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 « Philosophy of orphans. »

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Blossom Blossom
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Feuille de personnage
Wammy’s: H / A
Double Compte:
Âge: 16 ans
Sujet: « Philosophy of orphans. » « Philosophy of orphans. » EmptyMer 5 Déc - 18:59

Rêver à mieux. Pourquoi pas. Planer, s’envoler, ne plus gardes les pieds sur terre. Être au-dessus de tout ça, se sentir puissant, se sentir invincible. Ne plus croire en rien si ce n’est en ses propres capacités. Ne plus chercher après personne, car nous sommes seuls. Sauf qu’ici, la solitude est totalement convoitée et bien sûr, est bien loin de cette solitude malsaine pouvant tourner en folie. Et puis, ne plus vouloir savoir ce qu’il y a plus haut que nous, parce que nous tenons à garder en tête le fait que nous sommes les plus puissants. Ne plus désirer qu’une chose : plus vite, plus haut, plus profond. Monter encore et toujours dans ce ciel éclairé par quelques lueurs portant le nom d’étoiles, aller de plus en plus vite, dépassant les nuages encombrant, chevauchant le vent et puis, s’approfondir un peu plus dans les abysses du ciel. Car si la mer possède des abysses et qu’elles ont pu être découvertes – même si ce n’est que superficiellement – par les hommes, alors le ciel en possède aussi, si ce n’est qu’elles ne sont pas à portées de mains, mais plutôt à portée d’esprit. Méditer, se vider l’esprit. Dire que l’on ne pense à rien est faux, car on pense. On pense au rien, pas à rien. Le rien est quelque chose. Le rien, c’est un tout. Le rien, c’est quelque chose sur laquelle on ne peut pas mettre de mot. Le rien, c’est quelque chose qui dépasse l’être humain. Le rien, c’est juste un mot pour certains, mais toute une philosophie pour d’autres. Après tout, tout dans ce bas monde a commencé par rien, justement. Néant. Vide. Est-ce là des synonymes de rien ? J’en doute fortement, pourtant, la langue exige que nous ne cherchions pas plus loin. Comme la religion, comme les sentiments, la littérature impose à ses nombreux prétendants des limites : sachez ce que l’on vous permet de savoir sans chercher à comprendre ce qui est défini par nous, connaisseurs, d’incompréhensible. Mais l’humain ne peut pas vivre de tout et c’est d’ailleurs bien là le problème. Dire que nous n’avons besoin de rien serait faux, en revanche, en a besoin d’un rien. Et le rien, en fin de compte, peut être beaucoup de choses. Une personne. Car au début, elle nous est inconnue. Au début, elle n’est pas rien, mais représente un rien composant le tout – ici, le tout est le monde. Et puis, doucement, à nos yeux du moins, elle devient tout. Tandis qu’aux yeux du monde, elle reste un rien. Une partie de lui, c’est tout. On a besoin de tout pour faire un monde, dit-on, mais c’est surtout de plusieurs milliers de riens dont on a besoin. Le tout est fait de rien. Le rien est fait d’un tout. De parcelles, de micro-parcelles, de je ne sais quoi d’autres. De chiffres, peut-être. Pourquoi pas, après tout ? Quel microscope, de nos jours, nous permet de voir la composition du rien ? D’ailleurs, s’est-on seulement déjà posé la question sur ce mot de quatre lettres s’infiltrant dans nos phrases, dans nos discussions de tous les jours ? Peut-être. Mais quel sot parmi les hauts placés hiérarchiquement de ce monde saurait prêter attention à pareil discours ? Il suffit de qualifier la personne de folle à lier et le problème est réglé. Malheureusement, de notre temps, tout se règle facilement. Trop facilement. Et la vie perd de sa valeur. Et si la vie perd de sa valeur, alors la mort aussi. Le monde en lui-même perd de sa valeur. Le tout perd de ses riens. Les riens perdent leurs touts. Le monde est devenu un cercle. Un cercle vicieux de routine. Un cercle où l’on est un point parmi des milliards composant son périmètre et ce, dès la naissance. Nous n’avons plus le choix. Nous n’avons plus le choix entre complexité et facilité. Entre amour et haine. Entre bien et mal. Tout est dicté à l’avance par nos aïeux. Ils préparent le terrain et s’en vont. Et nous, on ne vit plus, on survit. Et nous, un rien, on s’amoindrit pour devenir rien.

Toutes ces pensés traversaient l’esprit d’une adolescente allongée sur son lit, fixant un point noir sur le plafond peint d’un blanc immaculé. Pourquoi penser à cela ? Elle n’avait pas le droit de penser à ça, tout compte fait. Elle avait d’autres soucis. Elle avait beaucoup trop de choses à faire pour penser au fonctionnement du monde en dehors de l’orphelinat. De toute façon, à l’extérieur, elle ne connaissait personne, alors pourquoi diable pensait-elle à tous ces gens ? En quoi leur sort commun – au final, il l’est – l’intéressait-elle ? Pourquoi ne pas simplement être égoïste, car avouons que parfois, il est mieux de l’être ? Pourquoi ne pas avoir la conscience tranquille, comme si elle venait de commettre une erreur ? Comme si elle venait de faire quelque chose de grave ? Ou alors, était-ce le fait de ne rien faire qui la mettait dans pareil état de réflexion ? Que pourrait-elle fait, cloitrée entre ces murs ? Que pouvait-elle faire si ce n’est travailler un peu plus chaque jour pour obtenir des notes qui la satisferaient ? Que pouvait-elle faire pour les autres ? Rien. Strictement rien. C’est à peine si elle venait en aide aux autres orphelins, alors vouloir aider les autres était une idée puérile. Et les idées puériles, elle n’aimait pas ça. Les idées puériles, ce n’était vraiment pas son lot. Les idées puériles, ça ne devait pas effleurer l’esprit d’un probable successeur de L. Mais L était-il inhumain ? L ne pensait-il donc jamais aux autres ? Si. L était un détective ayant mis son intelligence à profit de la Société dans laquelle évoluent tous les humains. Sauf que voilà, il y avait une différence. Elle n’était pas L. Elle était Blossom. Et Blossom devait faire de son mieux pour un jour pouvoir succéder à L. À ce moment et seulement à ce moment, elle aura le droit de commencer à chercher des moyens de venir en aide à un monde qui ne vaut pas pourtant pas tout ces efforts. À un monde trop souillé. À un monde qui ne mérite ni l’intelligence de la jeune fille, ni celles des autres. À un monde de sauvages. Un monde où seuls les égoïstes réussissent. Les égoïstes et L. L était un rien. Mais un rien important. Et un tout aux yeux de tous les élèves de la Wammy’s House.

Blossom se releva finalement, inspirant profondément l’air frais se faufilant par l’entrebâillement volontaire de la fenêtre. Elle afficha un sourire amusé lorsque son corps fut agité par un frisson de froid et puis, elle retira son débardeur bien trop estival pour enfiler une chemise blanche à manches longues. Elle rajouta des collants en laine noire en-dessous de sa jupe tout aussi sombre, chaussa des bottines et se laissa retomber sur son lit. Un coup d’œil vers son réveil l’informa que l’après-midi allait décidément être longue. Par un Dimanche, elle n’avait rien d’intéressant à faire. Encore ce mot qui revient. Encore ce fichu rien. Faisant hâtivement et négligemment passer sa main dans sa chevelure de toute façon déjà lisse, elle se releva d’un bond pour se hisser hors de la chambre. Voilà, les couloirs. C’était déjà mieux, non ?

Elle marchait. Elle marchait lentement, mais elle marchait tout de même. Où est-ce qu’elle allait, exactement ? Là où tout avait commencé. Là où elle dû troquer son prénom contre un pseudonyme. Là où elle devint une intelligence, un cerveau et rien d’autre. Mais c’est aussi cet endroit qui lui permit de voir un monde qui était plus à même d’être sien. Un monde où elle n’était pas la seule à exceller en un domaine. Un monde où beaucoup aimaient autant les chiffres qu’elle. Un monde où plusieurs s’amusaient, comme elle encore une fois, à s’approprier des paroles, à trouver les bons mots, à jongler avec les secrets de la littérature et à ne point omettre d’accent circonflexes tant que la loi n’a pas décidé qu’on pouvait écrire les mots de la même façon. Je dis cela car, effectivement, quelques mots peuvent désormais être écrits sans accent circonflexe. Bref, le sujet n’étant pas là, continuons. Elle marchait donc, la petite. Elle marchait, elle réfléchissait. Elle faisait ce qu’elle savait faire de mieux au fond ; elle pensait.

Quand exactement ? Elle serait bien n peine de coller à cette question une date précise. Pourquoi ? Comme tous les autres, parce qu’elle passa brusquement du statut d’enfant à celui d’orphelin. Oh et parce qu’elle était intelligente aussi. Comment avait-on su où elle se trouvait, qui elle était ? Elle ne savait et ne voulait de toute façon pas savoir. Ça ne la concernait pas. Cet évènement ne fut pas le pire de sa vie, loin de là. Il n’y avait pas réellement de quoi se plaindre, dans cet orphelinat, si ce n’est le couvre-feu du soir. Mais bon, avec le temps, on s’y faisait. De toute façon, on se fait bien à tout, n’est-ce pas ? L’être humain a été conçu de façon à s’habituer à tout. C’est tout de même assez phénoménal. À y penser, beaucoup de choses, d’évènements, restent inexpliqués. Le fait que l’un soit intelligent et l’autre sot n’interloque-t-il réellement personne ? On ne se demande jamais qui est la personne, qui est la chose, qui est ce Tout ayant crée le monde ? Un Tout particulier, car à la différence du monde, de cet autre tout, il n’est point composé de rien, mais de plusieurs et infinis touts. En fait, pour faire plus simple, le monde n’est qu’un tout parmi tant d’autres. Il y a d’autres planètes – je ne vous apprends bien sûr rien –, un univers tout entier, une galaxie. Tout cela, ce sont des touts. Et lorsqu’on les associe, ça nous donne ce Tout. Quelques uns l’appellent Dieu, d’autres disent que c’est une Force inconnue. Blossom ne se posait pas la question, mais en ce moment, elle s’apprêtait tout juste à le faire. S’apprêtait seulement, car elle se retrouva expulsée en arrière. Un peu sonnée, elle tituba et recula de plusieurs pour finalement tomber, son pied ayant glissé sur un caillou. Ses mains se positionnèrent de façon à pouvoir amortir la chute, mais la douleur papillonnait déjà en elle, passant de ses jambes à ses doigts rougis par le choc. Clignant des yeux, l’adolescente releva la tête, l’apercevant, lui. Elle vit un champ de blé. Elle vit deux flaques d’eau. Elle vit la mer. Mer dans laquelle elle plongea instinctivement, sans crainte, sans hésitation. Elle découvrit ses abysses. Elle était en train de les découvrir plutôt, quand elle secoua la tête pour se remettre les idées en place, refusant d’ainsi fixer un inconnu. Rapidement, elle se releva et afficha un sourire mi-amusé, mi-gêné. Aussi, elle remarqua que le champ de blé était en fait d’une couleur brune. N’empêche, avec le soleil se frayant un chemin entre ces boucles, on aurait réellement dit un champ de blé.

