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 Toujours en duo - Utopy

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Sujet: Toujours en duo - Utopy Toujours en duo - Utopy EmptyMar 12 Juin - 19:12



"On ne perd rien à être poli sauf sa place dans le métro."


Pourquoi? Il fait terriblement chaud, sa chemise colle légèrement à sa peau, l'air est lourd, sa bouteille d'eau est vide alors pourquoi, foutreciel, pourquoi les tables de la classe beta sont elles forcément accolées en stupides duo? La chaleur corporelle individuelle n'est-elle pas amplement suffisante pour que l'on décide d'imposer à chaque de subir celle d'un voisin, qui plus est malodorant? Hugh de nature pourtant si calme perd patience, les cours ne sont jamais très agréables pour lui, non pas qu'il n'apprécie guère d'accumuler tout type de savoir, au contraire, mais parce que cela implique d'agglutiner en un espace confiné nombre d'autres personnes plus ou moins attentives donc plus ou moins silencieuses. Harmless supporte initialement mal la promiscuité avec autrui mais si comme pour couronner le tout, les autres l'empêchent de suivre, c'est trop.
Son aimable voisin dont il n'avait pas pris la peine de mémoriser le pseudo pianote sur le bois de la table sans suivre un quelconque rythme logique, fait d'infâmes petits bruits avec sa bouche, parle sans discrétion aucune avec l'élève derrière lui et s'adonne à tout type d'activité plus insensées les unes que les autres. Hugh ne tient plus, la chaleur combiné à cet ignoble voisin auquel il est comme menotté de force depuis le début de l'heure lui sont tout bonnement insupportables. Tentant de suivre le cours, il ferme les yeux et place ses mains jointes face à son visage, le bout de ses index touchant ses lèvres. Il se concentre, essaie de ne capter que les sons du professeur et non de son pollueur mental de voisin. Il espère secrètement la venue de la fin du cours pour en être enfin débarrassé.
Les minutes sont terriblement lentes, tout en apprenant de nouvelles informations, Hugh laisse échapper quelques tics de nervosité. Vérification du pli de son col, du taux d'humidité de sa chemise qui est assez faible pour ne pas laisser d'immondes traces de transpiration. Il compte les secondes avant de pouvoir voir tout le monde sortir d'ici t profiter d'un peu d'air frais car oui, Hugh reste systématiquement quinze minutes dans la salle de cours après la fin de ce dernier car ceci lui permet d'éviter la cohue des corps serrés dans les couloirs.
Hugh est plein de petites manies similaires mais il est ainsi et ces manies tendent à lui simplifier la vie plus qu'à la lui saccager comme pour certains. Il appelle ça "une question d'organisation". Quoi qu'il en soit, l'heure passait à une lenteur affligeante et le jeune homme n'en tenait plus. Il inspire profondément, se tourne en direction du pollueur et lui adresse avec un calme bouddhiste:

"Excuse moi mais tu m'empêche de suivre le peu de cours qu'il reste, tais toi maintenant."

Enfin... dans son imagination à minima. Contrairement à la gent féminine, les hommes ne voient en Harmless aucun charisme lui permettant de faire face aux autres alors il se tait, ravale et tout finit par passer sans qu'il se fasse tabasser comme la fois où il avait tenté de sommer, avec toute la politesse et le calme du monde, un caïd de s'excuser de l'avoir pousser. Songer à cet évènement le fait doucement frémir. Plus jamais ça.
Finalement, la fin du cours arrive et c'est un grand soulagement pour le jeune homme , la fin d'un marathon de patience. Tout le monde quitte la salle dans un vacarme habituel sauf Hugh qui reste donc assis sur sa chaise et ouvre un livre qu'il avait commencé la veille, une histoire palpitante rédigée dans un bel anglais d'une époque fanée. Enfin, la chaleur moite quitte la pièce et le silence revient en maître.
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Invité
Sujet: Re: Toujours en duo - Utopy Toujours en duo - Utopy EmptyMer 13 Juin - 15:04


