Whenever I'm alone with you, you make me feel like I am home again - Meine
Screen
Sujet: Whenever I'm alone with you, you make me feel like I am home again - Meine Lun 21 Mai - 19:00
Citation :
Tamson : Quand on y pense, ça fait plusieurs mois qu'on se parle. Screen : Ouais, c'est vrai. Tamson : Et je connais même pas ton vrai prénom ! Tu t'appelles comment alors ? (: Tamson : T'es là Screen ? Tamson : Wouhou ?
Tu fixes la fenêtre de conversation ouverte sur l'écran de ton ordinateur, les doigts encore posés sur les touches. Tu ne bouges pas, silencieuse, avec pour seul son la musique de Diablo III en fond. Nerveusement, tu avales ta salive et fait Alt+F4. Tu aurais pu dire que tu n’aimais pas ton vrai prénom, que tu ne voulais pas lui dire. Tu aurais pu lui dire que tu étais de la Wammy’s House, aussi. Mais tu n’oserais pas, tu n’oseras jamais. Parce que cela ne fait même pas deux ans que tu as intégré l’orphelinat, et tu as du mal à accepter ta situation, à trouver ta place, à te dire que Lucza n’existe plus, et qu’il n’en reste plus que la petite Screen, une des adolescentes les plus intelligentes de ce monde et de cet endroit. Avec 194 points de QI, tu es rentrée haut la main à la Wammy’s House, et d’autant plus dans la section Alpha, avec les « vrais intellos », ce que tu as en vérité toujours été. Car tu ne vois pas ce qu’il y a de compliqué avec les mathématiques, c’est pour toi un simple jeu où il faut manier des chiffres, des hypothèses, des formues retenues en une seconde. Tu es un génie Screen, et pas des moindres. Un génie torturé par l’idée d’avoir laissé le souvenir de treize années quelque part en Hongrie, avec interdiction formelle d’en parler. Cela te ronge de devoir te créer une nouvelle vie, une nouvelle identité. Tu as peur Lucza, et Tamson vient de te le rappeler sans s’en rendre compte. Tu fermes la fenêtre de la conversation, incapable de lui mentir, mais incapable de lui dire la vérité.
Il faut que tu te détendes, que tu respires, que tu te vides la tête. Bref, tu ouvres Dofus. Disons que cela tombe bien que ton serveur soit saturé, tu devais faire xp ta Sacri Terre, qui est sur Silouate. Si tu la laisses au niveau 67, tu feras un peu noob. Ayant besoin d’un peu d’argent, tu vends une pano bouf que tu avais gardé dans un coin de ton stuff, en cas de crise. Le casque sur les oreilles, rien ni personne ne peut te tirer de ton jeu. Tu ne remarques même pas qu’Eyes est entrée dans la chambre pour prendre des clichés de toi avec son polaroïd. Le flash ne t’éblouit pas, tu es coupée du monde. Tu es souvent dans cet état second, disons aspirée par l’écran qui te drague tellement que tu ne peux t’y refuser. Tu ne fais plus qu’un avec les pixels, c’est presque triste à voir. Tu pourrais rester ici plusieurs jours sans manger, sans te laver, sans te changer, sans voir la lumière du jour, tu ne t’en rendrais même pas compte. Pour les autres orphelins, tu es « la geek », tu sais très bien qu’ils te surnomment comme ça. Quelque part, tu as l’impression que cela est souvent dit avec une pointe d’affection, comme pour se moquer gentiment de ta passion pour les jeux vidéos. Alors tu évites de mal le prendre, même si tu as y vois toujours un reproche qui te mets mal à l’aise. Que tu es sensible Screen, peut-être que si tu avais plus l’habitude de te mêler à la masse humaine, tu serais totalement décomplexée, comme ces belles plantes telles que Dainty ou Arpège, celles qu’on appelle les « putes de l’orphelinat ». Au fond, tu préfères être surnommée la « geek ».
Rien n’aurait pu te tirer de ton Donjon. Sauf ce parfum qui parvient à tes narines, qui te fait tourner la tête, qui te fait rougir. Meine. Oui, tu rougis parce qu’elle porte une petite robe volante bleue, digne d’une princesse, avec un ruban dans les cheveux, alors que tu ne ressembles à rien dans ton tee-shirt Mario et ton jean délavé. Parce qu’elle te regarde du haut de son mètre soixante, avec ce sourire qui te met étrangement mal à l’aise. Et parce qu’elle a une DS rose dans les mains, et que cela doit être la première fois que tu la vois jouer aux jeux videos. Allez, parle, Screen. Parle, Lucza. Qui que tu sois, parle-lui.