« Excuse-moi, j’avais la tête ailleurs. »

Tu es censée te présenter Blossom, pas le fixer bêtement.
Si avant d’atteindre cet endroit, elle s’adonnait à des pensées plus ou oins adultes, maintenant, tout ce qu’elle voulait savoir, eh bien, c’était qui était ce garçon. Je ne parle ici pas de prénom, car de toute façon, il ne lui fera part que d’un vulgaire pseudonyme. Et puis, combien même elle connaîtrait son véritable prénom, ça ne l’avancerait pas. Non, Blossom avait une façon toute particulière de faire la connaissance des autres. Du moins, les autres qui avaient ce regard où elle avait l’impression de lire une certaine malice. Et puis, il semblait intéressant. Enfin, il semblait seulement, allez savoir si c’était vrai. Elle fronça les sourcils et pencha la tête sur le coté, la part de gêne présente sur ses lèvres cédant pour un amusement tout particulier.

« Plutôt soleil ou lune ? »

Ces mots filèrent d’entre ses dents avant qu’elle n’ait pu les stopper. Même s’il n’était pas un Word, il serait en mesure de répondre à cette question. Intelligemment, peut-être. Poétiquement, peut-être aussi. Ou stupidement. C’était aussi une hypothèse à ne point écarter. S’il fuyait, pensant qu’elle était folle, avouons qu’il ne serait pas réellement en tort. Sauf qu’elle n’était pas folle, elle planait juste encore après avoir effleuré toutes les pensés dont nous avons parlé premièrement.
Les mains croisées derrière le dos, elle attendit simplement une réponse.

Dans tout cela, nous n’avons guère dit où elle se trouvait. Où ils se trouvaient, maintenant. Devant le portail de la Wammy’s House. Pas loin du parc et des jardins, lieux qu’aimaient beaucoup les orphelins. Blossom préférait le portail. Le Commencement. Si elle avait des débordements, coté études ou vie privée, il lui suffisait de revenir ici. Il lui suffisait de prendre un peu de recul et d’avancer de nouveau, cette fois-ci plus prudemment, empruntant d’autres chemins pour ne pas se retrouver dans les mêmes impasses. Et parfois, comme aujourd’hui, ce lieu Alpha était aussi le début d’un nouveau lien l’unissant à un autre orphelin. Je dis parfois, mais c’est bel et bien la première fois qu’elle tombait sur quelqu’un ici. En fait, elle ne savait même pas qui de lui ou elle était rentré dans l’autre, mais au fond, ce n’était pas important. D’après la physique, si A rentre en contact avec B, alors B rentre en contact avec A. Ce sont ce que l’on nomme des interactions.
De toute façon, la philosophie est un art qui n’est compris, comme tout art, que par ses amateurs.
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Everald « Philosophy of orphans. » 1370770342-idio4
Everald
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Sujet: Re: « Philosophy of orphans. » « Philosophy of orphans. » EmptyMar 1 Jan - 20:04


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How can they be happy when I'm just terrified ?


▬ Fatigué ? Non, ça se saurait. Bon, j’y vais.
▬ Hey, Eve t’es sérieux ? C’est même pas huit heures du matin !
▬ Je vais prendre l’air, pas assez motivé pour l’after party.

Je ramasse ma chemise à carreaux, près à me casser loin, pris dans une vague mélancolie plutôt oppressante. Je balance une capote au mec, lui adressant un petit sourire, triste, si peu convaincu, et je me barre de la chambre, où s’entassent des corps engourdis par l’alcool, par la drogue, par le vice. Je ne sais même pas ce que je fais là, à vrai dire. Je désespère de cette pute de vie, je m’acharne à tremper dans toutes ces conneries, puisque de toute façon, cela n’a pas d’importance, pas vrai ? Je n’ai que faire de ma propre vie quand je n’ai pas su sauver celle de mon grand-père, alors que là où ils voient tous le jeune homme responsable il n’y a qu’un petit avorton chétif, tordu, déjà mort. J’espère toujours cet idéal, je pervertis les autres avec comme prétexte que c’est pour leur bien. Je baise des petites orphelines qui se croient saintes, je sniffe consciencieusement de la cocaïne, je suis ce que je hais alors que je recherche cette pureté dans l’âme, dans la forme des idées. Où sont les miennes ; envolées loin, pour que je ne puisse pas les atteindre et les salir et les pervertir ? En fin de compte je ne suis qu’un connard, je ne suis qu’un salaud, quoi qu’on en dise. Mes pas claquent sur le plancher, comme si j’étais énervé. Je suis surtout exaspéré par ma personne, ça doit bien être la seule fois où je perds le contrôle, où je cesse d’être présent, souriant, sympathique. Je sors enfin à l’air libre, je regarde les nuages blancs, je subis le vent froid j’ouvre mes yeux aux veines éclatées par une nuit blanche dans les lumières dansantes des night-clubs et je souffre mais c’est délicieux d’être à l’extérieur. J’inspire une grande goulée. C’est une matinée parfaite pour rêvasser et ruminer les sombres idées qui m’animent. Je ne comprends même pas comment j’arrive à rester ainsi, dans cet état de lassitude permanent, conscient de la fatalité et de mon impossibilité de changer les choses. Tout en marchant, je rêve à cet ailleurs. Quelque part, n’importe où, un univers parallèle. Je me perds dans les histoires que je m’invente, je pense en elfique, je me remémore des passages des livres de Tolkien. Je disparais dans une succession de souvenirs rassurants, en oubliant qu’en réalité je ne suis qu’un idiot qui a laissé mourir son grand-père, un inconscient qui arrive encore à vivre malgré ses regrets ; un lâche.

Est-ce que quelqu’un se soucierait de moi si je me tailladais les veines et me vidais de mon sang dans les jardins de l’orphelinat ? Je ne pense pas. Je crois qu’on étoufferait l’affaire, qu’on essaierait de faire oublier cette image, de l’effacer de la tête des petits chérubins de Wammy’s House. Des chérubins. Un ramassis des êtres les plus étranges, les plus marginaux. Et je suis inclus dedans. Je regarde en l’air tout en triturant mon anneau, une manie qui en vaut bien d’autres, je vois un oiseau qui gazouille dans la matinée. Un moineau, adorable, qui me fixe soudain en penchant la tête sur le côté, gauche puis droite, en me regardant bien en face, franc, sincère. Un regard tellement pur après tout ceux qu’on me jette, les sourires hypocrites, les grimaces lubriques, les rictus sardoniques. Et c’est tellement beau.
J’adorerais être un oiseau. Un immense oiseau aux couleurs chatoyantes, empli de liberté, sûr de lui. Sûr de la route à prendre, des choix à faire, des décisions. Comme si c’était une évidence. Que pensent les pauvres gens qui dorment la nuit, bienheureux, qui ne dilapident pas leur jeunesse en nuits blanches à courir après leurs rêves ? Peut-être qu’ils ne pensent pas, qu’ils sont entourés d’un voile de coton opaque, doux et réconfortant. Qu’eux n’envient pas les étoiles qui apparaissent si resplendissantes alors qu’elles sont mortes, donc le souvenir se grave en nous éternellement. Je me demande comment on peut vivre sans ça, et comment on peut vivre avec, cette situation est si paradoxale. Je me sens perdu, quand je contemple cette infinité, ces étoiles. La galaxie. Comme si je tombais dans un gouffre, un abysse insondable, pour m’élever et retomber. J’aimerais voler, pour ne jamais plus avoir peur de trébucher, et sentir l’air sur mes ailes et le dompter, me laisser envahir par cette sensation de puissance et avoir la certitude que le destin m’est asservi, que tout est possible. Ne plus être ce jouet pathétique. Je fixe le ciel, en me demandant ce qu’est le bonheur. Est-ce une sensation d’apaisement, de sécurité, un besoin matériel assouvi ? Moi, j’ai l’impression de gravir la pyramide de Maslow à défaut d’être capable d’autre chose, comme s’il m’était impossible de croire en un avenir souriant. Un avenir où j’aurais ma place. Je me contente de rêver à d’autres univers, à tout, à rien, surtout aux petits riens qui composent la vie, avec cette impression d’être totalement déphasé, de tout faire pour m’intégrer, être ce bon produit de consommation qu’on me pousse à être. J’aimerais tendre un fil entres les étoiles. Et danser, et rire. A la place je me détruis, je me drogue, je bois. Trop lâche pour affronter la vie, trop lâche pour y mettre fin. Je n’ai même pas le courage de trop ingurgiter d’alcool, par peur de faire un coma éthylique. Je me dégoûte.
Il y a aussi tous ces possibles qui s’entremêlent. Quel est l’intérêt d’être ici, dans cet orphelinat, sans promesse tangible d’avenir, alors que tous savent qui est le successeur de L ? Aucun. La vie est comme un mur, contre lequel je me cogne sans arrêt, sans chercher à comprendre, pensant sans agir. Tout ceci est tellement futile, au fond. Y a-t-il d’autres formes de vie dans l’univers ? Elles doivent penser de nous que nous sommes idiots. Ou alors elles n’existent plus, leur décadence ayant fini par les tuer. Comme lorsque je regarde des ruines de peuples oubliés, jadis puissants, je me sens minuscule, une poussière de plus. Et mine de rien la matinée est déjà finie, tant j’ai passé du temps à ne rien faire, à essayer un tant soit peu de philosopher, me donner des sujets à éplucher, pour les rejeter, me rappeler certains infimes détails de mon existence. Je marche un livre à la main, « La communauté de l’anneau ». Comme toujours, il ne me quitte que peu, quand bien même j’ai passé la nuit dans la chambre de quelqu’un d’autre. C’est alors qu’on tomba juste devant moi. Merde. Je voulais être seul. Je voulais être morose et mélancolique, être cette personnification du spleen, charismatique et idiot. Je voulais rêver. La compagnie ne me dérange pas, et je ne pense qu’une fraction de seconde à ce regret, c’est volatile, passager. Au final, comme une habitude étrange, je me penche, pour voir, inquiet, inquiet pour les autres comme je ne le serais jamais plus pour moi. Avec le soleil, je suis un peu ébloui, ça pourrait être idyllique, les flaques d’or qui se prennent dans des cheveux écarlates, un visage que je ne vois pas encore. Elle se relève d’elle-même, vraisemblablement c’est un caillou qui l’a fait glisser, clignant des yeux, me dévisageant. Je me refuse à l’observer, préférant m’inquiéter de son état. Vu son sourire, elle a l’air d’aller, elle s’excuse même. Je ne m’intéresse pas à son visage, je n’en ai pas envie, pas envie de jouer à ça, à la draguer, à essayer de la mettre dans mon lit, je n’ai pas envie de croire que ce sera un coup de foudre – un énième coup de foudre. Je refuse de tout mon être, lassé de m’élever pour retomber, je préfère avoir des œillères devant les yeux, je préfère me protéger du malheur. Jouer à l’ignorant, au petit garçon naïf, inconscient de la nature humaine et de cette présence féminine. Je me dégoûte. Quel con, mais quel con.

