qu'on le frappe, qu'on le traite d'orphelin, qu'on traite son frère de pédé, qu'on le fait jeûner, qu'on le bizute, qu'on veut l'envoyer en Amérique, qu'on lui fait boire l'eau des toilettes. Il lui envoie des injures, des lettres de menaces, il le comble de reproches, de crises de rage et de larmes. Il le traite de connard et le supplie de revenir, qu'il se sent seul, qu'il est seul, qu'il est désolé de ne pas être surdoué, qu'il aurait voulu mourir avec leurs parents, qu'il aurait préféré n'avoir jamais eu de frère.
Jesse Adams n'a jamais reçu de réponse de Robyn Adams. Tout simplement parce que Robyn Adams n'existe plus.
Love.