« Les rêves sont la littérature du sommeil. »
Jean Cocteau

    Dormir paraissait être une perte de temps bien trop importante. Si Utopy n'était pas une grosse dormeuse, elle n'était pas non plus insomniaque. Aussi, sans ses heures régulières de sommeil, elle n'était pas assez bien pour se livrer à ses expériences coutumières. Sa quête était entravée par ces constantes et ineptes fatigues cérébrales; ses cellules fatiguées lui faisait cligner des yeux et provoquait un bourdonnement dans ses oreilles lorsqu'elle bayait. Aussi, elle repoussait l'heure de dormir, et profiter de ses petits temps libres pour faire une sieste de cinq minutes, le temps de renouveler l'énergie défaillante. La seule particularité du sommeil qui daignait être prise en compte était sa faculté à faire surgir l'inconscient. L’abscons mystère de leurs pensées était soumis à une analyse poussée et continue par la jeune fille, et contrairement aux autres, elle n'avait pas besoin de dormir pour cela. Il lui suffisait de s'écouter elle même; de se mettre dans un état de détente et de transe, de se libérée de toute emprise matérielle et consciente afin de voguer sur les eaux troubles de l'esprit. Les abysses de l'âme ne sont pas sombres et vides; elles regorgent d'une vie où toute limite n'est qu’inexistante dans l'intimité. Toute idée dite splendide, fabuleuse, magnifique n'est que fruit de folie, dispersion, chaos du fertile inconscient. Ce dernier guide chaque prise de conscience quant à nos semblables; il dicte les mots au conteur; il crit des paroles silencieuses, englouties par l'ombre et transformées en signaux neurologiques par le cerveau. Il entend les raisons de notre existence, et grand paradoxe les rend plus obscures. L'impossibilité humaine de ne le cerner qu'à 25% au plus est bien dérisoire.

    Utopy songeait à cela alors que ses vagabondages au sein de l'orphelinat ne la menaient nul part. Elle cherchait un lieu en hauteur, peu accessible où personne ne pourrait la trouver. Son cerveau bouillonnait encore alors que ses yeux aux cernes à peine masquées par son maquillage trahissaient la fatigue de ses dernières nuits. Elle soupira. Parfois, ces pensées galopantes présentaient un réel handicap par rapport à son corps, bien plus lent, mou, limité et impuissant. C'est en partie pour cela qu'elle passait son temps à faire des choses: pour arrêter de penser.

    La jeune fille déambula dans les couloirs jusqu'à ce que la sonnerie retenti. Tient, elle avait cours. Il lui arrivait souvent d'oublier que les cours étaient une obligation, un ennui imposé par la direction. Cependant, la perspective d'une tripotée d'élèves chahutant dans les couloirs étaient loin de l'enchanter: cela la réveillerait, et elle voulait se reposer. Elle attendit que tout le monde soit sortit en se réfugiant dans un coin, puis se dirigea vers une salle, restée entrouverte. Par l’entrebâillement de la porte, elle ne distingua personne. Sa décision fut par conséquent de rentrer, et de s'installer dans le fond, sur l'armoire qu'elle venait de distinguer parmi les tables et les chaises désordonnées. Elle entra donc, en se retournant vers la porte pour la refermer délicatement. Après avoir enfin accéder au calme, bizarrement, elle ne se sentait plus si fatiguée. Cela l'énerva un bref instant. C'était toujours lorsqu'on voulait quelque chose qu'au moment de le frôler des doigts il nous échappait. Rageant, vraiment. Cependant son optimiste légendaire lui fit vite retrouver le sourire, car maintenant elle pouvait faire toutes les idioties possibles et imaginables sans être en proie à la fatigue.