« Tu as besoin de quelque chose, Meine ? »
Au moins, tu n’as pas bafouillé, mais tu regrettes déjà cette phrase que tu juges ridicule. Mais que se passe-t-il, donc ? Pourquoi tu te sens si étrange ? Pourquoi Meine te fait un effet bizarre dès que tu l’aperçois ? Pourquoi tu ressens ce besoin de la connaître, sans oser lui adresser la parole sauf cas exceptionnel ? C’est la première fois que quelqu’un l’intrigue autant. C’est la première fois qu’une fille l’intrigue autant. Tu as envie de te foutre sous terre.
Meine
Sujet: Re: Whenever I'm alone with you, you make me feel like I am home again - Meine Lun 21 Mai - 21:20
_____Marlen avait toujours eu des problèmes avec les relations amoureuses. Elle tombait amoureuse trop vite, trop profondément, trop avidement. Elle enchainait les coup de foudres fulgurants qui la laissaient en larmes. Ces coups de foudre étaient comme des apparitions, elles apparaissaient et disparaissaient en un instant en laissant le cœur de Marlen sens dessus dessous. Alors elle pleurait de joie, d'émotion, de désir, de stress anticipé, d'impatience, juste parce qu'elle n'arrivait pas exprimer autrement ses émotions. Elle aimerait être la jeune fille douce et calme qu'elle se plait tant à imiter. Mais non, Marlen est émotive, trop émotive, surtout quand elle tombe amoureuse. Car quand Marlen commence à être amoureuse, il est impossible de l'arrêter en douceur. Marlen ne sait s'arrêter que dans la violence et dans la douleur, les cris et les larmes. Avant de tout recommencer.
_____Screen n'était pas du tout le genre de Marlen. En vérité, elle s'endormait souvent alors qu'elle cherchait quelque chose qui pourraient les relier. Screen, c'était le genre de personne que Marlen ne pouvaient pas supporter : si triste et si seule. Screen était associable, et sale, et pas vraiment mignonne, elle avait de grosses lunettes, elle ne connaissait pas les dates des soldes, elle ne savait même pas qui était Jean-Paul Gauthier. C'était une fille perdue, avec des vêtements trop grands, avec des yeux trop profonds et un esprit plongé dans des hauteurs inconnues. C'était le genre de personne que Marlen évitait comme la peste parce qu'elles puaient le mal-être et la tristesse. Et face à ces personnes, la petite allemande se sentait ridicule à jouer la petite fille parfaite. Les gens comme Screen elle les méprisait, elle riait d'eux dans son esprit, elle les écrasait de son sourire glossé et de ses jolis petits ongles manucurés, elle adorait les intimider avec sa sociabilité. Non vraiment, Screen n'était pas du tout son genre de fille. _____Pourtant, comme d'habitude, Marlen s'était fait avoir. Ça lui était juste tombé dessus, comme ça, d'un coup. A peine arrivée à l'orphelinat, alors qu'elle était en plein deuil de sa grand-mère, de son pays, de sa petite amie, il avait fallu que Screen apparaisse. C'était tout simple, un truc complètement idiot, elles s'étaient juste croisées. Normal, elles étaient dans la même chambre. Marlen était juste en train de pleurer, encore. Et Screen n'avait fait que lui donner un mouchoir, avec un petit regard désolé pour cette pauvre fille au maquillage massacré, aux yeux rouges et à l'air dévasté. Ce petit regard de souris avait pétrifié Marlen. Elle avait à peine lâché un « Merci. » avant que la petite souris ne s'enfuie. Elle était encore tombée amoureuse. Et elle avait pleuré d'autant plus fort.
_____Un mois plus tard, Marlen avait repris ses esprits. Maquillée, bien habillée, très gentille, toute pimpante, elle était prête à conquérir le monde. Elle était tombée amoureuse d'une geek associable et timide à en mourir ? Bien. Cela ne pouvait pas être pire que la punk hystérique et brutale qui l'avait quittée pour un homme. _____Et puis de toute manière, cela n'avait pas manqué : Marlen n'avait pas tardé à trouver tous les bons côtés de la petite Screen. Elle l'observait nuit et jour, elle la poursuivait, elle s'informait sur tout, elle savait tout. Enfin, le peu qu'il y avait à savoir de Screen hors de son écran. Elle aimait ces grands yeux cachés derrière ces grandes lunettes. Elle aimait ses cheveux châtains si droits. Elle mourrait d'envie d'enserrer ses grands pulls, de se perdre à son tour dans ces largeurs. Elle aimait ses regards perdus, ses hésitations, sa timidité, sa gentillesse, ses sourires épars et maladroits. Elle la voulait à elle, rien qu'à elle. A partir du moment où elle était tombée amoureuse de cette petite fille, un désir inexorable de la connaître dans chacun de ses recoins et de la posséder toute entière la dévorait. Chaque petite victoire ouvrait davantage son appétit d'elle.