▬ Plutôt soleil ou lune ?

Cette question ? C’est comme un réveil. J’ouvre mes yeux que je gardais jusqu’à présent fermés, avec cette paupière mentale opaque pour ne pas m’intéresser aux autres et plonger dans mon désespoir, comme un con. Comme un putain d’égoïste. Je ne sais pas si mes yeux se mettent à briller, sûrement pas. Mais cette question agit comme un détonateur. J’ai envie de répondre. Je ne souris pas, je la détaille sans la détailler, je me concentre sur ses yeux. Ils sont banals. Ton corps est banal, je ne connais pas ton nom. Tu es banale, mais moi je ne m’intéresse pas aux gens sous prétexte qu’ils sont banals. Je pose mon regard sur tout, et même si ma vision est éloignée, même si je suis perdu dans mes rêves je te vois. Je te vois et je compte te répondre. Parce que c’est comme ça. Je ne me rebelle pas contre le destin et ces conneries, je suis gentiment le court de ma vie et je donne aux gens ce qu’ils veulent, et même plus. J’ai une inclination de la tête, comme un signe d’approbation, tu ne peux pas trop savoir, moi non plus je ne sais pas. Tu es une orpheline, tu me poses des questions, tu t’intéresses à moi.
Je ne sais pas si elle s’intéresse à moi, finalement. Peut-être qu’elle veut m’amadouer, qu’elle est folle, qu’elle est vicieuse. Moi je tombe bêtement dans les pièges, épinglé au sol par la fatalité. Je ne réfléchis pas, je réponds naturellement. Je ne cherche pas à donner la meilleure réponse, je donne simplement la mienne.

▬ Le soleil est un bel astre pour ceux qui veulent la lumière vive et chaude, qui la veulent à portée de main. Le soleil est beau, aveuglant. Ostentatoire. J’aime la lune. Je veux qu’elle diffuse éternellement sa lumière mystérieuse, qu’elle soit changeante mais toujours présente même si invisible. J’aime la lune. C’est comme une nuit sans sommeil amère et douce. Elle distille la mélancolie mais elle est toujours tendre et froide.

Ma réponse n’est pas une réponse. Ma réponse est une énigme, une foutue énigme, c’est un reflet de mon âme. La lune est un reflet de mon âme. Je ne sais pas quel visage j’ai. Je ne sais pas si, comme je le crois, je reste stoïque, ou si je me trahis, si j’ai cette lueur folle dans les yeux. Mais je veux continuer dans cette voie inattendue, approfondir cette rencontre inattendue.

▬ Et si le monde était sur le point de s’écrouler…

Que ferais-tu ? C’est implicite, c’est informulé. Je ne sais pas pourquoi je me refuse à continuer. Mais ma voix s’est faite presque murmurante, douce. A vrai dire, je suis terrifié. Terrifié par cette fille, terrifié par cette rencontre. Je ne suis pas en lieu sûr, je ne suis pas prêt. Habitué aux coups de Lust et aux piques, je ne saurais réagir si elle répondait, comme si elle s’adressait à moi comme à un égal. Je ne suis pas sûr d’apprécier le bonheur, un petit bonheur comme celui-là. Une impression d’exister pour moi et pas pour les autres. Vraiment, je suis terrifié.




I can't trust that it's not the end of the world





Dernière édition par Everald le Mer 1 Mai - 23:12, édité 2 fois
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Blossom Blossom
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Âge: 16 ans
Sujet: Re: « Philosophy of orphans. » « Philosophy of orphans. » EmptyMer 9 Jan - 22:03

« Philosophy of orphans. » 846420Sanstitre3
» Take my hand and close your eyes. It will be the end of your world and the beginning of our. «

L’éternité n’existe pas. L’éternité n’est qu’un rêve, qu’une utopie. L’éternité, on ne peut pas y accéder de notre vivant. L’éternité, on peut éventuellement l’obtenir en décédant, lorsque nous sommes plus aptes à comprendre qu’il est bien fort probable que nous n’ouvrirons plus jamais les yeux pour accueillir le soleil levant ou pour saluer le soleil couchant, déclinant à l’horizon en teintant le ciel de sa magnifique couleur orangée. Après tout, nous disons cela, mais comment diable pourrait-on savoir ce à quoi nous avons ou nous n’avons pas droit une fois morts ? Nous n’en avons pas le droit, mais nous disons que l’éternité existe. Pour faire taire les plus curieux, ceux qui ne cessent de nous embêter en nous posant des questions. Comme les enfants. On leur dit qu’il faut craindre la mort, mais d’un autre coté, on leur dit qu’une fois morts, ils autant tout ce dont ils ont toujours désiré. Au paradis. Ouais. Mais non. Parce qu’allez savoir si le paradis existe. Qu’est-ce qui le prouve, après tout ? Des livres ? Les religions ? Encore fallait-il croire à tout cela. Croire en un Dieu quelconque. Croire en un Dieu en lequel nous ne croyons que lorsque nous avons besoin de lui, égoïstes que nous sommes. Mais supposons que le paradis existe. Alors, en toute logique, l’enfer aussi, n’est-ce pas ? Qui nous dit que ces enfants que nous élevons ne finiront pas dans cet affreux endroit, brûlés vifs jusqu’à renouvèlement de leurs peaux ? Qui vous dit que les flammes n’iront pas s’exciter à les carboniser, que cet enfer ne se nourrira pas de leurs cris de douleurs et de jérémiades pour donner à ses flammes plus de force encore ? Qui vous dit qu’ils ne sont pas plus en protection sur Terre qu’une fois morts, au ciel ou sous terre ? Si on veut clamer des vérités fausses, autant bien le faire. Il faut prévenir ces malheureux gosses. Les prévenir du danger qu’ils courent à vivre. Au fond, si tout cela existait, alors mieux valait mourir dès la naissance, au moins, nous garantirons notre billet au paradis. Nous n’aurons pas le temps de faire les mauvais choix. Nous n’aurons pas le temps de faire un quelconque choix d’ailleurs. Nous irons obligatoirement au paradis. Cet endroit décrit comme blanc et bleu par les films, romans et autres, mais comme étant vert par une certaine religion. Dans tous les cas, aucune de ces couleurs ne plaît à Blossom. Pas de ce noir qui soulignait habituellement son regard brun ? Pas de ce rouge teintant sa chevelure virevoltante au gré du souffle harmonieux du vent ? Pas de ce gris qui nuançait sa vie ? Rien de joli, rien d’attirant, rien d’enivrant en somme. De toute façon, elle n’y croyait pas. Ni au paradis, ni à l’enfer. Peut-être à l’enfer. Mais alors, il devait être sur Terre. Avec l’alcool à flot, les drogues à volonté, les corps d’adolescents gisant au sol et qui n’attendent qu’à être dévêtis. Sérieusement, pouvait-il y avoir pire ? Peut-être. Sans doute. Pour les saints, pour ceux regorgeant d’innocence, c’était tout de même l’enfer. Mais pas vraiment pour la jeune Blossom. Nous mentirions si nous disions qu’elle n’avait pas au moins une fois fumé, bu et joué avec quelques garçons. Ne restait plus que la drogue. Mais ça, à moins d’être réellement influencée, elle ne voulait pas trop y toucher. Donc au fond, non, elle ne croyait même pas à l’enfer. Quoiqu’il en soit, son rêve n’était pas d’atteindre un quelconque paradis. Son rêve consistait à être Libre. Et à trouver cette Éternité pour reposer en paix. Non, pas mourir, juste reposer en paix. Et si elle pouvait partager cette éternité avec quelqu’un qui voulait faire de cette même utopie une réalité, ce serait meilleur encore. Mais coincée dans un pensionnat de têtes d’ampoules qui ne pensaient qu’à succéder à L – en vérité, c’était aussi son but –, où trouvera-t-elle un esprit assez évasif, assez furtif, assez chimérique ?
Succéder à L. Succéder à L alors qu’il était certain que ce sera Near son seul et unique successeur. Ce n’était qu’un but qui servait à couvrir le réel objectif de Blossom. Car malgré le proverbe, les gens se fient encore et se fieront toujours aux apparences. Pendant ce temps, elle fera ce qu’elle veut. Elle ira à la recherche de la Liberté Éternelle.

Croyait-elle au vide ? Oui. Après tout, pourquoi pas ? En revanche, qu’est-ce que le vide ? Pourquoi est-ce que tout le monde, en faisant allusion à cela, imaginait un grand espace noir ? Pourquoi noir ? Pas que ça dérangeait Blossom, mais ayant cette manie de tout vouloir comprendre, elle ne pouvait simplement pas tolérer cela. Des racontars. Est-ce que quelqu’un avait seulement visité le vide ? Si on découvrait cela après la mort, alors personne n’en est jamais revenu pour dire que c’est noir. Si c’est quelque chose qui vient de paire avec la mythologie et les féeriques, alors c’était futile et tout bonnement stupide. Un verre vide, par exemple. Était-il empli de noir ? Non, pas à ce que je sache. Imaginez simplement ce vide en plus grand, en plus vaste. Nettement plus vaste. Entre autre, un grand espace sans couleur. Il est difficile, n’est-ce pas, d’imagier quoique ce soit dénuée d’une quelconque nuance ? Transparent. Mais au fond, ça doit être cela. Ou alors. Ou alors bleu. Un profond et magnifique bleu.
Pourquoi est-ce que Blossom pensait au vide ? Pourquoi lui attribuait-elle la couleur du bleu, à défaut de ne pas pouvoir imaginer la non-couleur ? Parce qu’elle venait de voir les yeux de ce charmant jeune homme. Et même lorsqu’elle se releva, ce fut toujours en ses yeux qu’elle s’enfonçait. Pourtant. Pourtant, il manquait quelque chose. C’était tellement… Vide. Pourquoi est-ce cet adolescent ne possédait pas une lueur de malice, une lueur de malveillance, de luxure, de gourmandise, d’avarice ou d’orgueil ? Il semblait vide. Blossom devait se tromper. Blossom ignorait. Blossom voulait le connaître. Mais elle ne le connaissait pas. Elle ne pouvait pas juger que ce garçon manquait d’une étincelle de vie. Pas elle. Elle était très mal placée pour cela. Trop mal placée.