    Il faut comprendre quelque chose avec Utopy, c'est qu'elle représente un cartoon à elle toute seule. Comme toutes les grotesques bêtes qui se font taper dessus à longueur de journée en s'en sortant indemnes, la jeune fille enchaîne involontairement les gags. La preuve lorsqu'en se retournant, tout sourire, vers le fond de la salle, elle se prit les pieds dans ses propres semelles et s’étala sur le sol. Elle en avait tellement l'habitude que sa seule réaction lorsque son nez était collé à la poussière fut de rire. De là où elle était, elle eut le mérite de distinguer deux chose: les moutons qui voletaient comme les pelotes dans le désert ; ainsi que une paire de jambes, reliées à – incroyable – des pieds. Tient, quelqu’un.

    Se tractant à l’aide d’un de ses bras à la table afin de voir à qui elle avait affaire, elle découvrit un jeune homme, passionné par sa lecture, aux cheveux bruns, au visage fin et, il fallait bien l’avouer, à un air d’intellectuel assez séduisant. La jeune fille se parla à elle même, tout en fixant avec des yeux ronds l’inconnu :

      « Oh ! Un télescope d’aztèque égaré ! »


    Ce qu’il fallait traduire par : « Oh ! Un homme qui à l’air intello et riche en savoir, soit très intéressant, perdu dans ses pensées et isolé du monde ! »

    Oui, avoir un décodeur pour les phrases originales d’Utopy paraissait indispensable. Les mots qu’elle assemblait n’avaient, aux yeux des gens, aucun sens. L’explication était tout simplement que le cerveau d’Utopy produisait des pensées en quantité, et qu’une seule d’entre elle portait en son sein des milliers de ses filles. Ainsi, les mots se déformaient, se disloquaient, s’imprégnaient de folie, et sortaient de sa bouche en un amas confus de thermes inappropriés.

    La jeune fille se releva avec un léger gémissement d’effort, et tout en s’époussetant monta sur la table. Elle sauta ensuite de paillasse en paillasse, légère et avec le sourire, jusqu’à atteindre ladite armoire. D’un saut gracieux, elle s’agrippa au meuble, et se hissa à son sommet, dans un geste où l’habitude perlait. Calée au dessus de l’armoire, elle eut tout le loisir d’observer l’individu qui se trouvait à la gauche de son nid improvisé. Alors que l’armoire grinçait sous le traitement qu’Utopy lui infligeait, cette dernière marmonna entre ses dents, pour elle même :

      « Hmmm... Avec une sûreté de trois sixièmes de lama, je vais me casser la figure. »


    Puis avec un grand sourire à l’aspect aimable et doux, elle s’adressa enfin à l’inconnu, en parlant normalement cette fois :

      « - Salut ! Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu a cours là ? »
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Invité
Sujet: Re: Toujours en duo - Utopy Toujours en duo - Utopy EmptyDim 29 Juil - 23:46



« Chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même. »
Daniel Pennac


Une odeur d'ancien, la rugosité et la finesse du papier entre le pouce et l'index, le dessin créé par le blanc entre les mots... La lecture est un sensuel ballet sensoriel envahissant l'esprit et anesthésiant agréablement le cerveau. Hugh le sait très bien, roman en main, il se laisse aller à l'exploration mentale du monde, de Londres, de Baker Street, le 221B. Sir Arthur Conan Doyle était sans conteste son écrivain préféré et les aventures du grand Sherlock Holmes sont rédigées avec une finesse à laquelle il ne trouve pas d'égal. Cette fois, c'est Le Chien des Baskerville qu'il relit avec plaisir l'enquête sur le Chien Démoniaque.
Absorbé par cette aventure chronophage, il est soudainement tiré de sa lecture par un bruit sourd, celui d'un corps heurtant le sol. Rapidement, Hugh tourne son regard vers la source du choc. Rien... Pas vraiment rassuré, il retourne à sa lecture mais c'est très vite qu'un rire se fait entendre, féminin, provenant du sol, au lieu du choc. C'est inquiet qu'Harmless se cache derrière son livre, le regard braqué sur les lignes noires petites comme des fourmis. Il ne sait pas qui se cache derrière cette situation étrange, le pire se déroule dans son esprit, est-ce encore une drôle de mise en scène visant à l'humilier? Un de ces garçons ne le supportant pas venant le passer à tabac. Feignant une lecture assidue, le jeune homme n'ose pas quitter le livre des yeux, il ne voit donc pas ce qui se passe en dehors de ces pages.