_____Il y avait tout un monde que Meine ne pouvait comprendre : ce qu'il se passait entre les appareils électriques et Screen. Pour Marlen, Internet s'arrêtait à FaceBook et les jeux vidéos aux Sims. Et encore, puisqu'elle se lassait extrêmement vite de l'écran et repartait bien vite devant son miroir. _____Mais l'amour rendait Marlen folle, hystérique et diablement volontaire. Elle avait donc sorti sa petite DS, avait commandé un jeux vidéo qui demandait un minimum de connaissance et s'y était mise. Elle s'était installée au milieu de la chambre, la DS bien en évidence, la musique à fond et en appuyant très fort avec son stylet dans le naïf espoir d'attirer l'attention de Screen et qu'elle vienne à elle. Espoir déçu. La petite gameuse avait son casque bien vissé et était, comme toujours, imperméable au monde qui l'entourait. Meine avait grogné, boudé, tapé du pied, rien n'y avait fait. Alors elle avait décidé de se lever et de passer une dernière fois par la salle de bain. Oui, aujourd'hui encore, elle était adorable. Avant chaque épreuve amoureuse, Marlen avait le besoin maladif de vérifier qu'elle était jolie.
_____« Ah, heu, oui. » Idiote, tu commences mal. Juste parce que c'est elle qui a parlé en premier, tu commences à perdre les pédales. Allez, sors-lui ton plus beau sourire et ta plus douce voix et demande-lui. « En fait, je me suis mise à jouer à … hm... Mario ? Oui, Mario. Et j'aurais besoin de ton aide, je crois que je suis bloquée... Là ? » Et c'est presque avec fierté que tu lui montres le petit écran de ta Nintendo DS rose, désespérément bloquée au troisième niveau. Et il était hors de question de lui avouer que tu avais passé deux heures à réussir les deux niveaux précédents. _____Pitoyable, si pitoyable petite Marlen. Toi qui a tant aimé et a tant été aimé. Toi petite chanceuse au doux sourire. Te voilà réduite aux pires bassesses juste pour avoir une conversation avec ta belle à lunettes.
Screen
Sujet: Re: Whenever I'm alone with you, you make me feel like I am home again - Meine Mar 22 Mai - 20:29
Tu t’es souvent demandée, une fois arrivée dans cet endroit dont les murs te semblaient originellement vides, si tu t’étais déjà senti, une fois dans ta vie chez toi. Tu sais, ce sentiment d’appartenir vraiment à un lieu, de vouloir y être constamment, ou de vouloir partir loin juste pour avoir le plaisir d’y retourner tout de suite après. Cet endroit où tu peux être toi-même, où tu es dans une bulle spacieuse qui te permet de penser librement, d’agir librement, de rire librement, de vivre librement. Tu étais si bien à Budapest, avec tes parents, lorsque tu étais la seule pour eux. Tu as fait tes premiers pas dans cet appartement, a reçu ton premier appartement et ton premier jeu vidéo, tu y as dit « maman » et « je t’aime » pour la première fois. Mais même dans ce lieu pourtant chaleureux, tu ne voyais pas d’attache, tu te sentais seule. En déménageant à Pècs, pour la naissance d’Erwin, tu te dis qu’enfin tu allais ressentir ce se sentiment d’être chez toi, avec un compagnon. Malheureusement, la différence de ton frère a fait que tu n’arrivais pas à éprouver cette sensation. Quelque part, s’il avait été comme tout le monde, tout aurait été mieux. Tu aurais pu, enfin, te sentir chez toi, avec une famille presque normale. Et comme tous les enfants de la Wammy’s House, après l’extinction complète de tes proches, on t’a placé dans une chambre, on t’a donné un emploi du temps, un ordinateur, on t’a demandé de changer d’identité, d’oublier tout ce que tu avais connu jusqu’ici. Espéraient-il vraiment que tu te sentirais chez toi, brisée, dépouillée de ton ancienne vie, de tout amour, de toute confiance, de tout. Et pourtant, étrangement, la Wammy’s House est le seul endroit où tu as l’impression de pouvoir être toi-même, de pouvoir être acceptée. Parce que tout le monde ici a quelque chose en comment, d’assez tabou, un petit quelque chose tapi dans l’ombre mais présent en silence. Le fait d’avoir tout perdu.