Pourtant, elle lui posa cette bien étrange question. Parce qu’elle le pensait différent. Parce qu’il venait, en un regard uniquement, d’inculquer en elle une once d’espoir. De croyance. Elle croyait en lui. Elle croyait en un excellent inconnu. Elle espérait qu’il soit, au fond, derrière les apparences, comme elle. Elle espérait que derrière ces souples boucles brunes et ces magnifiques flaques bleues, que derrière ce visage subtilement dessiné, ce corps finement tracé, se cachait un être qui voulait au tant qu’elle atteindre le summum et découvrir les mystères de la vie, visitant ses profondeurs abyssales. Elle voulait tendre la main. Elle voulait effleurer son visage du doigt, le retracer, s’en souvenir. Elle voulait voir en lui. Elle voulait le voir tel qu’il était réellement, pas tel que les autres le voyaient. Pas tel que lui-même se voyait lorsqu’il se regardait dans la glace. Mais non. Elle n’avait pas le droit de faire tout cela. Elle n’avait pas le droit parce qu’elle ne le connaissait pas, parce qu’elle n’était pas son amie, pas une de ses aventures – oh, elle n’était sûrement pas une sainte qui refusait tout contact avec les hommes. Elle n’était rien de tout cela. Alors elle n’avait pas le droit. Elle pouvait parler. Lui poser une question. C’est tout ce dont elle avait le droit. Pourtant, elle ne voulait pas. Elle voulait vite se détourner de lui, de son emprise. Mais elle ne bougeait pas. Elle restée là, à le fixer, à songer. À juste espérer au fond. Lui, gardait les yeux clos. Pourquoi ? Réfléchissait-il à quoique ce soit ? Sans doute. Mais à quoi ? Pourquoi avait-il les yeux fermés ? Cela tracassait l’adolescente. Elle pourrait s’en aller qu’il ne s’en rendrait même pas compte. Mais non. Elle n’allait pas partir. Les yeux clos signifiaient soit de l’exaspération soit une envie d’évasion. Elle penchait plutôt pour une envie d’évasion. Un désir de liberté ou juste un sentiment de lâcheté ? De quel droit, encore une fois, tentait-elle de cerner cet adolescent ? Les paroles fusèrent sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle ne regretta pas ses mots, mais se demandait pourquoi est-ce qu’elle lui avait posé cette question. Désirait-elle parler astronomie ? Plutôt philosophie. Plutôt poésie. Allait-il seulement répondre ? Après tout, rien ne le garantissait.

Finalement, sa voix se fit entendre. Blossom se demanda s’il avait préparé cette réponse ou si elle lui avait filé, telle elle fuyait éternellement les regards des autres, tentant de se faire oublier, de se fondre dans la masse. Bien étrange comparaison. Quoiqu’il en soit, tout le long de cette dite réponse, ce fut elle qui ferma les yeux. Elle sembla se délecter de ces paroles. De ces bien sages paroles. Poétiques. Sincères. Profondes. Il n’était pas hypocrite, lui. Elle ne le connaissait pas. Elle le savait. Mais tout d’un coup, elle le voulait. Elle voulait le connaître. Aussi bizarre que ça puisse l’être, son corps sembla être d’accord avec cette idée car il se secoua imperceptiblement d’un long frisson lui traversant l’échine. Agréable frisson ? Plutôt. Mais surtout le genre de frissons d’impatience, lorsqu’on attend quelque chose depuis longtemps déjà. Elle l’attendait. Ce brun dont elle ne connaissait strictement rien, pas même le prénom, elle l’attendait. Il allait la prendre pour une folle. Il devait la prendre pour une folle. Mais alors, pourquoi avoir répondu ? Elle avait mémorisé le moindre de ses mots. Elle avait analysé chacune des syllabes prononcées. Et les yeux toujours clos, elle se les passait et repassait en boucle dans son esprit. Après tout, elle n’était pas une Word pour rien.
La première phrase en disait déjà bien long. Tellement long. Il avait décrit le soleil de façon objective, mais au fil des sons, il s’était laissé tomber dans la subjectivité. Il ne faisait pas partie de cette catégorie de gens qui aimaient la chaleur portée de main. Qui aimaient tout avoir en claquant des doigts. Il voulait le mériter. Ne pas l’avoir sous ordre. Il voulait tout faire pour. Il voulait lutter. Il n’était pas lâche. Et puis, il dit que le soleil est aveuglant. Ostentatoire. C’était vrai. Totalement. Cet astre, cette étoile. Elle en faisait toujours trop. Quelques uns aimaient. Mais pas ce garçon. Il aimait la lune. Il l’avait dit. Et elle acquiesçait. Mais pour la phrase suivante, Blossom n’était pas totalement d’accord. Oui, sa lumière était mystérieuse. Mais non, il ne fallait pas qu’elle soit toujours présente. Quand bien même invisible. Il ne fallait pas qu’elle soit omniprésente. Parce que l’amour se transforme en habitude. Parce que s’en suivra la lassitude. Après tout, pourquoi ne préférait-il pas le soleil ? Simplement parce qu’il le voyait trop. Parce que l’humain est un animal qui vit le jour, qui n’est guère nocturne. Alors il s’en laissait. Comme une nuit sans sommeil amère et douce. Pourquoi amère ? D’après l’adolescente, la nuit ne pouvait que l’être si elle était sans sommeil. Pourquoi douce ? Parce que cette soudaine insomnie nous permettait de nous perdre dans la contemplation de l’astre blafard. Tendre et froide. Ce fut lorsqu’elle se passa ces mots plus de trois fois qu’elle osa de nouveau rouvrir les yeux. Les rouvrir et observer le brun. Que voyait-elle, dans ses yeux ? Elle ne savait pas. Elle n’en savait rien. Elle ne voulait rien lire du tout. Elle voulait qu’il garde son mystère. Comme la lune. Elle voulait qu’il soit lune. Éternellement. Même si l’éternité n’existait pas.

Ce que pensait la jeune fille était-il réellement le reflet des pensées de son interlocuteur ? Avait-elle réussi à saisir le sens de chacun de ses mots ? Ou alors, ne faisait-elle que s’enfoncer dans sa bêtise ? Cela aussi, elle l’ignorait. Elle ne le saurait sans doute jamais. Après tout, peut-être avait-elle raison sur quelque points, tort sur d’autres. Chacun interprétait cela comme il voulait. Mais une énigme – sa réponse était une énigme, vous l’auriez compris – ne doit posséder qu’une seule solution. Pourtant. Pourtant, ce n’était pas le cas. Ce ne serait pas le cas aujourd’hui. Blossom ne le voulait pas. Blossom décidait. Parce que personne n’était en mesure de s’opposer à sa volonté tant qu’elle se gardait d’en faire part. Le silence pouvait couvrir bien des choses. Tant de tumulte.
Elle ouvrit la bouche, prête à rétorquer, mais la referma aussitôt. La voix du garçon s’était adoucie. Elle fut à peine audible. Mais l’orpheline l’entendit. L’écouta. L’écouta attentivement même. Et puis, sans même savoir pourquoi, elle sourit. Un sourire en coin, discret. Mais un sourire tout de même. Elle se tapota la lèvre inférieure de son index gauche, comme elle avait l’habitude de le faire. Il fallait d’abord qu’elle lui dise ce qu’elle pensait de ce qu’il lui dit. Elle n’allait pas débattre avec lui, car elle aussi préférait la lune au soleil. Néanmoins, elle ne pouvait s’empêcher de parler.

« Si la lune est toujours présente, quand bien même invisible, tu t’en lasseras, voyant son effroyable dureté et non plus sa froideur suave. Ton adoration pour elle se muera en une négligence totale. Elle perdra son mystère et tu ne l’aimeras plus ; tu octroieras ta fascination à autre chose. Quelque chose d’éphémère. »

Ou pire encore, au soleil. Cela, elle se garda bien de le dire. Elle ne détestait pas cette étoile, mais ça s’en approchait fortement. Elle fit un pas devant elle, réduisant la distance qui la séparait de cet être. Qui était-il ? Quel était son prénom ? Que faisait-il de son temps libre ? Un Word ? Shape ? Riddle ? Elle l’ignorait. Mais elle voulait savoir. Elle voulait tout savoir. Elle devenait curieuse. Trop curieuse. Et, qui plus est, terriblement avare. Après tout, elle possédait un minimum d’informations. Pourquoi en vouloir plus ? Elle tenta tant bien que mal de se persuader qu’il n’était pas important, qu’il ne valait pas mieux que les autres. Mais son regard ne réussissait même pas à se détacher du sien. Elle sentirait presque sa respiration s’abattre sur son visage. Et puis, sa tête bascula sur le coté et elle fronça les sourcils, parlant cette fois-ci dans un murmure, articulant pourtant, bien que tout semblait flou. Il comprendrait. Elle le savait. Il était le seul à pouvoir l’entendre, pouvoir la comprendre. Alors il la comprendrait.
Et si le monde était sur le point de s’écrouler...

« Alors je fermerai les yeux et me demanderai ce que je fiche ici. »

Elle finissait sa phrase pour lui. C’est ce qu’elle ferait elle. Pas lui. Mais elle s’en fichait. Fermer les yeux et se demander ce qu’elle fichait ici. Après tout, c’était vrai, que faisait-elle là ? Dans la Wammy’s House, dans ce le monde. Ce n’était pas sa place. Elle en avait la certitude. Elle ne connaissait rien de ces êtres. Elle était aussi humaine, mais réellement, elle n’en était plus sûre. Tout était si bizarre. Si confus. Elle était petite. Tellement petite. Telle une enfant. Elle ne comprenait pas. Ne comprenait plus. Moins âgée, elle comprenait. En grandissant, elle ne comprenait plus. Cette hypocrisie, ce mépris, ces mensonges. Elle était pétrifiée. Mais pétrifiée de quoi ? De peur ? Ce n’était pas son genre. Mais ce n’était néanmoins pas une hypothèse à écarter.

Elle le regardait toujours, son sourire ayant disparu depuis un moment déjà. Elle alla se perdre dans ses yeux bleus. Elle se noyait dans les profondeurs abyssales de ces mers. Et puis, inconsciemment, elle tendit la main vers le visage du brun. Un centimètre – même pas – quelques millimètres, et elle pourrait le frôler. Frôler sa joue, sa mâchoire, ses lèvres. Courage. Juste un peu. Elle recula d’un pas, laissa tomber son bras le long de son corps. Peut-être que si elle demandait...