"« Oh! Un télescope d’aztèque égaré! »


A ces mots provenant d'une personne très proche de lui, Hugh leva le regard vers cette voix, le visage à moitié dissimulé par son livre. Une jeune fille le toise, les yeux ronds comme des billes, instantanément, il perd ses moyens, ses joues, dissimulées par son livre, s'empourprent légèrement. Il l’observe discrètement, elle est très jolie, c'est indéniable mais son exclamation lui revient... Un télescope aztèque égaré? Aux dernières nouvelles, les aztèques ne possédaient pas de télescope... Est-ce lui que la jeune inconnue qualifie ainsi? Le sens de cette phrase lui échappe... Il n'est pas égaré, peut-être comparable à une civilisation défunte du fait de son style vestimentaire à mille lieux des t-shirt et autres jeans. Télescope... Aucune idée...
La demoiselle, virevolte d'une table à l'autre pour finir perchée au sommet de l'armoire branlante qui trône au fond de la salle. Harmless, intrigué, la suit discrètement du regard. Espérant secrètement qu'elle ne chute ou ne se blesse.

« Hmmm... Avec une sûreté de trois sixièmes de lama, je vais me casser la figure. »


Décidément, cette jeune fille est un mystère à elle toute seule et Harmless n'est pas insensible à son charme, il redoute que la jeune fille ne tente de lui adresser la parole, dans quel cas, il se retrouverait à bégayer des inepties et serait rongé par la honte, incapable de répondre naturellement. Son coeur bat désagréablement fort dans sa poitrine, le stress le gagne, il espère que personne n'a cherché à lui tendre un piège en faisant venir cette fille pour le filmer et le ridiculiser devant tout l'orphelinat une fois de plus.

« - Salut ! Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu a cours là ? »


Damn... Coincé. Instinctivement, il rentre sa tête dans ses épaules, un peu comme un animal traqué, bloqué face à un prédateur, fuyant la demoiselle du regard. La panique le gagne peu à peu, se sentant incapable de formuler une phrase fluide. Il finit néanmoins à réaliser qu'il s'agit de la première phrase qu'il est capable de comprendre intégralement.

"S-salut..."

La situation est difficile, la chaleur le gagne, il sent ses joues rougir à vue d'oeil, Hugh sait qu'il a l'air terriblement ridicule mais son code l'empêche par politesse d'ignorer la question de cette curieuse fille. Il n'est pas un mauvais garçon, certainement pas alors il doit prendre sur lui et tenter de surpasser son handicap.

"Je... euhm... Je lis un-un roman."

Ses mains son moites, le pauvre Hugh est désemparé, son extrême timidité lui est très inconfortable, il n'ose pas imaginer ce que doit se dire la jeune femme à son sujet. Il tremble un peu, sa jambe droite tressaille en rythme, trahissant sa nervosité.

"Et j'ai... J'ai bien cours ici euhm... J'aime bien rester un peu au-au calme... Pour lire..."

Toujours empêtré dans son stress et sa gêne, Hugh tente de poursuivre la conversation. Il inspire profondément, expire.

"Et... Et toi? Qu'est ce qui... t’amène?"

La nature l'a fait attirant, intelligent, plein de qualités mais incapable de parler à une jeune fille pour peu qu'elle soit charmante. Handicap de taille pour un jeune homme de son age. Il lui est très difficile d'assumer ce ridicule qui l'envahit systématiquement, problème dont les autres ne se gênent pas pour l'exposer aux yeux de tous en train de bafouiller devant une demoiselle.

"Tu... Tu es venue te moquer de moi à... à cause de mon... mon problème?"
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