Evidemment, depuis que tu es ici, malgré le fait que tu te sentes acceptée, cette solitude dont tu ne te libères jamais plane à tes côtés, constamment. Mais tout cela a changé. Et bordel, tu n’arrives pas à l’expliquer. Oui, depuis quelques semaines, peut-être un mois ou deux, tu as fait une rencontre qui, tu l’ignores peut-être encore, va marquer ton insignifiante existence. A elle aussi – à cette fameuse Rencontre – on lui a attribué une chambre, on lui a donné un emploi du temps, un ordinateur, on lui a demandé de changer d’identité, d’oublier tout ce qu’elle avait connu jusqu’alors. Cette Rencontre habillée en rose, parfaitement maquillée, tirée à quatre épingles et pourtant si naturelle dans le timbre doux de sa voix. Cette Rencontre qui, comme toi il y a deux ans, n’avait plus rien. Pas même de quoi sécher les larmes qui coulaient sur ses joues rouges lorsqu’elle a débarqué dans ta chambre, dans ta vie. Tu l’as fixé, impuissante, désemparée de voir cette Barbie allemande chialer sur ton lit. Elle t’a touché, alors qu’elle est le genre de filles que tu fuies pour ne t’impressionner que trop. Cette entrée théâtrale t’a secoué, plus que jamais. Et le coup de grâce, un parfum fleuri malgré le fait que cette personne pleurant face à toi n’était qu’une petite fleur fanée. Tu lui as tendu un mouchoir, crispée, et peu certaine que ce geste l’aiderait réellement.
Meine. Une tornade. Une tornade, ça fait du bruit, c’est beau, c’est impressionnant, c’est dangereux. Mais qu’il y a-t-il à l’intérieur ? Il ne peut y a avoir qu’une simple concentration incroyable de vent tourbillonnant. Oui, tu as envie de la connaître, d’en savoir plus sur elle, sur sa vie, sur ses goûts. Tu sais que tu n’oseras jamais t’approcher d’elle, elle est bien trop parfaite pour pouvoir se lier d’amitié avec une geek comme toi. Pourtant, des amis, tu en as. Comme Lily, par exemple. Mais Meine est différente. Meine te fait sentir chez toi.
« Je. Euh, ben, oui si tu veux. »
Plus expressive tu meurs, bravo Screen. Mais cette fois-ci, tu ne fais pas attention au ridicule de te phrase. Meine t’as demandé de l’aider à jouer à Mario. Tu as l’impression d’être sur ton terrain, qu’elle t’emmène vers un lieu que tu connais par cœur. Alors tu as un léger sourire, un peu gêné tout de même, mais tu souris. Parce qu’elle te tend la DS avec délicatesse, et cet air perdu qu’ont les gens peu habitués aux jeux vidéos. Elle est si belle, accompagnée de ce regard déboussolé.
« Ah oui, ce sont les niveaux champignons. C’est impressionnant au début, parce que tu as l’impression de tomber tout le temps, mais en fait tu as juste à trouver le bon rythme et sauter pile quand il le faut. Personnellement, j’adore les level champi. Regarde, tu récupères les coins, kill les chomps en sautant dessus ou avec la carapace. Tu récupères l’étoile en sautant sur le tourniquet. Hop, en haut du drapeau, 1up. Et voilà. »
Tu lui tends gentiment la petite console rose en souriant, et tu lis. Tu lis dans ses yeux l’incompréhension, celle qui habite tous ceux à qui tu parles de jeux videos ou d’ordinateur. Et à nouveau, tu te sens terriblement gênée, car tu as l’impression qu’elle n’as pas compris un seul mot de ce que tu as bien pu lui dire. Personne ne comprend jamais, lorsque tu parles aussi vite, surtout lorsqu’il s’agit de quelqu’un qui n’y connaît strictement rien. Tu remontes tes lunettes d’un doigt maladroit, et ton sourire disparaît.
« Excuse-moi, je. Enfin. Je crois que tu n’as rien compris. »
Tu es si maladroite, si fragile. Mais elle est si belle.