« Est-ce que je peux te toucher ? »

S’il te plaît. Juste pour voir si tu es réel. Juste pour me convaincre que je ne rêve pas. Que je t’ai trouvé. Je t’ai toujours attendu. Mais je ne sais pas qui tu es. C’est étrange, hein ? Permets-moi de te connaître. Ou fuis. Fuis loin. Tu peux me prendre pour une folle, je ne pourrai pas t’en vouloirs. Alors cours, petit lapin. Cours ou viens à moi. Je prendrai soin de toi. Pourquoi est-ce que je pense à tout ça, hein ? T’es qui pour me chambouler ainsi ? Dis quelque chose. Réponds. Accepte. Fuis. Je m’en fiche. Mais réponds. S’il te plaît, réponds. Ou agis, tiens. Vraiment, comme tu le sens. Bien que… En fait, non, ne fais pas comme tu veux.
S’il te plaît, ne ma laisse pas tomber, inconnu que je n’ai que trop longuement attendu.
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Everald
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Sujet: Re: « Philosophy of orphans. » « Philosophy of orphans. » EmptyJeu 2 Mai - 1:54


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I had a way then losing it all on my own


Pourquoi me parle-t-elle ? Pourquoi s'intéresse-t-elle à moi, pourquoi me répond-elle ? Elle n'a aucune raison de le faire. Quelle ingénue, elle ferait mieux de partir, tout se meurt à mon contact, je n'apporte que malheur partout où je viens et tout le monde, oui tout le monde sans exception finira par quitter la fête si je m'y amène.
Elle s'est exprimée sur le sujet avec un léger sourire et je ne rajoute rien, mon silence servant simplement à faire comprendre que je l'ai écouté et comprise.

Je ne crois pas au destin. Ou peut-être que si, je ne suis pas certain. Mon fatalisme m'a toujours préservé d'adhérer à cette croyance. Mais je me suis toujours étonné des trésors d’ingéniosité qui font que deux êtres se rencontrent et s'accordent, sur les plus de six milliards qui composent cette terre viciée. Cela paraît impossible bien que pourtant cela puisse arriver, et même plus souvent qu'on ne le pense. Cependant comment pouvoir appréhender le fait que deux personnes puissent avoir cette entente complète sans se mentir à eux-même et dissimuler des aspects de leur personnalité ? Tout cela devait être dû à la foi. Oui, la foi. Une foi si profonde, si pure, qu'on en vient à ne plus se poser de questions et à accepter entièrement l'autre, à ne faire que le constater, bien qu'étant constamment désabusé par ce trop grand bonheur.
Je n'ai pas de croyances religieuses particulières, mais je respecte profondément la foi, bien que moi-même je me contente de courir après mes rêves trop étrangers à cette vie. Et jamais je n'oublie ce bonheur idéal que je recherche, cette perfection, cette harmonie d'esprit et de visage qui me sont encore inconnus. Résumer cela en un mot ? Amour. Je me demande si j'ai un jour été amoureux, ou si je me mens à moi-même. Après tout, je ne suis qu'un salaud, un connard qui boit, se drogue et tout ça. Je ne crois pas avoir été une seule fois amoureux, et peut-être que Lust, Lust ce n'est qu'un fantasme passager, parce qu'il est tout ce que je ne suis pas et ce que j'envie. Un monstre qui s'assume. Oui, j'aimerais mieux être ça, un monstre qui prend le soleil à mains nues, objet de fascination et de peur. La peur, c'est une forme d'attention.
J'aimerais qu'on m'aime. Qu'on m'aime tellement que j'en oublierais de pleurer, que j'en oublierais mon être entier. Juste me consacrer pleinement à cet amour, à cette étrange obsession au point que je cesserais d'être si égoïste, ne pensant qu'à moi et à mon bonheur inaccessible, ne consolant les autres que pour permettre un certain apaisement, sachant que j'ai fait ma "bonne action" du jour.

C'est sûrement ça, la fin du monde. La fin de cette société humaine putride, c'est peut-être une prise de conscience de l'égoïsme humain, qui entraînera une spirale de décadence pire que le cercle vicieux dans lequel nous nous perdons déjà. Mais non ; je suis trop naïf encore, c'est déjà là, nous sommes déjà morts, et c'est tellement triste. Mais, si c'est maintenant, la fin du monde...

▬ Alors je fermerai les yeux et me demanderai ce que je fiche ici.

Oui, cette inconnue, quelle qu'elle soit, elle a raison. Qu'est-ce que je fiche ici, au juste ? J'ai pas ma place dans ce monde. C'est une certitude, c'est tout. Et la fille, elle ne sourit plus, elle me regarde avec une intensité difficilement descriptible, et ses yeux sont en train de capter les miens, et ils disent des choses que je tente de saisir et que je ne comprends pas, car je suis un idiot. Mais ça me plaît, ça me coupe le souffle à vrai dire. C'est aussi un peu gênant, presque indécent de me regarder comme ça, j'ai l'impression qu'elle tente de me mettre à nu, d'ailleurs elle approche sa main de mon visage, doucement. Et soudain elle s'arrête, et laisse son bras tomber. Elle me fait alors :

▬ Est-ce que je peux te toucher ?

On dirait une enfant. Une fillette qui demande une permission, quelque chose qu'elle espère depuis si longtemps. C'est moitié un caprice, moitié un rêve, semblerait-il. Putain, je me haïrais de la décevoir. Vraiment.

▬ Non.

Je ne sais pas ce qui me prend, je ne l'ai pas fait exprès, c'est sorti spontanément. Je rougis, mal à l'aise. Je balbutie, tente de me rattraper en sortant un flot de paroles incompréhensibles. Je ne veux pas qu'elle me touche. Pas parce qu'elle est inconnue, ou des conneries de ce genre. Parce qu'elle a l'air tout ce que j'attends. Parce que je n'ose pas l'espérer, et pour cette raison je n'ai pas le droit de la laisser me toucher, moi si sale, si détestable. Non, ce ne serait pas un cadeau que je lui ferais si je la touchais. Et en même temps. Ce putain d'espoir qui transparaissait dans sa voix quand elle m'a demandé ça. Je ne veux pas la décevoir, c'est tout. Je ne saurais pas dire pourquoi. C'est comme ça. J'ai même pas envie de comprendre, encore moins d'expliquer. Je ne sais pas qui tu es, toi, jolie inconnue qui débarque avec tes cheveux couleur de sang et tes questions sur la lune et le soleil. Qui chamboule tout. Laisse-moi dans ma spirale de décadence, j'étais mal sur ses rails, attendant le terminus. Ne tente pas de m'attirer avec ton bonheur si tu ne comptes pas me l'offrir.
C'est aussi simple que ça, je suis troublé. Mais je ne peux pas la laisser partir avec ce refus. Je ne sais pas, pourquoi tout à coup ça prend autant d'importance, alors que d'habitude je ne m'attache pas aux gens ; je.

Je serre cette inconnue contre moi, subitement. Tout d'un coup, je l'attire à moi, et je la prends doucement dans mes bras, tendrement. Comme c'est inaccoutumé. J'aimerais être certain que ce n'est pas une illusion, une fée qui va disparaître et que je ne reverrais jamais. J'aimerais lui dire de ne jamais s'en aller. Qu'elle continue à me parler, pour combler ce vide béant d'affection. Elle s'intéresse à moi, m'accorde de l'attention. C'est la seule chose que je désire. Je voudrais juste qu'elle reste, et ne plus voir qu'elle comme une apparition fantasmagorique, et ne plus voir personne d'autre.

▬ Qui es-tu ?

Ou plutôt, dis-moi qui tu es, pour que je sache qui je suis. Ou dis-moi quelque chose. Ne me rejette pas, c'est tout.

And I'm not sleeping now the dark is too hard to beat


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Blossom Blossom
« Philosophy of orphans. » 187937Word1

Feuille de personnage
Wammy’s: H / A
Double Compte:
Âge: 16 ans
Sujet: Re: « Philosophy of orphans. » « Philosophy of orphans. » EmptySam 25 Mai - 21:51

« Philosophy of orphans. » 236064Machin
» And I’ll be yours to keep,
A wind in the shadow, a whale song in the deep. «

Qui suis-je ? Pendant combien de temps cette question a hanté les esprits, a troublé les gens ? Qu’ils soient philosophes ou poètes, qu’ils soient enchainés ou libres, la question existentielle tant de fois posée a déjà traversé tant d’esprits, quels qu’ils soient. Les plus jeunes aussi peuvent se poser cette question, et à vrai dire, ils sont nettement plus disposés à trouver une réponse rationnelle et adéquate – une réponse que leurs cerveaux et leurs esprits accepteront sans nul mal – que les adultes, souillés et salis par les années de vie, les années d’expériences, les années d’exploitations.
Nous sommes nous. Nous sommes des enveloppes charnelles habitées par une âme qui n’est pas notre, selon quelques religions, qui est notre, selon d’autres, voire selon l’athéisme. À vrai dire, être de telle ou telle religion est assez lâche en soi ; le chemin est tracé, les croyances érigées et l’adepte n’a qu’à faire comme ses prédécesseurs et ses successeurs. Mais en même temps, notre but est de vivre, certainement pas de survivre. Entre autre, nul besoin de se battre lorsque nous sommes confrontés à une solution de facilité, une solution qui n’est autre que l’esquive ou la fuite. Nous ne sommes pas nés pour être vilement jetés dans une arène de combat ; nous sommes nés pour un but bien précis. Et à chacun de découvrir lequel, bien qu’au fond, tout être humain n’aspire qu’à la mort, au soit disant repos éternel.
Le fait est qu’on a beau être un génie, comme Blossom par exemple, on ne trouvait pas plus de réponse à cette foutue question qu’un être pouvant être qualifié de normal. Cela faisait plusieurs années qu’elle se demandait ce qu’elle était, qui elle était. Et cela faisait plusieurs années qu’elle écrivait, qu’elle prenait des notes pour ne pas oublier les hypothèses qui avaient pu lui traverser l’esprit. Après tout, peut-être avait-elle trouvé la réponse à cette question il y a de cela quelques années et qu’elle était passée à coté, bêtement.
Elle avait déjà noté qu’elle était un esprit libre, puis elle s’était ravisée en marquant être un esprit libre accompagné d’un corps encore pur. Quelques années plus tard, après avoir touché à la cigarette et à la drogue, elle nota qu’elle était un esprit libre hébergé par un corps anciennement pur mais aujourd’hui souillé par divers choses, divers gestes, diverses décisions. Les journées suivirent, la question s’imposa à elle de force, une puis deux fois par jour ; elle cessa de compter, elle cessa aussi d’y réfléchir sérieusement. Elle eut ses soucis avec ses parents, alors elle marqua qu’elle n’était plus, simplement. Elle était rien ; non, le rien est un tout. Elle n’était plus rien plutôt. Elle n’était plus tout ce qu’elle avait marqué. Elle n’était plus libre, alors elle n’était plus. Elle résuma l’existence à la liberté. On lui avait ôté sa liberté, sa capacité de réfléchir seule et de commettre des erreurs ; on lui interdit de vivre, alors elle cessa d’être, résignée, faible ; humaine.
La Wammy’s House l’avait aidée, d’une certaine manière. Elle lui avait donné la capacité de lever la tête et de porter son regard au loin, vers l’horizon. Elle eut alors pour but de surpasser Near, d’être celle qui succèdera à L. Des buts dérisoires, car au fond, elle se sentait encore vide, désertée de son âme, désertée de l’étincelle de la vie, simplement.
Le fait qu’elle soit souriante par moments ou qu’elle soit même manipulatrice, sadique ou aimante, ne changeait strictement rien au fait qu’elle avait la terrible impression qu’il lui manquait quelque chose de réellement primordial. Oui, il lui manquait quelque chose. Il lui manquait quelque chose qui n’exista que lorsqu’elle était enfant. Il lui manquait son naturel. Il lui manquait son innocence, sa liberté. Et elle avait tellement peur. Tellement peur de l’avoir perdue à tout jamais.