Meine
Sujet: Re: Whenever I'm alone with you, you make me feel like I am home again - Meine Mer 23 Mai - 17:38
_____Au début, elle avait quand même fait semblant. Elle le savait depuis le départ, qu'elle n'arriverait à rien avec ce jeu idiot. Les jeux vidéos, les écrans, les touches, elle n'y comprenait rien. Alors au début, un peu, elle avait fait comme si elle comprenait et écoutait ce que Screen lui disait. Et puis elle avait abandonné, parce qu'elle ne savait déjà plus ce qu'elle voulait dire par champignons et le bon rythme. De toute manière, ce n'était pas comme si elle voulait honnêtement jouer à ce jeu ou même partager un centre d'intérêt avec la gameuse : son prétexte était bien osé et courageux. _____Elle savait qu'elle n'y arriverait jamais. Elle savait qu'elles n'auraient jamais de sujet de conversation commun. Mais elle s'en moquait, elle se satisfaisait du plaisir fugitif de voir la binoclarde avec son immense sourire, son enthousiasme, enchainer des phrases dont elle ne comprenait pas le sens avec une énergie qu'elle ne lui avait jamais vu. Et pendant que Screen fixait l'écran en faisant son discours, Marlen la dévorait des yeux en silence, presque hypnotisée par le spectacle du réveil de la jeune fille. Elle voulait cette étincelle dans ses yeux, cette bouche qui s'agitait, ces petits doigts qui pianotaient de manière experte. Plus que la jalousie mordante qu'elle ressentait d'habitude, Marlen couvait ce doux et innocent désir d'être un objet de passion pour Screen. _____« Hm ? » _____C'est seulement lorsque leurs yeux se croisent que Marlen arrive à sortir de sa rêverie. Qu'elle était bête ! Elle n'avait rien écouté, rien compris, rien voulu entendre. Et maintenant elle se retrouvait comme une idiote qui avait oublié jusqu'au nom du jeu et qui n'arrivait à penser qu'à une seule chose : elle s'était arrêtée de sourire. Screen ne souriait plus et Meine se sentait à la fois triste de perdre cette vision, mais aussi incroyablement fière d'avoir ce pouvoir sur elle ; même si pour cela elle faisait souffrir celle qu'elle aimait.
_____« Ah non, je crains que cela ne me dépasse complètement... attends... » Elle jeta un oeil derrière elle et ramena rapidement un tabouret non loin (qu'elle débarrassa au passage vivement des livres et jeux qui le surplombait) et s'installa juste à côté de son maître et professeur. Puis, avec son éternel sourire doux et poli, elle tendit les mains et prit la console qu'on lui tendait, n'oubliant pas d'effleurer sa peau au passage, avec une fierté secrète. Puis elle se pencha pour se trouver le plus près d'elle (afin que Screen puisse voir l'écran) et lança le niveau suivant. « Allez, avec de la chance, c'était juste le niveau trois qui me bloquait, et je réussirais mieux le quatrième. » A peine avait-elle fini sa phrase qu'elle évita de très peu une carapace, ce qui lui fit échapper un petit « Yes ! » ravi. En cela, c'était avant que le petit plombier se fasse faucher par derrière par cette même carapace. Avec une petite moue déçue, Meine leva la tête vers Screen en faisant remarquer : « Screen, j'ai encore perdu. » _____A vrai dire, elle s'en moquait d'avoir perdu. Son visage était à une dizaine de centimètres de celui de sa voisine, ses yeux étaient plongés dans les siens et elle avait pu faire sonner le nom de celle qu'elle aimait, avec son petit accent berlinois qu'elle aimait accentuer lorsqu'elle était contente.
Screen
Sujet: Re: Whenever I'm alone with you, you make me feel like I am home again - Meine Lun 28 Mai - 13:35
Meine et toi, vous êtes opposées. Oui, tout vous sépare ou semble vous séparer. Meine est une de ces poupées barbies que l’on regarde avec un sourire en coin pour leur irréalisme mêlé à leur beauté naturelle. Une petite blonde superficielle toujours propre sur soi, d’une grande douceur et détentrice d’un regard vif, intelligent. Elle possède une sorte d’agréabilité innée qui met à l’aise, qui réchauffe les cœurs. Personne ne semble pouvoir égaler l’attention avec laquelle elle écoute les autres, et ce petit hochement de tête de compréhension. Oui, Meine rassure, Meine est aimée, Meine est belle, Meine est un mirage pourtant bien réel. Meine et toi, vous êtes opposées comme je l’ai dit. Tu es une de ces filles insipides qu’on ne remarque même pas, tout simplement parce qu’elles sont pétrifiées par l’idée d’ouvrir leur bouche. Tu as cet air insupportable que les oisillons ont. Faibles. Fragiles. Apeurés. Tu es cette chose timide qui remonte maladroitement ses lunettes sur son nez et qui griffonne des équations sur un bout de papier, lorsque tu n’as pas une console de jeux vidéos dans les mains. Portant tout le temps les mêmes tee-shirt ou les mêmes pulls en laine synthétique, tu n’as jamais compris l’importance et la beauté des vêtements. Mais depuis que tu connais Meine, tu penses avoir compris. Car elle est si belle dans ce petit gilet, dans cette jupe, dans ce jean, perchée sur ces talons, dans cette robe, dans ce pull ample, dans ce débardeur moulant. Tu as tellement du l’observer que tu connais ces tenues par cœur. Tu fais peur, Screen.
Ton petit cœur bat la chamade. Elle est si près de toi que tu peux sentir l’odeur fleurie de sa respiration concentrée sur le jeu. Un ricanement sincère t’échappe lorsqu’elle se réjouit d’avoir esquivé une carapace, et surtout lorsqu’elle se prend le retour de cette foutue tortue. Tu pourrais la regarder se planter comme cela des heures sans avoir envie de lui prendre la DS des mains pour lui montrer comment on fait. Oui, lorsque tu vois quelqu’un taper très lentement sur un clavier d’ordinateur, tu as envie de le lui arracher pour taper à sa place. Mais Meine t’attendrit tellement, tu lui demanderais presque « s’il te plait, continue de jouer, j’adore la petite moue que tu tires lorsque tu meurs ». ça paraîtrait étrange, tout de même. Tu souris faiblement, tes lunettes glissant sur ton nez fin. Et elle se tourne vers toi, et elle t’appelle par ton nom – enfin, ton pseudonyme – et elle plonge son regard dans le tien. Vous arrêtez de sourire, toutes les deux, comme si le temps était suspendu, comme si la musique de Mario ne retentissait plus inlassablement en fond, comme si personne ne pouvait entrer dans la chambre et vous surprendre entrain de vous contempler à cinq centimètres l’une de l’autre.
Et parce qu’il paraît que l’être humain est quelques fois poussé par des pulsions incontrôlables et, surtout, inexplicables, tu l’as embrassé, déposant doucement tes lèvres chaudes sur les siennes, les yeux mi-clos derrière tes lunettes épaisses. Tu ne comprends rien à ce que tu fais, tu es juste ailleurs, tu es juste bien, tu es juste heureuse, tu es juste détendue. Car ce simple baiser te semble comme une évidence, comme une concrétisation de l’intérêt que tu portes à Meine depuis son arrivée. Tu as l’impression de l’avoir toujours embrassé, et d’avoir toujours eu envie de la serrer dans tes bras. Oui, tu as le sentiment de connaître le goût de ses lèvres depuis une éternité. Rien ne te semble plus banal que ce baiser. Vous êtes dans une bulle qui n’aurait pu être percée que par ta prise de conscience. Tu ouvres les yeux brutalement et recule tout aussi rapidement, posant tes doigts frêles sur ta bouche. Tu paniques. Merde, qu’est-ce qu’il t’a pris d’embrasser Meine ? Ton premier baiser aura été avec une fille, et tu reçois une claque monstre. Le temps recommence à s’écouler, et à une vitesse folle. Tu trembles de stupeur face à ton acte qui ne te ressemble tellement pas.
« Bocs ! Bocsáss meg ! »
Tellement sous l’emprise de la panique, tu ne t’es même pas rendue compte que tu viens de t’excuser en hongrois. Mais tu as l’air si gênée, que même si elle ne parle pas un mot d’hongrois, Meine a largement dû comprendre ce que tu voulais lui dire. Tu as envie de te terrer dans un trou, telle une petite souris. Rouge comme une tomate, le cœur battant plus que de raison, tu te sens tellement honteuse. Elle va vouloir changer de chambre, elle va le dire à tout le monde, on va t'appeler "la lesbienne" au lieu de "la geek", tu vas être la risée de tout l'orphelinat.
Mais ce baiser avait un goût d’évidence.