Et puis, il y a eu cet adolescent. Qui était-il ? Elle abandonna l’espoir de trouver une réponse ; après tout, elle ignorait encore et toujours qui elle était elle-même. Mais s’il ne réussissait pas particulièrement à faire naître un sourire sur ses lèvres, ça ne voulait pas dire qu’il l’insupportait ; son cœur battait vite, tellement vite qu’elle avait peur que sa cage thoracique n’explose sous l’impact. Elle ne clignait presque plus des yeux ; elle voulait profiter de chaque seconde, de chaque instant pour l’observer, le contempler comme elle contemplait la lune, le soir venu. Le sang cognait fort à ses tempes et elle ne s’entendait même plus respirer ; pourtant, sa poitrine se soulevait rapidement et elle savait qu’elle respirait.
Elle savait bien des choses aujourd’hui, en cet instant précis. Elle savait qu’elle venait de mettre la main sur ce qui lui manquait. Elle savait qu’elle venait de retrouver son naturel, sa pureté, son innocence ; sa liberté. Car oui, la liberté se résumait au naturel, à la pureté et à l’innocence. Elle savait qu’elle n’était plus vide. Elle savait que, de nouveau, elle était.
Elle est en vie. Grâce à ce garçon qui ne voyait pas simplement son physique ; grâce à ce garçon qui voyait au-delà de ce qu’elle est elle-même capable de voir. Grâce à son regard, de nouveau, elle éprouvait le besoin et l’envie d’exister. Et elle existait. Elle était – est – en vie. Depuis plusieurs années déjà, elle n’avait plus l’impression de vivre. Mais elle vivait là. Oui, de nouveau, elle vivait.

Il ne dit rien. Le silence peut avoir bien des valeurs. Le silence peut être éloquent tout comme il peut être lourd. Mais là, c’est un silence neutre, entendu si je puis dire ; naturel. Blossom n’eut pas besoin de le briser ; il ne pouvait être brisé. Ce n’était pas un fardeau dont elle avait du mal à se débarrasser ; ce n’était pas non plus une douce utopie dont elle ne voulait guère s’extirper. Le silence avait naturellement trouvé sa place entre les deux génies. Lorsque l’un d’entre eux voudrait parler, il le ferait. Tout simplement. Ils n’avaient pas non plus besoin de faire monts et merveilles pour être acceptés ; ils étaient eux-mêmes et voilà tout.
Blossom se demandait à quoi il pouvait bien penser. Mais son propre esprit troublé, elle se demanda surtout sur quoi allait découle leur rencontre. Et puis, elle avait tellement envie d’en apprendre plus sur lui. Elle avait tellement envie de ne plus être une inconnue pour lui. Elle avait tellement envie de devenir importante. De devenir importante pour lui. Mais pourquoi ? Pourquoi avait-elle envie de cela ? Ce n’était pas une envie, non ; un besoin ; un besoin vital qui plus est.
Elle avait besoin de cela pour ne pas se sentir mise à nue par ce garçon. Parce qu’en un rien de temps, il était devenu incroyablement important pour elle. Et, d’emblée, elle avait peur de le perdre.
Alors que je viens tout juste de le trouver.
Il faut qu’elle soit importante pour lui. Pour qu’il ne soit pas le seul à pouvoir la détruire rien qu’en lui tournant le dos. Sans qu’il ne le sache, il détenait la possibilité de détruire Blossom. Alors, elle voulait qu’il s’ouvre à elle, qu’il lui donne cette arme contre lui. Et alors, ils seront à égalité. Ils n’auront plus qu’à se faire confiance mutuellement.
Jusqu’à ce que l’un d’entre nous cède et que l’autre souffre.
Quel affreux et ignoble cercle vicieux. Pourtant, Blossom espérait – Blossom croyait dur comme fer – que c’était différent.
Il est différent, ce que je vivrai avec lui ne peut qu’être différent. Simple question de relativité.

Elle tenta de le sonder ; elle tenta de toutes ses forces, essaya et ne put réessayer car il serait faux de dire qu’elle échoua. Et pour réessayer, il faut échouer une première fois. Elle ne savait pas trop ce qui se passait, mais il ne baissait pas les yeux. Il la fixait comme elle le fixait. Sauf que tandis qu’elle essayait de le comprendre, de saisir ce qui se passait, lui semblait perdu. Peut-être. En fait, elle n’en savait trop rien.
Elle leva la main. Elle voulait le toucher, voir s’il était réel.
Elle aurait dû mener son geste à son apogée. Elle aurait dû jouer à la folle, à l’idiote, à la gamine insouciante et n’en faire qu’à sa tête. Alors, il l’aurait laissée faire.
Mais elle pensa que c’était injuste, égoïste de sa part ; alors elle lui demanda la permission de le toucher. Elle demeurait une gamine, mais pas l’insouciante enfant qu’elle aurait préféré être, mais plutôt comme elle le fut toujours, l’enfant réfléchie et mature.
Et elle n’eut que ce qu’elle méritait.
Non. Non ? Pourquoi non ?
Elle déglutit. Elle baissa les yeux. Elle ne le vit pas rougir. Elle voulait pleurer, lui taper dessus. Mais là encore, elle avait beau agir comme une enfant, elle demeurait posée et certainement pas extravertie comme elle aurait tant aimé l’être sur le moment. Elle l’entendit pourtant balbutier. Mais elle ne comprit pas. Elle ne se concentra même pas sur ses mots. Elle était affreusement déçue ; elle avait mal ; elle souffrait ; elle agonisait ; et bordel ce qu’elle s’en voulait d’être si conne, d’avoir osé espérer.
Elle voulait le toucher pour voir s’il était réel. Mais en refusant sa requête, il avait prouvé d’avantage ; il avait prouvé être humain. Avec cette simple négation, il avait relevé d’une cruauté incommensurable aux yeux de Blossom. Et il n’y a que l’homme qui soit cruel. Dans ce cas, il était humain. Et il était, par pure relativité, réel.
Idiot.
Le mot ne sortit pas de sa bouche. Dommage, elle aurait voulu.
Vraiment ? J’aurai vraiment préféré l’insulter, lui faire mal ? Malgré ce qu’il m’inflige, je tiens toujours autant à lui. Je tiens toujours autant à cet inconnu. À cet idiot d’inconnu.

Elle voulait qu’il lui fasse confiance. Elle ne lui voulait pas de mal. Mais comment, elle, ô combien vile, pourrait le persuader d’une vérité avec tous les airs d’être falsifiée ? Elle ne pouvait pas lui promettre la lune, elle ne pouvait pas lui promettre l’éternité, mais elle pouvait lui promettre d’être près de lui, de rester à ses cotés, de ne pas l’abandonner.
Qu’il lui fasse confiance, qu’il prenne ce risque ; il ne le regrettera pas ; elle fera tout pour qu’il ne regrette jamais et elle serait prête à tout pour rattraper la moindre erreur qu’elle pourrait commettre. Mais elle ne pouvait pas penser à tout cela, elle ne pouvait pas se projeter dans un quelconque futur s’il n’y avait aucune chance qu’il existe. Et seul ce joli inconnu avait le pouvoir de faire exister ce futur.
C’est étrange comme il semble être doté d’un don. Le don de donner la vie, de faire exister les choses, les temps.
Le don de me faire exister, moi qui jusque là pensait ne même plus être ; moi qui n’était réellement plus.

Comme une idiote, elle resta plantée là. Mais qu’attendait-elle, bon sang ? Qu’attendait-elle d’un garçon qui venait de tout lui refuser ? Elle avait envie de s’en aller, de courir ; d’oublier. Mais s’en aller signifierait retomber dans sa décripitude, cesser d’exister. Et comme une sotte, elle s’accrochait. Mais il allait falloir qu’elle s’en aille.
C’est bon, maintenant, je m’en vais. Je... J’abandonne mon existence. Je suis prête à la perdre, volontairement cette fois-ci. Je ne me plaindrai même pas. C’est bon, maintenant, je m’en vais. Allez bordel, bouge-toi, va-t-en ! Mais non, je n’arrive pas à bouger. J’y vais. Il faut que j’y aille. C’est bon, c’est décidé. Au revoir, bel inconnu... Non, adieu.
Soudainement, il la prit dans ses bras. Ses yeux embrumés par les larmes s’écarquillèrent. C’est subit, mais c’est tellement délicat, tellement subtil, tellement tendre. Pourquoi ? Pourquoi frôlait-il la perfection ? Pourquoi lui pardonnait-elle, tout d’un coup ? Pourquoi ne lui en avait-elle-même pas réellement voulu, à un quelconque moment soit-il ?
Et c’est là qu’il lui demanda qui elle était.

Elle ne répondit rien, elle resta contre lui, les bras le long du corps ; elle semblait immobilisée – tétanisée – par tant d’affection, par tant d’amabilité.
Elle fit bouger ses doigts et alla cueillir la main de l’adolescent de la sienne, entremêlant leurs doigts sans même lui demander son assentiment.
Il me doit bien ça.
Et puis, elle éloigna son visage de son torse et le releva vers lui, croisant son regard. Elle ne cligna pas des yeux – toujours pour la même raison citée plus tôt – et se sentit rougir. Leurs lèvres étaient si proches... Elle approcha lentement sa bouche de la sienne, mais fut soudainement attaquée par une vague de lucidité.
Qu’est ce que je fiche ?
Elle s’éloigna vivement en reculant d’un pas, tellement promptement qu’elle tomba à la renverse. Mais elle n’avait pas lâché sa main – elle ne voulait plus jamais la lâcher – alors elle l’entraîna dans sa chute. Elle eut une grimace suite à la vive douleur et constata que, dans cette position, son visage était encore plus proche de celui de l’adolescent.
Une esquive. Vite. Parce que je suis lâche. Il faut que je pense à autre chose qu’à son visage angélique, qu’à son regard enchanteur. Il ne faut surtout pas que je pense à ses lèvres ensorcelantes... Oh putain.
Elle baissa les yeux vers leurs doigts entrelacés et un sourire étira ses lèvres alors qu’elle savait déjà ce qu’elle allait lui répondre.