Meine
Sujet: Re: Whenever I'm alone with you, you make me feel like I am home again - Meine Mer 20 Juin - 16:22
____Marlen n'eut même pas le temps de fermer les yeux. Elle était tellement hypnotisée par la proximité de Screen qu'elle en avait oublié toute opportunité de contact physique. Et puis soudain, les lunettes s'étaient rapprochées et avant qu'elle ne puisse reprendre pied dans la réalité, elle avait senti des lèvres se poser sur les siennes. Son cerveau se déconnecta aussitôt, abasourdi par toutes les émotions qui l'envahissaient. Son cœur battait à tout rompre. Ses doigts tremblaient. Les yeux grands ouverts, elle pédalait dans le vide, incapable de réaliser ce simple fait : Screen l'embrassait. ____Screen l'avait embrassée. Au moment même où elle pensa à cligner des yeux, le contact se brisa, Screen s'affola, elle s'excusa dans une langue qui lui était parfaitement inconnue, rougit, s'éloigna et pendant ce temps, la console de jeu chutait irrémédiablement vers le sol. Au moment précis où Marlen s'était reconnectée avec la réalité, ses doigts avaient refusé de lui obéir et avaient lâché l'appareil. Le bruit du choc sembla signer la fin de cet instant suspendu et laisser le temps se remettre à couler, la musique du jeu se dérouler. C'est aussi à ce moment que la petite voix de Screen s'était de nouveau élevée, désorientée, affolée : « Bocs ! Bocsáss meg ! »
____Que pouvait-il bien se passer dans son esprit à cet instant précis ? Pourquoi avait-elle fait cela à la base ? Une curiosité de petite hétérosexuelle qui n'est pas habituée à être en contact avec le monde réel ? Une pulsion passagère ? Ou quelque chose de plus profond, de véritable. Quelque chose dont elle a tellement honte qu'elle ne peut que s'excuser encore et encore. Que s'était-il passé dans l'esprit de Screen ? ____En temps normal, Marlen se serait torturée indéfiniment sur ce genre de question. Terrorisée elle-même par l'abysse que représente pour elle l'esprit des autres, elle s'inquiète beaucoup trop facilement, tandis qu'elle complexe continuellement. Si cet instant avait été un instant normal, elle n'aurait pas su que faire. Mais étrangement, tout dérapait vraiment aujourd'hui.
____Marlen ne se posa aucune question, à partir du moment où elle avait réalisé ce qu'il s'était passé, elle avait presque arrêté de penser. Alors que ses doigts laissaient s'échapper la console de jeu, elle s'était levée pour se rapprocher de nouveau de la petite hongroise, lui attraper les mains, lui dévoiler un sourire rayonnant qu'elle réservait toujours à celles qui lui volaient son cœur. Avec une étrange douceur, une douceur pleine de fièvre et de passion, elle avait détourné les doigts de Screen pour dévoiler son visage, ses joues rougies, ses lèvres. Avant même d'avoir réfléchi à ce qu'elle était en train de faire, elles s'embrassaient déjà. Ces lèvres qu'elle avait laissé s'échapper la dernière fois, elles cherchaient désespérément à les rattraper. Elle voulait goûter à nouveau cette douceur du premier baiser, cette petite magie timide qui s'échappait des lèvres de l'associable. Elle l'embrassa une fois, deux fois, trois fois, trois baisers lents, longs, passionnés. ____Au prix d'un grand effort, elle finit par s'arrêter. Mais, encore une fois, elle refusa que l'instant touche à sa fin, elle ne voulait pas que son cerveau se remette à fonctionner, que les doutes se remettent à monter, qu'elle entende de nouveau la musique de Mario et qu'elle réalise ce qu'il venait de se passer. Elle voulait juste profiter de l'instant présent et savourer ce qu'elle venait d'acquérir. Ainsi, en brisant leur contact, elle ne s'éloigna qu'un peu, à peine quelques centimètres, et garda les mains de la jeune fille fermement ancrées dans les siennes. Elle lui sourit alors, de ce sourire heureux et fier, enfantin, qu'elle n'abordait que rarement. Ces instants où elle se laissait aller à son instinct étaient toujours pour elle un instant de félicité inouïe. Elle chercha quoi dire, mais abandonna, et c'est au moment où elle abandonna qu'elle réussit à dire à voix basse : « Je t'ai enfin attrapée. » Et elle eu un petit rire, cristallin.
Screen
Sujet: Re: Whenever I'm alone with you, you make me feel like I am home again - Meine Dim 18 Nov - 18:38
Toi et ton intelligence hors du commun. Tu es une gosse spéciale née dans une famille normale, on te l’a toujours répété depuis le jour où on a découvert ton don incroyable pour les mathématiques et les sciences. En y réfléchissant bien, il y a un tas de choses qu’on n’a cessé de te rabâcher. Un jour, le prince charmant viendra te chercher, du haut de son cheval blanc, pour t’emmener dans son magnifique château aux milles richesses. Un jour, tu auras un amoureux qui sera attentionné envers toi, qui te gâteras et qui t’appelleras « ma chérie » à longueur de temps. Un jour, tu auras un petit ami qui te prendra par la main pour aller voir un coucher de soleil avec toi, pendant lequel il ne cessera de t’embrasser. Un jour, tu auras un mari qui te couvrira de « je t’aime », qui te protègera de ses bras forts dans lesquels il te serrera toute sa vie, jusqu’à ce que vos souffles s’éteignent en chœur. Un jour, tu auras un homme comblant ton existence, tes pensées, ta manière de voir les choses, ton rire, tes sourires, tes pleurs, ton manque d’amour, l’intégralité de ta faible et frêle personne.