« Je ne sais pas qui je suis. Mais je sais qui tu es, toi. Tu n’es pas le prince chevauchant le cheval blanc que toute princesse attend ; mais ça tombe bien, je ne suis pas une princesse. Tu es celui qui fait que j’existe, celui qui me trouble, celui qui m’obsède... Je t’ai toujours attendu. Tu es ma lune. Tu es ma liberté. »

Elle leva les yeux vers lui et se servit de son autre main pour lui caresser délicatement le visage, faisant glisser ses ongles le long de sa mâchoire puis venant appuyer très légèrement son index sur ses lèvres. Son sourire s’estompa ; son cœur accéléra ; ses joues flambèrent ; elle était en vie.

« Tu n’es pas seul. Laisse-moi... Laisse-moi sentir ton existence jusqu’au plus profond de mon âme. S’il te plaît, ne... Ne m’abandonne pas. »

La parole ne doit pas précéder sa volonté, cette fois-ci, car je lui en voudrai s’il me blesse de nouveau.
Il ne devait pas l’abandonner. Pas maintenant qu’il l’avait faite gouter au bonheur, à l’extase. Il n’avait pas le droit de la décevoir. Il n’avait pas le droit de la forcer à garder un goût amer dans la bouche, dans l’esprit. Il n’avait plus le droit de lui faire du mal, maintenant qu’elle lui avait accordé sa confiance.
Elle ne savait toujours pas qui elle était, pourtant elle savait qu’elle était vivante. Mais au moins, elle savait que...
Je suis à toi.
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Everald
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Sujet: Re: « Philosophy of orphans. » « Philosophy of orphans. » EmptyMar 4 Fév - 2:33



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You show the lights that stop turn me to stone


Je ne devrais pas la serrer contre moi. Certainement pas. Pas avec cette force contenue, ce désir de sentir son âme toute contre la mienne, cette âme un peu trop éclatante pour mes yeux éclatés par les nuits sans sommeil à regarder des lumières clignotantes, à rendre épileptique. Et peut-être qu'elle entend mon coeur qui bat un peu trop fort, une sorte de pression qui manque de faire exploser ma cage thoracique, c'est un peu insensé, un peu douloureux, émouvant aussi, d'une certaine façon. Oui, elle m’émeut. Elle ne dit rien, elle reste là contre moi, muette, une statue. Immobile, comme paralysée par un élan soudain. Est-ce que je lui fais mal ? Est-ce qu’elle souffre de cette étreinte silencieuse et si étrange au fond ? Elle ne répond pas, elle ne répond pas à cette question si simple et si compliquée à la fois, elle ne veut pas me donner son identité. Je retiens mon souffle.
J’ai peur de la voir partir, envolée en fumée, cette nymphe, cette fée. Peut-être qu’elle ne répond pas parce qu’elle ne veut pas me décevoir en avouant qu’elle n’est qu’une illusion, une hallucination de mon esprit en manque, toujours à la recherche d’un idéal, d’un sentiment, d’une personne, de quoi que ce soit de mieux. A la recherche d’une rédemption au fond. Je ne veux pas la regarder, pour des centaines de raisons à la fois. J’ai peur d’être ébloui par elle, par ce qu’elle dégage, cette beauté flamboyante, ce rayonnement de l’âme, quelque chose qui m’affecte d’une façon incompréhensible, quelque chose que je suis incapable de définir. Parce que je suis un ignorant, à peine capable d’apprécier la beauté, et parfaitement incapable de la comprendre. J’essaie en vain, mais le résultat est toujours le même, je n’arrive qu’à souiller les choses, avec ma personne dégueulasse, crade, haïssable.
J’en chialerais presque. De rage et d’impuissance mêlées, face à cette fille, toujours aussi immobile, et que je sens contre moi, dont je vois la chevelure écarlate du coin de l’œil, cette fille (ou femme, déjà, peu importe) qui va finir par me brûler la rétine, je le sais, si je la fixe trop intensément.

Doucement, je sens un frémissement, c’est léger, si léger, quasiment imperceptible. Son bras se met en branle, mécanique du corps, gestuelle parfaite. J’ai une pensée émerveillée, stupide, inutile, parasite. "C’est beau le corps humain et sa façon de se mouvoir" que je me dis. Crétin. Ca ne dure qu’une fraction de seconde, car la peur de la perdre déjà, à peine trouvée, me prend tout d’un coup : et si elle voulait se dégager ? Je l’étouffe probablement, sûrement, avec mon étreinte, moi qui ne suis qu’un inconnu pour elle, un moins que rien. Qui m’a donné l’autorisation de la toucher ? Seulement moi, égoïste au fond, désireux de la posséder. La posséder. Pas d’une façon matérielle, oh non sûrement pas, je n’ai pas ce genre d’ambitions, il y a de quoi faire à l’orphelinat, je veux juste toucher son âme un peu, goûter à une pensée partagée, béatement, stupidement. Un rêve commun à tous, qui se décline pourtant en une multitude. J’suis qu’une poussière moi, finalement j’essaie de ne pas rêver trop haut, par peur de m’habituer à l’altitude, je n’ai que peu de fantasmes, après tout je ne suis pas grand-chose. Mais sa main doucement s’empare de la mienne, la fait prisonnière entre ses doigts de fée. Je devrais être soulagé, elle ne refuse pas mon existence. Je ne le suis pas, bordel.
J’ai le souffle coupé. Peur de tomber dans les pommes, trop de pression. Pas assez d’oxygène dans mes poumons. Inspire Ever, putain, inspire. Mais non je ne peux pas, quelle histoire. Quelle foutue histoire, oui. Dix-sept ans, orphelin ayant grandi dans un orphelinat de tarés, et incapable de contenir mon émotion. Elle doit ressentir ma tension, mon impuissance face à la situation. J’ai pas l’impression que mon corps m’appartienne, à vrai dire, je me sens spectateur de cette scène, un spectateur concerné au plus haut point, mais incapable de se mouvoir, figé sur place, immobilisé par ces doigts féminins qui tiennent doucement les miens. Elle s’éloigne un peu, prend du recul, me regarde dans les yeux. Immobilité. Je détourne le regard face au feu soutenu de ses iris. Elle ne répond pas, et ça me perturbe, ça m’angoisse, rien ne m’a plus angoissé que cette absence de réponse. Autant le silence en lui-même n’a rien de gênant, il est dense, mais agréable, long, mais pas interminable, autant cette lenteur qu’elle prend à donner sa réponse me tue. Peut-être ne donnera-t-elle jamais de réponse, peut-être la question va-t-elle rester en suspens. Je réalise qu’elle a les joues rouges. Oui, c’est ça, elle rougit. Son visage s’approche du mien, et il rosit de plus en plus et.

Nous chutons. Elle a brusquement reculé, et nous nous écrasons par terre –dieu merci nous sommes sur l’herbe, mais ça fait tout de même un mal de chien. Nos visages sont proches. Pourraient-ils être plus proches ? On frôle l’indécence, après. Et elle, elle sourit, d’un beau sourire qui laisse voir des dents blanches, un sourire vivant, qui contient tous les possibles.
Mon cœur s’arrête.
Et elle parle.
    Je ne sais pas qui je suis. Mais je sais qui tu es, toi. Tu n’es pas le prince chevauchant le cheval blanc que toute princesse attend ; mais ça tombe bien, je ne suis pas une princesse. Tu es celui qui fait que j’existe, celui qui me trouble, celui qui m’obsède... Je t’ai toujours attendu. Tu es ma lune. Tu es ma liberté.
Je… Elle caresse doucement mon visage, le long de ma mâchoire, s’arrête sur les lèvres, insiste. Ses joues se font plus rouges, je ressens son excitation, et je ressens la mienne. C’est nouveau. Je plonge dans l’Inconnu, avec un cortège, une farandole, une flambée de sensations toutes nouvelles, et aucun mot ne peut décrire ce que je ressens, car putain, je ne suis plus ni vivant, ni mort, ni rien de tout ça.
    Tu n’es pas seul. Laisse-moi... Laisse-moi sentir ton existence jusqu’au plus profond de mon âme. S’il te plaît, ne... Ne m’abandonne pas.
En vie ? Non, c’est bien plus que ça. Je plane. Ni vivant, ni mort, au dessus de ça, éternel. Je ne suis pas sûr, est-ce que mon cœur bat trop vite pour que je sente les pulsations, ou alors tout s’est arrêté ? Je ne suis pas sûr, non, mais je ne veux même pas le savoir. En quelques phrases, elle résume toutes mes attentes, ma misérable vie en quelques mots, sortis de la bouche d’une inconnue. Ou alors elle fait ce coup-là à tout le monde, parce que c’est si facile de rassurer quelqu’un quand on connait les mots qui font du bien. Mais je choisis de ne pas croire à cette hypothèse.
Je crois que je me mettrais bien à pleurer. Là, tout de suite. Devant cette fille que je connais depuis moins d’une heure, et qui est mon univers déjà, qui me possède parce qu’elle a la volonté de le faire, et les mots pour l’exprimer. Est-ce que c’est une Word ? Je me demande ça, amusé. Non, ému. J’ai le cœur serré, triste, touché, et j’ai la gorge sèche, une putain d’envie de pleurer.
    Je…
Je m’arrête, incapable de parler. J’hésite. Moi, je n’ai pas les mots, après tout j’suis qu’un pauvre Riddle, sans racines, sans rien. Des amis, toujours les mêmes, parce qu’on nous laisse croupir dans cet orphelinat, parfois des potes anglais de la ville, mais déraciné, ouais, j’suis qu’un déraciné, sans rien, n’existant pas en dehors de la Wammy’s House. Je veux croire que maintenant, je l’ai, elle. Je n’arrive pas à prononcer un mot, si je le faisais, je ne saurais pas quoi dire, je me perdrais dans mes mots. Elle doit me sentir hésitant, indécis.
Je détache ma main de la sienne, la laisse en suspens un instant, un ultime instant qui me parait une éternité, qui doit lui paraître une éternité aussi. Je caresse ses cheveux, avec quelque retenue, encore incapable de croire à la réalité de cette scène. Alors ça existe vraiment, dans la vraie vie ? Impensable. Je la dévore des yeux, persuadé toujours qu’elle va disparaître. Je crois que quoi qu’elle fasse à l’avenir, et si nous nous recroisons, dans cette réalité ou une autre, je ne pourrais que la fixer avec l’impression de rêver éveillé. Je rirais presque, mais je déglutis, aussi maladroit qu’un gamin, aussi vulnérable que lui. J’ai envie de détourner le regard, mais non, je ne la décevrais pas, il me semble que ma survie, mon existence en dépendent.
    Je ne te laisserais pas.
J’en oublie de parler convenablement anglais. Mon accent allemand, que des années en Grande-Bretagne -13 ans pour être exact- devraient avoir effacé, ressurgit, comme une façon de me dévoiler plus encore à elle.
    Considère que. Tu. T’ as marqué mon âme plus profondément que n’importe qui en quelques putains de minutes.
Je la serre contre moi, avec un rire un peu misérable, sa tête contre la mienne, caressant toujours ses cheveux, comme une façon de me rassurer à travers elle, comme si elle portait mon âme en son corps. Pas de façon possessive, mais avec tendresse, avec la retenue d’une faim difficilement contenue, une faim de sentir, moi-aussi, son existence. Une envie d’éternité ; rester ici, savourer cette rencontre, qui me marque au fer rouge.
    Tout ça, c’est réel, pas vrai ?
Rassure-moi, s’il-te-plaît. Parce que je suis incapable de croire à ça, après toutes ces années de vide, d’apathie, ces années de perdition. Ouais, je suis incapable de croire à ce que tu m’offres, avec une spontanéité qui ne peut être feinte. Incapable de croire à ta beauté, incapable de croire que tu es ce pour quoi j’ai attendu toute ma vie. Je te donnerais mon âme, je te le jure, je t’accepterais avec tous tes défauts, toutes les souffrances possibles, si tu me rassures encore une fois, si tu me laisses profiter de tes mots qui me soignent.
Je crois que je pleure.


You shine it when I'm alone



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Blossom Blossom
« Philosophy of orphans. » 187937Word1

Feuille de personnage
Wammy’s: H / A
Double Compte:
Âge: 16 ans
Sujet: Re: « Philosophy of orphans. » « Philosophy of orphans. » EmptyJeu 3 Avr - 21:15

» I think I love you better now.

Now that I know you won’t leave me.

Le comble pour un Word est de manquer de mot, de ne pas savoir à quel chat il a donné sa langue, d’être dans l’incapacité la plus totale de s’exprimer alors qu’il avait passé sa vie à lire et à écrire, à retranscrire aussi parfois. S’il ne peut faire preuve d’assez de vivacité pour parler de lui-même, il devrait pouvoir voler une phrase d’un auteur connu ou pas, peu importe. Il devrait trouver un moyen, qu’importe lequel. Lui, ce petit orphelin qu’on appelle Word, il a l’habitude de débattre, il a l’habitude d’être présent dans le rang des accusés ou de la défense au tribunal de l’établissement. Ce fichu Word a toutes les raisons du monde de ne pas manquer de vocabulaire et pourtant, génie ou pas, il est humain, il subit les mêmes pressions, survit aux mêmes épreuves existentielles et n’a pas de réponse aux questions que le monde se pose depuis sa création.
Ce Word, c’est Blossom. Et elle est là, dans les bras de cet inconnu qu’elle connait depuis quelques minutes, qu’elle attend depuis des décennies, dont elle nie la présence depuis des siècles et qu’elle cherche désespérément depuis des millénaires. Elle retient son souffle tout le long, en devient rouge, mais ne peut se permettre de laisser de respirer, prenant le risque de souffler sur cet amas de beauté et de magie car peut-être tout s’estompera, peut-être que tout disparaitra aussi rapidement que c’est apparu. Mais son cœur, lui, commence à l’effrayer ; il bat vite, beaucoup trop vite, tellement qu’il pourrait sortir de sa cage thoracique, heurter le bel inconnu, le faire disparaitre dans un éclat d’étincelles. Mais que cherche-t-il, ce fichu organe vital, à ainsi cogner fort contre sa poitrine ? Et pourquoi, bon sang, pourquoi est-ce qu’elle semble entendre l’écho de ses battements tout contre ce garçon ? Est-ce que son cœur aussi se rebelle contre les sciences, est-ce que son cœur aussi est indomptable malgré les années passées à l’apprivoiser ? C’est impossible, non, il a l’air trop malin, bien trop fort pour se faire battre par son cœur… Non, elle est la seule ici qui risque d’éclater, de pleurer, de crier, de devenir folle.
Mais elle l’est déjà, folle. Folle depuis des années et totalement aliénée maintenant qu’elle l’a vu.
Leurs corps sont étreints, mais leurs âmes s’embrassent littéralement, se fondent l’une dans l’autre ; ils se sont trouvés, ils se sont touchés ; elle ne savait pas pour lui, mais elle pensait très sérieusement qu’elle venait de fouler le Nirvana.

Ses doigts trouvent ceux de l’adolescent sans qu’il ne cherche à s’éloigner, alors elle serre un peu plus dessus. Elle se laisse aller. Ou non, parce qu’au fond, elle veut se laisser aller, elle veut plus que tout pouvoir profiter de ce moment, profiter de cette étreinte, de cette vague du destin, de cet acte qui va bouleverser sa vie à tout jamais, mais pourtant… Pourtant, elle n’arrive pas à se sentir bien. Elle a trop mal, là, dans sa poitrine, et aussi dans sa gorge. Tenez, dans son ventre aussi. Elle est stressée, anxieuse, totalement effrayée et pourtant si heureuse. Mais le bonheur, c’est la légèreté, lors pourquoi elle n’est pas légère ? Pourquoi elle ne se senti pas sereine ? Elle s’était trompée dans sa définition du bonheur ? Elle… Elle avait fausse route, pendant toutes ces années ?
Mais qui es-tu pour te permettre de tout chambouler dans ma façon de voir les choses ? Car si tu es incapable de changer mon mande, tu es capable de changer la façon dont je le vois, parce qu’à jamais je verrai la vie dans le reflet de tes yeux car je ne veux plus quitter tes prunelles. Pas une seconde.
Pourtant, il ne la regarde pas, alors elle a mal. Tellement mal. Mais elle ne dit rien, ne se plaint pas, se contente de se dire qu’elle a dû faire quelque chose de mal, très certainement. Elle s’éloigne, cherche son regard, mais pourtant, il se dérobe et elle baisse la tête, maltraitant sa lèvre inférieure de ses dents. Le visage de l’adolescente s’approche de lui du jeune garçon, elle recule, ils chutent, elle le regarde, les joues en feu, sourit et rompt le silence d’une réponse qu’elle se pensait incapable de formuler.
It always seems impossible until it’s done.

Alors elle lui caresse le visage, lui parle de nouveau, plonge dans le puits des mots et en ressort quelques uns sans pourtant réussir à décrire ce qu’elle ressentait. Elle se sentait réellement incapable de pouvoir trouver de nouveau comment s’exprimer avec des mots, elle pensait qu’elle était une honte pour les Words sans pourtant s’en soucier, mais… Mais elle avait réussi, maladroitement, mais elle avait réussit et elle espérait sincèrement avoir touché son âme pour de nouveau pouvoir l’embrasser de la sienne.
Sienne.
Ce qu’elle aimerait être sienne. Ce qu’elle aimerait qu’il soit sien. De toutes les façons imaginables et pas encore découvertes, comme des animaux, comme des orphelins, comme des spécialistes, comme deux gosses ; le découvrir pour le posséder, se sentir explorée et enfin possédée ; qu’il agisse sur elle en même temps qu’elle agirait sur lui.
Il prononce un mot et se tait, se perd dans je ne sais quel univers alors que Blossom le regarde, l’observe, intriguée quelque part, mais surtout ravie de pouvoir de nouveau baigner dans ses yeux. Alors il lâche sa main, hésite un peu alors que le cœur de la rousse se tait pour laisser ses angoisses lui dévorer l’ouïe, le corps et l’âme ; pourquoi avait-il relâché sa main, pourquoi lui faisait-il endurer cette trop lente agonie ? Mais il finit par glisser ses doigts entre les mèches de braise et un sourire étire doucement les lèvres de la demoiselle. Un sourire qui se refuse de se faire aussi furtif que les précédents, car vient dans la foulée une phrase qui réchauffe le cœur et illumine l’être ; il ne la laissera pas. Il parle avec un étrange accent que Blossom identifie comme étant allemand et elle trouve cela étrangement mignon – et unique, étant donné qu’elle avait vécu bien trop longtemps dans une société purement anglaise.
Et c’est dans un élan de tendresse et d’affection qu’il la serre contre elle après lui avoir confié qu’elle lui avait profondément marqué l’âme – plus que n’importe qui d’autre, visiblement – et un rire un peu nerveux, mais tellement sincère, fait planer la jeune fille bien haut dans le ciel, dans la galaxie, je ne sais où encore, peut-être même avait-elle atteint l’Olympe, qu’elle venait de côtoyer les Dieux et de flirter avec leur environnement.
Sa question surgit subitement et Blossom se sentit perdre pied ; elle ne pouvait pas trop réfléchir, chercher trop longtemps les mots, elle devait le rassurer… Mais comment, alors qu’elle ignorait elle-même si tout est vrai ?

Elle se redresse, regarde son visage un moment ; est-ce des larmes qu’elle voit ou alors ce sont ses propres larmes… Elle ne sent pourtant pas la chaleur brûlante sur son visage. Elle pose ses deux mains sur son visage et lui sourit en collant son front au sien.

« Et si ça ne l’était pas ? Tout ce qui est réel est éphémère, mais je m’autorise à espérer que nous, c’est éternel. Alors même si c’est réel, disons que ça ne l’est pas, que c’est juste… Beau. »

Elle pose son index sur les lèvres de l’adolescent, les retrace lentement avant de fermer les yeux.
Il a dit qu’il ne la laisserait pas et ça sonnait à ses oreilles comme une promesse. Une promesse qu’il ne devait pas rompre. Jamais.
Elle en mourrait.
Ses lèvres couvrent le coin de la bouche de l’adolescent, rapidement, longtemps ; ce fut glacial, brûlant ; merveilleux.

« Ici, on m’appelle Blossom. Et si je te le dis, ce n’est pas pour rien. »

Et c’est sans un mot de plus, mais non sans un sourire que Blossom se tourne, se dirigeant vers les dortoirs.
Il connait son pseudonyme, il saura trouver sa chambre. Alors qu’il vienne, c’était une claire invitation ; claire pour les génies de cet établissement tout du moins.
Elle se retourne, un sourire toujours accroché aux lèvres ; aujourd’hui, elle a appris quelque chose ; elle a appris à aimer.
Aimer avec un grand a.
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