Et cet homme dont on t’a toujours parlé serait une femme.
Ce bouleversement te prend aux tripes et tu paniques complètement. Tu es en colère d’avoir suivi ce mensonge qu’on impose aux petites filles comme toi dès l’enfance, dans l’espoir de les voir un jour mariées, ou dans on ne sait trop quel espoir d’ailleurs. Tout ce qu’on t’a fait croire jusqu’à aujourd’hui était faux, et tu es bouleversée. Bouleversée de te rendre compte que tu es si bien avec cette fille, et que tu ne pensais même pas cela possible. Bouleversée d’en apprendre autant sur toi-même en l’espace d’un simple baiser échangé avec ta camarade de chambre. Bouleversée de voir que tout a l’air plus simple du côté de Meine qui te sourit chaleureusement, plongeant son regard séduisant dans le tien, totalement désemparé. Bouleversée de ne même pas savoir reconnaître le sentiment qui te noue le vendre, qui te remonte dans la gorge, qui fait battre tes tempes, qui fait couler une goutte de sueur le long de ta colonne vertébrale, qui te fait trembler les mains, mais qui te ferait presque sourire. Regarde-toi, goûtant au bonheur pour la première fois depuis des années, et en ayant une frousse bleue. Laisse-toi aller, Screen, c’est si merveilleux ce que tu ressens, c’est unique la magie d’une premier baisé avec l’être aimé. Mais tu ne le sais pas encore, tu ne t’en rends pas compte, n’est-ce pas, que tu vis le moment le plus intense de ta vie, et que tu le laisses filer entre tes mains, telle une petite débutante que tu es ?
Meine continue de te regarder, tu pourrais presque dire avec affection. Et tu ne peux plus bouger. Pétrifiée de joie et de honte, tes yeux sont toujours écarquillés, ta respiration bruyante et tes joues rouges. Et tu ne comprends pas la réaction de la jeune allemande. Elle devrait te repousser, te frapper, puis t’humilier pour se venger. Oui, c’est comme cela que les choses devraient se dérouler. Mais son bonheur a l’air plus grand encore que le tien. Meine se penche vers toi et t’embrasse à nouveau, à ta plus grande surprise. Tu ne te reconnais pas. Tu fermes les yeux, te laissant aller au plaisir ressenti au contact de ses lèvres sur les tiennes, tes pensées se déconnectant à nouveau pour seulement te laisser apprécier ce que tu vis. Tu n’entends même plus la petite musique de Mario, tu ne fais plus qu’un avec Meine en l’espace de ce baiser plus long que le premier, et par conséquent mille fois plus agréable. Certes, tu n’as jamais embrassé quelqu’un auparavant, mais tu ne poses pas de questions pour savoir si tu t’y prends bien, si tu ne fais pas les choses mal. Non, tu as perdu tout sens de la réalité.
Ta bien-aimée se recule doucement, mettant fin à votre tendre baiser que tu aurais voulu éternel. Elle ricane faiblement, juste que tu aimes qu’elle fasse. Tu ne pourrais être plus comblée par le moment que tu vis, mais tu ne sais que dire, tu ne sais que faire. Personne ne t’a jamais appris à réagir dans ce genre de situations, et la spontanéité, disons que ce n’est pas forcément ta marque de fabrique. Alors tu lui souris avec une franchise incroyable, à tel point que Meine pourrait lire en ton âme comme dans un livre ouvert. Ton sourire respire le désarroi, l’incompréhension, mais la joie, l’affection, et le bonheur. Tu réunis ton anglais fortement marqué par un accent hongrois pour lui dire dans un souffle maladroit :
« Je ne sais pas ce que c’était, mais merci beaucoup, Meine. »
Merci pour ce baiser, merci d’être si belle, merci d’exister, merci de sentir si bon, merci de porter son attention sur toi, merci d’être l’objet de ses pensées depuis quelques temps, merci pour la magie qu’elle t’apporte dès qu’elle t’apparait, merci d’avoir concrétisé ce que tu voulais intérieurement depuis que tu l’as vu, merci d’être arrivé par le plus merveilleux des hasards à la Wammy’s House. Merci.
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Sujet: Re: Whenever I'm alone with you, you make me feel like I am home again - Meine
Whenever I'm alone with you, you make me feel like I am home again - Meine